mercredi 29 août 2018

Cette croissance qui nous diminue

Hier soir, l'émission 28 minutes sur Arte, suite à la démission de Nicolas Hulot, se posait cette question: l'écologie est-elle compatible avec le capitalisme? La bonne question serait plutôt: le capitalisme est-il compatible avec l'humanité? Le monde s'apprête à mourir de croître. Cette croissance, qui ne sera pas infinie, semble être le moyen que nous avons choisi pour nous suicider collectivement. Le monde court à sa perte, le sait, mais n'a qu'un souci: son taux de croissance. Le marché ne règlera aucun problème sans régulation forte. Il est le problème, pas la solution. Notre société du jetable est partie en vrille. Même l'homme est devenu jetable. Le dernier qui part éteindra la lumière. Pour ne pas trop perturber les derniers oiseaux qui subsisteront.

Le quotidien Sud-Ouest écrit (1) que  "Hulot part pour la plus absolue des raisons: notre incapacité collective à prendre la mesure des événements qui nous submergent déjà". Alors que des analystes prédisent la disparition de 80% de l'humanité d'ici la fin du siècle, il estime que "Hulot part emporté par un pessimisme noir sur la cécité de nos sociétés et une déception philosophique sur l'homme et son avidité". Hulot, écrit encore Sud-Ouest, part sur "un constat d'impuissance qui dépasse de très loin le cadre étroit de l'action ministérielle".

Récemment, une amie nous racontait cette anecdote: randonnant sur les causses, elle croise un couple qui sort d'une voiture mal garée. La femme fait remarquer à son compagnon que, ainsi parqué, il empêche d'autres véhicules de se garer là. "Rien à foutre des autres!", lui a-t-il répondu. Aujourd'hui, les partis "rien-à-foutre-des-autres" triomphent un peu partout. Alors qu'il y a urgence à quitter le déni, le je-m'en-foutisme, le après-nous-les-mouches, le yaka.
Au-delà du constat d'une catastrophe annoncée, quel pourcentage de la population est vraiment prête à changer son mode de vie? Qui est prêt à utiliser moins souvent sa voiture, à rouler moins vite, à ne plus prendre l'avion deux fois par an pour changer d'air et décompresser? Qui est prêt à consommer moins, à changer de mode de transport, à consommer des produits locaux, à refuser des consommations carbonées, à accepter des éoliennes dans son paysage?
Le nombre de romans dystopiques qui sortent ces derniers temps ne nous invite guère à l'optimisme.

L'éditorialiste de France Inter, Thomas Legrand, estime (2) que la démission de Nicolas Hulot révèle le grand malentendu autour de l'écologie: celle-ci ne peut être une politique parallèle aux autres, elle doit les traverser toutes. "Il ne s'agit pas, en fait, d'en faire plus, mais de changer de logique, d'opérer une révolution, puisque ce mandat est placé sous ce vocable." On ne peut, dit-il, se réjouir de voir la France construire l'un des plus grands porte-containers du monde, parce que ce serait un signe du grand savoir-faire français et une mine d'emplois et en même temps souhaiter de make our planet great again. Il faut choisir. Même si c'est dur. Le grand écart est aussi douloureux qu'invivable. "Mais le gouvernement n'est pas seul en cause, dit-il encore. L'ensemble de la société qui se dit pour la transition, mais qui, par exemple, s'étrangle dès que la maire de Paris ferme une autoroute urbaine, est appelée par le ministre démissionnaire à une prise de conscience."

La solution - s'il est permis d'y croire encore -  viendra d'un mouvement collectif, pas d'un gouvernement, quel qu'il soit. Elles sont nombreuses, les associations largement engagées dans la transition, dans l'opposition aux délires de cette croissance suicidaire et surtout dans l'action réellement écologique. Mais c'est au niveau mondial (à tout le moins européen) qu'aujourd'hui des décisions radicales devraient être prises. Elles ne pourront l'être par des élus soucieux de leur réélection, mais par des assemblées de citoyens soucieux de l'avenir de l'humanité. L'homme ne sera sauvé que par lui-même, pas par ses représentants.

(1) Revue de presse, France Inter, ce 29 août.
(2) https://www.franceinter.fr/emissions/l-edito-politique/l-edito-politique-29-aout-2018



mardi 28 août 2018

La vacance de Monsieur Hulot

Remarquable (et très longue) intervention de Nicolas Hulot sur France Inter ce matin (1) expliquant les raisons qui l'ont amené à décider de démissionner en tant que ministre. 
L'urgence écologique n'est pas perçue par le gouvernement auquel il appartenait, mais ne l'a été et ne l'est (ne le sera?) par aucun autre. Un ministre ne peut rien seul, sans ses collègues du gouvernement, mais aussi sans les parlementaires, sans les syndicats, sans les entreprises, sans les électeurs, sans les citoyens qui sont bien peu nombreux à vouloir changer radicalement de modèle socio-économique. Les lobbies sont puissants, l'Union européenne est incapable d'avancer sérieusement sur cette question. Qui est prêt, à gauche comme à droite, à prendre des décisions qui modifieront notre confortable mode de vie et qui viseraient ne serait-ce que le moyen terme?
Par rapport à la décision de Nicolas Hulot, personne ne peut crier ni victoire, ni haro sur le baudet sans apparaître comme hypocrite. 
Ce qu'il a vécu indique, selon moi, la nécessité de changer de modèle démocratique. Tant qu'on restera dans un système électif, rien ne changera fondamentalement, les élus craignant de prendre des décisions qui fâcheraient leurs électeurs. Fâchons-nous contre nos élus statiques qui nous mènent à toute vitesse dans le mur.
(On y reviendra)

(1) A écouter sur https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite

lundi 27 août 2018

Le triste temps des suffisants

Où que ce soit, la politique offre ces derniers temps un spectacle lamentable.
En France, l'affaire Bennala (du nom de ce membre du cabinet d'Emmanuel Macron, chargé de sa sécurité, qui a tabassé deux jeunes lors d'une manifestation) nous démontre qu'il faut être bien naïf pour croire les candidats aux élections qui nous promettent une République exemplaire, un Etat irréprochable, des institutions intègres. Et l'attitude arrogante du président Macron à ce propos ("Qu'ils viennent me chercher") accentue son image d'héritier de Louis XIV.
En Italie, du haut de son extrême prétention, le ministre Salvini, inculpé pour séquestration de personnes et abus de pouvoir pour avoir pris en otages des migrants coincés sur un bateau, affirme que les juges ne pouront s'opposer "à la volonté de soixante millions d'Italiens". Un responsable politique qui confond ses opinions avec celles de l'ensemble de ses compatriotes a perdu la tête (et n'a plus les pieds sur terre).
Le tsar russe Vladimir Poutine s'est installé depuis longtemps (et pour longtemps sans doute) comme le champion toutes catégories du cynisme et de l'absence d'émotion.
En Turquie, le sultan Erdogan ne voit que l'étranger comme responsable de la situation économique catastrophique dans laquelle il a plongé son pays.
Au Nicaragua, l'ex-guérillero Ortega est devenu un dictateur comme un autre. Comme son quasi voisin Maduro au Venezuela.
Dans plusieurs pays d'Europe centrale et de l'est, les seules politiques qui soient menées sont celles du rejet, voire de la haine, de l'étranger et du repli sur soi.
Aux Etats-Unis, Ubu Trump affirme que son pays s'effondrera s'il devait être destitué, que l'Amérique ne peut se passer de son remarquable cerveau.

Pendant ce temps en France, Jean-Luc MélenChe annonce qu'il entend faire des élections européennes de 2019 "un référendum anti-Macron". Démontrant par là que l'Union européenne est décidément bien difficile à construire, ses élections étant partout réduites à des tests nationaux. Ces élections européennes devraient être l'occasion d'affirmer - et surtout de mettre en œuvre - des priorités:  la création d'une véritable Union européenne et la définition de plus encore de politiques communes, les moyens de mener une lutte radicale contre le réchauffement climatique (dont plus personne ne conteste les effets catastrophiques mais que personne n'affronte), les conditions et l'organisation de l'accueil des demandeurs d'asile, une politique commune pour le respect des droits humains  (y compris économiques) dans les pays de départ des migrants.
Mais on sent bien que ces élections seront avant tout des tests de popularité pour les suffisants qui s'y affronteront. Prouvant ainsi combien ils sont insuffisants en vision à moyen terme, insuffisants à distinguer les priorités, insuffisants à prendre leurs responsabilités.

Post-scriptum: cette fois, ça y est: la révolution est en marche, la VIe République est sur les rails. Fini le temps des présidents, voici le temps des chattes impératrices:
https://www.huffingtonpost.fr/2018/08/27/melenchon-presente-le-chat-recueilli-par-son-equipe-a-marseille_a_23510316/?utm_hp_ref=fr-homepage
Sacré Jean-Luc!

mercredi 22 août 2018

Les maisons du diable

On se souvient des Magdalena, ces jeunes filles, considérées comme délinquantes ou déviantes, enfermées dans des institutions catholiques en Irlande. Des milliers de jeunes femmes ont été forcées à travailler dans les "Blanchisseries de Madeleine", des prisons qui ne disaient pas leur nom et qui ont existé de 1922 à 1996. Travail physique extrêmement pénible, prières et humiliations constituaient le quotidien de ces jeunes filles. Sinead O'Connor fut l'une d'entre elles. L'Etat irlandais était complice: des jeunes filles y furent amenées suite à une décision de justice ou même avant un procès. Et l'Etat passait des contrats de blanchisserie avec ces bagnes déguisés (1).
Peter Mullan en a fait un film, sorti en 2002: The Magdalene Sisters.

La France ne fut pas en reste avec les Instituts du Bon Pasteur. Un téléfilm de 2007 de Harry Cleven, Les Diablesses (écrit à partir de témoignages de pensionnaires et rediffusé hier sur une chaîne française), raconte le calvaire de jeunes filles livrées à des bonnes sœurs pour les remettre sur le droit chemin. Leur crime: avoir fauté ou simplement fugué. Ou avoir eu une mère considérée comme prostituée.
A leur arrivée, on les change de prénom, signe que le Seigneur leur offre une nouvelle vie. On leur comprime les seins sous une bande d'étoffe. On leur interdit la nuit de mettre les mains sous les couvertures. Le corps, c'est le diable, ne cessent de leur dire de monstrueuses religieuses. Elles ne reçoivent aucune éducation, sinon la couture, sont forcées à tout moment de prier, n'ont le droit ni de parler, ni de s'amuser, ni de sortir, ni d'exprimer leurs émotions. En marchant, elles ne peuvent regarder que leurs pieds. Une vie en enfer dans la maison de Dieu. Toute rebelle à ce système concentrationnaire est punie du cachot, celle qui met un pied de travers est humiliée. Quand l'une d'elles, enceinte, fait un malaise, elles doivent toutes réciter l'Ave Maria: "Et le fruit de vos entrailles est béni". Mais le fruit de ses entrailles à elle est maudit. Et, aussitôt né, son enfant lui est arraché pour être donné à un couple sans enfant.
Les Instituts du Bon Pasteur ont fermé leurs portes dans les années '70.

Les diablesses ne sont pas celles que l'on croit. Elles sont déguisées en si bonnes sœurs.

(1) http://geopolis.francetvinfo.fr/en-irlande-le-scandale-des-laveries-des-soeurs-de-madeleine-12293

lundi 13 août 2018

Chacun chez soi

Le concept d'appropriation culturelle - il en fut déjà question ici (1) - est à la mode. Etant entendu, pour celles et ceux qui le brandissent, qu'il s'agit d'une abomination. On n'aurait pas le droit d'afficher le point de vue, l'allure, l'image de qui on n'est pas. Ni de parler de gens qui n'ont pas la même origine que nous. Ni même de pratiquer des activités qui ne font pas partie de notre culture de base. La difficulté étant évidemment de définir ce que serait cette culture de base dans un monde ouvert où la culture ne connaît plus guère de frontières.

Le grand metteur en scène et dramaturge québécois Robert Lepage a récemment été accusé de ce crime d'appropriation culturelle et empêché de jouer son dernier spectacle au Festival de jazz de Montréal. Inspiré de chants d'esclaves afro-américains, Slàv ne compte que deux comédiennes noires sur six, lui reprochent ses censeurs. Lepage rappelle que le spectacle est du spectacle et que le travail des comédiens et comédiennes est d'interprêter des rôles, donc des personnages. La pratique théâtrale, dit-il, repose sur le principe simple de "jouer à être quelqu'un d'autre", ce qui peut exiger que "l'on emprunte à l'autre son allure, sa voix, son accent et à l'occasion son genre" (2).
La toute dernière création de Robert Lepage devait porter sur les peuples autochtones du Canada. Il y travaillait avec Ariane Mnouchkine et son Théâtre du Soleil. Katana ne verra jamais le jour: des associations amérindiennes, qui considéraient devoir être consultées à ce propos, ont poussé les producteurs nord-américains à se retirer du projet. 
On se croirait en Russie soviétique, dans l'Eglise catholique et son index, dans l'Iran des ayatollahs et leurs fatwas: l'artiste doit recevoir l'imprimatur pour pouvoir s'exprimer.
On pense aussi à Anton Dvorak qui, invité à diriger le Conservatoire national de musique de New York, s'est passionné pour les chants des anciens esclaves, puis ceux des Amérindiens. Des découvertes à la base de sa Symphonie du Nouveau Monde. Faut-il la mettre à l'index? Faut-il brûler l'album Black Box de Nicolas Repac, fait de remix de chants de prisonniers américains et de blues (notamment à partir d'enregistrements d'Alan Lomax dans les années '40)?
Faut-il couper les ponts? Faut-il fermer les portes, les grilles, les passages? Faut-il museler (pour reprendre le terme de Robert Lepage) les passeurs? 

"L'avantage de l'appropriation culturelle, c'est que ça va avec tout, écrit Gérard Biard (3), y compris avec le ridicule. On a ainsi vu, en vrac, des étudiants conspués pour s'être déguisés en moines bouddhistes ou en cheikhs arabes à un bal costumé universitaire dans l'Ontario, un cours de yoga annulé à l'université d'Ottawa pour cause de néocolonialisme, des étudiants d'une école d'art de l'Ohio dénonçant le fait qu'on leur a servi des sushis à la cantine, des défilés de mode de Marc Jacobs ou de Stella McCartney déclencher la polémique pour des mannequins blancs vêtus de façon trop ethnique, ou encore Scarlett Johannson renonçant à interpréter le rôle d'une icône transgenre sous la pression de militants LGBT..." Et voilà qu'on apprend (4) que l'actrice Ruby Rose qui devait jouer le rôle d'une Batwoman lesbienne est harcelée parce qu'elle ne serait pas homosexuelle, elle qui rappelle qu'elle a fait son coming out à l'âge de douze ans et qu'on lui reproche trop souvent d'être "trop gay". Les censeurs sont si déchaînés qu'ils tirent à tort et à travers.
Que cherchent-ils ? Qu'il n'y ait aucun rôle d'homosexuel? Qu'on ne parle ni de l'esclavage, ni des Amérindiens? Que chacun ne parle que de soi? Ces étudiants en art qui refusent les sushis ne peindront-ils que des paysages de chez eux, des gens qui leur ressemblent, ne parleront-ils que de leurs origines? Si on suit certaines personnes dans leurs délires, en Belgique ou en France, on ne pourrait plus manger de hamburger (à moins d'être Américain), de pizza (à moins d'être Italien), ni de canard laqué (à moins d'être un chasseur chinois et décorateur). Faut-il que chacun ne mange que des plats qui appartiennent à sa seule tradition culinaire? Ai-je le droit d'être végétarien si je ne suis pas bouddhiste? Et bouddhiste si je ne suis pas asiatique? Le maïs, les pommes de terre ou les tomates ne sont pas originaires d'Europe. Que pouvons-nous manger? Que pouvons-nous dire, penser, exprimer qui n'appartienne pas aussi à quelqu'un d'autre? 
L'appropriation culturelle est un moyen de lier chacun à ses racines, de l'enfermer dans une identité illusoire, de créer des groupes séparés. On voit vers quel type de société nous mène ce concept qui tient de l'apartheid. Chacun chez soi, chacun en soi. Avons-nous le droit de rêver en couleur si nous sommes blancs? 
Si on suivait jusqu'au bout de leur logique racrapautée ces nouveaux censeurs, les rôles de composition disparaîtraient du cinéma et du théâtre. Resteront les rôles de cons. Les castings seront longs, tant les candidats seront nombreux. 

(1) "Ceux qui rêvent en noir et blanc", 12.5.2018, et "La grande lessive", 13.6.2018.
(2) https://www.ledevoir.com/culture/theatre/531876/robert-lepage-reagit-a-l-annulation-de-slav
(3) "Commissaires politiques culturels", Charlie Hebdo, 8.8.2018.
(4) https://www.huffingtonpost.fr/2018/08/13/ruby-rose-victime-de-harcelement-pour-son-role-dans-batwoman-elle-quitte-twitter_a_23501034/?utm_hp_ref=fr-homepage

jeudi 9 août 2018

L'urgence

Ils ont beau le clamer dans toutes les langues du monde depuis de longues années, les scientifiques qui annoncent des catastrophes climatiques ne sont pas entendus, rendus inaudibles par le vacarme des moteurs d'avions et le bruit de la circulation automobile (1).
L'Europe suffoque sous la chaleur, les incendies et les inondations se succèdent un peu partout dans le monde, l'eau manque et manquera de plus en plus, mais l'homme n'est pas prêt à modifier son mode de vie. "La croissance, ce pacte faustien, est parvenue à monter, en chacun de nous, le consommateur contre le citoyen, écrit Philippe Lançon. Elle en a fait un personnage qui agit à court terme pour détruire sa destinée à plus ou moins long terme; qui, tel Saturne devenu fou, dévore donc malgré lui ses enfants. Il y a du Trump, qu'on  le veuille ou  non, en chacun de nous." (2) Notre souci premier est de prendre l'avion pour la Costa Brava, le Mexique ou les Seychelles.  Ou de n'avoir plus de bouchon sur l'autoroute de la mer.
Nos représentants politiques l'ont bien compris, qui continuent à prendre des décisions qui vont accélérer un peu plus vite encore le désastre planétaire. A défaut d'être négociable - comme l'affirmait je ne sais quel (ir)responsable politique, notre mode de vie est irresponsable et devient réellement criminel.
L'homme est un imbécile suicidaire.

A proximité de Poitiers, l'autoroute A10 sera élargie à trois voies plutôt que deux sur une petite centaine de kilomètres (3). Il s'agit là d'un projet "d'utilité publique". On est en droit de s'interroger sur cette notion, quand on sait que des études ont prouvé que toute nouvelle voie ou élargissement de voirie génère plus de trafic. Et donc de pollutions de tous types.
Même type de projet autour de la capitale belge: selon l'échevine en charge de la mobilité, la Ville de Bruxelles aurait décidé d'élargir le ring, la voie dite express (mais totalement engorgée) qui la ceinture (4).
En Autriche, le parti d'extrême droite, membre du gouvernement, annonce son intention de fixer les vitesses maximales sur autoroutes à 140 km/h plutôt que 130. Une très mauvaise idée, rappellent des associations de défense de l'environnement, tant pour la santé publique que pour les émanations de CO2 (5).
Ubu Trump, qui semble décidément s'être donné pour mission d'aggraver le plus possible le dérèglement climatique, assouplit les normes anti-pollution des voitures (6).
En Belgique, et sans doute dans bien d'autres pays, les ventes de climatiseurs explosent (7). L'homme réchauffe un peu plus la planète pour tenter de supporter les effets du réchauffement qu'il a provoqué. L'homme est un peu bête.

Les solutions sont nombreuses, connues depuis longtemps et à défaut d'avoir été adoptées en temps utile devraient l'être aujourd'hui dans l'urgence et de manière radicale: investir massivement dans les transports en commun et les rendre accessibles via des tarifs peu coûteux; interdire les voitures en ville; faciliter au maximum l'usage du vélo; développer le télétravail; taxer très lourdement tous les dérivés du pétrole: gasoil, mazout, essence, kérosène; imposer une TVA sur les billets d'avions; limiter drastiquement le nombre de vols d'avion; développer le transport par voie d'eau et le ferroutage; taxer  les marchandises aux kilomètres parcourus; appliquer réellement le principe pollueur - payeur; interdire les pesticides et herbicides; augmenter le prix de l'eau; ne plus construire que des bâtiments passifs. Il en est bien d'autres encore, mais qui en parle et surtout qui les applique aujourd'hui? Où sont les visionnaires audacieux? Où sont les politiques et les électeurs courageux? Les solutions existent, mais aucun élu n'oserait les mettre en œuvre de crainte de ne pas être réélu. Et peu de citoyens font le choix d'une politique écologique qui pourtant s'avère, plus que jamais, indispensable. La résistance au changement reste importante, même si le dérèglement climatique impose ses propres changements qui vont de plus en plus rendre la vie sur terre insupportable (8). Tous ces chefs d'Etat, ces gouvernements ne semblent pas voir que leur pré carré brûle et que gouverner un tas de cendres ne présente aucun intérêt.
On voit par là que partout à travers la planète on manque de responsables politiques responsables.
Le pire est devant nous et nous y allons la fleur au fusil, demeurés que nous sommes.

"Ça fait moins peur
De mourir à plusieurs.
Avec ardeur,
Nous sommes nos fossoyeurs"
Arno, Mourir à plusieurs.

"J'étais pourtant, et plus que jamais, conscient que l'humanité ne méritait pas de vivre, que la disparition de cette espèce ne pouvait, à tous points de vue, qu'être considérée comme une bonne nouvelle"
Michel Houellebecq, La possibilité d'une île.

A lire: http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-terre-se-meurt-nous-le-savons-et-nous-le-nions-5b6b1132553269254891c976

(1) "Le grain de poivre", Charlie Hebdo, 8.8.2018.
(2) http://www.lesoir.be/171876/article/2018-08-07/van-ypersele-sur-le-climat-le-niveau-daction-est-trop-faible-par-rapport
(3) https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/a-10-feu-vert-pour-2x3-voies-entre-veigne-et-poitiers?queryId%5Bquery1%5D=57cd2206459a452f008b4594&queryId%5Bquery2%5D=57c95b34479a452f008b459d&page=10&pageId=57da5ce0459a4552008b4567
(4) http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/la-ville-de-bruxelles-serait-favorable-a-l-elargisssement-du-ring-philippe-close-nuance-ecolo-fulmine-5b646cf655324d3f13ba4b92

vendredi 3 août 2018

Cette gauche qui n'aime pas les femmes

Une bonne partie de la gauche est décidément devenue totalement stupide et misogyne. Voilà que de braves Danois et Danoises descendent dans les rues pour s'opposer à l'interdiction de la burqa dans l'espace public (1). Parce que, oui, le gouvernement danois, comme d'autres en Europe avant lui (ceux des Pays-Bas, de Belgique, de France, de Bulgarie, d'Allemagne, d'Autriche) a décidé qu'il n'était que normal de se promener le visage découvert. "Cette loi (interdisant la burqa) n'a aucun sens", affirme une manifestante. Se sont-ils posé la question, celles et ceux qui se trompent d'indignation, du sens de la burqa, de ce qu'elle dit des femmes, de ce qu'ils défendent ainsi? Se demandent-il s'il est logique, eu égard à la sécurité et au respect des droits des femmes, que certaines d'entre elles se promènent masquées? Savent-ils que ce déguisement total a déjà été utilisé par des terroristes impossibles à identifier? Admettraient-ils que tout le monde avance le visage  et le corps cachés? Font-ils le lien entre la burqa et la dystopie "La servante écarlate"? Trouvent-ils normal qu'il n'y ait plus de communication entre des personnes qui se croisent dans la rue, qu'on ne sache pas à qui on s'adresse?  Savent-ils que certains pays musulmans (le Maroc notamment) ont interdit la burqa (qui tient plus de la névrose que du religieux - il est vrai que les deux sont liés)? Se rendent-ils compte qu'ils soutiennent ainsi le mépris pour les femmes, leur stigmatisation, leur enfermement? Ont-ils lu les déclarations de ces femmes qui ont fui l'islamisme et ses contraintes fascistes?
Djemila Benhabib, par exemple, qui avec sa famille a fui, dans les années '90, l'islamisme algérien pour rester en vie. Extraits de son livre "Ma vie à contre-Coran" (2). 
"L'islamisation passe par le contrôle des filles, sous surveillance du frère, du père, du cousin ou du voisin." (...) "Ces femmes islamistes, il ne faut pas les prendre pour des enfants de chœur. Moi, je le dis de manière peut-être très brutale: comme je ne suis pas pote avec les Marine le Pen, je ne suis pas pote avec les femmes islamistes. Je suis contre tous les foulards, qu'ils soient portés à Téhéran, Kaboul, Alger, La Courneuve, Lille ou Marseille, qu'ils recouvrent une partie du corps ou totalement, car les foulards du monde entier expriment une même chose: la soumission forcée des femmes à un programme d'oppression." (...)
"Cet apprentissage du foulard se fait sous la pression de l'entourage, pour amener la fillette à revendiquer son foulard vers 14 ans, en affrontant ses professeurs et en clamant c'est mon choix. Cette recherche ethnico-identitaire des adolescentes se fait sur le dos des femmes et il se trouve de ses défenseurs pour crier au racisme." (...)
"Rima Elkouri, dans La Presse, a rapporté les propos diffusés sur le site Internet d'une association islamiste qui a pignon sur rue: Mets un voile, sinon tu pourrais être violée. C'est ce que l'on recevait comme message tout récemment sur le site Internet du Centre communautaire musulman de Montréal, sous une rubrique visant à informer l'internaute non voilée des supposés dangers liés à sa condition. Ne pas porter le hijab peut entraîner des cas de divorce, d'adultère, de viols et d'enfants illégitimes", disait l'avertissement pour le moins ahurissant. On y disait aussi que celle qui enlève son voile voit sa "foi détruite", adopte un "comportement indécent" et sera punie "en enfer". On y traiatit aussi la femme occidentale de "prostituée non payée"."
Djemila Benhabib parle ici du foulard ou du hijab, pas de la burqa, la pire des tenues, une bâche informe qui cache entièrement le corps des femmes, marque leur infamie, indique leur absence de droit à l'existence.
Qu'il se trouve une seule personne, en dehors des islamistes, pour défendre le port de cette prison portable, fait désespérer de l'humanité.
Cette gauche qui croit lutter contre un fascisme ne fait qu'en entretenir un autre.

(1) http://www.lalibre.be/actu/international/plusieurs-centaines-de-musulmanes-bravent-l-interdit-de-la-burqa-au-danemark-5b633dc255324d3f13b61df9
(2) "Ma vie à contre-Coran- une femme témoigne sur les islamistes," vlb éditeur, Québec, 2009.