vendredi 12 novembre 2004

HO ou WP?

Texte rédigé à l'automne 2004

A chaud ou WéPé ?

Voilà une petite vingtaine d’années mourait la SIDEHO, la Société Intercommunale de Développement Economique du Hainaut Occidental. Les barons locaux de Tournai et de Mouscron et sa politisation exacerbée l’avaient achevée.
Il en est resté cette appellation de Hainaut Occidental que certains qualifient aujourd’hui d’appellation par défaut. Si elle l’était sans doute au début, malgré sa cohérence géographique (les communes concernées sont effectivement à l’ouest du Hainaut, tout comme le département du Nord se situe effectivement au nord de la France), il faut bien constater qu’au fil des années, de nombreux organismes, instituts, fédérations ont donné une identité à cette région tout en y trouvant la leur.
No Télé parmi les premiers, devenant la télévision « du Hainaut Occidental » et intitulant son journal télévisé du samedi « 7 jours H.0. ». Le CHOQ a bâti son nom à partir de celui de sa région : Contribuons à un Hainaut Occidental de Qualité. A la fin des années ’90, à leur constitution, de hautes écoles se basaient sur le nom de leur région pour se créer une identité : la HELHO (Haute Ecole Libre du Hainaut Occidental) et la HEPHO (Haute Ecole Provinciale du Hainaut Occidental). Plus récemment s’est créée l’ACHO : l’Agence Culturelle du Hainaut Occidental ; son bulletin a pour titre « Culture à chaud ». On peut également citer l’ARAHO (Association des Architectes du Hainaut Occidental), la CCIHO (la Chambre de Commerce et d’Industrie du Hainaut Occidental), HOCCINVEST (l’Invest public du Hainaut Occidental). Toutes ces appellations et bien d’autres encore témoignent à suffisance que le « défaut » a été comblé depuis longtemps.
Et voilà qu’un ministre également président d’intercommunale décide ex abrupto de changer ce nom d’abord en Picardie wallonne, aujourd’hui en Wallonie picarde. Et peut-être demain en Bantoustan wallon ?
Déjà José Happart et Jean-Claude Van Cauwenberghe, qui avaient un genou au sol, relèvent la tête : grâce à leur camarade Demotte, le combat wallon porte ses fruits et ils ont des noms fleuris.
Si l’appellation aujourd’hui imposée ( ?) par le ministre devait être appliqué, le JT de No Télé s’appellerait « 7 jours WéPé », le CHOQ deviendrait CWPQ, la HELHO serait rebaptisée HELWP, la HEPHO s’appellerait HEPWP, l’ARAHO se transformerait en ARAWP. L’ACHO pourrait s’appeler ACWP et son bulletin « Culture WéPé ».
HOCCINVEST poserait plus de problèmes : s’il était rebaptisé WALLINVEST, il semblerait concerner l’ensemble de la Wallonie, PICINVEST ferait croire qu’il agit en Picardie française. Resterait donc WALPICINVEST. Il faut bien mettre les moyens, même en nombre de lettres, à la hauteur de ses ambitions.
On le voit, la Wallonie sied bien à nos organismes…
Au-delà de la plaisanterie, on imagine difficilement que tous ces organismes modifient leur nom pour la simple raison qu’un chef a rêvé d’imposer ses rêves visionnaires. Et on risque ainsi, demain, de donner une vision floue de notre sous-région partagée entre deux appellations : celle de Hainaut Occidental aujourd’hui intégrée par la population et utilisée par une série d’institutions, et celle de Wallonie picarde, imposée au chausse-pied. (On y ajoutera celle de Picardie wallone que certaines filiales de la famille sociale-démocrate se sont dépêchées d'intéger, tels le PAC ou le GSARA qui ont très vite ajouté à leur nom "Picardie wallonne"...)
Quelle mouche a donc piqué notre ministre-de-la-santé-publique-député-régional-empêché-
député-fédéral-empêché-bourgmestre-empêché-président-d’intercommunale-mais-plus-
maintenant-mais-demain-à-nouveau-quand-la-Wallonie-picarde-sera-une-réalité?
Tout simplement, le besoin d’affirmer, pour ceux qui en douteraient encore, son statut de chef de la sous-région. Même – et surtout - si la grippe aviaire lui laisse peu de temps pour assumer cette fonction.
Et si on discutait projet et gestion démocratique de cette région ? Cette annonce de nouveau nom n’est-elle pas un écran de fumée destiné à masquer l’inanité de certaines politiques ?

José Picard,
citoyen en quête d'identité