lundi 31 octobre 2011

L'arrivée du Tour

Liège va accueillir le départ du Tour de France 2012. Tournai une arrivée. Pour la modique somme de 90.000 euros (1). Une année électorale vaut bien une grand messe. Le peuple a besoin, en ces temps difficiles et incertains, de se réjouir. Et rien de telle qu'une grande fête de l'industrie pharmaceutique pour le distraire.
Pour l'occasion, le déjà bourgmestre de Tournai a coiffé une belle casquette de coureur et revêtu le maillot jaune et rouge de la Fédération Wallonie-Bruxelles (plus Wallonie que Bruxelles d'ailleurs). Une Fédération sponsorisée (à moins que ce ne soit son ministre-président ou le futur bourgmestre qui le soit, on a du mal à s'y retrouver) par Kia, le Crédit agricole et le Lotto. La politique, le sport, le show et l'argent se mélangent. C'est sans doute ce qui s'appelle faire consensus.

(1) Y.B., "Une vitrine sportive onéreuse", LLB, 4 août 2011

dimanche 30 octobre 2011

Vieille nouvelle

La Belgique va sortir du nucléaire. Voilà ce que nous annonce la presse depuis deux jours. Le Gouvernement en formation l'a confirmé. Du coup, la presse interroge spécialistes et lobbyistes: est-ce tenable? N'allons-nous pas nous retrouver à court d'énergie? Nos factures énergétiques ne vont-elles pas augmenter? On s'inquiète.
Peut-on rappeler à la presse que la décision a été prise par la Chambre et le Sénat en 2003? Si l'on compte bien, cela fait huit ans. Il est vrai que le temps passe vite. Pas pour les gouvernements qui se sont succédé depuis et qui n'ont pas fait grand chose, jusque récemment, pour remplacer le nucléaire et diminuer les consommations. Au JT de la RTBF ce soir, la porte-parole d'Electrabel nous fait part de son impression: "il y a une grande confusion dans ce dossier". Ce qui est exact, surtout depuis qu'une société nommée Electrabel fait des pieds et des mains pour que l'annonce de cette sortie du nucléaire ne reste que des mots. Et que le doute et la confusion planent. On a même vu son ancien patron, l'alors sénateur Philippe Bodson, venir siéger au Sénat en 2003 - ce qui était totalement exceptionnel - pour dire tout le mal qu'il pensait de cette décision. C'est dire si celle-ci devait être évitée. Et voilà que ce week-end tombe - brutalement - cette annonce: la Belgique va sortir du nucléaire. Incroyable! Heureusement que la presse est là.

Post-scriptum: la décision est confirmée, mais l'équipe des négociateurs a reporté de six mois sa décision quant à la date de fermeture des premières centrales. Courage, les amis, un jour il faudra décider. Avant qu'il ne soit trop tard.

samedi 29 octobre 2011

Jeux de vilains

Certains confondent victoire et écrasement. Il faut pas seulement gagner, il faut aussi massacrer l'adversaire. Et en plus, il est interdit de perdre quoi que ce soit.
Récemment, le Vif consacrait un article à l'augmentation des violences et des incivilités sur le bord des terrains de sport, de foot en particulier (1). De plus en plus de parents et d'entraîneurs confondent compétition et bataille. Des parents contestent l'arbitre, insultent l'entraîneur ou les joueurs adverses et parfois leurs propres enfants. Parfois, la violence est physique: gifle, coup de poing, voire de couteau. Visiblement, même très jeunes, les joueurs apprennent à commettre "de vilaines fautes". Ces excès surviennent surtout quand l'équipe supportée perd. Mais même quand elle gagne. "A l'exemple de cet entraîneur qui, (...) en préminimes B, a hurlé frénétiquement sur ses petits joueurs parce qu'ils venaient d'encaisser leur seul but du match, alors que son équipe menait largement l'adversaire (11-0)", écrit Sorya Ghali dans le Vif.
"Malheureusement, même chez les plus petits, confirme Jamal Ikazban, échevin des Sports à Molenbeek et président de l'école des jeunes du FC Brussels, des entraîneurs sont totalement focalisés sur le résultat, cherchant à satisfaire leur ego en remportant des victoires et qui ne voient dans les enfants que des adultes miniatures." Ce qui, on en conviendra, revient presque à dire que les sportifs adultes sont des brutes.
Il n'y a pas que dans le foot qu'on assiste à de telles dérives. Dans d'autres sports aussi. Mais également dans des compétitions intellectuelles. A l'heure où l'on annonce le retour sur les antennes de la RTBF de quelques émissions de Génies en herbe (2), je me souviens avoir dû calmer des profs à l'issue d'un match: ils engueulaient leurs candidats qui venaient de gagner par une trop courte victoire. "Vous ne voyez pas dans quel état ils nous ont mis?", m'a dit l'un d'entre eux, en nage, le noeud de cravate sur le sternum. Un autre jour, ce furent des professeurs de l'équipe vainqueur qui ont ramené à la gare les candidats de l'équipe vaincue, abandonnés par leurs enseignants furieux de la défaite.
Parlez-nous encore de la noblesse du sport et de la compétition qui aide à se dépasser.

(1) Foot: les parents, mauvais perdants (14 octobre 2011)
(2) http://www.lalibre.be/culture/mediastele/article/696483/
retour-de-genies-en-herbe-sur-la-rtbf.html

vendredi 28 octobre 2011

Abonnés à Cumul+

Etre bourgmestre, parlementaire ou ministre? Le choix est difficile. On ne voudrait pas être à la place de ces malheureux qui doivent choisir. D'ailleurs, certains n'y arrivent pas. Toutes ces fonctions sont passionnantes. Nombreux sont les candidats, d'ailleurs déjà en fonction, qui se refusent à ce choix. Ainsi Paul Magnette vient de se faire plébisciter comme tête de liste du Ps à Charleroi aux élections communales d'octobre 2012. Mais, nous dit LLB (1), il "a laissé planer l'ambiguïté quant à son avenir politique et au choix qu'il ferait, entre le poste de bourgmestre de Charleroi en cas de victoire socialiste (2), ou les fonctions de ministre qu'il continuerait à exercer". J'irai là où je serai le plus utile, a-t-il déclaré. Ce que visiblement il est incapable de savoir aujourd'hui. Il faut croire qu'il sera le plus utile partout. C'est pourquoi c'est là qu'il est candidat: partout. Mais que ses électeurs se rassurent (s'il le fallait): il ne les trompera pas. Une déclaration qu'on a un peu de mal à comprendre. On n'est pas électeur potentiel du camarade Magnette, mais comment pourrait-il ne pas tromper ses électeurs, si, candidat à la fonction maïorale, il ne devait en définitive pas l'exercer? A Tournai, Rudy Demotte est dans la même position. Mais lui ne choisira de toute façon pas: il a déjà placé dans l'ombre un homme de paille qui oriente les décisions du Collège communal. Il ne trompera pas l'électeur et sera partout, au(x) gouvernement(x) et à l'exécutif communal tournaisien. Mais après tout, quand on est le maillot jaune de la Wallonie (qui gagne) (3), pourquoi devrait-on choisir? Laissons ces choix triviaux aux porteurs d'eau.

D'autres sautent en parachute sur une commune. Si la voie vers le poste de bourgmestre de leur commune leur est bouchée, ils s'installent dans une autre. On a ainsi vu tout récemment l'inoxydable Michel Daerden pré-annoncer son accession au maïorat de Saint-Nicolas, commune voisine de la sienne, où ses propres co-religionnaires l'ont exclu à jamais de l'exécutif. Ces candidats coucous posent - aussi - des questions relatives au respect de la démocratie. Et de l'éthique. "Les personnes ordinaires, oserait-on dire normales, celles qui n'appartiennent pas à la nomenclature politique, ne se présentent pas aux élections dans une ville ou un village où elles viennent d'emménager, et encore moins s'il s'agit d'une domiciliation formelle ou temporaire", écrit Paul Vaute dans LLB (4). Dans certains partis, et pour de nombreux électeurs visiblement, il semble normal qu'un parachuté, peu au fait des réalités locales, déboule en tête de liste, comme pour prendre - de force - une ville. Et Paul Vaute de rappeler les cas de Frédéric Daerden (fils de Michel) passant d'Ans à Herstal, d'Alain Mathot (fils de Guy) de Flémalle à Seraing, de Christophe Collignon (fils de Robert) d'Amay à Huy (où il est aussitôt bombardé président du CPAS). Rudy maillot jaune Demotte (qui au moins n'est pas fils de - ou alors d'Eddy peut-être?) était trop à l'étroit dans sa petite commune de Flobecq, ce qui l'a obligé à sauter sur Tournai.

Mais que le bon peuple wallon se rassure: l'éthique politique est de plus en plus respectée.

(1) 24 octobre 2011
(2) qui peut avoir des doutes, malgré les casseroles du Ps dans cette ville transformée en quincaillerie?
(3) voir http://rudydemotte.info/b/?p=2347
(4) Parachutes rosés, LLB, 22 octobre 2011

jeudi 27 octobre 2011

Le lendemain, le canard était toujours vivant

On peut essayer de clore le bec d'un canard. Mais c'est dangereux. On risque d'en être confit. C'est ce qui arrive à la maire de Puteaux, commune de la région parisienne, Joëlle Ceccaldi-Raynaud. La semaine dernière, elle a fait acheter par des membres de son équipe tous les exemplaires du Canard enchaîné en vente dans sa commune (1). Pas pour distribuer autour d'elle les six cents exemplaires ainsi récoltés. Pour les faire disparaître. C'est que l'hebo affirmait qu'elle est l'objet de soupçons de commissions occultes dans le cadre de l'attribution d'un marché par le syndicat intercommunal de chauffage urbain de la Défense. "Elle aurait fait transiter d'importantes sommes par un compte ouvert au Luxembourg", affirme Marianne (2). C'est son père qui l'accuse. Elle lui a succédé à la tête de la ville et est en conflit ouvert avec lui. En éliminant tous les exemplaires du Canard, elle espérait lui tordre le cou. Les kiosquiers n'ont pas osé se réapprovisionner, par peur de représailles de la part de la mairie. On voit par là qu'il y a une ambiance particulière à Puteaux.
A l'heure des réseaux sociaux, peut-on enterrer une information?, s'interroge-t-on. On n'a jamais autant parlé du Canard à Puteaux et sur la Toile. Une bonne idée a été lancée: "offrez un canard à un habitant de Puteaux" (3). Les Français étaient invités à acheter le Canard concerné, à le lire, puis à l'envoyer, au hasard via l'annuaire téléphonique, à un habitant de Puteaux.
D'autres parmi ces habitants ont fait des photocopies de l'article redouté et les distribuent, déguisés en canards, dans les rues. On voit aussi par là qu'il devient hélas très difficile, par les temps qui courent, de s'opposer à une information qui en fait tout autant.
Dernière précision: Joëlle Ceccaldi-Raynaud est aussi députée UMP, proche du président Sarkozy. Le Canard la présente même dans son article comme "protégée de Sarko". Ce garçon choisit décidément bien mal ses amis. La malchance est décidément de son côté.

(1) JP RTBF, la Première, 26 octobre 2011
(2) 22 octobre 2011
(3) http://www.rue89.com/2011/10/20/
offrez-un-canard-enchaine-aux-habitants-de-puteaux-225753

mercredi 26 octobre 2011

Bonheurs musicaux

Le nouvel album de Camille, Ilo Veyou (à prononcer d'une seule traite), c'est du bonheur à l'état doux. Un album dont la voix est le centre. Le plaisir qu'elle éprouve à chanter est contagieux. C'est joyeux, c'est drôle, c'est touchant, c'est créatif. Dans Télérama, Valérie Lehoux écrit que "si on écoute son nouveau disque, si on l'écoute en boucle, ce n'est pas pour ses performances techniques. C'est pour la profonde sensualité de sa voix, l'évidence partageuse de ses mélodies, la justesse dépouillée de ses émotions. Tout ce qui fait les grandes chansons" (1).

Le 10 novembre prochain, Ballaké Sissoko et Vincent Segal présenteront leur Chamber Music à la Maison de la Culture de Tournai. Leur album est d'une beauté confondante. L'association de deux instruments classiques, la kora de l'un et le violoncelle de l'autre, donne une musique de recueillement et d'élévation, un album d'une force et d'une puissance paisibles. Schubert s'est aujourd'hui réincarné dans ce beau duo.

(1) 12 octobre 2011

mardi 25 octobre 2011

Inquiétudes

Les Islamistes tunisiens sont modérés. C'est ce qu'on nous dit et ce qu'on appelle une antinomie. Qui dit islamisme dit instrumentalisation intégriste de l'Islam. L'intégrisme peut-il être modéré? Il est, tout simplement. Dans son simplisme et son absence de nuance, son application brute d'une doctrine et de ses règles. "L'islamisme, même à dose microscopique, détruit un pays", affirme l'écrivain algérien Boualem Sansal (1) qui sait de quoi il parle. On attend de voir, mais on a un peu de mal à croire qu'un islamisme modéré soit possible. Certains islamistes tunisiens, plusieurs centaines de Salafistes, ont manifesté récemment (2) contre la diffusion par la chaîne de télévision Nesma du dessin animé de Marjane Satrapi, Persepolis. Ils ont entraîné derrière eux quelques centaines de personnes. Ils veulent l'application de la charia, se déclarent opposés aux élections et à la démocratie. Le seul pouvoir qu'ils reconnaissent est celui de Dieu. Le leur, bien sûr. Enfin, Le, puisqu'il ne peut y en avoir d'autres. Mais Dieu étant un être immatériel, qui va exercer le pouvoir? Eh bien eux, bien sûr, auto-proclamés.
Les démocrates tunisiens sont inquiets. "Les récents évènements sanglants d’affrontements interconfessionnels en Egypte (24 morts) qui coïncident avec les « émeutes inquisitoires » en Tunisie, viennent rappeler que cela ne tient qu’à peu de choses que les révolutions arabes ne dérapent en moyenâgeuses guerres de religions", écrit Seif Soudani dans un billet qu'il faut lire (3).
Le parti islamiste Ennahada, avant même la proclamation du résultat des élections, se proclame grand vainqueur avec quelque 40% des voix. Ses dirigeants promettent de garantir "la liberté de croyance et de pensée", de préserver "les acquis de la femme", y compris sa liberté "contre toute imposition d'un style vestimentaire" et son "droit au travail" (4). Mais entre rassurantes déclarations et sombre réalité, il y a un gouffre: des femmes non voilées sont invectivées dans la rue, certaines menacées de mort, des cinémas, des universités sont envahies.
En Libye, le Conseil de transition vient d'annoncer que la charia serait appliquée, que - notamment - la polygamie serait à nouveau autorisée. Le printemps arabe donne froid dans le dos. On pense à l'Iran de 1979. Les oiseaux chantent, mais ce sont des rapaces. On espère entendre le rouge-gorge et le pic-vert.

(1) le Vif, 23 septembre 2011
(2) JT RTBF, 15 octobre 2011
(3) www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/
2011/10/11/2338-qui-est-derriere-les-
dernieres-violences-en-tunisie
(mardi 11 octobre 2011)
(4) L'Avenir, 22 octobre 2011

lundi 24 octobre 2011

De l'utilité de la burqa

Seuls les imbéciles ne changent pas d'avis, paraît-il. J'ai longtemps critiqué la burqa, ce vêtement anti-communication. J'ai revu mon jugement. La burqa serait contraire aux règles de sécurité publique, nous dit-on. Alors que c'est le contraire: elle joue un rôle utile en la matière. En voici la preuve.




Encore un peu de wapi

La Wallonie picarde est mise à toutes les sauces. C'est le cas de le dire. Voici qu'apparaît à présent le concours du "Wapi Chef". En y participant, on peut gagner "le tablier du concours Wapi chef" (1). Voilà qui donne envie. Mais on reste surpris: on croyait naïvement qu'en Wapi il n'y avait qu'un chef. Voilà qu'on les met en compétition. Tout arrive. Rudy Demotte serait donc prêt à mettre son titre en jeu. Va-t-il l'emporter grâce à sa recette de salade tournaisienne (son secret: un peu de tout)? Le suspense est entier.
Ceci dit, la Wapi n'a décidément plus de limite. Le centre hospitalier est wapi, le tourisme est wapi, la culture est wapi, le jazz est wapi, la Chambre de Commerce et d'Industrie est wapi, l'invest est wapi. Même l'Association mondiale des Détectives professionnels est WAPI (World Association of Professional Investingators). C'est dire si tout est Wapi. La sauce devient indigeste. Après le concours du Wapi Chef, devraient suivre bientôt le concours du Wapi larbin, celui de la Wapi soubrette, le concours de la plus belle carpette de Wapi. Les candidats se bousculent.

(1) L'Avenir, 22 octobre 2011

samedi 22 octobre 2011

Signes de vie

Rentrant d'un concert à Bruxelles, on est surpris de constater qu'on est le 22 octobre et que le monde, à première vue, est toujours entier. La fin du monde n'a donc pas eu lieu, contrairement à ce qu'affirmait un prédicateur américain. On ne sait plus à qui faire confiance.
Sur Arte, on "tombe" sur "Berceuses" (1), un "documentaire", c'est tout ce que nous annonce le programme télé qui ne se soucie pas des programmes nocturnes.
Johann Feindt et Tamara Trampe interrogent des Berlinois, de là ou d'ailleurs, sur leur enfance. Vécue ou volée. Celle d'un musicien né de parents sourds, celle d'un Tchétchène, éternel déraciné, prêt à repartir sans valise, celle d'un homme né en prison, celle d'une femme qui apprend aux autres à respirer et à chanter, celle de tant d'autres croisés au hasard. L'enfance d'une petite fille d'aujourd'hui qui trouve ridicules ces adultes - et sa mère en particulier - qui ne savent pas faire la différence entre ce qui se dit et ne se dit pas, qui aimerait tant que ce garçon de son âge comprenne combien elle l'aime, sans avoir à le lui dire.
Après tous ces partages d' émotions, allez savoir pourquoi, on est encore plus content que la fin du monde ait été reportée à une date ultérieure.

(1) à revoir sur
http://videos.arte.tv/fr/videos/berceuses-4205862.html

jeudi 20 octobre 2011

Une dernière pour la route

La Belgique est le pays le plus pollué d'Europe. Si l'on excepte Chypre. C'est une étude néerlandaise récente qui l'affirme. La taille du pays et sa densité de population expliquent les concentrations, notamment de gaz toxiques. N'empêche. On y constate trois plus de cancers du poumon qu'en Suède. La qualité des sols pose problème. Celle des eaux de surface aussi. On y produit trop peu d'énergie renouvelable. Mais tout ira mieux demain: la relégation des Verts du nord et du sud dans l'opposition va tout arranger. Eux ne sont pas pollués par les querelles intestines. Tout ira mieux demain: il y aura moins de trains et le présentateur du JT continuera à nous annoncer de "bonnes nouvelles": comme, par exemple, la diminution du prix de l'essence ou l'augmentation du nombre d'immatriculation de véhicules neufs. Mais après tout qu'importe? Demain, 21 octobre, c'est la fin du monde. C'est un pasteur américain qui nous l'annonce. Allez, je me remets à fumer.

mercredi 19 octobre 2011

La philosophie de l'autruche

Pascal Bruckner n'a sûrement pas regardé "Love Meat Tender" ce lundi, documentaire de Manu Coeman et Yvan Becq diffusé par la RTBF. Le réalisateur et le vétérinaire doivent être pour le philosophe français de fieffés écologistes. Derrière le terme écologistes, il classe en vrac les écologistes politiques, environnementalistes, scientifiques, militants, les verts, les naturalistes, les décroissants, peut-être les indignés, sans doute même les randonneurs et les cyclistes (s'ils ne sont pas professionnels).
Ces "Lugubres", comme ils les appellent finement dans "Le Fanatisme de l'Apocalypse", détestent l'homme et le progrès et n'ont qu'un objectif: "nous démoraliser pour nous mettre au pas" (1). Et un autre encore: "mettre le voile noir du deuil sur toutes les joies humaines". Parmi les joies humaines que veut glorifier Bruckner, on ne serait pas étonné de trouver celle de manger de la viande à grandes dents et tous les repas.
Dans Love Meat Tender, apparaissent clairement les conséquences désastreuses de cette production excessive de viande dans laquelle s'est lancée l'agriculture (quasi) mondiale depuis l'après-guerre: obésité chez l'homme, "nitratisation" des nappes d'eau, prolifération d'algues vertes en Bretagne, déforestation de l'Amazonie, réchauffement climatique (2), gaspillage d'eau (3) ... Et on en passe.
André Pochon, agriculteur français retraité, n'est pas un philosophe de l'intelligentsia parisienne. Il s'exprime pourtant avec beaucoup de philosophie dans le documentaire, nous interroge, avec simplicité et intelligence, sur le sens de nos vies et de celles des animaux. Il a toujours refusé d'entrer dans le système insensé du profit à tout prix.
Il y a quarante ans, 80% du budget familial étaient consacrés à l'alimentation. On n'en est plus qu'à 15 à 20% aujourd'hui. On mange pour pas cher, et donc n'importe quoi. Pierre Rabhi affirme que "l'animal n'est plus une créature vivante, mais une usine à protéines". L'animal n'est plus qu'un moyen de se faire un maximum d'argent, sans égard ni pour lui-même, soumis à des conditions d'existence inhumaines, ni pour les conséquences de ce type de production. On ne peut plus parler d'éleveurs, mais de fabricants.
Pascal Bruckner ne devrait pas être troublé par ce documentaire dans lequel un des intervenants déclare que "on en sait plus en matière d'écologie qu'il y a cent ans". Visiblement pas Pascal Bruckner qui est un philosophe qui ne sait pas et ne doute pas. "La dislocation des grands écosytèmes, les crises de l'eau, de la biodiversité, de sols, des océans, le dérèglement climatique, il s'en tape. Il n'est pas au courant. Après tout, note-t-il tout en finesse, le climat de la Riviera en Bretagne, des vignes au bord de la Tamise, des palmiers en Suède, qui s'en plaindrait?" (4).
Bruckner n'est pas un philosophe, il produit des livres, comme d'autres produisent du cochon, "préférant s'employer, au fil des pages, à revendiquer pour l'homme, et surtout pour lui-même, rien de moins au fond qu'un droit d'insoucieuse jouissance - avec un égoïsme presque infantile, aussi confondant qu'irresponsable, qui aime à se faire passer pour de l'hédonisme mais ne trompe personne", écrit Nathalie Crom dans Télérama (5).
Il y a heureusement de vrais philosophes, qui ne sont souvent pas ceux que l'on croit, tel André Pochon qui en appelle à une attitude responsable des consommacteurs.

(1) citations extraites de "Pascal (Bruckner), un grand philosophe est né", article de Fabrice Nicolino, dans Charlie Hebdo, 12 octobre 2011
(2) le nourrissage du bétail, notamment européen, avec du maïs et du soja (produits sur des terres gagnées sur la forêt amazonienne) augmente les gaz à effet de serre produits par ce même bétail. L'élevage représente aujourd'hui 18% des gaz à effet de serre, plus que la voiture.
(3) la viande représente 45% de l'eau consommée dans le monde.
(4) Fabrice Nicolino, Charlie Hebdo, 12 octobre 2011
(5) 19 octobre 2011

lundi 17 octobre 2011

Le plus vieux métier du monde

Julien Lepers présente depuis plus de vingt ans l'émission "Questions pour un champion". Il n' a jamais gagné la cagnotte. Voilà le pauvre présentateur obligé de faire de la pub pour arrondir ses fins de mois. Il vante un produit dentaire, le public est assez âgé. La pub est diffusée juste avant son émission. On est content de ne pas avoir de dentier. On l'aurait avalé de surprise. On voit par là que le service public va mal: ses animateurs sont obligés de faire le trottoir. Envoyez vos dons à France3, quelque part à Paris.

dimanche 16 octobre 2011

Elise et nous: du théâtre pour apprendre à voter

Parce qu'on n'est jamais si bien servi que par soi-même, à un an des élections communales, petit coup de pub pour notre spectacle-animation "Elise et nous - faux candidats, vrais discours".
Avis aux enseignants et animateurs...


Le débat politique est animé par moments. Jean-Pierre Michelet se fâche, il répond avec des chiffres aux analyses, trop simplistes à son goût, d’Elise Marron. Pendant ce temps, Alain Courageau reste souriant.
Ils sont trois à s’affronter dans ce débat électoral où ils représentent leur parti : l’Union pour le Changement Démocrate, le Bloc National et le Mouvement Fédérateur. Ils parlent de l’insécurité, de la création d’emploi, du chômage, de la multiculturalité, de la mondialisation. Ils ont cinquante minutes pour convaincre.
Au terme du débat, les spectateurs - car il s’agit bien d’un spectacle - sont invités à voter pour l’un d’eux. Ensuite, à partir des résultats de l’élection, ils échangent sur leurs critères de choix et de rejet. Ils décodent les discours, argumentent sur le danger des slogans simplistes de l’extrême droite, relèvent les attitudes démagogiques, analysent les discours creux que font passer les sourires et les gestes d’ouverture, soulignent l’ennui que suscite un candidat qui manque de charisme et d’ouverture.

Le spectacle-animation « Elise et Nous – faux candidats, vrais discours », proposé par la Compagnie du Tocsin, la Confédération parascolaire Hainaut et le CIEP, a été joué plus de cinquante fois, dans de nombreuses écoles de la Communauté française, auprès d’étudiants de 5 et 6e secondaires et du supérieur, ainsi que dans le milieu de l’éducation permanente.
A chaque représentation, les spectateurs ont été réactifs : applaudissements, rires, huées, réactions de désaccord, questions parfois, voire invectives ont régulièrement fusé. Les spectateurs ont fait leur choix d’électeurs.
La candidate du Bloc National n’a parfois obtenu aucune voix, mais a parfois aussi atteint un score de 20% . Le débat consiste alors à désamorcer ce vote « d’émotion » et les contre arguments de démontage d’un discours d’exclusion viennent le plus souvent des autres spectateurs eux-mêmes.
Il est arrivé que les comédiens doivent s’interrompre tant les cris étaient nombreux à l’adresse d’Elise Marron ! Les spectateurs concernés ont ensuite reconnu avoir oublié qu’il s’agissait de théâtre…
Les deux autres candidats se partagent le succès. Ce séducteur d’Alain Courageau l’a parfois très largement emporté (jusqu’à 75% des voix). Mais régulièrement, Jean-Pierre Michelet, a passé le cap des 50% malgré son manque de charisme.
Lors de l’analyse des motivations des choix et des rejets apparaissent alors des critères intéressants : « il connaît ses dossiers », « elle est fière d’être Belge », « il nous mène en bateau », « il ne nous promet pas la lune », « il vient vers nous », « il nous fait rêver et on en a bien besoin », « il parle flamand », « elle a vécu la même chose que nous »…

Lors d’un débat, est apparu tout l’intérêt de désigner des assesseurs qui dépouillent les bulletins de vote avec l’animatrice. Un groupe de jeunes prétendait que les résultats avaient été faussés, puisqu’ils étaient dix à avoir voté pour Elise Marron, alors que celle-ci n’avait obtenu que neuf voix. L’animatrice se tourna vers les assesseurs, choisis au hasard parmi les élèves, qui témoignèrent que les résultats des votes étaient bel et bien corrects. Ce fut aussi l’occasion de rappeler que le vote est secret et qu’il peut y avoir une différence entre le choix déclaré et le choix effectué. De rappeler également ce qu’est un vote nul.

De nombreux enseignants ont apprécié le spectacle-animation :
- « Un bon spectacle pour rendre la politique accessible à nos élèves et susciter le débat et la réflexion. Le fait de voter est original et intéressant. »
- « C’était vivant. Il y avait de l’humour. C’était compréhensible à leur niveau. »
- « Excellente prise de conscience sur la façon dont se présentent nos hommes et femmes politiques, ainsi que sur les principaux programmes. Mise en scène très vivante, tellement proche du vécu. »
- « Des élèves étaient très réticents à l’idée d’assister à un débat politique ; ils ne voulaient même pas venir. Mais la pièce leur a beaucoup plu. »
(avis recueillis après des représentations à la Maison culturelle d’Ath en février-mars 2010).

Bref, « Elise et Nous » semble bien atteindre ses objectifs. La mise en situation est bien réelle, elle amène les spectateurs à devoir prendre position, à décoder et à argumenter. Elle prépare les étudiants à un vote réfléchi.

« Du théâtre pour voter malin » (Le Ligueur, 04.02.09)

« Appelés à développer différents sujets, la multiculturalité, l’économie, la mondialisation ou encore le temps de travail, ils évitent les pièges de la caricature. Ni le texte ni la mise en scène ne force le trait des politiciens impliqués. » (Le Courrier de l’Escaut, 22.01.09)

« L’originalité est que le public participe activement, en votant pour son candidat favori. »
« Une manière concrète d’offrir aux jeunes spectateurs la possibilité de décoder le discours politique. » (No Télé, 06.06.09 et 21.01.09)

Voir deux sujets sur « Elise et Nous » sur le site de No Télé :

Informations et réservations :
Confédération parascolaire Hainaut : 068 33 26 65 – cpht@skynet.be

samedi 15 octobre 2011

Vite dit

Michel Daerden a une conception bien à lui du pas de côté. On ne veut plus de lui dans sa commune d'Ans? Qu'à cela ne tienne, il sera tête de liste l'an prochain dans la commune voisine de Saint-Nicolas. Le pouvoir comme le vin, ça vous tourne la tête.

Le nucléaire, c'est l'énergie propre et sûre, disent ses encenseurs. A voir les combinaisons et les masques que portent les travailleurs des centrales nucléaires, on a un peu de mal à les croire.

De quoi je me mêle? Camarades français, allez-vous voter pour un notaire qui vous promet l'eau tiède? Choisissez une femme de gauche.

Magnifique démonstration de Ségolène Royal au JT de France2 ce 13 octobre:
"J'ai une capacité d'entraînement formidable dans les quartiers défavorisés, qui d'ailleurs ne sont pas venus voter à cette primaire." Cherchez l'erreur.

Bien joué de la part du VLD, le parti le plus culotté actuellement. Responsable de la chute du gouvernement en 2010 et dès lors de la crise, il arrive à imposer ses ukazes et à empêcher les Verts d'entrer dans le gouvernement fédéral. Il pousse ainsi le gouvernement vers la droite et affaiblit Di Rupo en envoyant les Ecologistes lui tirer dessus depuis l'opposition.

jeudi 13 octobre 2011

Danny le drôle

On ne le savait pas. On le découvre. Nous avons un nouvel humoriste. En France, il y a Dany Boon. En Belgique, il y a Danny Pieters. Depuis avant-hier, le voilà ex-président du Sénat. Les partis qui négocient un accord de gouvernement l'ont fait tomber de son perchoir et remplacé par une élue CDV. Le sénateur NVA s'offusque. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Il serait quand même normal, dit-il, qu'un parti qui a gagné les élections, qui est le premier du pays, soit dans le gouvernement et puisse gérer les institutions de ce même pays. Il a un sacré humour, Danny. Pendant un an, son parti a fait tout ce qui était en son pouvoir pour bloquer les négociations. Il ne souhaite qu'une chose: l'indépendance de la Flandre et, partant, la fin de la Belgique. Aujourd'hui, il s'offusque d'être mis hors jeu. Mais il devrait prendre des cours de théâtre. Il n'est pas très crédible dans le rôle de la vierge éplorée.

Wallons, nous?

C'est la grande mode actuellement: on change les noms des institutions.
Ne dites plus Communauté française de Belgique, ni Communauté Wallonie-Bruxelles. Dites Fédération Wallonie-Bruxelles.
Ne dites plus Région wallonne. Dites Wallonie, tout simplement. Il s'agit de "promouvoir une conscience collective wallonne". Rien de moins. C'est la grande ambition de la proposition de décret qui vient d'être adoptée par la Commission des Affaires intérieures du Parlement wallon.
Visiblement, ce projet est déjà appliqué. Ainsi, ce matin, dans une pub diffusée sur la Première, a-t-on pu entendre que telle organisation bénéficie du "soutien de la Wallonie". Oui, de la Wallonie dans son ensemble. Personnellement, moi qui suis considéré comme un Wallon, (sans en avoir la conscience ni individuelle ni collective, je suis forcé de l'avouer), je n'ai pas été consulté par rapport à ce soutien. On voit par là qu'appeler de la même manière la région et l'institution qui la gère mène à la confusion. Entendra-t-on bientôt que le Théâtre royal de la Monnaie ou le Musée de Tervueren bénéficie du soutien de la Belgique plutôt que de l'Etat fédéral? Au sud de la frontière, que la Fête de la Musique bénéficie du soutien de la France? Priorités aux besoins des gens, nous disent-ils.

mercredi 12 octobre 2011

Dieudonné Kabongo

Le ciel est bas et triste aujourd'hui. Dieudonné Kabongo est mort hier soir, en scène. Il ne pouvait mourir ailleurs. Mais pourquoi si tôt?
Colette Braeckman lui rend un bel hommage:
http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2011/10/12/
dieu-nous-lavait-donne-il-nous-la-repris/

lundi 10 octobre 2011

Gentils dictateurs

Pourquoi l'extrême gauche et l'extrême droite ont-elles tant de sympathie pour les dictateurs? On se le demande. Car on le constate.

Pour certains militants d'extrême gauche, c'est un Occident avide de pétrole qui a soutenu des va-t-en guerre lybiens contre un colonel Kadhafi qui est loin d'être le monstre qu'on essaie de faire croire qu'il est. Et son collègue Bachar El Assad a multiplié les gestes d'ouverture, ouvrant peu à peu son pays à la démocratie, sans être compris par certains Syriens assoiffés de pouvoir. C'est que l'Occident entend, en soutenant les opposants lybiens et syriens, s'attaquer au nationalisme arabe, voilà l'explication. Il s'agit de faire tomber un président syrien qui incarne "le front du refus face à l'ordre impérial".
Le président iranien Ahmadinedjad bénéficie aussi de leurs sympathies. Ils entendent nous le démontrer en publiant ses discours truffés de références à dieu qui est à l'origine de toute chose, discours dès lors incompréhensibles, échappant à toute (notre) logique, truffés de syllogismes, véritable monuments d'obscurantisme et d'hypocrisie.
Le président biélorusse Loukachenko a aussi droit à leur soutien. Et si une manifestation de l'opposition a été réprimée, c'est parce que celle-ci a contesté le résultat d'une élection qu'elle suppose frauduleuse. On comprend par là qu'elle n'avait pas à contester. (1)

Pour cette extrême gauche, tout le monde ment. Sauf elle, bien entendu, à qui on ne la fait pas. Elle seule connaît et dit la vérité - c'est ce qu'on doit comprendre, puisque ces observateurs et analystes se posent en contrepoint des médiamensonges. Toute la presse est qualifiée d'industrie de la désinformation. Un ministre de la défense devient un ministre de la guerre. On est dans le même registre que l'extrême droite. Le même type de vocabulaire outrancier, les mêmes termes simplistes et insultants. Le même tous dans le même sac. Il suffit qu'un dictateur soit anti-américain pour qu'il devienne sympathique, même si on lui reconnaît parfois quelques excès. Et les peuples de ces dictateurs ont tort de se révolter plutôt que d'utiliser la voie légale et démocratique. De toute façon, les opposants de dictateurs anti-américains sont forcément suspects. Surtout d'être manipulés par les Américains. L'anti-américanisme sert d'idéologie à une extrême gauche qui, entre un dictateur qui s'oppose à l'épouvantail yankee et son peuple qui souffre, a choisi son camp, celui de son allié dans ce qui vire à la haine viscérale de l'Occident. Le peuple, lui, ne compte guère. Malgré les souffrances et les violences qu'il subit.

L'extrême droite agit de même. Le Front national français aime autant l'Iran d'Ahmadinejad que l'Irak de Saddam Hussein. Dans "Marine Le Pen" (2), Caroline Fourest et Fiammetta Venner rappellent que le Le Pen père s'est rendu à l'ambassade d'Iran à Paris en février 2009 pour y célébrer le trentième anniversaire de la Révolution islamique. "Je me suis toujours rangé derrière les nations libres qui n'acceptent pas le diktat d'autres pays", expliquait celui qui était alors encore président du FN et qui, lors de la première Guerre du Golfe, avait publié une déclaration de soutien au président irakien qu'il considérait comme "un dictateur libéral". Les deux journalistes racontent que lors d'une soirée costumée, à cette même époque, chez les Le Pen, les "yankee go home!" fusaient. Comme dans la meilleure tradition de l'extrême gauche. Le Pen, rappellent-elles, était proche des Mobutu, Hassan II, Omar Bongo, Houphouët-Boigny, dictateurs autoritaires et nationalistes. Comme le régime chinois, constatent-elles, le FN met en avant la souveraineté des Etats, le droit de chaque chef d'Etat ou de gouvernement de faire ce qu'il veut chez lui.
En Côte d'Ivoire, au lendemain des dernières élections présidentielles fin 2010, Marine Le Pen a pris le parti du vaincu: Laurent Gbagbo. L'ex-président, nationaliste, est l' inventeur du sanglant concept d'ivoirité qui, comme le soulignent les deux journalistes, s'apparente à celui de préférence nationale.

Ces dernières années, plusieurs dictateurs sont tombés. On s'en réjouit. Mais on entend bien que ceux qui tiennent encore trouvent des soutiens aux deux extrémités de l'échiquier politique.

(1) En ce 10 octobre 2011, explique Amnesty International Belgique, le Bélarus a été choisi comme pays cible de la principale action pour cette Journée mondiale contre la peine de mort, (...) en raison du secret qui entoure le recours à la peine de mort dans ce pays". Une pétition appelle le président Loukachenko à instaurer un moratoire sur les exécutions et à commuer toutes les condamnations à mort et à franchir ainsi une première étape vers l'abolition de la peine capitale dans le pays". Pétition à l'adresse suivante: www.isavelives.be/fr/node/7897
(2) Grasset, 2011

Laxisme libéral

Il est interdit d'interdire. C'était un des beaux slogans de mai 68. Et c'est en fait aussi un des plus beaux principes du capitalisme. Moins il y a d'interdits, plus on vend ce qu'on veut. Et qu'importent les modes de fabrication et les effets du produit vendu.
Le Danemark vient d'imposer une taxe sur les graisses dont on connaît les effets néfastes sur la santé. Elle sera de 16 couronnes, soit 2,15 €, par kilo de graisse saturée. La question d'une taxe similaire est posée en Belgique. Mais ne vaudrait-il pas mieux interdire tout simplement ces produits s'ils sont mauvais, voire dangereux? "Interdire totalement, cela n'a pas de sens, déclare le directeur général de la fédération de l'industrie alimentaire (1). Il ne faut pas dépasser certains niveaux qui mettent en danger la santé."
"Nos mentalités supportent mal un monde d'interdictions", rétorque en vis-à-vis le président du Conseil supérieur de la Santé, qui constate que, par ailleurs, " le plan sel de la ministre Onkelinx ne comprend aucune mesure coercitive pour diminuer la consommation de sel des Belges. Un objectif dans cinq ans a été fixé, mais librement consenti".
Bref, les responsables politiques peuvent faire des constats, formuler des suggestions, taxer des produits pour les rendre moins attractifs, mener des campagnes de prévention, mais ils ne supportent pas d'interdire. Business must go on. Et clientélisme aussi. Les politiques n'aiment pas interdire.
"Pourquoi le citoyen du XXIe siècle est-il devenu allergique aux solutions autoritaires?", demande François Brabant au directeur du CRISP (2). "Mon hypothèse, répond Vincent de Coorbyter, c'est que nous sommes tous devenus des libéraux. Nous sommes tous attachés à cette liberté d'aller et venir, de consommer, de choisir l'école que nous préférons pour nos enfants. La pensée libérale-libertaire est devenue notre idéologie à tous, le cadre mental implicite de nos existences." Il constate qu'aujourd'hui tout est possible, que les contraintes sont peu importantes, même s'il en coûte cher aux pouvoirs publics. Exemple: vouloir installer sa maison où bon nous semble entraîne une périurbanisation qui conduit à "de grandes difficultés" et des dépenses importantes pour les pouvoirs publics. Il rappelle que dans les années '30 de nombreux pays, dont la Belgique, "avaient obligé les banques à scinder leurs activités de crédit et d'investissement" pour protéger les citoyens et les entreprises. "Après le krach financier de 2008, ajoute Vincent de Coorbyter, cette idée a à peine été discutée. Comme si interdire était choquant par principe."
Les partis d'extrême droite se drapent volontiers de la liberté d'expression pour tenir des propos racistes, sexistes, négationnistes. Feignant de croire (et surtout de faire croire) que la liberté, toute liberté ne pouvait connaître aucune limite.
« Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit», écrivait Lacordaire.
Si certains courageux avaient l'audace d'interdire certaines activités, on se permet une première suggestion: Secret Story pourrait disparaître des écrans de TF1 (et tant qu'à faire, pourquoi pas toute la chaîne?). On ne voit là qu'un invraisemblable instrument de crétinisation, avec des candidats qui concourent pour le prix de la vulgarité devant un public en délire.
Résumons-nous: la liberté peut être une notion très libérale.

(1) LLB, 4 octobre 2011
(2) Le Vif, 16 septembre 2011

dimanche 9 octobre 2011

Ni Allah, ni maître! *

Si on récite bien le Coran, on reçoit des livres religieux et de l'argent. C'est ce qui est arrivé à trois enfants somaliens qui ont participé à un concours de récitation organisé par une radio. Jusque là rien d'étonnant. Ou plutôt de détonnant. C'est le troisième type de cadeau qui l'est: les deux premiers enfants ont aussi reçu une kalachnikov AK-47 et le troisième deux grenades à main (1). Les voilà prêts à la djihad.
Ces cadeaux aberrants ont-ils suscité une réaction scandalisée des islamistes? Ils ont d'autres soucis: menacer Nadia El Fani. La réalisatrice tunisienne, qui se définit comme "catholique par sa mère, musulmane par son père et athée grâce à Dieu", a eu l'outrecuidance de tourner un documentaire intitulé "Laïcité, inch'allah!", "un plaidoyer pour une Tunisie laïque, où la religion disparaîtrait de la Constitution" (2). Elle est aujourd'hui victime de menaces de mort, de montages photos dégradants, d'appels au viol de la part des fondamentalistes qui, agissant ainsi, lui donnent raison sans apparemment s'en rendre compte. Des avocats islamistes ont déposé plainte contre elle pour "atteinte au sacré". Ils n'ont pas vu le film, mais qu'importe? La gauche tunisienne se tait. Courageusement. Faisant le lit des barbus obscurantistes. Et la désolation des femmes qui, sous Bourguiba, avaient connu une Tunisie autrement respectueuse de leurs droits (3).
"Laïcité, inch'allah!" doit être programmé partout. D'urgence.

(1) LLB, L'oeil du cyclone, 1er octobre 2011
(2) Télérama, 21 septembre 2011
(3) Télérama, 14 septembre 2011
* Ni Allah, ni maître! était le premier titre du documentaire

samedi 8 octobre 2011

Wafel baby

Elles vont faire "un bébé gaufre plutôt qu'un bébé tapas". L'expression est jolie, elle est de l'une des deux au JT de France 2 (1). Elles veulent avoir un enfant. Mais en France ce désir n'est pas entendu. Les homosexuelles doivent voyager vers le nord ou vers le sud pour le satisfaire. Elles ont essayé trois fois en Espagne, sans succès. Elles se rendent maintenant à Gand. La journaliste fait remarquer combien le système français est hypocrite: l'insémination artificielle y est interdite pour les célibataires et les couples homosexuels, mais les médecins français prescrivent à leurs patientes volontaires le traitement hormonal ad hoc pour que cette insémination soit une réussite. Ailleurs. Et si elle devait l'être (on croise les doigts avec elles), l'enfant n'aura de toute façon pas de deuxième maman: les homosexuel(les) français(es) n'ont toujours aucun statut. La France des Lumières est loin.

(1) 6 octobre 2011

jeudi 6 octobre 2011

Propos sacrilèges

Dieu est mort. Ses adeptes sont très nombreux à travers le monde à pleurer sa disparition. Sur Google, ce soir, on dénombre 105 millions de références au fondateur d'Apple. Steve Jobs était un génie, disent ses aficionados, qui ont dieu et maître. Ils sont inconsolables. Il avait mis l'humain au coeur de ses préoccupations, nous disent les journaux parlés, télévisés et vraisemblablement tout courts. On ne peut que le reconnaître. On a un rapport humain avec son Mac. Mais il avait aussi mis le commerce au coeur de ses préoccupations. Ses adeptes étaient aussi très nombreux à abandonner leur vieux modèle de Mac pour se précipiter sur le nouveau. La consommation se portait et se porte bien. Steve Jobs fut un héraut - et sans doute un héros - du capitalisme. J'achète, je jette, je rachète. Il n'est rien de mieux que ce qui est nouveau. Il n'est pas l'héritier - ou alors dévoyé, comme trop d'entre eux - des hippies, qui voulaient en finir avec la société de consommation. Steve Jobs n'était pas dieu. C'était sûrement un type bien. Comme nous tous, en blanc et noir. Dieu est mort, oui. Mais depuis longtemps. Ou depuis toujours.

mardi 4 octobre 2011

Big Sister

On reçoit un nouveau message. Il est envoyé par Y. qu'on n'a ni l'honneur ni le plaisir de connaître. L'objet du message chatouille agréablement notre amour-propre: "c'est génial votre blog moeursethumeurs". Alors, on ne résiste pas, on l'ouvre. Elle se réjouit que des gens qui lisent des livres existent encore, nous dit-elle. "Dans votre profil, ajoute-t-elle, j'ai trouvé "Non, c'est un de mes préférés! Je ne sais pas si vous avez lu foi. Je vous le recommande. Je crois que vous allez l'aimer." On ne la suit plus. On rencontre quelques difficultés à la comprendre. On se dit qu'elle s'exprime par ellipses. Ou peut-être par copier-coller en oubliant de s'adapter. On retourne voir son propre profil, on n'y cite aucun livre. Elle nous dit qu'elle adore notre blog, que c'en est un bonheur. Qu'elle a consacré une heure de son travail à le découvrir. Elle a beaucoup aimé notre "dernier post". On ignorait qu'on écrivait des post. On en apprend tous les jours, la vie est belle. Elle précise que son travail "consiste à persuader des bloggeurs d'ajouter les liens vers (son) site", en réalité celui de son employeur, mais qu'elle n'est pas sûre qu'on acceptera, pas sûre que le lien vers son site soit "convenable" (sic) pour notre blog. En fait, elle nous connaît bien.

lundi 3 octobre 2011

C'était écrit

On vient de découvrir un nouveau trou dans la couche d'ozone. Au Pôle Nord cette fois. Grand comme quatre fois l'Allemagne. Il pourrait s'agir d'une conséquence du réchauffement climatique.
Le réchauffement climatique, l'effet de serre, le développement durable, on n'en parlait pas, on n'en savait rien au début des années 2000, me disait, en avril 2010, le promoteur d'un centre qui devait nous offrir en permanence neige et glace artificielles. Et les tropiques en bonus. Il n'avait pas lu Alexandre Vialatte qui, chroniquant "Le livre des merveilles" de G. Beuscher, écrivait que celui-ci "annonce que la terre périra par le froid, juste au moment où l'Amérique et la Russie prennent des mesures contre le réchauffement des pôles". Cette chronique fut publiée dans "La Montagne" le 4 janvier 1956. On voit par là qu'il faut laisser à certains le temps de lire la presse.
Le 26 juillet 1955, Alexandre Vialatte écrivait dans la même "Montagne" que "nous sommes devenus bons à absorber tout ce que le commerce invente. Il nous vend le bruit des ruisseaux. C'est une fable de La Fontaine! Une moitié du monde prend l'homme pour une machine à produire, l'autre moitié pour une machine à consommer. Et si l'homme était autre chose?... L'un lui vend les lendemains qui chantent, l'autre les aujourd'hui qui crissent, l'un l'espérance, l'autre le bruit de l'eau; tous deux... du vent". On voit par là que déjà dans les années '50 les lecteurs de la presse étaient peu nombreux. En tout cas, pas assez.