mercredi 31 décembre 2008

Je continue à lire Charlie Hebdo

A Claude Semal, en réaction à sa chronique Le pays petit, « Je ne lis plus Charlie Hebdo », parue dans Imagine 71 (janvier et février 2009)

Bonjour, Claude,

La lecture de ta chronique m’a navré (parce qu’elle est navrante) et attristé. Profondément. Depuis bien longtemps, je lis avec beaucoup de plaisir et d’intérêt tant tes chroniques dans Imagine que les éditos de Philippe Val dans Charlie Hebdo. J’y trouve un ton (im)pertinent, des réflexions intelligentes, des visions dérangeantes parfois, divergentes souvent de celles qui circulent partout. Je ne partage pas toutes vos analyses et vos positions respectives, mais je m’en nourris souvent.
La violence de ton attaque envers Philippe Val m’en effraye d’autant plus. Si je peux parfois te rejoindre, la faiblesse voire l’inanité de certains de tes arguments ad hominem me laissent cependant pantois. Mais surtout l’absence totale dans ta longue diatribe du point essentiel qui vaut à Philippe Val le procès que lui fait actuellement une certaine intelligentsia dite de gauche, à savoir la publication des caricatures de Mahomet.

Que l’homme soit parfois excessif, trop sûr de lui et parfois obsessionnel, je peux en convenir. Mais de là à l’abattre comme tu le fais, j’ai du mal à te suivre !
Les références de Val à certains philosophes t’agacent. Dans la société immédiate qui est la nôtre où trop de gens réfléchissent à la vitesse de leur clavier, centrés sur leur seul nombril, et où il est de bon ton de vomir les intellectuels, la mise en perspective, le recul, le recadrage me paraissent utiles… Passons, on a connu meilleure argumentation.
Tu situes Charlie à droite du Parti socialiste sous le prétexte que « ses canonnières canardent désormais aussi sur son flanc gauche ». Alors là, c’est ahurissant, on ne serait à gauche que si on ne critique pas celle-ci et tous ses fourvoiements de ces dernières décennies ?
Je te rejoins concernant Denis Robert : j’ai du mal à suivre Philippe Val mais l’explication selon laquelle sa position serait due au fait que Malka est aussi l’avocat de Clearstream me paraît bien courte et tellement simpliste. Quel intérêt aurait Val dans cette affaire ?
Reste Siné qui m’était, comme à d’autres, devenu illisible depuis des années : l’éructeur ressemble aux chasseurs beaufs qu’il passe son temps à brocarder, tirant sur tout ce qui bouge sans se poser de questions. "Le seul gauchiste d’extrême-droite de France", disait de lui Pierre Desproges, paraît-il. Mais il est visiblement de bon ton aujourd’hui d’être à ses côtés. Il fait les poubelles, la LICRA aussi, dis-tu. Cela suffit-il pour avoir raison ? En ces temps où l’antisémitisme revient en force (voir Philippe Geubels dont les sketchs à l’humour parfumé d’antisémitisme, retransmis par la VRT, font hurler de rire un certain public en Flandre), les positions doivent rester fermes.

Comme elles doivent l’être par rapport aux islamistes. Et c’est là que je ne comprends pas du tout tes silences : il n’y a rien, dans ton tir au bazooka, sur la publication des caricatures de Mahomet. Or, c’est bien là le nœud du problème et de la guerre menée par une certaine gauche bien décidée à avoir la peau de Charlie Hebdo et de Philippe Val en particulier : ceux-ci voudraient s’opposer à toute forme d’antisémitisme mais pratiqueraient allègrement l’islamophobie, c’est-à-dire le racisme. Charlie fut le seul organe de presse français (en Belgique, il n’y en eut pas à ma connaissance) à avoir le courage de publier des caricatures qui le furent aussi dans des pays de culture musulmane. Il s’agissait de défendre la liberté d’expression menacée par les terroristes islamistes. Pendant que Charlie les publiait et se prenait un procès difficile (finalement et heureusement gagné), les autres journaux avaient la tête dans le sable. Ou jouaient les vierges effarouchées : on ne peut se moquer de l’Islam. Toutes les religions pourraient donc faire l’objet de moqueries, mais pas l’Islam. On peut être christianophobe, tant qu’on veut, comme on peut être libéralophobe ou écologistophobe, mais jamais, au grand jamais islamophobe ! Encore est-il question ici de dénoncer l’utilisation à des fins politiques de l’Islam. Mais les positions d’une bonne part de la gauche sur cette question sont faciles, simplistes à l’excès et débouchent sur une alliance objective entre l’extrême gauche et les obsuranto-fascistes islamistes qui ont le grand mérite d’être anti-américains…
Ce débat-là, il est plus qu’urgent que la gauche l’aborde, comme le font Philippe Val, Caroline Fourest, Mohamed Sifaoui et quelques (trop rares) autres ! Mais, à te lire, je désespère un peu plus de la gauche.

Aujourd’hui, certains – via Internet – mènent campagne contre Val avec l’intention avouée de le pousser au suicide. Que tu participes à ta manière à la curée me sidère !

J’ajoute qu’appeler à rejeter Charlie Hebdo à cause des positions de Philippe Val, c’est mépriser honteusement tout le reste de l’équipe qui réunit nouvelle et ancienne génération : Wolinski, Caroline Fourest, Cavanna, Fiametta Venner, Oncle Bernard, Cabu, Charb, Tignous, Honoré, Luz, A.S. Mercier, Jul, etc. Des journalistes et caricaturistes à la plume acerbe, intelligente et utile dans un journal qui conserve, malgré tout, une place indispensable. Qu’aura gagné la gauche à voir disparaître Charlie Hebdo ?

Cette chronique est indigne de toi, Claude. Cet assassinat de Charlie Hebdo est indigne d’Imagine. Mais je n’appellerai pas pour autant à quitter Imagine pour Vlan…

Bien à toi.

Michel Guilbert,
de gauche, tendance complexe

vendredi 26 décembre 2008

Des réfugiés des Maldives à Maubray?

Vu ce soir au JT de France2: un sujet sur les réfugiés climatiques aux Maldives. Près de 1200 îles qui ne dépassent pas deux mètres d'altitude et qui sont condamnées à moyen terme par le réchauffement climatique. Déjà, il y a quatre ans, le tsunami a contraint des populations entières à se réfugier sur d'autres îles.
Une idée: et si le centre de glisse de Maubray prenait sa part de réfugiés climatiques? Après tout, il va contribuer à ce réchauffement avec ses 20.000 tonnes annuelles de CO2 et voilà-t-il pas qu'il offrira justement 850 bungalows? Voilà qui tombe bien!
Si on prend la régle européenne des 20% en la matière, sur les 4.000 hébergés de Maubray, il devrait y avoir 800 réfugiés en permanence.
Voilà une bonne idée, non? Qu'en pensent, en cette période de Noël (la crèche, l'accueil des réfugiés, etc.) les merveilleux promoteurs, les si gentils bourgmestres et les ministres wallons si décidés à lutter pour le climat ?

mardi 23 décembre 2008

Avec la Wallonie picarde, on n'a pas fini de rire!

Les journalistes se sont visiblement bien amusés hier à la conférence de presse de présentation du groupement hospitalier qui verra le jour officiellement le 1er janvier. Cinq hôpitaux et cliniques fusionnent. Ca donne le CHwapi, pour Centre Hospitalier de Wallonie picarde. Une Wallonie picarde restreinte à Tournai et Péruwelz, mais bon, le nouveau centre est "victime de la mode, tel son nom de code", comme le constate Laurent Dupuis dans la Dernière Heure.
Mais comment se prononce cet acronyme ?, a demandé un journaliste. Schwapi? Ce qui donnerait un petit côté pétillant. Non, il faut prononcer C.H.wapi. "Ce n'est pas facile, mais c'est une question d'habitude, paraît-il", écrit Stéphane Diricq dans la Courrier de l'Escaut.
Un autre journaliste a proposé Wapital...
Allez savoir pourquoi, ça me fait rire!

lundi 22 décembre 2008

Région à vendre

Promoteurs de tous les pays, sachez qu’en Wallonie la voie est libre. Au nom de l’emploi, tout est possible ! Même des projets totalement contraires aux politiques du Gouvernement wallon. Vos projets seront les siens ! La Wallonie est à qui veut la prendre.
Au nom de l’emploi, et pour le bien « des gens », le Ps et le CDh adoptent un profil ultra-libéral, coincés dans la logique et la culture capitalistes, incapables de penser autrement. Sans vision d’avenir, sans imagination, sans courage. L'investisseur a toujours raison.
En fait, l’emploi n’est que le seul argument de vente du politique. C’est l’emploi à tout prix (dans tous les sens du terme). C’est l’emploi dans sa version poujadiste.
Le soutien du Gouvernement wallon au projet de centre de glisse n’indique pas seulement l’impuissance du politique face à l’économique, plus grave, il montre bien que certains « responsables » politiques se complaisent dans un rôle de laquais, de porteurs de valises des promoteurs.
Dans son plan stratégique 2009 – 2011, IDETA entend « Accompagner les opérateurs privés dans leur démarche de concept et de faisabilité de projets, de montage financier et de développement. Par exemple, le centre international de glisse, l’implantation de projets hôteliers,… » Et la contradiction totale entre ce projet et celui du Parc Naturel, secteur à part entière d’IDETA, ne saute visiblement pas aux yeux de responsables économiques dont la cohérence n'est certainement pas le souci majeur.
Le soutien à ce projet par IDETA, par les bourgmestres concernés, par le Gouvernement wallon et son ministre-président indique bien que la Wallonie picarde n’est même pas un concept. Juste des mots, de la com’, un attrape-gogos. Pour R. Demotte, interviewé par No Télé le 19 décembre, ce projet répond à un double objectif d’environnement et d’emploi, il a trouvé son équilibre. Et rideau sur les remarques de l’étude d’incidences sur l’environnement et de la CRAT, sur les problèmes de consommation d’énergie et d’eau, de production de CO2, d’atteinte à la biodiversité, de mobilité, etc. Energivore le projet ? « Il y a un bon moyen de ne pas être énergivore, répond Demotte, ce serait de ne rien faire. » Mais dans quel monde vit-il ? Par qui est-il informé ? Ne lui a-t-on pas dit qu’aujourd’hui le secteur industriel parvient à produire des biens de consommation courante en CO2 neutre ? Cet objectif est-il si difficile à atteindre par un centre qui se targue de faire découvrir la nature ?
Si le développement durable était vraiment le principe qui guide toutes les politiques en Wallonie picarde, les projets de centres de ski de Lessines et de Maubray ne verraient jamais le jour, pas plus que les centres commerciaux au milieu des champs. Et on cesserait de vouloir créer toujours plus de zonings n’importe où. Et il y aurait une réflexion globale sur une politique éolienne dans la région. Si...
Visiblement, il était écrit qu’on ne peut attendre de nos représentants et de nos technocrates même un minimum de courage politique, même un chouïa d’imagination…

C'est ainsi que les hommes vivent. Mais où sont donc leurs baisers qui sont censés me suivre?

jeudi 11 décembre 2008

Que le politique ne se plaigne pas de son image!

Les affaires continuent, as usual! Les crises économique, financière et écologique ? Le Gouvernement wallon, les bourgmestres d'Antoing et de Brunehaut, le prince de Ligne et les promoteurs de son projet de centre de glisse n'en ont pas entendu parler. Ils persistent et signent. Le Gouvernement wallon s'apprête à faire passer le projet en force, en approuvant le projet de plan de secteur qui sera alors soumis à enquête publique. C'est l'union sacrée du Ps (Parti soumis), du CDH (Combat pour la Défense d'Hier), de l'aristocratie et du grand capital. Jaurès, réveille-toi: ils sont devenus fous! Les bourgmestres d'Antoing et de Brunehaut viennent de réunir, autour des promoteurs, des directeurs d'écoles et des responsables de clubs sportifs. Pour leur vendre le projet. (1) L'humanité disparaîtra, bon débarras!, annonce le philosophe et naturaliste français Yves Paccalet. Les bourgmestres et ministres concernés par le centre de glisse n'en ont cure. Seul leur importe d'être réélus. Et après eux les mouches!
C'est pourquoi ils soutiennent, tels les trois petits singes, fermés à tout, un projet qui produira 20.000 tonnes de CO2, gaspillera des dizaines de millions de kWh de gaz et d'électricité, enfermera 229 hectares de nature et mettra des milliers de voitures sur les (nos) routes (ça, c'est moins sûr avec la crise). Un soutien justifié par l'annonce (à la grosse louche) de la création de 800 emplois. Ils gardent le nez sur le guidon, muets, sourds et aveugles à l'évolution du monde, uniquement soucieux de leur réélection et de la survie d'un système capitaliste qui a largement fait la preuve de ses nuisances. (Mais comment m'en étonné-je, alors que le Ps a appelé à "un Kyoto de la finance"...? Un appel que ne désavouerait aucun libéral!)
Dans le même temps, les 27 pays de l'Union européenne se réunissent en sommet à Bruxelles pour lutter contre le réchauffement climatique. Avec un triple objectif: diminuer de 20% les émissions de gaz à effet de serre, augmenter de 20% la part des énergies renouvelables, augmenter de 20% les économies d'énergie. Le centre de glisse, présenté par ses promoteurs et ses défenseurs politiques comme un modèle de développement durable produira directement 12.000 tonnes de CO2 et de 5 à 8.000 indirectement par le trafic qu'il générera, utilisera 0% d'énergie renouvelable et consommera 36.700 MWh de gaz et 17.200 d'électricité. Cherchez l'erreur...
La politique, c'est donc la pratique quotidienne de la gymnastique. Visiblement, ces "responsables" politiques font en permanence le grand écart sans douleur.
Comment s'étonner de l'image déplorable (et le mot est faible) du politique dans l'opinion publique? Un exercice sur les clichés et stéréotypes que je pratique régulièrement avec des étudiants et des enseignants fait apparaître les hommes et les femmes politiques comme malhonnêtes, menteurs, beaux parleurs, hypocrites, vendus... Je déteste le poujadisme, mais, finalement, est-ce vraiment un cliché...?

(1) Charles Picq, président du Parc Naturel des Plaines de l'Escuat et ancien bourgmestre de Brunehaut, affirme depuis longtemps qu'il s'agit d'un "projet à vendre". Son successeur, le VRP Wacquier, s'en charge!

mardi 9 décembre 2008

Politique de la mangouste ou de l'autruche

Dans "Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous", dernier ouvrage de Philippe Val (j'y reviendrai), celui-ci aborde essentiellement la publication par Charlie Hebdo des caricatures du prophète Mahomet et le départ de Siné.
Il parle de ces confrères journalistes convaincus que l'équipe de Charlie a trouvé dans la publication des dessins danois une belle occasion de faire exploser ses ventes, que Val avait prémédité un coup. Le directeur de publication de Charlie a beau expliquer qu'il s'agissait de défendre la liberté d'expression, qu'il a essayé de convaincre ses collègues des autres organes de presse de publier les caricatures et que Charlie s'est retrouvé bien isolé (à l'exception de l'Express qui reproduisit les pages de Charlie), rien n'y fit. Certains, la tête dans le sable, semblent incapables d'imaginer qu'on puisse se battre pour des valeurs auxquelles on croit, et non pour son portefeuille. O tempora, ô mores!
D'autres (ou les mêmes peut-être) disent à qui veut les écouter que lorsqu'on mène un combat contre un projet qui nous paraît incohérent et néfaste, c'est par pur électoralisme. Que si on dit non (1), c'est par intérêt personnel. Pour gagner des voix. Il faut croire que ces gens-là n'ont de positionnement que prudent et placent leurs valeurs le cul entre deux chaises.
"Je pense, dit Philippe Val, que cette attitude éthique est ce qui justifie l'existence d'un journal. Je pense même que les journaux souffrent du manque de combats qu'eux seuls peuvent mener."
L'époque lui donne - hélas - raison: les profils sont bas, le courage rare et les propos politiquement corrects. Et pas seulement dans la presse.

(1) Qu'est-ce qu'un homme révolté? demandait Camus. C'est un homme qui dit non.

lundi 8 décembre 2008

La voiture nous sauvera!

Président Sarko (vous vous souvenez du président Rosko: le plus beau, le plus fort celui qui marche sur l'eau?) était il y a quelques jours à Douai pour présenter son plan de sortie de crise.
Il passe par l'automobile. L'Etat français investira 26 milliards d'euros dans l'économie, dont 1,3 milliard dans ce secteur actuellement en grande difficulté. Le JT régional de FR3 nous rappelait qu'il emploie 55.000 personnes, soit 20% de l'emploi industriel du Nord - Pas de Calais. Sur l'ensemble de la France, ce sont 10% de la population active qui sont employés dans le secteur.
Des chiffres très importants qui justifient évidemment que les pouvoirs publics s'en soucient.
Mais n'auraient-ils pas dû s'en soucier depuis 35 ans, depuis la première crise pétrolière?
Et puis, tous ces partis politiques qui, à l'unanimité, plaident pour un moindre usage de la bagnole entendent aujourd'hui investir massivement dans l'automobile. Au secours, la bagnole va mal! Il faut la sauver! En Belgique, aux Etats-Unis, on entend le même discours. Toutes ces entreprises privées, qui se sont faits des ponts d'or (c'est le cas de le dire) à encombrer et à polluer nos villes et nos campagnes (avec notre aide, il faut bien l'avouer...) viennent aujourd'hui pleurer dans le giron de l'Etat pour qu'il les aide.
L'Etat français fait passer à 1.000 euros la prime de casse: autrement dit, faire démolir sa vieille voiture aidera un peu plus à en acheter une neuve ensuite, pour autant qu'elle soit - heureusement - moins polluante.
Mais, malgré tout, ça fera toujours plus de déchets, toujours plus de consommation, toujours plus d'encombrement des routes...
Comme dit Cavanna dans le dernier numéro de Charlie Hebdo, "L'industrie automobile est le parfait exemple de la course au toujours plus: consommer plus, plus vite, plus riche, ne rien garder, jeter, acheter, jeter, acheter... C'est vrai pour les voitures, c'est vrai pour les vêtements, pour les livres, pour l'électroménager... N'est-ce pas là, finalement, la cause profonde des crises économiques comme celle que nous dégustons?".

jeudi 4 décembre 2008

Tableau de (grande) classe

Claire Diterzi. Une découverte. Même si elle a déjà à son actif sept albums (les premiers avec le groupe Forguette Mi Note). Son dernier album (il date déjà de 2007), Tableau de Chasse, est impressionnant. Des chansons puissantes et ciselées, inspirées de tableaux et de sculptures, portées par une voix aux intonations slaves qui monte dans les aigus. De l'humour, une énergie folle, des textes forts et audacieux, rarement politiquement corrects. "politiquement correct/ l'art c'est noir y a plus d'espoir/gilbert montagné on l'a reconnu/émotionnellement correct/ on recherche la nouvelle star/mireille mathieu elle est revenue /politiquement correct/faites péter les gros cigares/émotionnellement correct/les idées au placard."
Cette femme a tous les talents: elle écrit, compose, interprète, joue de la guitare, signe les arrangements, enregistre, mixe et réalise le très beau livret de l'album...
Elle fait chant à part, comme dit Télérama.

mardi 2 décembre 2008

De quoi je me mêle

Je ne sais pas ce qu'ils avaient au JT de France2 ce soir, mais ils auraient eu envie d'énerver leur président qui l'est pourtant déjà bien assez qu'ils ne s'y seraient pas pris autrement.
D'abord un sujet sur l'euthanasie, pour expliquer que c'est pas demain la veille qu'elle sera autorisée en France, contrairement à ce qu'espéraient certains. Un journaliste a été voir comment elle est vécue (c'est une belle expression) en Belgique. Eh bien, elle l'est plutôt sereinement. Un médecin affirmait que "la mort n'est plus pratiquée derrière le rideau". Bref, on est sorti de l'hypocrisie.
Quelques minutes plus tard, un sujet se penchait sur la réussite dans la City londonienne de jeunes français "issus de l'immigration", selon l'expression politiquement correcte. Faute de trouver de l'embauche en France, ces jeunes français au prénom arabe en ont trouvé sans problème en Grande-Bretagne, dans des emplois de très haut niveau. Réflexion de l'un d'entre eux: "ici, peu importe ton nom ou la couleur de ta peau, ce qui compte, c'est tes compétences".
Question aux amis français: et quoi? pourquoi un tel statisme sur le plan des pratiques sociales?

dimanche 23 novembre 2008

Je m'ego, tu t'es ego, elle s'ego...

Magnifique phrase de Ségolène Royal, reprise au JT de la RTBF ce soir, alors qu'elle conteste la victoire de Martine Aubry: "Si les militants me confirment au poste de premier secrétaire, etc." Le reste de la phrase n'a aucun intérêt. Ce qui est intéressant, c'est d'entendre que, selon elle, elle a déjà été désignée au poste, et qu'elle attend juste une confirmation. "Confirmer: rendre plus ferme (une chose établie)", dit le Petit Robert. Pour S'EGO (et pour qui en doutait), la chose est donc établie.

jeudi 13 novembre 2008

Comment être élu et le rester - en 10 leçons

Bientôt les élections!
Voici quelques conseils pour celles et ceux qui voudraient effectuer leurs premiers pas dans ce monde impitoyable mais tellement grisant de la politique.
Bien sûr, on peut partir de rien, mais il est des situations de départ qui constituent un avantage certain:
- être fils/fille/frère... d'un ou d'une élu(e), si possible déjà ministre, parlementaire ou bourgmestre. En marchant dans les traces de papa, il ne vous reste plus qu'à vous faire - éventuellement - un prénom.
- être secrétaire de mutuelle, permanent syndical ou agent d'assurance. Vos membres ou vos assurés deviendront vos électeurs: ayant pu apprécier votre capacité à rendre service et à régler leur dossier, ils vous en sauront gré en votant pour vous. (1)

Leçon n°1: Soyez gentil!
Le sourire aux lèvres en toutes occasions, montrez de la compréhension, de l'empathie, voire de la compassion pour vos interlocuteurs. Serrez leur la main en les regardant dans les yeux, donnez leur raison, ne vous opposez jamais à eux. A la rigueur, permettez vous un bémol (ou un dièse, c'est selon) à leurs réflexions. Affirmez que vous détestez les querelles, toujours stériles, et que vous n'aimez rien tant que le consensus. Ne dites jamais non, préférez dire oui. Faites toujours comprendre à vos vis-à-vis que vous êtes d'accord avec eux, même s'ils sont divisés en deux camps opposés.

Leçon n°2: Affirmez votre amour des gens.
Votre seule et unique priorité, la motivation de votre engagement politique, c'est "les gens"!
C'est pour eux que vous vous battez, que vous êtes capables de travailler autant, de ne pas compter les heures, de ne jamais prendre de vacances. D'autres n'ont d'intérêt que pour l'argent et la bourse ou les petites fleurs et les petits oiseaux, alors que vous, ce sont les gens qui vous passionnent et qui vous boostent! Dans les débats, n'hésitez pas à affirmer que le thème abordé est de peu d'intérêt, que pour vous, ce qui importe, ce sont les gens! (3)

Leçon n°3: Montrez-vous!
Partout et tout le temps. Ne ratez aucune occasion d'être là où sont les gens: fête d'école, de quartier ou de village, inauguration, vernissage, match de foot, banquet, visite de ministre (mieux encore: de souverains), séances (filmées!) du Cabaret wallon (2). Participez à des compétitions sportives, à des karaokés, allez passer une journée à l'usine, mouillez votre maillot! On ne peut être un bon élu, si on n'est pas proche des gens!
Organisez un apéritif et/ou un bal, dont les bénéfices reviendront - évidemment - à une organisation humanitaire.
Montrez vos enfants, portez les dans vos bras (N.B.: il y a un âge pour tout...), emmenez les jusque dans l'isoloir, pour leur montrer à quel point le devoir électoral est fondamental dans nos sociétés démocratiques!
Pour donner plus de sens à votre participation à ces événements, assurez-vous évidemment de la présence de journalistes et de caméras.

Leçon n°4: Ayez l'air d'être ce à quoi à quoi vous voulez ressembler.
Vous voulez donner l'impression d'être quelqu'un qui a le sens des responsabilités. On ne vous demande pas de les prendre, mais au moins de le dire. Soyez convaincu qu'en politique, il s'agit plus d'avoir l'air et de dire que d'être et de faire.
Vous êtes un rassembleur né, un homme de consensus; c'est pourquoi vous pensez au centre (ce qui ne vous empêchera évidemment pas de vous affirmer de gauche ou de droite), loin de tous les extrêmes et de ces "anti-tout". Vous êtes un homme positif et concret, qui veut faire avancer la société et qui a le souci des gens !

Leçon n°5: Répondez toujours à la question posée.
Même si c'est pour ne rien dire. N'avouez jamais que vous ne connaissez pas un dossier. Encore moins que vous vous êtes trompé. Même si vous ne savez que répondre, répondez! N'importe quoi, mais répondez! Dites que c'est un sujet qui mérite réflexion, mais qu'a priori il vous semble que... Reprenez des élements de réponse de vos adversaires, faites en un mix et servez à votre sauce. Ou alors attaquez, critiquez George Bush (succès garanti) ou Nicolas Sarkozy (nécessite plus de subtilité et de métier) ou réjouissez vous du succès de Barak Obama ou de la libération d'Ingrid Betancourt. Citez le développement durable et la création d'emploi dans toutes vos phrases, en affirmant que ce sont des priorités incontournables. Dites de chaque thème abordé qu'il est extrêmement important. Convainquez vous de toute façon que vos électeurs n'entendent rien au domaine abordé, et que ce qui compte, c'est que vous apportiez une réponse, peu importe son contenu, à la question posée.

Leçon n°6: Cultivez vos liens avec des journalistes.
Invitez, de temps en temps, l'un ou l'autre journaliste à manger, pour parler de vos projets, de votre analyse de "la situation". Faites preuve de convivialité avec eux, voire de complicité. Utilisez l'humour. Dès que vous avez la moindre idée, la moindre opinion, transformez les en communiqué de presse. Réagissez à tout ce qui bouge dans l'actualité.

Leçon n°7: Faites confiance au temps.
Dites vous bien qu'en politique six mois, c'est six ans et que l'électeur oublie vite. Ne craignez donc pas les conséquences de vos déclarations intempestives et rappelez vous toujours que les promesse n'engagent que ceux qui y croient. L'essentiel, c'est qu'on parle de vous et l'effet que feront vos propositions (même si ce sera là leur seul effet).

Leçon n°8: Soyez simple!
N'ayez surtout pas l'air d'un intellectuel, les gens ne les aiment pas. Soyez extrêmement simple dans vos explications, utilisez des formules percutantes qui rendent tout de suite compréhensible votre discours. A l'occasion, critiquez ces intellectuels peu au fait de la réalité de terrain, très éloignés des difficultés rencontrées par les gens.

Leçon n°9: Soyez fier de votre commune et de votre région!
Même si le quotidien nous empêche de le voir, nous vivons quand même dans un petit coin qui ne manque pas de charme: nos villes, nos campagnes, nos monuments historiques, nos traditions populaires, et surtout nos populations sont uniques et si attachants. D'ailleurs, vous ne pouvez imaginer vivre ailleurs. Et puis, on ne peut tolérer que Liège et Charleroi mobilisent la majorité des subsides. Si vous êtes élus, votre commune aura sa juste part!

Leçon n°10: Travaillez le non verbal.
Rappelez-vous toujours que dans un discours, d’après certaines études, les mots ne comptent que pour 7%, alors que l’intonation intervient pour 38% et la gestuelle pour 55% ! Tout ce qu'on vous demande , c'est d'apparaître convaincant et empathique!

Leçon bonus: Soyez convaincu que le ridicule ne tue pas plus que l'incohérence!

(1) témoignage d'un député-bourgmestre: "j'ai conservé une certaine activité dans les assurances, tu n'imagines ce que ça rapporte comme voix!"
(2) témoignage d'un bourgmestre: "le Cabaret wallon, ça te fait cinq passages sur la télé locale!"
(3) Post-scriptum (rédigé le 15.11.08, après avoir vu le JT de No Télé): pour témoigner de votre amour des gens, vous pouvez, par exemple, publier votre autobiographie (on n'est jamais si bien servi que par soi-même) sous le titre, par exemple, de "Le goût des gens".

mardi 11 novembre 2008

Dieu est-il amour ou castagne, humour ou loupage?

A voir ce dimanche, dans les images du JT, les religieux orthodoxes et arméniens se foutre sur la gueule dans la basilique du Saint Sépulcre à Jérusalem, la question-titre se pose effectivement! Les coups de poings et de cierge ont plu dru entre les deux camps et la police a eu fort à faire pour séparer ces prêcheurs de paix. En fait, c'était franchement drôle quand on réfléchit aux discours habituellement tenus par ces porteurs de vérité... A l'origine du pugilat, paraît-il, le déplacement d'une chaise. On n'ose imaginer ce qui se serait passé si l'un des deux groupes avait fermé l'église à l'autre. Quand Malraux prévoyait non pas que "le XXIe siècle serait spirituel ou ne serait pas", mais "la possibilité d'un évènement spirituel à l'échelle planétaire", imaginait-il un événement de cette sorte: les tenants des différentes religions se rentrant dans le chou ?

Dans son pamphlet intitulé "L'humanité disparaîtra, bon débarras!" (1), Yves Paccalet, philosophe et naturaliste français qui fut membre de l'équipe du commandant Cousteau, constatant la catastrophe que représente l'être humain pour la planète et pour lui-même, écrit ceci:
"Je suis désolé de noter que, si nous sommes le plus parfait résultat de l'intelligence divine, le QI du créateur voisine celui du pithécanthrope! (...) Le "dessein intelligent" ressemble au cahier de brouillon d'un enfant de classe maternelle. Parce que nous, Homo sapiens, sommes de plus en plus nombreux sur un vaisseau spatial aux dimensions et aux ressources limitées, nous aurons de plus en plus souvent, et avec de moins en moins de scrupules, recours à la violence.
Le vingt et unième siècle sera belliqueux, ou je ne m'y connais pas. La conclusion pourrait en être une série de conflits terrifiants qui s'achèveraient en guerre totale - la troisième et dernière à laquelle on collerait l'adjectif de "mondiale". Au bouquet final de ce feu d'artifice, l'humanité serait grillée, écrasée, irradiée, affamée, noyée, gelée, anéantie. Sans le moindre espoir de renaissance ou de réincarnation... Sans aucune chance de ressusciter avant le Jugement dernier; et encore: si Dieu ne foire pas la résurrection des morts comme il a loupé la création..."
(Et pour que personne ne soit en reste, Paccalet, dont le désespoir n'empêche pas l'humour, ajoute plus loin, quand il aborde le terrorisme: "Concernant les "soixante-dix vierges" promises au martyr de l'islam dans le paradis d'Allah, j'ai mon idée. Il s'agit d'une interprétation erronée du Coran: la sourate parle de "soixante-dix asticots". Ceux-là, au moins, sont sûrs.")

L'inénarrable Sarah Palin, elle, s'en remettra à Dieu pour décider ou non de sa candidature aux élections présidentielles américaines de 2012: Il me montrera la voie, a-t-elle déclaré. S'il pouvait aussi lui donner un atlas en même temps, ça pourrait l'aider: un proche de sa campagne a déclaré que Sarah Palin ignorait que l'Afrique était un continent en tant que tel (elle pensait qu'il s'agissait d'une région regroupant quelques pays) et que l'Afrique du Sud était un Etat (elle pensait que le terme désignait la partie méridionale de la même région). En fait, si je peux me permettre de conseiller Dieu, il vaudrait mieux pour l'humanité qu'il indique à Mrs Palin la sortie de secours.

Tant qu'on y est, toujours de Paccalet, dans le même ouvrage, ce paragraphe qui pourrait être dédié à André Antoine, Ministre wallon de l'Aménagement du Territoire et des Transports, grand défenseur des aéroports wallons et des pistes de ski sur neige artificielle: " L'homme est le cancer de la Terre. Cette formule choquera les âmes sensibles; mais peu me chaut d'offusquer les "humanistes" qui ont des yeux pour ne pas voir et un cerveau pour imaginer que Dieu les a conçus afin qu'ils passent leur éternité à chanter des cantiques au paradis ou à cuire en enfer. (Si Dieu existe, il nous a faits pour s'amuser, comme nous fabriquons nos programmes de télévision, nos OGM et nos armes de destruction massive. A la fin, c'est toujours la même catastrophe.)"

Bref, encore deux mythes qui s'effondrent: Dieu et l'Homme. Si vous en avez un autre...

(1) J'ai lu n° 8438, Prix du Pamphlet 2006

jeudi 6 novembre 2008

La meilleure blague du moment: le nucléaire comme voie verte!

Nucléaire, le retour? On sent bien que le gouvernement Leterme est prêt à prolonger la vie des centrales, revenant sur la loi de sortie du nucléaire, votée voici six ans par certains partis qui sont toujours aujourd'hui dans cette glorieuse majorité qui gouverne la Belgique. Son argument: en 2015, année prévue pour les premières fermetures de centrales, les énergies alternatives ne seront pas suffisamment développées pour remplacer l'apport du nucléaire. On sent bien que le lobby nucléaire dispose de solides relais au sein du Gouvernement. Un gouvernement dont les membres ne se posent évidemment pas la question de savoir ce qu'ils ont fait ces dernières années pour mettre en oeuvre des alternatives renouvelables. A savoir, rien, ou si peu. Ne se demandent pas ce qu'ils ont fait ou ce qu'ils peuvent faire pour diminuer les consommations d'énergie. Et c'est bien là le comble, c'est que pour ces partis les affaires sont les affaires et l'économie doit continuer à tourner à plein régime. Comme dans les golden sixties. Le changement de culture économico-politique, ce n'est décidément pas pour aujourd'hui. Ni même pour demain.

J'avais eu le plaisir et l'honneur de défendre au Sénat la loi de sortie du nucléaire et de rappeler que, selon de nombreux experts, plus un pays recourt au nucléaire, plus il s'inscrit dans une culture du gaspillage énergétique. De rappeler qu'il est possible, sans rien changer à notre confort, de diminuer de 30% nos consommations énergétiques. Ainsi, la simple extinction de tous les appareils électriques qui restent constamment en veille en Belgique permettrait la fermeture de la plus ancienne des centrales nucléaires de Doel. Visiblement, le gouvernement ne s'en soucie guère. L'économie libérale prime et l'ogre a des besoins insatiables.

Dans une note récente, l'ancien ministre wallon de l'Energie, José Daras (Ecolo), rappelle qu'après cinquante ans de développement le nucléaire n'atteint même pas 4% de l'énergie finale dans le monde. Il souligne qu'on s'apprête à fermer plus de 200 réacteurs sur les 439 en fonction dans le monde, que le mineurs d'uranium (entre autres en Afrique) travaillent dans des conditions infra-humaines, qu'une nouvelle centrale nucléaire coûte 5 milliards d'euros et réclame dix ans de chantier. Alors que la lutte contre le changement climatique n'attend pas...

Car c'est bien là l'argument des relais du lobby nucléaire au sein du gouvernement: le nucléaire serait la seule alternative possible aux sources d'énergie génératrices de gaz à effet de serre. L'énergie nucléaire est donc, selon eux, parfaitement propre. Ne se pose pas pour eux la question de la dangerosité du nucléaire et de ses déchets.
Au Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis, à 600 mètres de profondeur une ancienne mine de sel accueille un site de déchets atomiques. La sarcophage est garanti (?) 10.000 ans, il sera fermé en 2033 quand le site sera saturé. Pour prévenir les (hypothétiques!) habitants de la Terre en 12.033 de la dangerosité de ces déchets, dans une langue universelle, les experts du coin ont décidé d'entourer le site de représentations du tableau "Le cri" d'Edvard Munch, le symbole universel de... la terreur.

En Ukraine, autour de Tchernobyl, c'est toujours la mort et le maladie qui règnent en maîtres. "La population a diminué de moitié, notre terre est contaminée. Et on voit, encore aujourd'hui, beaucoup d'enfants malades, à l'hôpital. Nous détenons le record des opérations du coeur, des cancers, des tuberculoses.", déclarait à Télérama (16.07.08) Kateryna Dmytrivna Volovyk, préfète de la région de Poliské.
Mais bien sûr, il n'y a strictement aucun risque d'accident nucléaire chez nous, nous disent les défenseurs du nucléaire, on ne peut comparer la sécurité occidentale avec celle qui était de mise sous le régime soviétique!
A Tricastin en France, entre Montélimar et Orange, depuis l'été dernier (2008), les incidents et les révélations se succèdent chaque semaine: fuite d'uranium, salariés contaminés, nappe phréatique polluée, déchets radioactifs mal protégés.
Ce vendredi 7 novembre à 21h, Arte diffuse un téléfilm de François Luciani intitulé "Inéluctable": le test d'arrêt d'urgence d'un réacteur nucléaire menace de virer au remake français de Tchernobyl. Une fiction totalement invraisemblable? Elle est largement inspirée d'un rapport du très sérieux Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, et des incidents qui surviennent chaque année dans les centrales d'EDF...

En attendant, chez nous, le sémillant Ministre fédéral du Climat et de l'Energie, Paul Magnette (Ps), se tâte, mais on sent bien que les jeux sont faits: le nucléaire aura encore quelques beaux jours devant lui. Et après nous les mouches?

P.S. (c'est le cas de le dire): Quelqu'un peut-il éclairer ma lanterne? Dans un article de la Libre Belgique du 22 octobre dernier intitulé "Comment le PS tient la force atomique", un représentant socialiste estime, à propos de ce dossier nucléaire, que, si on se base sur ses positions dans ce dossier, "Ecolo est devenu un parti populiste". Et poursuit en affirmant que "on ne va certainement pas sombrer dans le populisme. D'ailleurs, si c'était le cas, nous arions déjà donné le feu vert à la poursuite du nucléaire: l'atome a le vent en poupe en ce moment". Donc, si on le suit bien, être contre le nucléaire, c'est être populiste. Et être pour aussi. Comprenne qui pourra...

RE-P.S.: Après avoir vu le téléfilm d'Arte cité plus haut, je suis totalement convaincu qu'avec le nucléaire nos vies reposent entre les mains d'apprentis-sorciers! C'est le terme qui me paraît le plus approprié. Mais nos bourgmestres ont l'immense courage de s'opposer à des éoliennes plutôt qu'à des centrales nucléaires...

Voir le dossier complet d'Etopia sur le nucléaire sur www.etopia.be/spip.php?article223

lundi 27 octobre 2008

Voler à tout prix ? Une pétition à ne pas signer!

Une pétition circule en ce moment sur le net. Je l'ai reçue signée d' "un contribuable, au nom de tous les vacanciers". Je suis (entre autres qualités dans ma vie) vacancier, mais je me désolidarise de cet appel qui ne peut être lancé "au nom de tous les vacanciers"...
Il s'adresse au "Cher(e) CONtribuable" (on commence en finesse!) et dit ceci: "Le budget de notre gouvernement prévoit l’implémentation d’une nouvelle taxe sur les tickets d’avion.
Cette taxe remontera à environ 10 à 50 euros par personnes. Le contribuable (ndlr: lequel?) est d’avis que cette pression supplémentaire sur le budget de milliers des vacanciers est injustifiable. Tous ensemble, nous voulons faire comprendre au gouvernement qu’il est nécessaire de revenir sur cette décision afin que tout le monde puisse continuer à partir en vacances (ndlr: "le contribuable" est-il bien sûr que tout le monde part déjà en vacances, et en avion qui plus est?).
Dès lors, poursuit le message, nous vous invitons à signer cette pétition en ligne contre la taxe sur le site web ci-dessous : http://www.stoplataxesurlesbilletsdavion.be ".

En fait, quand on se rend sur ce site, on se rend compte que cette pétition (non argumentée - je n'ai jamais vu un texte de pétition aussi lapidaire !) est portée, non par des contribuables, mais par le secteur lui-même: les compagnies d'aviation et les aéroports. Les pauvres, voilà qu'une menace de taxe leur tombe dessus! Visiblement, ces gens ne savent pas ce que sont les taxes, ils n'en ont pas l'habitude, contrairement à nous, communs des mortels. Ils sont plutôt habitués à recevoir des subventions par paquets. Faut-il rappeler qu'il n'y a aucune taxe sur les billets d'avion ni sur le kérosène? En y échappant, le secteur aérien peut se permettre de pratiquer des tarifs qui ne permettent pas à d'autres modes de déplacement - bien moins polluants pour certains - de soutenir la concurrence. Un comble en cette période! Est-il acceptable qu'on continue à aller passer une journée à Pise, à des prix totalement écrasés, pour le simple plaisir d'y manger une excellente pizza ou d'aller passer deux jours à Carcassonne parce qu'on a besoin de soleil?
Pourquoi le secteur aérien échapperait-il aux taxes que paient tous les autres secteurs économiques?
Ceci dit, dans une page "Opinion" de la Libre Belgique de ce jour, Jean-Yves Saliez, secrétaire général d'Inter-Environnement Wallonie, se réjouit "qu'un premier pas soit fait pour permettre de mieux orienter le choix du consommateur volant", mais trouve regrettable "que cette attention portée au secteur aérien soit déconnectée de toute vision stratégique et utilise en sus le faux prétexte d'une fiscalité verte." "L'objectif premier, estime-t-il, doit être une modification de la consommation du bien concerné et l'orientation du consommateur vers des alternatives durables. Pour ce faire, l'effet sur le prix doit être suffisamment significatif. D'autre part, les sommes issues de ce prélèvement doivent servir au développement des alternatives et/ou à un transfert global de la fiscalité sur les ressources. Or, aucune de ces conditions n'est ici réunie." C'est pourquoi il plaide pour un développement de ces alternatives et pour une TVA à 21% sur les billets d'avion comme c'est le cas actuellement pour les autres modes de transport.
Il constate aussi que "la Wallonie connaît une véritable explosion des émissions de gaz à effet de serre du secteur aérien, multipliées par 78 sur la période 1990-2005."
Au fond, le réchauffement climatique, ils en pensent quoi, les promoteurs de vols-à-tout-prix et les joyeux vacanciers lésés ? On a connu plus nobles combats! Le luxe avant l'avenir de la planète...? Ca vous a un petit air de "après nous, les mouches"...
Enfin, s'il est soutenu par le syndicat des vacanciers aériens, l'ultra-libéralisme souffrant a encore de beaux jours devant lui. Plus que la planète...?

P.S.: n'empêche, j'aimerais quand même savoir qui est "un contribuable" qui signe le premier message... Courage! Courage!


lundi 20 octobre 2008

Tous végétariens (2)

A l'occasion de l'ouverture de l'exposition "C'est notre terre" (1), la Libre Belgique (18.10.08) relève les chiffres suivants:
"Produire un kilo de protéines de viande de boeuf nécessite 200 m2 de terres alors qu'un kilo de protéines de soja n'en nécessite que 10 m2. Au total, les ingrédients utilisés pour la confection d'un hamburger ont nécessité 2400 litres d'eau, tandis que produire un litre de bière demande 25 litres d'eau.
Le transport de 500 gr de haricots frais du Kenya par avion contribuera à émettre 3 kilos de CO2.
Un kilo de raisins venus d'Afrique du Sud par ce même moyen de transport revient à libérer 7,2 kg de dioxyde de carbone dans l'atmosphère..."
On apprend également que la fabrication d'un t-shirt en coton demande pour sa part 2000 litres d'eau.
Donc, tous végétariens ET naturistes!

(1) à Tour et Taxis à Bruxelles jusqu'au 26 avril 2009

On vit une époque formidable!

Le capitalisme qui se prend les pieds dans son épaisse moquette, le pétrole qui vous a comme un goût de trop peu, la planète qui se réchauffe à toute allure... Tout cela est pour le moins perturbant, c'est vrai. Et si, plutôt que de s'affoler ou de se lamenter, on en faisait une opportunité? Pour changer radicalement de système, satisfaire uniquement nos vrais besoins, travailler dans un échange égalitaire, se définir des priorités et s'y attaquer.

Le WWF affirme aujourd'hui que les dernières études indiquent que le réchauffement climatique est et sera plus rapide et plus intense que prévu. On s'attend désormais à ce que le niveau des mers augmente d'1,20 m d'ici 2100 et que, en Belgique, les tempêtes et les inondations soient plus nombreuses. Et on ne vous parle pas de ce qui attend les habitants de Tuvalu et du Bangladesh... Le WWF en appelle à diminuer de 30 %, d'ici 2020, nos rejets de gaz à effet de serre , et ce sans compensation extérieure, uniquement sur le territoire européen.

Dans le Vif/l'Express du 10 octobre dernier, l'économiste Jacques Attali estimait que "si le dérèglement climatique s'accélérait aussi vite que s'est emballée la crise bancaire, des évolutions deviendraient, à partir d'un certain moment irréversibles: des centaines de millions de gens seraient contraints de déménager. La température pourrait augmenter tellement qu'une très grande partie de la planète deviendrait invivable; des phénomènes naturels entraîneraient des émissions massives de méthane, asphyxiant l'humanité. Il serait alors trop tard pour se lamenter de ne pas avoir écouté ceux qui ont prévenu et de ne pas avoir agi quand il était encore temps."

Le JT de la RTBF ce soir nous annonce que certains prévisionnistes estiment à 20 millions le nombre de chômeurs que provoquera dans l'année qui vient la crise financière actuelle.

Dans une page « Opinion » publiée dans la Libre Belgique (01.10.08), le prospectiviste Marc Halévy estime qu’une immense dépression est à nos portes. « C’est de survie au quotidien qu’il s’agit, écrit-il. Retour à l’essentiel. Retour au réel. La seule issue est la voie de la frugalité. En tout. L’humanité n’a guère le choix, ou bien elle devient vraiment frugale et assume le principe de réalité, ou bien elle s’enferme dans le principe de plaisir et elle mourra… comme la Bourse et les banques. »

Face à tous ces constats et à ces prévisions, les incantations de certains candidats en campagne sont pathétiques, témoignant d'une profonde surdité et d'une totale cécité par rapport à l'état de la planète et à l'avenir de ses habitants. La question n'est évidemment plus de sauver le nucléaire, de créer de nouvelles autoroutes, de s'opposer à des éoliennes ou de soutenir des promoteurs de centres commerciaux et de parcs d'attraction.
La question cruciale aujourd'hui est celle d'un autre Etat, d'une autre économie, plus solidaire, plus visionnaire, non gaspilleuse en eau, en énergie, en matières premières, en espaces. Donc, une économie qui se démarque totalement de ce capitalisme, dont les libéraux, les pseudo-humanistes et les socio-démocrates réunis sous le vocable Ps ont été et sont encore les porteurs de valises.
Le/la véritable homme/femme politique aujourd'hui sera celui/celle qui saura dire non, qui saura renverser la tendance de manière claire. Les décisons doivent être prises vite. L'avenir est entre les mains des politiques, mais aussi, et surtout, des électeurs. Y a quelqu'un?

jeudi 16 octobre 2008

Pendant la crise, les affaires continuent (mais jusque quand?)

Business as usual, malgré la grave crise financière que nous traversons (sera-ce une traversée du désert - et de quelle taille est-il? - ou du miroir?). On apprend que le promoteur du projet Snow Games à Lessines a entrepris les travaux de remblaiement d'une gigantesque carrière actuellement sous eau, pour y créer un parking pour 750 voitures. Sans rire, il nous explique que son "produit" (des pistes de ski sur neige artificielle) sera d'autant plus rentable que la crise sera importante. C'est le même architecte qui avait déjà affirmé que ses pistes de ski offriraient une belle alternative au moindre enneigement des stations alpines. Autrement dit: vive le réchauffement climatique, c'est tout bénéfice pour mon projet de beauf ! Le cynisme capitaliste, à défaut de beaux jours devant lui, a de la suffisance à revendre.
De son côté, le Ministre wallon de l'Aménagement du Territoire affirme que, coûte que coûte, il fera du projet Cora à Mouscron/Estaimpuis une réalité, malgré les avis négatifs du Conseil d'Etat qui donne raison aux riverains. Il est prêt à légiférer pour éviter ces empêcheurs d'investir en rond. Et voilà qu'on apprend que, face au site convoité par Cora, se créerait une autre grande zone commerciale, "pour répondre aux besoins des entreprises et aux demandes des consommateurs". Les consommateurs, c'est nous. Nous qui restons bien sûr demandeurs de prendre notre voiture pour aller acheter à plusieurs kilomètres de chez nous des produits de merde dont nous n'avons aucun besoin.
Le même ministre de l'Aménagement du Territoire a aussi dans ses fonctions (on n'oserait dire : dans ses compétences) les Transports. A ce titre, il déplore la décision du Gouvernement fédéral de taxer les billets d'avion. Le souci de l'économie capitaliste passe avant celui du réchauffement climatique et des économies d'énergie pour ce grand humaniste d'André Antoine.
Au niveau européen, certains pays, Pologne et Italie en tête, entendent remettre en question les engagements des 27 en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Il faut d'abord redresser l'économie, estiment-ils. Ces espèces de chevaux de trait qui avancent avec des oeillères, le regard sur leurs sabots, ne peuvent voir que cette économie a précisément montré toutes ces limites et ses dangers, qu'elle est à l'origine de l'étouffement de la planète, qu'il est urgentissime d'en changer et que les économies d'energie sont, justement l'un des moyens de limiter la casse. Le capitalisme a le front bas. (1)
Y a-t-il encore l'un ou l'autre pilote dans le bateau ivre dans lequel nous sommes embarqués?
Est-il rassurant de se dire que, à cause du réchauffement climatique, on ne risque pas de heurter un iceberg?
(1) Ils nous vendront la corde pour les pendre, disait Lénine, cité par Bernard Maris dans Charlie Hebdo de ce 15 octobre.
Le même Bernard Maris conclue son excellent article d'explication de la crise actuelle en constatant que "au nom de la crise, le Grenelle de l'environnement passe à la trappe. Or la crise écologique n'est qu'une conséquence de la crise financière, de la démesure, de la cupidité et de l'hubris des banquiers. La crise redistribue les cartes, mais le mistigri ira aux écolos."

lundi 6 octobre 2008

Les anti-éoliennes font beaucoup de vent

Difficile d'échapper aux opposants aux éoliennes en ce moment. Ce soir, déjà assez énervé par un sujet précédent (1), je fuis No Télé devant les arguments d'un anti-éolien de Leuze. Je zappe sur FR3 pour suivre les infos régionales. Et je tombe sur un sujet sur les anti-éoliens... J'ai coupé la télé.
Le Leuzois que j'ai esquivé estimait que les éoliennes coûtent une fortune à la collectivité en termes de certificats verts. S'insurge-t-il sur le coût bien plus ENORME des centrales nucléaires que nous payons tous? Parce que, aujourd'hui, d'un sujet à l'autre, un des arguments principaux de ceux qui s'opposent aux moulins à vent, c'est que ceux-ci rapportent de l'argent à quelques-uns. Je ne le conteste pas et j'admets volontiers que certains entrepreneurs ont flairé l'aubaine et espèrent installer des éoliennes un peu n'importe où. Mais les mêmes opposants n'ont jamais protesté, que je sache, contre Electrabel, gigantesque groupe privé très longtemps monopolitisque, qui s'est généré des bénéfices gargantuesques en nous faisant payer très cher son (notre) électricité nucléaire! Les nimbystes se découvrent, brusquement, des sentiments de protecteurs de la collectivité (pour un peu, on les croirait communistes - non, je rigole!) qui cachent mal leurs points de vue très personnels, très (trop) souvent réduits à l'esthétique. Les éoliennes gâchent leur paysage. Les mêmes ne se sont évidemment jamais demandé si leur maison est "belle", si les pylônes qui transportent l'électricité nucléaire sont élégants ou si l'avenir qu'ils espèrent pour les enfants (et ceux des autres) est lumineux.
Il faut dire qu'ils sentent bien qu'ils ont le soutien de leurs bourgmestres: ceux d'Antoing, de Brunehaut et de Tournai ont déposé un recours contre un projet d'éoliennes aux confins de leurs trois communes. "Il faut réfléchir", dit Pierre Wacquier, bourgmestre de Brunehaut, qui en veut bien chez lui, mais, désolé, "franchement, je ne vois pas où à Brunehaut. Notre territoire n'est pas bien grand." N'y voyez aucun nimbysme, bien sûr. D'autant qu'il "ne mène pas un combat contre les énergies renouvelables. Bien au contraire!" C'est pas que je ne veux pas, mais je ne peux pas! Son collègue tournaisien, Christian Massy, estime que "il n'y a pas le feu au lac, puisque la Wallonie a déjà dépassé les objectifs européens en matière d'énergie renouvelable." Manque de bol pour lui: trois jours après ces courageuses déclarations, l'Union européenne décidait de faire passer de 6 à 20% la part des énergies renouvelables. Le bourgmestre de Brunehaut va jusqu'à refuser le projet d'un agriculteur qui voudrait, grâce à une éolienne domestique de 18 m, produire l'électricité nécessaire à son entreprise agricole. Le bourgmestre s'y oppose, arguant de la proximité... d'une voie lente (attendue depuis plus de dix ans). On notera que le long de cette future voie lente s'élève depuis longtemps un pylône GSM au moins aussi haut.
Mais, on l'a compris, les bourgmestres, c'est comme les éoliennes: ça tourne avec le vent. Si des riverains sont contre, ils le sont aussi. Une voix, c'est toujours bon à prendre. Et le subjectif prend le dessus. On sent bien que ce n'est pas l'intérêt collectif qui compte, juste le sentiment de riverains qui trouvent qu'une éolienne "c'est pas beau" et que de ce fait leur maison va perdre de la valeur.
Dans "Le divorce français", le journaliste François de Closets pointe ces politiques qui suivent l'opinion publique: "C'est parce que le peuple peut se tromper que les élites doivent avoir le courage de prendre des décisions impopulaires. Si vous ne prenez pas de décision impopulaire, vous ne gouvernez pas."
Chez nous, ne cherchez pas "l'élite", elle se fond dans le peuple. Non aux éoliennes, mais oui au centre de glisse, soi-disant créateur d'emplois, gaspilleur d'eau, d'énergie et de nature et générateur de CO2. C'est qu'une élection, ça se mérite chaque jour!

(1) un ministre-présidents (je ne citerai pas son nom) serrant les mains de manifestants protestant contre le coût de la vie, comme s'il n'appartenait pas aux décideurs. Ahurissant, mais culotté, je m'incline!


Derrière leur auvent, et
dans un climat de réchauffement,
les bourgmestres d'Antoing et de Brunehaut
se sont associés,
Fini donc les ambiances électriques
c'est donc cela la vie en rose!

Je sais,
C'est rotor...mais j'en suis pale !

Et si on veut tout des Magnette tiser
Qu'on le fasse avec force 5 !

Skier fait, ( ce recours ) est
blanc de cohérence
comme neige au soleil.
Bon prince,
CO2 que je remet...
un bonnet...
d'âne.

Patrick A

jeudi 2 octobre 2008

Le dérideur

Marc Moulin est mort. Et Ahmadinejab, Kim Jong Il et Loukachenko sont vivants. La vie est mal faite!
Nous sommes nombreux à nous sentir "into the dark"...

lundi 29 septembre 2008

Tous végétariens!

Pour lutter contre le réchauffement climatique, devenez (au moins un tout petit peu) végétariens! C'est l'appel du président du GIEC, Rajendra Pachauri, colauréat du Prix Nobel de la Paix 2007: dans le Vif du 5 septembre, il affirme que "le cycle de la viande génère énorménent de gaz à effet de serre. Pensez aux déforestations nécessaires pour laisser pâturer le bétail et, surtout, aux énormes surfaces nécessaires pour produire leur alimentation. Pensez aux techniques de réfrigération, grandes consommatrices d'énergie. Pensez aux émanations de méthane dégagées par les animaux eux-mêmes. Manger moins de viande - je n'ai pas dit: y renoncer -, c'est beaucoup plus facile que supprimer les déplacements en voiture. C'est aussi un win-win. Chacun y gagne: l'individu, ne fût-ce que pour sa santé, et la planète. Une simple estimation: si chaque Flamand, dans votre pays, renonçait à la viande un jour par semaine, la moitié du chemin vers le respect des obligations de réduction des gaz à effet de serre pour l'échéance 2008-2012 serait accompli."
Wallons, ne vous sentez pas exemptés de l'appel! On peut très bien vivre sans viande! Un petit pet pour la vache, un grand pas pour l'humanité!

Rendez-nous Bart De Wever!

Vous avez remarqué? Depuis que la NVA a cessé de soutenir le gouvernement, la haute finance belge vacille... Bart, reviens-nous!
Et pendant ce temps-là, la RTBF surfe sur la crise: ce soir, son "édition spéciale" du JT a consacré au moins quarante minutes à la débâcle bancaire. En interrogeant de temps en temps un spécialiste: les petits épargnants belges doivent-ils s'inquiéter? Non, bien sûr, disent les experts! On sent bien que De Brigode est déçu. Qu'est-ce qu'il aimerait que ce soit la panique!
En attendant, qui c'est qui va la payer cette crise? Suivez mon regard... Je crains fort que ce ne soit pas les gros...

lundi 15 septembre 2008

Ma réponse à Tintin (qui chasse le yéti)

Sur son blog, Rudy Demotte réagit aux deux pages du Courrier de l'Escaut sur le HO et la WP.
Et, incroyable, nous sommes d'accord. Enfin... plus qu'un petit effort! De sa part, bien sûr.
Ci-dessous, son texte suivi de la réaction que je viens de lui adresser.

De Rudy Demotte

Le courrier de l'Escaut (ré)ouvre un débat sur la Wallonie Picarde. Sur la dénomination. Ouais...
Pour moi, cette question est mal posée. Ce qui compte, c'est le contenu.

Je vais d'ailleurs le publier sur mon Blog aujourd'hui. Ce contenu, c'est un projet de région. Un projet de tous et pour tous.

Ce projet décrit les attentes de ce bout de Wallonie pour ses habitants, ses entreprises, ses collectivités et associations pour les décades à venir. C'est un projet noble et digne de sens.

Et s'il fallait ouvrir un débat, j'aurais compris qu'il porte sur le contenu et les attentes des citoyens. Mais sur le nom?! C'est un peu comme dire "nom de Dieu!". Quelle futilité, si ce débat est désincarné du sens.

Tout ce projet n'est ni libéral, ni catholique ni socialiste, ni écolo. Ni associatif, ni institutionnel. Tous les acteurs de notre vie de terroir furent associés. Et c'est cela qui est important. Rien que cela.

La parole est donnée aux "pro et contra".

Un ex-député (aussi sec que le bois mort et vert dans sa fougue anti-tout) des alpes occidentales* épanche une bile caustique sur toute une page. Il n'aime pas le projet de "Rudy de eerste" (hi hi j'adore cette manière de se moquer du pouvoir). Grand bien lui fasse!

Un adage chinois dit "lorsque la lune est montrée du doigt à l'ignorant, celui-ci regarde le doigt". Ne regardez pas le doigt du Yéti des alpes occidentales, s.v.p.... ;-)

*(c'est sans doute là le nouveau nom qui lui tiendrait à cœur pour notre région)

De Michel Guilbert

Eh bien, Monsieur le Ministre, si vous m’avez bien lu, je ne vais sans doute pas vous surprendre, je suis bien d’accord avec vous : ce qui compte, c’est le contenu. Je n’ai jamais dit autre chose. Et je l’ai écrit : que le développement durable soit l’un des principes fondateurs de « notre » Wallonie picarde ne peut que me réjouir. Mais je suis du genre à ne pas me satisfaire de mots et à attendre d’eux qu’ils se traduisent dans la réalité. Et là, vous constaterez avec moi qu’il y a de quoi rester sur sa faim. Le Hainaut Occidental va-t-il devenir Picardialand avec ses centres de ski et ses greens de golf ? Les zonings et les grands centres commerciaux vont-ils continuer à se développer à travers notre région ? La crédibilité de la Wallonie picarde dépendra des décisions que vous serez amené à prendre par rapport à tous les projets qui se bousculent. Et je peux vous assurer que nous sommes nombreux à être en attente de réponses claires.
Parce que j’ai l’audace d’être critique et de rechercher la cohérence, vous me traitez d’anti-tout (c’est dur à entendre pour moi qui suis un homme de projets, mais soit, j’ai l’habitude – le critique a toujours tort). (Question : les bourgmestres qui s’opposent aux éoliennes sont-ils aussi des « anti-tout » ?) J’ose espérer que vous n‘êtes pas un pro-tout. On ne peut mener à la fois une politique de développement durable et accepter tous les projets néolibéraux sous le prétexte qu’ils créent de l’emploi. Donc, pensons autrement. Et bien plus, agissons autrement.
(Quant au débat sur le nom de la région, il est effectivement futile. Je me suis laissé piéger par le Courrier de l’Escaut qui avait pioché, sur mon blog, un texte où je fustigeais l’interdiction d’utiliser désormais l’appellation de Hainaut Occidental. Je ne suis pas un défenseur (quoi qu’affirme le titre du C.E.) de l’appellation H.O ., mais il se fait qu’elle est largement utilisée. Et qu’aucun ukase n’y peut rien.)
Enfin, je constate que vous aimez les proverbes. En voici un autre : la caque sent toujours le hareng. Pour l’instant, la Wallonie picarde sent toujours les années '60.
Bien à vous.
Michel Guilbert

Post-scriptum (non envoyé à R.Demotte): je suis quand même très déçu de lire que ce projet "n'est ni socialiste, ni écolo, ni associatif". Mais pas étonné.

samedi 13 septembre 2008

Hainaut Occidental ou Wallonie Picarde

Bon allez, une dernière fois, et puis on passe à autre chose!
A destination de tous "les imbéciles heureux qui sont nés quelque part" (1) (j'en suis).
Le Courrier de l'Escaut d'aujourd'hui consacre deux pleines pages à ce débat capital (!) pour notre avenir: Hainaut occidental ou Wallonie picarde, mettant en vis-à-vis mon texte précédent ("Je ne dois plus dire Hainaut occidental") et un texte de réflexion de Géry Eykerman, journaliste du Courrier de l'Escaut.
Dans son titre, le Courrier me fait dire ce que ne dit pas mon texte: je ne suis pas un défenseur de l'appellation Hainaut occidental, honnêtement, je m'en contrefous et je ne la justifie nulle part. (Dans l'absolu, peu me chaut le H.O.!) Mais je constate que cette appellation est intégrée dans quantité de noms d'organismes de notre sous-région (on peut encore dire cela, sous-région? Ou bien c'est dévalorisant, excommuniant ?) et qu'aucun ukase interdisant son utilisation n'arrivera, dans l'immédiat, à mettre tout le monde au pas et à éviter l'appellation H.O. Pour moi, ce qui est essentiel, c'est la cohérence et les valeurs défendues et je constate qu'on est, pour l'instant, uniquement dans la "com". Je l'ai dit dans d'autres textes, on change les mots, mais pas ce qu'il y a derrière. Ce qui me préoccupe, ce n'est pas le signifiant, c'est le signifié.
Les penseurs wallonpicards ont mis en tête de leur projet de région le concept de développement durable. Comme beaucoup d'autres, je m'en réjouis. Mais je constate aujourd'hui que le Gouvernement wallon et au moins quatre bourgmestres de l'ex-H.O. continuent à soutenir les projets de glisse à Lessines et à Maubray. D'autres soutiennent des projets de terrains de golf gigantesques. Et dans le même temps trois bourgmestres de Wallonie picarde (dont deux sont les mêmes) s'opposent - de manière extrêmement nymbiste, quoi qu'ils disent - à un projet d'éoliennes. Donc, sur le concept de développement durable, il me semble que nous sommes en droit d'être, pour le moins, très sceptiques.
Je suis tout à fait prêt à adhérer au concept de Wallonie picarde le jour où les valeurs qu'elle affirme vouloir porter deviendront réalité sur le plan social, culturel, environnemental, où on aura été au-delà des mots. Ce qui est tout le défi du travail politique. Pour l'instant, je constate que c'est l'économique et le souci immédiat de l'électeur qui continuent à mener la danse... Et j'ai bien compris que la charte WP signée par les bourgmestres a pour objectif de mettre en avant la nouvelle appellation. A savoir des mots. Les mots encore et toujours ...
Je ne trouve rien, dans le texte de Géry Eykerman, qui me démontre le contraire. Rien qui touche au fond. Il estime que H.O. rimerait avec Calimero et nous rappelle que Hainaut occidental serait une appellation par défaut. Jusqu'à preuve du contraire, nous sommes bien situés à l'ouest du Hainaut. Comme la région Centre est au centre du Hainaut et que le Namurois se trouve autour de Namur et le pays de Herve autour de la ville du même nom. Tout cela me paraît juste logique. Il parle d'espoir, d'accord. Mais les mêmes espoirs on pourrait les avoir au-delà de cette com' qui mène aujourd'hui le travail politique. Il faut travailler sur le sens et non sur les mots et les apparences.
Aujourd'hui, il est politiquement correct de dire Wallonie picarde. Soit. Certains ont déjà imaginé, comme le rappelle Géry Eykerman, de l'abréger en WAPI. Ca fait joyeux, rigolo et ça devrait être vendeur (ce qui semble être l'objectif prioritaire), ça vous a un petit côté Walibi qui collerait assez bien avec le projet Picardialand... (1)
Je fais une proposition de compromis: puisqu'on est en Belgique, où on ne craint décidément rien - et certainement pas le ridicule - on pourrait s'aligner sur l'exemple de la Communauté française que certains voulaient rebaptiser Communauté Wallonie-Bruxelles, et qui - du coup - est devenue Communauté française Wallonie-Bruxelles.
On pourrait appeler notre région Hainaut Occidental Wallonie Picarde (HOWP), mais pour que ça sonne mieux (WP est imprononçable), on pourrait inverser des lettres, ce qui nous donnerait WHOP. Donc, Wallonie Hainaut Occidental Picard(e). Voilà une idée qu'elle est bonne, non? Allez, Whop!

(1) Georges Brassens
(2) voir "Un vrai beau projet pour la Wallonie picarde", publié le 28 mai 2008

Post-scriptum: Je me souviens de cette vieille chanson d'Yves Simon (était-ce "Respirer, chanter"?) dans laquelle il dit: "Si d'un gouvernement à un autre gouvernement, nous n'avons pas changé notre façon de tendre la main, c'est qu'un autre gouvernement ne peut rien pour nous et qu'il n'est pas aussi important que cela qu'il ait changé". Si d'un nom de région à un autre, nous n'avons pas changé de politique, mais que nous nous réjouissons de ce changement de nom, c'est que nous sommes décidément bien naïfs.
Mais je suppose qu'Yves Simon doit être bien ringard aux yeux des post-modernes qui nous régentent...

lundi 8 septembre 2008

Je ne dois plus dire Hainaut Occidental

Je ne dois plus dire Hainaut Occidental. Je ne dois plus dire Hainaut Occidental. Je ne dois plus dire Hainaut Occidental. Je ne dois plus dire Hainaut Occidental. Je ne dois plus dire Hainaut Occidental. Je ne dois plus dire Hainaut Occidental. Je ne dois plus dire Hainaut Occidental. Je ne dois plus dire Hainaut Occidental. Je ne dois plus dire Hainaut Occidental. Je ne dois plus dire Hainaut Occidental.
Et je n’y arrive pas ! Mais j’ai des excuses : j’enseigne à la HELHO (la Haute Ecole Libre du Hainaut Occidental), j’ai des copains qui enseignent à la HEPHO (la Haute Ecole Provinciale du Hainaut Occidental), d’autres au Centre de formation permanente des classes moyennes du Hainaut Occidental. Ou encore à l’Institut provincial d’enseignement de promotion sociale du Hainaut Occidental. D’autres travaillent à Lire et Ecrire Hainaut Occidental ou à la MIRHO, la Mission Régionale du Hainaut Occidental pour l’Insertion et l’Emploi. Régulièrement, je reçois des infos de l’ACHO (l’Agence Culturelle du Hainaut Occidental) et je lis son magazine : « Culture H.O. ». Je reçois aussi des invitations de l’ARAHO (l’Association des Architectes du Hainaut Occidental). Le samedi, sur No Télé, je regarde « 7 jours H.O. », j’y ai vu un journaliste recevoir sur son plateau le représentant des Jeunesses Musicales du Hainaut Occidental. J’ai vu que le MR a une section régionale Hainaut Occidental, de même que la CGSP Cheminots, les Jeunes CSC, la CGSLB. Les Chambres de Commerce et d’Industrie de Tournai et Mouscron ont fusionné, voici quelques années, en CCIHO. Le Courrier de l'Escaut organise le Mérite Sportif du Hainaut Occidental. Et j’ai découvert l’existence des Amis diabétiques du Hainaut Occidental. Bref, j’ai beaucoup de mal à ne pas dire « Hainaut Occidental ».

Il y a quelques semaines, une étudiante m’a corrigé, me disant « Monsieur, on ne « peut » (sic) plus dire Hainaut Occidental ! » Je lui ai dit que je pensais bien qu’il n’y avait ni caméra ni micro dans la pièce où nous étions. Je le pensais sincèrement. Aujourd’hui, j’en suis moins sûr. Aujourd’hui, j’ai lu dans la presse que 15 bourgmestres sur 23 en Hainaut Occidental (oups ! ça vient encore de m’échapper !) s’étaient engagés, en jurant devant Rudy de Eerste, à ne plus utiliser que l’appellation Wallonie Picarde. Ils ont signé une charte d’ambassadeurs de la Wallonie Picarde. Et gare à celui qui ne se conformera pas aux ordres. Comme disait le journaliste de No Télé : « celui qui dira encore Hainaut Occidental se fera taper sur les doigts ». Et le ministre-président de la Région wallonne, grand mufti de la Wallonie Picarde, de confirmer : tout le monde doit utiliser cette nouvelle appellation et s’il reste quelques réticents, c’est qu’ils sont contre la modernité. Celui qui n’est pas avec moi est contre moi. J’ai déjà entendu cela quelque part…
Je ne sais plus quel représentant politique déclarait à No Télé (dans le même sujet) que le Hainaut Occidental, hier, c’était un cul-de-sac, mais que la Wallonie Picarde, c’est un carrefour. Ca devait être un (très) jeune, parce que je me souviens que quand je travaillais à la SIDEHO (c’était la Société Intercommunale de Développement Economique du Hainaut Occidental), celle-ci vantait la place de sa région « au cœur de l’Europe », dans une région carrefour…
Dans le Courrier de l’Escaut, Jean-Luc Crucke nous explique que « il s'agit pour la population de marquer une nette rupture avec un développement trop morcelé, trop disparate, trop inégal et de susciter un renouveau de cohésion, de vision, mais aussi de transformation ».
La population, je ne sais pas bien comment elle se situe dans ce bazar. Il me semblait que la référence au Hainaut Occidental avait été intégrée. A preuve, tous les sigles précités. En fait, je pense que la population a d'autres priorités que ces grandes opérations de com'. Mais je peux me tromper...
Entre nous, je ne sais pas trop à quoi rime ce changement de nom, parce que derrière les mots, je ne vois pas le soleil qui poudroie, juste la neige qui brilloie… Du Hainaut Occidental à la Wallonie Picarde, les mêmes politiques se poursuivent : des zonings (oups ! je voulais dire des zones d’activité économique), des pistes de ski, des terrains (en fait non, ce sont des greens) de golf, tous des projets des sixties. Je suppose que c’est de cette modernité là que parle le Président de toutes les Wallonie. Bon sang, mais c'est bien sûr, voilà pourquoi je ne suis pas moderne!
Récemment, une consoeur de Bruxelles m’a demandé où se trouvait la Wallonie Picarde, elle croyait que la région ici c’était le Hainaut Occidental. Je lui ai dit qu’elle ne se trompait pas. C’est un peu comme la côte belge qui s’appelle Vlaamse Kust. C’est toujours la même côte, mais en plus kust. Ici, lui ai-je dit, c’est toujours occidental mais en plus wallon. J’ai l’impression qu’elle n’a pas bien compris mes explications. Moi non plus. Et dans le même temps, je me sens, allez savoir pourquoi, moins wallon que jamais… Cette Wallonie Picarde, ça m’a tout l’air d’être un truc très wallon, non ? Très baron wallon. Mais bon, « il y a un affect », diagnostiquait à No Télé le Docteur Demotte. Alors, s’il y a un affect, je suppose que c’est bien.

Post-scriptum: Parmi tous les organismes qui ont intégré à leur nom celui du Hainaut Occidental, j'oubliais le CHOQ. Qui s'est adapté au nouveau nom de la région de manière pour le moins surprenante, puisque les quatre lettres signifient désormais: Contribuons à une Wallonie Picarde de Qualité. Donc, CHOQ avec un H comme Wallonie et un O comme Picarde. Et après cela, on s'étonnera que nos enfants ont une très mauvaise orthographe!

mardi 26 août 2008

L’équipe du Centre de Glisse engage le Docteur Coué de la politique

Anne Fourcade, l’architecte visionnaire (1), promotrice en cheffe du projet de Centre européen des Sports de Glisse, a agrandi son équipe, ralliant à sa cause le député-bourgmestre de Brunehaut. Pierre Wacquier ajoute désormais à ses mandats celui de VRP du Centre.

Dans Nord-Eclair du 18 juillet 2008, il s’engage clairement, choisissant son camp : celui des promoteurs. Et fustigeant les détracteurs, dénonçant « le théâtre des talentueux bonimenteurs ». Selon lui, « une solution a été trouvée pour le volet environnement » et « le développement durable (harmonie, équilibre entre le social, l’économique et l’environnement) est parfaitement respecté dans ce projet nouvelle mouture ». Il affirme que « concrètement, c’est un projet qui promotionne l’emploi, accorde à la collectivité des bénéfices importants, préserve l’environnement et la biodiversité ».
Il se garde bien de préciser en quoi ce projet gaspilleur de nature, d’eau et d’énergie et producteur de CO2, « accorde des bénéfices importants à la collectivité ». Quant à sa conviction que l’environnement et la biodiversité sont préservés, elle semble ne s’appuyer que sur les arguments des promoteurs. S’il avait lu les avis du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut, le résultat de l’étude d’incidences sur l’environnement (EIE), l’avis de la CRAT, la position d’Inter-Environnement Wallonie, celle de la CIAO, les courriers de la Région Nord – Pas de Calais, il constaterait que la quatrième version du projet ne règle en rien les problèmes suivants (liste non exhaustive !):
- Dans son avis remis en octobre 2007 devant le Conseil de Développement de Wallonie picarde, le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut (PNPE) estime le projet n’est pas compatible avec son plan de gestion ni avec la charte du Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut.
- Il considère que la réorientation du projet n’est que spatiale et semble marginale dans la mesure où le dimensionnement même du projet n’a pas été revu ; celui-ci reste difficilement compatible avec le site même et son environnement.
- Le PNPE constate que les forêts seront « lacérées » par 19 km de chemins de promenade éclairés et ainsi « transformées en un vulgaire espace vert de type parc urbain ».
- Il estime que les plans d’eau seront « dénaturés », que la fermeture complète du site créera une coupure pour la forêt de Flines et pour le territoire du PNPE, que les prélèvements d’eau seront très importants, alors que la préservation des eaux de surface et souterraines constitue un enjeu majeur.
- Le PNPE parle d’un « choc de culture sur la conception de la nature et de l’écosystème, de contresens scientifiques » et estime que ce projet est « en totale contradiction avec les principes du tourisme durable et du développement local ».
- La CRAT (Commission régionale de l’Aménagement du Territoire) constate (juillet 2007) que dans son EIE l’auteur de l’étude souligne que « Tant dans le projet initial que dans ses variantes, l’impact sur la faune et la flore reste important. (…) L’avant-projet ne préservait pas une série de sites pourtant d’un intérêt écologique très élevé. (…) De nombreux milieux (Bois du Fouage et Bois de Péronnes) subiraient des incidences importantes.
Dans l’avant-projet ou dans sa variante, la faune serait perturbée par la destruction d’une partie de son habitat et par la fréquentation du site. Même dans le meilleur des cas, c’est-à-dire la variante, les incidences seraient très fortes.
L’auteur de l’étude résume ainsi les perturbations : « L’inscription de zones de loisirs autour du Grand Large affectera de manière significative les biotopes présents dont l’intérêt est important à l’échelle locale, régionale et européenne » (partie D de la deuxième phase de l’étude d’incidences, page 113, juillet 2007).
- La CRAT souligne également que l’assainissement des eaux usées (6000 équivalents-habitants) nécessitera une augmentation de la capacité de la future station d’épuration de Hollain. Le coût de l’assainissement reste à évaluer. La section s’interroge également quant à la faisabilité technique du raccordement du projet, la station étant située au-delà de l’Escaut.
- La CRAT constate le caractère extrêmement énergivore du projet qui rejetterait de 9.535 à 11.868 tonnes de CO2 par an, ce qui représente 0,023 % du total wallon alors que la région s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effets de serre.
Par ailleurs, la mobilité que le projet va accroître contribue également à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
- Elle se pose de nombreuses questions quant aux modes de déplacements et aux cheminements à l’intérieur même du projet.
- La CRAT attire l’attention sur la problématique des compensations.
Selon elle , il y a confusion entre les compensations alternatives et des charges urbanistiques liées au permis d’urbanisme. Elle insiste sur la nécessité pour le Gouvernement de fixer un cadre juridique aux compensations alternatives afin d’une part d’éviter tout arbitraire et d’autre part, de régler les problèmes de plus et de moins-values foncières.
La liste des critiques pourrait être bien plus longue encore, mais elle suffit déjà à démontrer que, contrairement à ce qu’affirme le docteur Coué de la politique, le développement durable n’est pas « parfaitement respecté »… Dans le Courrier de l’Escaut du 18 juillet, Pierre Wacquier affirme que « les promoteurs ont à chaque fois apporté des solutions aux problèmes qui étaient soulevés ». On ne peut que l’inviter à soumettre la liste ci-dessus à ses amis promoteurs. Qui feraient bien d’y répondre, sous peine de passer pour de piètres « boni-menteurs »…

« Arrêtons de diaboliser et stigmatiser ce projet avant même qu’il n’ait vu le jour », exhorte Pierre Wacquier. Là, c’est le VRP qui s’exprime, oubliant que le bourgmestre qu’il est aussi vient de s’opposer à un projet de quelques éoliennes avant qu’elles ne puissent être plantées… Ce n’est en tout cas pas le député wallon qui pourrait refuser que l’on critique un projet avant qu’il devienne réalité, puisque la Région wallonne a – très logiquement - prévu une procédure d’étude d’incidences sur l’environnement pour des projets de ce type. Suivie d’une procédure d’avis de diverses instances. Et c’est précisément sur les résultats de cette EIE que s’appuient la CRAT, les deux parcs naturels, Inter-Environnement Wallonie, la CIAO, Climat et Justice Sociale, etc. pour critiquer ce projet. La logique wacquiérienne voudrait-elle donc qu’on ne puisse critiquer un projet qu’une fois qu’il est devenu réalité ? C’est-à-dire quand il est trop tard ? Curieuse conception de la démocratie ! Et de la logique tout court : doit-on, selon lui, agir, puis réfléchir… ? Considère-t-il que la nouvelle étude d’incidences demandée par le Gouvernement wallon est inutile ?

« Soyons pragmatiques et rationnels », demande-t-il (2). Mais c’est précisément sur des éléments rationnels que s’appuient, pragmatiquement, tous ceux qui critiquent ce projet : l’analyse effectuée par les techniciens du Parc Naturel, les résultats de l’EIE et l’avis de la CRAT.
Mais on sera rassuré d’apprendre que le bourgmestre de Brunehaut sera « attentif au rôle que tiendra le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut » (3). Comprenne qui pourra…

Dans « La politique de l’escargot », Paul Ariès, écrit que « La déconstruction du sarkozysme réellement existant suppose une rupture d’avec ce qui caractérise la dimension anthropologique de l’humain au sein des sociétés capitalistes et productivistes. Les gauches ont trop longtemps considéré qu’elles pouvaient faire l’impasse sur ces grands invariants de notre époque. En défendant le « plein emploi », elles évitaient ainsi de s’interroger sur ce que l’on continuait à produire. En revendiquant le droit à la consommation, elles ne remettaient pas en cause le mode de vie capitaliste. Nous avons payé beaucoup trop cher cet aveuglement pour ne pas être attentifs aux multiples résistances de ceux qui aspirent à une vie meilleure et déjà à une plus grande compréhension de ce qui nous tue. » (in Le Sarkophage, 12.07.2008)
Dans le même journal, l’économiste Geneviève Azam estime que « l’abondance de discours et de postures (à propos de la crise écologique) cache mal la vacuité des mesures prises par les instances politiques actuellement en place et l’absence de projets politiques alternatifs. Avec, en prime, une banalisation à force de formules creuses et une fuite en avant dans les politiques néolibérales qui se nourrissent des situations de panique qu’elles ont elles-mêmes créées ». Elle poursuit sa réflexion avec ces « questions politiques fondamentales: que produisons-nous, pour qui, comment le produisons-nous, comment répartissons-nous la richesse produite, quelles sont les instances de décision, quelle coopération internationale ? ».

En mars dernier, quittant sa fonction d'administrateur général de la FGTB wallonne, Jean-Claude Vandemeeren estimait que "il y a un problème de la gauche dans toute l'Europe, qui dès l'instant où elle s'inscrit dans la logique du système capitaliste dominant, a du mal à assumer ses choix. Le socialisme n'ose plus véritablement contester le système. Il se contente d'une ligne défensive, tente de limiter les dégâts dans une Europe capitaliste. (...) Au niveau wallon, ajoute-t-il, c'est encore plus grave. On est dans une situation économique assez catastrophique. On a donc besoin d'un capitalisme dynamique. Et dès lors, le PS a peur de le gêner, il lui fait confiance, lui accorde des cadeaux. »

Le projet de « centre de glisse » participe pleinement de ces politiques néolibérales avaleuses de l’air du temps qui arrivent d’autant plus facilement à faire passer des vessies pour des lanternes qu’elles trouvent non seulement bien peu d’opposants à leur développement, mais aussi beaucoup de thuriféraires de leurs projets, y compris dans des partis qui s’affirment de gauche.
Il est urgent que le politique (re)prenne la main sur l’économique plutôt que d’en jouer les porteurs de valise.

(1) un visionnaire, c’est quelqu’un qui a des visions…
(2) réveillant ainsi un vieux slogan du Ps : « Soyons positifs et concrets », un slogan qui résonne curieusement par rapport aux réflexions reproduites dans ce texte.
(3) Le Courrier de l’Escaut, 18.07.2008

lundi 18 août 2008

Immuable Wallonie!

Ainsi donc, « ils » l’ont fait ! Ainsi donc, ils l’ont « eue » ! Le Gouvernement wallon s’est débarrassé de Danielle Sarlet, sa directrice générale en charge de l’Aménagement du Territoire, du Logement, du Patrimoine et de l’Energie (la DGATLP).
C’est que depuis longtemps, cette directrice hérissait ces messieurs du Gouvernement et du Parlement.
Elle avait le grand tort de ne pas être aux ordres, de se conduire de manière critique et indépendante, de faire appliquer les règles, de rechercher la cohérence. Une « erreur » d’attitude qui ne colle pas avec la culture wallonne de l’arrangement à la petite semaine, du clientélisme, de l’embrouille et du double langage.
Son éviction, malgré vingt-deux années d’excellents et loyaux services, malgré la réussite d’épreuves organisée par le Selor, est une suite logique de toutes les attaques dont elle fut l’objet. En Commission parlementaire de l’Aménagement du Territoire, je me souviens des critiques acerbes à son égard, frisant l’insulte, de collègues parlementaires des trois familles traditionnelles. C’est que ces députés-municipalistes (1) estiment que les règles sont faites pour être contournées et ne peuvent en tout cas pas les empêcher de satisfaire leurs électeurs-clients.
André Antoine, grand défenseur de la cohérence de l’aménagement du territoire quand il était dans l’opposition, s’est mué en ministre laxiste, plus libéral que les Réformateurs. Membre du gouvernement, il a d’emblée créé SA « Cellule de Développement territorial », chargée de piloter les projets jugés prioritaires en matière d’aménagement du territoire : tronçons autoroutiers, aéroports régionaux, circuit moto, pistes de ski… Des projets d’une autre époque qu’il soustrayait ainsi à l’analyse critique de l’administration. Mais cette mise sur la touche de Danielle Sarlet ne lui suffisait visiblement pas : il s’en est maintenant débarrassée officiellement avec la complicité de l’ensemble du Gouvernement wallon.
Décidément, la compétence et l’intelligence dérangent en Wallonie… Qui oserait encore affirmer que celle-ci est vraiment entrée dans le XXIe siècle?
Personnellement, je ne me suis jamais senti wallon. Plus que jamais, je me sens apatride dans ma propre région.

Voir le site de soutien à Danielle Sarlet : www.vieillechaussette.be

(1) En juin 2004, un député wallon sur deux était aussi bourgmestre ou échevin. « Une proportion jamais vue » (La Libre Belgique, 27.07.04)

mercredi 28 mai 2008

Une pétition à signer - Nous sommes tous des crapules

Suite à la triste actualité récente des sans-papiers (répression de manif, liste noire Brussels Airlines....), une belle initiative de la Revue Nouvelle.

Vous pouvez retrouver le texte ci-dessous et la pétition et signer en ligne sur :

http://www.revuenouvelle.be/article.php3?id_article=913

Nous sommes des crapules…

"Certes, ce n'est pas de gaieté de cœur que nous avons recours à ce langage peu châtié, mais nous nous sentons tout à fait à notre place dans la confrérie des insultés inaugurée lors de la manifestation des sans-papiers, à Bruxelles, le 29 avril, alors qu'un avocat qui s'inquiétait du droit des étrangers s'est vu traité de crapule qui défend des crapules par un représentant de la police. Ce serait un honneur, vraiment, d'y figurer.

Comme ce serait un privilège également, de faire partie de la liste noire établie par Brussels Airlines, aux côtés de Serge Ngajui Fosso, qui a mérité cette place après s'être insurgé contre l'expulsion violente d'un non-Belge (si l'on veut bien considérer qu'essayer d'étouffer un expulsé récalcitrant pour le refouler tranquillement n'est pas de la plus extrême douceur, merci)."

La suite de cet excellent texte de Véronique Wautier sur le site cité ci-dessus. La pétition s'y trouve aussi.

Un vrai beau projet pour la Wallonie picarde!

On ne sait plus, aujourd'hui, où donner de la tête! Tant les projets d'activités sportives, touristiques et de délassement se bousculent en Hainaut Occidental - Wallonie Picarde. On sait depuis quelques années que la région la plus plate de Wallonie mise sur la neige artificielle: on pratique le ski à Comines depuis près de dix ans et, bientôt, on pourra faire de même à Lessines. Et sans doute aussi à Maubray (Antoing).
Voilà à présent que l'on apprend que les projets de terrains de golf se multiplient eux aussi: à Maubray, à Molenbaix, à Rumillies.
La Wallonie picarde est à peine fondée qu'elle a déjà trouvé sa vocation: celle de terrain de jeux entre Lille et Bruxelles.
On peut imaginer que le grand rassembleur qu'est Rudy Demotte va, dans un élan consensuel dont il a le secret, tenter - c'est à la mode - de créer des synergies entre tous ces projets.
Je me permets de lui faire cette suggestion d'un projet rassembleur: transformons la Wallonie picarde en un grand et unique parc d'attraction, Picardialand, qui s'étendrait de Comines à Enghien, de Flobecq à Bernissart. Son slogan: "Picardialand, le plaisir à l'état pur". Le Ministre fédéral du Climat et de l'Energie n'a-t-il pas déclaré récemment - à propos du projet de centre des sports de glisse de Maubray - que le "principe de plaisir doit pouvoir autoriser certaines formes"?
Les formes, les voici.
Les clôtures seront placées tout autour du Hainaut Occidental, les visiteurs n'auront qu'à payer une seule fois leur entrée sur le territoire de notre beau pays. Une fois à l'intérieur, ils ne sauront où donner de la tête, tant les attractions seront multiples.
A Aubechies, c'est une plongée dans la préhistoire qui est déjà proposée aux visiteurs; à Tournai, Lessines et Ath, dans l'histoire; à FuturX à Mouscron dans l'avenir. A Cambron-Casteau, Paradisio permet de découvrir la faune de tous les coins de la planète. Mais tous ces sites ne sont rien face aux projets à développer!
Outre celles de Comines, de Maubray et de Lessines, des pistes de ski seront créées à Mouscron, Saint-Léger, Pecq, Pottes, Mont de l'Enclus, Velaines, Mont Saint-Aubert, Ere, Bruyelle, Baugnies, Pipaix, Grandmetz, Mainvault et Papignies. De la sorte, les skieurs - sans jamais devoir déchausser - pourront traverser de part en part l'ensemble de la Wallonie picarde qui deviendrait un domaine skiable sans équivalent au monde.
Les greens de Molenbaix, Rumillies et Maubray seraient eux aussi joints pour créer le plus vaste terrain de golf de la planète.
La plongée et le ski nautique pourront être pratiqués dans et sur les innombrables plans d'eau que sont devenues les carrières abandonnées en Tournaisis, dans le Pays blanc et dans la région de Lessines. Les jet-skis circuleront sur les marais d'Harchies. On fera du rafting sur le canal de l'Espierre. Du quad et du 4x4 dans le Pays des Collines.
A Bernissart - où sera créé un gigantesque Picarsic Park - les visiteurs pourront s'essayer au maniement d'excavatrices pour fouiller le sol à la recherche de squelettes d'iguanodons. Au château d'Antoing, ce sont des pièces d'or que pourront rechercher les joyeux vacanciers (avec obligation, cela va sans dire - mais mieux en le disant - de remettre les éventuels trésors découverts au maître incontesté des lieux, sa majesté des Neiges).
Dans les bois d'Howardries et de Ligne, dans les forêts de Bonsecours et de Beloeil seront construites des cabanes par centaines et on les appellera cottages. Les touristes y passeront la nuit en pleine nature. A Laplaigne, on fera la chasse au canard. A Lesdain, on pourra cueillir des fraises (et même les sucrer!).
Les habitants du Hainaut Occidental seront baptisés Indiens ou Gaulois. Nerviens, peut-être? Assis devant leurs chaumières, ils vendront des produits de leur terroir aux visiteurs venus de tous les coins d'Europe: bières Bush, pralines au boudin, galettes de betterave...
Dans le pays des Collines, toutes les femmes seront habillées en sorcières et les hommes devront avoir l'air de vrais paysans. A Comines, Lessines et Maubray, les hommes seront moniteurs de ski, bronzés et dragueurs. A Thimougies, on reconstruira le moulin et les hommes se promèneront couverts de farine.
De vastes estaminets seront ouverts dans chaque brasserie: à Templeuve, à Brunehaut, à Pipaix, à Tourpes, à Blaton, à Silly, à Ellezelles... A Fontenoy, c'est un grand pub irlandais qui s'ouvrira.

Ce beau projet s'inscrit - c'est une évidence! - dans une perspective de développement durable.
Car c'est bien ce concept qui est le ciment de la Wallonie Picarde. Comme la neige. Et le golf. Et tout ce que vous voulez. Tout fait farine au moulin, comme on dit à Thimougies.

mardi 29 avril 2008

L'anonymat d'Internet

Il y a peu, je me plaignais ici-même (je sais, c'est ce que je fais le mieux, inutile de me l'écrire, j'en suis bien conscient), dans un texte intitulé "Les roquets d'Internet", de ces "courageux anonymes" qui pullulent sur Internet où ils ont mille déclarations à faire, toutes plus intéressantes les unes que les autres bien sûr, mais sans jamais les signer de leur nom. Et je déplorais cette pleutrerie. Ce 23 avril, dans Charlie Hebdo, je me découvre une "alliée" de renom et de grand talent, en la personne d"Amélie Nothomb. Sous le titre "Habeas Corpus", elle écrit notamment ceci: "Signer un texte, un article, un message de son nom, c'est produire son corps comme garantie de ce que l'on écrit. On n'a pas le droit d'écrire n'importe quoi, pour ce motif que l'on porte un nom, et que ce nom représente notre corps. Sur Internet, le corps est le grand absent. Il n'y a pas de plus vertigineuse impunité potentielle que l'absence du corps. L'anonymat n'est rien d'autre que la représentation verbale de l'absence du corps. Tout texte courageux et juste comporte une signature. (...) Il n'est pas question ici de la totalité d'Internet, poursuit Amélie Nothomb, mais de l'univers des blogs et assimilés. En attendant que ce juriste ou que cet internaute de génie trouve une solution, on ne peut rien faire d'autre qu'inciter les explorateurs d'Internet à la plus grande vigilance vis-à-vis de cet habeas corpus à échelle lexicale : la signature. Un message qui ne comporte pas de signature digne de ce nom doit être tenu pour inexistant."
J'imagine que, comme tout personnage public, Amélie Nothomb a reçu et reçoit des lettres de "courageux anonymes". Personnellement, comme présentateur télé d'abord, comme parlementaire ensuite, j'ai reçu de nombreuses lettres d'injures, toujours anonymes évidemment. Parfois, l'auteur du courrier tient à apposer des initiales qui ne permettent évidemment pas de l'identifier, mais qui - sans doute - le mettent en paix avec sa conscience. La plupart du temps, dès que je me rends compte qu'un courrier n'est pas signé, qu'il soit injurieux ou non, je le jette à la poubelle, sans le lire plus avant. J'agis de même sur Internet. Qu'il s'agisse de réactions sur ce blog ou de messages lus sur d'autres sites, le moindre "Zorglub", "Capitaine Haddock" et autre "Ornicar" m'invite à cliquer outre...
Michel Guilbert

samedi 12 avril 2008

Magnette et le plaisir

Gardons au plaisir ses droits! C'est en substance ce qu'a déclaré notre sémillant Ministre fédéral du Climat et de l'Energie, interrogé cette semaine à la Chambre sur sa position vis-à-vis du projet de centre de glisse de Maubray.
Le député Jean-Luc Crucke (MR) interpellait cette semaine le "ministre garant du caractère durable des choses, de l'Énergie mais aussi de la protection quant aux dégâts futurs sur le climat". "Ce type de mégaprojet, lui demandait-il, a-t-il un sens lorsque l'on parle de développement durable? Répond-il à ces critères?"
Le Ministre Magnette, prudentissime, a affirmé que "les meilleurs compromis possibles doivent être trouvés" en matière de développement durable, renvoyant la balle vers ses ex- et brefs collègues du Gouvernement wallon.
Pressé par Crucke à s'engager plus, le ministre a reconnu qu' "il y a dans l'idée même de ce type d'infrastructure quelque chose de choquant. La reproduction d'un climat de type tropical ou de microclimats contraires à notre propre climat et le bilan énergétique et carbone de ce type de projet présentent des éléments choquants. Néanmoins, a-t-il ajouté, je me pose la question de principe: devons-nous, dans notre effort de développement durable aller jusqu'à une forme de jansénisme en interdisant ou refusant tout ce qui serait contraire? De même, lorsqu'on mange et qu'on essaie d'avoir une alimentation équilibrée, cela ne peut empêcher certains jours de se taper "un bon vieux satcho andalouse". Le principe de plaisir doit, à certains moments, pouvoir autoriser certaines formes sans oublier les retombées économiques."
La messe était ainsi dite. Le droit au plaisir et le soutien au (à un certain type de) développement économique doivent primer. (On notera au passage que cette nouvelle figure du PS a rapidement intégré les valeurs premières de son parti!) Comme si n'existaient pas des formes de plaisir respectueuses des principes du développement durable. Comme si le plaisir devait "fatalement" en passer par des consommations gigantesques d'eau, d'énergie, d'espaces naturels. Comme s'il n'était de plaisir que consommatoire.
La grand messe du Printemps de l'Environnement, que le même ministre entend lancer dès la semaine prochaine, apparaît, un peu plus, comme une belle opération de communication, déjà vide de toute volonté politique. Ce Printemps s'annonce très éolien: il ne produira que du vent. Les participants potentiels feraient mieux d'aller skier ou nager en piscine tropicale, bref, prendre du plaisir. De facto, avec ses propos, le ministre en a ôté toute crédibilité. Au moins, fera-t-il ainsi de substantielles économies d'énergie (gesticulatoire notamment)...

samedi 5 avril 2008

Au royaume d'Ubu, le MET est roi

Sensibiliser les citoyens à leurs responsabilités en matière d'épandage de déchets est un acte inadmissible selon l'incompréhensible raisonnement du MET (l'inénarrable Ministère de l'Equipement et des Transports en Région wallonne, qui a toujours fonctionné selon une logique et des règles qui lui sont propres).
La section Ecolo de Beloeil avait planté à un carrefour de la localité un arbre à déchets: les détritus trouvés sur place avaient été accrochés aux branches pour matérialiser l'attitude scandaleuse et polluante de bon nombre d'automobilistes, de cyclistes et autres piétons qui préférent jeter leurs déchets là où ils passent plutôt que de les mettre à la poubelle ou, mieux, de les trier et de les recycler. L'action visait clairement à responsabiliser chacun.
Mais le MET a dû se sentir visé et s'est gratté là où ça le chatouille: il a adressé un procès-verbal à Ecolo, lui enjoignant de s'acquitter d'une amende de 33,31 euros pour l'enlèvement des déchets. On a bien compris que les déchets se trouvaient déjà sur place et que l'action ne visait qu'à les rendre plus visibles.
Moralité, selon la logique du MET: continuez à jeter vos déchets par les fenêtres de vos voitures, mais faites le discrètement. Après les décisions du MET on se pose la même question qu'après les déclarations de son ministre de tutelle: faut-il pleurer, faut-il en rire?

dimanche 30 mars 2008

L'économie a toujours raison 2

Pourquoi il faut absolument s'opposer au projet de centre de glisse et à tout autre projet de ce type, totalement contraire au développement durable*:

- parce que ce sont les mêmes qui entendent s'approprier la terre pour en faire de l'argent, que ce soit ici ou dans la forêt amazonienne;
- parce que seul compte pour eux le profit, même s'ils le déguisent sous de vertueuses mais fallacieuses volontés de créer de l'emploi ou de respecter l'environnement;
- parce qu'ils n'ont que mépris pour les populations concernées, l'avenir de la planète, les économies d'énergie et tout ce qui pourrait freiner leur voracité;
- parce que ce type de projet est non seulement anti-naturel, mais surtout anti-culturel, dépourvu de "sens" et destructeur de territoires autant que de liens sociaux;
- parce qu'il est basé sur une conception d'exploitation et d'enfermement d'un territoire plutôt que sur des notions d'ouverture, de respect et de mise en valeur;
- parce que les politiques concernés (certains "responsables" politiques du moins) n'ont aucun courage politique et surtout pas l'audace de s'opposer à ces investisseurs aux dents longues et s'avèrent incapables de la moindre créativité et de la plus petite once d'imagination;
- parce que ce sont les mêmes politiques qui sont capables de rendre hommage à Che Guevara et de faire des courbettes devant ces pontes d'un capitalisme plus suffisant que jamais, yesmen constamment en quête du consensus mou, de l'assise entre deux chaises;
- parce qu'il faut bien être d'autant plus critique qu'eux ne le sont pas;
- parce que les promoteurs de ce projet de centre de glisse sont incapables de débattre, se contentant d'attaques ad hominem plutôt que de discuter d'idées: "vous êtes venus en voiture, donc ne nous reprochez pas un projet qui se base sur l'utilisation de la voiture individuelle" - "vous n'êtes pas de Clochermerle, donc vous n'avez pas à donner votre avis sur ce projet "européen". Pauvres arguments de débatteurs impuissants, incapables de développer une argumentation de fond, d'opposer des concepts à d'autres, de répondre à une analyse scientifique.

Dans la Libre Belgique de ce 29 mars, Jean-Claude Vandemeeren, qui quitte ses fonctions d'administrateur général de la FGTB wallonne, estime que "il y a un problème de la gauche dans toute l'Europe, qui dès l'instant où elle s'inscrit dans la logique du système capitaliste dominant, a du mal à assumer ses choix. Le socialisme n'ose plus véritablement contester le système. Il se contente d'une ligne défensive, tente de limiter les dégâts dans une Europe capitaliste. (...) Au niveau wallon, ajoute-t-il, c'est encore plus grave. On est dans une situation économique assez catastrophique. On a donc besoin d'un capitalisme dynamique. Et dès lors, le PS a peur de le gêner, il lui fait confiance, lui accorde des cadeaux."

Dans le quatrième et dernier tome de "Son combat ordinaire" ("Planter des clous"), Manu Larcenet fait dire à un de ses personnages: "si la loi autorise les patrons à aller planter des usines dans le tiers-monde, il faut être un sacré hypocrite - ou un socialiste - pour s'offusquer qu'ils le fassent dans les faits".
Ce sont les mêmes patrons qui délocalisent pour remplir un peu plus les poches de leurs actionnaires et s'offrir des parachutes dorés et qui "localisent", chez nous ou ailleurs, des parcs fondés sur un concept dépassé de profit, de luxe et de gaspillage.
"Planter des clous" (Dargaud) évoque le temps des désillusions, du désenchantement, celui du triomphe des cyniques, des je-m'en-foutistes, des ultralibéraux. Heureusement, il y a les enfants, les nôtres, les autres, à qui on promet qu'on fera tout ce qu'on peut encore pour qu'il y ait toujours des hirondelles et des écureuils.

* je sais, c'est un peu obsessionnel chez moi, mais j'assume! Pour en savoir plus, voir www.c-i-a-o.eu