mercredi 28 septembre 2011

Mademoiselle a le blues

Mademoiselle ou Madame? Un groupe féministe souhaite mettre fin à cette distinction et ne plus utiliser que le second vocable. Le premier indique une personne disponible, voire pucelle. Le terme demoisellage, aujourd'hui disparu, signifiait célibat (1). Les féministes font remarquer que cette distinction n'existe pas du côté masculin. On ne peut leur donner tort. Interrogé par le JT de la RTBF (2), un damoiseau affirme qu'il soutient les revendications d'égalité en matière de salaires mais qu'il juge cette demande-ci "débile".
Juste après le JT dans une pub, une jeune femme fait du stop. Visiblement, elle ne séduit aucun automobiliste. Heureusement pour elle, il existe la chaîne de magasins Night and Day. Elle y achète une bouteille d'eau, s'arrose le cou et la poitrine pour se rafraîchir. On voit par là qu'elle est demoiselle, entendez disponible. D'ailleurs une voiture freine. Mademoiselle a de beaux seins. Question: qu'est-ce qui est le plus débile? La demande féministe ou la pub?

(1) Dictionnaire des mots rares et précieux - 10/18
(2) 28 septembre 2011

De Wever, piètre dialecticien

Il veut la fin de la Belgique et surtout l'indépendance de la Flandre parce qu'il considère que la Wallonie est une région-vampire. Elle suce le sang de la Flandre, profite de son dynamisme et de son argent. C'est, dit-il, l'hégémonie du PS qui est à l'origine de cette situation.
La montée en puissance et la surenchère de la NVA ont considérablement tendu les négociations pour la formation du Gouvernement belge. Les tensions se sont parfois reportées sur les familles politiques. La nécessité d'accepter un compromis sur B.H.V. a mis fin à l'union entre le FDF et le reste du MR. Tous les observateurs politiques le disent: ce divorce au sein de la famille réformatrice sera bénéfique au PS bruxellois qui sera, de loin, le premier parti de la capitale. Cherchez l'erreur dans la stratégie de Bart de Wever.

lundi 26 septembre 2011

Propositions sélectives

Si dix pour cent des automobilistes se rendaient à leur travail à moto plutôt qu'en voiture, les embouteillages diminueraient de quarante pour cent. L'avantage en termes de fluidité de trafic serait évident. Mais l'environnement y gagnerait également, puisqu'une moto émet vingt-et-un pour cent de CO2 en moins qu'une automobile. Ces solutions sont sans doute avérées. C'est la FEBIAC, la Fédération belge de l'Industrie automobile et du Cycle, qui les suggère. Elle oublie qu'il y en a de meilleures: le vélo, les transports en commun, le covoiturage. On voit par là qu'on ne peut penser à tout.

vendredi 23 septembre 2011

Pub gratuite

Rien ne l'arrête et son ambition est sans limite. Elle se voit déjà dans le fauteuil maïoral de Mouscron. Christiane Vienne, qui comme ministre wallonne des Affaires sociales fut ce qu'il est convenu d'appeler pudiquement une erreur de casting d'Elio Di Rupo, espère occuper la tête de liste aux élections communales d'octobre 2012. Pourquoi traiter ici de cette information sans grand intérêt? C'est que Christiane Vienne et le Ps dans son ensemble ont déjà trouvé un excellent chargé de com' en la personne de Cédric Kételair, journaliste qui relate dans les pages régionales de LLB (1), l'appétit de la dame. Il présente le tandem Vienne - Saudoyer (l'autre prétendante au sacre) comme l'équivalent belge de la paire Aubry - Royal. Et affirme, apparemment sans rire (mais peut-être son humour nous a-t-il échappé) que "les socialistes, qu'ils soient français ou belges, ont une force que les autres familles politiques n'ont pas, celle d'éclipser les conflits fratricides au profit d'une union face à l'électorat". On place ici des guillemets pour rapporter ce qu'il écrit. Mais il n'y en a pas dans son article. C'est lui qui l'affirme, pas son interlocutrice. On découvre cette phrase au petit matin en buvant son café, on s'en étrangle. Voilà un journaliste innocent comme l'agneau qui vient de naître. Quiconque suit, même de loin, la vie politique, tant belge que française, s'esclaffe devant une déclaration aussi péremptoire, pour avoir entendu voler les noms d'oiseaux, avoir vu les crocs-en-jambe, connaître les haines corses et les ambitions assassines. Dans tous les partis et en particulier chez les socialistes. On connaît un bourgmestre socialiste - il nous l'a raconté - qui s'est vu proposer par l'équipe de colleurs d'affiches du champion socialiste du coin - de prendre en charge ses affiches. Il fut bien naïf de les leur confier. Il n'en vit jamais plus aucune et se vit obligé d'en faire réimprimer. Sans doute ce que Cédric Kételair appelle "union face à l'électorat". Angélisme ou parti pris?

(1) 20 septembre 2011

jeudi 22 septembre 2011

Vol au-dessus d'un nid de fanatiques

"George Bush est un saint homme." C'est ce que pensent - ou en tout cas pensaient, alors que Junior exerçait à sa façon la présidence - quantité d'évangélistes américains. Ils en convainquent sans peine des enfants qu'ils invitent à bénir une effigie en carton-pâte de l'alors président américain. C'est grâce à lui qu'ils détiennent la vérité. Ils l'affirment. La preuve, c'est qu'ils en ont sûrs. Et même certains. Dans "Jesus Camp" (1), Becky Fischer, pasteur pentecôtiste, à l'obésité très américaine, invite les enfants à jeûner. Les musulmans observent un jeûne d'un mois, dit-elle, vous devez être capables de cesser de manger pendant trois jours. Les enfants doivent donc jeûner pendant que les adultes s'empiffrent. On a du mal à comprendre. En fait, on comprend rapidement qu'il faut ici abandonner toute raison. On est dans la folie organisée. Celle d'enfants fanatisés. C'est l'objectif déclaré des organisateurs de ce Jesus Camp qui se tient dans le Dakota. Les enfants, parfois très jeunes, entrent en transe, tombent à genoux, pleurent. "Au bout de quelques minutes, ils auront des visions et entendront la voix de Dieu", dit la prêcheuse. Certains se balancent comme des autistes. Une petite fille déclare que "il ne faut pas danser pour le plaisir. C'est une erreur. Il faut danser pour Dieu". Pour les évangélistes, aucune place pour le plaisir ou l'amusement. Les enfants sont accusés de péché, culpabilisés. Ils ne peuvent lire que la Bible ou des ouvrages d'exégèse, regarder des dessins animés sur la Création ou écouter du rock qui chante la gloire de Dieu. Ce sorcier d'Harry Potter "aurait été tué dans l'Ancien Testament". Ils passent leur temps, semble-t-il, à crier et à prier. Pour tout. Et même pour n'importe quoi: "prions pour l'installation électrique; il faut qu'elle tienne pendant toute la semaine". L'installation tiendra le coup, mieux que les participants qui ont définitivement "pété un fusible".
Un autre fou furieux montre aux enfants des représentations de foetus. Il les fait crier: "Dieu, mets fin à l'avortement!". Les enfants pleurent, une fois encore. "Appelez cela de l'endoctrinement si vous voulez, c'est notre mission", dit Becky Fischers. "L'Amérique est quand même censée être la nation de Dieu, non?", déclare un enfant.
C'est cette Amérique-là, qui estime que "seul Dieu a le droit de donner et de prendre la vie" qui a fait exécuter hier Troy Davis. Il y avait bien des doutes sur sa culpabilité, qu'il a toujours niée. Mais ils n'étaient pas suffisants pour empêcher son exécution...
C'est cette Amérique-là qui veut créer un registre recensant tous les athées vivant aux Etats-Unis. "Le but est le même que celui du registre créé par de nombreux Etats et où figurent le nom, la photo et l'adresse des délinquants sexuels condamnés ou autres criminels, registre publiquement consultable sur Internet, afin que les citoyens puissent être informés de la présence de ces personnes dans leur voisinage", explique le pasteur Michael Stahl, membre influent du Tea Party (2).
C'est cette Amérique-là qui vote pour les réactionnaires du Tea Party qui contestent autant l'origine humaine du réchauffement climatique que la théorie de l'évolution des espèces. Sur cette dernière question, on est parfois enclins à leur donner raison: quand on les écoute, on se dit qu'effectivement l'espèce humaine est peu évoluée.

(1) documentaire de Heidi Ewing et Rachel Grady (2006), diffusé ce 20 septembre sur Arte
(2) LLB, 17 septembre 2011

mercredi 21 septembre 2011

Un appel de toute urgence d'Amnesty International

Cet appel d'Amnesty qui nécessite une réaction immédiate:

"Action très urgente :
Mauvaise nouvelle, Troy Davis sera exécuté ce mercredi 21 septembre à 19h heure locale, par injection mortelle à la prison de Jackson.

Troy Davis avait été condamné à la peine de mort en 1991 pour le meurtre du policier Mark Allen Mac Phail à Savannah (État de Géorgie, Etats-Unis). Il a toujours clamé son innocence et sept des neuf témoins de l’accusation qui ont témoigné contre lui pendant son procès se sont, depuis, rétractés ou contredits. Par ailleurs, des informations indiquent que la police aurait usé de la contrainte pour obtenir certaines déclarations de la part de Troy Davis.

Le 12 septembre dernier, était annoncée la 4e date d’exécution à l’encontre de Troy Davis, et malheureusement, en ce 21 septembre 2011, Troy Davis sera exécuté par injection létale.

Amnesty International déplore la décision du Comité des Grâces de l’Etat de Géorgie. La décision de ce comité est en contradiction avec sa déclaration de 2007, indiquant qu'il n'autoriserait aucune exécution s'il subsistait le moindre doute quant à la culpabilité du prisonnier

Cette exécution serait le signe d’une régression concernant le respect des droits de humains aux Etats-Unis, d’autant que Troy Davis a toujours clamé son innocence et que des doutes sérieux persistaient quant à sa réelle culpabilité, même après l’audience fédérale de 2012 consacrée à l’examen des preuves.

Amnesty International reconnaît la gravité du crime pour lequel Troy Davis a été condamné. Amnesty International en tant qu’organisation abolitionniste s’oppose, en toute circonstance et sans exception, à l’application de la peine de mort, sentence irréversible, injuste et arbitraire.

Il nous reste la possibilité de mettre une dernière fois la pression sur le Comité des grâces. Ce comité peut être encore un rempart contre une erreur irréparable. Agissons massivement.

Pour agir, signez la pétition sur http://www.isavelives.be/fr/node/7940

Si l’exécution devait se confirmer nous vous invitons à nous rejoindre, ce jeudi 22 septembre à 12h00 en face du Palais de Justice de Bruxelles. Nous vous demandons pour y participer de vous habiller sobrement, et de manière foncée. Nous vous distribuerons des roses blanches, signe du soutien apporté durant ces dernières années à Troy Davis."

lundi 19 septembre 2011

Info légère

Des familles roms occupaient des bâtiments inoccupés de la gare du Nord à Bruxelles. La bourgmestre de Schaerbeek les a fait déloger par la police. Les conditions d'hygiène étaient déplorables. On n'en doute pas. "C'est sûr que c'est pas mieux dehors. Mais voilà!" C'est ce qu'elle trouve à dire. Rien d'autre. Une centaine de personnes sont à la rue, dont une bonne moitié d'enfants. Elles n'ont nulle part où aller. Pas même un parc dont on leur interdit l'accès. Leur reste le trottoir. Le Délégué général aux Droits de l'Enfant (de la Communauté française) envoie un autobus pour héberger les enfants. Les adultes resteront sur le trottoir. Et voilà, comme dirait la bourgmestre...
Mais est-ce important? La pseudo interview de DSK captive les foules. L'homme a perdu sa légèreté. C'est ce qu'il dit. Nous aussi. Mais ça fait bien plus longtemps que l'ex-directeur du FMI.

Le Beuglant

C'est un lieu qui ne paie pas de mine. Dans une commune qu'on pourrait qualifier de lointaine (mais on n'est jamais loin que par rapport à un ailleurs), à deux pas à peine d'une zone d'activité économique connue pour l'horrible drame qui s'y déroula il y a de nombreuses années.
Un lieu qui ne paie pas de mine, mais une mine d'or. "Le Beuglant" est une bouquinerie et se veut lieu de mémoires. On peut y acheter les livres ou se contenter de les consulter. On peut aussi en discuter avec "le patron". Ou lui parler jazz. Il en connaît un rayon pour l'avoir diffusé pendant des années à travers une bonne partie de la Wallonie au volant du discobus de la Médiathèque de la Communauté française. Ou pour avoir programmé des concerts de grands comme de petits noms (s'il en est) du jazz, notamment dans le café qu'il a tenu un moment à Thuin.
Le feuillet publicitaire de lancement du Beuglant est illustré du Dictionnaire des livres condamnés au feu. Et lors de ce week-end d'ouverture, Christian Duray (c'est le nom du "patron") recevait notamment Frédéric Saenen autour de son Dictionnaire du pamphlet. On comprend ainsi où on met les pieds: dans un espace qui a non seulement des choses à lire, mais aussi des choses à dire.

Le Beuglant, asbl Workshop, 3 chemin Guyot à Ghislenghien - 068 56 83 61

samedi 17 septembre 2011

B / HV

Il est marchand de tapijten - tapis dans une commune que l'on dit "à facilité". Mais il n'a pas facile tous les jours, comme on dit en Belgique. En fait, il a moeilijk. Dorénavant, il ne pourra plus vendre que des tapijten. C'est ce qu'il déclare à un journaliste de la RTBF qui lui demande son opinion sur la scission de B.H.V.: ça ne changera rien pour nous, dit-il, les vexations et les harcèlements vont se poursuivre. Ses père et grand-père ont toujours vendu des tapijten - tapis, mais aujourd'hui le moindre mot en français est banni. Imprononçable, ou plutôt inécrivible devrait-on dire. Comment dirait-on en flamand? Onbeschrijfbaar? Finalement, BHV nous rend idiots mais créatifs. On voit par là qu'à quelque chose malheur est bon.
Ceci dit, les huit partis négociateurs sont arrivés à un accord sur la scission de cet arrondissement maudit. C'est une bonne chose. Un compromis, forcément. Comme tout compromis, il présente des avancées pour les uns, des pertes pour les autres. Et inversement. On va vers un Etat et des structures plus en phase avec leur temps, nous dit-on. On veut bien le croire, on est assez conciliant en ce moment. L'air du temps sans doute. Le Sénat ne sera plus composé d'élus directs, mais de représentants des Communautés. Il sera le lieu de rencontre des ces communautés. Pourquoi pas? Pourvu qu'il soit le lieu d'un véritable espace de dialogue. Mais pourquoi, bon sang de bonsoir, conserver dix sénateurs cooptés? Un statut qui permet aux partis forts en voix à la chambre de désigner au Sénat qui bon leur semble. Même s'il (ou elle) est mauvais. On en connaît. On ne citera pas de nom. Mais quand même. Il y en eut de bons. Mais il y en eut de catastrophiques, de ces non élus, parfois même pas candidats, repêchés par le fait du prince président de parti. La modernisation annoncée vous a aussitôt des allures d'ancien régime.

jeudi 15 septembre 2011

Not in my name

Ca canarde sec dans les rangs républicains entre les candidats à l'investiture pour les présidentielles américaines. Les amis d'hier se tirent dessus et ne se font pas de cadeau. On se croirait au Texas. D'ailleurs on y est. C'est viril. En témoignent les attitudes de Sarah Palin et de Michelle Bachmann qui, chacune de leur côté, attaquent rudement le favori actuel, Rick Perry, gouverneur du Texas (1). C'est à qui sera le plus conservateur et réactionnaire. Rick Perry répète que rien ne prouve scientifiquement que le réchauffement climatique soit l'oeuvre de l'homme. On ne peut dès lors, sous ce prétexte fallacieux, freiner l'économie américaine, dit-il. Il préfère faire appel à Dieu plutôt qu'aux scientifiques pour régler les problèmes de climat: il a organisé trois journées de prière pour faire venir la pluie (2). N'est venue que la bêtise. C'est idiot, parce qu'il y en avait déjà bien assez. Il a aussi déclaré que d'avoir autorisé l'exécution de 234 condamnés à mort ne l'avait jamais empêché de dormir (3). Il n'a pas dit s'il avait prié pour le repos de leurs âmes, mais on le devine.
Il y a quelques jours, lors de la commémoration des attentats du 11 septembre 2001, on entendait à nouveau certains Européens affirmer que "nous sommes tous des Américains". Euh, si je peux me permettre, en fait, pas tous.

(1) voir LLB, 15 septembre 2011
(2) entendu au Journal parlé sur France Inter, 8 septembre 2011
(3) voir LLB, 9 septembre 2011

mercredi 14 septembre 2011

Tout ça pour ça?

La charia constituera la base de la nouvelle constitution libyenne. C'est ce qu'a annoncé le président du Comité National de Transition. Les femmes, les laïques, les démocrates apprécieront de se laisser voler leur révolution par les barbus qui les mettront au pas. Mais non, qu'on se rassure, déclare le président: l'islam est ici modéré. Curieuse logique qui en faisant de la loi religieuse le fondement constitutionnel de l'Etat donne une puissance maximale à l'islam. Avec le risque de le voir se radicaliser très rapidement. La révolution libyenne ne sera-t-elle finalement qu'iranienne? Les dictateurs cédant le pas aux ayatollahs?
La révolution parfois ça devient dégueulasse / Ça fait de la doctrine de la théorie et de la merdasse / La révolution cocufiée par les bureaucrates / Mise dans des bouquins écrasée par les appareils / La révolution faut jamais que ça s'arrête / Contre ceux d'hier doivent se lever ceux de demain
François Béranger

Rions un peu sous un ciel morose. Le sinistre Carl Lang entend être le candidat d'extrême droite en France. Marine Le Pen est trop à gauche, dit-il. On se dit qu'il doit voir en Nicolas Sarkozy un nouveau Che Guevara. Ceci dit, deux candidats d'extrême droite plutôt qu'une, c'est toujours bon à prendre. L'idéal étant évidemment qu'il n'y en ait pas.

mardi 13 septembre 2011

Comment réussir

Ne dites plus "école de la réussite". Dites plutôt "tribunal de la réussite". Les délibérations de classe vont-elles désormais se traiter au tribunal? On se le demande (cette époque est pleine de questions). Le JT de France 2 (1) nous apprend que les plaintes d'élèves qui contestent leurs résultats de fin d'année se multiplient en Italie. "J'ai étudié, j'aurais dû avoir la moyenne", disent-ils. Des parents déposent plainte si leur fils ou leur fille ne réussit pas. Mais, nous dit la journaliste, "certains ont honte et ne veulent pas montrer leur visage". On ne sait pas de quoi ils ont honte. De l'échec de leur enfant? De leur tentative de le faire réussir à tout prix? Certains disent avoir payé des cours particuliers à leur enfant, il ne peut donc que réussir. Le tribunal donne droit à un recalé sur trois. Il a le droit de passer dans l'année supérieure, même si le conseil de classe en avait décidé autrement. Les sportifs qui se sont entraînés durement vont-ils déposer plainte parce qu'ils n'ont pas gagné un match? Les candidats à un emploi vont-ils déposer plainte parce qu'ils ne sont pas engagés alors qu'ils avaient préparé l'entretien d'embauche assidûment? Ne faudrait-il pas songer à supprimer les examens et autres tests stressants? Les questions sont décidément multiples. On vit une époque formidable. La grande époque des juges et des parents.

(1) 12 septembre 2011

lundi 12 septembre 2011

Sous les drapeaux

Voici longtemps (ce devait être vers 1975), Jean Ferrat, dans une chanson, posait une bonne question: comment peut-on être un jeune républicain indépendant? Comment à vingt ans peut-on être séduit par le conservatisme giscardien? Aujourd'hui, on se le demande: comment peut-on être un jeune nationaliste? Un nationaliste a des allures de vieillard chenu et cacochyme, mais surtout courbé en deux par le poids des années, replié sur lui-même, ne voyant plus l'avenir, juste son nombril. Le JT de la RTBF (1) nous montre des jeunes (et aussi de moins jeunes, il est vrai) membres d'un mouvement flamand qui s'affirme populaire. Ils agitent fièrement le drapeau flamand face aux objectifs de la BBC, lors de la Night of the Proms. Ils estiment que leur drapeau sera ainsi vu par la planète entière. Et, à force, apprécié. Mais personne ne connaît leur drapeau. Certains spectateurs pensent que ce lion pourrait être gallois. Pourquoi pas camerounais aussi? Ou namibien. C'est le problème des nationalismes: ils se ressemblent. Il y en a trop. On s'y perd.

(1) 11 septembre 2011

mercredi 7 septembre 2011

Barons perchés

Wallonie et baronnies sont dans un bateau. Personne ne tombe à l'eau. Mais le bateau n'avance pas. Apparemment, la méthode Coué ne suffit pas à le faire avancer. Pas plus que les belles déclarations sur le dépassement des querelles sous-régionalistes.
La Wallonie entend créer un centre pour former ses sportifs de haut niveau. On peut supposer que l'idée est intéressante, même si on se méfie des sportifs dits de haut niveau (voir "Footu", 4 septembre). La difficulté n'est pas de décider de créer ce centre. Elle n'est - apparemment - pas non plus de dégager un budget de cinquante à nonante millions d'euros. La difficulté, c'est de savoir où le placer. Un appel à candidatures a été envoyé. Trois villes ont été retenues: Liège, Louvain-la-Neuve et Mons. Mais Mons est déjà bien servie: pour qu'elle soit en 2015 une capitale culturelle de haut niveau (entendez par là de niveau européen), la Communauté française lui attribue chaque année un million d'euros. Sans compter de ce qui vient d'autres sources, notamment de la Loterie nationale. Restent donc Liège et Louvain-la-Neuve. Comment choisir? Les dossiers ne suffisent pas. C'est que chacune des deux villes a ses défenseurs au sein-même du Gouvernement de la Région wallonne. Le liégeois Marcourt entendant défendre son clocher et le brabançon Antoine le sien. Le dossier serait bloqué et pourrait le rester jusqu'aux élections communales d'octobre 2012. "Ce gouvernement cherche comment décider de ne pas décider", écrit Michel Delwiche dans le Vif (1). On voit par là comment les barons, même perchés sur leurs clochers respectifs, empêchent d'atteindre le haut niveau.

(1) 2 septembre 2011

mardi 6 septembre 2011

Conseil de rentrée

Quelques règles que se donne Zoli, la poétesse rom, héroïne du roman éponyme de Colum McCann (1) :
"Ne suspends jamais ton manteau au crochet à la porte. Ignore le couvre-feu. Rappelle-toi le temps qu'il fait au son de la roue. Ne deviens pas l'imbécile qu'ils ont besoin que tu sois. Change de nom. Perds tes chaussures. Entraîne-toi à douter. Porte une toile cirée devant la maladie. Adore l'obscurité. Mets-toi de biais face au vent."
"Ne deviens pas l'imbécile qu'ils ont besoin que tu sois", en ce début d'année scolaire, on se dit que ce devrait être la base de toute éducation.

(1) éditions 10/18

lundi 5 septembre 2011

Propos radicaux

Le nouveau président du Centre Démocrate Humaniste a fait un tabac lors de son congrès d'intronisation ce week-end. Il se veut radical. Il l'a répété maintes fois, paraît-il. Voilà qui fait sourire. Le dessinateur Clou dans la Libre Belgique fait dire à Benoît Lutgen que son parti est "radicalement chèvre-choutiste". Etre radical, c'est faire des choix tranchés. Etre radicalement centriste est presque attendrissant.
Son radicalisme, le nouveau président l'a repêché dans les propos de celle qui l'a précédé à la tête du parti orange: présentant son "plan de lutte globale et radicale contre le réchauffement climatique", Joëlle Milquet déclarait que "il est temps d'être radical, pour notre climat, pour nos familles, pour notre environnement". C'était le 2 décembre 2006. A peine deux mois plus tard (c'était le 30 janvier 2007), André Antoine, ministre CDH de l’énergie et de l’aménagement du territoire, vice-président du Gouvernement wallon, était à Tournai Interpellé par deux membres de la CIAO à la suite d’une intervention au cours de laquelle il a appelé tous les Wallons à économiser l’énergie, André Antoine ne s’est pas opposé au projet de centre des sports de glisse, qui s'annonçait comme un modèle de gaspillage d'énergie et de production de CO2, comparant ce projet aux aéroports, eux aussi polluants mais fournisseurs d'emplois… Aéroports wallons dont il a d'ailleurs toujours été un des plus fermes soutiens. Bref, une position radicalement centriste: oui à l'écologie et oui au capitalisme. C'est ce qu'on appelle la tiédeur radicale. Passant de l'appellation de PSC à celle de CDH, le parti centriste abandonnait toute référence à la chrétienté, en profitant aussitôt pour oublier que Jésus-Christ disait: "tu vomiras les tièdes". Il n'avait pas envisagé que les tièdes pourraient être radicaux. Ca change tout.

dimanche 4 septembre 2011

Footu

Une fois n'est pas coutume, parlons football. Après tout, c'est dimanche, jour du seigneur foot. Les joueurs de l'équipe belge de football - qu'on appelle encore et toujours Diables rouges, allez savoir pourquoi - ont fait jeu égal avec ceux de l'Azerbaïdjan. Certains commentateurs parlent de la "modeste" équipe d'Azerbaïdjan. Le qualificatif est amusant: il s'appliquerait tout aussi bien - si pas mieux - à une équipe belge qui accumule les faux pas et ferait bien de faire profil bas.
Par ailleurs, on parlera aussi de foot "de haut niveau", même si ce niveau est bien bas. A tous les points de vue.
Comme tous les sports de compétition, le foot est devenu une affaire de fric, un spectacle sans éthique, loin de l'esprit olympique dont se revendiquent encore quelques naïfs et de nombreux hypocrites. Dans une interview récente (1), Michel Piccoli estime que "l'argent régente tout, et avec vilenie - j'emploie ce mot charmant à dessein, dit-il. Ce commerce gigantesque tue pour moi beaucoup de choses, y compris le sport. Regardez le foot ou les joueurs de tennis: ils ont l'air de bêtes féroces. Fini la grâce, place à la hargne. C'est terrible, on a l'impression qu'ils se haïssent". On a en effet bien du mal à comprendre ces sportifs qui, dès qu'ils ont marqué un point ou gagné une épreuve, se précipitent sur une caméra en éructant. On s'attendrait à entendre des cris de joie, à voir des sourires. Et on assiste à des expressions de guerriers haineux.
Ces nouveaux riches, mercenaires de leur discipline, se vendent au plus offrant, prêts à jouer dans des championnats sans enjeu ni intérêt, pourvu que l'argent coule à flot. On a ainsi vu tout récemment un certain Samuel Eto'o rejoindre la modeste équipe d'Anzhi Makhachkala, au Daguestan, république caucasienne bordélique et violente, où tout s'achète, les meilleurs joueurs du monde aussi bien qu'un titre de ministre. Comptez pour ce dernier deux millions d'euros (2). Eto'o, lui, gagnera vingt millions d'euros par an, devenant ainsi le footballeur le mieux payé du monde. Le Daguestan, il n'en verra sans doute pas grand chose: comme ses co-équipiers, il vivra à Moscou, à 1500 kilomètres de là, se contentant de fouler les pelouses de l'Anzhi Makhachkala une fois toutes les deux semaines.
Ces nouveaux riches de footballeurs sont constamment "sous pression" ("ils nous ont mis la pression" ou "la pression était trop forte", voilà des expressions très à la mode chez les sportifs, et les footballeurs en particulier). Ce qui explique sans doute leur comportement de délinquants quand ils se retrouvent dans des hôtels de type palace: "Et puis il y a le pire cauchemar du personnel, un cas à part qui transcende les nationalités: les joueurs de foot", écrivent Perrine Cherchève et Anna Topaloff, dans un dossier de Marianne sur les palaces (3). "Pour peu qu'ils aient gagné un match, ils se lâchent méchamment, restent confinés dans leur chambre pendant des jours, trop occupés à mettre à sac et à dévaliser le minibar. De vraies terreurs. A tel point que les maîtres d'hôtel du room service tirent à pile ou face pour désigner celui qui aura la malchance de frapper à leur porte." Certains les appellent "sportifs de haut niveau"...

Voir aussi l'excellent documentaire (même s'il est parfois inégal) de Pascale Lamche: "Black Diamond" sur le foot business et la traite des enfants africains à qui on promet la lune sous la forme d'un ballon rond.

(1) Télérama, 24 août 2011
(2) www.rue89.com/rue89-football-club/2011/08/31/
foot-dis-samuel-etoo-tu-sais-ce-que-cest-le-daguestan-219885
(3) Marianne, 13 août 2011

jeudi 1 septembre 2011

Monsieur Bricolage

Il l'explique à qui veut l'entendre (et de préférence aux journalistes): le soir, lorsqu'il revient de son harassante journée de travail de double ministre-président, il adore enfiler son bleu de travail et se lancer dans des travaux de plomberie ou d'électricité. Il faut croire qu'il en a déjà fini avec la rénovation de sa maison à Tournai, car voilà qu'il s'est lancé un nouveau défi: reconstruire le moulin à vent de Thimougies. Son effondrement un soir de tempête en 2008 (on parle ici du moulin) a désolé les habitants de ce petit village de l'entité tournaisienne. Ils ont créé une "Fondation Moulin de Thimougies", espérant qu'un jour ses ailes tourneront à nouveau là-haut sur la colline. Le ministre Lutgen, en charge du Patrimoine et de la Ruralité, s'était dit désolé: il ne pouvait rien faire, le moulin ayant été déclassé.
Mais le déjà-bourgmestre-de-Tournai-avant-même-les-élections
-après-tout-à-quoi-ça-sert en a décidé autrement et agi à sa manière. Elle est très personnelle. Rudy Demotte a bricolé un budget: le ministre Furlan, en charge du Tourisme, a - de manière totalement spontanée, comme on peut s'en douter - décidé de libérer 300 000 euros et la Ville de Tournai mettra le reste, on parle de 100 000 euros. C'est ce qu'a annoncé Demotte (1). Le problème, c'est que la majorité tournaisienne n'a jamais décidé de mettre la main à la poche. Elle n'a d'ailleurs pas été sollicitée en ce sens par la Fondation. Rudy Demotte a juste oublié qu'il n'est pas encore bourgmestre de Tournai (2). Il a décidé seul. Le consensualiste qu'il est a juste oublié de consulter les autorités concernées. Il a décidé à leur place. Il ne peut s'agir que d'un oubli. Ou d'une erreur de calendrier. Le sien indique déjà 2013. "Zut! Je me suis encore trompé d'année", a-t-il dû se dire. Comment lui en vouloir? Il sait que tout fait farine au moulin et le bleu de travail est sa tenue de campagne préférée.

En attendant, sa Wallonie picarde avance, quoi qu'en disent et en aient dit les pisse-vinaigre. Nord Eclair, le journal qui la célèbre un peu plus chaque jour, nous annonce que "ça y est la Wallonie picarde a sa pomme" (3). L'évènement est d'importance. Il s'agira de la "Transparente de Lesdain". Peut-on se permettre une suggestion? On passe à côté d'une occasion: on aurait pu la baptiser non pas "pomme de reinette", mais "pomme Wapi".
Nord Eclair consacre aussi une page aux "femmes tueuses de Wallonie picarde" (4). On voit par là que la Wallonie picarde regorge de talents et que le journal a de la ressource. Peut-on, sans mettre en doute ses capacités créatives, lui suggérer d'autres dossiers? Par exemple, les plus grands pédophiles de la Wapi, les plus beaux accidents de la route en Wapi, les crimes les plus atroces en Wapi, les cons de Wapi, les pires articles de Nord Eclair (édition spéciale). Vos propositions sont les bienvenues.

(1) lire "Demotte agace", par Laurent Dupuis, dans LLB de ce 1er septembre
(2) lire aussi sur ce blog "Un homme heureux", billet du 6 juin 2011
(3) Nord Eclair, 25 août 2011
(4) Nord Eclair, 31 août 2011