lundi 30 mars 2009

Le dire, c'est bien...

"Les capitalistes, on doit leur rentrer dans le lard!" Discours musclé du président du Ps ce dimanche. La gauche caviar se changerait-elle en gauche épinards ? "Si le libéralisme ne marche pas, il faut changer de système. La pensée unique libérale a vécu." Voilà le Ps en guerre contre l'idéologie libérale. On applaudit bien sûr. Mais juste poliment. Du bout des doigts. Y a-t-il quelqu'un qui y croit dans la salle? C'est que, dans le même temps, on chercherait vainement, chez les responsables sociaux-démocrates une attitude en rupture avec le capitalisme. A Antoing et dans les communes environnantes, les bourgmestres soutiennent le projet de centre de glisse. Qui n'a rien de capitaliste, c'est une évidence...
Dans le même temps, le grand timonier de la Wallonie picarde socialiste part, lui aussi, en campagne, présentant son "équipe d'entrepreneurs ". Lui qui s'était autrefois auto-proclamé "manager de la santé publique" (à l'époque où il était ministre fédéral en charge du secteur) a visiblement intégré le vocabulaire capitaliste. Va falloir revoir son lexique...
Le Ps estime que "le moment est venu de reconstruire: c'est le moment des socialistes", peut-on lire dans la Libre. "C'est l'heure de l'alternative", pouvait-on entendre au JT. Et le quidam de s'interroger: quoi? les socialistes seraient donc dans l'opposition depuis longtemps? Mais on ne m'avait rien dit!
Essayer de faire croire que c'est enfin son heure alors qu'on est au pouvoir depuis vingt ans, ça s'appelle du culot. A moins que ce ne soit un aveu d'inaction ou d'incapacité.

Après le JT du dimanche soir, sur Arte, le portrait du peintre Georg Baselitz. "On ne peut pas devenir artiste en restant un gentil petit garçon, dit-il. Il faut bousculer l'ordre social". La politique, elle, n'a rien à voir avec l'art. Elle est affaire de gentils petits garçons...

P.S. (!): L'ineffable Daniel Senesael (celui-là s'il n'existait pas, il faudrait l'inventer), parlant de Rudy Demotte, en a dit "c'est notre trésor à nous, notre croix byzantine retrouvée". J'ai regardé la rediffusion du JT de No Télé pour m'assurer que j'avais bien compris et je me suis pincé. J'avais bien entendu. A quand sa première plaquette de poésie? J'attends impatiemment.

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En parlant de capitalisme, une de ses plus belles vitrines se porte mal. On a pu lire dans la presse récemment que le Grand Prix de Formule 1 de Francorchamps enregistre un déficit qui dépasse les 3,8 millions d'euros. Bon, allez, on ira de notre poche, nous citoyens. Après tout, ça ne fait jamais que 1,15 € par Wallon.
Seuls 52000 spectateurs sur les 65000 attendus se sont déplacés pour aller voir tourner ces magnifiques bolides.
Ce déficit est évidemment très inquiétant pour la Wallonie. Il y a quelques années, quand Ecolo avait refusé de faire une exception à la loi anti-tabac pour ces pauvres petits constructeurs automobiles sans le sou, il fallait entendre les imprécateurs affirmant haut et fort combien ce grand prix constituait un atout économique de premier ordre pour la Wallonie. Et lui rapportait un argent considérable. Et voilà que c'est l'inverse! Voilà que ce grand prix nous coûte de l'argent. Qui l'eut cru? La Wallonie va fermer boutique bientôt, non?

mercredi 25 mars 2009

La république des satisfaits

Le débat sur le projet de centre nature, glisse, loisirs, sports, commerces et tout le bazar, à No Télé hier soir, a indiqué combien est toute puissante la loi du marché. C'est l'union sacrée entre l'ultra libéralisme, la noblesse et le Ps (on y ajoutera le CDh, non représenté sur le plateau, mais à la manoeuvre au sein du Gouvernement wallon). La nature est marchandisée au nom de la création d'emplois dont la porte-parole des promoteurs est toujours incapable de citer le nombre.
Les arguments sur toutes les incohérences dont est porteur ce projet ne comptent pas pour les bourgmestres qui n'ont d'yeux que leurs antoiniens, leurs brunehautois et leurs péruwelziens. Il importe plus que les enfants de leurs écoles puissent accéder à la piscine que l'absurdité de ce projet bien plus pharaonique que princier. La vision du projet n'est que localiste: tant que les enfants pourront aller à la piscine du centre, que les taxes rentreront et que les riverains ne seront pas trop perturbés par le trafic automobile, roulez, jeunesse!
Leur argumentation est pathétique: la référence à l'exemple allemand (700.000 emplois créés durant la dernière décennie en axant l'économie clairement dans la voie du développement durable) ne suscite que rejet de la part d'un des bourgmestres: "oui, mais ici on n'est pas en Allemagne! On est en Wallonie picarde!" Bon sang! Comme si je l'avais oublié... Et hélas! Dans Wallonie picarde, il y a Wallonie, donc inertie, vision localiste et soumission à l'économie. Mais "il faut être optimiste", déclarait un autre bourgmestre, suivant la voie ouverte par le guide suprême wallon (picard), Rudy Demotte qui, récemment dans un tract de son parti, disait s'investir à 100% dans "la positive attitude wallonne".
Faut-il pleurer? Faut-il en rire? Quelle réflexion à long terme de la part des politiques? Quelle réflexion éthique? Quelle prise de responsabilité par rapport au reste de la planète, aux générations futures? Finalement, la question est: à quoi sert le politique?
Plus que jamais, il est indispensable que les citoyens et les associations se mobilisent, face à un pouvoir économique tout puissant et à un pouvoir politique soumis.

samedi 14 mars 2009

La majorité silencieuse peut-elle s'exprimer?

Jeudi soir, la CIAO organisait une réunion publique pour présenter son analyse du projet de "centre de glisse", actuellement soumis à enquête publique (voir www.c-i-a-o.eu) et inviter un maximum de citoyens à exprimer leur opposition à ce projet d'un autre âge. Ces citoyens sont venus nombreux (+/- 220 personnes), la salle du foyer socioculturel était comble et personne n'y a soutenu le projet. Au contraire!
A l'entrée, trois personnes distribuaient des tracts (au texte assez obscur, tant sur la forme que sur le fond) pour dénoncer l'expression et la position de la CIAO.
La CIAO n'a jamais prétendu représenter personne d'autre que les (nombreux) membres qui la composent. Les trois "anti-anti'" (comme les présente le Courrier de l'Escaut) se présentaient comme les porte-parole d'une certaine majorité silencieuse qui, selon eux, ne verrait que des avantages à ce projet pharaonique.
L'expression "majorité silencieuse" est amusante et... fallacieuse.
De quelle fraction de la société seraient-ils majoritaires? Des vassaux du prince? Des vendus aux promoteurs? Des naïfs? Des populistes? Des citoyens antoiniens? Des habitants de la planète? Ils reconnaîtront aisément que n'être que trois pour représenter la majorité, c'est un peu court...
L'autre problème, c'est qu'ils s'expriment et que, aussitôt, ils ne sont plus silencieux.
Donc, cqfd, la majorité silencieuse n'existe pas. Elle n'est qu'une expression leurre qui tente de faire croire que ceux qui s'expriment contre le projet sont largement minoritaires.
A charge, dès lors, à ceux qui prétendent représenter la majorité de... le faire. Et donc de faire s'exprimer en nombre les supporters du projet. C'est le jeu démocratique. Même à Antoing...
Il est piquant de constater qu'à la réunion organisée par les promoteurs à Antoing le 20 janvier dernier, il n'y avait dans la salle que quarante personnes, dont une trentaine de membres de la CIAO. Personne, hors les promoteurs, n'y a soutenu le projet. Bien au contraire!
Où était donc cette fameuse majorité silencieuse? Ah, mais c'est vrai, j'oubliais: elle est silencieuse. Elle ne peut, par définition, s'exprimer. Et elle est sans doute invisible.
En réalité, l'expression majorité silencieuse est souvent utilisée par les poujadistes, voire par une droite plus extrême.
Que ceci vous / nous motive un peu plus à dénoncer un projet totalement incohérent avec les politiques actuelles. Faites part de votre opposition auprès des communes concernées (voir www.c-i-a-o.eu)!