mardi 22 mai 2007

Pour ne (surtout) pas en finir avec Mai 68

Ainsi donc, le nouveau président français veut faire table rase des acquis de mai 68 !
Où en seraient les droits des femmes, des homosexuels, des jeunes, des étrangers sans Mai 68 ? Où en serait l’écologie, l’environnement, les droits de l’homme, le féminisme ? Quelle place y aurait-il pour l’idée même d’alternatives à la société de consommation ? Quelle place y aurait-il pour les débats, le rapprochement entre les citoyens et les politiques, la démocratie culturelle, la diversité culturelle ? Peut-on encore imaginer, si l’on s'assied sur les acquis de '68, des libertés nouvelles, plus d’autonomie pour les citoyens, plus de justice sociale ?
Aujourd’hui, on peut penser par soi-même, sans être obligé (comme on l’était avant ‘68) de vivre comme vivaient nos parents, d’endosser leurs valeurs, celles de l’église, de l’école, du gouvernement.
C’est donc cela la rupture annoncée par Sarkozy : le retour à l’ORTF, à cette pensée unique fondée sur un ordre bien établi, sur les seules valeurs d’une élite bien pensante, celles d’une réussite individuelle avant tout économique, celles de la compétition, de la consommation ?
Cette rupture-là n’a évidemment rien de révolutionnaire, rien de progressiste. Cette rupture-là est rétrograde. C’est l’annonce d’un monde plus divisé que jamais, où il y a ceux qui ont réussi et ceux qui bavent de réussir un jour. C’est l’Italie de Berlusconi, un monde de rêve… pour ceux qui ont réussi (la réussite ne s’entendant qu’en monnaie sonnante et trébuchante ou en notoriété).
En fait, l’ORTF est revenue depuis longtemps : elle s’appelle TF1. Et la Star AC ou la Nouvelle Star sont des modèles symboliques de cette société de rupture que nous propose cette droite méprisante, qu’elle s’appelle UMP en France ou MR chez nous.
En face de cette droite-là, celle de la réussite individuelle, du « succès-à-tout-prix », la gauche. Ou plutôt les gauches. L’une (suivez mon regard…) repliée sur la sauvegarde de la sécurité sociale et la protection-mise-sous-tutelle des laissés pour compte du système. L’autre imaginative, libératrice et créative. « Etre de gauche, c’est s’inscrire dans une aventure créatrice à la conquête des libertés nouvelles, et seule la jouissance de ces libertés nous permettra d’inventer les régulations de demain. », écrit Philippe Val dans Charlie Hebdo du 16 mai 2007. « Le grand projet de la gauche : être un moteur intellectuel et politique pour briser des tabous, et faire suffisamment aimer le présent pour vouloir agir en vue d’y vivre le plus heureux possible dans une société où le pouvoir est soucieux de la justice et insoucieux des mœurs, tant qu’elles ne lèsent pas des tiers. »
Allez, sous les pavés, la plage !

samedi 19 mai 2007

La parade des paons

Est-ce la contagion du Festival de Cannes? En ce moment, chez nous, là où il y a des gens, il y a des paons. Et les paons font ce qu'ils savent faire de mieux: ils se pavanent.
En campagne, les paons n'ont aucune honte. Ils sont capables de plastronner même dans des organisations auxquelles ils n'ont jamais prêté le moindre intérêt, auxquelles ils n'ont jamais voulu accorder le moindre subside, parce que ces organisations n'entraient pas dans leurs cases élitistes ou partisanes.
Mais les paons ne ratent aucune occasion de se montrer, de serrer des mains, tout sourire, le noeud-pap' frétillant, la bouche en coeur, un petit mot gentil pour chacun. Ces fêtes prennent brusquement - pour eux - tout leur sens, même si, en temps ordinaire (1), les paons ne leur manifestent, au mieux, qu'indifférence.
A peine ont-ils traversé à pas mesurés l'espace populeux qu'ils sont partis ailleurs, à la recherche d'autres mains à serrer.
"Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode qu'affectent la plupart de vos gens à la mode. Et je ne hais rien tant que toutes les contorsions de tous ces grands faiseurs de protestations. Ces affables donneurs d'embrassades frivoles, ces obligeants diseurs d'inutiles paroles..." (Molière - Le Misanthrope)
(1) les temps ordinaires sont ceux où les paons ne sont pas en situation de ne pas être réélus.

jeudi 10 mai 2007

10 raisons pour lesquelles je suis candidat aux élections du 10 juin sur la liste 10

Parce qu’il y a urgence à changer de mode de vie et que l’écologie politique est le seul mouvement politique à s’inscrire dans un vrai projet d’avenir.
Parce que la lutte contre le réchauffement climatique est - tout le monde en convient – la priorité des priorités et que seuls les Verts portent un programme adapté à cette problématique et sont cohérents dans leurs positions.
Parce que les plus défavorisés seront – et sont déjà – aussi les plus touchés par ce réchauffement climatique. Chez nous comme dans le sud.
Parce que l’éthique en politique n’est pas un vain mot, et que les Ecologistes ne multiplient pas les mandats et ne les utilisent pas à des fins personnelles.
Parce qu’il faut travailler à une autre économie, plus solidaire, plus créatrice d’emplois de qualité et non délocalisables.
Parce qu’il faut rééquilibrer les rapports nord-sud, annuler la dette du tiers-monde, assurer la souveraineté alimentaire des peuples et lutter pour une correcte application du droit d’asile.
Parce qu’il faut se préparer à l’après-pétrole, en entrant dans une vision prospective. Tous les indicateurs sont aujourd’hui dans le rouge. Et les socialibéraux continuent à penser et à agir comme si on vivait toujours les années ’60.
Parce qu’il faut défendre à tout instant une liberté d’expression aujourd’hui bien fragile, menacée par des obscurantistes qui s’appuient sur le droit à la différence pour tenter d’imposer leurs règles religieuses rétrogrades et brutales.
Parce que j’ai toujours préféré ceux qui « sont » et qui « font » à ceux qui « paraissent » et qui « disent ».
Parce que "La vie prime l'économie. Telle est la pratique individuelle et collective d'où naîtra la véritable internationale du genre humain." (Raoul Vaneigem)

Voilà pourquoi je suis 4e candidat effectif sur la liste Ecolo pour le Sénat, aux côtés d'Isabelle Durant, de José Daras, de Carine Russo, de Jacky Morael, de Marianne Leterme et de tous les autres.
Michel Guilbert

lundi 7 mai 2007

Nouvelle victoire à la Star Ac

C’est donc Nico qui l’a emporté au terme d’un suspense palpitant qui aura tenu la France en haleine durant des mois. Quatre candidats au titre avaient été sélectionnés par toutes les chaînes de télé : Nicolas, l’énervé au parler vrai ; Ségolène, la bourgeoise rigide mais exaltée ; François, le paysan cul-(béni)-entre-deux-chaises ; et Jean-Marie, l’éructeur d’un autre âge. Depuis le début, les médias avaient fait leur choix, les huit autres n’étaient là que pour la figuration et pour profiter de leur quart d’heure de médiatisation.
Quand Nicolas, au lendemain de l’annonce officielle de sa candidature à la Star Ac, s’est promené dans les ruelles du Mont-Saint-Michel, il n’y a croisé que quelques touristes japonais surpris. Mais il a entraîné dans son sillage des dizaines de journalistes, photographes et cameramen, soucieux de témoigner de la démarche altière et de la vision large de l’homme d’Etat qui déjà pointait sous Napoléon. Jean-Marie, autrefois évité par la presse qui refusait de tendre ses micros à un ennemi déclaré de la démocratie, s’est cette fois complu sur les plateaux de télévisions trop heureuses d’accueillir ce tribun dont le néo-fascisme pèse peu face à son "médiatisme". Ségolène fut vite fascinante dans son rôle de Jeanne de Poitiers contre les éléphants, même si (et sans doute parce que) elle agit précisément comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, s’asseyant sur le programme de son parti et sur la notion même de gauche. François fut la surprise, sortant de son rôle de provincial coincé et déclarant à tout journaliste qui voulait l’entendre qu’il incarnait le renouveau du centre, tout ministre de droite qu’il fut.
Si ces candidats font des voix, c’est qu’ils font aussi de l’audience. Et réciproquement. Bref, tout le monde s’y retrouve.

Nico l’a fait savoir rapidement : pas de débat. C’est qu’il s’agit d’avoir l’air ce qu’on entend paraître. Allez savoir pourquoi, les médias se sont inclinés : au premier tour, il n’y eut donc pas de débat. Trop risqué. Il aurait pu écorner les images fabriquées par les plans de com’ des candidats. Les débats sont ringards, ils ont le désavantage d’obliger les participants à sortir de textes bien huilés et de se confronter à d’autres points de vue, à l’inattendu parfois.
Ce fut quand même le cas lors du seul débat, celui – obligé – du second tour, quand la madone sortit de ses gonds pour une « saine colère » contre le candidat énervé soudain devenu zen.

Le remarquable documentaire de Serge Moati « La prise de l ‘Elysée » (diffusé ce lundi par France 3) témoigne de la prédominance de la com’ dans nos systèmes politiques, met en lumière les calculs, les bassesses, les cynismes, la morgue.
Et aussi la ferveur des militants et des électeurs pour ces stars (ou tsars ?) fabriquées. Mais pourquoi donc les hommes et les femmes ont-ils tant besoin de dieux vivants, de ces dieux malades d’eux-mêmes, d’exaltation, de suffisance, de prétention ?