vendredi 24 juin 2011

Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

"Imbécile: Qui est dépourvu d'intelligence, qui parle, agit sottement. Imbécile heureux: satisfait, fier de lui. "L'imbécile n'a que de petites passions: il imite, il répète." (Alain)" (Le Petit Robert).
Imbécile est décidément le terme qui convient pour évoquer les populo-nationalistes. Dans le billet précédent, je citais ce producteur italien qui parle du gouvernement de son pays "composé d'imbéciles".
Aujourd'hui, le Vif cite le chanteur flamand Daan: sa chanson Landmijn est une lettre ouverte à Bart De Wever. En français, elle donnerait ceci: "Bonjour, imbéciles / Un vélo a bien deux roues / Pas de Belgique sans chagrin / Le sol saumâtre sans charrue / Le whist sans atout / La misère que personne n'a demandée / Pourquoi nous laissons-nous kidnapper?".
On voit par là que les artistes, du nord comme du sud de l'Europe, voient et désignent de la même manière les populo-nationalistes. Daan explique que, par cette chanson, il voulait "d'abord réagir à un parti politique qui trouve qu'un artiste doit se taire et chanter de beaux morceaux". A lire dans le Vif de ce 24 juin deux pages d'une interview roborative de Daan.
Mercredi, la Libre nous annonçait qu'un échevin CDV de Wemmel voudrait interdire dans sa commune le spectacle de Bert Kruismans La Belgique pour les nuls. Il le trouve provocant, alors qu'il est drôle, gentiment impertinent, donnant dans la dérision et l'auto-dérision. Alors que, comme le souligne la Libre, Bert Kruismans est "un jeteur de ponts et pas un agitateur qui met de l'huile sur le feu".
On voit par là qu'être un imbécile est aujourd'hui très tendance.

P.S.: Un ami me rappelle l'étymologie du terme imbécile: celui qui est ou qui va sans bâton. Et donc qui est faible. Au figuré aussi: celui qui est assez démuni moralement ou intellectuellement.

jeudi 23 juin 2011

Le pouvoir des imbéciles

Culture et populo-nationalisme ne font pas bon ménage. Le second n'aime pas la première. Sauf s'il parvient à l'instrumentaliser. Ce qui n'est pas simple. Alors, il la menace ou lui coupe les vivres.
Il y a quelques mois, Guy Duplat constatait "le divorce entre la culture et la NVA" (1). Il rappelait que "l'écrivain Tom Lanoye et le peintre Luc Tuymans s'en sont pris en termes parfois très vifs aux thèses de Bart De Wever. Luc Tuymans estimant que ce dernier était par certains points encore pire que le Vlaams Belang". Il faut dire que la NVA est plutôt forte en gueule: elle a reproché à Clouseau de chanter "Lieve Belgïe", elle a reproché à Ozark Henry de remercier son public en disant... "merci", elle reproche aux acteurs culturels de ne pas suffisamment soutenir son combat flamand. Les populo-nationalistes aiment une culture aux ordres, incapables de comprendre que ce qui fait la force de la culture est précisément son indépendance. Ou peut-être l'ont-ils trop bien compris... Guy Duplat fait remarquer le paradoxe dans lequel se trouve aujourd'hui la Flandre: "jamais les artistes flamands n'ont été aussi célébrés et aussi peu complexés". Ecrivains, dramaturges, metteurs en scène, cinéastes, plasticiens remportent, loin au-delà des frontières flamandes, un succès dont la Flandre peut être fière. "On ne voit pas ce que la Flandre aurait à gagner à obliger ses artistes à devenir des militants nationalistes", écrit l'éditorialiste de la Libre. "Le populisme, selon lui, consiste ici à s'en prendre au monde culturel taxé d'être trop à gauche et trop élitiste. Des attaques qui, aux Pays-Bas, virent à la kunsthaat, la haine de l'art."
Là, le monde culturel est sous le choc ces derniers jours, nous apprend Guy Duplat dans la Libre de ce 21 juin: la semaine dernière, "le secrétaire d'Etat à la culture (2) a dévoilé sa nouvelle vision de la culture". Vision particulièrement courte et étroite qui passe par une diminution des budgets de 200 millions d'euros, soit 22 % du budget. Si seules quelques grandes institutions internationales sont préservées, les secteurs de l'innovation, de la création, de l'édition, du développement, de l'éducation sont touchés de plein fouet. Le secrétaire d'Etat à la Culture présentera ses plans au Parlement le 26 juin. Ce jour-là, une "marche de la Civilisation" aura lieu à La Haye.
En Italie, la culture est traitée de la même manière, sous les bannières réunies du marché et du populisme. "Le financement des films par les chaînes de télévision dépend plus ou moins directement du pouvoir. C'est Berlusconi ou Berlusconi, résume le producteur Angelo Barbagallo" (3), ancien associé de Nanni Moretti. Et ce sont les comédies qui sont évidemment privilégiées. Le Fonds de création du cinéma et des spectacles vivants est sous la tutelle de Giulio Tremonti, ministre de l'Economie, pour qui "con la cultura non si mangia" (ce n'est pas avec la culture qu'on se nourrit). Mais le producteur Riccardo Tozzi ne désespère pas: "L'Italie est pleine de talents, et le cinéma y a de l'avenir, même si le gouvernement est composé d'imbéciles". Toute la force de la culture est là: dans la résistance aux imbéciles incapables de comprendre en quoi elle nous nourrit.

(1) LLB, 1er mars 2011
(2)VVD, membre du gouvernement minoritaire libéral-chrétien-démocrate, soutenu de l'extérieur par le parti extrémiste de Geert Wilders
(3) Télérama, 11 mai 2011

mardi 21 juin 2011

Il ou elle?

Ce matin sur la Première, le jeu sponsorisé par une banque. "La question est facile, nous prévient l'animateur: qui a remporté le tournoi de Wimbledon l'an dernier?". On apprendra que la réponse est: "Rafael Nadal". Je pensais qu'une femme avait - aussi - remporté Wimbledon l'an dernier. Mais visiblement le "qui" est masculin.

dimanche 19 juin 2011

Nucléaire? Décidément, non merci

En cette journée internationale du vent (Global Wind Day), revenons sur le nucléaire: "le moyen le plus dangereux de faire bouillir de l'eau chaude". C'est un physicien nucléaire qui l'affirme. Bernard Laponche (1) estime que "un réacteur nucléaire n'est qu'une chaudière: il produit de la chaleur, (...) résultat de la fission de l'uranium", chaleur qui elle-même entraîne une turbine qui va produire de l'électricité. Au passage, les pertes énergétiques sont gigantesques: "les deux tiers de la chaleur sont perdus, ils réchauffent l'eau des fleuves ou de la mer qui sert à refroidir les réacteurs".
Le secteur n'a enregistré aucun progrès technique notable depuis sa création dans les années '40, constate le physicien. Les recherches se poursuivent autour de la fusion nucléaire, avec notamment l'expérience Iter à Cadarache en France, mais "pourquoi vouloir recréer sur Terre l'énergie du Soleil puisqu'elle nous arrive en grande quantité?", demande le physicien "repenti".
Répondant à l'argumentation simpliste "le nucléaire ou la bougie", il estime que "il est lassant d'entendre des dirigeants qui n'y connaissent rien dire n'importe quoi. Nicolas Sarkozy ne croit pas si bien dire; un jour, et pourquoi pas dès cet été, les Français s'éclaireront à la bougie (2): comme nous sommes le seul pays au monde à avoir choisi de produire 80% de notre électricité avec une seule source, le nucléaire, et une seule technique, le réacteur à eau pressurisée, si nous sommes contraints d'éteindre nos réacteurs , nous retournerons à la bougie!". Il suffit juste dit-il, "d'un gros pépin générique ou d'une sécheresse et une canicule exceptionnelles".
Bernard Laponche estime que "le risque d'accident majeur en Europe est une certitude statistique".
Pendant ce temps, le Gouvernement belge, dont en particulier les représentants d'une pseudo-gauche, se demande s'il va ou non détricoter la loi de sortie du nucléaire votée en 2003.
Pendant ce temps-là, mercredi prochain, le 22 juin (3), le Parlement européen se prononcera sur une proposition de directive sur les déchets radioactifs qui obligera les Etats membres à mettre en place des plans de gestion de ces maudits déchets, les autorisant à s'en débarrasser dans des pays tiers. Selon Foratom, expression du lobby nucléaire, 500.000 m3 de déchets radioactifs sont produits chaque année. Environ 1% d'entre eux, soit 5000 m3, représentent un danger pour des milliers de générations futures (des milliers, oui) et doivent donc être isolés de leur environnement "de manière sûre et définitive". Si quelqu'un connaît une manière sûre et définitive d'isoler chaque année 5000 m3 de déchets radioactifs pendant des milliers de générations, il serait bien inspiré de contacter les parlementaires européens d'ici mercredi. Qu'il leur suggère également de ne pas s'en débarrasser au Ghana. Ce pays, comme d'autres Etats, a déjà été suffisamment transformé en poubelle par l'Occident. Le principe du pollueur-payeur est un peu simple, il faudrait y accoupler celui du pollueur-assumeur. A chacun sa merde, pour parler trivialement.
Allez, vive le vent. Il fit honneur à sa journée.

(1) Télérama, 15 juin 2011
(2) après la catastrophe de Fukushima, un journaliste de Télérama répondait: finalement, au Japon, c'est le nucléaire ET la bougie".
(3) voir LLB, 15 juin 2011

jeudi 16 juin 2011

Le temps s'arrête

Est-ce le fait de l'éclipse lunaire? On se le demande. Toujours est-il qu'il semble que le temps s'en donne (du temps).
Les TEC de Liège seront à l'arrêt demain encore. Mais est-ce une information?
François Weyergans n'était pas encore intronisé à l'Académie française qu'il était déjà immortel. Le temps s'était arrêté pour lui au point qu'il est arrivé en retard à sa propre cérémonie. Mais qu'importe? Les Immortels ont l'éternité devant eux.
La Belgique attendra aussi. Elio Di Rupo a déclaré qu'elle n'a besoin ni d'un gouvernement de droite, ni d'un gouvernement de gauche. Ce qui revient à dire qu'il est le premier ministre idéal, lui qui n'est ni d'un côté ni de l'autre. Il est de Mons. Il s'est donné trois jours de congé pour célébrer la fête de sa ville. La formation du gouvernement peut attendre que Saint-Georges ait terrassé le dragon. La Belgique entière prie à genoux.

mardi 14 juin 2011

Automobilistes analphabètes

Le nombre de morts sur les routes françaises durant les quatre premiers mois de cette année a augmenté de près de 13%, soit 144, par rapport à la même période l'an dernier. Le Gouvernement français a décidé de sévir. Il fait enlever les panneaux avertissant de la présence de radars. Il a également décidé d'interdire les avertisseurs communautaires de radars (qui permettent d'informer les autres conducteurs de l'emplacement de radars mobiles). De nombreux députés UMP sont mécontents. Il faut éviter que les automobilistes irrespectueux des règles soient sanctionnés. Il faut les prévenir qu'ils contreviennent aux règles. Pour qu'ils puissent à nouveau les enfreindre en zone sans radar. Les automobilistes et les élus UMP préfèrent les radars pédagogiques qui leur signalent s'ils respectent ou non la limitation de vitesse. Voilà de gentils radars pour gentils automobilistes. Des radars qui les prennent par la main et pour des cons. Dans Charlie Hebdo (1), Charb rappelle que "des panneaux tout le long des routes signifient la vitesse limite. Pourquoi ne sont-ils pas considérés comme pédagogiques, ceux-là?", demande-t-il. Faut-il signaler à l'entrée d'une banque qu'on ne peut y entrer armé, qu'on ne peut la braquer? Charb rappelle également que toute voiture normalement constituée possède un compteur qui indique à quelle vitesse elle roule. Il suffit d'y jeter un oeil de temps en temps.
Un peu partout en Europe, et sans doute ailleurs, certains responsables, très timidement, se posent la question d'une diminution des vitesses autorisées en ville, sur les nationales et les autoroutes. Une mesure qui devrait réduire le nombre d'accidents, mais aussi les consommations de carburant et la pollution. Voilà une idée qui semble tomber sous le sens. Mais qui n'est pas rentable électoralement parlant. "La seule catégorie de la population avec laquelle l'autorité doit se montrer magnanime, c'est l'automobiliste. Parce qu'il est nombreux et surtout qu'il est atteint de crétinisme profond", dit Charb. L'automobiliste a toujours raison et le lobby automobile est tout puissant. Les morts et les accidentés de la route sont le tribut à payer pour que l'auto reste reine. En Belgique, même si le nombre de morts a - heureusement - diminué ces dernières années, le nombre d'accidents, selon l'Union professionnelle des entreprises d'assurances (2), a cependant augmenté de 15% en quatre ans. Dans des proportions plus importantes que l'augmentation du parc automobile.
Si on suivait la logique du lobby automobile et pour prolonger une réflexion de Charb, peut-être faudrait-il installer, par exemple, des panneaux qui signaleraient automatiquement que la police ou un service de contrôle s'apprête à faire une descente dans tel quartier ou tel immeuble. Allez savoir pourquoi, je ne suis pas sûr que les élus UMP défendraient cette proposition.

(1) Charlie Hebdo, 1er juin 2011
(2) Le Vif, 27 mai 2011

dimanche 12 juin 2011

Il y a vol et vol

Autant savoir, quand on prend un vol Ryanair pour deux francs six sous, que le voyage a forcément un coût bien plus élevé. Environnemental bien sûr, mais aussi social.
Autant savoir que, avant même d'être engagé, le peut-être futur personnel doit suivre une formation dont il doit lui-même prendre en charge le coût: 1600 €, plus 700 pour les frais d'hébergement.
Autant savoir que le contrat de travail est signé par une agence d'intérim irlandaise, que la période d'essai est de douze mois, que chaque heure de vol est payée 16,20 € et que 10% du produit des ventes effectuées durant les vols sont répartis entre les quatre membres de l'équipage.
Autant savoir que ce "salaire" est mensuellement raboté de 30 € la première année pour le paiement de l'uniforme.
Autant savoir que les heures d'escale, de briefing, d'accueil des passagers, de retard ne sont pas payées.
Autant savoir qu'il n'y a pas de treizième mois, ni de couverture sociale comme on l'entend en Belgique.
Autant savoir.
Et quand on sait, autant prendre le train.

(voir "Ryanair: une hôtesse raconte", dans LLB de ce 11 juin)

lundi 6 juin 2011

Un homme heureux

Tournai a officiellement un bourgmestre. Il s'appelle Christian Massy. Peut-être connaît-il des problèmes existentiels. Il n'apparaît en tout cas plus sur les photos. C'est un bourgmestre fantôme. Il est devenu transparent, plus personne ne le voit. Rudy de Eerste a déjà pris sa place. Rudy Demotte s'est auto-parachuté sur Tournai. Il en est déjà bourgmestre, même si les élections communales n'auront lieu qu'en octobre 2012. Certains, naïfs, venus de l'étranger ou peu au fait des moeurs politiques wallonnes, s'en étonnent. Ils se demandent à quoi serviront ces élections. Quand la télévision nationale l'interviewe, c'est devant la Halle aux draps de sa ville qu'il répond désormais aux questions. Il est partout. On le croit ici. Il est déjà là. C'est Speedy Gonzales fait homme. Il participe à la Caravane Vanne. Il se fait photographier au départ, fait quelques kilomètres à vélo, puis disparaît discrètement. Il est déjà ailleurs. Ce n'est pas un homme, c'est un tourbillon. Il serre les mains à la fête de l'accordéon. Il y en a beaucoup. Il ne rechigne pas. Il a du courage. Il s'habille de rouge et blanc, vêtu en Chevalier de la Tour pour célébrer les septante-cinq ans des Amis de Tournai. Il leur souhaite un bon anniversaire, il a beaucoup de respect pour eux. Il met toutes les photos sur son blog. Il y en a beaucoup. Ca ne lui fait pas peur.
Il participe à l'inauguration du canal de l'Espierre. Il visite l'ALE de Tournai: "quelle fierté de saluer la réussite de l’ALE de Tournai, dans ce qu’elle contribue au regain de dignité et d’espoir de nombreuses personnes via l’accompagnement et le soutien qu’elle leur offre", déclare-t-il. Il participe à la fête des voisins du quartier du Vert Bocage: "la convivialité et la joie de vivre ensemble donnent décidément du baume au cœur en ces temps parfois perturbés", dit-il.
Résumons-nous: il réjouit ces temps perturbés.

dimanche 5 juin 2011

La Belgique n'a plus toute sa tête

C'était une période difficile. Mais qui n'empêchait pas l'espoir. Un formateur avait été nommé. C'était nouveau. On pouvait vaguement espérer que, près d'un an après les élections, un gouvernement se forme dans les mois à venir.
Mais aussitôt les nationalistes flamands ont répandu, un peu plus chaque jour, leur scepticisme dans la presse. Certains d'entre eux multiplient les déclarations à l'emporte-pièce. Et la pièce est tellement mauvaise qu'elle semble déjà emportée. Les acteurs sont de plus en plus exécrables.

Il y a le sniper nationaliste Van Aelst qui déplore que des élus francophones "maltraitent notre langue", pointant en particulier Di Rupo, Onkelinx et Milquet. Une réflexion amusante à l'heure où - enfin - les francophones manient beaucoup plus le néerlandais et où, dans le même temps, tant de Flamands l'abandonnent. Ce que regrettent de nombreux intellectuels flamands, tel l'écrivain Geert Van Istendael qui, ce vendredi matin encore sur la Première, constatait que les Flamands préférent au néerlandais... diverses versions du flamand.
Van Aelst se dit prêt à être solidaire des Turcs mais pas des Wallons et dénonce les prêts hypothécaires accordés par le Vlaamswoningsfonds "à des noirs francophones qui viennent s'installer à Asse". On se croirait en Yougoslave au début des années '90.
De nombreux Flamands, dans les milieux politiques et économiques, estiment que Bruxelles ne peut constituer une région à part entière. Que la capitale doit être gérée paritairement par la Flandre et Wallonie. Bref, ils refusent aux Bruxellois l'autonomie qu'eux-mêmes revendiquent pour la Flandre. Cherchez l'erreur et la cohérence.
En réponse, les Francophones viennent de rapprocher formellement les Régions wallonne et bruxelloise, en créant la Fédération Wallonie-Bruxelles, déjà baptisée "WalloBrux". Cette décision a été prise à l'unanimité par les députés du Parlement de la Communauté française. Qui de facto ne reconnaissent pas l'autonomie de la Région bruxelloise puisqu'elle est ainsi étroitement associée à la Wallonie et éloignée de la Flandre. Cherchez l'erreur et la cohérence.
"Ce WalloBrux est perçu par la Flandre comme une étape du fameux plan B, estime Jan De Troyer (1), flamand bruxellois, connu comme un esprit libre et particulièrement modéré. En créant cette fédération, poursuit-il, la classe politique francophone se prépare, aux yeux des Flamands, à une scission dont cette fédération constituerait la Belgique résiduelle.
Avec une telle perspective, dit-il encore plus loin, les francophones ne doivent plus s'étonner que tant de Flamands soutiennent la NVA et que le Ministre-Président flamand Kris Peeters déclare que ceci constitue un danger pour la stabilité de la Belgique. Aux Flamands de Bruxelles, complètement mis hors jeu dans ce débat, Monsieur Demotte a simplement annoncé que dans la nouvelle Belgique, l'enseignement flamand à Bruxelles sera fusionné avec celui de la Communauté française."
Y a -t-il encore des responsables politiques dans ce pays? On se le demande. Tel Diogène, on les cherche.

(1) LLB, 1er Juin 2011

vendredi 3 juin 2011

Clic, clac, cliché

Imaginons les hommes d'aujourd'hui. Mettons-nous à leur place. On ne peut résister à une soirée foot. Dès qu'est annoncé un match opposant Milan à Manchester, on rameute nos copains. Ils s'installent devant la télé et braillent en buvant de la bière. A la fin du match, le salon est un vrai dépotoir. Dès les premiers rayons de soleil, on sort son barbecue, on invite son beau-frère. On se grille quelques côtelettes en buvant du rosé. Parfois, ce sont des merguez. On se précipite au salon de l'auto. Pas pour acheter. Juste pour le plaisir de découvrir les nouveautés. Deux mois plus tard, on s'est acheté une nouvelle voiture.
Ainsi vivent les hommes d'aujourd'hui.
Imaginons les femmes d'aujourd'hui. Mettons-nous à leur place. On ne peut résister à l'annonce des soldes. A la vue de ce mot, "on se transforme en lionnes déterminées, on branche notre détecteur de bonnes affaires". On n'y entend rien, mais alors rien du tout, en matière de technologie. Elle et nous, "on n'a jamais vraiment été copines. En plus, ça tombe toujours sur nous quand Internet refuse de marcher." On se critique entre copines, on est de mauvaise foi, on est toutes un peu blondes.
Ainsi vivent les femmes d'aujourd'hui. Ce n'est pas moi qui l'affirme, mais le magazine "Femmes d'aujourd'hui" (1) dans un article intitulé "La perfection? Non merci!". Le titre en couverture annonce "Imparfaites mais on assume - Les défauts des filles expliqués aux hommes".
J'ai imaginé dans la même logique stéréotypée les hommes d'aujourd'hui. Je connais bien des hommes qui sont un peu blonds. Et beaucoup qui ne s'intéressent ni au foot, ni aux bagnoles.
J'ai beaucoup d'amies. Je n'en connais pas une seule qui devienne folle en période de soldes. Mais beaucoup qui maîtrisent Internet bien mieux que moi. Peut-être ne sont-elles pas des femmes d'aujourd'hui. De demain peut-être?

Dans la même logique de clichés vides de sens, François De Brigode terminait tout récemment son JT en annonçant "une bonne nouvelle pour terminer ce journal: grand soleil demain." A sa décharge, on constatera que, contrairement aux autres JT, il n'avait pas parlé ce jour-là de la sécheresse dont souffre sérieusement l'agriculture. Il n'avait pas annoncé, contrairement à ses collègues français, que la France a atteint en ce printemps 2011 le même niveau de sécheresse qu'à l'été 1976. Passe-t-il sa vie dans son studio? Il devrait sortir de temps en temps.
Tout comme le magazine "Femmes d'aujourd'hui" devrait rencontrer les femmes de son temps.

(1) n°18 - 5 mai 2011