jeudi 31 décembre 2009

2010

Je vous/nous souhaite une année
2010tinguée,
2010trayante,
2010ponible,
2010count,
2010tributrice de plein de bonnes choses.
Que Maubray ne devienne pas le Dubaï(ke) du nord.
Que toutes les auto- et théocraties se tranforment en démocraties.
Qu'on s'attaque enfin aux vrais problèmes de la planète: la faim, l'exclusion, le réchauffement.
Et puis, de la tendresse, bordel!

note: si j'étais politiquement correct, j'écrirais "et la tendresse, bon sang!". C'est ainsi que, en 1980, le film de Patrick Schulman avait été rebaptisé dans les feuillets de promotion annonçant sa diffusion sur l'écran du vieux cinéma catholique Patria à Péruwelz.

dimanche 27 décembre 2009

Petites réflexions de fin d'année

Comme chaque fin d'année, la presse jette un coup d'oeil dans le rétro de l'année écoulée.
J'en profite pour partager quelques réflexions.

La presse souligne la bonne tenue (sur le plan électoral) du Ps aux élections de juin dernier. Je me dis que le vrai talent d'un Di Rupo, d'un Demotte, d'un Magnette, c'est d'arriver à faire croire à la fois à certains que le Ps n'est plus vraiment socialiste et à d'autres qu'il l'est toujours. Bref, de balancer au centre.
Dans le Vif (18.12.09), Chantal Mouffe, professeure de théorie politique à l'université de Westminster, estime que "dans beaucoup de pays européens, les gens ont le choix entre le centre-droit et le centre-gauche, ce qui équivaut plus ou moins au choix entre Coca-Cola et Pepsi-Cola: le produit est le même, seul le nom diffère." Je suppose que le soutien sans faille du Ps à l'économie de marché et le credo de Demotte dans l'entreprise rassurent. Mais ne font pas avancer d'un iota vers un autre type de société.

La presse rappelle les débats en cours sur l'interdiction du port du voile et de la burqa. Je m'interroge sur les arguments qui pourraient soutenir le port de la burqa. J'en imagine deux.
1/ Quand naît un enfant, la grande question à trancher pour les proches est celle de savoir s'il ressemble plus à son papa ou à sa maman. Le bébé d'une femme en burqa ressemble forcément à son papa. Puisque sa maman ne resemble à rien.
2/ Le conjoint d'une femme en burqa peut la tabasser allègrement. Personne ne soupçonnera ses yeux au beurre noir ni ses lèvres tuméfiées.
Voilà donc deux grands avantages de la burqa, vus d'un angle masculin. Et d'un angle féminin?
Dans "adresse à celles qui portent volontairement la burqa", Elisbeth Badinter écrit: "Subversion, provocation ou ignorance, le scandale est moins l'offense de votre rejet que la gifle que vous adressez à toutes vos soeurs opprimées qui, elles, risquent la mort pour jouir enfin des libertés que vous méprisez."
Il y a bien quelques islamo-gauchistes qui s'offusquent qu'on puisse interdire cette bache qui ressemble si peu à un vêtement. Au nom de l'acceptation des différences. Devrait-on, au nom des différences, accepter des manifestations de fascisme, de racisme? *

Un conseil qui n'a rien à voir.
Ne dites plus: fours à chaux,
Dites: fours wapi.

* sur ce thème, lire "Vin, voile et burqa", publié sur ce blog le 22.06.09

lundi 14 décembre 2009

La Wallonie, à mille lieues de Copenhague

Cocorico! Le ministre wallon de l'Economie, Jean-Claude Marcourt, ne se sent plus de joie: la Wallonie est classée première de 61 zones d'Europe. Première région logistique d'Europe. Un des grands avantages, et de celui-là on peut effectivement se réjouir, c'est que la main d'oeuvre y est productive, qualifiée et multilingue. Pour le reste, qui dit logistique, dit entrepôt et infrastructures de transport. Le prix des terrains et des halls d'entreposage est faible chez nous. Traduisez: le sol (valeur première selon le Code wallon de l'aménagement du territoire) est bradé. Pour y construire d'immenses halls de stockage. C'est-à-dire des lieux qui ne sont pas des centres de production, mais de transit, à peu de valeur ajoutée. Et les autoroutes sont nombreuses et gratuites. Et génèrent des trafics de camions qui deviennent insupportables. A tous points de vue. Pour les riverains comme pour l'environnement. Ajoutons au tableau, pour qu'il soit complet, les aéroports de Gosselies et de Liège à la croissance constante, et nous comprenons de quoi nous pouvons être fiers: d'être une région qui résiste, envers et contre tout, à une évolution devenue indispensable. Voilà pourqwé, nos s'tons firs d'iesse wallons! Un mot encore, il paraît que Liège sera saturé à l'horizon 2020. Et ça, ça en jette vraiment, non?

Ici, au coeur de cette merveilleuse "Wallonie picarde" (dont j'ai malheureusement oublié le slogan *), ce sont les bourgmestres concernés par le projet d'un centre de glisse qui n'ose plus dire son nom qui font de la résistance. Quoi, s'étranglent-ils, le Ministre de l'Aménagement du Territoire demande aux promoteurs d'aménager leur projet pour l'adapter aux nécessités d'aujourd'hui? Mais c'est insensé, s'exclament-ils en choeur dans le Soir du 12 décembre!
Daniel Westrade, bourgmestre de Péruwelz, estime que «un projet comme celui-là sera mieux chez nous qu’ailleurs. Il est sans doute à revoir mais il est vraiment porteur pour notre territoire». On notera qu'il concède que le projet doit sans doute être revu.
Pierre Wacquier, son collègue de Brunehaut, se dit " un peu déçu par le ministre de tutelle. (...) On ne peut plus se permettre d’attendre, dit-il, car il ne faut pas oublier la création énorme d’emplois». C'est le même Pierre Wacquier qui, à propos du projet d'éoliennes à Saint-Maur, déclarait que « la Commune de Brunehaut attache une énorme importance à l’avis du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut » (sur No Télé, le 26 avril 2008). Or le PNPE a remis un avis extrêmement défavorable au projet de Maubray. Un avis que le Parc a adopté à l'unanimité, les représentants de Brunehaut ont donc exprimé leur refus du projet. Rappelons d'ailleurs que la commune de Brunehaut a remis un avis critique sur le projet, refusant, notamment, sa partie sud. Ce qui est pris en compte par le cabinet Henry. Mais le bourgmestre de Brunehaut semble brouillé à jamais avec tout sens de la cohérence.
Quant à Bernard Bauwens, bourgmestre d’Antoing, lui au moins reste cohérent avec lui-même et demeure, contre vents et marées, le porte-parole des promoteurs: «une fois encore, on recule dans ce dossier. Les promoteurs en ont ras-le-bol, plus de dix millions ont déjà été dépensés depuis 5 ans ».
Pour Bobo et Wawa, l'enquête publique qui a suscité des milliers d'avis négatifs, très argumentés, de toutes origines, semble nulle et non avenue. Etrange conception de la démocratie.
Et Copenhague est bien loin. On se souvient que le bourgmestre d'Antoing, à l'issue de la projection du film "Une vérité qui dérange", s'était dit extrêmement préoccupé par l'évolution de la planète, avant de défendre ardemment un projet de centre de loisirs gaspilleur en eau, en nature, en énergie, producteur de CO2 et de trafic automobile.
Finalement, c'est vrai qu'une des forces de la Wallonie, c'est le multilinguisme. Ici, on pratique couramment le double langage.

* assez amusant: cherchant le slogan, j'ai tapé www.walloniepicarde.be et je suis tombé sur un site qui me souhaite la "bienvenue en Tournaisis". On dirait que le Hainaut Occidental bouge encore! (je n'ai pas trouvé le slogan)

dimanche 6 décembre 2009

Une semaine rose pâle

Michel Daerden s'exhibe. Une fois de plus. En empereur romain cette fois, avec sa fille en vestale (?). La DH s'étrangle. C'est l'hôpital qui se moque de la charité. En attendant, le champion socialiste liégeois poursuit sa campagne de peoplisation (assez vulgaire, comme le veut le terme) de la politique. Grandeur et décadence de l'empire romain!

Comme on le pressentait, la chambre et le gouvernement fédéraux ont révisé la décision du sénat d'interdire dès janvier 2012 le tabac dans tous les bistrots. Les sénateurs, notamment socialistes, sont désavoués. L'empereur du Ps avait dit que, s'il reconnaissait les méfaits du tabac sur la santé, il ne fallait cependant pas oublier combien une bonne petite cigarette peut déstresser le brave travailleur en cette période de crise. Il avait exprimé aussi son souci de sauver des emplois dans l'Horeca. C'est vrai qu'un serveur qui meurt d'un cancer du poumon génère un nouvel emploi. Le Ps s'est donc aligné sur la position des Libéraux. L'interdiction du tabac prendra donc cours entre juillet 2012 et juillet 2014. La bonne nouvelle, c'est qu'on comprend par là que la crise sera alors derrière nous et que les travailleurs ne seront plus stressés.

Des députés fédéraux socialistes proposent, via une proposition de résolution transmise au gouvernement, que les passagers aériens puissent compenser leurs émissions de CO2. Volontairement, bien sûr. Car il ne pourrait être question pour eux de remettre en question cette grande évolution qu'est la démocratisation des voyages aériens. C'est de décisions fermes et pas de belles et gentilles intentions qu'a besoin la planète aujourd'hui. Il est grand temps d'imposer d'autres tarifs aux transports aériens, de favoriser le transport par train, d'interdire les sauts de puce en avion. Les prix de nombreux voyages aériens sont ajourd'hui ridicules. Il y a peu, sur un tout autre sujet, le JT de la RTBF suivait un petit homme d'affaires qui partait passer le week-end - en avion, cela va sans dire - à Carcassonne. Pour se déstresser. Alors qu'il suffit d'une bonne petite cigarette...

On le voit, le souci du Ps pour l'avenir de la planète est évident. Il invitait d'ailleurs à participer à la Vague pour le climat organisée hier à Bruxelles. Et... y brillait par son absence. J'ai eu beau chercher ne serait-ce qu'un représentant socialiste, je ne l'ai pas trouvé. Aucun n'apparaissait d'ailleurs dans les JT tant de la RTBF que de RTL.

Mais peut-être les élus socialistes étaient-ils mobilisés par le déménagement du premier des Wallons. La presse nous apprend que Rudy Demotte s'installe à Tournai. La rumeur l'affirmait depuis longtemps. Mais celui qui a trop joué quand il était enfant au jeu du ni oui ni non ne démentait ni ne confirmait. Aujourd'hui, c'est officiel, paraît-il. Il quitte sa commune de Flobecq devenue trop petite pour lui. On s'interroge sur les raisons de ce déménagement. Une régle interne au Ps interdit (interdisait?) à ses élus d'être à la fois parlementaire et bourgmestre ou échevin d'une commune de plus de 50.000 habitants. Et les nouvelles règles en Région wallonne visent le décumul des mandats. Demotte va-t-il sacrifier sa carrière ministérielle? Quel suspense!

jeudi 3 décembre 2009

La pensée du jour

"Il faut investir dans les secteurs qui répondent à ces vagues agressives qui nous atteignent."
Rudy Demotte au JT de la RTBF ce soir, à propos du Plan Marshall.Vert (ou quelque chose dans ce goût-là)
C'est le 150e message sur ce blog. Il fallait bien qu'hommage soit rendu à celui qui a tant dit pour l'alimenter.

Carnaval au moins une fois par semaine *

McCa était au Parlement européen aujourd'hui. A la veille du sommet de Copenhague, il plaidait pour que chacun d'entre nous évite de manger de la viande ne serait-ce qu'une fois par semaine. Pour lutter contre le réchauffement climatique (1).
Les agriculteurs ne sont pas d'accord, paraît-il. Ils ont tort. Même si la planète entière devenait végétarienne, tout le monde continuera à se nourrir. Et qui produit le lait, les céréales et les légumes, sinon les agriculteurs ? Quant aux bouchers, ils se recycleront en marchands de primeurs ou en fromagers.
La ville de Gent a instauré le jeudi jour sans viande. Sur base volontaire bien sûr. Et ça marche: 80 restaurants de la ville proposent au moins un plat végétarien. Et depuis la rentrée, la viande est proscrite du menu du jeudi dans les écoles communales. De très nombreuses autres villes à travers la planète s'intéressent à l'expérience. Mais les organisateurs de l'action veulent avant tout convaincre d'abord les hôpitaux de la ville, l'université, les autres écoles, etc. Ils espèrent aussi que les écoles hôtelières intègreront le végétarisme dans leurs formations.
La viande ne sera pas éternellement une question de préférence ou non, estiment-ils: "si rien ne change d'ici là, on prévoit un doublement de la consommation de viande d'ici 2050, ce qui serait insoutenable en termes de ressources" (2).

(*) carnaval: de carnelevare: ôter la viande (le Petit Robert)
(1) lire sur ce blog "L'esturgeon est aussi antisémite que le végétarien est stupide", publié le 05.10.2009
(2) LLB, 17.07.09

mardi 1 décembre 2009

Le tabac, c'est la santé (de l'économie)

Quelle mouche populiste a donc piqué Elio Di Rupo? S'il fallait une preuve de plus du socialibéralisme du Ps (avec un P de plus en plus gros et un s de plus en plus petit), son président vient de la donner. Elio Di Rupo s'oppose à l'interdiction du tabac dans les bistrots à partir de 2012. Les sénateurs - dont les représentants socialistes - venaient de décider cette interdiction. Mais Di Rupo craint pour la vie des cafés. "Avançons progressivement", dit-il. Alors que c'est précisément ce qui se passe, puisque l'usage du tabac est proscrit depuis plusieurs années dans les restaurants. Les discussions à la chambre ont donc été reportées. J'ai longtemps cru que le Ps défendait avant tout le "social", et donc, notamment, la santé "des gens". Faut-il rappeler au président Di Rupo que le tabac cause 20.000 morts chaque année en Belgique, dont 4.000 non fumeurs (1)? Et combien de morts sont causées par l'alcool? Mais le président du Ps semble avoir choisi son camp: plutôt sauver quinze ou vingt bistrots! Peut-on lui suggérer d'aller voir dans les autres pays européens qui ont déjà adopté depuis plusieurs années cette interdiction?
L'effet de cette sortie du président le plus influent du côté francophone sera, par ailleurs, intéressante à observer si on étudie la marge d'initiative et le pouvoir réel du parlement. La particratie et les calculs électoralistes auront-ils le dernier mot?

(1) selon l’Académie royale de médecine de Belgique, voir www.thinkabout.be/statistiques.htm

lundi 30 novembre 2009

Minarets et patinoires

A question idiote, réponse idiote. Hélas. L'extrême droite suisse a réussi à imposer dans le débat national une question que règlent d'habitude les responsables locaux. A 57%, les Suisses ont dit non aux minarets. Des limites de la démocratie directe... Si la question avait été posée à la population en Indonésie ou en Arabie saoudite de l'autorisation de construction de clochers d'églises, je présume que la réponse aurait été identique. En ce début de siècle où priment les identités, difficile d'espérer de grandes et nobles attitudes d'ouverture. Chacun se replie sur son lopin de terroir et son nombril et l'église doit rester au milieu du village. Les minarets n'auront donc pas pignon sur rue en Suisse.
Le roi du culot en profite. Une fois de plus. Tariq Ramadan déplore la confusion entre islam et islamisme. Je suis parfaitement d'accord avec lui. Mais alors qu'il cesse précisément d'entretenir cette confusion, lui qui pratique en permanence le double langage. L'image des musulmans est ternie par les islamistes qui entendent imposer leurs règles rétrogrades. L'islamisme est clairement une utilisation politique (obscurantiste et sexiste, pour ne pas dire fascisante) de la religion. Pour les islamistes, religion et Etat se confondent et ils entendent créer des états théocratiques où la charia serait d'application. "L'islamisme est un intégrisme musulman, un fanatisme qui englobe plusieurs courants, mais c'est également l'utilisation , voire la manipulation de la religion musulmane à des fins politiques et idéologiques. L'islam est une religion, l'islamisme est une idéologie." (...) "Qualifier l'islamisme de fascisme n'est ni un abus de langage ni un dérapage."(Mohamed Sifaoui - Combattre le terrorisme islamiste) Les islamistes, on le sait, vont donc jusqu'à tuer - ou, plus courageusement, à faire tuer - souvent aveuglément - au nom de dieu.
Pour lutter à la fois contre toutes les extrêmes droites, les "locales" comme les islamistes, les musulmans démocrates - ils sont nombreux - devraient beaucoup plus se faire entendre, protester contre les fous de dieu, condamner l'idéologie salafiste. Donner une autre image de leur religion qu'ils présentent comme tolérante et tranquille. Ce que je suis prêt à croire. Sortons donc de la confusion entre islam et islamisme. Et coupons ainsi l'herbe sous le pied des extrêmistes intolérants. Quelles que soient leurs origines. Les minarets tutoieront alors les clochers.

Ceci dit, en France, la question des minarets n'en plus une, selon rue89 qui a rencontré Sadek Sellam, historien de l'Islam Contemporain et auteur de « La France et les musulmans » :
« Depuis la fin des années 90, ce n'est plus un problème. Les maires, qui gèrent la question au quotidien le savent bien, les anciens refus ont disparu. Les musulmans tiennent compte du droit de l'urbanisme et ne réclament plus de grands minarets.
Ils sont conscients de la primauté de la laïcité et font comme pour les églises qui depuis la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905 ne dépassent pas le plus grand monument de la ville. La Suisse est en retard. » (voir sur www.rue89.com: "En France, le débat sur les minarets s'est désormais apaisé" par Sophie Verney-Caillat 30/11/2009)

Personnellement, je propose que les Belges se prononcent sur la question suivante: "Faut-il interdire les patinoires à ciel ouvert?". Chaque fin d'année, elles reviennent. Toujours aussi gaspilleuses en énergie. Toujours aussi absurdes. A Bruxelles, il y a même une piste de luge, "avec de la vraie neige", nous dit le JT de la RTBF, de moins en moins avare d'une analyse intelligente.
Mon souhait? Qu'il pleuve jusqu'après les fêtes. Et qu'il fasse 20 degrés. Transformons les patinoires en piscines!

jeudi 26 novembre 2009

Les amitiés puantes des anti-américains

Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. C'est - hélas - trop souvent une manière de nouer des alliances, même contre-nature, en politique. Où l'on voit ainsi se rapprocher des hommes ou des régimes que tout oppose, sauf précisément cette opposition à un ennemi commun. Etre anti-américains rapproche ainsi les bolivariens du Vénézuela ou de Bolivie et le dangereux fondamentaliste antisémite Ahmadinejad.
Now on tour, le président iranien se cherche - et visiblement trouve - au Brésil, au Sénégal, en Gambie et dans les deux pays pré-cités, des alliés pour le soutenir dans son "programme nucléaire". Chavez, Morales et Lula avaient déjà passé un marché avec les Russes, mêlant armes, pétrole, nucléaire civil et manoeuvres navales (1).

Ces trois présidents latino-américains sont clairement ancrés à gauche, menant une politique sociale dans des pays durement touchés par les conséquences sociales des régimes ultra-libéraux précédents, alors soutenus, voire mis en place, par les Etats-Unis.
Le sentiment anti-américain y est donc compréhensible. Mais qu'il amène ces gouvernements à se faire un allié d'un régime qui se situe à l'exact opposé sur l'échiquier politique est beaucoup moins entendable.

La répression se poursuit en Iran. Et elle est particulièrement dure. Notamment à l'égard des manifestants qui ont protesté contre les manipulations lors des dernières élections. Récemment, on a appris la mort de Ramin Pourandarjani, un jeune médecin de 26 ans. Un suicide, affirme le régime. On a retrouvé son corps dans un dortoir du QG de la police de Téhéran. C'est fou le nombre de gens qui choisissent des locaux de la police pour s'y suicider!
Ce jeune médecin avait témoigné des conditions de détention épouvantables que connaissent tant d'opposants dans la prison de Kahrizak. Il avait dénoncé les assassinats perpétrés par le régime, notamment celui de Mohsen Ruholamini, fils d'un haut dignitaire du régime. Suite à la révélation des circonstances de sa mort, de nombreux conservateurs étaient passés dans le camp des opposants (2).

Mais pour Hugo Chavez, le président vénézuélien, son collègue iranien est un frère, nous dit-on. Un frère, ce "fondamentaliste servile" à "la rhétorique populiste" (3)? Il prêche une "mystique apocalyptique sur l'imminence du retour du Mahdi, l'imam caché, dont l'apparition est censée précipiter la destruction du monde et marquer la fin des temps", explique Mansoor Moaddel (3). "Ahmadinejad a pour habitude de faire précéder ses discours publics de prières réclamant instamment le retour du Mahdi." Et Moaddel d'affirmer que "plusieurs ayatollahs ont fait remarquer que de tels propos sur le Mahdi sont inconvenants dans la bouche d'un Président ou pire, symptomatiques d'un leader déséquilibré". Mais les positions millénaristes du président iranien ne sont finalement qu'illuminations de peu de gravité face aux lois qui régissent aujourd'hui ce pays et à la terreur qui y règne.
Un pays où la critique des élections présidentielles est considérée comme un crime. (4)
Un pays dont le chef de la police plaide pour une application plus stricte des châtiments islamiques, notamment l'amputation des mains des voleurs (5).
Un pays où les femmes sont obligées de se voiler, où les défenseurs des droits des femmes sont envoyés en prison (6), où les professeurs d'université, jugés trop progressistes, sont menacés.
Un pays - c'est une première - qui confisque à l'avocate Shirin Ebadi le Prix Nobel de la Paix qu'elle a reçu en 2003 (7).

C'est donc ce président-là, antisémite affirmé (qui organisait en 2006 une conférence sur l’holocauste pour nier celui-ci), qui mène cette politique-là, qu'accueillent les Lula, Chavez et Morales. Quand la gauche et l'extrême-droite s'embrassent, l'histoire bégaie. Comment ne pas penser à tous ces intellectuels de gauche en Occident qui ont longtemps soutenu la Révolution culturelle de Mao ou les Khmers rouges? "Notre" extrême-droite aussi est viscéralement anti-américaine. Ce qui ne suffit pas à la classer à gauche.

Choisissez bien vos amis, camarades! Choisissez bien vos camarades, amis!

(1) voir LLB, 23.11.09
(2) voir Marianne, 21.11.09
(3) enseigne la sociologie à l'Eastern Michigan University - voir LLB 25.07.09
(4) Amnesty International www.amnesty.be - 29.10.09
(5) www.amnesty.be - 11.11.09
(6) www.amnesty.be - 05.11.09
(7) JT RTBF, 26.11.09

mercredi 25 novembre 2009

D'affables voisins

Hier soir en gare de Lille. Une annonce au micro nous signale que "en raison de problèmes rencontrés sur un réseau étranger, le train de Liège aura un retard indéterminé". La même annonce est ensuite répétée en néerlandais. Les informations se succèdent, toujours en français et aussitôt en néerlandais: 5 minutes, puis 10 minutes d'attente. Elles sont exprimées oralement, mais aussi indiquées sur le panneau d'affichage des départs. Finalement, les voyageurs apprennent que le train attendu n'arrivera jamais. La SNCF leur présente ses excuses.
Il y a entre la SNCF et la SNCB deux différences:
1. l'information circule côté français, les voyageurs sont considérés comme des clients et informés des problèmes. En Belgique, trop souvent, ils ont l'impression d'être des otages qui ne savent rien de ce qui les attend.
2. les voyageurs néerlandophones sont des clients comme les autres. Ils ont droit à des informations dans leur langue. En Belgique, la langue parlée est fonction de la commune où on se trouve, pas des clients. A Bruxelles, les annonces se font dans les deux langues. A Namur, Mons ou Tournai, en français uniquement. A Kortrijk ou Gent, en néerlandais uniquement. Prochainement sera ouverte une ligne directe Tournai - Kortrijk. Les annonces se feront-elles dans les deux langues?

La pratique de la monolangue n'est pas une spécificité de la SNCB. Les indications routières sont du même tonneau: à Tournai, on vous indique la direction de Courtrai, de Gand ou de Renaix. Du côté flamand, les villes wallonnes n'existent que dans leur traduction néerlandaise. Même le nom de Lille est traduit, devenant Rijsel. Et tant pis pour les Lillois ou les automobilistes en transit qui ignorent qu'un nom signifie l'autre et qu'ils roulent en Absurdistan. Seules les communes bilingues affichent le nom des villes dans les deux langues.
Par contre, le long des autoroutes du nord de la France, Gand est également indiqué Gent.
On peut reprocher bien des choses aux Français, leur nombrilisme, leur chauvinisme. Mais on saluera leur ouverture sur les régions voisines. Une attitude de courtoisie à cent lieues de l'attitude mesquine qui prévaut en Belgique. Petit pays...

samedi 21 novembre 2009

L'entente cordiale

Vu au JT de la RTBF ce soir un extrait du "Grand Journal" de Canal+. Un constat: il porte bien mal son nom. Il est petit. Revenant sur la désignation de Vann Ronpouille, le présentateur précise qu'il est belge, ce qui fait pouffer un chroniqueur. Le grand regret du grrrrrrrand journal: que ce ne soit pas une vedette. Un chroniqueur déplore le choix de ce "clown que personne ne connaît". Il ne le connaît pas, mais il sait que c'est un clown. Quand on connaît même à peine notre ex-premier, on ne peut pas dire que ce soit la qualification qui lui convienne le mieux. Je n'ai pas (loin s'en faut) de sympathie particulière pour Herman Van Rompuy (prononcer: Ermann Vann Rome Peuille) et je n'ai pas sablé le champagne parce qu'un Belge était désigné à ce poste, mais les réactions au sein de l' "Union" (?) européenne ont de quoi inquiéter.
Le Daily Express, avant que le président européen soit désigné, avait titré: "Britain ruled by a Belgian? You must be jocking".
Imaginons un instant que les choses se soient passées différemment.
Un Français a été désigné président du Conseil européen. Réaction des autres pays: "quoi? une grande gueule suffisante à la tête de l'Europe!?".
C'est un Anglais: "quoi? un cul serré insulaire triste comme un frigo vide!?".
Un Allemand: "Ca y est! L'europe va être dirigée à la baguette!".
Un Italien: "Paroles, paroles! En attendant, ce serait peut-être bien qu'elle travaille de temps en temps, l'Europe!".
Une lettonne: "une laid quoi?".
On voit par là que le racisme se porte bien, que je ne suis pas près de m'abonner à Canal +, pas plus qu'au Daily Express, et que la bêtise et l'étroitesse d'esprit ne connaissent pas de frontières.
Mais il n'est pas interdit de rêver d'Europe.

jeudi 19 novembre 2009

L'homme est-il un chien?

Divers événéments survenus ces derniers jours sont à l'origine de cette question: l'homme a-t-il toute sa tête?
Dans un village voisin du mien, un jeune homme s'est fait massacrer par une bande (une meute? une horde?) de six ou sept jeunes. Il s'est retrouvé plusieurs jours en soins intensifs avec fracture du crâne. Ses agresseurs l'ont frappé notamment au visage avec un pavé et une porte de jardin. Son crime? Vivre une histoire d'amour avec la soeur de l'un d'eux.
A Namur, un automobiliste raconte l'agression dont il a été la victime: croisant en début de soirée un véhicule circulant avec ses grands feux, il a l'audace de lui envoyer un appel de phares pour lui demander de les couper. L'automobiliste outragé (?!) fait aussitôt demi-tour, multiplie les queues de poisson jusqu'à le bloquer. Et pendant un quart d'heure, vert de rage, frappe violemment sur la voiture de l'autre. Sans parvenir toutefois à casser un carreau. L'autre automobiliste en est quitte pour d'importants dégâts matériels et un grande frayeur.
A Saint-Gilles, ce sont des policiers, remplaçant des gardiens de prison en grève, qui sont accusés d'insultes et de violences graves à l'égard de détenus.
Dans le monde du foot, faut-il encore s'étonner des faits de violence?
En Algérie, une centaine de ressortissants égyptiens ont dû quitter le pays suite aux agressions dont ils ont été l'objet de la part de "supporters" algériens. Des informations, démenties par l'ambassadeur algérien au Caire avaient faisait état de tués algériens en Egypte.
Lors d'un match de juniors entre l'Antwerp et Eupen, des supporters anversois, dont des parents, ont agressé, insulté et frappé les joueurs eupenois. Au point que certains d'entre eux ont dû être transportés à l'hôpital pour y recevoir des soins. C'était le 11 novembre, le jour où on célèbre la paix retrouvée...
Quelques exemples de violence parmi, hélas, beaucoup d'autres qui amènent à se demander quelle est la part d'humanité, d'intelligence humaine qu'on peut trouver chez ces hommes au comportement bestial.
L'Union internationale pour la conservation de la nature vient de publier ses listes rouges sur les espèces menacées. La directrice de la commission biodiversité de l'UICN estime que "les preuves scientifiques s'accumulent sur la sévérité de la crise d'extinction que nous traversons." 36% des espèces sont menacées, 2% sont éteintes à l'état sauvage ou totalement, 8% sont "quasi menacées". Il y a une espèce qui n'apparaît, hélas, pas dans ces catégories: celle des chiens humains. La nature est mal faite.

lundi 16 novembre 2009

Les micmacs du politiquement correct *

Saint-Nicolas a débarqué du côté d’Anvers le week-end dernier pour rencontrer les enfants sages. Certains parents n’ont pas apprécié qu’il ne porte plus de croix.
Les organisateurs ont expliqué que c’est parce que Saint-Nicolas venait pour tous les enfants, pas seulement les enfants chrétiens. Et puis que, de toute façon, de son vivant Saint-Nicolas ne portait pas de croix.
J’avoue que je ne l’ai pas bien connu de son vivant, mais je pense pouvoir affirmer qu'à cette époque de sa vie (!), Saint-Nicolas n’était pas saint. En général, ça ne vous arrive que longtemps après votre mort. Donc, s’ils sont logiques avec eux-mêmes, les organisateurs anversois devraient le rebaptiser Nicolas. Tout court. D'autant que saint, c'est quand même un peu connoté, non?
De son vivant, on dit qu’il a été évêque. De Smyrne, si je me souviens bien. Et même, peut-être bien archevêque. Donc, on devait l’appeler Monseigneur, j’imagine. A Anvers, on devrait donc l’appeler Monseigneur Nicolas. Mais évidemment, ça ne peut pas marcher, puisque ça fait aussi assez catho, on en conviendra. Donc, il risquerait de ne pas plaire à tout le monde.
A ce compte-là, moi qui suis républicain, je trouve que le roi ne devrait jamais porter les signes de son statut. Pour ne pas me déplaire. Et les militaires devraient abandonner leurs uniformes et leurs armes. Pour ne pas déplaire aux objecteurs de conscience. On voit par là que le politiquement correct est vite ridicule.
D’autant qu’un Saint-Nicolas "non connoté", il existe déjà. Il s’appelle Père Noël. Quoique, je me demande quand même s’il ne serait pas un peu capitaliste.

* ou les nicnacs...?

jeudi 12 novembre 2009

Ma petite entreprise ne connaît pas la crise

La Communauté française a un trou budgétaire de 600 millions d'euros. La Région wallonne ne va pas bien. Et l'Etat fédéral non plus. Donc, il faut faire des économies. Mais tout va très bien, Madame la Marquise!
En Communauté française, la ministre de la Culture l'a confirmé: "les opérateurs culturels sous contrats-programmes ont vu leur indexation supprimée pour 2009." "Mais", s'empresse-t-elle d'ajouter, pour Mons 2015, hypothétique capitale européenne de la culture, "il y a un accord clair (1) et on l'appliquera: "100.000 euros en 2006 et 2007, un million en 2008, 500.000 euros en 2009 et 3,2 millions à attribuer entre 2010 et 2013, selon un calendrier à prévoir". Il ne faudrait quand même pas que Mons et son estimable bourgmestre se rendent compte que c'est la crise. Même si la ministre affirme que "contrairement aux fantasmes d'aucuns, tout ne va pas à Mons". (2)
Mais Mons n'est pas seule à ne pas connaître la crise. La gare de Liège s'est construite à grands frais. Il est vrai que le prestige n'a pas de prix. 437 millions d'euros. C'est bien ce qu'on vous disait.
Le Grand Prix 2009 de Francorchamps laisse à la Région wallonne un déficit de 5, 134 millions d'euros (3). Nous sommes bons princes (nous! suivez mon regard!), nous paierons.
Les aéroports régionaux vivent bien et rêvent d'extension pour mieux vivre encore.
Les autoroutes n'ont jamais de fin. Le député libéral Jean-Luc Crucke propose de créer un tronçon autoroutier de dix kilomètres entre Tubize et Wauthier-Braine pour contourner le bouchon de Hal. Un kilomètre d'autoroute coûte 6 à 6,5 millions d'euros en moyenne.
Et on apprend que la restauration du site de la bataille de Waterloo coûtera 43 millions d'euros.
Et pendant ce temps-là, les pompiers en crèvent. Les JT, ces derniers jours, multiplient les reportages sur ces casernes qui ne sont que des hangars qui prennent l'eau, sur ces camions qui gèlent dehors en hiver, sur ces équipes incomplètes. Sur l'ensemble de la Belgique, les pompiers recevront 2 millions d'euros sur les 70 promis pour l'amélioration de leurs conditions de travail.
Les SAJ, services d'aide à la jeunesse, mènent des actions pour dénoncer le manque de personnel et d'infrastructures. Alors que le nombre de dossiers explose. Le seul SAJ de Charleroi doit traiter 3.000 dossiers avec 4 conseillères, 33 délégués et 10 agents administratifs. (4)
En Belgique, un habitant sur sept se retrouve aujourd'hui en situation de pauvreté.
Mais tout va très bien, Madame la Marquise!

(1) Faut-il conclure de ces propos qu'avec les centres culturels, les compagnies théâtrales et musicales et tous les opérateurs culturels sous contrats-programmes les accords n'étaient pas clairs?
(2) LLB, 07.10.09
(3) LLB, 12.11.09
(4) Le Soir, 17.10.09

mercredi 11 novembre 2009

Elise et Nous

Je me rends compte que je n'ai jamais parlé ici du spectacle-animation "Elise et Nous" que j'ai écrit et que je joue avec mes comparses de la Cie du Tocsin.
Comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même...

SPECTACLE – ANIMATION
ELISE ET NOUS
Faux candidats, vrais discours

Le spectacle « Elise et Nous » consiste en un débat entre trois candidats aux élections : une candidate défendant le programme de l’extrême droite et deux candidats démocrates mêlant des éléments de programmes des quatre principaux partis démocratiques francophones : l’un joue beaucoup sur le registre de la séduction, alors que l’autre est un homme de chiffres et de dossiers, peu charismatique.
Le spectacle aborde les motivations de l’engagement politique, les thèmes de l’emploi, de l’insécurité et de la violence, du réchauffement climatique, de la multiculturalité et de l’immigration, de l’impôt, de l’Europe, de la mondialisation.

A l’issue du spectacle, les spectateurs sont invités à voter pour le candidat de leur choix.
Une fois les votes dépouillés a lieu un débat entre les membres du public sur les critères de choix et de rejet, le sens de l’engagement politique, le lien entre élus et électeurs, etc.
Ce spectacle-animation a donc pour objectif de mettre les spectateurs en situation d’assister à un débat politique entre candidats, d’effectuer un choix entre eux par un vote formel, de participer au dépouillement, de débattre ensuite de leurs choix, de leurs attentes par rapport au (à la) politique, de différents thèmes politiques, etc.
Le spectacle a clairement pour finalité d’amener les spectateurs à agir en citoyens plus critiques, de leur permettre d’effectuer un choix réfléchi lors des élections, de se positionner par rapport à diverses thématiques socio-politiques.

PUBLIC VISE
- des étudiants de la fin du secondaire (5e et 6e années, tous types d’enseignement) et de l’enseignement supérieur ;
- des adultes dans le domaine de l’éducation permanente.
Le spectacle a été joué plus de trente fois de la mi-janvier au début juin 2009, dans des écoles ou des centres culturels pour un public scolaire (secondaires - enseignement général, technique et professionnel – et supérieur - sections Communication, Tourisme, Education spécialisée) et dans le domaine de l’éducation permanente (maisons des jeunes, adultes en formation, militants syndicaux, enseignants et parents, grand public, etc.).
A chaque représentation, les spectateurs ont été réactifs. Applaudissements, rires, huées, réactions de désaccord, questions parfois, voire invectives ont régulièrement fusé. Les spectateurs ont fait leur choix d’électeurs.

UNE CO-PRODUCTION
Le spectacle est une création de la Compagnie du Tocsin (Fabienne Jacquemin, Jacques Guilbert, Michel Guilbert) constituée pour l’occasion.
Il est l’émanation d’une co-production qui réunit :
- le Foyer Culturel de St-Ghislain;
- la Confédération Parascolaire Hainaut (Lessines);
- le CIEP (Centre d’Information et d’Education populaire - MOC).
Avec l'aide de No Télé et de la Communauté française de Belgique.

« Du théâtre pour voter malin » (Le Ligueur, 04.02.09)

« Appelés à développer différents sujets, la multiculturalité, l’économie, la mondialisation ou encore le temps de travail, ils évitent les pièges de la caricature. Ni le texte ni la mise en scène ne force le trait des politiciens impliqués. » (Le Courrier de l’Escaut, 22.01.09)

« L’originalité est que le public participe activement, en votant pour son candidat favori. » « Une manière concrète d’offrir aux jeunes spectateurs la possibilité de décoder le discours politique. » (No Télé, 06.06.09 et 21.01.09)

Envie de programmer le spectacle?
Confédération parascolaire Hainaut: 068 33 26 65 - cpht@skynet.be
Plus d'infos sur www.foyerculturelsaintghislain.be

lundi 9 novembre 2009

Tant de murs!

Vingt ans sans mur en Allemagne. C'est la fête d'un souvenir qui reste vivace et heureux. Mais il reste tant de murs. Jamais il n'y en eut autant. Dans un ouvrage de 2007 (1), Michel Foucher écrivait: "si les programmes annoncés de murs, clôtures et barrières électriques étaient menés à terme ils s'étireraient sur plus de 18 000 kilomètres". Des murs, il y en a entre les Etats-Unis et le Mexique, entre la Chine et la Corée du Nord, le Botswana et le Zimbabwe, l'Afrique du Sud et le Zimbabwe, l'Arabie saoudite et le Yemen, l'Inde et le Pakistan, le Bangladesh et la Birmanie, l'Ouzbekistan et le Kirghizistan, Israël et la Cisjordanie, l'Union européenne et l'Afrique du Nord (à Ceuta et Melilla).
Il aura fallu qu'on célèbre les vingt ans de la chute du mur de Berlin pour qu'on sache - ou qu'on se rappelle - que ceux-ci existent. Et, fait remarquer Catherine Portevin (Télérama, 28.10.09), il faut ajouter à ceux-là "les murs dans les murs", toutes ces clôtures entre quartiers riches et quartiers pauvres, entre gens du cru et gens d'ailleurs.
Le mur de Berlin a été dressé par le régime communiste pour arrêter l'hémorragie, le passage des habitants de l'est vers l'ouest. Les murs d'aujourd'hui, pour la plupart, ont pour fonction d'empêcher d'entrer. Ceux qui les bâtissent s'enferment pour se protéger de "l'autre" et - surtout - ne pas le voir. Les murs ne sont pas seulement honteux, ils sont aveugles. Et à être aveuglé, on va facilement... dans le mur.

(1) "L'obsession des frontières", éd. Perrin (cité par Télérama)

Wallonie picarde, où est l'audace?

Culture.wapi m'a demandé mon avis sur le projet de territoire de la Wallonie picarde 2025. Je lui ai envoyé une synthèse du texte qui suit.


Un important catalogue de projets intéressants, mais surtout de vœux pieux (et parfois vieux), voilà comment m’apparaît le "projet de territoire Wallonie picarde 2025". Un projet sympathique, trop consensuel, et de ce fait gentillet, sans ambition forte, sans choix déterminant.

Un projet qui par certains aspects réinvente l’eau chaude. Ou redécouvre la lune. "Il fallait se réunir pour être un vrai partenaire au sein de l’Eurométropole avec Lille et Courtrai" (1), déclare Christian Brotcorne. Rudy Demotte, lui, estime que la Wallonie picarde pourrait constituer un lien entre Lille et Bruxelles "à l’étroit dans sa région pour son développement économique" (1).
Ces propos-là, la SIDEHO les tenait déjà au début des années ’80 (j’y ai travaillé alors)… Mais, soit, sa place, le Hainaut occidental n’a pas su se la faire. La Wallonie picarde pourrait y arriver si elle était porteuse d’un projet réellement audacieux. Si…

Quid novi sub sole ?
Le développement durable est à la mode. Il est donc évidemment évoqué dans le projet de territoire. Mais on a l’impression que c’est pour la forme, pour rassurer. Parce qu’il est incontournable, comme on dit aujourd’hui.
Il est d’ailleurs abordé, comme d’autres thèmes, de manière floue et contradictoire. Ainsi est-il écrit (p. 45) que "le développement durable (…) doit devenir un mode de vie existentiel. Il ne faut pas braquer le développement durable sur l’environnement seulement.". Comme si les auteurs de ces propos voulaient ignorer ce qu’est réellement le développement durable, un équilibre entre l’économie, le social et l’environnement et que, en tout cas, ils voulaient laisser entendre entre les lignes qu’il n’en faut point abuser. Donc, traduisons: un mode de vie existentiel, de temps en temps. Si ça ne dérange pas trop...
A l’heure où le Sommet de Copenhague risque de capoter avant même d‘avoir commencé, le développement durable devrait être, doit être le fer de lance d’un projet de région. Les enjeux en la matière dépassent largement ceux d’une sous-région.
D’autres régions, d’autres pays, d’autres villes se sont donné, en la matière, des objectifs autrement forts, ambitionnant de se situer dès demain dans une perspective post-Kyoto, d’être en CO2 neutre à l’horizon 2020 ou 2025 (2) , de développer de réelles alternatives en termes d’énergie, de mobilité, d’axes économiques. Chez nous, on est loin de la longueur d’avance dont se targuent certains ténors de la région. On est plutôt dans la longueur de retard.
Lors de l’inauguration de la Maison du Parc naturel des Plaines de l’Escaut à Bonsecours, il y a quelques années, le ministre Rudy Demotte plaidait pour que la politique impulsée par les parcs naturels s’étende à l’ensemble d’un territoire qu’il n’appelait pas encore Wallonie picarde. Aujourd’hui, on a l’impression d’assister à un effet inverse. Un projet aussi pharaonique qu’anachronique de centre de loisirs entend s’implanter au cœur même de ce parc et, à l’une ou l’autre rare exception près, on n’entend pas protester les forces porteuses de la Wallonie picarde. Aujourd’hui, on a l’impression que les surfaces agricoles n’ont plus pour vocation que d’accueillir de gigantesques centres commerciaux, des terrains de golfs, des lotissements d’habitations ou des zones d’activité économique toujours plus dévoreuses d’espace. Il est des signes qui ne trompent pas. On sent les politiques frileux, soucieux de ménager plus la chèvre que le chou, de ne pas s’opposer aux volontés des promoteurs et à la toute-puissance de l’économie de marché.
Alors qu’il y a urgence. Qu’il faut aujourd’hui affirmer haut et fort des choix clairs, fermes, tranchés. Cesser de vouloir plaire à tout le monde. Pouvoir dire oui à des projets, non à d’autres. C’est l’audace et non une autosatisfaction béate ou un plan de com’ qui fera de la Wallonie picarde une région à la visibilité forte. Aux actes, citoyens !

Un peu de tout ?
Le projet de territoire additionne les idées d’hier et celles de demain. Sans faire de choix. Et multiplie donc des projets intéressants et leur contraire.
En matière de mobilité, dans un monde qui à tous points de vue s’asphyxie, on ne peut plus aujourd’hui poursuivre une politique de construction de nouvelles routes et de nouveaux accès autoroutiers. On trouve cependant encore des propositions en la matière. Le soutien au transport fluvial est affirmé, très bien, mais – sauf lecture trop rapide de ma part – je ne trouve pas grand chose sur le désengorgement de nos villes, sur les transports en commun et sur la mobilité douce.
La maîtrise de "l’évolution des espaces ruraux et urbains" est abordée (p.23), mais sa conception reste floue et autorise toutes les interprétations. On ne peut se contenter de vouloir densifier le cœur des agglomérations, il s’agit aussi de prendre des mesures strictes en matière de construction : oser mettre fin à la pratique de construction de "quatre façades", "énergivore" et "espaçovore", oser imposer des normes strictes en matière d’isolation des bâtiments, oser aller plus loin que les règles établies pour l’ensemble de la Wallonie. Du moins, si l’on entend réellement donner à notre sous-région une longueur d’avance et pouvoir affirmer sans rire qu’ailleurs on la regarde « avec respect » (3).

L’agriculture oubliée ?
Qu’est devenu le pompeux projet d’Agro Food Valley ? Quelle est la place de l’agriculture dans ce projet de région ? Je n’en trouve pas trace. A l’heure de la crise laitière, au lendemain de celles des hormones, de la vache folle, du poulet à la dioxine, de la crise agricole tout court, notre région a une carte à jouer. Une carte indispensable pour sauver un secteur vital mais menacé. Rien que sur le territoire du Parc naturel des Plaines de l’Escaut, 17% des agriculteurs ont disparu entre 1996 et 2009 (4).
Où sont les projets de valorisation des produits agricoles, la mise en place de circuits courts entre producteurs et consommateurs, les soutiens à une agriculture biologique ou à tout le moins raisonnée ? Où est l’opposition au bradage de nos campagnes, souvent soutenu, voire porté par Ideta et la Ville de Mouscron?

La culture de qui, pour qui et avec qui ?
Le chapitre consacré à la culture, s’il comporte des propositions intéressantes, reste globalement faible. Quelle place pour l’éducation permanente, outil d’autonomisation, de construction, d’analyse critique et d’apprentissage collectifs ? Quelles réflexions par rapport à des politiques tant de démocratisation de la culture que de démocratie culturelle ? Les dernières études sur les pratiques culturelles l’indiquent : la culture reste l’apanage des cultivés…. Et les pratiques sont globalement en baisse (5). Comment réduire la fracture culturelle ? Comment mettre fin au désert culturel dans lequel vivent certaines de nos communes rurales ?
Que la région s’appuie sur les arts du cirque et de la rue, très bien, ils représentent quelques-uns de ses atouts majeurs. Qu’elle travaille à partir du patrimoine et du végétal, excellente idée ! Mais je me méfie des « événements » que certains entendent créer de toutes pièces. Quel est leur sens ? A quelles finalités répondent-ils ? Ils s’inscrivent le plus souvent dans une démarche de consommation et de promotion. Dans la « com ». En animation socioculturelle, on parle de projets, plutôt que d’événements qui semblent tomber du ciel, sans réflexion en aval et en amont, sans ancrage par rapport à un public. L’idée de créer un festival Bach, pourquoi pas ? Mais aussi pourquoi ? Pourquoi pas, tant qu’à faire, un festival axé sur le Moyen Age, ou sur la pierre, ou sur la danse contemporaine, ou sur la cuisine, ou sur la video… ?
Le travail sur l’endogène, axe défendu par ailleurs, consiste aussi à soutenir les artistes, les organisateurs et les associations de chez nous qui doivent bricoler tous les jours pour boucler leur budget, quand des artistes de cour disposent de moyens appréciables. Une des priorités devrait être celle-là. Dans une vraie démarche de démocratie culturelle, en évitant une instrumentalisation de la culture à des fins économiques ou à des missions de relations publiques.

Jusqu’où ira la solidarité ?
Reste la question de la forme officielle que prendra cette Wallonie picarde, qui ira de pair avec la suppression des provinces. La communauté de communes devra disposer d’un conseil composé d’élus directs, qui se fixera des lignes politiques claires et les fera appliquer par son administration, à savoir les équipes des actuelles intercommunales. Les faire gérer par un pilote légitimement et directement élu devrait mettre fin à la technocratie actuellement dominante.
Enfin, et c’est fondamental, une péréquation financière doit être organisée. On assiste aujourd’hui à des tiraillements entre communes autour de projets économiques : à moi les recettes fiscales, à toi les nuisances. Un "pot commun" des recettes devra désormais permettre de sortir d’une vision localiste des projets et non seulement de penser, mais d’agir véritablement en transcommunalité.

Wap doo wap !
Enfin, je ne peux m’empêcher d’aborder la question du nouveau nom de la région. Le diminutif qui lui a été donné est grotesque. La "Wapi" a un côté gentillet, ludique, voire enfantin. On peut lire dans la presse qu’une importante opération de propagande (1) – aujourd’hui on appelle cela pudiquement de la com ‘ - sera menée pour faire passer la pilule.
C’est sur le positionnement de la Wapi sur des dossiers comme le Cora de Mouscron, les projets de centre de glisse de Maubray et de Lessines ou les nouvelles zones d’activité économique qu’on verra si elle a réellement une longueur d’avance, si elle n’est pas, comme je le crains jusqu’ici (et j’espère sincèrement me tromper), qu’une grande entreprise de com’.
Si elle est capable de dire non à des projets d’un autre temps et, par ailleurs, d’avoir une vision d’avenir et d’imposer des normes qui permettront de l’atteindre, elle n’aura alors pas besoin d’organiser un « buzz » (1) . Il se fera de lui-même.
Dans une chanson, il y a une trentaine d’années, Yves Simon disait : "si d’un gouvernement à un autre gouvernement, nous n’avons pas changé notre façon de tendre la main, c’est qu’un autre gouvernement ne peut rien pour nous et qu’il n’était pas aussi important qu’il ait changé".
Pour le paraphraser, aujourd’hui, on pourrait dire : "si notre région a changé de nom, mais que nous n’avons pas changé radicalement de politique, c’est qu’il n’était pas aussi important qu’elle change de nom".

(1) LLB, 30.10.09
(2) Ainsi, la Norvège s'est fixé un objectif de CO2 neutre pour 2030. Même objectif pour la ville de Copenhague en 2025. Ici et là apparaissent des zones d'activité économique "carbone neutre", en Flandre comme au Québec. Volvo Trucks à Gand fonctionne en CO2 neutre.
(3) R. Demotte in "La Wapi parle d'une même voix", LLB, 30.10.09
(4) Parc naturel des Plaines de l'Escaut, Plan stratégique 2010, p. 20
(5) M. Guérin: "Pratiques et consommations culturelles en Communauté française", Crisp n° 2031 - 2032

jeudi 5 novembre 2009

Sexistes de tous les pays, unissez-vous!

Le cardinal Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a annoncé que le Vatican allait mettre en place une structure canonique pour accueillir les pasteurs anglicans que scandalise la déchéance morale dans laquelle se complaît leur église. Il faut comprendre par là qu'ils s'opposent à l'ordination de femmes prêtres, voire évêques. Et aussi à la célébration de mariages homosexuels.
Le pape Benoît XVI a donc décidé d'ouvrir son église aux Anglicans rétifs à l'évolution des moeurs. Une ouverture très conservatrice, on l'a compris, qui se traduira par un statut taillé sur mesure pour les prêtres et les fidèles anglicans soucieux d'éviter les femmes à des niveaux de responsabilité. Bientôt le retour de la mantille pour les femmes?
(voir le dossier du Vif/l'Express du 30 octobre, intitulé Les nouvelles brebis du pape)

mercredi 4 novembre 2009

Les gens de droite ne le savent pas, mais ils sont de gauche

Le WAPIPS s'est réuni récemment. Le WAPIPS, c'est le Ps de Wallonie picarde. Il a du peps, le Wapips. Il soutient maintenant une politique d' "environnementalisme progressiste". Avec des volontés (qui m'apparaissent) positives, par exemple, de réfléchir à un plan du développement de l'éolien. Très bien. Ou encore, via des coopératives, de travailler à un retour des moyens de production d'énergie renouvelable pour "les gens". C'est important, les gens. On les oublie trop souvent les gens. D'ailleurs, les politiques le rappellent dans tous leurs discours que c'est ce qui est le plus important, les gens. C'est dire si c'est vrai. Mais qui les oublie finalement?
Rudy Oecuménique Demotte expliquait en même temps sur No Télé (02.11.09) que pour être entrepreneur, il faut être de gauche et que "le Ps est le parti de touky veut entreprendre".
J'en connais qui ont dû s'étrangler en apprenant qu'on allait désormais les appeler camarades.
En attendant, ça nous donne une belle nébuleuse. L'environnementalisme progressiste, je ne demande qu'à voir. Mais, allez savoir pourquoi, mon vieux scepticisme pointe le nez. Si tous les entrepreneurs sont de gauche (ce qui reste - on en conviendra - une hypothèse), sont-ils pour autant progressistes? Les patrons de Cora qui veulent implanter un méga-centre à l'extérieur de Mouscron, les promoteurs des centres de glisse de Lessines et de Maubray, les actionnaires des compagnies aériennes, les gestionnaires des aéroports et du circuit de Francorchamps sont-ils progressistes? Est-il progressiste l'inventeur du logiciel dont les patrons peuvent équiper les téléphones portables de leurs employés pour savoir à tout moment où ils se trouvent (vu au JT RTBF ce 3 novembre)?
Touky a encore bien des preuves à apporter de son progressisme.

mardi 3 novembre 2009

Dans la série "La Belgique est un plaisir et doit le rester"

Peu avant le jour des morts, Laurent (de Belgique) a adressé un dernier adieu à son chien. Pour cet hommage, il a fallu décongeler l'animal décédé l'été dernier. Le prince n'était alors pas en mesure d'accepter cette séparation. Il avait demandé à la faculté vétérinaire de l'université de Gand de conserver son animal. (LLB 31.10.09) On n'ose imaginer que tous les Belges agissent de la sorte!

Yves Leterme, ministre des Affaires étrangères ne perd jamais une occasion de se taire. Mais il est parfois en mal de confidences. Ainsi a-t-il confié récemment à Paris Match que, lors de la dernière assemblée générale des Nations-Unies, un dirigeant étranger l'avait sollicité pour aider à "arrêter, voire à tuer des gens". Invité par Vrebos à préciser de quoi il s'agissait, il a précisé qu'un collègue lui a dit "qu'il attendait de l'aide internationale pour lutter contre les rebelles de son pays et mieux défendre ses concitoyens". (LLB 02.11.09)
Ouf, il reste Yves Lagaffe Leterme et pas Yves Serial Killer Leterme!

Didier Donfut a été désigné président de l'intercommunale IGH. Il en avait été un consultant bien rémunéré tout en étant ministre. La révélation de cette situation peu éthique l'avait amené à démissionner peu avant les dernières élections. Il avait reconnu que c'était une erreur, même si c'est son fils, disait-il, qui avait pris le relais dans les faits. La rupture de contrat entre l'intercommunale et son consultant avait amené celle-là à verser une belle indemnité à celui-ci.
Voilà qu'il revient cinq mois plus tard par la grande porte. Mais, qu'on se rassure, c'est gratuitement (dans un premier temps, en tout cas) qu'il assumera sa présidence. "Ce qui serait une reconversion vite justifiée, voire légitime ailleurs, prend ici des aspérités de défi, des allants de pied de nez, des allures de provocation de sa part comme de ses partisans", écrit Paul Piret dans LLB (29.10.09). Et il conclut: "Pour un cas Donfut incompréhensible au commun des citoyens, c'est toute la classe (politique) qui prend encore une claque".

Le bourgmestre d'Andenne, Claude Eerdekens, est aujourd'hui aussi député wallon. On sait qu'il mange un écolo chaque matin au petit déjeuner. Même si ce régime lui donne des indigestions chroniques. Visiblement, il a décidé de harceler de questions le ministre écolo Philippe Henry, en charge de l'environnement et de l'aménagement du territoire. Il confond cependant ministre et voyant. Ainsi a-t-il interrogé le ministre sur les causes de la rigueur de l'hiver 2008-2009, "l'un des plus froids des vingt-cinq dernières années", selon lui. Il aimerait aussi savoir si le gouvernement wallon peut garantir qu'il ne se reproduira plus en cette fin d'année ou dans les années futures. Il paraît qu'il a huit cents questions en réserve. On les attend avec impatience! (Le Vif/L'express 30.10.09)

Jusqu'au bout, je me battrai pour que la Belgique continue (au moins) à subsister. C'est un tel bonheur d'être belge! Plus encore, j'en suis sûr, que grolandais.

lundi 2 novembre 2009

Les Misters des Voix Picardes chantent à Leuze ce vendredi 13

Et ça leur va bien, Leuze, un vendredi 13...

Le comité du jumelage Leuze - Ouagadougou accueille, le vendredi 13 novembre 2009 à 19h30
en la salle des fêtes de l'hôtel de ville de Leuze-en-Hainaut, les Cuivres des Collines et les Misters des Voix Picardes.
Au profit des victimes des inondations de Ouaga.

P.A.F.: 8 € - prévente: 7 €
Contact: 069 66 61 46
Avec la participation du Centre Culturel leuzois

Contrairement à ce que pensent certains de leurs admirateurs, les Misters des Voix Picardes ne sont pas frères, mais cousins. C’est pour cela qu’ils portent effectivement ce même nom qui leur va si mal : Joyeux.
Précision à l’attention de ceux qui ne les ont jamais entendus : les Misters se sont choisi un répertoire dont est exempte toute joyeuseté.
C’est que leur enfance fut des plus tristes. Leurs pères et oncles, Jo, Jack, William et Averell Joyeux, firent des allers-retours incessants entre la prison et des maisons dont ils changeaient sans cesse. Abandonnés par des mères qui avaient mieux à faire qu’élever des fils de bandits de grand chemin, les quatre cousins apprirent très vite l’utilité de se serrer les coudes et de chanter en choeur. D’autant que la vie leur réserva d’autres amères surprises…

Ainsi, Michel perdit totalement l’ouïe en patientant face à la prison de Forest, où il allait visiter son père, à l’heure même où le groupe U2 faisait sa balance à Forest National.
Daniel, lui, perdit tous ses cheveux dans la nuit qui suivit le récital que donna Chantal Goya à la Maison de la Culture de Tournai. La prestation ébouriffante de l’artiste – notamment dans sa chanson « Bécassine c’est ma cousine » - eut un effet que n’explique pas la faculté de médecine.
Quant à Joël, c’est la vue qu’il perdit en assistant, ébloui, à une soirée des Enfoirés où chantaient ensemble Axelle Red, Mylène Farmer et Mike Hucknall, le chanteur de Simply Red.
Noël, enfin, a perdu sa virilité au moment même où Patrick Juvet enregistrait « Où sont les femmes ? ». Il affirme lui-même que l’absence de réponse à cette question l’a laissé sans… voix.

Les Misters représentent ainsi la synthèse parfaite entre U2, Chantal Goya, Axelle Red, Mylène Farmer, Simply Red et Patrick Juvet.
Et c’est donc bien parce qu’ils sont tous les quatre affligés – et précisément pour transcender leurs handicaps respectifs - que les cousins Joyeux, Michel, Daniel, Joël et Noël, se sont lancés dans la chanson affligeante.
Chaque soir sur scène, malgré les malheurs qu’ils ont subis et les pertes dont ils ont souffert, ils l’affirment haut et fort: les Misters restent entiers !


CE QU’EN DIT LA PRESSE

« Le quatuor a fait une exception : alors qu’il ne chante habituellement qu’à Cappella, il a accepté de chanter à Antoing.
Jean-Bernard Duponchelle – Mort-Eclair

« Avec leur spectacle Carré blanc sur fond noir, les Misters des Voix Picardes nous renvoient autant à Kazimir Malevitch qu’à nos démons intérieurs. Comme chez lui, leur prétendu nihilisme exprime la recherche d’une nouvelle image du monde. Leur peinture de la sombre réalité de la vie confronte le spectateur à ses troubles et à ses miroirs. Le questionnement est permanent et parfois douloureux. C’est là tout l’enjeu transcendantal d’un réalisme tout autant pictural que vocal. »
Michel Conducteur - Le Courrier de l’Expo

"Les voies du Seigneur sont impénétrables. C'est vrai. Mais les voix des Misters sont imperméables."
Père Tinant - La Voix des Cloches

mardi 27 octobre 2009

Les outils de communication tuent

Il est temps de faire la balance entre PIB et PEB, entre Produit Intérieur Brut et Produit Extérieur Brutal.

Un reportage GEO des journalistes Mesouda et Le Gléau, diffusé sur Arte le 24 octobre, nous emmène au Ghana, "notre" poubelle électronique. De très jeunes enfants, des ados, des jeunes et des moins jeunes y retraitent les écrans, les ordinateurs, les télévisions abandonnés par l'Occident. Des bateaux entiers y déversent chaque semaine des montagnes de poubelles, hypocritement baptisées dons caritatifs! Ce qui permet de contourner l'interdiction édictée par la Convention de Bâle. Ces dons ont officiellement pour objectif de réduire la facture numérique et de créer de l'emploi. Les traficants de déchets (et tous ceux qui les soutiennent en fermant les yeux sur le devenir de leur propres déchets... nous, par exemple) jouent les mécènes! En réalité, les fabricants de tous ces appareils considèrent que le recyclage leur coûte trop cher. Et n'est bon que pour les Africains.
Au Ghana, seuls 22% de ces déchets qui ne disent pas leur nom sont réparés, le reste, 78%, part en décharge pour y être retraité.
En fait de retraitement, les ghanéens brûlent les ordinateurs pour en récupérer le cuivre, le laiton, l'aluminium, le zinc. Qui leur sont payés trois à quatre fois moins chers qu'ils ne sont revendus ensuite. Cette incinération de dons caritatifs provoquent des fumées noires, extrêmement toxiques qui survolent ce quartier d'Accra sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. L'air, l'eau, les sols sont pollués. De récents prélèvements de Greenpeace ont indiqué d'inquiétants taux de plomb, de mercure, de cadmium, de PVC... Les enfants et tous les "retraiteurs", outre qu'ils se blessent en cassant les écrans, souffrent de cancers, de troubles du système nerveux, de problèmes respiratoires. Les poissons meurent. Un journaliste ghanéen qualifie de "criminelle" cette attitude des pays du nord.
Le passage à la télé numérique et aux écrans plats annoncent des montagnes de nouveaux dons caritatifs au Ghana. La fracture numérique, tout le monde s'en tape, la fracture humaine est béante.

Et quand ce ne sont pas les hommes que nous tuons, ce sont les grands singes. Dans "C'est vert et ça marche!"*, le biologiste Jean-Marie Pelt explique qu'au Congo les quelque six cent gorilles de montagne restants sont menacés par l'exploitation forestière et minière, à cause des ressources du pays en tantale, métal nécessaire à la fabrication des téléphones portables. La forêt disparaît et avec elle les gorilles. Leurs cousins du Rwanda et d'Ouganda vivent les mêmes situations. Les mineurs, on s'en doute, sont mal payés et travaillent dans des conditions misérables et dangereuses.

Et si on appliquait - réellement - le coût vérité des déchets? A quoi ressemblerait notre sacro-saint Produit Intérieur de Brutes...?

* Fayard, 2007

lundi 26 octobre 2009

Penser à préparer sa retraite

Après 22 ans de pouvoir, Ben Ali a été réélu président de la république tunisienne pour un cinquième mandat, à l'âge de 73 ans. Mais le score a de quoi l'inquiéter. En poste depuis 1987, il avait été réélu en 1999 avec 99,4% des voix et en 2004 avec 94,4%. Aujourd'hui, il n'en engrange plus que 90%. Si la chute se poursuit à ce rythme, il tombera sous la barre des 50% en 2054. Bref, il est temps pour lui de penser à se recycler. Président de l'EPAD, peut-être? La place est libre. Actuellement.

La bête humaine

Match annulé hier soir entre l'OM et le PSG. Pas complètement en fait, puisque les supporters l'ont joué. A leur manière. Assez particulière et pour le moins violente. En se tapant sur la gueule. Et sur tout le reste. Au JT de la RTBF, un "supporter" explique qu'on les prend pour des cons, lui et ses si sympathiques camarades, en annonçant sept heures avant le match que celui-ci n'aura pas lieu, pour cause d'épidémie de grippe. Il était trop tard, ils étaient déjà en route. Faute de match de foot, ils auraient pu en profiter pour visiter Marseille. Ce qui doit être plus passionnant que de regarder un match de foot, il me semble. Non? Ben, non, ils ont préféré se rentrer dans le lard. Avec une sauvagerie telle qu'on se dit qu'on préférerait tomber nez à nez avec un pitbull qu'avec un supporter de foot. Au JT de FR2, un autre "supporter", courageusement masqué, explique que "ça fait partie du folklore du foot". Bientôt reconnu par l'UNESCO comme patrimoine matériel de l'inhumanité...? Le journaliste de FR2 explique que ces "fights" entre groupes sont de plus en plus courantes, que ceux qui les pratiquent sont des ouvriers, des cadres, des pères de famille... et que ces bastons ont des règles. Comme celle de ne pas frapper un homme à terre. A voir les images, on se dit que ces règles devraient être écrites. Et qu'il manque peut-être un arbitre. Une info encore, ces fights touchent même les clubs amateurs. Amateurs de quoi?
Ah oui, je veux pas cafter, mais je n'y ai vu que des hommes, pas de femmes. Je les ai reconnus, même déguisés en chiens.

C'est ainsi que les hommes vivent. Mais où sont donc leurs baisers qui sont censés me suivre?

P.S.: Pierre Desproges écrivait: "Je vous hais, footballeurs. Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois?"
("Desproges en petits morceaux" - les meilleures citations - Points)

jeudi 22 octobre 2009

Un cd pour ne pas déraper

La CIAO - qui lutte depuis plusieurs années contre le projet de "Centre de Glisse" à Maubray - a édité tout récemment un cd, reprenant une chanson ou un texte de chacun des artistes et groupes qui ont participé à son Festival Antidérapant de mai 2008.
Des groupes connus, d'autres qui le seront bientôt, des pros, des amateurs.
Des contes, de l'humour, de la chanson française, du ska, du folk, du rock, de la pop...

Appel d’air: « Face à la mer »,
Jean-Pierre Dusoulier: « Le vieux saule »,
Les Encuicuineuses: « Tout en glissant »,
Viviane Vancoppenolle: « Conte sur l’argent »,
Daniel Barbez: « La chanson solaire »,
Les Misters des Voix Picardes: « L’été princier »,
Bruno Coppens: « La Reine et moi »,
Skarbone 14 (acoustique): « Jus noir »,
Ze Midnight Casseroll’s: Il est trop tard »,
Guillaume Ledent: « Experts »,
Major Deluxe: « My last dream »,
Kermes: « Kerry’s Polka »,
Alka Celtes Airs: « Mc Guérine suite »,
Abuzska: « Bubulle le poisson rouge »
Cova 10: « La politique du fric ».

Deux avantages à vous procurer ce cd:
- découvrir des artistes qui ont des choses à dire et qui savent les dire avec grâce, énergie et/ou humour;
- soutenir l'action de la CIAO.

Le cd est en vente au prix de 13 € dans différents points de vente régionaux :

à Tournai:
Librairie « Decallonne » 18 Grand Place
Librairie « Chantelivre » 27 rue de la Wallonie
"Vins par-ci Vins par-là", 4c rue des Soeurs de la Charité
à Hollain:
Librairie « Apostrophe » 18 rue de Jollain
à Péruwelz:
Librairie « La Belle Jardinière » 43 rue Astrid
à Basècles
Librairie « Point Virgule » 133 rue Grande
à Flines lez Mortagne
Pharmacie Smigielski 3 rue Marceau Tison
chez Jean Claude Brunebarbe 32 rue de Callenelle

ou, pour un envoi en Belgique ou en France,
par virement bancaire : 15,50 € à verser sur le compte 068-2468670-47
(depuis la France :code IBAN : BE22 0682 4686 7047 code BIC : GKCCBEBB )
En mentionnant en communication le nom et l’adresse complète de livraison.

Plus d'infos sur le projet sur www.c-i-a-o.eu

mardi 20 octobre 2009

Francorflop

Dans l'éditorial du Vif du 9 octobre, Christine Laurent estime que la loi de sortie du nucléaire a été "bricolée" en fin de législature, en 2003, "pour permettre à Ecolo de retrouver une nouvelle virginité après sa gestion calamiteuse des dossiers de Francorchamps et de la SNCB". La rédactrice en chef du Vif réécrit-elle l'histoire? Je n'ai pas gardé le souvenir d'une gestion calamiteuse de la SNCB qui a alors enfin connu un refinancement attendu depuis longtemps et où Isabelle Durant et son équipe ont tenté (non sans de fortes résistances internes, il est vrai) de voir clair dans les financements et les budgets et de retrouver le sens des priorités.
Quant au dossier Francorchamps, c'est plutôt d'autres partis et une certaine presse populiste qu'il faudrait accuser de "gestion calamiteuse". Personnellement, j'ai été fier - et je le reste - d'avoir alors été mandataire d'un parti qui est resté cohérent dans ses positions. Qui n'a pas fait un paillasson de son corps pour qu'un nazillon y essuie ses bottes. Qui n'a pas usé du slogan "du pain et des jeux".
Que reste-t-il six ans plus tard du grand prix de Francorchamps, le moteur économique de la Wallonie? Des dettes...
L'intercommunale qui gère le circuit affiche un résultat final pour 2008 en perte de près de 800.000 € (pour ceux qui ne seraient pas encore habitués, cette somme représenterait quelque 32 millions de francs belges), soit 100.000 de plus qu'en 2007. Et le subside régional d'exploitation s'est élevé, en 2008, à 3,366 millions d'euros... Le déficit de l'édition 2009 du grand prix de Formule 1 s'éleverait à environ 5 millions d'euros.
De quel côté est donc la gestion calamiteuse de ce dossier...? *

En page Opinion de la Libre Belgique du 12 octobre, Baudouin Cartuyvels, riverain et journaliste, se demande "qui aura le courage?". Le courage de regarder en face la réalité. Celle d'un circuit et d'un grand prix en déficit. Celle d'activités extrêmement bruyantes (110 dB quand la norme maximale de bruit en Région wallonne est de 55) qui concourrent à l'augmentation du réchauffement climatique (jusqu'à 24.000 tonnes de CO2 rien que pour le GP).
"Francorchamps, aujourd'hui, conclut-il, est au regard de la crise et du réchauffement climatique, une incédence économique, environnementale et sonore."
A quand le Francorchant du cygne? Il y a des signes qui ne trompent pas... Les chiffres d'une région en déficit qui doit se définir des priorités autres que populistes. Mais... qui en aura le courage?

* d'après LLB du 05.09.09 et du 06.10.09

jeudi 15 octobre 2009

Nucléaire? Non merci !!!

Le nucléaire, l'énergie propre. C'est ce qu'essaient de nous faire croire le Gouvernement fédéral belge, le secteur et ses thuriféraires.
La réalité est tout autre. Le documentaire de Laure Noualhat, "Déchets, le cauchemar du nucléaire", diffusé sur Arte ce mardi, en témoigne.

Les déchets sont les grands absents du débat (?) actuel sur l'absolue nécessité de prolonger la durée de vie des centrales sans-quoi-ce-sera-la-fin-du-monde (en-tout-cas-le-nôtre).
Les déchets nucléaires ont une durée de vie de quelques secondes à plusieurs millions d'années.
Plus de 100.000 (cent mille) tonnes de déchets radiocatifs ont été répandus au fond des océans. Les déversements en mer à partir de bateaux sont maintenant interdits? Qu'à cela ne tienne! Ils s'effectuent à présent à partir de conduites kilométriques qui quittent les centrales de Normandie. 400 m3 de déchets radiocatifs sont ainsi déversés chaque jour dans la Manche.
Les rejets normands sont aussi aériens. Et nous n'y échappons pas. Il se diffusent dans l'ensemble de l'Europe. Des chercheurs en ont trouvé des traces, par exemple, sur les toits de l'université de Gand.
"Avec les rejets de La Hague, nous sommes dans les conditions de l'accident permanent", déclare un militant de Greenpeace. Un chercheur de la CRIIRAD explique qu'autour de La Hague, la pollution radioactive est particulièrement importante et inquiétante: les concentrations de krypton s'accumulent et augmentent constamment dans l'atmosphère.

Les déchets radiocatifs sont polluants, on le sait (même si les défenseurs du secteur les oublient systématiquement dans leur argumentation de défense de cette énergie si propre). Ils sont aussi explosifs. Une cuve de déchets a explosé en Russie en 1957, en un lieu toujours inaccessible aujourd'hui. Le plus grave accident nucléaire avant Tchernobyl. Dont personne n'a parlé. Ni le KGB, ni la CIA pourtant informée. Ne lésons pas un secteur en pleine expansion!
La rivière russe Techa (1) est contaminée depuis cinquante ans. Un chercheur de la CRIIRAD y effectue des prélèvements et constate des taux d'irradiation comparables à ceux de Tchernobyl. Les pêcheurs du coin, aujourd'hui encore, y taquinent le goujon...

Les déchets ultimes contiennent 99% d'éléments radioactifs et vont rester dangereux pendant des centaines de milliers d'années. Ceux de Pierrelatte dans le sud de la France sont envoyés à Tomsk en Sibérie, pour y être retraités. Un voyage de 8000 km. Les journalistes ne parviennent pas à obtenir des interviews, ni à savoir ce que deviennent les déchets qui doivent être enrichis. Top secret! Via des images de satellites, ils constatent que les conteneurs d'hexafluorure d'uranium sont entreposés par champs entiers, à ciel ouvert, sans protection. Pour combien de temps? 80%, voire plus, de l'uranium appauvri stocké sur le site de Tomsk sont abandonnés par la France. Qui affirme que la totalité de ses déchets est recyclé.

Un expert américain explique les risques liés au stockage en piscine: en cas de manque d'eau, l'uranium s'enflamme. Voilà qui est rassurant.
Corinne Lepage, ex-ministre française de l'environnement, estime que "le nucléaire n'est pas une filière durable" et dénonce l'aveuglement de ses défenseurs: "le nucléaire va nous sauver, c'est quasiment religieux pour certains", déclare-t-elle. Elle fustige un système opaque, très coûteux, qui n'a toujours pas de solution à son problème de déchets.
Un ingénieur des mines estime que "le nucléaire doit résoudre trois problèmes: la sécurité, la démocratie, les déchets".
Mais qu'on se rassure: la solution est en vue. D'après des chercheurs nucléaires français, elle devrait apparaître sous forme embryonnaire en 2050... Le conditionnel reste de rigueur. Comme il l'est depuis soixante ans.
En attendant, les déchets dangereux le restent pour 200.000 ans, soit 6.000 générations à mettre à l'abri de nos choix actuels. L'astrophysicien Hubert Reeves estime que le grand problème du nucléaire, "c'est qu'il hypothèque l'avenir".

Les trois quarts des Français ne croient pas ce que raconte l'industrie nucléaire. Si les chiffres sont semblables en Belgique, c'est que le Gouvernement fédéral appartient au quatrième quart. Pas de chance!

Aujourd'hui, la presse nous apprend que "GDF Suez et le gouvernement belge sont toujours en désaccord sur une contribution de 750 millions d’euros que la Belgique réclame au secteur de l’électricité en échange de sa « rente nucléaire » pour 2008 et 2009" (1).
Et que " au cours du démantèlement de l’unité de Cadarache destinée à la production du combustible MOX, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a constaté que les dépôts de plutonium restant dans l’atelier étaient bien supérieurs aux quantités estimées: il y en aurait 39 kg au lieu des 8 kg évalués!" (2)

C'est sûr: le choix du nucléaire, c'est celui de la sécurité. Des actionnaires d'Electrabel et de Suez.

Une chose encore: s'opposer au nucléaire, c'est idéologique. Ben oui...

(1) voir http://www.laradioactivite.com/fr/site/pages/rivieretecha.htm
(2) www.lesoir.be, 15.10.09
(3)http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/20091015.OBS4771/le_plutonium_perdu_de_cadarache.html

mardi 13 octobre 2009

A voir et entendre, c'est clair(e)!

J'ai déjà dit ici* tout le bien que je pense de Claire Diterzi. Son dernier album, Tableau de chasse, est superbe, à bien des égards: les textes, les chansons, les arrangements et même le livret fait de collages autour d'oeuvres de Fragonard, Camille Claudel, Rodin, Turner, Toulouse-Lautrec...
Elle signe elle-même les textes, les musiques, les arrangements, elle assure elle-même les voix, les guitares et autres instruments, l'enregistrement et le mixage. Et puis le livret aussi, tant qu'à faire.
Sur scène, elle se produit avec un groupe presque exclusivement féminin. Les choristes accordent leurs voix à la sienne, avec des accents slaves parfois et de très belles envolées souvent. Un univers qui lui appartient, une approche très personnelle de la chanson et du texte.
La plus belle découverte en chanson, depuis Camille.
Claire Diterzi se produit à la Maison de la Culture de Tournai ce jeudi 21 octobre à 20h. Il reste des places...

* "Tableau de (grande) classe" - décembre 2008

jeudi 8 octobre 2009

Un culot de magnétude 10 sur l'échelle de becquerel

Paul Magnette, le ministre du plaisir durable, a un culot incommensurable. Les trois ministres régionaux de l'énergie, flamande, bruxelloise et wallon, viennent aujourd'hui de lui adresser une carte blanche dans le Soir dénonçant sa décision de prolonger de dix ans la vie des plus anciennes centrales nucléaires. Il leur répond, au JT de la RTBF ce soir, qu'il n'y a, aux niveaux régionaux, pas de plan crédible de diminution des consommations énergétiques ni d'investissement dans les énergies renouvelables. Pouvons-nous calmement (ou presque) rappeler au ministre de l'investissement rentable, ses déclarations concernant le projet de centre de glisse? Répondant à la Chambre au député Jean-Luc Crucke qui s'inquiétait de "retrouver Courchevel à Antoing" et qui déplorait les impacts et les gaspillages énergétiques de ce "méga-projet", il répondait ceci: "il y a dans l'idée même de ce type d'infrastructure quelque chose de choquant. La reproduction d'un climat de type tropical ou de microclimats contraires à notre propre climat et le bilan énergétique et carbone de ce type de projet présentent des éléments choquants. Néanmoins, je me pose la question de principe: devons-nous, dans notre effort de développement durable aller jusqu'à une forme de jansénisme en interdisant ou refusant tout ce qui serait contraire? De même, lorsqu'on mange et qu'on essaie d'avoir une alimentation équilibrée, cela ne peut empêcher certains jours de se taper "un bon vieux satcho andalouse". Le principe de plaisir doit, à certains moments, pouvoir autoriser certaines formes sans oublier les retombées économiques."
Est-ce le principe de plaisir qui amène aujourd'hui le ministre à défendre le nucléaire?
Il semble évident que les retombées économiques ne lui échappent pas. Et que ce néo-élu du Ps a rapidement intégré la culture de son parti.

Notes

Le titre est inspiré par le Professeur Ponchau: www.prof-ponchau.ecolo.be

A voir ce mardi 13 octobre à 20h45 sur Arte, "Déchets, le cauchemar du nucléaire"


mardi 6 octobre 2009

Question de vocabulaire

La presse nous parle de catastrophes "naturelles" à Sumatra, en Inde, en Chine. Sommes-nous certains qu'elles sont bien naturelles? Que l'homme n'en est en rien responsable? Risque d'apparaître, lentement, mais sûrement, hélas, le concept de catastrophe culturelle... Nos modes de consommation en seraient - en sont la cause.
"Vous avez bien sujet d'accuser la nature", disait La Fontaine.

lundi 5 octobre 2009

L'esturgeon est aussi antisémite que le végétarien est stupide

Benoît Lutgen, Ministre de l'Agriculture, défend la viande. C'est son rôle, je suppose. Dans LLB du 3 octobre, il qualifie de "stupidité" l'hypothèse qu'un gouvernement affirme qu'il ne faut plus manger de viande. Mais il "respecte les végétariens et leur choix de vie", tout en rappelant que l'homme est omnivore (1) et que "supprimer la viande dans les restaurants de collectivité n'est en rien une solution pour l'environnement". "Bien au contraire", ajoute-t-il bravement. Xavier Ducarme, le journaliste, lui demande d'expliquer et le voilà qui se lance dans une démonstration qui défend les produits de chez nous. Sans expliquer en rien le "contraire". On reste sur... sa faim, ne sachant pas en quoi le végétarisme serait une erreur pour l'environnement.
Et pourtant... N'en déplaise au ministre, le végétarisme a plein d'avantages.
En termes personnels tout d'abord: aucun médecin ne plaidera pour soutenir un régime riche en charcuteries et en viande en sauce.
En termes collectifs ensuite. Et à bien des égards.
La lutte contre le réchauffement climatique, qu'on le veuille ou non, passe - si pas par le végétarisme - en tout cas par une diminution très sensible de la consommation de viande.
L'élevage est responsable de 15% des gaz à effet de serre au niveau mondial, à cause du méthane produit naturellement par les troupeaux. Et, avec une diminution drastique du bétail, la déforestation connaîtrait un coup d'arrêt: les besoins en surfaces herbagées et en surfaces agricoles nécessaires à la nourriture du bétail diminueraient elles aussi considérablement.
Mais les avantages du végétarisme ne s'arrêteraient pas là et on en revient ici à l'école. Celle-ci est actuellement soumise aux coups de boutoir des religions qui entendent y imposer leurs règles. Notamment dans les cantines. Si celles-ci devenaient végétariennes, une bonne partie du problème serait réglé. Plus de problème de viande de porc, ni d'abattage selon les normes kasher ou halal ou je ne sais quoi. Je suppose qu'il n'y a pas trente-six méthodes pour abattre une carotte ou des céréales. Plus de problème d'esturgeon non plus (2)! Fiametta Venner et Caroline Fourest, dans Charlie Hebdo du 30 septembre, nous apprennent que "l'esturgeon est un poisson antisémite". Voilà pourquoi le caviar est interdit par les intégristes juifs. Explication par le rabbin Elyakim Simsovic sur le site cheela.org: "la femelle perd toutes ses écailles au moment de la ponte, et ses oeufs sont donc à ce moment-là des oeufs non de poisson mais de reptile selon la définition de la Thora. Il s'ensuit que le caviar n'est pas cachère." Comme le soulignent les deux journalistes, "on retiendra la leçon: tout ce qui n'est pas cachère est antisémite..."
On comprendra de tout cela que les légumes sont sympathiques et que quand on est ministre on ne doit jamais perdre une occasion de se taire.

(1) rappelons au ministre que qui peut le plus peut le moins.
(2) je suis bien conscient que l'éventualité de servir du caviar dans les restaurants scolaires est assez faible.

Du droit de critique

Récemment, chez des amis communs, je fis la connaissance d'un commensal et compagnon de chasse de celui que l'on connaît sous le nom de Prince de L. La discussion, on s'en doute, glissa rapidement sur le projet de centre de sports et loisirs du seigneur. Et s'emporta quelque peu. Mon interlocuteur, déplorant mon opposition, estimait que, puisque j'étais critique et si malin, je n'avais qu'à développer moi-même un projet qui serait conforme à mes voeux. Cet appel, je l'entends régulièrement: si ça ne vous ne plaît pas, faites le vous-mêmes!
Comme si les réalisateurs de cinéma n'appréciant pas les critiques négatives de leur oeuvre réclamaient que les critiques deviennent metteurs en scène à leur place. Comme si, parce que vous vous plaignez de la qualité du travail de votre plombier, de votre boulanger ou de votre dentiste, celui-ci vous mettait au défi de faire son travail. Si demain mes étudiants devaient se plaindre de la qualité ou du contenu de mes cours, vais-je leur suggérer de les donner à ma place? Je pense, j'espère que je me remettrais en question.
La critique est un droit, voire un devoir. Des règles existent, des exigences de qualité se font jour, des nécessités se sont imposées. A chacun, selon son secteur, de les respecter. Sans fuir ses responsabilités. Traiter les critiques de donneurs de leçons, c'est s'éviter de faire son devoir.

samedi 3 octobre 2009

La neutralité du nucléaire

Argument suprême des défenseurs du nucléaire: la décision prise, en 2003, de sortir progressivement du nucléaire était idéologique. Ce qui sous-entend, selon eux, que leur position ne l'est pas. Elle ne serait que rationnelle. (1)
Bien sûr que la sortie du nucléaire est idéologique. Tout comme l'est l'entrée ou le retour
dans la filère nucléaire.
C'est idéologiquement que les écologistes (au sens large) se soucient des générations qui les suivent et de ceux qui vivent à l'autre bout de la planète. C'est pour des raisons idéologiques que d'autres n'ont de vue que courte et à rentabilité immédiate.

L'énergie nucléaire est l'énergie type de la logique capitaliste. Les moyens sont centralisés aux mains de quelques-uns et imposés à tous à un coût très élevé. L'investissement est pour une partie public et les bénéfices privés.
C'est l'énergie de la société de consommation. J'ai eu l'occasion de soutenir au Sénat la loi de sortie du nucléaire et de relever, à cette occasion, que différentes études ont fait apparaître que plus un pays recourt à l'énergie nucléaire (la Belgique en est à 55% d'électricité produite à partir du nucléaire), plus il vit dans une culture du gaspillage. Les spécialistes estiment à 30% les possibilités d'économies d'énergie. Sans mal et sans perte de confort. Mais au prix d'une réelle volonté politique. Qui semble bien absente aujourd'hui. Certains ont estimé que Doel1 pourrait être fermé aujourd'hui, simplement si chaque Belge cessait de laisser constamment ses appareils électriques en veille. Les défenseurs du nucléaire (le Ministre du nucléaire durable en première ligne) estiment que sans celui-ci la Belgique ne pourra produire assez d'électricité en 2015. Avec le Gouvernement actuel, c'est la course au toujours plus. La société de consommation a toujours de beaux jours devant elle et les gaspillages restent à la mode. Nos autorités décalées soutiennent l'utilisation de la voiture, les grands centres commerciaux hors ville, les pistes de ski sur neige artificielle... Donc, forcément, les besoins ne vont cesser de s'accroître. Et donc, le nucléaire reste indispensable. CQFD.

Les déchets, visiblement, ne sont pas un problème: dans LLB de ce jour, Christian Legrain, secrétaire général du Centre d'études nucléaires, explique que les déchets "de basse radioactivité sont stockés en surface dans des bâtiments recouverts de terre à Dessel pour une durée d'environ 300 ans. Quant aux déchets radioactifs, aucune décision n'est encore prise. Il sont stockés temporairement pour refroidir, car ils ont quand même une température de 100°. Donc, d'ici une cinquantaine d'années, on ne stockera rien de manière définitive. Après, on va sans doute enterrer les déchets dans des couches stables dans le sol. (...) On cherche à réduire la radio-toxicité des déchets et leur volume. On envisage des installations où les dechets hautement radioactifs perdraient de leur teneur toxique par le phénomène de transmutation."
Bref, ces gens-là sont rationnels, ils "cherchent", ils "envisagent", ils "vont sans doute", ils n'ont pas pris de décision, ils utilisent le conditionnel. Et ça fait soixante ans que ça dure.
Et Legrain de s'en prendre aux opposants au nucléaire: "ils ont surtout une peur irrationnelle et irraisonnée depuis Tchernobyl. (...) Le risque est présent partout", conclut-il.
Voilà des propos d'un homme raisonnable: un panneau solaire qui tombe d'un toit ou une centrale nucléaire qui explose, ça fait autant de dégâts!

Au-delà du choix énergétique lui-même, cette attaque contre l'idéologie écologiste est symptomatique de cette société où non seulement disparaît toute idéologie, mais où, bien plus, celles qui s'xpriment encore sont forcément suspectes et suspectées de visées obscures. Au bout du compte, ne reste qu'une idéologie qui ne doit plus dire son nom, celle de l'argent et du bénéfice rapide.

(1) comme si la raison n'était jamais idéologique... On parle bien, par exemple, de "la raison capitaliste", non?

vendredi 2 octobre 2009

Un nom à ne pas oublier

Pas plus que celui d'Anna Politkovskaïa dont elle était proche. C'est celui de Natalia Estemirova, militante russe des droits de l'homme et directrice de l'antenne de l'ONG russe Mémorial. Elle a été assassinée le 15 juillet de cette année. Elle avait le grand tort de dénoncer les exactions des forces de sécurité en Tchétchénie. Celles-ci lui ont donné raison.
Il est des noms, même d'inconnus, qu'on voudrait ne jamais (sa)voir oubliés. Je serais très fier d'habiter le long du boulevard Natalia Estemirova ou de la rue Anna Politkovskaïa. Ou de la chaussée Chico Mendes. Ou qu'existe un prix ou une fondation Steve Biko ou Patrice Lumumba. Il faut que ces noms vivent. Puisque ceux de leurs assassins n'existeront jamais.

jeudi 1 octobre 2009

Petit cours de langue de bois

Remarquable déclaration de Pierre Wacquier, bourgmestre de Brunehaut dans le Courrier de l'Escaut de ce 1er octobre. A propos du dossier du projet de "centre de glisse" de Maubray, il déclare: "Je suis content de l'avis favorable de la CRAT surtout parce qu'il est conditionné par plusieurs remarques. L'une d'elles touche notamment au point sensible de la mobilité. Brunehaut a toujours considéré que le sud du canal ne devait pas être la porte d'entrée de toutes les activités... On ne peut pas faire fi, conclut le bourgmestre, de l'avis négatif de toutes les autres instances. Y compris celui du Parc naturel des plaines de l'Escaut qui, à mon sens, devrait peser dans l'évolution du dossier, notamment en ce qui concerne la gestion du tourisme dans notre région. »
Quand on sait que l'avis du parc naturel est totalement négatif, on a bien du mal de comprendre pourquoi le bourgmestre se réjouit de l'avis favorable de la CRAT. Quelqu'un parle-t-il le Wacquier? Un traducteur, s'il vous plaît!

Nucléaire: vous en voulez encore?

Visiblement, le lobbying, ça marche. Paul Magnette, Ministre du "Développement durable" y est sensible. Il va proposer de prolonger de dix ans la sortie du nucléaire.
Le Forum nucléaire a lancé, voilà deux semaines, sa deuxième campagne de pub. Sous couvert de sonder le pour et le contre, il s'agit évidemment de convaincre que cette source énergétique est idéale pour lutter contre le réchauffement climatique. Et peut-être aussi pour lutter contre la grippe H1N1?
L'industrie nucléaire, c'est un sacré paquet de pognon: l'amortissement accéléré, sur vingt ans au lieu de quarante, du parc des centrales nucléaires belges (5800 MW) aurait rapporté un gain net de 3,9 milliards d'euros à Electrabel fin 2008. Si la durée de vie des centrales est prolongée de dix ans, le bénéfice net du retour sur investissement est évalué à 12 milliards d'euros. Une estimation de la Creg (Commission de régulation de l'électricité et du gaz). Rappelons que la loi de sortie du nucléaire prévoit une extinction de trois réacteurs en 2015: Doel 1 et 2 et Tihange 1. En cas de prolongation de dix ans, gain annuel: plus d'un milliard et demi d'euros. Et bingo, en cascade, pour les recettes de l'Etat, a dû se dire notre Ministre du Développement du budget.
Et tant pis si, dans sa grande entreprise de séduction, le lobby nucléaire ment: les déchets? Oh! une paille! En fait, juste un dé à coudre par habitant et par an. Pensez donc, autant dire rien! (ce qui en fait, quand on connaît les dangers du nucléaire, est déjà énorme). Et, affirme le Forum, au terme de l'exploitation des centrales, le volume de déchets à haute activité représentera, dans notre pays, l'équivalent d'une balle de tennis par habitant. La réalité est bien différente: Gilles Toussaint (de la Libre Belgique) a calculé qu'en divisant par le nombre de Belges les volumes de déchets annoncés on n'arrive pas aux 137 cm3 standards par habitant, mais à une fourchette de 200 à 450 cm3. Le journaliste a contacté la porte-parole du Forum nucléaire. Elle reconnaît l' "erreur", mais estime qu'en termes de com' une balle de tennis passe mieux qu'une boule de pétanque... Elle estime quand même qu'on sera sans doute au-delà.

Paul Magnette, visiblement, n'a pas lu ces chiffres. Ou alors, en a lu d'autres qui sont prioritaires: ceux du budget fédéral qui a des besoins importants.
Il n'a pas vu non plus "Le cauchemar du nucléaire", diffusé il y a deux semaines sur la Une. Laure Noualhat, spécialiste des questions environnementales à Libé, y révèle des chiffres effrayants: en France, on est à 10% de retraitement, alors qu'Areva annonce 96% de recyclable. "En réalité, dit-elle, j'ai fait le bilan des matières réelles pour l'année 2007 et j'arrive à 1,14% des déchets nucléaires français qui ont effectivement été réutilisés. (...) Dans les processus qui nous conduisent à retraiter ou recycler potentiellement ces déchets, on en laisse une bonne partie en Russie en pensant que ce sera économiquement intéressant de les utiliser plus tard, quand l'uranium naturel sera plus cher. Pendant ce temps, ils ne sont pas classés comme déchets, mais comme une matière radioactive". Et le tour est joué. Tout est une question de mots.
Les déchets nucléaires les plus radioactifs, à longue durée de vie, seront inoffensifs dans des centaines de milliers d'années. D'ici là, "après nous, les mouches". Si l'espèce vit encore.
Un dernier chiffre à l'attention de notre ministre des déchets durables: il vient de l'Agence internationale de l'énergie atomique (pas vraiment un club de talibans écolos): le coût du démantèlement des installations radioactives en fin de vie dans le monde s'élève à un minimum de mille milliards de dollars.

(à partir d'articles de LLB des 15, 16, 19 et 25.09.09)

lundi 28 septembre 2009

Les cambrioleurs les plus cons du monde

Ils ont fait sauter la banque. Au sens propre. Oubliant qu'ils étaient à l'intérieur. Ils y sont restés. A jamais. C'était à Dinant. Il s'en passe des choses à Dinant!

Le capitalisme, valeur première de l'Olivier?

A suivre le JT de ce soir, on se rend compte que le capitalisme est plus débridé que jamais. Il y a un an, le "système" était en "crise", et on se dit aujourd'hui que le mot était approprié. Ce n'était qu'une crise. Le train fou continue à rouler. Les entreprises à fermer, pour se délocaliser et/ou pour permettre à leurs actionnaires d'obtenir de plus plantureux et plus rapides bénéfices encore.
Même la poste bientôt libéralisée s'y met. Chez France Telecom, les suicides ne se compteront bientôt plus. On parlera plus pudiquement d'abandon de poste.

La Wallonie reste fidèle à son image de carabinier d'Offenbach. La crise, on connaît depuis cinquante ans, donc on sait que ce n'est que passager. Donc, business as usual.
Le récent avis favorable de la CRAT sur le projet de "centre de glisse" de Maubray en est un exemple parmi d'autres. La Commission Régionale d'Aménagement du Territoire, censée être, en la matière, la conseillère indépendante du ministre a fait la preuve de son instrumentalisation et de beaucoup d'incohérence et de mauvaise foi. L'avis est favorable, mais assorti d'une série de remarques plutôt... défavorables. C'est que nous sommes en Wallonie où les investisseurs - même dans des projets ringards - sont les rois. Ou, à tout le moins, les princes...
Son ministre-président continue à manier la langue de bois avec un art consommé qui l'a mené où il est. Un coup à gauche et, hop, un coup à droite. Son interview dans la Libre Belgique du 26 septembre est dispensable. Il n'y dit rien, sinon qu'il sera rigoureux. Et attentif aux uns et aux autres, s'il fallait le rappeler. Ce qu'il fait sur deux pages. Dans le Vif du 11 septembre, essayant de récupérer l'idée de green deal, il disait attendre des citoyens "de l'initiative entrepreneuriale", même sous forme de coopérative. "Cette envie de participer au développement économique, cet enthousiasme, c'est la condition sine qua non du redéploiement de la Wallonie", dit-il. Dommage qu'il ne précise pas de quel type de redéploiement il rêve (s'il échet).
Le projet de centre de glisse, maintenant clairement soutenu par la CRAT et ceux qui la téléguident, est un exemple symptomatique de ce capitalisme qui fonce sans feux dans le brouillard.
"Ceux qui prêchent la croissance de la consommation dans les pays où les besoins vitaux sont déjà plus que satisfaits sont aussi néfastes que les dealers de drogue", affirme Albert Jacquard (le Vif, 10.04.09). "Car la croissance est une drogue: elle fait du bien dans les premiers instants, mais nous tue ensuite. Les solutions proposées par les dirigeants de la planète pour répondre à la récession recourent systématiquement à un accroissement de l'activité, sans poser la question de la compatibilité de cet avenir avec les limitations imposées par la nature", ajoute le généticien.
Lui répondant en écho, Hervé Kempf, journaliste scientifique au "Monde" (1), estime que "ces trente denières années, le capitalisme s'est traduit par la poursuite d'une augmentation de la productivité extrêmement importante, c'est-à-dire la capacité du travail humain à transformer son environnement. Les capacités destructrices de nos activités économiques se sont accrues." (LLB, 21.09.09) "Tout le monde est tiré vers cette envie de surconsommation véhiculée par le mode de vie des plus riches", ajoute-t-il. "Tout cela nous entraîne collectivement vers une consommation matérielle exagérée qui pose des problèmes écologiques."
Deux jours auparavant, dans la même Libre Belgique, c'est l'économiste Pierre Pestieau qui estimait que "la gauche européenne en général et belge francophone en particulier manque parfois d'imagination. Elle est coincée dans une sorte de conservatisme. On le sent en période de crise, où on assite à une sorte de repli sur ses acquis plutôt qu'à un sursaut pour essayer d'améliorer les choses avec les ressources dont on dispose", dit-il. Interrogé sur les inflexions vertes du plan Marshall, il affirme qu'il y a "certainement des efforts à faire en termes de régulation, de réglementations...".
On en revient à l'exemple du centre de glisse où on sent bien que l'accord a été délivré depuis longtemps, mais qu'il faut quand même (essayer de) donner le change, faire croire que le politique a son mot à dire. Alors qu'il apparaît totalement inféodé au système capitaliste et à ses promoteurs d'autant plus convaincus que tout leur est permis que leurs projets les plus absurdes et déphasés sont l'objet de toutes les attentions.

Dans leur documentaire, récemment diffusé en télé, les Yes Men rappelaient que pour Milton Friedman, le laisser-faire total était la meilleure des politiques que puisse mener un Etat. L'Etat, pour lui, n'a pas à réguler, au contraire il doit laisser faire ceux qui créent de la richesse
Dans le documentaire, un de ses adeptes affirme que "mieux vaut laisser faire l'économie de marché" et un autre, parlant du réchauffement climatique, estime que "la chaleur, c'est la santé et elle va augmenter!".
Apparemment, le Gouvernement wallon est très friedmanien. Il nous reste à espérer que les écologistes sauront arrêter ce train fou. Et, pour sauver la Wallonie, sortir du capitalisme.

(1) Pour sauver la planète, sortez du capitalisme - Editions du Seuil