jeudi 28 octobre 2010

Hors la loi

Le 22 septembre dernier, j'évoquais ici même le cas de ces deux travailleurs du bâtiment qui, en Algérie, avaient eu l'audace de manger dans l'immeuble privé dans lequel ils travaillaient. C'était le 13 août à midi, on était alors en plein ramadan. Et quand je dis "on", je parle plus d'eux que de moi. Le tribunal local les avait inculpés pour atteinte à un précepte de l'islam. On a appris depuis lors (LLB, 06.10.2010) qu'ils ont été relaxés: ils sont chrétiens. L'information ne dit pas ce qui leur serait arrivé s'ils s'étaient déclarés athées. Ou pire: musulmans.
Le même article nous a appris que, en Indonésie cette fois, deux jeunes femmes ont été flagellées en public pour avoir commis le crime atroce d'avoir vendu de la nourriture durant les heures de jeûne du ramadan. En Indonésie comme en Algérie et tant d'autres pays, la charia devient la loi. Le religieux s'impose par la force. Comme il tente de le faire chez nous.
"Comment aujourd'hui, à l'heure de la liberté des consciences, une religion peut-elle encore se définir comme un système légal et coutumier s'imposant de façon collective?" C'est le philosophe Abdennour Bidar qui pose cette question (1) "Le Coran a été sacralisé de manière archaïque, estime-t-il, il est déclaré intouchable, comme si le sacré devait éternellement signifier pour les hommes le règne de l'indiscutable. Beaucoup de musulmans en Occident étouffent sous une telle conception et me soutiennent", dit-il.
Du côté de l'église catholique, on essaie de faire passer la "culture" religieuse devant la loi. L'archevêque Léonard a estimé dans l'émission "Questions à la Une" de ce mercredi que les prêtres retraités soupçonnés de faits de pédophilie devaient être laissés en paix, leurs victimes étant invitées à leur accorder le pardon. Leurseigneur Léonard s'insurge contre la volonté de "vengeance" des victimes. Visiblement, il confond vengeance et justice et ignore ou veut ignorer ce qu'est simplement la justice des hommes.
On voit par là que l'homme, s'il veut se sauver, ne peut accepter que les religions fassent la loi.

(1) "L'islam face à la mort de Dieu" (F. Bourin éditeur), interviewé dans Le Vif, 15 octobre 2010

lundi 25 octobre 2010

Derrièrologie et devantologie

Bart De Wever a le verbe franc. Pour lui, un chat est un chat. Il y a quelques semaines, il déclarait: "ce qui est derrière mon dos, c'est mon cul", voulant signifier que lui importe peu ce qui se dit à son sujet. D'autres que moi ont souligné l'erreur manifeste. De Wever imagine mal sa constitution: il n'a pas le cul derrière, mais dans le bas de son dos. Ainsi sommes-nous faits. En tout cas toutes les personnes que je connais. En attendant, beaucoup de gens se sont pincés. D'autres indignés. La phrase fait un buzz sur internet, nous dit-on.
Sans doute, le nationaliste flamand a-t-il pris conseil auprès de l'orateur que Lydie Salvayre fait s'exprimer dans "La Conférence de Cintegabelle" (1): "Exprimez-vous ouvertement, dit-il, et d'un ton résolu qui est la marque des grands esprits. Fuyez les faux semblants. Tel est précisément le genre de trouvailles stylistiques qui empeste l'artifice et que j'essaie pied à pied de combattre. Ne mâchez pas vos mots, quitte à choquer les cagots tout en pudibonderies et en érubescences, et les vierges effarouchées qui ne s'expriment qu'à mots couverts de trente-six pelisses. (...) Appelez un derrière un derrière et une connerie une connerie", dit-il.
En parlant du sien, Bart De Wever s'inscrit dans une longue tradition. Celle de la "derrièrologie" en laquelle il a d'illustres prédécesseurs français. C'est en lisant Alexandre Vialatte qu'on l'apprend: "lorsque j'étais petit garçon, on me défendait de montrer mon derrière, écrit-il. Je le dissimulais de mon mieux. Qu'on m'en excuse. C'était alors la civilisation. Notre littérature a changé tout cela, ces cachotteries ne sont plus de mise, la vogue est aux journaux intimes, la mode est de montrer son derrière, et surtout celui des grands hommes: Vigny, Hugo, Michelet, Colette si je puis dire, Elise, Rachilde, etc. Ce ne sont qu'augustes volumes. Il en est de honteux, il en est d'arrogants." (2) Celui de Bart De Wever appartient à la seconde catégorie. On n'ose pour autant le qualifier de callipyge. Bref, il dit se moquer qu'on parle de lui dans son dos.
D'autres voix cependant s'élèvent clairement face à lui. Des voix flamandes, pour lui dire qu'il a tort.
On a entendu les syndicats nationaux, francophones et néerlandophones confondus, dénoncer le repli nationaliste de la NVA et regretter la perte d'une valeur fondatrice de tout Etat, celle de la solidarité.
On a entendu Frank Vandenbroucke de la SP.A et des universitaires flamands démonter les calculs du nouveau héros flamand: le mécanisme de financement qu'a imaginé la NVA pour les régions appauvrirait considérablement la Wallonie, dit l'ancien ministre socialiste flamand. Et les chiffres avancés par les nationalistes ne tiennent pas la route, estiment certains professeurs.
On a lu les artistes: deux cents d'entre eux ont publié une carte blanche pour "rejeter le discours sur la culture et l'identité qu'on nous propose", disent-ils. "Ce discours vide les concepts de culture et d'identité de leur contenu pour les transformer en instruments de manipulation à des fins politiques. Nous avons déjà une culture et une identité. Les deux sont plurielles. Elles sont aussi flamandes, mais pas exclusivement." Les artistes flamands disent aussi se révolter contre l'image désastreuse des francophones véhiculée par les nationalistes flamands. Ils regrettent "la perspective peu réjouissante d'une Flandre dominée par les objectifs économiques et où les acquis sociaux seront démantelés". Ils estiment que "le repli sur des communautés toujours plus petites et toujours plus précisément identifiées à une culture unique est un obstacle qui nous empêche d'évoluer vers une Europe plus sociale et plus solidaire". Et c'est cette valeur de solidarité, liée aux notions de multilinguisme et de multiculturalité qu'ils veulent mettre en avant": "ce qui fait défaut dans le discours nationaliste flamand, c'est l'idée de solidarité. Cette valeur humaine est tout le contraire de l'égoïsme, de la cupidité et de l'intolérance. (...) Une grande culture, une culture ouverte, c'est une culture qui quitte le chemin étroit de l'égocentrisme et qui adopte la solidarité comme valeur fondatrice. C'est la solidarité qui fait la grandeur d'une culture" (3), concluent les artistes flamands.
S'il se moque de ce qu'on dit dans son dos, le leader flamingant semble supporter difficilement qu'on lui parle en face. Il s'énerve, il laisse entendre qu'il ne sera jamais d'accord. Il se retourne, il boude. On ne voit plus que le bas de son dos.

(1) Seuil/Verticales, 1999
(2) Chronique de la Montagne n°105, intitulée "Les frères Goncourt", 21.12.1954
(3) "Deux cents artistes du Nord du pays contre le nationalisme borné - Des artistes flamands élèvent la voix", notamment in LLB, 20.10.2010

samedi 23 octobre 2010

Synergétiques cumuls

Jacques Gobert joue bien son rôle de lobbyiste. Il faut le reconnaître. Jacques Gobert est bourgmestre Ps de La Louvière, il est aussi président de l’Union des villes et communes de Wallonie. C'est à ce dernier titre que, dans le courrier des lecteurs de LLB de ce vendredi, il regrette le récent décret wallon interdisant le cumul de mandats. Il plaide pour les synergies, regrette qu’elles ne puissent désormais plus être mises en œuvre si on interdit à un bourgmestre ou un échevin d’être en même temps député wallon. Ne dites donc pas "cumuls", utilisez le terme politiquement correct de "synergies".
Jacques Gobert estime que l’argument selon lequel les députés utiliseraient leur position pour favoriser leur commune ne tient pas la route : « qu’on nous cite un exemple de décret qui favoriserait une ville ou une commune », dit-il. Les députés wallons ne sont pas assez bêtes, il le sait, pour tomber dans ce piège. Là où certains députés abusent de leur position, c’est en entretenant avec les ministres et les membres de leur cabinet des relations privilégiées qui permettent de faire avancer leurs dossiers locaux. Un député-bourgmestre et un bourgmestre ne sont pas sur pied d’égalité. Jacques Gobert le sait. Ou alors, il est sourd et aveugle. Ou naïf, ce qu'on a du mal à croire. Maurice Dehu, qui est du même parti que Jacques Gobert, est moins sourd, aveugle ou naïf que lui, en tout cas plus sincère: « je peux vous donner une liste de vingt hommes politiques qui ont financé la rénovation de leur ville lorsqu’ils étaient ministres. C’est humain… » (LLB, 01.01.04)
Jacques Gobert réfute également l’argument selon lequel les députés « ne sont jamais au Parlement puisqu’ils sont trop sollicités localement » : « je connais, dit le président de l’Union des villes et communes de Wallonie, beaucoup de députés-bourgmestres, et je les vois assidus et engagés, tant dans les fonctions parlementaires que maïorales. Ils sont dévoués à leurs tâches locales tout en s’investissant pour le bien de tous au niveau régional. » On voit par là que Jacques Gobert est un bon lobbyiste. Mais qu’il méconnaît (ou nie) la réalité. Pour le nouvel élu que je fus, en 1999, aux parlements régional et communautaire, la première surprise fut l’absentéisme. C’est que les députés-bourgmestres ont parfois divers chats à fouetter… Combien de fois n'avons-nous pas dû attendre des collègues (du parti de Jacques Gobert en particulier) qui n'avaient pas cru bon de venir en réunion de commission, accaparés qu'ils étaient par leur commune? Le quorum n'était pas atteint, la réunion ne pouvait se tenir. Les assistants de groupe, gênés, téléphonaient à l'un ou l'autre de leurs députés, pourtant si dévoués, pour les convaincre de venir en quatrième vitesse. Zoé Genot, ma collègue d'alors, au Parlement fédéral, disait la même chose en 2003: « les cumulards : ces députés-bourgmestres-échevins-etc. cumulent les fonctions et n’ont pas le temps de venir aux commissions parlementaires. Or, lorsque nous travaillons sur des projets ou propositions, nous devons avoir le quorum. Lorsque nous ne l’avons pas, nous reportons la commission pour deux heures. C’est de cette manière que nous avons perdu des centaines d’heures durant la législature précédente. (…) Tous les parlementaires sont payés à plein temps, donc la moindre des choses, c’est de bosser à plein temps ! » (JDM, 21.10.2003)
Je me souviens d'un collègue du Parlement wallon, membre du parti de Jacques Gobert, aujourd'hui député européen et toujours fils de son "papa", qui s'étonnait du temps plus que plein que nous disions consacrer, nous, députés écologistes, à notre mandat: "allez, ne me dites pas que le Parlement wallon vous prend plus de quinze heures par semaine", disait-il avec son accent liégeois.

Pour A. Destexhe, A. Eraly et E. Gillet, « le cumul des mandats constitue un lourd handicap pour la démocratie. Il provoque des conflits d’agenda. Il conduit à une augmentation de l’absentéisme parlementaire. Il détourne le député de l’intérêt général qu’il est censé défendre, au profit d’intérêts trop particuliers. Il crée la confusion dans l’esprit des électeurs. Il accorde au « cumulard » un avantage sur le député qui n’exerce qu’un seul mandat et qui se prive ainsi d’une occasion de se constituer un « capital de voix » dans son fief. Il contribue à renforcer les baronnies locales… » (LLB, 01.01.2004). Zoé Genot fait écho: « Je constate qu’à quelques exceptions près les parlementaires qui exercent également un mandat local sont moins actifs que les autres. Cela vaut d’ailleurs aussi pour le députés qui continuent à exercer leur métier dans le privé. (…) Si les députés bourgmestres faisaient vraiment entendre leurs voix au Parlement fédéral, la réforme des polices ne serait pas passée comme elle l’a fait. (…) Certains ministres se comportent comme s’ils étaient toujours bourgmestre de leur commune.» (LLB, 01.01.2004)

En attendant, le décret diminuant la possibilité de cumul de mandats est passé. Avec ses limites et ses incohérences, d'accord, mais il est passé. Malgré les combats d'une arrière-garde synergétique.

lire "Les abonnés à Cumul + (sur ce blog, billet du 11 juin 2009)

mercredi 20 octobre 2010

Poseur (de première) (pierre)

Une belle grande photo en couleurs intrigue en pages économiques de la Libre Belgique de ce jour. L'article nous apprend que le groupe Janssen, filiale pharmaceutique du groupe américain Johnson & Johnson, a posé hier à La Louvière la première pierre de son futur centre de distribution européen. Un centre qui devrait employer de cent à cent trente-cinq personnes. "La Région wallonne a investi onze millions d'euros en subsidiation directe" dans ce centre, nous explique Jaak Peeters, président du groupe Janssen en Europe. Déjà, on s'interroge et on s'inquiète: on ne connaît pas le groupe, mais on sait que l'activité pharmaceutique n'est pas toujours parmi les plus soucieuses de la santé de l'homme, quoi qu'elle puisse laisser croire. Quels critères amènent la Région wallonne à investir dans tel ou tel projet, dans tel ou tel secteur?
Mais ce qui nous interpelle ici, c'est la photo. Elle nous montre le ministre-président Rudy Demotte poser la première pierre. La tâche fait partie de ses obligations, il s'en acquitte avec le sérieux dont il a toujours fait preuve. Plus surprenant est de voir que celui qui lui tend une brique à cimenter n'est autre qu'Elio Di Rupo. On s'interroge: à quel titre joue-t-il les maçons? Il n'est plus ministre depuis un bon moment. Il est (parfois) bourgmestre de Mons, mais - que l'on sache - La Louvière n'est pas Mons. Il est membre d'on ne sait plus quel parlement, fédéral imagine-t-on (l'homme, comme son collègue Demotte, est difficile à suivre), parlementaire du Hainaut c'est sûr. Mais si c'est en fonction de ce statut qu'il joue les poseurs de première pierre, pourquoi ses collègues de tous les partis n'occupent-ils pas la même place que lui? Il est aussi - et surtout - président de parti. Mais tous les présidents de partis n'étaient pas invités à jouer le même rôle de bâtisseur. C'est que l'homme est président du Ps. Et là, tout s'explique: le Ps est triomphant en Wallonie et plus encore en Hainaut. Donc, son président-empereur représente la Région wallonne, suppose-t-on. Et plus personne ne s'étonne de le voir partout.
Le Vif du 15 octobre nous apprenait que le même Di Rupo a décidé, en tant que bourgmestre de Mons, "de renoncer momentanément à son salaire". Il considère que depuis quelques mois il n'a pas pu consacrer beaucoup de temps à ce mandat, englué qu'il fut dans les louables tentatives qu'il entreprit pour trouver un accord gouvernemental. On en convient avec lui, il faut, voire faudrait, faire des choix. On ne peut être à la fois à l'hôtel de ville, au parlement et à la présidence de son parti, être au four, au moulin et au pied du mur. Là où l'on voit le maçon.

lundi 18 octobre 2010

Sauver le thon et le Belge

Le Sommet de Nagoya s’est ouvert aujourd’hui. Il a pour ambition de définir des objectifs et de dégager des moyens pour préserver la biodiversité mondiale. D’après le WWF, elle a diminué de 30% depuis 1970. Dix-sept mille espèces, oui 17.000, seraient menacées de disparition : 37% des poissons, 21% des mammifères, 12% des oiseaux. Chaque année, treize millions (13.000.000!) d’hectares de forêt sont supprimés.
Le WWF invite tous les citoyens à se mobiliser. « Tous à Nagoya », crie-t-il, nous invitant à embarquer dans un avion virtuel, manière d’indiquer à nos responsables politiques que nous voulons qu’ils prennent le problème à bras le corps. Ticket d’embarquement sur www.wwf.be.
Il faut sauver le thon, le panda géant, l’albatros, le tigre du Bengale, la tortue luth, le cactus. Oui, même le cactus. Ils figurent parmi les victimes des activités humaines et du réchauffement climatique.

Le Belge, lui, est menacé de disparition, victime du « chauvinisme du bien-être ». C’est Mark Hunyadi qui évoque cette espèce d'égotisme des nantis (dans le Vif du 1er octobre). Ce philosophe suisse et professeur à l’UCL estime que les revendications flamandes sont psychologiquement compréhensibles au regard de l’histoire des deux communautés, mais, dit-il, « c’est pour le moins étriqué du point de vue moral et politique. On joue l’intérêt (immédiat et apparent) contre la solidarité. (…) Le fait caractéristique de ce chacun pour soi est qu’il s’affirme de façon décomplexée, dit-il. Même à gauche, on n’ose simplement plus affirmer ce qui était cependant l’une de ses valeurs cardinales : l’internationalisme. Même à gauche, la valeur de solidarité s’est repliée à l’intérieur des frontières nationales. Et à droite, on joue les riches contre les pauvres, les travailleurs contre les fainéants, etc. C’est aussi ce que fait Umberto Bossi en Italie. » L’identité flamande n’est pas menacée, estime le philosophe suisse : « ce n’est pas un repli identitaire, c’est une désolidarisation, c’est la revendication d’une non-solidarité, c’est tout différent ».
En écho, l'eurodéputé écologiste luxembourgeois Claude Turmes dénonce "cet égoïsme qui va de pair avec le succès économique". "On assiste à l'émergence d'une nouvelle droite, estime-t-il, très différente de la droite chrétienne-sociale de jadis. Le S a disparu. Cette nouvelle droite fédère les classes moyennes et les industriels qu'elle met égoïstement au centre de ses préoccupations, au détriment des autres. " Bert De Wever ne dément pas. Il a récemment déclaré que son patron est la VOKA, réseau des entreprises flamandes.

Le bien-être de quelques nantis n'a ni prix ni scrupule et a les mêmes effets. Et le chômeur wallon sera comme le thon: mis en boîte.
Il y a peu de chances que Joke Schauvliege, ministre flamande de l’Environnement, représentante de la Belgique à Nagoya, propose d’ajouter le Belge à la liste des espèces menacées.

samedi 16 octobre 2010

Belge au grand pied

"La planète vivra bien sans nous, ce n'est pas elle qu'il faut sauver, c'est l'espèce humaine." Voilà en substance ce qu'a dit hier soir Alain Hubert au Foyer culturel de Péruwelz, devant une salle comble et attentive. Il y était invité par la section locale d'Ecolo et par l'ACDA. L'explorateur, président de la Polar Fondation, a présenté la Station polaire Princesse Elisabeth dont il est l'initiateur et qui a été construite au coeur du continent antarctique. Elle n'est utilisée qu'en été, quand les températures ne descendent pas au-delà des -20°C. Elle a été conçue en habitat passif et fonctionne uniquement grâce aux énergies solaire et éolienne. Donc, pas de CO2. Et, dit Alain Hubert, il faut résoudre le problème des températures excessives à l'intérieur de ce bâtiment sans chauffage. Il y fait trop chaud.
Grande particularité de cette station: la gestion énergétique par un système informatique. Des priorités sont fixées: tôt le matin, ce sont la cuisine et les salles de bain qui ont priorité, puis les espaces de travail et de recherche; le soir, c'est l'espace de détente qui est privilégié. L'énergie n'est donc pas disponible partout à tout moment, contrairement à ce que nous connaissons chez nous. On se dit que c'est là une des clés de la question énergétique qui est et sera un des problèmes majeurs de ce siècle. Changer radicalement notre manière de consommer de l'énergie, notre "culture" énergétique, on n'y échappera pas. Ou alors, si elle joue les autruches, l'espèce humaine n'échappera pas à un sort funeste qu'elle se sera elle-même inventé. C'est ce qui ressort de la conférence d'hier soir.

Au même moment, le WWF présente son huitième rapport "Planète vivante". Il porte mal son nom. La biodiversité s'est amoindrie de 30% entre 1970 et 2007. Dans les régions tropicales, le recul est de 60%, à cause de la déforestation et le changement d'affectation des terres. Les régions tempérées, elles, ont amélioré de 29% leur biodiversité. Mais qu'elles se ne rengorgent pas: elles contribuent très largement, par leur mode de consommation, à l'appauvrissement des pays du sud. Ce sont évidemment les populations les plus vulnérables qui en paient le prix.

La Terre, généreusement, nous offre 1,8 hectare par personne. En 2007, notre empreinte écologique moyenne a été de 2,7 hectares par personne. Celle du Belge est de... 8 hectares! La Belgique se classe au quatrième rang mondial, derrière les Emirats arabes unis, le Qatar et le Danemark. Et devant les Etats-Unis. Gageons qu'un gouvernement fédéral va se former au plus vite pour s'attaquer avec énergie (!) au problème. Que des mesures drastiques seront prises par tous les niveaux de pouvoir et par les citoyens. Voilà que nous apprenons que la Commission européenne a renoncé à un moratoire sur les forages pétroliers en eaux profondes. Elle invite les Etats membres à la prudence en la matière. Voilà qu'on entend déjà parler des patinoires en plein air pour la période des fêtes. Voilà qu'on lit qu'à Celles-Pecq des milliers d'habitants s'opposent à un projet d'implantation d'éoliennes. On se dit qu'il y a du travail. On se rassure en se disant qu'il y avait hier plus de quatre cents personnes dans la salle du Foyer culturel de Péruwelz. Que Marina Silva, la candidate écologiste, a recueilli près de vingt pour cent des voix aux élections présidentielles brésiliennes. Que Didier Reynders remettra à la fin de ce mois un rapport au Conseil européen sur les modalités concrètes d'une taxe carbone et d'une taxe sur les transactions financières, avec l'espoir que l'Europe l'apporte sur la table du G20. Allez, on respire.

jeudi 14 octobre 2010

Une bonne et une mauvaise nouvelle

La bonne nouvelle, c'est que la Belgique existera toujours en 2018. Certains y croient en tout cas. Ils ont déposé, conjointement avec leurs collègues néerlandais (entendez par là les Pays-Bas, que les choses soient claires), la candidature de la Belgique pour une Coupe du Monde cette année-là. Alain Courtois, ce soir, se dit confiant. Dans tous les journaux, parlés ou télévisés - et sans doute écrits, qui l'interrogent.
La mauvaise nouvelle, c'est qu'il s'agit de la Coupe du Monde de Football. Et là, on est moins sûr que ce soit la meilleure des idées. La Fifa, la Fédération internationale de Football, pose, pour cette organisation, ses conditions. Elles sont nombreuses.
Passons-les en revue. La FIFA exige un accès gratuit au territoire belge pour les personnes qui doivent être en possession d'un visa. Elle exige l'octroi de permis de travail en quatrième vitesse. Peut-être même en cinquième. Elle veut que ses revenus, ses dépenses et celles de ses partenaires soient exonérés d'impôts. Qu'elle et ses amis puissent convertir en euros des dollars et des francs suisses sans coût. (On s'interroge: pourquoi des francs suisses? La Suisse est-elle déjà qualifiée pour la Coupe du Monde 2018?) La FIFA veut un accès gratuit aux installations de télécommunication. Elle exige que dans un rayon de deux kilomètres autour des stades qui accueilleront cet événement planétaire seules les publicités de ses sponsors soient affichées et que les cafetiers situés dans le même rayon ne puissent vendre que la bière du sponsor officiel. Tandis qu'elle puisse vendre dans ces mêmes stades ses produits dérivés. On voit par là que la FIFA veut le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière. Et qu'elle n'aime pas la contrainte. Willy Borsus, vice-président du MR, joue à merveille le rôle de la crémière: "il faut savoir ce que l'on veut, déclarait-il dans LLB du 4 août dernier. Et si l'on veut concurrencer les autres nations concurrentes, il faut être attractif", ajoutait-t-il, signifiant par là qu'il faut être plus libéral qu'il ne l'est. Ce qui n'est pas rien, on en conviendra. On s'interroge: les citoyens habitant dans un rayon de deux kilomètres autour des stades pourront-ils encore boire de l'eau? Seront-ils forcés de boire la bière du sponsor? On attend impatiemment la Coupe du Monde de Foot 2018 et on se dit qu'on vit quand même une époque formidable.

dimanche 10 octobre 2010

Vive le blasphème

Le Gouvernement chinois a qualifié de blasphème le choix du jury d'attribuer le Prix Nobel de la Paix à Liu Xiaobo. Ce qui est amusant venant d'un Etat on ne peut plus laïque qui fait la guerre aux religions. Un blasphème est "une parole qui outrage la divinité, la religion", selon le Petit Robert. Mais il est aussi défini comme "des propos déplacés et outrageants pour une personne ou une chose considérée comme quasi sacrée".
Liu Xiaobo a été condamné à onze ans de prison pour "subversion du pouvoir de l'Etat". Entendez par là avoir participé à la rédaction et la diffusion de la Charte 08. Cette charte prône notamment "un système moderne de gouvernement dans lequel la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire soit garantie." Elle considère que "les membres des organes législatifs à tous les niveaux devraient être choisis dans de élections directes". Elle plaide pour qu'il y ait des garanties strictes sur le respect des droits de l'homme et de la dignité humaine". Elle propose aussi de remplacer à l'école l'endoctrinement idéologique par l'éducation civique.
Le terme de blasphème est donc approprié. Toutes ces demandes qui ont juste l'air de tomber sous le sens sont en Chine autant de "propos déplacés et outrageants". Alors, les couronner d'un prix Nobel, c'est honorer le blasphème. Quand la dictature et le monopartisme sont érigés au rang de religion, prôner la démocratie et le multipartisme, c'est bel et bien blasphémer.
En attendant, tout le monde se plaît à souligner le courage et la détermination du jury du Nobel qui, contrairement à tant d'autorités de par le monde, ne s'est pas couché devant le Gouvernement chinois.

samedi 9 octobre 2010

Les nains et le cinquième Beatle

A voir sa coupe de cheveux et ses costumes, on soupçonnait Serge Kubla d'être un grand fan des Beatles première période. Mais on ne s'attendait pas à ce qu'il rende un hommage à John Lennon en ce 9 octobre. Dans la Libre Belgique, il déplore que "dans des moments aussi importants, un parti dont la démocratie ne peut pas être mise en cause (il s'agit du sien bien sûr, le MR), la première force bruxelloise et la deuxième wallonne, est obstinément tenu à l'écart de tout, comme s'il était pestiféré, alors que deux partis nains - le CDH et Ecolo - qui ont eu le culot en 2009 d'être formateurs d'une majorité décrètent que c'est ainsi et pas autrement!". Serge Kubla ne pouvait pas rendre plus bel hommage à John Lennon le jour où celui-ci aurait eu septante ans: "I'm just a jealous guy", nous dit-il.

vendredi 8 octobre 2010

Vaticancans

Le Vatican n'aime décidément pas les prix Nobel.
Il n'avait pas aimé que Dario Fo reçoive le prix Nobel de Littérature (c'était en 1997). Dario Fo, anti-conformiste notoire, n'épargne aucun pouvoir dans ses textes théâtraux. Ni les responsables politiques, ni l'armée, ni la police, ni l'Eglise. La censure, il connaît.

Le Vatican n'avait pas aimé que José Saramago reçoive le même prix (c'était l'année suivante). Il faut reconnaître qu'avec son "Evangile selon Jésus-Christ", ouvrage passionnant, Saramago a fait de Jésus une victime sacrificielle, portant la marque d'une faute commise par son père.
Plus récemment, dans "Les Intermittences de la mort", Saramago imagine que la mort, dans un pays non nommé, a cessé d'agir. Ce qui n'est pas aussi réjouissant qu'on pourrait le penser de prime abord. Les problèmes sont nombreux, les protestations se succèdent. Notamment celles des délégués des religions. Ainsi, le cardinal reconnaît que "si la mort disparaissait, il n'y aurait plus de résurrection possible et que sans résurrection l'église perdrait tout son sens". Plus loin, l'un de ses représentants donne raison au philosophe: "c'est exactement pour cela que nous existons, pour que les gens passent toute leur vie pris dans l'étau de la peur et pour que, leur heure venue, ils accueillent la mort comme une libération, Le Paradis, Paradis ou enfer, ou rien du tout, ce qui se passe après la mort nous importe bien moins qu'on ne le croit généralement, la religion, monsieur le philosophe, est une affaire terrestre, elle n'a rien à voir avec le ciel", ajoute ce "représentant renommé du secteur catholique" qui avoue faire semblant de croire à la vie éternelle". On voit comment Saramago, cet grand écrivain au regard ironique, a su ne pas se faire aimer du Vatican.

Aujourd'hui, le Vatican n'aime pas que le physiologiste britannique Robert Edwards ait reçu (c'était au début de la semaine) le Prix Nobel de Médecine. Edwards est l'inventeur de la fécondation in vitro, le père des bébés éprouvettes. Mais l'Eglise n'aime pas l'insémination artificielle. La naissance est un don de Dieu, estime le Vatican. Et Dieu n'aime pas la concurrence. Mais comment ne pas s'adresser à la concurrence quand Dieu n'a plus rien dans ses cartons? Dans LLB du 5 octobre, le Pr Yvon Englert, chef de la clinique de fertilité à l'hôpital Erasme à Bruxelles, estime que ce prix est justifié par "la révolution dans la prise en charge de la stérilité humaine que représente aujourd'hui la fécondation in vitro qui s'est révélée une technique utilisable dans un très grand nombre de pathologies médicales empêchant d'avoir des enfants". Il ajoute que "la FIV est en quelque sorte un précurseur d'une évolution de la médecine dont on voit tout doucement se dessiner les contours, à l'aube du XXIe siècle, en l'occurrence la thérapie cellulaire. Cela consiste à prendre des cellules au patient, à les traiter en laboratoire puis à les réinjecter. En ce sens, dit-il, la FIV est une technique visionnaire".
En fait, ce Nobel applaudit la vie. Tout comme il récompense l'évolution. Mais le Vatican a peur de la vie et n'aime pas l'évolution.

Voir à ce propos l'amusant dessin de Vadot dans les dernières pages du Vif de ce vendredi.

jeudi 7 octobre 2010

Ik hou van je, moi non plus

J'affichais ici même, tout récemment, mon pessimisme par rapport à l'évolution de la Belgique fédérale. Un article de la Libre Belgique d'hier ne me rend pas plus optimiste. Sous le titre "Off", voici comment ils se font la guerre, M.Bu et V.D.W. relate une série de déclarations de négociateurs francophones et flamands les uns par rapport aux autres. Dire que ce n'est pas l'amour fou entre eux relève de l'euphémisme. Les noms d'oiseaux volent et ils volent bas.
Quelques exemples: "ce type est vraiment pathologique"; "c'est de la torture de négocier avec eux" (...) c'est l'enfer"; "elle brasse du vent. Ce sont des débiles, en fait."; "c'est un peu comme un asile de demeurés"; "ce type est une horreur"; il ne comprend pas grand-chose. Il est lent."; "nous avons affaire à un type.... C'est quelque chose d'épouvantable"; "ce type est un vrai autoritaire, très malin" (...) un grand menteur"; "c'est une folle"; "qu'est-ce que cette région avec une langue de zouaves, là?".
Finalement, Bart De Wever a raison: mieux vaut repartir d'une page blanche.

mercredi 6 octobre 2010

L'Hercule picard

Daniel Senesael a fait sa rentrée. L'information, pour n'être pas capitale, est importante. Elle méritait de convoquer la presse, qui est d'ailleurs venue. Avec un sourire en coin, mais qui est venue, c'est là l'essentiel. Visiblement, le député-bourgmestre d'Estaimpuis a passé de bonnes vacances. Il est plus bronzé que jamais.
Il a intitulé sa conférence de presse: "Les 12 travaux de Daniel Senesael". Et là, avouons le, nous sommes pantois. Ainsi donc, Hercule, c'est lui. Pas plus qu'on ne soupçonnait Don Diego de la Vega sous le masque de Zorro, on n'imaginait que Daniel Senesael se cachait sous Hercule. Mais on y croit: parmi ses priorités figure l'état des routes wallonnes. Ce qui est simplement logique: "tout ce qui est humain m'intéresse", affirme-t-il à No Télé. On s'interroge: Hercule seul suffira-t-il à régler le problème? Et ce n'est là qu'un chantier parmi les douze auxquels il entend s'attaquer. L'hyperactif député agira dans tous les domaines. Mais c'est sa région qui a néanmoins sa préférence: "je suis spécialisé dans la Wallonie picarde", nous dit-il la main sur le coeur. Et sans rire.
On se dit que chaque bourgmestre, chaque échevin, chaque directeur d'entreprise, d'école ou d'administration, chaque artiste ou artisan devrait lui aussi à la rentrée faire état de ses projets, faire savoir qu'il bouge, qu'il est actif, qu'il se projette dans l'avenir. Voilà qui rassurerait les pessimistes et les grincheux. Et en particulier ceux qui raillent la Wallonie picarde. Elle est entre de bonnes mains.

mardi 5 octobre 2010

Il n'y a pas de pire sourd...

Que faire pour sortir la Belgique de l'ornière dans laquelle elle s'est fourrée? On me le demande. Je me le demande. Qui jouera le rôle de la dépanneuse? Faut-il faire appel à Europe Assistance? C'est une des pistes. L'Union européenne sait que l'indépendance de la Flandre ouvrirait la boîte de Pandore. Demain, les Ecossais, les Gallois, les Bretons, les Siciliens, les Catalans, les Basques, les Irlandais du nord, les Italiens du nord, les Luxembourgeois du sud, les Estoniens de l'est (tout est possible, allez savoir!) s'engouffreraient dans la brèche. L'Europe a donc logiquement dû envoyer des messages aux chantres de la nation flamande. A dû (ou devrait) leur faire comprendre que jamais elle ne la reconnaîtrait. Les raisons ne manquent pas. L'Union européenne repose sur le principe de la solidarité: les Etats les plus nantis contribuent à aider les plus "en retard de développement" à se remettre à niveau. Voilà ce qui s'appelle solidarité. Or, c'est précisément cette valeur que les Flamingants veulent mettre à mal en Belgique. Si demain un (encore à ce jour) hypothétique Etat flamand devait voir le jour au sein de l'Union européenne, il contribuerait, indirectement cette fois, à soutenir la Wallonie, quelle que soit la forme de celle-ci. Cherchez l'erreur. Ou l'incohérence. Ou l'absurdité. Et biffez la mention inutile, s'il devait y en avoir une.
La solution peut donc venir de l'Europe. Mais aussi de Flandre bien sûr. Si les autres partis démocratiques avaient le courage de mettre la NVA hors jeu pour former une majorité sans elle. Ce qui ne sera pas le cas. On a compris que, pour d'inexplicables raisons (1), le CDV s'est intimement scotché à la NVA. Il pense comme elle, rêve comme elle, ricane comme elle. Il est l'ombre de son ombre. Il pourrait être l'ombre de son chien, l'ombre de sa main. Peut-être même se teindrait-il en blonde. On a compris qu'il ne fallait rien en attendre. Reste l'opinion publique flamande. On a un peu entendu les syndicats nationaux affirmer que les priorités sont ailleurs. La FGTB se dit révoltée par l'idée de la régionalisation de l'impôt sur les personnes physiques et de l'impôt des sociétés. Elle voit l'Etat social menacé. Mais la réaction est peu forte et guère audible. Il faudrait que la rue se fasse entendre. On nous dit que la majorité des Flamands tient à la Belgique. Mais la rue semble bien tranquille ces temps-ci. Une solution à la crise? Honnêtement, en ce moment, Anne, ma soeur Anne, je ne vois que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie. En fait, l'herbe verdoie peut-être, mais sa verdoyance est peu visible à cause des feuilles mortes qui la recouvrent. Bref, et désolé, de mon point de vue, le temps n'est guère à l'optimisme, vous l'aurez compris.

(1) en fait elles sont parfaitement explicables puisque trivialement électoralistes, même si on sait que les électeurs préfèrent toujours l'original à la copie. Le positionnement du CDV semble relever d'une attitude politique naïve, ou absurde, ou simpliste. En tout cas ahurissante.

Ps-scriptum: pour essayer de comprendre un peu mieux ce bazar et surtout pour en rire, voir "La Flandre pour les nuls", par Bert Kruismans, à la salle La Fenêtre à Tournai le samedi 16 octobre à 20h (www.lafenetre.be).

lundi 4 octobre 2010

L'art de se faire détester

Le Gilles de Rais flamand, le boulimique qui mange même sa parole, ne connaît que deux mots, dirait-on: meer et niet. Aujourd'hui, il les a associés. Niet meer, a-t-il déclaré. Il souhaite qu'on efface le tableau et qu'on reprenne les négociations à zéro. Sa stratégie a l'air totalement aléatoire. Mais elle est calculée. Bart De Wever veut se faire détester des Francophones. Pour susciter le ras-le-bol, voire le dégoût. Pour que les Francophones abandonnent l'idée même de défendre un pays, une structure dont lui-même rêve chaque nuit de la mort. Détesté par les Francophones et déifié par les Flamands. Par beaucoup en tout cas. L'homme ambitionne d'entrer dans l'histoire de sa région. Il en sera le héros, aura sa statue au pied de la tour de l'Yser. Et tant pis si, au passage, il est intellectuellement malhonnête, s'il témoigne de petitesse et d'égoïsme, affiche du mépris, manie le mensonge, se montre hypocrite. Il sait que ses électeurs ne lui en tiendront pas rigueur. Au contraire. Il sait aussi que les Francophones n'ont aucune prise sur lui. Il sait que le CDV continue à le suivre comme un chien obéissant et que le VLD n'osera pas aboyer plus fort que lui.
Je formule ici une proposition qui devrait sauver la Belgique de la crise: qu'on lâche Hal ou Vilvoorde ou les deux. Et qu'on en fasse une principauté: la Flandre à la sauce Monaco sur laquelle il règnerait tout en laissant tranquille le reste de la Belgique. Leve et vive le prince Bart!

dimanche 3 octobre 2010

Un grand coup d'hélicon

En ce dimanche, nous avons eu droit à une belle (dernière?) journée d'été. A midi, le thermomètre affichait joyeusement ses 22°C. Le thermomètre est ainsi fait qu'il a la faculté de faire partager ses humeurs. A 22°C, il est joyeux, alors qu'à 6 ou 7, il est triste. Bref, ce dimanche était réjouissant. Aussi décidâmes-nous de manger dans le jardin et d'y profiter du calme et du coassement des grenouilles. C'était sans compter sur la Fête de la Pomme d'un village proche. Si ce village fête la pomme, c'est que des vergers y sont plantés. Les fruits y sont traités en "lutte intégrée". Entendez par là que les coccinelles remplacent fort efficacement les insecticides. Ce qui est, on en conviendra, la meilleure des idées. Les produits y sont variés et excellents: jus de fruits, sirops, vinaigres et tutti quanti (tutti frutti, faudrait-il écrire). Mais à la Fête de la Pomme, le ciel se fait porter pales. Pales d'hélicoptère s'entend. Le ciel vrombit. Les visiteurs ont la possibilité de survoler les vergers et les villages voisins et de pousser une pointe jusqu'au Grand Large. L'appel du large est puissant. D'autres que moi ont chanté sa force. Nombreux sont ceux qui y succombent. Mais, allez savoir pourquoi, l'hélicoptère rugit plus qu'un million de coccinelles s'attaquant en même temps à autant de pucerons. Il pollue légèrement plus aussi. On s'interroge: où est le lien entre lutte intégrée et hélicoptère? Que reste-t-il du bénéfice du travail écologique après ce ballet d'hélicoptères? On reste dans l'expectative. En attendant, à la fête de la pomme, les voisins sont les poires. La nature aussi sans doute.