dimanche 21 décembre 2014

Le parti de Calimero

Vraiment, c'est trop injuste. Pauvres responsables et porte-parole de l'extrême droite, de la droite extrême, de l'extrême arrière et de tout cet informe magma de pleurnicheurs sur le bon temps qui est mort et qui ne reviendra plus et que c'était tellement mieux à l'époque du franc français quand ils étaient entre eux sans tous ces étrangers!
Tout le monde leur en veut. On reproche au parti de la famille Le Pen d'avoir emprunté neuf millions d'euros à une banque russe, mais il ne pouvait faire autrement puisque les banques françaises ne lui font pas confiance. Allez savoir pourquoi, des gens si respectables. Le maire FN d'Hayange vient d'être condamné à un an d'inéligibilité après le rejet de ses comptes de campagne (1). Mais c'est trop injuste: d'autres élus d'autres partis ont été moins lourdement condamnés que lui, dit-il. Une chaîne de télé a décidé de se passer des lumières noires d'Eric Zemmour, le penseur au rétroviseur, et voilà que la fille à papa Le Pen crie à la censure. C'est vrai que c'est assez intolérable de ne pas laisser ce brave homme dire quotidiennement tout le mal qu'il pense des femmes qui ne restent pas sagement à la maison à faire et élever les enfants, des homos, des écolos, des étrangers, de tous ceux qui font que cette si belle France a perdu tout son éclat et se suicide peu à peu.
Et ces juges qui prétendent s'intéresser aux comptes de la fille à papa, elle qui a toujours "la tête haute et les mains propres". Elle serait soupçonnée de "blanchiment en bande organisée", rien que ça, au sein d'un vaste réseau de fraude au financement public des partis qui s'élèverait à six millions d'euros (2).
Heureusement, le FN peut se consoler: il séduit toujours. Fatima Allaoui par exemple (3). La jeune femme avait claqué la porte de l'UMP, estimant n'avoir pas sur les listes des prochaines élections départementales une place correspondant à ses attentes. Elle s'était alors tournée vers l'extrême droite, rejoignant une petite formation membre du Rassemblement Bleu Marine. Et voilà qu'elle se retrouve nommée à un poste de secrétaire nationale à l'UMP. Avant que celui-ci la destitue, apprenant son affiliation à l'extrême droite. Elle se défend: la tentation de l'extrême droite, c'était "par désespoir de cause", c'était "une crise d'adolescence politique". Comme l'UMP persiste et l'éjecte, elle rejoint finalement le parti de la famille Le Pen. Visiblement, elle a oublié ses propos tout récents. C'est terrible de passer ainsi de la crise d'adolescence à un stade avancé de sénilité précoce. 
On le voit, pour le FN, c'est difficile d'être à la fois le grand méchant loup, le chevalier blanc et Calimero. A moins de faire en permanence le grand écart, et ça, ça fait mal.
Si tous ces chipotages, ces fautes et ces bêtises pouvaient enfin ouvrir les yeux des électeurs du FN, l'année 2015 commencerait de plus belle manière.
Demain, les jours allongent... 

(1) www.liberation.fr/politiques/2014/12/19/extreme-droite-le-retour-de-flamme_1167535
(2)
http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20141210.OBS7476/le-magot-cache-de-marine-le-pen.html
http://tempsreel.nouvelobs.com/le-making-of-de-l-obs/20141211.OBS7635/discretement-marine-le-pen-se-constitue-un-petit-tresor-de-guerre.html
(3) http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/coulisses/2014/12/15/25006-20141215ARTFIG00045-sarkozy-nomme-une-secretaire-nationale-passee-dans-le-giron-du-fn.php
www.lemonde.fr/politique/article/2014/12/19/fatima-allaoui-de-l-ump-au-front-national_4543830_823448.html






mardi 16 décembre 2014

Le parti du culot

Quelle énergie! Quelle capacité de résilience! A peine ont-ils quitté le pouvoir au niveau fédéral (qu'ils ont exercé sans discontinuer pendant neuf mille six cent cinquante et un jours (1) - 9.651, oui -) qu'ils sont dans la rue pour s'opposer au nouveau gouvernement à peine mis en place. Soyons clair: on peut évidemment reprocher bien des choses à ce nouveau gouvernement belge, très à droite, mais tout autant au Ps qui n'a aucune honte, aucune pudeur à manifester et a à peine arraché les costumes-cravates du pouvoir qu'il se noue un foulard rouge autour du cou pour jouer à l'ouvrier. Laurette Onkelinx a été ministre durant vingt-deux ans, non stop, gérant de très nombreux portefeuilles, dont celui de l'Emploi. Elio Di Rupo a été soit ministre, soit ministre-président, soit président du Ps durant la même période: 1992-2014.  Et aujourd'hui, on les entend hurler sur ce nouveau gouvernement à qui ils ont laissé un Etat que tout le monde s'accorde à trouver en triste état. Depuis quand les socialistes ont-ils mis sur la table une idée neuve?, demandait il y a une dizaine d'années le sénateur écologiste Jacky Morael.
Qu'est-ce qui explique la colère actuelle des Belges? Le chômage? Le manque d'idées du gouvernement pour relancer l'emploi et l'économie? "L'économie et l'emploi ont été transférés aux régions en... 1980", rappelle Philippe Engels (1). Et depuis 1980, quel parti a toujours occupé et occupe toujours le pouvoir dans les régions wallonne et bruxelloise? Le Ps. "Les 110.000 manifestants qui ont battu le pavé le 6 novembre dernier auraient été bien inspirés de commencer par demander des comptes aux socialistes eux-mêmes. (1)" 
Immuable Wallonie, voilà un slogan qui, pour une fois, ne serait pas mensonger. Tant que les manifestants se tromperont de cible et de vote, la situation ne s'améliorera pas. Le Ps peut se permettre toutes les affaires, tous les tripotages, traîner tant de casseroles, les électeurs, ses électeurs lui restent très attachés. "L'électeur reste fidèle au parti pieuvre, qui délivre, il est vrai, les accès au logement ou l'emploi public" (1).  "Sans nous, ce serait pire" a longtemps affirmé le Ps, tout heureux de pouvoir démontrer que c'est le cas aujourd'hui. Au niveau fédéral du moins. Aux niveaux wallon, bruxellois et francophone, le pire est arrivé depuis longtemps. Avec le Ps dans tous les gouvernements depuis le début et occupant la grande majorité des postes clés dans l'administration. "Le Gerfa rappelle que, en Belgique francophone, 32 hauts fonctionnaires dirigeants sur 53 sont socialistes. Tous les chefs de gouvernement des entités dites fédérées (Wallonie, Bruxelles, fédération Wallonie-Bruxelles) sont issus du PS. Chaque patron d'une société publique contrôlant la distribution d'énergie, la télédistribution ou le développement économique porte la même étiquette politique. Même chose pour les maires des grandes villes wallonnes et de Bruxelles, par exemple", écrit encore Ph. Engels.
On pourrait soupirer, se lasser, pester, mais le problème devient sérieusement inquiétant quand on découvre que des affaires qui, au fil de ces trop longues années, se sont inscrites dans l'ADN du Ps, resteront impunies grâce précisément à la toute-puissance de ce même Ps. Affaire parmi (beaucoup) d'autres relatées par Philipe Engels toujours: "Dans la région de Mons, le placement financier d'une société publique contrôlée par les socialistes déclenche des perquisitions dans des banques belges et françaises. Gros soupçons de commissions occultes au bénéfice d'individus réfugiés sous la couple du pouvoir. Tant que nous nous attaquions à des seconds couteaux socialistes, on nous a laissé faire, déclarent des policiers chargés de ces dossiers délicats. Quand les enquêtes nous ont menés à Mons, tout s'est compliqué. " Au point que les investigations ont été arrêtées. Des magistrats reconnaissent qu' il fallait éviter d'affaiblir la figure du Premier ministre de l'époque (Elio Di Rupo, bourgmestre empêché de Mons), rempart de la nation face aux séparatistes. Et la presse se tait autant que les autres partis, tous appelés à composer, un jour ou l'autre, avec l'omnipotent Ps.
"Opinion lassée, conclut Ph. Engels, justice bloquée, sentinelles de la démocratie aux abonnés absents, partis politiques en état de dépendance: à ce compte-là, le PS wallon n'a guère de souci à se faire."

Résumons-nous: en politique, le culot est salvateur, la toute puissance est protectrice. Mais réjouissons-nous: grâce au populisme du parti des barons et à sa pratique du clientélisme, aucun parti d'extrême droite n'a réussi à percer en Région wallonne. A quelque chose malheur est bon.

Note: pour couper court aux critiques de certaines de mes connaissances, ce billet ne fait pas dans l'anti-socialisme primaire, mais dans l'anti-Ps secondaire. Il y a plus qu'une nuance.

(1) "Le naufrage des socialistes belges", Marianne, 12 décembre 2014.

samedi 13 décembre 2014

Union pour un Mouvement de Potiches

Louis Pinton, président du Conseil général de l'Indre, est très fier de faire connaître sa liste UMP pour les élections départementales de mars 2015. Parité oblige désormais, il a présenté treize binômes, même s'il manque encore trois femmes, mais c'est pour bientôt, nous dit-il (1). A les voir poser face caméra, on se dit que la moyenne d'âge de ces femmes et de ces hommes doit se situer quelque part entre 55 et 65 ans. Face à la presse, seul le président cause. "Ces dames avaient reçu consigne de ne pas s'exprimer aujourd'hui", affirme la journaliste de France 3.  
"Nos concitoyens, déclare Louis Pinton, ont intérêt à chercher des hommes politiques d'expérience, qui ont des bons bilans, qui connaissent parfaitement la gestion des collectivités territoriales."
On espère donc que les candidates feront du bon café et de bons gâteaux pour leurs collègues masculins, histoire de les soutenir durant cette campagne.
On voit par là que si la femme est l'avenir de l'homme, l'UMP n'est pas celui de la femme.

(1) France 3 Centre, Journal du Berry, 12 décembre 2014, 19h18.

jeudi 11 décembre 2014

Croisés de la haine

On leur donnerait le bon Dieu sans confession. C'est le cas de le dire, parce qu'ils sont chrétiens. Et c'est visiblement en cette qualité que ces jeunes gens, qui ont l'air parfaitement normal, qu'on pourrait croire bien dans leur temps, ouverts au changement et aux autres, à l'évolution de la société, manifest(ai)ent contre le mariage homosexuel. Violemment. Leur calicot affirme que "La France a besoin d'enfants, pas d'homosexuels" (1). Ils sont membres du mouvement catholique intégriste Civitas. On a connu des centenaires plus ouverts et alertes que ces jeunes vieillards de vingt ans. Ils portent un drapeau "Cœur de Jésus". Ils ont rejoint ce mouvement qui s'est hypocritement baptisé "la manif pour tous", alors que très clairement il est dirigé contre les homosexuels. On a y vu et entendu des slogans haineux, imbéciles et abjects: "Les homos, c'est contre la loi de Dieu", "Non aux pédés, la famille, c'est sacré", "Cette loi contre nature mène la France à sa perte", "Ces saloperies, c'est dommage que Hitler ne les ait pas tous tués" (3). 

Dans le documentaire "Homos, la haine", d'Eric Guéret et Philippe Besson (2), plusieurs homosexuels, hommes et femmes, de 18 à 68 ans, témoignent face caméra. Ce qui revient quasi systématiquement, c'est le rejet, le harcèlement, les vexations, l'humiliation, la violence morale et parfois physique. Elle vient de la famille, "première source de violence pour les jeunes lesbiennes" ou d'inconnus croisés dans la rue.
Bruno, revenu vivant de l'horreur, malgré les pronostics pessimistes des médecins, a été violemment agressé dans la rue par quatre hommes. De manière totalement gratuite, juste parce qu'ils avaient repéré un homo. Ils ont pris sa tête pour un ballon de foot, ont-ils expliqué au procès. Wilfred a, lui aussi, été sauvagement attaqué par deux ou trois hommes. Laurent, comédien, adoré des téléspectateurs de la série "Plus belle la vie", dit avoir vu le regard des gens changer dès les premières manifs anti-mariage homo. Des gens venaient lui dire qu'ils ne l'aimaient pas. Jusqu'à cet homme qui l'a frappé et blessé dans un magasin.
Et puis, il y a  ces jeunes, encore éberlués de l'attitude de leurs parents qui, à défaut de pouvoir changer leur orientation sexuelle, leur ont fait la guerre, moralement et parfois physiquement, jusqu'à les chasser de la maison familiale. La religion, les religions ne les aident pas à admettre que leur enfant ait fait un choix qui n'est pas le leur. "C'est contre la religion d'accepter", ont dit à leur fille les parents d'Amina, la traitant de perverse, de nymphomane, de salope, de folle. La mère d'Emmanuelle, pour que sa fille rencontre un homme, lui a même conseillé de sortir dans des bars, des clubs échangistes ou libertins. Des propositions totalement contraires aux principes enseignés par cette mère très catholique. Samuel, d'un milieu juif orthodoxe, a connu les coups, moraux mais aussi physiques.

Tous disent que le débat sur le mariage homosexuel et surtout la rage qui s'est exprimée chez certains opposants ont libéré l'homophobie.
"Dans la société, aucun débat ni mouvement n'existe en soi, estime le sociologue Antoine Idier (3). C'est un lien dynamique: il faut qu'un certain nombre de structures (médias, politiques, intellectuels) légitiment son expression pour que le débat existe. Les partis politiques de gauche comme de droite ont joué un grand rôle dans la violence des débats autour du mariage homosexuel. La droite a instrumentalisé la problématique à des fins politiques: certains de ses élus ont participé à des manifestations; d'autres, comme Nicolas Sarkozy, ont tenu des propos hallucinants. (...) En n'étant pas ferme sur ses convictions, le PS a donné du poids au mouvement conservateur.

En manquant de fermeté, le PS a ainsi laissé entendre que chacun pouvait avoir une opinion, même abjecte, sur la question. En encourageant le mouvement d'opposition, l'UMP a soutenu le rejet et l'exclusion. En courant derrière de sinistres et stupides imprécateurs, des médias ont servi de caisse de résonance à l'irraisonné. Et elle n'attend que cela, la haine, toujours prête à s'engouffrer dans la moindre ouverture de porte. Et à faire le buzz, sur Internet et dans la rue. Surtout, quand elle est portée par des gens qu'on aurait pu qualifier de "gens bien". Emmanuelle, jeune femme souriante qui témoigne dans "Homos, la haine", a constaté que ces attaques viennent très souvent de "gens très propres, très beaux". Des gens des beaux quartiers: "ce sont des gens comme moi, que ma mère apprécie, fréquente."

Ce qui frappe dans ce documentaire, c'est bien sûr la violence dont sont victimes ces personnes à cause de leur orientation sexuelle, mais c'est aussi que, malgré les vexations, malgré le rejet, malgré les coups parfois, elles s'expriment souvent avec le sourire, ont l'air bien dans leur peau. On se dit que pour les agresser il faut, au contraire, être très mal dans sa peau. On se pose des questions: de quelle pathologie souffrent ces gens qui s'opposent aux droits des homosexuels, vont jusqu'à les agresser physiquement? Qu'est-ce qui les amène à délirer autant, à confondre homosexualité et pédophilie, homosexualité et bestialité, homosexualité et polygamie? Comment vivent-ils cette religion qui tout en leur enseignant que "Dieu est amour" les amène à se conduire aussi vulgairement en crachant, en tapant sur d'autres qui ne leur font aucun mal? Pourquoi tant de haine? Qu'y a-t-il dans le "cœur de Jésus" qu'arborent sur leur drapeau ces jeunes chrétiens haineux? 

(1) photo de Kenzo Tribouillard / AFP, dans Télérama, 3 décembre 2014.
(2) diffusé sur France 2 ce mardi 9 - à revoir sur www.france2.fr
(3) "Homophobie, qui ne dit mot consent", Télérama, 3 décembre 2014.

mercredi 10 décembre 2014

Regards à géométrie variable

Avec l'extrême droite, on ne sait s'il faut avancer ou reculer, regarder devant soi ou derrière. On s'y perd. On avait cru comprendre que c'était mieux avant (1), qu'il faudrait revenir à ce bon vieux franc, refermer les frontières, restaurer tant de vieilles valeurs aujourd'hui galvaudées. Bref, faire demi-tour.
Mais voilà qu'un des jeunes loups du parti de la famille Le Pen, David Rachline, sénateur et maire, nous dit que "il ne faut pas passer son temps à regarder derrière. Il faut regarder l'avenir, qu'est-ce qu'on fait ensemble". Il est alors interrogé à propos de la commémoration de la responsabilité du régime de Vichy dans la déportation et l'aide à l'extermination des Juifs (2). "Il faut éviter de regarder dans le rétro, dit-il, éviter de s'auto-flageller." Mais il pense quand même que "il faut parler de tout, c'est l'histoire de France. En Algérie, il y a eu des choses bien. Il faut le dire plus souvent."
Résumons-nous: parfois il ne faut pas regarder derrière soi, mais parfois si. Il y a des choses dont on il ne faut pas parler, d'autres sur lesquelles il faut revenir. Finalement, le FN a un discours nuancé.

On en a encore la preuve aujourd'hui: le FN, qui a toujours craché sur l'écologie, les écolos bobos, qui a  toujours nié le réchauffement climatique, qui a soutenu les Bonnets rouges qui défendent une agriculture extrêmement polluante, qui a refusé d'interdire le chalutage en haute mer, qui se range systématiquement du côté des automobilistes, le FN donc prône désormais "l'écologie patriote" (3). Les Français sont donc appelés à respecter l'environnement français. Dès qu'ils sont en vacances, hors de leur pays, ils peuvent se lâcher. La pollution, comme le nuage de Tchernobyl en son temps, sera arrêtée aux frontières. Et là, on comprend mieux la volonté du FN de rétablir les frontières: les douaniers auront aussi pour mission d'empêcher la pollution étrangère d'entrer. Une bonne barrière, et hop, le tour est joué. Ces islamo-gauchistes de Verts n'y avaient pas pensé. Par ailleurs, le parti d'extrême arrière n'aime pas les énergies renouvelables, mais voit plus favorablement le nucléaire et le gaz de schiste. Un parti plein de nuances, on vous dit.

Même sur la torture, le parti est nuancé. Ca ne se fait pas, ouh la, non, pas du tout. Mais, en cette journée internationale des Droits de l'Homme, Marine Le Pen estime quand même que si c'est pour sauver des vies, ça peut se faire (4). On ne se refait jamais complètement  quand on est fille à papa Le Pen (5).

(1) voir "Croquemitaine", 8 décembre.
(2) dans l'émission "Cahier de doléances": "Minorités: deux poids, deux mesures?" de Caroline Fourest: https://carolinefourest.wordpress.com/ - à voir sur LCP ce mercredi 1à à 21h30.
(3) http://www.huffingtonpost.fr/2014/12/07/fn-ecologie-patriote-preference-nationale-vert_n_6255314.html
www.lesinrocks.com/2014/12/09/actualite/vision-du-monde-du-fn-reste-fondamentalement-productiviste-liberale-11540042/

(4) www.lemonde.fr/politique/article/2014/12/10/pour-marine-le-pen-il-peut-parfois-etre-utile-de-faire-parler-sous-la-torture_4537731_823448.html
(5) http://rebellyon.info/Tortures-par-Le-Pen-par-Hamid.html
https://www.youtube.com/watch?v=mJz2gXdYQyY
https://www.youtube.com/watch?v=7mPpRCBLzAk (la deuxième partie de cette émission est particulièrement intéressante: malgré les témoignages d'anciens militants du FLN, J.M. Le Pen continue à nier avoir pratiqué tout acte de torture, mais on entend bien qu'on a affaire à un connaisseur. On y apprend que Le Monde du 30 mai 1957 a rapporté les propos suivants de Le Pen: il reconnaît avoir usé de "moyens illégaux" et estime que "la torture est inévitable et donc, dans les conditions anormales où on nous demandait d'agir, elle est juste".)

A propos des comptes du FN: 
http://rue89.nouvelobs.com/2014/12/09/fn-nest-endette-les-comptes-disent-contraire-256475

mardi 9 décembre 2014

Même les reines ont une face cachée

On se fait parfois une fausse idée des gens. Et ce n'est parfois qu'après leur mort que la vérité se fait jour. On s'imaginait ainsi que la reine Fabiola - dont on a toujours dit que le roi Baudouin l'avait alpaguée à l'entrée d'un couvent - était un parangon de chasteté qui passait son temps en dévotions. Et voilà qu'on apprend qu'elle était "très engagée au niveau pieu". L'information nous vient d'un homme sérieux, Rudy Demotte, ministre-président de la Communauté française (1), dont on n'oserait d'autant moins mettre la parole en doute qu'il était visiblement un intime de la reine, puisque, nous dit-il, elle partageait avec son épouse "la passion de la culture et de la musique". De ses origines espagnoles, Fabiola avait donc gardé l'engagement auprès de l'Opus Dei et une attitude un peu olé-olé dans un pieu qui n'était pas classé x. 
Résumons-nous: il faut se garder des idées toutes faites.

(Merci à A. qui, depuis les Etats-Unis, a attiré mon attention sur cette information qui s'apparente à un scoop.)

(1) http://www.rtl.be/info/belgique/politique/deces-de-la-reine-fabiola-les-politiciens-rendent-leurs-hommages-681316.aspx

lundi 8 décembre 2014

Croquemitaine

La France grognonne croit s'être trouvé un penseur. Il a écrit un livre sur lequel ces citoyens mal dans leur peau se sont jetés. Son titre ressemble à un appel: "Le suicide français". Il invite les Français à revenir en arrière, à respecter ces valeurs éternelles que sont le travail, la famille et la patrie. Ah! Le bon temps des rois de France, de Napoléon, du catholicisme en sa période terroriste. En ces temps-là, le peuple, quand il ne mourait pas de maladie, tombait à la guerre. Il n'en manquait pas. Les rois, qui furent, pour nombre d'entre eux, très malades, physiquement ou mentalement, ne voyaient dans le peuple que chair à canon et force de production au service de la royauté. Bref, c'était le bon temps et aujourd'hui tout fout le camp. O tempora, o mores.
"Le déclinisme, écrivent Noël Mamère et Patrick Farbiaz - qui ont eu le courage de lire ce livre et démontent le lamentable message d'Eric Zemmour (1) - repose sur certaines croyances pessimistes répétées en boucle. Il se réfère toujours à une époque antérieure: le passé est idéalisé, le présent morne et déliquescent." Pour Zemmour et ses apôtres, c'était mieux avant. "Quand? Avant mai 68? Très bien. Mais cet âge d'or paradisiaque, où se situe-t-il et quand? Qu'est-ce qui était mieux? La peste noire de l'an 1000, le servage des paysans, le génocide des Indiens d'Amérique, l'esclavage des Noirs et le commerce triangulaire, la colonisation forcément positive, la grande boucherie de 1914-1918, la fusillade des Communards ou des ouvriers de Fourmies, le régime de Vichy? (...) C'était mieux avant, mais pour qui? Pour l'aristocratie des Capet ou le petit peuple de Paris?"

"Zemmour, écrivent Noël Mamère et Patrick Farbiaz, agit comme s'il voulait fédérer toutes les chapelles de l'extrême droite et de la droite extrême, en opérant un hold-up idéologique sur leur fond de commerce." Tout en cultivant la nostalgie de périodes sombres et de personnages peu recommandables, Zemmour magnifie le passé et crache sur le présent, il se fait "vendeur de peur". Il crache sur tout et tout le monde, les homos, les étrangers, les antiracistes, les femmes dominatrices, les musulmans, les artistes, les technocrates, les sociologues, les économistes. Même sur les médias - qui l'ont pourtant fabriqué et dont il est une vedette - lui qui joue le même jeu que ces chaînes de télé qui, à suivre chaque jour des équipes de police sur tous les terrains, font entrer quotidiennement la peur dans les salons.
Dans ses délires, il s'en prend même aux humoristes, "coupables de tourner en dérision les valeurs de la politique et de la société. (...) Aux yeux des nouveaux réacs, le rire est suspect parce que l'ironie désacralise et met à nu les rigidités de la société française (1)". Zemmour nous joue le rôle du moine Jorge, dans "Le nom de la rose" (2): "Le rire est la faiblesse, la corruption, la fadeur de notre chair. C'est l'amusette pour le paysan, la licence pour l'ivrogne. (...) Le rire distrait, quelques instants, le vilain de la peur."
L'homme du bond en arrière n'envisage comme futur que le passé. Il n'apparaît que comme un chantre de l'égoïsme, de la régression, du repli sur soi, un brocanteur des idées vichystes, maurassiennes, lepennistes... Tout en pensant sans doute (comme Jean-Marie Le Pen qui l'estime beaucoup) dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, il se révèle n'être qu'un bas parleur.
Le plus inquiétant n'est pas qu'existe ce sombre Savanarole du XXIe siècle, le plus inquiétant, c'est le succès qu'il rencontre. Demain les bûchers devant les médiathèques?

(1) "Contre Zemmour - Réponse au Suicide français", Les petit matins, 2014.
(2) Umberto Eco, Le livre de poche 5859, pp. 592-593.

vendredi 5 décembre 2014

Le diable au corps

Que peut donc signifier le terme "dédiabolisé"? Que l'objet ou la personne dont on parle n'est plus apparenté(e) au diable? Ou que le diable s'est banalisé et qu'on peut donc très bien vivre avec lui? Parlant du FN, on pencherait plutôt pour la deuxième explication.
La fille à papa Le Pen, qui a hérité du parti de son père, ne cesse de dire que elle c'est elle et que lui c'est lui et qu'elle ne partage pas (toujours) ses propos qu'elle considère (parfois) comme "faute politique" (et non pas faute humaine...). Mais non seulement il est toujours président "d'honneur" du parti familial, mais en plus celui-ci lui a rendu un vibrant hommage en ouverture de son récent congrès. "Dans la grande salle, peut-on lire dans le Canard enchaîné (1), défilait un film sur Jean-Marie. Jean-Marie fait des blagues, des déclarations tonitruantes, Jean-Marie esquisse des pas de danse,  l'œil gourmand. Disparus les points de détail et autres Durafour crématoire." Pourtant, non, rien de rien, le vieux bouledogue ne regrette rien. A la veille de ce congrès, il déclarait au Parisien que ce point de détail dont il parlait en évoquant les chambres à gaz, "ce n'était pas un jeu de mots, c'était une opinion" (2). Et le vieil incontinent verbal de dénoncer un "véritable terrorisme intellectuel" qui règnerait en France. On sait d'où vient ce sentiment d'être une victime qui poursuit Marine Le Pen: il est héréditaire.
Papa Le Pen a fait hurler de joie les militants lors de ce congrès en rappelant, seul sur scène, son vieux slogan: "Tête haute et mains propres". Le Canard enchaîné s'étonne, lui qui avait révélé qu'en 1981 le père Le Pen avait ouvert un compte en Suisse, via l'un de ses proches qui avait reconnu avoir agi pour le compte de Jean-Marie Le Pen. "Ce dernier avait expliqué que son compte à l'UBS était lié à un remboursement du prêt consenti par cette banque. Mais il n'a été clôturé que quelques années après le remboursement... Et ne parlons pas du fameux héritage Lambert, récupéré par Le Pen dans des circonstances très controversées. Sans oublier un redressement fiscal de 1 million de francs en 1998, pour dissimulation de revenus." (1)

Mais tout ceci appartient au passé. Aujourd'hui, le parti de la famille Le Pen est au pouvoir dans plusieurs mairies. Et on voit le changement. A Hayange, le maire se perd dans les chiffres, ses comptes de campagne ont été invalidés et il pourrait bien perdre son poste (3). Celui-ci du Pontet (84), après avoir augmenté son salaire de 44%, est, lui aussi, en situation périlleuse, des émargements lors de son élection sont considérés comme frauduleux (4). A Beaucaire (30), le maire a passé un contrat de 14.000 euros avec une société dirigée par un proche, membre du FN sous un pseudo (5).
La fille à papa n'est pas à l'abri des soupçons: son micro-parti "Jeanne" est, depuis un moment, dans l'œil de la Justice pour des prêts accordés aux candidats FN lors des cantonales de 2011 et des législatives de 2012 et voilà à présent que l'enquête s'élargirait au financement de la présidentielle de 2012 (6).
Mais qu'importe tout ceci? Puisque le FN est dédiabolisé. La preuve: c'est un parti presque comme les autres. Certainement pas plus vertueux, aussi tripoteur que certains autres. Juste un peu plus à l'extrême arrière droite.

Post-scriptum: l'ouverture du capital de l'aéroport de Toulouse à des investisseurs chinois fait hurler le parti de la famille Le Pen. Au moment même où celui-ci se fait prêter 9 millions d'euros par une banque russe. On voit par là que la fille à papa et ses affidés ne sont pas à une incohérence près.
www.liberation.fr/politiques/2014/12/03/marine-le-pen-et-l-or-de-moscou_1155995

La dédiabolisation du FN vue par Groland: www.youtube.com/watch?v=snyHglU0E-Y

(1) Le Canard enchaîné, 3 décembre 2014.
(2) Charlie Hebdo, 3 décembre 2014.
(3) www.liberation.fr/politiques/2014/11/03/a-hayange-ou-est-passee-la-caisse_1135478
(4) http://quandlemaireestfn.tumblr.com/
(5) www.midilibre.fr/2014/09/11/politique-le-maire-de-beaucaire-octroie-un-marche-public-a-un-ami,1049327.php
(6) www.mediapart.fr/journal/france/041214/micro-parti-de-le-pen-l-enquete-elargie-au-financement-de-la-presidentielle-2012e

mercredi 3 décembre 2014

Tout va bien

Les inondations à répétition que connaît le sud de la France ne semblent pas perturber les autorités politiques de tous bords et de tous coins, écologistes mis à part. Les affaires doivent se poursuivre, la croissance doit revenir.
La ville de Montpellier s'est retrouvée sous eau plus d'une fois ces derniers temps. Son maire, très en colère, l'a dit alors: il faut enfin cesser de nier le réchauffement climatique. Et où sera érigée la future gare TGV de Montpellier? Dans une zone inondable naturelle, à vingt minutes du centre-ville, là où toute construction est interdite. D'après les opposants, ce sont "350 hectares d'espaces naturels (qui) seront artificialisés" (1). Mais, qu'on se rassure, d'après le nouveau maire, "la gare ne sera pas en zone inondable".
A Châteauroux-Déols, l'aéroport, héritage de l'OTAN, vivote. Alors qu'il s'agit là d'une mine d'or qui ne demande qu'à être exploitée, les autorités locales et régionales en sont convaincues. "Aux Etats-Unis, l'avion est un moyen de transport normal, mais pas ici", déplore une source proche du dossier (2). Qui souligne que Châteauroux est à une heure d'avion de toutes les grandes villes françaises, qu'il y a un créneau pour des touristes qui souhaitent, par exemple, passer une journée à Toulouse et que les grrrandes équipes sportives de la région doivent pouvoir prendre l'avion pour leurs déplacements. On voit par là que le modèle américain est toujours vivant à Châteauroux qui a longtemps hébergé une base US.
Des positions (un peu) rassurantes enfin: le président (socialiste) du Conseil régional Rhône-Alpes, Jean-Jacques Queyranne, appelle à la suspension des travaux du Center Parc qui doit se construire à Roybon en Isère. Là, sur 200 hectares - "dont une bonne partie constituée d'une zone forestière à forte valeur écologique" (3) - devraient être bâtis un millier de cottages autour d'une bulle tropicale de 29°C, traversée par une "rivière sauvage" en plastique bleu, bordée de palmiers. Sur place, la température peut facilement descendre à -20°C. Les élus communistes ont, eux aussi, fait machine arrière et demandent la suspension des travaux en attendant que la Justice rende son avis face aux recours déposés par les opposants. Ce qui n'est pas du goût d'un député UMP du coin, Jean-Pierre Barbier: "je ne vois pas de quel droit une minorité imposerait ses vues sur la société de demain" (4). On comprend par là que Center Parc doit représenter la majorité et que quand on regarde l'avenir dans un rétroviseur, on voit fatalement la société d'avant-hier comme celle de demain. Mais on doit savoir que, à regarder l'avenir de la sorte, plus dure risque d'être la chute.

(1) Le Canard enchaîné, 3 décembre 2014.
(2) La Nouvelle République - Indre, 3 décembre 2014.
(3) Charlie Hebdo, 26 novembre 2014.
(4) France Inter - Journal, 3 décembre 2014, 8h.

mardi 2 décembre 2014

Et à part ça chez vous, ça va?

On est toujours la bête curieuse de son voisin. Depuis quelques années, les Belges regardent avec étonnement les Français, la montée de l'extrême droite, les vociférations d'un autre âge des anti-mariage pour tous, les enragés contre l'écotaxe. Aujourd'hui, ce sont les Néerlandais qui ne comprennent pas les manifs incessantes et les grèves successives des Belges. Les Français s'en amusent. "Qu'est-ce qui cloche chez nos voisins?", demande le journaliste qui anime la revue de presse sur France Musique (1). Et de citer des journaux néerlandais qui se demandent de quoi se plaignent les Belges alors que leur tout nouveau gouvernement leur promet de régler tous leurs problèmes. Explication néerlandaise: c'est le conservatisme des Belges qui les amène à rejeter à la fois le changement et les règles strictes. Les Belges seraient rigides par rapport à la tradition et anarchistes de nature. On a du mal à suivre. Le Belge serait donc un conservateur anarchiste? Peut-on être les deux? Le Morgen, journal de la gauche flamande, rappelle le contexte et le timing: les catégories sociales les plus basses et moyennes doivent supporter la quasi totalité des mesures d'économie (qui se chiffrent à 10 milliards d'euros), alors que les grandes fortunes sont préservées. Les salaires ne seront pas indexés et l'âge de la retraite recule de 65 à 67 ans. Et voilà que l'Union européenne demande à la Belgique d'améliorer encore son budget, comme elle le demande à la France. Mais on ne peut comparer les deux pays, s'indigne le Soir, quotidien francophone belge: la France est pointée du doigt depuis longtemps par l'Union et agace le reste de l'Europe. Oui, finalement, commente le journaliste de France Musique, tout le monde se le demande: "qu'est-ce qui cloche chez nos voisins?".

(1) ce 2 décembre 2014, 8h.

dimanche 30 novembre 2014

Tous les goûts sont dans la culture

Nicolas S(h)arkozy est donc redevenu le Napoléon de ses troupes. Son rictus s'agrandit, grand bien lui fasse. Mais, quand même, on se pose une question. On peut reprocher bien des choses à François Hollande: sa mollesse, son indécision, ses reculades. Mais il a, globalement, une attitude digne de sa fonction. Pourquoi ont actuellement la cote, en politique en France (relativement, il est vrai, mais plus que Hollande), des personnages tels que Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy qui personnifient la suffisance et la vulgarité? On s'interroge.

Post-scriptum: à écouter: le billet de Sofia Aram (ou plutôt Ludovine de la Malbaise) sur France Inter ce lundi matin: http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=1013199
Le bon goût français.

Post-scriptum bis: rue89.nouvelobs.com/2014/12/07/sarkozy-chemin-256437

samedi 29 novembre 2014

On ne se refait pas

C'est une surprise, nous dit-on: au congrès du parti de la famille Le Pen, c'est la petite-fille à son papy qui arrive en tête des membres du Comité central du parti désignés par les militants (1). Quelle surprise? Cette première place confirme simplement qu'au FN on a le sens de la famille (outre celui du travail et de la patrie) et qu'on y adore toujours le vieux chef dont on sait que la petite-fille préférée reste proche des positions, notamment sur l'immigration et l'insécurité. L'attitude réactionnaire n'attend pas le nombre des années. On voit par là que le Front Néandertal (2) reste bien un parti d'extrême droite, quoi qu'en dise la fille à papa et tante de la nièce.
Une anecdote amusante avec ce Front qui plaide pour la préférence nationale (ou la priorité, selon le degré de prudence de ses responsables et militants) et la fermeture des frontières: il vient d'emprunter 9 millions d'euros auprès d'une banque russe (3). Mais ce n'est pas de sa faute, dit-il: les banques françaises n'ont pas voulu lui prêter d'argent. Heureusement que les banques du pays du président Poutine, modèle pour la fille à papa, sont plus ouvertes que les banques françaises. 
Que retenir de tout ceci? Que le FN est, plus que jamais, le parti de la famille Le Pen et que l'argent n'a pas d'odeur.

(1) www.liberation.fr/politiques/2014/11/29/vote-au-fn-marion-marechal-le-pen-devance-florian-philippot_1153178
(2) voir la série de Jul "Silex and the city":
www.lefigaro.fr/bd/2014/09/08/03014-20140908ARTFIG00232-jul-avec-le-front-neanderthal-on-retourne-au-jurassique.php
(3) www.lefigaro.fr/politique/le-scan/insolites/2014/11/25/25007-20141125ARTFIG00405-emprunt-russe-du-fn-la-structure-intermediaire-a-touche-140-000-euros.php
www.levif.be/actualite/international/le-front-national-emprunte-9-millions-d-euros-a-une-banque-russe/article-normal-354777.html
www.lemonde.fr/politique/article/2014/11/23/le-front-national-a-emprunte-de-l-argent-a-une-banque-russe_4527889_823448.html

vendredi 28 novembre 2014

Pinocchiozy

La droite républicaine française va se choisir un nouveau président. Choisira-t-elle un politique ou un humoriste? C'est ce dernier qui est donné favori. Il s'appelle Sharko, il a des rictus de requin et est devenu l'égal d'un Frank Dubosc ou d'un Jean-Marie Bigard. Il adore raconter des histoires, il est devenu le roi de l'impro: s'il sent que son public est réactif, il tord la vérité dans tous les sens, il est capable de dire n'importe quoi, pourvu qu'il fasse rire (1). Il est loin le temps de la France grognonne. La droite se marre. Elle est prête à se choisir un chef qui n'a ni idées, ni programme, ni projet, qui flingue tous les autres, y compris dans son propre camp, mais n'a aucune idée de ce qu'est l'auto-critique. Il est tellement bon, il a une jolie femme, est un jeune papa tout en étant un homme d'expérience. Que demander de plus? 
Un bémol à son succès: cet homme est tellement dépassé par son ego que son corps ne le supporte plus. Il se secoue dans tous les sens. C'est un cadeau pour tous ceux qui analysent le langage non verbal, un magnifique modèle à analyser dans les formations en communication.
Allez savoir pourquoi, on a l'impression que l'humoriste ne fera pas rire longtemps. Ou alors jaune.

(1) www.liberation.fr/politiques/2014/11/24/sarkozy-ce-n-est-plus-du-mensonge-c-est-carrement-du-roman_1147897
www.lalibre.be/actu/international/voici-les-quatre-blagues-que-sarkozy-repete-a-chaque-meeting-54775cc23570a0fe4c641632

mercredi 26 novembre 2014

Des larmes de crocodile

Hier, journée internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes, on apprend qu'une femme sur trois dans le monde a été victime de violences, qu'en France c'est le cas d'une femme sur dix et que, dans ce pays, tous les trois jours, une femme décède sous les coups de son conjoint. 
On apprend ce même jour que la Ville de Toulouse a annulé une expo de BD centrée sur le harcèlement de rue dont sont victimes les femmes (1). Les hommes y sont représentés en crocodiles guettant les proies féminines qui passent à portée de leur regard et de leur bave. L'auteur belge Thomas Mathieu (2) y traite du sexisme ordinaire, y illustre des cas vécus par des femmes et suggère des attitudes qu'on ("on" étant aussi bien un homme qu'une femme) peut avoir pour réagir face à des situations malsaines et agressives. "Le harcèlement est agressif, explique Thomas Mathieu (3), jamais innocent. Le minimiser serait un retour en arrière. On parle souvent de drague urbaine. Mais le collectif Stop harcèlement de rue, lui, parle de drague imposée. Quand c'est imposé, ce n'est plus de la drague, c'est du harcèlement." Cette pratique de lourdingues, de tous âges et de toutes origines, n'est pas nouvelle: "le harcèlement de rue n'est ni une nouveauté ni une facette inaliénable de la nature humaine, estime la sociologue Irène Zellinguer. Il fait partie d'un système qui traverse et organise notre société: la domination masculine (3)".
L'exposition n'a finalement pas eu lieu à Toulouse parce que, selon le quotidien Le Monde (4), une élue de la majorité UMP a jugé le projet vulgaire. Et là, on s'interroge: qu'est-ce que la vulgarité? Où est-elle? Dans les dessins qui témoignent de situations bien réelles? Ou plutôt dans cette drague de relous? Dans l'attitude d'élus qui préfèrent se mettre la tête dans le sable? Dans les commentaires, sur des forums, de certains hommes si sûrs d'eux et si fiers de l'image qu'ils ont d'eux-mêmes ? Ils se voient en coqs, en boucs ou en taureaux et ne sont que crocodiles. Juste des reptiles, même avec leurs petites pattes.

Lisez Causette, "plus féminine du cerveau que du capiton", un magazine féminin, féministe, qui milite avec humour. Roboratif!

(1) www.lalibre.be/culture/livres/jugee-vulgaire-l-expo-d-une-bd-belge-sur-le-harcelement-de-rue-annulee-a-toulouse-5474a47435707d02ac2a4870
(2) http://projetcrocodiles.tumblr.com/
(3) "Thomas Mathieu croque les relous", Causette, octobre 2014.
(4) www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2014/11/25/bd-les-crocodiles-suscitent-la-polemique-a-toulouse_4528918_4420272.html

mardi 25 novembre 2014

Hugues Le Bars

C'est par le courrier des lecteurs du Télérama de ce jour que j'apprends la mort d'Hugues Le Bars, survenue le 1er novembre dernier. C'était pour beaucoup un illustre inconnu. On connaissait certaines de ses musiques, nombre de ses sons, mais sans le connaître lui. Lui qui a composé pour Maurice Béjart, pour Radio France, pour différents films. Lui qui était le Prévert de la chanson: un poète colleur. Il collectait des sons qu'il accompagnait de poum-tchak. On peut lire (ou écouter) l'hommage que France Culture lui a rendu et (ré)écouter son interview pour mieux le connaître (1).
On apprend, à l'occasion de sa mort, qu'il est le père du joyeux Féloche (2). Il est donc toujours là.

(1) http://www.franceculture.fr/emission-ce-qui-nous-arrive-en-musique-hugues-le-bars-poum-tchack-de-fin-2014-11-05
(2) www.feloche.fr

Schtroumpf grognon

Manifester pour refuser les autres est à la mode en France. Des députés UMP alsaciens s'y sont mis, arborant dans l'Assemblée nationale un calicot: "Ne tuez pas l'Alsace ". Ils auraient voulu que - dans la réforme territoriale voulue par la majorité - la région Alsace reste seule, sans être associée à la Lorraine et à la Champagne-Ardennes (1). Un député UMP a tenté de se justifier sur France Inter (2). Il fut assez obscur, dans tous les sens du terme. Jusqu'à ce qu'il nous dise qu'il faut tenir compte du contexte économique, que l'Alsace est la deuxième région économique de France. Et là, tout s'éclaire: son raisonnement est le même que celui des indépendantistes flamands, italiens du nord, catalans et de tant d'autres: celui des riches. De ceux qui ne veulent pas partager. Mais qui n'aiment qu'une chose: vendre leurs produits à l'extérieur.
On se dit alors qu'on devrait laisser entre eux ceux qui ne veulent pas des autres, mais les pousser dans leur logique. Ce qui voudrait dire qu'en dehors des Alsaciens, personne ne consommerait plus de choucroute, de munster, de riesling ou de gewurtzraminer. Nous, nous boirons du vin de Loire, de Jurançon, du Chili, de Roumanie ou d'Algérie.
On se dit aussi qu'on comprend que de plus en plus de Wallons se sentent différents des Flamands (3). A force de se sentir rejeté, de s'entendre critiqué, on ne peut rester insensible. A force de dire qu'on n'aime pas les autres, on finit par susciter l'impression chez ces autres qu'ils ne sont pas les mêmes. Gagne-t-on quelque chose à ce jeu-là?

lundi 24 novembre 2014

Business as usual

Dans le nouveau gouvernement fédéral belge, très à droite, on trouve en charge de l'énergie une ministre qui n'en manque pas. Il faut le reconnaître. Marie-Christine Marghem, avant d'occuper cette fonction ministérielle était à la fois avocate, députée, échevine, elle était donc partout. A vouloir être partout, on n'est nulle part, on le sait. Elle n'a pas, de ce fait, la réputation de maîtriser ses dossiers. Mais qu'attend-on d'un politique? Elle l'a compris. Il suffit d'avoir l'air.
Récemment, avant d'être nommée ministre, elle a rencontré, en sa qualité d'échevine, des opposants à un projet de poulailler industriel (38.000 poules) à Marquain (Tournai). Ils dénoncent un projet totalement contraire aux politiques environnementale et agricole qu'entendent mener tous les niveaux de pouvoir. "Je comprends vos arguments, leur a-t-elle dit, mais il n'y a pas une seule manière de produire et de créer de la richesse et de la valeur ajoutée." (1) La voilà maintenant ministre et elle entend bien prolonger de dix ans l'existence des centrales nucléaires de Doel (2). Elle n'a "aucun tabou", dit-elle.  Même si en tant que députée elle a confirmé il y a un an sa volonté, et celle de la majorité des élus, de sortir du nucléaire. Maintenant qu'elle est "aux affaires", elle estime sans doute qu'il faut bien que tout le monde vive.
Résumons-nous: la ministre de l'Energie est une vraie libérale qui pense comme on pensait dans les années '60 et que les affaires sont les affaires.


(1) L'Avenir - Le Courrier de l'Escaut, 7 octobre 2014.
(2) www.lalibre.be/actu/belgique/marghem-deposera-dans-quelques-jours-une-note-sur-la-prolongation-de-doel-546b90433570243a9f34c68a

vendredi 21 novembre 2014

Chère com'

La Ville d'Orléans débourse 400.000 euros pour accueillir le concours Miss France (1). L'opposition proteste: une telle somme pour un concours aussi ringard a quelque chose d'indécent, d'autant plus que les subventions culturelles ont été réduites. Oui mais, se défend le maire, ce concours fait parler d'Orléans. 
La preuve.

(1) France 3 Centre, Journal, 17 novembre, 19h.

jeudi 20 novembre 2014

Un modèle mal footu

Des dirigeants de clubs de foot de division 2 en France sont accusés d'avoir truqué des matches à la fin de la saison dernière. Une fois atteint le score qui arrangeait les deux équipes, les joueurs ont fait semblant de jouer, se passant gentiment le ballon en attendant que l'heure tourne.
En Italie, c'est tout le championnat qui semble bien ressembler à un spectacle d'illusionnistes (1). Ce n'est plus le ballon qui est l'enjeu, mais l'argent.
On comprend que l'Etat français ait décidé d'exonérer d'impôts et de taxes (hormis la TVA) toutes les entreprises qui colaboreront à l'organisation de l'Euro 2016 de foot qui se jouera en France. Parce qu'un secteur aussi sain, modèle du genre, doit être soutenu et montré en exemple. Il s'agit d'une exigence de l'UEFA pour qui il ne peut y avoir d'organisation sans exonération (2). On voit par là que tous ceux qui iront dépenser le moindre euro pour assister à ce spectacle indécent seront les dindons d'une farce de mauvais goût.

(1) 


lundi 17 novembre 2014

Humour de coiffeur (2)

Il y a quelques années, j'avais consacré un billet (1) à ces enseignes qui témoignent de l'humour des coiffeurs, des professionnels qui n'hésitent pas à couper les cheveux en quatre pour se trouver un nom qui leur donne bel hair.
En voici deux autres repérés récemment:
- Pl' Hair
- I.D. Coif'
Résumons-nous: les capilliculteurs ont un humour décoiffant.

Post-scriptum:
Et depuis, j'ai découvert,
- Aur' Kidécoif
- Coiff' Emoi
- Figura-tif

(1) C'était le 10 juillet 2011, sous le titre "Un humour de coiffeur".
Le voici, pour mémoire:

Je suis plein d'admiration pour la créativité des coiffeurs. Non pour leurs talents de capilliculteurs - je ne peux en juger, mon passage chez eux ne se justifiant plus - mais pour les noms qu'ils donnent à leurs salons.
En voici quelques-uns glanés au gré de mes déplacements en Belgique et en France:
- Les mots tifs
- Diminue-tifs
- Atmosp'hair
- Changement d'hair
- l'Ac'tif
- Réac-tif
- Admira-tif
- A'hair coif
- Bel hair
- Hair du temps
- Val Hairie.

On voit par là que les coiffeurs ont de l'humour. En tout cas, un humour qui leur est propre.
Personnellement, j'éviterais d'aller au salon "Réac-tif". On sait que les coiffeurs sont bavards. Celui-là ne doit nous épargner aucune de ses opinions dénigrant les jeunes, le progrès, l'évolution des moeurs. Ou même l'hair du temps.

P.S. Vu ce week-end (13 novembre 2011) dans le Pas de Calais, Fée Hair'ique. En effet.
P.S.bis: repérés aussi: Hair Borist et Addy Tiff
P.S. ter: à Maubray (Antoing): Hair du Large

Gabrielle me rappelle, en commentaire au billet de ce 17 novembre, qu'elle avait, à l'époque, déjà apporté sa contribution à l'exercice. Voici ces enseignes qui indiquent bien que l'humour des coiffeurs est sans limite:
- Imagin'Hair
- Hair Borist
- Revolution'Hair
- A capello
J'avais aussi ajouté alors
- Séduc'tif
- Evolu'tif
- Cap'tif.

dimanche 16 novembre 2014

Un homme conciliant

Nicolas Sarkozy est un homme fondamentalement gentil. Il l'a démontré hier. En meeting devant les candidats UMP, il a annoncé que, s'il revenait au pouvoir, il entendait "réécrire de fond en comble" la loi Taubira sur le mariage pour tous. Devant la foule qui scandait "abrogation", il a tout de suite cédé et a promis cette abrogation. "Si ça vous fait plaisir, ça ne coûte pas très cher", a-t-il dit.
Je ne suis pas militant UMP, mais je permets néanmoins d'avancer quelques demandes à celui qui espère redevenir calife à la place du calife:
- fixer dans ses priorités la mise en œuvre d'urgence de mesures de lutte contre le réchauffement climatique et, entre autres, une taxe sur le CO2 de type écotaxe et l'abandon de projets tels que l'aéroport de Notre-Dame des Landes;
- fixer dans ses priorités un plan de lutte contre la pauvreté et l'exclusion (quelles que soient les origines des personnes) et la reconnaissance des mêmes droits à tous;
- lutter contre tous les excès liés au capitalisme et à l'argent et contrôler strictement les banques.
Voilà, c'est pas grand chose. Je sais que je ne dois pas me bercer d'illusion. Mais, quand même, ça ferait plaisir à pas mal de gens. 
Ceci dit, Sarkozy ne doit pas, lui non plus, s'illusionner: il ne suffit pas de marcher dans les pas de la fille à papa Le Pen pour espérer la rattraper.

Nicolas Sarkozy voudrait faire oublier le nom de l'UMP, devenu synonyme d'affairisme et de panier de crabes, en lui en donnant un nouveau. Une suggestion: RPR, pour Rassemblement Profondément Réactionnaire.

A lire:
www.liberation.fr/politiques/2014/11/16/sarkozy-pris-en-flagrant-delit-de-cynisme_1144161

samedi 15 novembre 2014

Grands travaux inutiles

Sur quelle planète vivent les travailleurs et responsables d'entreprises françaises de travaux publics? Visiblement pas sur la Terre. Ou alors ils n'ont jamais entendu parler de réchauffement climatique, de perte de biodiversité, de gaspillage d'énergie et de terre. Hier, ils ont manifesté à Nantes pour soutenir le projet d'aéroport de Notre-Dame des Landes. Sans lui, ils n'auront plus de travail, pleurnichent-ils. Il leur est vital. "Et si les travaux publics s'arrêtaient?", demandent-ils sur un calicot. Leur porte-parole exhorte le premier ministre à ignorer "les Khmers verts et les djihadistes verts" (1). Un peu d'intelligence dans ce monde de brutes ferait du bien. Peuvent-ils comprendre que derrière leurs insultes (imbéciles) aux écologistes, c'est l'avenir de la planète et leurs propres enfants qu'ils injurient? Peut-on suggérer à ces personnes d'ôter leurs œillères, de réfléchir un peu, de lire le dernier rapport du GIEC et d'investir et de s'investir dans les travaux d'isolation des bâtiments et les énergies renouvelables plutôt que dans des activités d'un autre siècle, nuisibles à la planète? 

Note: qu'on en finisse avec cette insulte de Khmers, qu'ils soient verts ou de n'importe quelle couleur. Bien sûr, le régime des Khmers rouges fut atroce. Mais la civilisation khmère fut d'une très grande richesse. En faire une insulte, c'est faire preuve d'inculture.

(1) France 3, Journal, 14 novembre 2014, 19h30.

jeudi 13 novembre 2014

Ne pas confondre

La Cour de Justice européenne vient de donner raison à l'Etat allemand qui avait refusé d'accorder des allocations de chômage à une jeune Roumaine (1): elle vivait à Leipzig, sans avoir ni même chercher de travail. On les appellent "touristes sociaux", ces pauvres des pays les plus pauvres de l'Union européenne qui tentent de profiter des avantages offerts aux pauvres des pays moins pauvres.
La fille à papa Le Pen s'est empressée d'exprimer sa satisfaction. Elle ne supporte pas le "tourisme social". Elle préfère le tourisme politique. De loin en loin, elle se rend à Bruxelles et Strasbourg pour tenter de justifier les 12.000 euros mensuels qui lui sont alloués en sa qualité de députée européenne. Une fonction que l'héritière ne prend pas vraiment le temps d'assumer (2). On voit par là qu'il y a touristes et touristes.

A la question que lui pose Télérama (3), "quelle est votre plus grande peur?", le chanteur Miossec répond d'un mot: "Marine".

(1) www.courrierinternational.com/article/2014/11/12/la-cour-de-justice-europeenne-dit-non-au-tourisme-social
(2) lire sur ce blog "Chère Marine", 19 mai 2014.
(3) 12 novembre 2014.

jeudi 6 novembre 2014

Basse cour

Les agriculteurs français manifestaient hier un peu partout. Pour diverses raisons. Notamment pour exiger plus de consommation en France de produits français. Et aussi pour protester contre certaines règles auxquelles ils sont soumis, telles que la directive sur les nitrates. Visiblement, cette profession, une des plus subventionnées d'Europe (sans doute la première), ne veut pas comprendre qu'elle doit changer radicalement de manière d'agir et de stratégie et qu'est fini le temps où la terre n'était considérée que comme un matériau qu'on pouvait malmener comme l'entendait l'industrie agro-alimentaire. On ne demande pas mieux de consommer "national", et mieux encore local, mais alors des produits de qualité. Si manger français et manger McDo, c'est pareil: où est l'avantage?

Dans la Somme, près d'Abbeville, s'est construite la "ferme des Mille vaches", le genre de projet qu'on croyait appartenir au passé, mais qu'un industriel développe avec le soutien des autorités socialistes. A deux pas, à Doullens, autre projet - qui a lui aussi le soutien, y compris financier, des pouvoirs publics - tout aussi actuel et tout aussi dépassé: un élevage de 319.500 poules réparties dans trois bâtiments de 6.000 m2, soit neuf poules par mètre carré. "On ne peut pas mettre toutes les poules en plein air, explique le gérant, Pascal Lemaire. C'est la solution pour sortir de la crise et manger français le moins cher possible." (1)

Hier, certains agriculteurs, à Nantes, ont balancé des ragondins derrière les grilles d'une administration, les ont aspergés de peinture et frappés à coups de pied (2). 
On voit par là que le ragondin a toujours tort. L'agriculteur, lui, a toujours raison. Il a raison de protester contre l'excès de règles, même si elles ont été établies à cause des dommages que cause à l'environnement l'agriculture productiviste. Il a raison de s'opposer aux écotaxes et de démolir, pour bien se faire comprendre, du matériel public, même si ces taxes ont été décidées par l'ensemble des partis démocratiques. Et il a raison de soutenir la création du barrage de Sivens puisqu'il a été décidé démocratiquement. Cherchez la contradiction (voir note ci-dessous).
De nombreux agriculteurs et leur syndicat productivisto-capitaliste, la FNSEA, veulent que le projet de barrage de Sivens devienne réalité. Il faut de l'eau pour arroser le maïs, disent-ils. Est-ce à la nature et à l'environnement de s'adapter à l'agriculture ou l'inverse?

Il est temps que les agriculteurs remettent en question leurs pratiques. Tout le monde y gagnerait. Eux les premiers. L'agriculture intensive et les pesticides qui lui sont liés font de plus en plus de dégâts parmi la profession. De plus en plus d'agriculteurs sont atteints de la maladie de Parkinson, inscrite depuis mai 2012 au tableau des maladies professionnelles des paysans.
Olivier Colin, médecin au CHU de Poitiers, en témoigne: "Parkinson, qui touche environ 150.000 personnes en France, dont plus de la moitié diagnostiqués avant soixante ans, n'est donc pas une maladie de vieillesse. Elle est pour le moment la seule maladie clairement reliée à l'exposition aux pesticides, mais d'autres pourraient suivre." Notamment des lymphomes, cancers du système lymphatique.

Question: vaut-il mieux être poule, ragondin, agriculteur affilié à la FNSEA ou consommateur français ? On se le demande. Heureusement, de plus en plus d'agriculteurs, ceux de la Confédération paysanne notamment, ont décidé de ne plus être les dindons de cette mauvaise farce.

Note: Xavier Beulin, président de la FNSEA, a traité les opposants au barrage de Sivens de "djihadistes verts". Outre la bêtise de l'expression, Gérard Biard fait remarquer dans Charlie Hebdo (4) que "quand, il y a deux mois, des agriculteurs ont attaqué et incendié les bâtiments de la Mutuelle sociale agricole à Morlais, il n'a vu dans cette destruction délibérée des symboles de l'Etat qu'une simple manifestation d'exaspération, tandis que Thierry Merret, président de la FNSEA 29, a carrément tiré son chapeau aux auteurs du saccage.

(1) "250 000 taulards en pleine liberté", Fabrice Nicolino, Charlie Hebdo, 15 octobre 2014.
(2) www.leparisien.fr/societe/videos-manifestation-a-nantes-des-agriculteurs-filmes-maltraitant-des-ragondins-06-11-2014-4270645.php
(3)  "Trio gagnant - paysans, pesticides, parkinson", Fabrice Nicolino, Charlie Hebdo, 1er octobre 2014.
(4) "Dangers terroristes", 5 novembre 2014.

lundi 3 novembre 2014

Climat détestable

Il faut sauver la biodiversité, préserver l'environnement, lutter contre le dérèglement climatique. Presque tous les partis politiques, presque tous les gouvernements de la planète en sont convaincus depuis vingt ans. Au point que certains se demandent quel est encore le sens de l'existence de partis écologistes. Puisque le souci environnemental est aujourd'hui celui de tous les partis, quelles que soient leurs idéologies. Et de toute façon, les écolos sont des "djihadistes verts". Il y a quelques années encore, ils étaient traités de "khmers verts". Les temps changent. Le climat aussi. En 2013, les émissions de CO2 ont légèrement dépassé les 35 milliards de tonnes, soit presque un tiers de plus qu'il y a dix ans.
Le dernier rapport du GIEC est plus que jamais alarmiste (1). Il indique que, au rythme de nos consommations d'énergies fossiles, nous pourrions atteindre un réchauffement de l'ordre de 4 à 5° d'ici la fin du siècle. Ce qui serait totalement catastrophique. Le réchauffement que connaît la Terre n'a jamais été aussi important depuis 800.000 ans. Si nous voulons la sauver des pires scénarios, il faudrait diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70%. D'urgence.

"Nous serons incapables de relever le défi climatique tant que nous ne l'envisagerons pas comme une lutte bien plus large entre des visions du monde différentes, écrit Naomi Klein (2), comme un processus visant à reconstruire et réinventer l'idée même de collectivité, de communauté, de bien commun, de société civile et de civisme - idée mise à mal et abandonnée depuis des décennies. Si le défi climatique nous paraît si intimidant, c'est parce qu'il impose de passer outre à toute une série de règles - certaines inscrites dans les législations nationales et les accords commerciaux, et d'autres, non écrites mais tout aussi puissantes, qui font qu'aucun gouvernement ne restera au pouvoir s'il augmente les impôts, refuse de gros investissements, si néfastes soient-ils, ou prévoit de réduire progressivement les secteurs de l'économie qui nous mettent tous en danger."

On a ainsi vu, tout récemment, la ministre française de l'Ecologie, Ségolène Royal, décider de supprimer l'écotaxe annoncée. "Le bon sens a prévalu", ont dit certains. Qu'est-ce que le bon sens?, se demande-t-on. Juste une "absence de courage et de vision", a rétorqué Eva Joly. Est-ce le bon sens de ne pas faire payer les pollueurs? De ne pas réinjecter le produit de ces écotaxes dans des moyens de transport moins polluants? On pourrait l'admettre si, par ailleurs, les gouvernements développaient une vision large et audacieuse d'une nouvelle organisation de la société. On n'en voit nulle trace, même embryonnaire. Partout, on ne pleure que pour voir revenir une bonne vieille croissance, celle qui nous a menés où nous en sommes. En France, on pleure la mort de Christophe de Margerie, "un grand capitaine d'industrie français très lucide sur la situation de la planète" a dit de lui le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé (3). Ce capitaine dirigeait Total. "La plus grande entreprise française gagne ses milliards en déstabilisant le climat pour des milliers d'années", écrit Fabrice Nicolino. Et le climat, vraiment, c'est important, affirment les ministres Fabius et Royal: ils appellent à "une mobilisation universelle et immédiate" sur le changement climatique, "menace grave pour la biodiversité, la sécurité alimentaire et la santé" (1). Ils sont aussi convaincants que leurs homologues belges Elio Di Rupo, qui a découvert avec émotion le problème il y a quelques années en s'entretenant avec Nicolas Hulot, ou Joëlle Milquet qui affirmait, il y a tant d'années maintenant, qu'il faut "être radical pour le climat".
N'attendons rien non plus, au contraire, du nouveau commissaire européen  en charge de l'Energie et du Climat, Miguel Arias Canete. Il a été l'un des responsables d'Italcar Espana (ce qu'il a oublié d'indiquer dans sa déclaration d'intérêts lorsqu'il était député européen), lobbyiste pour les OGM et fondateur de Petrolifera Ducar et Petrolis Canarias. Mais qu'on se rassure: avant de devenir commissaire européen, il a transmis ses actions à ses beaux-frères (4). Il ne peut donc être soupçonné de conflits d'intérêts. On ne pouvait trouver meilleures mains européennes à qui confier l'avenir du climat.
Bref, on désespère de voir un ou une responsable politique oser un vrai projet, plutôt que pleurnicher et se gargariser de mots.

"Il pourrait être beaucoup moins efficace, poursuit Naomi Klein de se battre pour une taxe carbone minimale que, par exemple, de former une grande coalition pour revendiquer un revenu minimal garanti, non seulement parce qu'un revenu minimum permettra aux travailleurs de refuser des emplois liés aux énergies polluantes, mais aussi parce que le fait même de plaider pour une protection sociale universelle ouvre la voie à un vrai débat de fond sur les valeurs - sur ce que chacun de nous doit aux autres au nom de notre humanité commune, et sur ce qui, collectivement, nous paraît plus important que la croissance économique et les bénéfices des entreprises."
Naomi Klein plaide pour une autre vision du monde, "fondée sur l'interdépendance plutôt que sur l'hyperindividualisme, sur la réciprocité plutôt que sur la domination et sur la coopération plutôt que sur la hiérarchie".

Récemment, le maire Montpellier, épuisé par les inondations à répétition qu'a connues sa ville déclarait qu'on ne pouvait plus dire que le réchauffement climatique n'existe pas. Mais la grande majorité des politiques et des citoyens ont choisi la politique de l'autruche. Ni voir, ni savoir est leur nouvelle devise. Tant qu'on voudra toujours plus de voitures et de camions sur nos routes, plus d'avions dans le ciel, plus de produits phyto sur nos terres, aucune éolienne dans la vue, un kérosène non taxé, un baril de pétrole au plus bas, on prendra le risque de se faire déplumer plus que l'arrière-train. "Ce qui est aujourd'hui politiquement réaliste ne le sera sans doute plus quand nous aurons essuyé d'autres ouragans Katrina, d'autres cyclones Sandy, d'autres typhons Bopha", estime Sivan Kartha, chercheur pour l'Institut pour l'Environnement de Stockholm (5).
Naomi Klein encore: "nous gagnerons en affirmant que de tels calculs (de ceux qui estiment que la lute contre le réchauffement coûte trop cher) sont moralement monstrueux, puisqu'ils insinuent qu'il serait économiquement acceptable de laisser des pays entiers disparaître, des millions de gens mourir sur des terres desséchées et de priver les enfants d'aujourd'hui de leur droit à habiter un monde fourmillant des merveilles et des beautés de la création".

Des notes positives - quand même! - on pourra en trouver dans le documentaire que diffuse Arte ce mardi soir (6): dans "Sacrée Croissance!", Marie-Monique Robin rencontre des "lanceurs d'avenir". "Il y a des initiatives qui sont les germes de la société post-croissance, explique-t-elle, d'une réponse globale au grand désordre planétaire actuel. (...) J'ai choisi des initiatives suffisamment abouties pour qu'on voie la transformation des territoires et des gens." (7) On trouvera dans ce film "un stimulant réservoir d'idées et d'énergie pour inventer demain", écrit Télérama.

(1) http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2014/11/le-résumé-pour-décideurs-du-giec.html
(2) The Nation (New York), 16 septembre 2014, à partir de son dernier ouvrage "This Changes Everything: Capitalism vs. The Climate" in Le Courrier international, 2 octobre 2014.
(3) cité par Fabrice Nicolino, in "Derrière Margerie, les morts du pétrole", Charlie Hebdo, 29 octobre 2014.
(4) "Un commissaire européen qui sent le pétrole", Fabrice Nicolino, Charlie Hebdo, 8 octobre 2014. Miguel Arias Canete est le Zemmour espagnol: "il est compliqué de tenir un débat avec une femme, a-t-il déclaré, car montrer de la supériorité intellectuelle pourrait paraître sexiste". Vraiment, un grand monsieur que ce commissaire européen!
(5) cité par Naomi Klein - voir (1).
(6) Arte, mardi 4 novembre, 20h50. A revoir pendant les sept jours qui suivent sur Arte+7 (www.arte-tv.com).
(7) Télérama, 29 octobre 2014.

jeudi 30 octobre 2014

Nom de nom

Revenons un instant - un instant seulement - sur la fille à papa Le Pen. Elle voudrait changer le nom de son parti, histoire de montrer qu'il n'est plus celui de papa, incontinent verbal notoire. Le problème, c'est que, comme son nom l'indique, Marine Le Pen est la fille de son père. Et que, même si elle devait présider demain un parti appelé "Rassemblement brun marine" ou "Le Rance aux Rancis", elle s'appellerait toujours comme papa, et sa nièce, députée du même parti, porterait toujours le nom de son grand-père. Elle serait toujours associée avec celui de qui elle dit vouloir se distancier mais à qui elle ressemble tant et qui lui a tout appris et tout donné. Si l'héritière a honte du patrimoine qu'elle a reçu, elle peut toujours s'en défaire et confier à d'autres la gestion du parti. Mais celui-ci est quasiment familial. On voit par là qu'il est difficile d'avoir le beurre et l'argent du beurre. Même quand on a un appétit féroce.

Lire, dans Charlie Hebdo, cette semaine, la carte postale de Mathieu Madenian dans laquelle il propose aux  responsables politiques de changer de nom plutôt que le nom de leur parti. "Un début de discours du style Moi, Myriam Balaké N'Koulou, présidente du Front national, ça aurait de la gueule", estime-t-il.

lundi 27 octobre 2014

Tant d'émotions, si naturelles

L'automne est là. Les feuilles tombent, le moral de l'homme aussi. La France est morose. Elle a l'impression d'aller à vau l'eau ou même de régresser. Elle a tort. Les projets économiques novateurs n'y manquent pas. Trois exemples parmi d'autres.

En Indre, à deux pas de Châteauroux, aux portes du Parc naturel régional de la Brenne, se développe un projet qui place "l'environnement et la nature en pôle position" (1). Un jardin public? Une réserve naturelle? Un village de vacances écolo? Un Futuroscope axé sur la nature? Mieux que cela: le "Pôle des sports mécaniques du Centre". Le promoteur entend créer une piste asphaltée de trois kilomètres de long, ainsi qu'une piste pour les essais de constructeurs et des compétitions auto et moto, plus toutes les infrastructures nécessaires à ce type d'activité. Le tout sur 80 hectares, entre deux étangs. Sur l'une des pistes, les véhicules pourront atteindre la vitesse de 270 km/h. La nature? Elle sera préservée au maximum, assure le promoteur qui plantera, en plus de l'existant, des arbres, des arbustes et des haies. Même sur les parkings. Et, assure-t-il, "les bulldozers ne passeront pas quand ils veulent: ils laisseront les cistudes (2) et les tritons se reproduire". Les véhicules de course en feront-ils autant? Arrêtera-t-on les compétitions pour laisser les batraciens traverser la piste? Non, le promoteur a pensé à tout: "les véhicules qui seront utilisés sur les différentes pistes ne devront pas dépasser le seuil légal de 95 décibels, soit le bruit d'une tondeuse à gazon" (3). Et ça, c'est vraiment génial, parce que si vous avez cinq, dix, quinze tondeuses à gazon qui tournent à longueur de journée, les animaux resteront terrés là où ils sont à l'abri. Et la nature sera préservée. Les habitants? Ils vivent loin de là, paraît-il. En tout cas, à plusieurs centaines mètres. Et on érigera des merlons pour atténuer le bruit (4). L'environnement et la nature en pôle position, on vous dit.

A Gonesse, en région parisienne, se prépare "une expérience à 360°". Préparez vos mouchoirs, nous y serons, à tout moment, dans l'émotion: "show emotion, pop emotion, sun emotion, hype emotion, xtrm emotion, zen emotion". Tout cela à la fois. S'en remettra-t-on? Notre cœur tiendra-t-il le coup? On se le demande.
De quoi s'agit-il? Salle de spectacle? Cinéma? Centre de bien-être? Pratiques sportives? Tout cela à la fois et bien plus encore. On trouvera à Europacity (5) des boutiques de luxe, des jardins de cueillette, des manèges, des hôtels, des fast food et des restaurants bio, un parc des neiges, des magasins, des auberges de jeunesse, des salles de spectacle, un parc aquatique et tout ce qu'on n'ose même pas rêver. On pourra même, incroyable mais vrai, participer à des "pique-niques géants". Ce sera "le nouveau quartier des loisirs", il se construira(it) sur 80 ha de bonnes terres, dernier espace agricole aux portes de Paris. Les gens qui veulent dépenser leur argent auront là l'embarras du choix.  

Près d'Orléans vient de s'ouvrir un hôtel d'un type nouveau en France. Un hôtel qui fonctionne en auto-suffisance? Où on paie en fonction de ses revenus? Un hôtel en papier, en bambou, en plastique recyclé? Mieux que tout cela: un hôtel pour chiens et chats (6). Il n'y a aucune raison que ces gentilles petites bêtes ne puissent vivre ce que vivent leurs maîtres. Salle de jeu, piscine, chambre avec vue, ils bénéficient de toutes les commodités. Et leurs maîtres ne les abandonnent pas tout à fait, puisqu'ils peuvent en permanence les surveiller par web-cam. Et continuer ainsi à vivre tranquillement, le nez sur leur tablette, sans être dérangés par les sdf et les mendiants, pour voir combien Rex et Poussette sont heureux.

On voit par là qu'il faut garder le sourire et rester optimiste. Que la vie est belle et l'avenir radieux. Quels esprits chagrins oseraient encore parler de crise?

(1) La Nouvelle République, 23 octobre 2014. Voir le site des opposants: http://tourneix-adest.org
(2) les tortues typiques de la Brenne.
(3) en France, le niveau maximal d'exposition, soit celui à partir duquel une exposition prolongée peut endommager l'audition, est de 80 db.
(4) Des amis qui vivent à dix kilomètres de Pau m'assurent que, de chez eux, ils entendent le bruit de la course automobile qui se joue chaque année dans les rues de cette ville.
(5) www.europacity.com. Réécoutez l'émission "Comme un bruit qui court" (27.09.2014):
www.franceinter.fr/emission-comme-un-bruit-qui-court-la-carotte-ou-le-beton-encore-des-maquisards-bretons-et-un-voyage-
Le projet Europacity, mené par le groupe Auchan, ressemble furieusement, au "Projet de Centre européen des Sports de Glisse et de Nature", qui entendait se développer à Maubray (Belgique) et dont il fut souvent question dans ce blog. Voir www.c-i-a-o.eu/
(6) France 3 Centre, Journal, 24 octobre 2014, 19h.

vendredi 24 octobre 2014

Défonceuse de portes ouvertes

La fille à papa Le Pen a été se pavaner à Calais. Il faut le reconnaître: elle a l'art de le faire. La ville connaît, plus que jamais, un afflux de demandeurs d'asile qui rêvent de rejoindre la Grande-Bretagne. Leur abandon à eux-mêmes, leur désespoir, leur promiscuité, leur misère provoquent des bagarres entre eux. La fille à papa Le Pen les trouvent inacceptables. Elle parle des bagarres. Pas du désespoir, ni de la misère ou de l'abandon. Elle a la solution - on n'y avait pas pensé: que ces gens restent chez eux (1). Si on la suit, on comprend que les Syriens, par exemple, devraient rester dans leur pays, ils y sont si bien, sous la protection du fils à papa el-Assad, un homme respecté par le parti de la famille Le Pen. Entre fille et fils à papa, on se soutient. Remerciera-t-on jamais assez la fille à papa Le Pen d'avoir ainsi permis à tout un pays d'avancer vers une solution si sensée? Finalement, cette défonceuse de portes ouvertes n'a qu'un but dans la vie: les cadenasser.
On se permet une suggestion à cette grande âme: qu'elle suive une formation à l'Entraînement mental (2). Elle penserait alors à analyser les causes des problèmes avant d'avancer - d'emblée - des solutions. Mais elle doit savoir qu'elle entrerait alors dans la complexité des situations, dans la nuance. Elle ne tiendrait plus des propos de comptoir, elle ne serait plus alors la fille à papa Le Pen. Qui serait-elle?

Post-scriptum: des propos de comptoirs, il en fut question également dans l'excellent billet de François Morel de ce matin sur France Inter. 

(1) France Inter, Journal, 24 octobre 2014, 13h.
(2) http://www.entrainement-mental.info/

jeudi 23 octobre 2014

Pyrrhus de Eerste

Bart De Wever n'est pas content. Il n'apprécie pas les attaques pour racisme dont a fait l'objet le secrétaire d'Etat Théo Francken, membre de son parti, la NVA (1). Elles l'empêchent "de (se) concentrer sur les problèmes de ce siècle". On voit par là qu'on encombre les débats fédéraux de broutilles alors que le président de la NVA a de grandes ambitions. Quels sont ces problèmes auxquels il entend s'attaquer? On s'interroge.
Pas le racisme visiblement. Le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Théo Francken - qui pratique l'humour de comptoir (2) - peut cracher tant qu'il veut, faire "de l'ironie", son président ne voit dans les réactions que suscitent ses propos que "foutaises francophones". Il se pose en victime, comme un vulgaire parti d'extrême droite.
La nécessité de soutenir une politique culturelle forte ne fait pas non plus partie de ses priorités. Au contraire. "Chaque fois que la NVA est au pouvoir, que ce soit à Anvers ou au gouvernement flamand, le budget de la culture fut particulièrement visé", écrit Guy Duplat (3). C'est le cas maintenant des institutions publiques fédérales qui vont perdre de 15% à 30 % de leurs subsides.
Le grand problème de ce siècle, pour Bartje, est sans doute l'enfermement de la Flandre dans la Belgique. Il est temps qu'elle prenne son indépendance. Il devrait pourtant se méfier et mettre ailleurs ses priorités: selon certaines études (4), 6% du territoire belge, et plus précisément flamand, vont se retrouver sous le niveau de la mer à la fin du siècle. "Et si le rythme de l'élévation (du niveau de la mer) s'accentue, écrit la Libre Belgique, ce sont 660.000 personnes qui habiteraient dans des zones à risque" et pourraient être régulièrement victimes d'inondations. Soit un peu plus de 10% de la population flamande. Celui qui se voit déjà empereur de Flandre pourrait se faire appeler Pyrrhus Ier.

(1) www.lalibre.be/actu/politique-belge/bart-de-wever-puis-je-s-il-vous-plait-me-concentrer-sur-les-problemes-de-ce-siecle-544396b43570102e50906fac
(2) www.lalibre.be/actu/belgique/theo-francken-zut-meme-quand-on-a-bu-la-zwarte-piet-il-reste-noir-544376233570102e509056a4
(3) www.lalibre.be/culture/politique/la-culture-federale-frappee-de-plein-fouet-comme-jamais-5448a7e23570a5ad0edd049d
(4) www.lalibre.be/actu/planete/6-du-territoire-belge-sous-le-niveau-de-la-mer-a-la-fin-du-siecle-5434bf19357030e61044fdf1


lundi 20 octobre 2014

Art (et) brut(es)

Qu'est-ce que l'art? Rares sont ceux qui peuvent répondre clairement à la question. En revanche, ils sont nombreux ceux qui peuvent décréter ce qui n'est pas de l'art et s'attaquer aux œuvres et aux artistes. L'extrême droite s'en est fait une spécialité. Un œuvre plastique de l'artiste américain Paul Mc Carthy, installée à Paris à l'occasion de la Foire internationale d'art contemporain (Fiac), a été dégonflée. A force d'être gonflé, voilà ce qui arrive à l'art. L'auteur a été agressé physiquement. C'est que certains ont vu dans cette œuvre intitulée "Tree" un sextoy. Plus précisément un "plug anal". Ils étaient nombreux - et j'en étais - ceux qui ignoraient l'existence de ce type de jouet. Les personnes rétives à l'art, par contre, le connaissent. On voit qu'on a là affaire à des gens cultivés.
On ne peut, disent-ils, accepter sur la place publique ces érections qui choquent l'œil. Mais toute sculpture est érigée, répondent les spécialistes en art. Faudra-t-il demain abattre l'Obélisque de la Concorde, la Colonne Vendôme ou la Tour Eiffel pour plaire à ces talibans français?
On a évidement parfaitement le droit de ne pas aimer telle ou telle création considérée comme artistique et le dire. Autre chose est de s'y attaquer physiquement.
La France ne sort pas grandie - cela devient une habitude - de ce type d'incident. Mais la Belgique n'est pas en reste. En témoignent les nombreux commentaires d'internautes qui étalent leur haine de l'art, par exemple sur le forum de la Libre Belgique (1), et leurs opinions réactionnaires. Reconnaissons-leur, à eux aussi, une certaine culture. Celle du Café du Commerce.
Plutôt que de les lire, mieux vaut lire les commentaires de Libé (2) ou écouter ceux de Sophia Aram (3).

(1) www.lalibre.be/light/societe/paul-mccarthy-renonce-a-reinstaller-son-oeuvre-polemique-vandalisee-a-paris-5442475f35706c71768a2e73
(2) http://next.liberation.fr/arts/2014/10/19/place-vendome-paul-mccarthy-unplugged_1125220
(3) ce lundi 20 octobre, 8h55: http://www.franceinter.fr/depeche-direct-video-suivez-le-direct

A lire aussi: http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2014/10/19/bataille-plug-anal-prolongement-manif-tous-255575