lundi 23 novembre 2015

Noirs prêches

Quelle est la responsabilité des mosquées, en Belgique comme en France, dans la radicalisation de certains jeunes? On entend depuis longtemps des imams auto-proclamés ou d'autres envoyés chez nous par l'Arabie saoudite, le Maroc ou l'Algérie, défendre une vision ahurissante de la société, tel cet imam de Brest qui prévient des enfants horrifiés: si vous écoutez de la musique, vous serez transformés en singes ou en cochons (1). Des prêches d'une bêtise rare (mais peut-être n'est-ce pas là l'adjectif le plus pertinent, hélas), déconnectée de toute réalité et de toute intelligence. Mais qui peut jurer que ces propos stupides ne sont pour rien dans l'attaque meurtrière d'une salle de concert?
L'islamologue belge Michaël Privot s'inquiète "d'un paysage musulman en Belgique plus salafisé" et de plus en plus propice aux groupes et aux discours radicaux (2): "le discours salafiste issu d'Arabie saoudite est de plus en plus prégnant", dit-il. La lecture salafiste de l'islam, conservatrice, binaire, littéraliste, si elle n'est pas toujours violente en elle-même, "est un substrat nécessaire sur lequel viennent se greffer facilement une idéologie violente, et donc ces groupes violents". Et les mosquées belges, écrit Bosco d'Otreppe dans la Libre, sont incapables d'opposer un contre-discours, mais sont surtout, ajoute l'islamologue Corinne Torrekens, "incapables de proposer de réels horizons à la jeunesse belge".
L'islam belge est financé, pour une bonne part, par l'Arabie saoudite, où il y a quelques jours un poète palestinien qui y est réfugié a été condamné à mort. Son crime: avoir renié la religion musulmane. Quelle bonne parole peuvent prêcher en Belgique des imams envoyés par semblable dictature théocratique? "Des mosquées et des imams, bien identifiés mais rarement inquiétés, ont pu y tenir des propos hostiles, tandis que des apprentis djihadistes se fondaient dans l'anonymat de quartiers échappant de fait au contrôle des autorités", écrit le Monde dans un éditorial à propos de la Belgique (3).
Aujourd'hui, une partie du monde musulman bouge. Enfin! Il y a urgence. De nombreux musulmans affirment que ces crimes ne peuvent êre commis en leur nom. Mais il est trop facile d'essayer de (faire) croire qu'il y a d'un côté des djihadistes et de l'autre de braves musulmans qui vivent tranquillement leur foi. Il y a un entre-deux marécageux, obscur et inquiétant. Il y a toutes ces tentatives d'imposer dans nos sociétés les règles ou pseudo règles de vie imposées par l'islam. Il y a ces femmes obligées de se voiler pour échapper aux insultes de petits coqs. Il y a ces prédicateurs qu'on nous présente comme modérés, tel Tariq Ramadan, coqueluche de certains intellectuels, qui prône le port du voile, justifie les châtiments corporels, la polygamie, l'interdiction des mariages mixtes, condamne l'homosexualité (4).  Il y a tous ces gens, jeunes et moins jeunes, nés dans nos pays, y éduqués, et qui crachent sur cette société dont ils profitent bien par ailleurs et qui voudraient qu'elles adoptent leurs règles. Et puis il y a cette gauche laxiste qui par électoralisme a laissé parler et agir les prêcheurs musulmans radicaux, comme elle ne le ferait pas une seconde pour des curés ou des rabbins, ceux qui sont prêts à laisser appliquer des règles totalement rétrogrades à des hommes et surtout des femmes qui ont précisément fui des pays qui les appliquent. Ceux qui défendent le voile ou, pire, la burqa, au nom d'un certain multiculturalisme qui renvoie chacun, de gré ou de force, à ses origines. "Le multiculturalisme aujourd'hui, dit l'ex-députée néerlandaise Ayaan Hirsi Ali (qui fuyant la Somalie s'est réfugiée en Europe ) (5), signifie réguler les gens en fonction de leur communauté, de leur religion et de leur culture. Très bien. Mais que fait-on des individus? Les gays, les femmes, les enfants? Ceux qui ne veulent pas suivre les lois de la communauté? Ce système est un cauchemar pour les femmes comme moi qui se sont enfuies de pays où le système les subordonne aux hommes et qui viennent dans cette société pour être égales. Soudainement, les multiculturalistes vous rappellent à l'ordre et vous disent non, pas vous! Vous, vous devez rester avec votre communauté et écouter votre père, votre frère, votre mari. On ne vous aidera pas... C'est ça l'égalité? Quand on y réfléchit, le multiculturalisme est un système purement raciste."
Il est temps que nos Etats nettoient les écuries d'Augias. Leur infection génère une maladie contagieuse. Et mortelle.

(1) "Si tu aimes la musique, écoute!", dans la série "15 minutes pour te réformer":
https://www.youtube.com/watch?v=ij3UfICpAvc
(2) La Libre Belgique, 17 novembre 2015.
(3) http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/11/23/la-belgique-une-nation-sans-etat_4815690_3232.html?utm_medium=Social&utm_source=Twitter&utm_campaign=Echobox&utm_term=Autofeed#link_time=1448283206
(4) in "Frère Tariq", Caroline Fourest, Grasset, 2004.
(5) citée par Caroline Fourest in "La tentation obscurantiste", Grasset, 2005.

3 commentaires:

Grégoire a dit…

Que Tariq Ramadan prône l'interdiction du mariage mixte n'est pas vraiment une surprise. L'Islam interdit à une musulmane de se marier à un non-musulman, mais un musulman peut se marier à une non-musulmane. J'ai connu un ce cas de figure. Quant au châtiment corporel, je me souviens qu'il demandait une suspension (je ne me souviens plus du terme exact)de la lapidation des femmes. Il y a cent ans, l'Eglise Catholique n'avait pas un discours des plus rassurant non plus. Je ne me souviens plus du nom du pape qui a condamné l'éclairage au gaz... Au milieu de toutes ces questions qui m'assaillent, celle-ci : comment certains font pour supporter de vivre dans un pays de mécréants dépravés? Pourquoi y reste-t-ils?

Didier L. a dit…

@gregoire : il parlait de moratoire.
@michel : le communautarisme est une forme de racisme. Voilà ! En d'autres lieux on l'appelait simplement apartheid et il donnait des boutons à tout le monde.

gabrielle a dit…

@Grégoire : Pie IX (in le "Syllabus" en 1864). Merci internet.