mercredi 31 janvier 2024

Arriérés

Le Rassemblement-Front national ne s'est pas dédiabolisé. Plutôt banalisé. De plus en plus de Français envisagent de voter pour le parti de la famille Le Pen. Il est en phase avec l'état d'esprit de la population. Mais peut-être est-ce lui qui l'a pollué ?
Dans les manifestations des agriculteurs, l'un de ces derniers se balade avec un panneau affichant ce délicat slogan : "Va faire la soupe salope" (sic). Il est, nous dit-on (1), adressé à deux élues écologistes. Trois élus d'extrême droite se sont fait photographier devant lui, très fièrement et le pouce en l'air. 
D'après une étude récente, le sexisme revient en force, notamment chez les jeunes. Il est sûrement l'un des fondements, une des valeurs sûres de l'extrême droite. Le R-FN, en ne changeant pas, se retrouve en phase avec l'évolution rétrograde de la société.
Ce slogan qui traite de la sorte les femmes et les renvoie à la cuisine ne dit rien sur elles, mais beaucoup sur ceux qui l'expriment ou le partagent. Les hommes des cavernes devaient être plus délicats et plus évolués que les élus du R-FN.

(1) https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/ces-deputes-rn-assument-ce-slogan-misogyne-visant-sandrine-rousseau-et-marine-tondelier_228958.html

mardi 30 janvier 2024

Grogne des procrastineurs

Le secteur agricole est en pétard un peu partout en Europe de l'ouest. Les agriculteurs néerlandais se sont mobilisés pour s'opposer à la décision de leur gouvernement de faire baisser les émissions d’azote en réduisant les cheptels, notamment de vaches laitières. Les agriculteurs flamands ont manifesté aussi pour l’azote. Puis, leurs confrères allemands pendant des semaines contre le projet de leur gouvernement de supprimer les aides publiques au diesel agricole. Maintenant, c’est la France. Et la Wallonie suit.
Le Vif (1) publie une interview de Philippe Baret, ingénieur agronome à l’UCLouvain et spécialiste du monde agricole belge et européen.

Pour Philippe Baret, "’il y a un effet de contagion et une bonne part d’opportunisme à moins de six mois du scrutin européen. Les agriculteurs savent très bien que la politique agricole européenne sera mise sous pression en cas de changement de majorité au Parlement et à la Commission UE. En réalité, c’est un bras de fer ancien qui se poursuit aujourd’hui. Il faut rappeler que près d’un tiers du budget européen est attribué à l’agriculture".
Faute de consensus entre ses Etats membres, l’Union européenne a récemment allongé de dix ans l'autorisation d'utilisation du sur le glyphosate. "Il existe évidemment tout un écosystème rassemblant des acteurs du secteur agricole, du secteur chimique et du secteur financier qui forment une masse d’influence pour faire reculer ou retarder les avancées au niveau écologique mais aussi de la santé." Phlippe Baret rappelle que la plupart des directives dont les agriculteurs dénoncent la lourdeur "poursuivent un objectif de santé avant tout et pas seulement écologique. (...) Les directives sont là pour améliorer la qualité de ce qu’il y a dans nos assiettes et la santé des gens."

"Le problème principal est, en fait, interne au monde agricole, pas au niveau de la Commission. D’un côté, les gros exploitants, soit 20 % des agriculteurs, qui font de plus en plus de bénéfices, absorbent néanmoins 80 % des subventions européennes. De l’autre, les petits exploitants, soit 80 % des agriculteurs, qui sont de plus en plus sous pression, ne touchent que 20 % des subsides. C’est cette inégalité-là qui est, à mon sens, à la base des problèmes du monde agricole."
"En Belgique, il y a des fermiers qui gèrent 1 200 hectares en pommes de terre et qui exploitent d’autres agriculteurs qui travaillent pour eux. Cette configuration est encouragée par le secteur agro-alimentaire et de la grande distribution. Au lieu de bloquer les routes et de gêner les citoyens, les tracteurs devraient faire le siège des supermarchés comme Aldi, responsables d’une course aux prix les plus bas et aux profits."

Les agriculteurs se plaignent d'un excès de contraintes administratives, mais certains contrôles ont été facilités. "Lorsqu’on reçoit des subsides surtout à une telle échelle, cela suppose des contrôles, donc de l’administratif. C’est logique. Le contrôle par satellite, lui, est en réalité une simplification pour les agriculteurs. Exemple : un fermier doit semer son couvert végétal pour le 11 novembre. Le 8, le satellite constate que ce n’est pas fait. Un sms prévient l’exploitant que le satellite repassera le 11, avec une sanction à la clé cette fois. Avant, l’agriculteur devait envoyer lui-même la preuve avec des photos quadrillées qu’il coloriait. Et les contrôles étaient aléatoires. Désormais, ils sont systématiques mais simplifiés. (...) "Toutes ces mesures n’ont pas été décidées sans concertation avec le monde agricole. Les syndicats étaient autour de la table pour les négocier et aujourd’hui ils sont dans la rue pour dénoncer ce qu’ils ont négocié. (...) Si vous consultez le registre des lobbies européens, vous verrez que la Copa-Cogeca, qui regroupe les principales organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne, est dans les bureaux de la DG Agri de la Commission tous les jours. La politique agricole commune (PAC) a pris un an de retard à cause des négociations."

Philippe Baret rappelle que le patron du grand syndicat FNSEA en France est le président du conseil d’administration du groupe Avril (Ndlr : qui est le numéro 1 des huiles alimentaires, comme Puget, Lesieur, et qui compte des filiales dans 18 pays). L'agronome est "inquiet du rôle simpliste que ces grands syndicats jouent par rapport à la mue indispensable du monde agricole". Selon lui, les grands syndicats agricoles mènent "un combat d’arrière-garde pour maintenir le vieux monde. Ce n’est pas représentatif de l’ensemble des agriculteurs. Ce n’est qu’une partie des agriculteurs qu’on retrouve sur les barrages routiers et dans la rue. La transition du modèle du passé vers le modèle de demain est inévitable. Ce n’est pas qu’une question écologique. C’est avant tout une question de système agricole. Les agriculteurs eux-mêmes sont les premières victimes du changement climatique, du manque d’eau… Ils savent depuis le début des années 2000 qu’il va falloir changer. Mais voilà, on a procrastiné et aujourd’hui la transition fait plus mal. Il y a sûrement des choses à négocier et à revoir. Mais ce qui m’inquiète le plus avec ces mouvements d’agriculteurs, c’est de savoir si ces manifestants ont un projet au-delà de la grogne et sont-ils vraiment dans l’optique de changer ?"
"On est dans le populisme tel que le définit l’historien Pierre Rosanvallon. (...) Pour lui, le populisme c’est la politique négative : on râle, on critique, mais on ne propose rien ou presque. Or le mouvement agricole tel que je le vois aujourd’hui dans les rues ne me semble pas avoir, jusqu’ici, de proposition à faire pour l’avenir. Il est juste dans la grogne – trop d’administratif, pas assez de revenus… –, sans aucun projet.

(1) par Thierry Denoël, 27.1.2024.
https://www.levif.be/societe/environnement/agriculture/agriculteurs-au-lieu-de-bloquer-les-routes-ils-devraient-faire-le-siege-daldi/

dimanche 28 janvier 2024

Des doutes

J'ai des doutes. Parfois je me demande si je ne serais pas d'extrême droite. J'ai lu "Sur les chemins noirs", de Sylvain Tesson, son récit de la traversée de la France à pied. Et je dois l'avouer ici, je l'ai apprécié.
J'ai lu "L'Axe du loup", autre récit - incroyable - de Sylvain Tesson qui raconte un autre voyage à pied qu'il a effectué durant huit mois, parfois dans des conditions extrêmes et des situations dangereuses, dans les pas d'évadés du goulag depuis Iakoutsk dans le nord-est de la Russie jusqu'au Golfe du Bengale à 5000 km de là. Ce récit illustré par Virgile Dureuil (1) m'a, je dois le reconnaître, impressionné.

Mais voilà, Sylvain Tesson est vilipendé par 1.200 poètes, écrivains et libraires qui ont décidé qu'il était d'extrême droite et ne pouvait donc pas présider le Printemps des poètes. Ils l'ont affirmé dans une tribune. On suppose donc que ces libraires vont désormais faire le tri dans les livres qu'ils vendent et ne garder que ceux des bons écrivains. 
Les signataires considèrent que Tesson est d'extrême droite à cause d'une préface qu'il n'a pas écrite, mais aussi parce qu'il a déclaré "Si vous voulez faire peur à vos enfants, ne leur lisez pas les contes de Grimm, mais certaines sourates du Prophète". Comme l'écrit Franc-Tireur (1), les signataires de la tribune flingueuse feraient bien de lire le Coran : "Ils y découvriraient que cette violence existe, tout comme dans l'Ancien Testament ou la Torah". Je pense la même chose. Je me demande si je ne serais pas d'extrême droite. 

J'ai des doutes. Parfois je me demande si une certaine gauche ne serait pas d'extrême droite. Je me demande où se situent ceux qui défendent l'islamisme. S'indigner qu'on critique les dérives politiques d'une religion dont on impose la loi par la violence et la terreur, n'est-ce pas soutenir une forme de fascisme ? J'ai des doutes sur la gauche : ne serait-elle pas d'extrême droite à force de chasser en meute contre qui ne pense pas comme elle, à force de jouer les Fouquier-Tinville, l'accusateur public du Tribunal révolutionnaire à l'époque de la Terreur ?

J'ai des doutes, est-ce que vous en avez ?

La vie me laissait une chance, il était grand temps de traverser la France à pied sur mes chemins noirs.
Là, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre.
Sylvain Tesson, "Sur les chemins noirs", Gallimard nrf, 2016.

(1) Casterman, 2023.
(2) 24.1.2024.
https://www.ouest-france.fr/reflexion/editorial/editorial-la-polemique-sylvain-tesson-ou-lhypertrophie-du-champ-politique-1a1f54b6-bc14-11ee-8a7d-fa3ec2db0626

vendredi 26 janvier 2024

Changer de culture(s)

L'agriculture, en soi, ne va pas mal. Elle produit... Ce sont les agriculteurs (et la terre) qui vont mal. En tout cas, beaucoup d'entre eux. Certains, gros bonnets de l'agro-industrie, ont des revenus très confortables quand la plupart des autres ne parviennent pas à se dégager un salaire décent tout en travaillant six ou sept jours sur sept.
Le problème est ancien et a déjà suscité de nombreuses crises. Depuis longtemps, le secteur - largement subventionné - aurait dû remettre en question son fonctionnement (1). Il n'en est rien. Au contraire. Les syndicats agricoles majoritaires refusent de reconsidérer un système qui a montré ses limites, sinon sa folie, celle d'une agro-industrie de conception libérale qui continue à pousser ses travailleurs vers des monocultures en étendant toujours plus leurs superficies, en s'équipant toujours plus et en empoisonnant la terre sous prétexte de produire plus. Nourrir l'humanité n'a pas de prix. Sauf celui de leurs produits, achetés parfois en dessous de leur prix de revient par le secteur de la grande distribution et revendus avec des  « marges qui ne permettent pas une juste répartition de la richesse ». Un éleveur laitier du Nord dénonce « l’agro-industrie qui bénéficie de marges garanties quand nous, on doit répercuter la hausse des prix du gazole, de l’eau, du soja et du matériel » (2). Vincent Delobel,  jeune éleveur belge, constate que "l’agro-industrie augmente ses marges alors que les prix d’achat aux agriculteurs ne montent pas" (3). La majorité des consommateurs ne prête pas beaucoup d'intérêt au sort des agriculteurs. "On a habitué les Français à se nourrir pour pas cher. Ils ont oublié la valeur de leur alimentation, peste un agriculteur (2). Payer quelques centimes de plus leur semble insurmontable, alors qu’ils achètent des chaussures à 150 euros et des abonnements téléphoniques hors de prix. »  

« On marche sur la tête, estime un agriculteur. C’est tout le modèle agricole actuel qu’il faut changer. » (2) Mais la FNSEA, le syndicat agricole largement majoritaire en France, ne fait que le conforter, ce modèle. Pas l'ombre d'une autocritique sur "ce vaste merdier" qu'est devenue l'agriculture", pour reprendre le titre d'un livre du journaliste Fabrice Nicolino. Xavier Beulin a présidé la FNSEA de 2010 jusqu'à sa mort en 2017. Il était président du conseil d'administration du groupe Avril2 (anciennement Sofiprotéol), groupe agroindustriel international (chiffre d'affaires 7 milliards d'euros en 2013) de la filière oléagineuse et protéagineuse. Wikipedia le présente comme "homme d'affaires, actionnaire, administrateur, lobbyiste, syndicaliste, industriel, financier". Comment un tel personnage aurait-il pu faire sortir l'agriculture française de sa folie productiviste ? Il y avait des intérêts totalement opposés. La FNSEA est le seul syndicat à pousser ses adhérents dans le mur. Depuis une éternité, tous les ministres français de l'Agriculture ont mené des politiques voulues par la FNSEA.
On comprend la colère des agriculteurs qui travaillent comme des forçats pour des revenus misérables, mais il est urgentissime que l'agriculture dite traditionnelle (paradoxalement, il s'agit de celle qui n'a plus grand-chose à voir avec les traditions) change radicalement ses pratiques. 

La Confédération paysanne, syndicat agricole d'une tout autre approche, affirme sa solidarité avec les mouvements actuels et estime que "la colère exprimée est légitime, tant le problème de la rémunération du travail paysan est profond". Elle appelle "à se mobiliser et à porter des solutions durables de sortie de crise et de système".  Son  mot d'ordre : « Un revenu digne pour tous les paysans et paysannes » et « Rompre avec le libre-échange ». Elle constate que "l'agriculture française tourne en rond depuis des décennies derrière la sacro-sainte « compétitivité » chère à l'agrobusiness et aux marchés mondialisés. Résultat : un plan de licenciement massif dramatique qui tue nos campagnes".
La Confédération paysanne demande "d'urgence une loi interdisant tout prix agricole en-dessous de nos prix de revient et la fin immédiate des négociations d'accord de libre-échange".
"Les gouvernements successifs et la FNSEA ont mené conjointement l'agriculture dans l'impasse actuelle d'un système économique ultralibéral, inéquitable et destructeur. Nous alerterons nos collègues sur le mirage de la « suppression des normes » et celui du « complément de revenu » par la production d'énergies." La Confédération estime qu'une simplification administrative est nécessaire, mais qu'il ne faut pas se tromper de cible. "La demande de la majorité des agriculteurs et agricultrices qui manifestent est bien celle de vivre dignement de leur métier, pas de nier les enjeux de santé et de climat ou de rogner encore davantage sur nos maigres droits sociaux." (...)  "Ce dont nous avons besoin, c'est de s'attaquer aux racines du problème en offrant plus de protection sociale et économique aux agricultrices et agriculteurs."
Ses demandes : "Instauration de prix garantis pour nos produits agricoles, mise en place de prix minimum d'entrée sur le territoire national, accompagnement économique à la transition agroécologique à la hauteur des enjeux, priorité à l'installation face à l'agrandissement, arrêt de l'artificialisation des terres agricoles". C'est à ces conditions que le monde agricole sortira du marasme dans lequel il (s')est plongé. (4)

Comme toujours, pour beaucoup d'agriculteurs en colère, le coupable est tout trouvé : c'est la faute de l'Union européenne et de ses frontières ouvertes. L'extrême droite nationaliste, en France comme en Allemagne, espère récupérer ce ras-le-bol et répète sa haine de l'Europe. Alors que c'est précisément plus d'Europe qui sauvera l'agriculture, plus d'harmonisation des règles et des législations. Où était le président du Front du Rassemblement national quand était discutée la PAC ?  Aujourd'hui, il se balade de ferme en ferme avec ses belles bottes. Il cause, il pérore, il parade. Bien plus qu'au Parlement européen où  il a toujours brillé par son absence (*). Une tradition dans la famille  Le Pen.

Les maires, quasiment tous, soutiennent sans condition le combat des agriculteurs. Même ceux qui ont refusé un label bio dont peut se targuer leur commune. Même ceux qui s'opposent à la loi ZAN qui entend interdire de nouvelles artificialisations des sols au détriment des terres agricoles.

Les agriculteurs se plaignent d'un excès de règlementations à devoir respecter, notamment dans le domaine environnemental. Ils souffrent, c'est indéniable, des dommages causés par le dérèglement climatique. Dont ils sont aussi responsables. Pour que soit visible leur colère, certains brûlent des pneus. C'est le cas ici tout près, en Haute-Vienne,  vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec l'aide d'un garagiste si content de s'en débarrasser. Quel est le message ? L'environnement, on l'emmerde ? Ça, ça fait longtemps qu'on l'avait compris. Oui, "c’est tout le modèle agricole actuel qu’il faut changer". Et sa culture. Dans tous les sens du terme.

(1) https://moeursethumeurs.blogspot.com/2013/10/fort-minables.html
https://moeursethumeurs.blogspot.com/2015/09/adieu-veaux-vaches-cochons.htmlhttps://moeursethumeurs.blogspot.com/2014/11/basse-cour.html
(2) https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/01/25/sur-les-barrages-des-agriculteurs-on-marche-totalement-sur-la-tete-c-est-tout-le-modele-agricole-actuel-qu-il-faut-changer_6212867_3234.html
(3) https://www.lavenir.net/regions/wallonie-picarde/2024/01/26/vincent-delobel-eleveur-a-havinnes-lagro-industrie-augmente-ses-marges-alors-que-les-prix-dachat-aux-agriculteurs-ne-montent-pas-U5TO5GIKNZAVBLUQVBPP6G63VI/
(4) https://confederationpaysanne.fr/actu.php?id=14096
(*) "La vocation de Jordan n'est pas d'être toujours à user ses fonds de pantalon sur les bancs de l'hémicycle. Il a rendez-vous avec l'Histoire prochainement ou dans quelques années, quelques décennies." Propos de l'eurodéputée RN Mathilde Androuët, excusant l'absentéisme de Bardella au Parlment européen (France 2, 18.1.2024). Faut-il en rire ou en pleurer ?


mercredi 24 janvier 2024

Père Ubu is alive

Tous les qualificatifs négatifs semblent lui coller à cette peau qu'il a orange : agressif, menteur, suffisant, manipulateur, escroc, violeur, vantard, vulgaire, dédaigneux, inculte, égocentrique, colérique, méprisant, grossier, malhonnête, menaçant, profiteur, incompétent. On n'en fera pas le tour. Donald Ubu Trump sera le candidat du Parti républicain qui connaît parfaitement la noirceur de l'individu mais estime que la fin (la victoire) justifie les moyens (un personnage abject) et qu'il n'y a aucune honte si le pire candidat est considéré comme le meilleur.

Hier, les électeurs républicains du New Hampshire l'ont placé largement en tête. Mais l'Affreux ne décolère pas : il reste toujours une candidate qui brigue la même place que lui. Il a tempêté contre Nikki Haley qui refuse de laisser tomber. Elle pourrait se retrouver bientôt visée par une "enquête", a-t-il menacé. Il aussi promis de se venger de ceux qui le fâchent. Mais qui donc le fâche ? La question devrait être posée autrement : qui donc ne le fâche pas ? Sans doute uniquement celles et ceux qui se prosternent devant lui. Mais il y a sûrement beaucoup d'exceptions. Et tous les autres devront craindre sa colère sous forme de vengeance. Qui n'est pas totalement avec lui est contre lui. 
L'homme est poursuivi par la justice pour d'innombrables accusations : association de malfaiteurs, conspiration, fraude électorale, mise en danger de la défense nationale, moeurs, sans compter les procès civils. Ici encore, la liste est longue, mais elle ne rebute pas les électeurs républicains qui le vénèrent.

Résumons-nous : la démocratie ne laisse pas de nous étonner.

Ceux qui seront condamnés à mort, je les passerai dans la trappe, ils tomberont dans les sous-sols du Pince-Porc et de la Chambre-à-Sous, où on les décervèlera. 
"Ubu Roi", Alfred Jarry

dimanche 21 janvier 2024

L'école des fan(atique)s

Voilà plus de vingt ans qu'en Communauté française de Belgique on réfléchit, dans l'enseignement officiel, à la création de cours de philosophie et de citoyenneté en lieu et place des cours de religion qui séparent les élèves selon leurs convictions. Ici, celles et ceux qui suivent les cours de religion catholique, là les élèves de religion protestante, là encore de religion musulmane ou juive, et puis des cours dits de morale pour ceux qui n'ont pas de religion ou en tout cas n'en veulent pas au programme de leurs cours. Chacun s'y trouve conforté dans ce qu'il croit ou plutôt dans ce que croient ses parents. Des cours qui divisent ou éloignent plutôt que des cours qui amènent les uns et les autres à se poser des questions sur ce qui fonde l'humanité et devrait aider au vivre-ensemble. Visiblement, le dossier n'avance pas (1). 

Ce qui avance au contraire avec ses gros sabots, c'est la religion, en particulier musulmane dans nos pays, mais aussi évangélique aux Etats-Unis et en Afrique, qui impose de plus en plus ouvertement ses signes et ses codes à l'école.  Il y a quinze ou vingt ans, une de mes connaissances me reprochait d'être critique par rapport au voile. Ce n'était selon lui qu'une mode passagère. Depuis, la mode s'est solidement installée et le foulard est apparu comme le cheval de Troie de la religion musulmane qui entend définir non seulement comment s'habiller mais aussi ce qui peut ou doit être enseigné et ce qui doit être interdit. 
Dans Charlie Hebdo (2), un prof de français du 93 dit avoir vu la moitié de ses élèves de cinquième baisser la tête pendant la diffusion d'un documentaire sur les dieux et les héros de l'Antiquité. La nudité de certains d'entre eux leur était insupportable. Les sorties dans les musées deviennent problématiques, dit-il. Pendant le ramadan, certains se bouchent les oreilles dans les cours de musique. Et il est difficile et délicat d'aborder la liberté de la presse et l'éducation à la caricature. L'orthopraxie conquiert de plus en plus d'écoles.
Il y a pire : en Allemagne, dans une école secondaire proche de Düsseldorf, quatre élèves ont tenté - et en partie réussi, semble-t-il - de faire appliquer la charia à leurs camarades. Ils auraient, selon La Libre (3), "fait pression sur le corps enseignant pour que les règles strictes de l’Islam soient appliquées, devenant une vraie “police de la charia” auprès des élèves". Les garçons étaient assis à l'avant de la classe et les filles, très couvertes, évidemment reléguées au fond. Elles évitaient du regard leurs enseignants masculins. Les jeunes flics de la charia souhaitaient que les cours se terminent plus tôt le vendredi pour permettre aux élèves musulmans d'aller prier.

Le journaliste et poète Omar Youssef Souleimane, réfugié syrien qui a acquis la nationalité française, anime des ateliers d'écriture dans des écoles secondaires. Dans "Etre Français" (4), il parle de ces jeunes, troisième génération d'enfants d'immigrés, qui s'enferment dans l'islam comme dans une identité qu'ils ont du mal à trouver. "Le plus étonnant, c'est que la majorité de ces jeunes ne connaît de l'islam que le mot halal, le voile, l'interdiction de boire de l'alcool et le ramadan. (...) Ils répondent inconsciemment à l'injonction de n'être que des Arabes, des musulmans, uniquement pour ne pas être Français, pour ne pas appartenir à ce pays qui nous a occupés." La religion, leur religion, pour ces jeunes, a tous les droits et ne peut être critiquée ou remise en question. Ou simplement remise à sa place qu'elle déborde de plus en plus largement en niant le rôle fondamental de l'école. Qui est de les éclairer et de leur éviter l'obscurantisme.

(2) "Pudibonderie et bondieuseries", Charlie Hebdo, 17.1.2024
(3) https://www.lalibre.be/international/europe/2024/01/19/priere-separation-entre-les-filles-et-les-garcons-tenues-religieuses-des-eleves-dune-ecole-allemande-essayent-de-mettre-en-place-la-charia-PLQESGGT2RDLNJOZIKEY46FYWA/
(4) Omar Youssef Souleimane, "Etre Français", Flammarion, 2023.

mardi 16 janvier 2024

Sacré Dieu !

Qu'est-ce qui lui prend, à Dieu ? Voilà qu'il enjoint aux Américains de voter pour Trump. C'est du moins ce qu'affirmait un de ses électeurs : Dieu lui a demandé de voter pour Suffisant Ier. En fait, Dieu veut garder la main, être le Recours Suprême, rester incontesté, empêcher quiconque de lui faire de l'ombre. Voilà pourquoi il veut favoriser les candidats les plus stupides, cupides, menteurs, escrocs, violents. Des contre-modèles qui par leur incompétence, leur cynisme, leur hypocrisie, leur agressivité feront mieux apparaître la perfection divine. C'est un malin, Dieu. 
Hier, Dieu a été obéi : le premier caucus républicain, dans l'Iowa, a désigné Trump haut la main. S'il devait redevenir président des Etats-Unis, certains observateurs pensent qu'une guerre civile est possible et que le grand bordel mondial va empirer considérablement. Dieu est diabolique.


dimanche 14 janvier 2024

La fille de son père

Ils ont tous deux le même humour. Maria Vorontsova est bien la fille de son père. ”Pour nous, la valeur de la vie humaine est une valeur suprême, a-t-elle déclaré dans une interview. La Russie est une société centrée sur l’être humain”. Elle estime que chaque personne devrait être valorisée afin que “nous puissions tous mieux nous comprendre et mieux communiquer” (1). Bon sang ne peut mentir. Maria Vorontsova est la fille de Vladimir Poutine. Le même Poutine qui s'offusque de voir l'Ukraine oser tirer des missiles vers son pays qui ne lui veut pourtant que du bien. Le même qui s'indigne de tous les conflits qui agitent la planète et n'hésite pas à proposer de son précieux temps pour intervenir comme médiateur. Un grand humaniste qui a la main sur le cœur et a toujours été scandaleusement ignoré par le comité Nobel qui attribue le Prix Nobel de la Paix. Des humoristes, on vous dit. On les attend impatiemment aux festivals du rire de Marrakech, de Montreux ou de Montréal. Les Poutine père et fille y feraient un malheur.
"Dans le sentiment de mon cœur, il n'y a pas de place pour un conflit russo-ukrainien (...) quels que soient les efforts déployés par des têtes démentes pour nous y entraîner." C'est Alexandre Soljenitsyne qui écrivait ceci en 1981. 
Selon une évaluation des services de renseignements américains, 315 000 soldats russes ont été blessés ou tués depuis le début de l'invasion de l'Ukraine en février 2022 (2).
L'humour russe nous échappe un peu. Tant il est dément. 

(1) https://www.lalibre.be/international/europe/2024/01/12/linterview-incognito-de-la-fille-de-poutine-fait-grincer-des-dents-DXVQLAMDRNAIHPAK4HGYBUJVNU/
(2) https://www.rfi.fr/fr/europe/20231229-les-pertes-de-l-arm%C3%A9e-russe-sont-%C3%A9normes-en-ukraine-selon-l-arm%C3%A9e-allemande

vendredi 12 janvier 2024

Hors sol

Les panneaux d'entrée de très nombreuses communes de France ont été retournés. La FNSEA, le tout puissant syndicat agricole, veut ainsi indiquer que "on marche sur la tête", critiquant les règles qui tentent de pousser l'agriculture vers une gestion plus respectueuse et plus durable de la terre. L'agro-industrie refuse de se remettre en question.
Le Pas-de-Calais est sous eau depuis plusieurs semaines. Les sols n'absorbent plus les pluies abondantes qui, emportant les terres, s'écoulent vers les vallées sans être retenues par des fossés, des arbres ou des haies. L'agriculture intensive les a fait disparaître, transformant les champs en déserts.
Oui, "on" marche sur la tête.


dimanche 7 janvier 2024

Réflexions d'un 7 janvier

Triste anniversaire. Il y a neuf ans, nous étions dans la sidération, avant d'en passer par la tristesse, le chagrin, la colère, le désarroi. Il y a neuf ans, deux sombres crétins (dont on s'est dépêché d'oublier le nom) massacraient à la kalachnikov des gens qui avaient le culot de s'exprimer avec des crayons et des stylos. 
Depuis le massacre de l'équipe de Charlie Hebdo, les attentats islamistes se sont multipliés un peu partout. Au nom de la défense des musulmans et de leur prophète, mais aussi pour exprimer une haine des valeurs dites occidentales. Des agresseurs de plus en plus jeunes, nés ou en tout cas élevés en Europe, souvent très éduqués, tuent des gens qui symbolisent précisément l'éducation, la réflexion, l'ouverture, la laïcité.
Jean-François Ricard, procureur de la république antiterroriste, traite les affaire d'attentats depuis les années 1990, il en commente l'évolution dans Charlie Hebdo (1). Parlant de l'assassinat de l'enseignant Dominique Bernard à Arras en octobre, il constate que le jeune tueur a agi d'abord pour punir la France, terre de mécréants. Dans le message audio qu'il a enregistré avant de passer à l'acte, le jeune "tient des propos mâtinés de références religieuses (et) déclare son soutien aux musulmans du monde entier. Bien sûr, il a quelques mots pour ses frères de Palestine, mais ce qu'il dit vraiment, ce qui a réellement déclenché son action, c'est sa haine de la France, de nos valeurs, de la République. (...) Ce qu'il dit, c'est que les valeurs que nous avons essayé de lui inculquer, de leur inculquer, notamment à l'école ont eu pour fonction de le détourner de la réalité, c'est-à-dire de la religion. Voilà le discours repris par ce jeune : on ne peut pas vivre notre religion ici. C'est un discours que j'ai entendu des dizaines et des dizaines de fois. Leur dialectique, c'est soit on combat la France, soit on la quitte parce qu'il faut se dissocier de ce pays". (...) C'est une vision du musulman qui ne peut être que victime."

Jean-François Ricard met à mal le cliché du terroriste islamiste masculin, peu éduqué, abandonné par le système : "j'insiste sur le fait que nous n'avons pas affaire à des pauvres types ou des paumés, pour reprendre les termes que l'on lit souvent. C'est complètement faux. On a eu des gens impliqués dans des projets d'action violente qui étaient d'un très haut niveau universitaire, scientifique, des ingénieurs, des médecins, etc. (...) L'idée selon laquelle ce sont des espèces de ratés qui vont choisir ce parcours presque par défaut, c'est complètement faux. Il y a de tous les niveaux." Et le djihadisme n'est pas qu'une affaire de mecs. Au contraire. Dans les études menées à partir des centaines de procédures qui ont suivi les départs en Syrie, le magistrat a constaté que "dans les deux tiers des affaires, c'était une mère qui était partie avec un ou plusieurs enfants jeunes, contre l'avis du père".

Reste qu'ils sont nombreux, à la France dite insoumise, chez les Verts et ailleurs, à ignorer ces analyses pour faire des terroristes de pauvres victimes de l'abandon par le système et des musulmans des victimes du système colonial. Le chercheur au CNRS François Burgat est de ceux-là. Pour lui, « la violence « islamique » ne vient pas de l’islam, mais est le produit de l’histoire récente des musulmans, soumis par le monde occidental. Dans un texte cinglant, l'essayiste français Ferghane Azihari dénonce cette analyse simpliste que Burgat a exposé dans son essai « Comprendre l'islam politique » (2016). 
"L'auteur, écrit Azihari, se familiarise avec la problématique islamiste dans le cadre de l'histoire tumultueuse de la colonisation européenne, de la création d'Israël (...) et des luttes dites anti-impérialistes. (...) Tout se passe comme si, pour l'auteur, l'histoire des rapports mouvementés de l'Islam avec l'Occident et avec la violence en général commence aux XIXe et XXe siècles avec l'expansion européenne et la naissance de l'État d'Israël." François Burgat ignore délibérément les siècles qui ont précédé : "les conquêtes arabes du VIIe siècle qui vont dérober à l'Empire romain d'Orient les provinces les plus riches de la Méditerranée antique", (...) les conquêtes arabes qui détruisent l'Empire perse et étendent l'Empire des premières dynasties califales des Pyrénées jusqu'aux frontières de l'Inde et de la Chine, (...) la constitution de ce vaste réseau de traite négrière et esclavagiste qui accompagnera l'expansion musulmane et qui ne sera aboli que sous la colonisation européenne, (...) l'élaboration des grandes écoles juridiques sur la base des légendes hagiographiques relatives à un prophète volontiers célébré comme un brigand sanguinaire, (...) la mise en place d'un statut discriminatoire pour les infidèles et la persécution des païens, (...) les luttes de pouvoir incessantes entre sunnites et chiites et des rivalités à l'intérieur desdites factions, (...) l'arrivée des Turcs, (...) la prise de Constantinople, le premier ou le second siège de Vienne, la destruction de la civilisation byzantine, l'occupation ottomane d'une partie de l'Europe qui va durer plusieurs siècles, (...) la guerre de course et les campagnes de razzias dont fut par exemple victime un Cervantès. Ce passif-là n'est évidemment jamais évoqué, tant le musulman n'est que l'éternelle victime de l'Histoire et rien d'autre que cela. Une variante du mythe du bon sauvage."

Selon Ferghane Azihari, François Burgat n'aborde la problématique islamiste qu'à travers "ce prisme ultra-étroit, qui ne couvre que 15% de l'histoire de l'Islam, et qui n'étudie l'Islam qu'à travers sa confrontation avec l'Occident moderne (comme si l'Islam avait attendu le XIXe siècle pour être le terreau de forces intolérantes, impérialistes et intégristes)". 
Burgat n'a jamais caché sa sympathie pour ce qu'on appelle communément l'islamisme, écrit encore Azihari, une indulgence qui a pour lui diverses origines :
"1/ Le musulman n'est qu'une victime et rien d'autre au motif qu'il a été colonisé pendant 150 ans (...).
2/ La conviction que le musulman ne fait que réagir à des circonstances extérieures qui lui échappent toujours. (...)
3/ L'islamisme est une réaction identitaire logique à une domination culturelle et politique extérieure (occidentale). Ainsi, le lexique musulman/islamiste « se réfère à un univers symbolique et normatif perçu comme endogène, « fait maison », imposé ni du dehors, par la puissance coloniale, ni d’en haut par les élites ». Cette théorie renvoie à un lieu commun de la sociologie, le fameux retournement du stigmate, qui postule qu'une discrimination ou un comportement impérialiste tend à renforcer, chez le discriminé ou le dominé, les traits culturels stigmatisés. Le problème de ce poncif ultra-répandu (bien au-delà de la gauche) est qu'il est incapable de rendre compte de la diversité des réactions possibles face à un impérialisme réel ou supposé. (...) La théorie du retournement du stigmate qui postule que le repli identitaire est la conséquence nécessaire, attendue et logique d'un impérialisme et d'une discrimination étrangère est une théorie paresseuse incapable de rendre compte de la variété des réponses à l'impérialisme. Cette théorie est incapable de rendre compte de tous ces peuples qui ont su, pour le meilleur et pour le pire, faire la part des choses entre la lutte contre les crimes d'une puissance impérialiste et la lutte contre la culture exportée par la puissance impérialiste. Au fond, gageons que l'indulgence de François Burgat à l'égard d'un islamisme auquel lui-même n'adhère pas est fondée sur la conviction inavouée que le musulman serait l'un des rares sur cette planète à être incapable de faire cette part des choses. Une autre variante d'un racisme tranquille.
4/ Vient enfin la conviction que le vocabulaire islamiste n'aboutit pas nécessairement à une politique autoritaire et violente. Il peut, dans certaines conditions, être le socle de l'émancipation. (...) Ce que dit Burgat, c'est que ce n'est pas parce qu'un musulman convoque le Coran et Mahomet qu'il va nécessairement se transformer en une créature autoritaire, homophobe, misogyne, antisémite et j'en passe. Le Coran et Mahomet peuvent aussi être invoqués pour poursuivre des objectifs démocratiques, féministes, humanistes etc. Dès lors, nous dit François Burgat, il est contreproductif de combattre l'étendard islamiste en tant que tel dans la mesure où cet étendard peut être utilisé à des fins violentes et pacifiques." On ne devrait donc pas s'opposer à l'islamisme sous prétexte qu'il ne serait pas uniquement générateur de violence mais aussi d'effets positifs. Après tout, sous Mussolini, les trains arrivaient à l'heure...

Ceux qui confinent leurs analyses de l'islamisme dans une vision coloniale récente et dans un rapport frontal Occident versus Monde musulman restent souvent enfermés dans une vision occidentalo-centrée, oubliant l'histoire et le vécu des populations musulmanes qui sont les premières à souffrir de la violence islamiste. "Parmi les phares de l’obscurantisme et du despotisme islamique figure l’Arabie saoudite. Or le Royaume des Saoud fait partie des alliés historiques de l’OTAN et n’a jamais connu la colonisation européenne", écrit, dans un autre texte Ferghane Azihari (2). Où sont pour tous les excuseurs de la violence islamiste les victimes musulmanes ? Les jeunes filles enlevées par Boko Haram ? Les Iraniennes ? Les démocrates algériens ? Les laïques afghans ? Toutes celles et tous ceux, musulmans ou non, qui souffrent, là où ils vivent en pays régis par l'islam, du diktat de la religion ? Ils n'existent pas. Ils gênent les analyses colonialistes.
On voit par là que l'universalisme est la seule voie. On ne peut être que du côté de toutes les libertés et surtout de celle de vivre et de penser librement. 

(1) "Jean-François Ricard : C'est un phénomène nouveau : en 2023, 11 mineurs ont été impliqués dans des affaires terroristes", Charlie Hebdo, 3.1.2024.
(2) https://www.lefigaro.fr/vox/religion/ferghane-azihari-l-islam-n-est-pas-la-religion-des-opprimes-20210413