Face à la violence aveugle, ils sont venus cracher leur haine. Hier après-midi à Bruxelles, plutôt que le recueillement à la mémoire des victimes innocentes, ce fut - un moment - la haine pour dire non à la haine, la bêtise pour s'opposer à la bêtise, des fachos pour contrer des fachos. L'extrême droite djihadiste gagne si l'extrême droite blanche tente de s'en prendre à la démocratie. Bart De Wever, jamais avare de commentaires et de critiques, s'est tu dans toutes les langues, contrairement à ses collègues présidents de partis démocratiques. Il ne veut pas "faire de la publicité aux hooligans". Si le contexte n'était pas aussi dramatique, on rirait d'une excuse aussi hypocrite.
Il y a cependant largement de quoi être en colère contre ces nihilistes qui assassinent sans scrupules et il faut cesser de trouver des justifications à ces enfants perdus de la république ou du royaume qui n'auraient pas été assez intégrés par nos sociétés. Leurs confrères en dieu qui ont tué hier au Pakistan septante-deux personnes, dont la moitié d'enfants, dans un attentat suicide, ceux qui ont tué quarante-sept personnes au sud de Bagdad au début du mois, tous ceux qui assassinent un peu partout à travers la planète, qu'ils se réclament de Daesh, de Boko Haram ou des talibans, s'en prennent à l'autre, qu'il soit chiite, sunnite, chrétien, juif, athée, européen, africain, asiatique ou américain. Ce n'est pas d'intégration à la société européenne qu'ils manquent, mais de réflexion, d'intelligence, d'ouverture. En un mot, d'humanité. C'est l'autonomie qui leur fait défaut, eux qui tombent si facilement sous la coupe de prédicateurs qui leur disent que "c'était nous les radicaux extrémistes, parce que nous prenions les lois démocratiques trop au sérieux. Pour qui c'était la souveraineté d'Allah qui devait régner, pas la démocratie" (1). C'est ce que rapporte la journaliste Hind Fraihi dans son livre "En immersion à Molenbeek", sorti en néerlandais en 2006 et tout récemment seulement en français. On y lit, me dit un correspondant (2), que des Belges musulmans non salafistes en arrivent à voter pour le Vlaams Belang, jugeant l'attitude des autorités belges trop "timorée face au phénomène" djihadiste. Fatima, habitante de Molenbeek, fustige "la discrimination et le racisme trop hâtivement invoqués comme excuses. Et par-dessus le marché, les jeunes fainéants comme ceux-là sont encouragés par une kyrielle d'organisations multiculturelles et de mécanismes d'intégration".
Hamadi, qui est l'auteur et avec son fils Soufian l'un des deux acteurs du remarquable spectacle "Sans racines et sans ailes" (3), n'utilise pas la langue de bois avec ces "jeunes fainéants" devenus assassins. Dans sa "Lettre ouverte à tous les connards - Dégage, terroriste!", il les traite de "lâches", de "traitres", de "tas de cloportes". Et cette colère-là fait du bien. A lire sur
http://www.lesoir.be/1160584/article/culture/2016-03-23/hamadi-degage-terroriste-lettre-ouverte-tous-ces-connards
Post-scriptum: intéressant article de Libé sur la manif des hooligans:
http://www.liberation.fr/france/2016/03/29/comment-les-identitaires-belges-instrumentalisent-le-milieu-du-foot_1442622
http://www.lesoir.be/1160584/article/culture/2016-03-23/hamadi-degage-terroriste-lettre-ouverte-tous-ces-connards
Post-scriptum: intéressant article de Libé sur la manif des hooligans:
http://www.liberation.fr/france/2016/03/29/comment-les-identitaires-belges-instrumentalisent-le-milieu-du-foot_1442622
(1)
http://www.marianne.net/hind-fraihi-nous-avons-collectivement-nie-ce-qu-il-se-passait-quelques-minutes-du-centre-ville
(2) lire les commentaires de mon billet "Padam Padam Algam", 25 mars 2016.
(3) https://www.youtube.com/watch?v=lUf78ZGQATQ