(1) "En 2020, les flux migratoires ont brutalement chuté", La Nouvelle République, 29.10.2021.
(2) "Autre jour", La Nouvelle République, 29.10.2021.
(Re)lire sur ce blog "Le pain des Français", 16.10.2021.
Quelques réflexions humeuristiques de Michel GUILBERT sur la vie politique, sociale et culturelle de Belgique, de France et d'ailleurs. De modestes contributions à une tentative de rupture des pensées uniques. Une expression personnelle pour éviter l'ulcère... Mon autre blog: https://michelguilbert.blogspot.fr
(1) "En 2020, les flux migratoires ont brutalement chuté", La Nouvelle République, 29.10.2021.
(2) "Autre jour", La Nouvelle République, 29.10.2021.
(Re)lire sur ce blog "Le pain des Français", 16.10.2021.
Dans une séquence d'un journal télévisé consacrée à cette hausse des prix, une femme explique que, pour faire face à l'augmentation des tarifs du gaz, les membres de sa famille se voient obligés de diminuer la température ambiante demandée, de porter un pull plutôt que de vivre en t-shirt, de ne chauffer la salle de bains qu'au moment de son utilisation et de ne plus chauffer les chambres. Bref, cette famille découvre le b.a-ba de l'utilisation rationnelle de l'énergie. Dans le même temps, le Ministre français de l'Economie se réjouit de voir la croissance repartir à la hausse et remercie ses compatriotes de consommer autant. Et tant pis si cette croissance s'apparente à un suicide programmé. Le gouvernement et une large partie de la classe politique et économique entendent relancer le programme nucléaire pour répondre à la forte hausse attendue de la consommation d'énergie. Il s'agit de répondre à la demande. Produire toujours plus pour pouvoir consommer toujours plus. Ou consommer toujours plus pour justifier une production sans cesse croissante. Tous les appels au changement radical de mode de vie lancés lors du premier confinement n'ont pas été entendus. L'Homme est un animal sourd et têtu.
La Ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, affirme cependant la nécessité de "baisser de 40% notre consommation d’énergie”. L'association négaWatt invite à la sobriété et propose dans un récent rapport (1) “d’augmenter le prix de l’aérien, d’interdire progressivement l’ensemble des vols intérieurs lorsqu'une alternative ferroviaire existe, de mettre fin aux ventes de véhicules diesels et essences au plus tard en 2035” ou encore de “réduire la vitesse maximale autorisée sur autoroute à 110 km/h”. La limitation de vitesses ne plaît pas en France. “C’est une mesure qui semble impopulaire et semble être une atteinte aux libertés, mais il faut la voir autrement”, répond Yves Marignac, chef du Pôle énergies nucléaire et fossiles et l’un des auteurs de négaWatt 2022. “Ce qui est encore plus impopulaire que la réduction de vitesse, c’est la pollution, la circulation accrue, les embouteillages, et les accidents mortels”. Pour négaWatt, écrit le HuffPost, limiter la vitesse permet à la fois de réduire la pollution - qui provoque chaque année 50.000 décès prématurés en France - et de diminuer les dangers de la conduite. Reste que pour inciter à un changement de mode de locomotion, les pouvoirs publics devraient développer d'urgence une nouvelle politique de transport en commun et soutenir l'usage du vélo qui n'est pratiqué, dans trop de campagnes, que le dimanche. Et pour mener ces politiques, taxer beaucoup plus les producteurs d'énergie. A l'heure où on nous annonce que la hausse des prix de l'énergie se poursuivra au moins jusqu'au printemps 2022, le groupe Total a vu ses bénéfices multipliés par vingt-trois. L'Homme, cet animal aveugle, peut-il considérer qu'il s'agit là d'une bonne nouvelle?
A lire: le numéro spécial du Courrier international consacré au climat. "L'avenir nous appartient - Comment lutter contre le dérèglement climatique, de façon individuelle et collective, 28.10.2021.
En janvier dernier, un boulanger de Besançon a entamé une grève de la faim pour éviter l'expulsion de son apprenti. Impossible de trouver un apprenti pour sa "Huche à pain", jusqu'à ce qu'il rencontre Laye Fodé Traoré, un jeune guinéen, qui n'avait que deux envies: apprendre et trouver du travail. A l'âge de 18 ans, ce dernier a reçu un ordre de quitter le territoire français. Son patron a fini - en mettant sa vie en jeu - par obtenir gain de cause. Depuis, le jeune homme a obtenu son CAP de boulangerie et suit à présent une formation en carrosserie, domaine qui était son premier choix. Stéphane Ravacley, son patron, constate qu'aucun problème n'a été constaté avec tous ces jeunes venus d'ailleurs, qu'ils n'ont jamais fait l'objet d'aucune plainte. Le jeune guinéen boulanger à Besançon a connu une belle réussite scolaire. "Ils sont doués et ont toute leur place dans nos entreprises", constate son patron (1).
Dans l'Ain, un couple de boulangers a formé un autre jeune guinéen. "Il est motivé, il a toutes les qualités requises." Les deux boulangers auraient voulu l'engager comme apprenti, ce qui s'est avéré impossible. Jusqu'à ses 18 ans, Yaya était protégé par son statut de mineur non accompagné. Mais au-delà, il n'avait plus ni statut, ni papier. Pendant trois ans, ils ont effectué toutes les démarches possibles auprès de la préfecture pour qu'il obtienne ses papiers. En vain. Ici encore, une grève de la faim a débloqué la situation.
Pour soutenir tous ces patrons qui galèrent pour pouvoir engager un apprenti venu d'ailleurs, Stéphane Ravacley a créé un collectif national, Patrons solidaires (2). Ils sont nombreux ces jeunes dont l'envie de travailler est contrariée par leur absence de papiers: Madama, Karim, Noureldien, Amara, Aboubakar, Ousmane, Mohamed, Amadou. Ils ont envie d'être boulanger, menuisier, électricien, boucher et ont un emploi ou un contrat d'apprentissage à portée de main, mais l'Etat, aveugle et sourd, veut les expulser.
On voit par là que l'extrême droite et son chantre à la mode, Zemmour l'épouvantail, sont totalement déconnectés de l'économie réelle. Ils sont les premiers à déplorer la disparition des petits commerces et des artisans dans les campagnes, sans vouloir voir que ce sont de jeunes migrants qui les sauveront. Zemmour incarne le douanier (qui n'est pas un imbécile, puisqu'il est douanier) stupide et raciste du sketch de Fernand Raynaud: "J'aime pas les étrangers qui viennent manger le pain des Français" (3). Il chasse l'étranger et se retrouve sans pain. L'étranger était boulanger.
Quand il apparaît à la télévision, on change de chaîne et par réflexe on ouvre la fenêtre. On sent comme une odeur de pieds, de beurre rance, d'égout. On n'arrive pas à comprendre comment Zemmour peut rencontrer autant de succès, comment il peut rendre fou à ce point. Il abêtit. Et il vieillit prématurément aussi, notamment de jeunes maires. On a vu hier dans un JT français l'un d'entre eux mener campagne pour que le candidat le plus gris et le plus désespérant qu'on puisse imaginer recueille les signatures nécessaires à sa candidature à la présidence de la République française. Comment un cauchemar peut-il faire rêver ? La Nouvelle République - Indre nous apprend que le maire du petit village de Saint-Gilles s'enthousiasme pour Zemmour le haineux, au point de prendre l'initiative de créer un comité de soutien à la candidature du non encore candidat pétainiste. Ce maire a 21 ans. Il espère accueillir chez lui celui qu'il voit comme un sauveur. Dans quel état psychologique faut-il être pour soutenir un tel individu pleurnicheur et agressif - et déjà condamné par la justice pour incitation à la haine raciale - dont le seul programme se résume à fermer les frontières ? Ces jeunes sont plus vieux que des octogénaires qui militent pour la solidarité, l'accueil, le renouveau. Ces vieillards avant l'heure voient l'avenir dans un rétroviseur. Parfois, le système démocratique inquiète.
Post-scriptum: pour savoir pourquoi il ne faut plus dire Eric Zemmour mais Olive Avertisseur-Sonore, écoutez François Morel: https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-francois-morel/le-billet-de-francois-morel-du-vendredi-08-octobre-2021
(Re)lire sur ce blog: "Croquemitaine", 8.12.2014; "Sourires amers", 5.9.21; "Le temps des brutes", 13.10.16.
Voilà que l'on apprend (1) qu'un projet de décret en Communauté française de Belgique rebaptisée Fédération Wallonie-Bruxelles entend imposer l'usage de l'écriture inclusive tant à l'écrit qu'à l'oral. Depuis quand le politique se mêle-t-il de fixer les règles du langage ? Dans quel type de régime est-on alors ? Cette imposition nous donnerait un langage et une écriture moches, illisibles, inécoutables, impraticables, mais si politiquement correct.e.s qu'on se croirait dans 1984. La novlangue est l'expression d'une doctrine totalitaire. Y aura-t-il une police de la langue? Ce projet fait froid dans le dos.
(Re)lire sur ce blog: "Quotidien de la femme", 8.3.2018
(1) https://focus.levif.be/culture/livres-bd/decret-sur-l-ecriture-inclusive-mais-que-font-les-flic-quette-x-s/article-column-1475541.html