mardi 31 mai 2016

A côté de la plaque

Comme tant de grands hommes, comme Elvis Presley, comme Michaël Jackson, comme John F. Kennedy, comme John Lennon, Staline n'est pas mort. C'est tout simplement impossible. Il se cache sous la moustache de Philippe Martinez, le leader de la CGT. L'homme le plus interviewé de France depuis deux semaines se sent pousser des ailes. Il veut être partout. Il a voulu imposer aux quotidiens français la publication sur une page entière d'une tribune qu'il avait rédigée. Seule L'Humanité, le journal du PCF, a obéi à ses ordres. En représailles, les autres quotidiens n'ont pu paraître jeudi dernier, suite à un bloquage de la CGT (1) Certains journalistes, indignés de cette atteinte à la liberté de publication, crient au chantage. Ils se trompent: c'est de la répression. Le sens de l'humour de la CGT est particulier, soviétique sans doute: elle dénonce les diktats du gouvernement et pour ce faire use de diktats. Cette interdiction de parution de la presse, c'est son 49-3 à elle. Cherchez l'erreur. Au Journal de 18h de France Inter vendredi dernier, des travailleurs d'une raffinerie se plaignaient: à l'AG de la CGT ce jour-là il n'y eut pas de vote sur le prolongement de la grève. Mais on a déjà voté il y a une semaine, argumentait un responsable syndical, donc il n'y a plus de raison de le faire. Curieuse conception de la démocratie, estimait une travailleuse qui a préféré quitter cette AG jugée inutile.
La CFDT, de son côté, soutient l'accord passé sur la loi Travail (2), qui ne manque pas d'avancées positives pour les travailleurs. Mais les travailleurs le savent-ils?
Dans le Journal de 13h de France Inter vendredi, un étudiant s'interrogeait: doit-il passer son bac vu ce qui se prépare? Il n'explique pas en quoi la loi Travail lui barre tout avenir. On aurait aimé le savoir. Lui aussi sans doute.
Le journaliste allemand Thomas Hanke, du Handelsblatt, pense que "c'est une bonne loi, même si elle reste insuffisante pour régler le problème du chômage. Le vrai problème, c'est que le gouvernement n'a pas assez communiqué sur les points positifs: par exemple, la possibilité de négocier directement en entreprise, ou encore le compte personnel d'activité, que l'OCDE cite en exemple, mais dont personne ne parle en France!" (3)
Mais tous ces protagonistes, gouvernement comme syndicats, n'ont-ils pas une guerre de retard? Plusieurs études annoncent, d'ici vingt à trente ans, une baisse drastique des emplois du fait de la révolution numérique. Tous les utilisateurs et clients d'Amazon, d'Airbnb, d'Uber, tous ceux qui téléchargent gratuitement sur Internet participent à la disparition  de l'emploi. 
Dans « Le monde est clos et le désir infini » (4), l’économiste français Daniel Cohen cite une étude de 2013 indiquant que « 47 % des emplois sont menacés par la numérisation ». D’après cette étude de l’Oxford Martin School, « ce sont les professions intermédiaires qui sont visées : les comptables, les auditeurs, les vendeurs, les agents immobiliers, les secrétaires, les pilotes, les économistes, les personnels médicaux. Les emplois les moins menacés sont : les psychanalystes, les dentistes, les athlètes, les membres du clergé et les écrivains… »  Ce sont, dit encore Daniel Cohen, « les tâches qui requièrent le couple perception et manipulation, ou bien une intelligence créatrice, sociale ou affective, (qui) sont pour l’instant protégées de l’informatisation ».
La notion même d'emploi avec tout ce qu'elle implique se modifie et va se modifier considérablement. Mais qui s'en soucie? Ni les gouvernements, ni les syndicats. 

(1) http://www.marianne.net/apres-echec-son-chantage-cgt-bloque-les-quotidiens-nationaux-100243150.html


(2) http://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/droit-travail/13-mesures-cles-de-la-loi-travail_1791715.html
(3) Le Courrier international, 26 mai 2016.
(4) Albin Michel, 2015.

mercredi 25 mai 2016

Les nouveaux sauvages *

Il y a ceux qui font sauter des bombes ou se font eux-mêmes exploser pour tuer aveuglément un maximum de personnes autour d'eux.
Il y a ceux qui se battent contre le fascisme ou contre des mesures de leur gouvernement et, pour cela, agressent violemment et gratuitement des policiers. Le plus souvent avec un courage remarquable: ils le font masqués et par derrière... On en a vus en France comme en Belgique tout récemment (1).
Il y a ceux qui s'attaquent aux magasins, même de petits commerces comme ceux de fleuristes, qui ont le malheur de se retrouver sur leur route quand ils manifestent. Il y a ceux qui vandalisent les locaux du PS en France ou vont même jusqu'à tirer des coups de feu dans ses vitres.
Il y a ceux qui sifflent les femmes ou leur mettent la main aux fesses dans les manifs où ils s'opposent au gouvernement (2).
Il y a ceux qui brûlent des pneus pour dire leur opposition à tel ou tel projet, créant une pollution extrêmement toxique, sans aucun égard non seulement pour leur propre santé mais aussi pour celle des habitants du quartier et pour l'ensemble de la planète. Cette action criminelle est évidemment interdite, mais semble devenir une pratique obligatoire pour les grévistes. Après eux les mouches. S'il en reste.
(2) http://www.lalibre.be/debats/opinions/sexisme-ordinaire-a-la-manifestation-nationale-5744762235708ea2d5ce061f
A lire: "Casseur, un métier d'avenir", Riss, Charlie Hebdo, 25 mai 2016. 

* Titre d'un film de Damiàn Szifron: six histoires de "pétage de plomb" où dans des circonstances particulières des gens ordinaires basculent dans la barbarie.

mercredi 18 mai 2016

Souriez, vous êtes filmés

Nous sommes des êtres difficiles à suivre. Nous nous plaignons d'être pistés, suivis à la trace à partir de nos paiements électroniques, de la localisation de nos téléphones et de nos ordinateurs portables et nous passons nos journées à publier des photos de nous-mêmes, qui indiquent que nous étions ici ou là ou même ailleurs. Nous vomissons ces caméras de surveillance qui nous donnent l'impression d'être sous contrôle permanent, tel Winston dans 1984 d'Orwell, et nous filmons en continu la police lors de manifestations ou même nos profs ou nos représentants politiques, parce qu'on ne peut faire confiance à personne. Les egoportraits (1) sont nos images préférées et nous aimerions ne pas être vus. Nous sommes bizarres. Complexes peut-être?

(1) selfie en québécois.

lundi 16 mai 2016

J'irai danser sur vos tombes

Appelons-le le miracle de la Pentecôte: un chanteur qui traitait dans ses chansons les Français de mécréants (kouffars) se découvre français; il ne s'appelle plus Black M, mais Alpha Diallo; il devait chanter lors de la commémoration de la bataille de Verdun et se réjouissait de ce "spectacle pour s'éclater" et dit maintenant "avoir ressenti une immense fierté lorqu'on a fait appel à (lui) pour participer à un concert en marge de la commémoration de la bataille de Verdun". Et voilà qu'il nous apprend, en plus, qu'il avait un grand-père tirailleur sénégalais, donc ce concert avait beaucoup de sens pour lui.
Avant de chanter en solo sous le pseudonyme de Black M, il faisait partie d'un petit groupe si sympa du délicat nom de Sexion d'Assaut. Dans ses chansons, il lui est arrivé de dire "je me sens coupable quand je vois ce que vous a fait ce pays de kouffars", ou "je crois qu'il est temps que les pédés périssent, coupe-leur le pénis, laisse-les morts, retrouvés sur le périphérique", ou encore "les youpins s'éclatent et font les magasins" (1). Pas franchement des paroles pacificatrices qu'on pourrait espérer entendre dans un concert commémorant une boucherie qui fit plus de sept cent mille morts.
Bref, ce jeune homme n'était pas le meilleur artiste dont on puisse rêver pour cette commémoration.
Voilà qui n'a pas échappé à l'extrême droite qui a crié haro sur le baudet et les organisateurs.
Comme l'écrit Jack Dion dans Marianne (2), on assiste à "la défaite morale de Verdun": la majeure partie de la classe politique française ne cesse de dire qu'il faut lutter contre le FN et fait tout ce qu'il faut pour lui donner des occasions de s'indigner. Quel est le génial responsable politique qui a eu l'heureuse idée d'organiser un concert festif pour commémorer la bataille de Verdun et, en plus, de faire appel à un chanteur si peu en phase avec les valeurs républicaines? De la mairie au ministère des anciens combattants, tout le monde se renvoie la balle, la culture de l'irresponsabilité se porte bien et le seul responsable de tout ce fatras est le FN, coupable d'avoir utilisé le bâton qu'on lui tendait si complaisamment.
Car la situation s'est retournée. L'homophe antisémite est victime de racisme, l'offenseur est offensé. Son grand-père lui sert de caution et il ne dit rien de ses textes. Les bonnes âmes font ce qu'elles savent faire de mieux: elles s'indignent la main sur le cœur. Non pas des paroles haineuses, mais du rejet de celui qui les chante (3). C'est parce qu'il est noir qu'on ne veut pas de lui. Le chanteur haineux est une victime et la liberté d'expression permet de tout dire. On entend même des indignés affirmer qu'il faut interpréter ses textes comme des images, ne surtout pas les prendre au premier degré.
L'équipe de Charlie Hebdo a dû être victime de gens un peu bêtes qui n'ont pas compris le second degré qu'il y a dans des chansons de Nekfeu ou de Disiz la Peste. L'un appelait à "un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo" (4), l'autre disait "même si vous étiez muets je vous couperai la parole, vous voulez savoir comment je ferai, eh bien je vous couperai les mains" (5).
On voit par là que dans ce monde de brutes l'intelligence serait plus utile que l'indignation, surtout quand celle-ci est sélective. Et qu'il vaut mieux laisser les morts reposer en paix plutôt que de transformer leurs tombes en terrain de bataille entre haineux et en perchoirs pour couards. Ils ne méritent certainement pas cela.

A partir d'idées partagées avec DL

(1) Oui, mais celle-là, il n'en est pas l'auteur, nous dit-on, ce n'est qu'une reprise de Doc Gynéco. Faut-il alors comprendre de cette excuse qu'il n'a pas compris les paroles qu'il interprète ou qu'il a été forcé de les chanter? Pauvre garçon!
(2) http://www.marianne.net/concert-black-m-annule-verdun-indignation-selective-gauche-100242920.html
(3) http://www.marianne.net/invitation-du-rappeur-black-m-defaite-morale-verdun-100242780.html
(4) sur ce blog: "Dé-rap-age", 27.11.2013.
(5) sur ce blog: "Le monde comme il essaie d'aller", 4.12.2013.
P.S.: à lire aussi: http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/05/16/31001-20160516ARTFIG00063-verdun-2016-la-victoire-des-identitaires.php
http://www.huffingtonpost.fr/alain-jakubowicz/black-m-verdun_b_10041858.html?utm_hp_ref=france

jeudi 12 mai 2016

Brutocratie

Les Philippines viennent de se choisir un nouveau président. Rodrigo Duterte est, nous dit-on, bien pire que Donald Trump. Il est à la mode. Nous vivons des temps où les brutes plaisent beaucoup en politique, des temps où triomphent des candidats excessifs, insultants, aux analyses simplistes. Peut-être s'expriment-ils simplement comme tant de gens sur Internet: chacun a tout compris, est seul à avoir raison et tous les autres sont des cons. La preuve: ils ne pensent pas comme lui. 
Duterte, Trump, Poutine, Le Pen, Wilders, Orban, Erdogan, les partis populistes qui frétillent un peu partout, la plupart d'entre eux n'ont pas de véritable programme, mais des boucs émissaires. Les musulmans souvent, mais ce peut être aussi, selon les pays, les Mexicains, l'Union européenne, les réfugiés, les Américains, les Ukrainiens, les femmes. La liste peut être longue et diversifiée. Les candidats de la brutocratie sont si sûrs d'eux-mêmes que leur programme c'est eux. "La solution, c'est moi", disent-ils. Moi qui suis en phase directe avec le peuple, moi qui pense comme les gens, moi qui ai tout compris, moi qui ne dois rien à personne, moi qui ne suis pas de l'élite. Ces mensonges-là, tant d'électeurs aiment y croire. "Plus le monde est compliqué, plus on a envie de solutions simples", estime le politologue Dominique Moïsi (1). Ces illusionistes arrivent à faire croire à une part importante de leur électorat que leur nation peut retrouver sa gloire et sa puissance passées, que la fermeture des frontières y aidera et que le nationalisme est la seule voie vers le bonheur et la prospérité. Erdogan fait rêver de l'empire ottoman, Poutine de l'URSS dont il est un pur produit. Trump incarne le modèle de l'homme blanc (et blond), cow boy grossier, soi disant self made man. Tant de gens aiment croire que l'avenir est derrière nous que les voies s'annoncent royales pour les partis de l'extrême arrière. Les fabriquants de rétroviseurs se frottent les mains, ceux de jumelles n'ont pas le moral.

(1) voir l'émission "28 minutes" de ce 11 mai 2016, sur Arte:
http://sites.arte.tv/28minutes/fr/juliette-binoche-et-bruno-dumont-pourquoi-les-peuples-elisent-des-hommes-forts-28minutes

lundi 9 mai 2016

L'arbre qui voile la forêt

"Le voile est une invention du siècle dernier", affirme Tareq Oubrou, imam de Bordeaux (1). Et on n'est pas plus musulmane selon qu'on le porte ou non, assure-t-il. 
Des montages vidéo (1) montrent l'évolution de la coiffure féminine dans différents pays en un siècle, des années 1910 à aujourd'hui. Et démontrent que dans de nombreux pays musulmans (l'Iran ou l'Egypte par exemple), le voile, qui avait disparu dès 1930, a fait son grand retour avec l'arrivée au pouvoir de Khomeiny et des barbus iraniens.
"Des dizaines de milliers de femmes ont résisté à l'imposition du voile au début de l'instauration du régime islamique, rappelle la romancière Chahdortt Djavann (2), des centaines ont été pendues, lapidées; sur le visage de certaines d'entre elles les hommes de Khomeiny ont jeté de l'acide. (...) Aujourd'hui encore, des millions de fillettes, dès l'âge de six ans, sont obligées de porter le voile dans des écoles de filles où aucun homme n'est embauché."
Le port du voile n'a donc rien d'anodin. Il n'est pas qu'un innocent accessoire de mode.
Le Coran ne contient aucun verset sur les cheveux, affirme la psychanalyste Houari Abdelouahed (3): "avec l'histoire de Zaïnab, beauté foudroyante, nous parviennent deux versets. Le premier demande aux femmes du Prophète de ne pas s'exposer dans l'espace public comme les autres femmes. Le second dit qu'elles doivent voiler leur fente (jaib en arabe). Mais cela peut être la fente sexuelle ou fessière ou l'espace entre les seins. C'est Tabari (note: grand commentateur du IIIe siècle de l'hégire), au IXe siècle, qui fait dans la surenchère, parlant des mains, des pieds, affirmant qu'il faut voiler le corps entier, on questionne le droit de la femme de parler à haute voix.Tabari, c'est la fabrique des interdits, du licite et de l'illicite". La psychanalyste se souvient que les filles pouvaient sortir librement dans le Maroc de la fin des années '60. Dix ans plus tard, c'était autre chose, l'argent du pétrole saoudien changeait la condition des femmes: "à Tanger, je me souviens que j'ai commencé à aller à des cours financés par les wahhabites, les filles étaient invitées à porter le voile, les imams dans les mosquées ne parlaient que des péchés des filles non voilées. Ca a commencé comme ça". La journaliste et romancière Fawzia Zouari le confirme: "le pétrole fut notre malheur à nous, les femmes musulmanes, et les gouvernements occidentaux en ont été témoins, voire complices. Ce n'est pas le sort de la Saoudienne qui va émouvoir le Quai d'Orsay ou les patrons de l'aéronautique français. Cet Occident officiel feint d'ignorer que le sort réservé aux femmes dans certaines théocraties est le même que leur inflige Daech, la mise en scène et la provocation en moins". C'est que le voile est bien plus que le voile.
Derrière le voile se cache, par exemple, le harem. Emine Erdogan, Madame Erdogan, épouse du président-sultan turc, est une bonne musulmane qui porte le voile. Elle vient d'affirmer tout récemment que "pour les membres de la famille ottomane, le harem était une école de vie. C'était un lieu d'éducation où les femmes apprenaient la vie et organisaient des activités bénévoles" (4). Yasemin Cankurtaran, vice-présidente du Parti républicain du peuple, lui rappelle que les étudiantes ou concubines étaient amenées de force dans le palais. "C'était des mineures dont le corps et l'esprit étaient réduits en esclavage." Une chercheuse en histoire et études culturelles affirme que "c'était un endroit où l'on entrait à un jeune âge, dépossédé de toute identité. Chacun devait donc s'en réinventer une entre les murs du harem, et la sexualité était au cœur de cette nouvelle identité".
"En Turquie les efforts des islamistes pour redéfinir la place et le rôle de la femme dans l'espace public ont envenimé les relations entre différents segments de la société, estime Pilar Tremblay en conclusion de son article. Il n'est plus question de savoir si une femme doit porter le voile, mais du risque de la régression des droits des femmes et de la glorification de leur asservissement."
Sans doute nombre de jeunes filles qui affirment aujourd'hui porter le voile le font-elles par référence culturelle. Encore devraient-elles savoir quelle culture elles défendent ainsi. Celle de l'asservissemenr des femmes et de la violence des hommes.

(1) http://www.huffingtonpost.fr/2016/05/07/port-du-foulard-imam-bordeaux-tareq-oubrou-invention_n_9861300.html?utm_hp_ref=france
(2) Chahdortt Djavann, "Ne négociez pas avec le régime iranien - Lettre ouverte aux dirigeants occidentaux", Flammarion, 2009.
(3) "Opprimer, c'est sacré", Vincent Rémy, Télérama, 4 mai 2016.
(4) "Le harem, une école des femmes?", Pilar Tremblay, Al-Monitor, Washington, 11 mars 2016, in Le Courrier internantional, 21 avril 2016.

samedi 7 mai 2016

Intégristes et intégrés

Dans Charlie Hebdo (1), la romancière iranienne Chahdortt Djavann revient sur les motivations du terrorisme islamiste. Elle rappelle d'abord combien Olivier Roy s'est trompé dès 1999 sur l'évolution du régime iranien et rejette son explication du terrorisme qui serait une "islamisation de la radicalité". Pas totalement en accord avec Gilles Kepel, elle lui donne cependant raison "lorsqu'il affirme que les cerveaux du terrorisme ont changé leur plan d'action: au lieu de recruter parmi l'intelligentsia, comme les terroristes du 11 septembre, ils privilégient des jeunes paumés. A moindres frais, ils obtiennent un meilleur résultat! Avant le passage au terrorisme, il y a la radicalisation, et avant la radicalisation, il y a l'islamisation d'une partie de la jeunesse et des quartiers: c'est cet environnement propice qui rend possible le travail des recruteurs."
Elle appelle à changer de méthode dans la lutte contre le terrorisme en débusquant "cette cinquième colonne dont les uns et les autres se refusent à accepter l'existence: les idéologues rusés, intelligents, introduits, au double/triple langage, qui, en pompiers pyromanes, ont pensé, conceptualisé et mis en œuvre la réislamisation des musulmans nés en Europe, pour leur faire rejeter l'Occident mécréant. Tant que l'idéologique islamique existera, la menace du terrorisme existera."
Mais tant qu'une partie de la gauche - le club des "rien-à-voiristes" - refusera qu'on incrimine en quoi que ce soit l'islam dans le fait terroriste, ce sont les islamistes, les terroristes et l'extrême droite qui sortiront vainqueurs.
A ce titre, que Sadiq Khan devienne maire de Londres, après que Ahmed Aboutaleb soit devenu, il y a sept ans maintenant, celui de Rotterdam, est encourageant. La victoire électorale de ces hommes est aussi celle de musulmans ancrés dans leur société et opposés à l'intégrisme musulman et à son rejet de l'Occident. Pro-européen, Sadiq Khan dénonce toute forme d'extrémisme, s'est prononcé pour le mariage homosexuel, pour l'égalité des salaires entre hommes et femmes, entend lutter contre les agressions sexuelles dans les transports en commun et annonce qu'il sera "un fier féministe à la mairie" (2). La religion musulmane n'est pas synonyme de régression et d'obscurantisme, n'en déplaise aux islamistes et à l'extrême droite. Mais faire de tous les musulmans, quelles que soient leurs valeurs et leurs pratiques, des intouchables, n'est guère plus malin. 
Et voilà qu'on découvre, incroyable mais vrai, que les musulmans ne sont pas uniquement définis par leur religion. Certains sont aussi parents, travaillistes, avocats, supporters de club de foot.
Ceci dit, je ne sais rien des convictions philosophico-religieuses de mon ex-bourgmestre et de mon maire actuel. On nous cache tout, on nous dit rien.

Post-scriptum: pour quelle raison les habitants de Béziers se sont-ils choisi Robert Ménard pour maire? Pour sa religion? Pour sa grande clairvoyance? Pour rire?
http://www.marianne.net/extreme-droite-francaise-sadiq-khan-nouveau-maire-londres-symbolise-grand-remplacement-100242724

(1) "Quand les intellectuels français se voilent les yeux", Charlie Hebdo, 27 avril 2015.
(2) http://www.huffingtonpost.fr/2016/05/06/sadiq-khan-maire-de-londres-election_n_9856738.html?utm_hp_ref=france

vendredi 6 mai 2016

Les vins du et au four à chaux

Je l'ai déjà écrit ici: ma seule religion, c'est le vin. Comme Jim Harrison, je crois que "l'acte physique élémentaire consistant à ouvrir une bouteille de vin a apporté davantage de bonheur à l'humanité que tous les gouvernements dans l'histoire de la planète. Même les religions organisées sont de simples pièges à souris spirtituels comparés au pop libérateur du bouchon" (1).
Si vous partagez ces réflexions, venez nous rejoindre aux fours à chaux de Chercq (entre Tournai et Antoing, rive gauche de l'Escaut) le week-end des 21 et 22 mai. L'occasion de se (re)voir, de boire un verre, de déguster et acheter de petits vins sympas, de découvrir ce lieu exceptionnel (à la fois resté lui-même et totalement réhabilité). Et peut-être aussi qu'on essaiera encore de refaire le monde.

Dégustation – vente
des vins du Domaine du Four à chaux (Vendômois)
aux Fours à chaux Saint-André à Chercq (Tournai)

Chaque printemps, Sylvie et Dominique Norguet viennent nous faire déguster les vins, blancs, gris et rouges, tranquilles et pétillants, de leur Domaine du Four à Chaux. Ainsi dénommé parce que trois hectares de leur vignoble sont adossés à leur four à chaux, antérieur au XVIIIe siècle et situé à Thoré-la-Rochette, au cœur du Vendômois, en Val de Loire.
Leur gris et leur blanc viennent de recevoir une médaille d’or au Concours agricole de Paris et leur rouge tradition une médaille d’argent. Leurs prix restent légers. 
Samedi 21 mai de 14 h à 18 h                                                          et dimanche 22 mai 2016 de 11 h à 16 h

 « Les ministères de la peur, nous ne pouvons que rêver de les voir remplacés par un seul ministère : celui du vin. Il aurait en charge l’intérieur, la justice, l’économie et l’industrie, la culture évidemment, et la protection de la planète. Aux frontons des écoles, une devise, le nunc est bibendum d’Horace. »                                         Jean-Claude PIrotte (Expédition nocturne autour de ma cave)
 Fours à Chaux Saint-André, rive gauche de l’Escaut à Chercq (entre Tournai et Antoing), face à l’église de Vaulx.
                                                                                   Plus d’informations sur  www.domaine-four-a-chaux.com et www.famawiwi.com

(1) "Aventures d'un gourmand vagabond", Christian Bourgois, 2002.

dimanche 1 mai 2016

Ceux qui croient

Petite annonce pour le moins étonnante dans la page "Borborygmes " (qui collectionne les "perles" de la presse) du mensuel Causette de ce mois de mai: "Nouveau à Nice: réparation de votre PC par télépathie". On n'arrête pas le progrès. 
Mais quand même, on se le demande: y a t-il un seul gogo pour croire que c'est possible et verser de l'argent à ce marabout? Après tout, il y en a qui croient que d'un seul coup d'éponge avec le produit de nettoyage Machin on peut vraiment nettoyer une cuisininière immonde. Ou que les pillules Truc vous font maigrir en trois mois. Ou qui croient les politiques qui nous assurent que ça ira mieux en fermant les frontières et en quittant l'Europe. Ou qui pensent que le paradis existe et qu'on peut même y entrer en triomphe en assassinant des innocents. 
L'intelligence peut-elle aussi se transmettre par télépathie?