vendredi 31 décembre 2010

Indignons-nous

Il faut s'indigner. On ne le fait jamais assez. C'est ce que nous dit Stéphane Hessel dans un tout petit opuscule précisément intitulé "Indignez-vous!" (1). A 93 ans, non seulement il n'a pas fini de s'indigner, mais en plus il pousse les jeunes à faire de même. Il nous pousse tous à nous lever, à être debout.
Il a été résistant durant la Seconde guerre mondiale, arrêté par la Gestapo, torturé, emprisonné à Buchenwald. Il a réussi à échapper à la pendaison. Quelques années plus tard, il fut l'un des membres les plus actifs de la Commission chargée d'élaborer la Déclaration universelle des Droits de l'Homme.
"Le motif de la résistance, c'est l'indignation", dit-il. Et il ajoute que "l'indifférence (est) la pire des attitudes".
Il s'indigne du pouvoir de l'argent aujourd'hui: "le pouvoir de l'argent, tellement combattu par la Résistance, n'a jamais été aussi grand, insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque dans les plus hautes sphères de l'Etat. Les banques désormais privatisées se montrent d'abord soucieuses de leurs dividendes, et des très hauts salaires de leurs dirigeants, pas de l'intérêt général. L'écart entre les plus pauvres et les plus riches n'a jamais été aussi important; et la course à l'argent, la compétition, autant encouragée". Il s'indigne du bradage des acquis de la Résistance, du traitement infligé aux Roms et aux sans-papiers, de l'attitude d'Israël vis-à-vis des Palestiniens.
Il a été très marqué par Sartre qui, écrit-il, "nous a appris à nous dire: Vous êtes responsables en tant qu'individus. C'était un message libertaire. La responsabilité de l'homme qui ne peut s'en remettre ni à un pouvoir ni à un dieu. Au contraire, il faut s'engager au nom de sa responsabilité de personne humaine."
"Indignez-vous!" a été tiré d'abord à 8.000 exemplaires. D'autres tirages se sont rapidement succédé, pour dépasser aujourd'hui les 200.000 exemplaires vendus. Un signe sans doute d'un ras le bol vis-à-vis des populistes aujourd'hui au pouvoir, mais aussi des tièdes, des inconstants inconsistants qui s'affirment de gauche et ont sanctifié le capitalisme. Ceux qui déresponsabilisent les citoyens en en faisant des assistés, des indigents matériels ou intellectuels.
Aujourd'hui, il est mille motifs d'indignation. Il faudrait que 2011 soit proclamée année internationale de l'intelligence et que tous les gouvernements de la planète réinvestisse dans l'éducation et la culture qui permettent à l'être humain de se construire, de réfléchir, de s'indigner et - surtout - d'agir.

(1) Stéphane Hessel:"Indignez-vous!", Indigène éditions, dans la collection (au bien joli nom) Ceux qui marchent contre le vent

Une année chaude

Tombe la neige et une cliente chez le boulanger de douter: "et dire qu'on essaie de nous faire croire au réchauffement climatique". Les peu habituelles chutes de neige que nous avons connues chez nous ces dernières semaines n'y changeront rien: 2010 devrait figurer parmi les trois années les plus chaudes jamais enregistrées.
Et le retour de la neige et du froid serait précisément causé par le réchauffement de l'atmosphère. Un graphique dans LLB (1) l'explique clairement: l'augmentation des températures fait fondre la glace de la banquise qui, dès lors, réfléchit moins les rayons du soleil. Résultat: ceux-ci réchauffent plus l'océan, créant ainsi en altitude une masse d'air chaud qui pousse l'air polaire vers l'Europe. Alors que l'Europe a froid, le Groenland est au-dessus de 0°C... C'est donc le réchauffement climatique qui nous amène la neige, ma bonne dame.

(1) 27.12.2010

mercredi 29 décembre 2010

Passons à autre chose

Enfin, on arrive au bout de l'année et de la décennie. Il était temps. La démocratie ne sort pas grandie de cette et de ces années.
La Belgique bloque sur son incapacité de trouver un modèle qui satisfasse ses deux principales communautés. Le parti nationaliste flamingant entraîne dans sa surenchère d'autres partis qu'on aurait pu croire, naïvement sans doute, un tantinet plus indépendants.
En Italie, Berlusca a compris que l'argent fait rêver et permet tout, y compris de changer les lois à son profit pour se protéger de la justice, d'afficher son mépris pour les juges, les journalistes et tous ceux qui ne pensent pas comme lui (ce qui implique qu'il pense...), de se poser en macho grotesque, de sauver son siège en achetant les votes de députés.
En France, les politiques sociales et culturelles sont peu à peu détricotées par un gouvernement qui a fait de l'argent sa valeur principale. Marine Le Pen, la fille de son père, monte à 18% dans les sondages. Pour détourner l'attention du bon peuple, les Roms sont désormais porteurs de tous les péchés d'Israël
Les Israëliens mènent une guerre meurtrière autant que suicidaire aux Palestiniens qu'ils enferment derrière des murs.
En Biélorussie, Loukachenko s'est fait réélire lors d'élections bidons.
En Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, jamais élu en dix ans d'exercice du pouvoir, s'est fait introniser président, malgré sa défaite aux élections.
Les Etats-Unis, après s'être enfin débarrassés de cette catastrophe planétaire que fut Bush Jr, ont remis la barre très à droite. Les ultra-conservateurs emmenés par Sarah Palin ne croient qu'en la Bible et au fusil.
L'Eglise ouest-européenne est dans de mauvais draps: on ne compte plus les prêtres accusés de faits de pédophilie. Jusqu'au pape de la mondialisation, "réfugié" en Equateur.
En Irak, en Afghanistan, au Pakistan et dans d'autres pays encore, Allah endosse d'innombrables meurtres et attentats.
J'en passe. Et des meilleurs sans doute. Bref, c'est avec plaisir qu'on arrive au terme de cette décennie.
Vivement 2011!

mercredi 22 décembre 2010

Que du bonheur

La parade de RTL a coûté, on l'a vu, 30.000 € aux contribuables tournaisiens. La crétinisation a un coût. La Ville de Mons a fait plus fort: elle a dépensé 40.000 € pour un trou. C'est Jean-Pierre Viseur, chef de groupe Ecolo au Conseil communal montois, qui dénonçait sur Matin Première ce matin ce... gouffre nécessaire pour la plantation d'un sapin que les autorités locales ont voulu plus grand encore que celui de Bruxelles: 18,5 mètres. Six de plus qu'habituellement. C'est que le statut de future capitale culturelle européenne doit être assumé et qu'il faut que l'étoile montante montoise brille loin. La SNCB dépensera d'ailleurs pour ce faire 150 millions pour la nouvelle gare de la plus belle des capitales.

En Belgique toujours, leurseigeur Léonard est interrogé à la Chambre sur les faits de pédophilie commis par des prêtres. Il innove: il propose de créer un fonds collectif d'indemnisation des victimes. Après tout, dit-il, en cas d'inondation, c'est la collectivité qui assume. La pédophilie, c'est comme la pluie, elle vient du ciel et on ne peut rien y faire. Prier, peut-être?

En France, le gouvernement a assoupli le permis à points. Celui-ci, d'après la porte-parole des proches des victimes de la route, a permis d'éviter vingt mille morts. Mais brûler un feu rouge en roulant lentement ou en roulant vite n'est pas comparable et ne peut être condamné de la même façon, estime l'avocat des-malheureux-sans-permis-dont-la vie-est-devenue-invivable. Ce qui est un comble, on en convient aisément. De la vie invivable, pas de l'absence de permis. En attendant, les sans permis le récupéreront désormais en deux ans plutôt que trois. Déjà ils revivent. Leurs victimes ont plus de mal.

En France toujours, chaque année, soixante mille personnes utilisent des produits anti-rides. Une femme sortie d'un autre âge, style Guerre du feu, témoigne. Elle a un peu de mal à s'exprimer, mais on parvient à la comprendre: elle est heureuse d'avoir utilisé ces crèmes. Non, rien de rien, elle ne regrette rien. On rit de son faciès à la Picasso période Demoiselles d'Avignon. On creuse un peu plus ses propres rides. On devrait faire attention, on a tort.

Le Vif a désigné l'homme de l'année: c'est Paul Magnette, le lobbyiste nucléaire. Comment devenir homme de l'année? Il faut se faire désigner ministre par un président de parti. Etre beau gosse peut aider. Ensuite, se présenter aux élections et se faire élire. C'est plus facile quand on est d'abord connu. Michel Daerden, l'homme de l'année du peuple, pense de même. Il a fait un carton dans l'émission d'un certain Arthur sur TF1. Le Soir lui demande si cette peoplisation n'est pas gênante. Il ne le pense pas: pour être élu, il faut être connu, estime-t-il. Marine Le Pen pense la même chose, elle est devenue la nouvelle star en France. Miss Requin plaît. Elle est invitée sur tous les plateaux. On en reparlera. Chaque chose en son temps.
Et Noël sera blanc, nous dit-on. Ce qui doit plaire à la fille à son papa. Il fait froid.

lundi 20 décembre 2010

RTL-PS, même combat

La grande parade de RTL-TVI a émerveillé les rues de Tournai. La Ville y est allée de sa poche pour l'occasion. Une paille: 30.000 euros. Mais la dépense en valait la peine: c'est que sont quand même venus de 20.000 à 70.000 badauds (selon la police et selon les organisateurs). C'était bien la grande parade: les politiques ont pu parader sur leurs chars, paraît-il, saluant le bon peuple. "C'est le retour vers des valeurs saines, de famille", déclare à No Télé l'un des responsables de RTL, sans qu'il précise où sont ces valeurs. Dans les chars publicitaires sans doute. La crétinisation suit un cours aussi tranquille que l'Escaut. C'était la deuxième édition de la parade ertéèlienne à Tournai. Et la dernière sûrement. Le bon peuple tournaisien attend impatiemment son nouveau bourgmestre, élu avant l'heure, le sauveur, le guide, Rudy W.P. Demotte. L'intelligence incarnée, c'est ainsi que le précède sa légende. Lui saura mettre fin à une politique axée sur les "panem et circenses". Il a toute notre confiance. Le temps est long déjà. Vivement Noël 2012!

Patinage

La neige est un révélateur. Sur son blanc manteau (comme dit la télé locale qui parle comme un instituteur d'autrefois), tout se voit. Notamment les absurdités de notre système.
Les camions se retrouvent à l'arrêt, leurs chauffeurs sont mécontents. On apprend qu'en dix ans le nombre de camions sur les routes belges a augmenté de 20%. Le nombre de kilomètres parcourus par les poids lourds a augmenté de 40% en quelques années. (1) Les responsables politiques nous disaient haut et fort qu'il fallait inverser la tendance. Encore raté.
Ce dimanche, 20.000 vols (vingt mille, oui) devaient parcourir le ciel européen. Seuls (!) 6500 d'entre eux ont pu être effectués. (2) Des voyageurs se retrouvent bloqués par milliers dans des aéroports où ils n'avaient pas prévu de se trouver. Leur situation n'est pas drôle. Mais pas plus inattendue que celle des camionneurs. La météo avait annoncé de fortes chutes de neige et d'énormes difficultés de circulation. Mais l'homme est fort, il est tout puissant même. Il allait pouvoir rouler ou voler malgré le temps. Encore raté. Comme il ne peut s'en prendre au ciel, il peste sur le sol et ceux qui sont chargés de dégager les routes recouvertes par une neige aussi abondante qu'opiniâtre.
Quand un volcan islandais avait perturbé une bonne partie de la circulation aérienne, on pouvait - si l'on était naïf ou démesurément optimiste - penser que l'on allait changer de manière de se déplacer. Mais rien ne peut arrêter l'homme du XXIe siècle quand il a besoin de bouger. C'est plus fort que lui. Sauf quand il tombe sur plus fort que lui. La neige, par exemple, ou un volcan. Bref, la nature qu'il n'a pas totalement domptée. Alors, l'homme du XXIe siècle n'est pas content. Il peut même aller jusqu'à se fâcher.


Ceci dit, j'ai pris le train ce dimanche pour aller voir l'expo Tati à Gand, deux trains à l'aller, deux au retour. Ils étaient à l'heure, parfois même à l'avance. Et le personnel était charmant.


(1) JT RTBF, 18.12.2010
(2) JT RTBF, 19.12.2010

jeudi 16 décembre 2010

Tant de questions

Mais de quoi parlent donc les journaux télévisés quand il ne neige pas? On se le demande. La neige occupe à peu près la moitié des informations. On la voit recouvrir les routes. Et surtout les autoroutes. C'est très intéressant. Elle est blanche. Et parfois abondante. Les automobilistes s'en plaignent. On sent pointer l'exaspération. Ils ne peuvent plus rouler, disent-ils. Que font les autorités? C'est une autre question. Elles interdisent la circulation des camions dans certaines régions. Ce qui fâche beaucoup l'UPTR, l'Union professionnelle des Transporteurs routiers. C'est un scandale, dit-elle. On apprend aussi qu'une autoroute est bloquée parce que deux poids lourds y sont à l'arrêt côte à côte. Des routiers trouvent normale l'interdiction de circulation en raison des conditions climatiques. On se demande si l'UPTR représente vraiment les routiers. Ils n'ont pas l'air d'accord entre eux. Mais on ne s'en mêle pas. Des responsables de marchés de Noël s'inquiètent eux aussi: la neige ne va-t-elle pas freiner les visiteurs le week-end prochain? Une suggestion. Elle n'engage que moi: pourquoi ne pas déplacer Noël fin juin? Ou début septembre? Entendons-nous bien: c'est juste une suggestion.

mercredi 15 décembre 2010

Un goût de voyage

Je n'ai jamais épousé aucune thèse de complot. Mais ici franchement, je doute. La CIA ne serait-elle pas derrière la déglingue à laquelle nous assistons? Ou Al-Qaida? Ou l'ETA, les FARC, que sais-je encore? Je parle ici de l'état de nos transports en commun. Un de mes frères a fait le pari de se passer de voiture. Il souffre, peste, déplore les trains en retard, supprimés, détournés, les voyageurs de la STIB abandonnés sur le pavé bruxellois. Et la désinvolture avec laquelle les sociétés de transport en commun traitent leurs usagers. Un jour, ce sont les feuilles mortes qui expliquent la pagaille, un autre la neige, un accident, un conducteur qui n'a pas su se lever, une panne, un vol de câbles, une défectuosité de la locomotive, la présence sur la voie d'un train en détresse... (1) On voit par là que les motifs d'excuses ne manquent pas. A chaque jour suffit le sien.
A Tournai, les autorités communales ont repensé le parking dans toute la ville, pour éviter les voitures-ventouses. Sage décision. Sauf qu'elles n'ont pas pris en compte les navetteurs, à présent obligés de se garer au diable vauvert - ce qui, on en conviendra, est fort loin - pour ensuite rejoindre la gare. Voudrait-on les décourager de ne plus prendre le train qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
L'utilisation des TEC reste une pratique mystérieuse. Début de cette année, j'avais acheté à Tournai une carte de dix voyages que j'ai utilisée sans problème entre la gare de Namur et Jambes. Impossible par contre d'en faire usage, plus récemment, dans un bus des TEC à Charleroi pour me rendre de la gare au Musée de la Photographie à Marchienne. "Pas grave", s'est contenté de me dire le chauffeur. Entre chez moi et la petite ville voisine, la carte ne fonctionne pas non plus. Mais cette fois le chauffeur s'est montré inquiétant par rapport à cette carte qu'il dit ne pas connaître: "ne la montrez surtout pas aux inspecteurs, vous auriez des ennuis", a-t-il dit. Depuis, je la cache soigneusement. Je n'ai plus de raison d'aller à Jambes, mais je me sens obligé d'y retourner pour ne pas perdre le bénéfice de cette carte.
En 2010, on a enregistré en Belgique une hausse de 15% de nouvelles immatriculations (2). L'industrie automobile aurait-elle ourdi un complot? Les dirigeants des services de transport en commun seraient-ils tous actionnaires des grandes marques de voitures? La paranoïa me guette. Je reste chez moi. Je ne dors plus.

(1) voir blog.pierreguilbert.be
(2) JT RTBF, 14.12.2010

mardi 14 décembre 2010

Les temps sont doux

Delta Lloyd vire ses clients les plus pauvres. En tout cas, les moins riches. C'est qu'il faut quand même avoir les moyens d'avoir un compte en banque (1). Les assurances augmentent en France. Les compagnies avaient placé - et donc joué - leurs ressources en bourse. Elles les ont perdues. Les assurés n'ont qu'à payer la différence (2). En France toujours, les PDG les plus dotés voient leur salaire raboté de quelques pour cents. Ainsi, exemple parmi d'autres, leur champion, patron de Renault, Carlos Ghosn, touchera légèrement moins que les 9,2 millions d'euros qu'il avait encaissés l'an dernier, ce qui représentait 190 fois le smic que touchent deux millions de Français (2). Le nombre de millionnaires dans le monde a augmenté de 17% (2). Et le roi des maffiosi, Berlusca himself, populiste homophobe aux réflexions à ras de terre, s'en sort par trois voix d'écart. Voix achetées, semble-t-il. Joyeux Noël! Que le champagne coule à flots!

(1) JT RTBF, 14.12.2010
(2) JT FR2, 14.12.2010

lundi 13 décembre 2010

L'enfer, c'est les autres

"Je est un autre", a écrit Arthur Rimbaud. Qui ne s'est pas trompé, même s'il ignorait alors qu'il resterait un poète éblouissant mais aussi qu'il deviendrait trafiquant d'armes. Donc, je est un autre. C'est dire si l'autre l'est, autre. L'autre est trop différent de l'un et surtout de chacun d'entre nous. Il y a trop d'étrangers dans le monde, estimait Pierre Desproges qui affirmait par ailleurs qu'ils sont nuls. Ce en quoi tant de gens lui donnent raison.
A Moscou ce samedi, un millier de supporters (ou soi-disant supporters, mais avec le Q.I. d'un supporter) du Spartak Moscou ont fait la chasse aux "bougnoules", entendez par là les autres, les personnes d'origine caucasienne ou asiatique. Plusieurs d'entre elles ont été tabassées sous les yeux d'une police visiblement trop fatiguée pour intervenir. En Russie, la haine sert aujourd'hui d'arme politique (1).
A Buenos Aires, la police a dû protéger les sans-abri d'origine bolivienne, paraguayenne ou péruvienne, victimes pendant cinq jours d'agressions de la part de la population locale. Une population quasi exclusivement d'origine étrangère (1).
En France, ce sont les Roms qui sont désormais chargés de tous les péchés d'Israël.
Chez nous, ce serait justement les Juifs. La Belgique a connu en 2009 une hausse sensible d'actes antisémites. Au point que nombreux sont les Juifs belges qui quittent le pays pour se réfugier en Israël, en Australie ou en Suisse (2).
Les autres sont nuls, c'est vrai. Tandis que les uns sont beaux, sont forts, sont purs. En un mot, n'hésitons pas à le dire, les uns sont les meilleurs. Chacun se laisse guider par son ego. Chacun se voit en coq. Même Bart De Wever, héros flamingant. C'est le comble. Pour le coq flamand, tous les autres sont trop différents de lui: les Wallons, les socialistes, le roi, tous les Belges sont trop étranges, voire étrangers. Il vient de le dire à Der Spiegel et ne comprend pas qu'on ne le comprenne pas. On voit par là que non seulement les autres sont nuls, mais en plus ils sont cons. Et en plus ils sont nombreux.

J'étais devenu un mensonge sur pattes / Qui saoule grave / Et qui sait même pas ce qu'il dit / Qui voit même pas que c'est un malade / Et qui dit comme ça / Tout le monde dit / Y dit comme ça / Les autres / Les autres / C'est pas moi, c'est les autres / Les autres
Abd Al-Malik

(1) LLB, 13.12.2010
(2) JT RTBF, 13.12.2010

Le jeu de la vérité

Comment savoir si un demandeur d'asile est sincère, si les arguments qu'il avance pour demander la protection d'un Etat autre que celui où il vivait sont plausibles? La République tchèque a mis en oeuvre une solution innovante. Elle est phallométrique. On a du mal à y croire, mais c'est l'Agence européenne des droits fondamentaux qui nous la fait connaître dans un rapport récent (1). Des demandeurs d'asile qui se disent victimes de persécution à cause de leur homosexualité sont placés face à des images qui leur montrent un couple hétérosexuel en pleine copulation. Si les capteurs érectiles du demandeur d'asile ne fournissent aucune réponse, c'est qu'il est effectivement homosexuel, en concluent - avec une logique désarmante - les autorités tchèques. La Commission européenne, via le porte-parole de la Commissaire en charge des Affaires intérieures, s'en est émue, estimant que "cette pratique suscite des doutes quant à sa conformité avec les articles 4 et 7 de la Charte des Droits fondamentaux" de l'Union européenne. L'information ne dit pas comment la République tchèque vérifie que des demandeurs sont bien victimes de persécution en fonction de leurs préférences politiques ou religieuses. S'ils se disent persécutés parce qu'ils sont catholiques, doivent-ils tomber à genoux devant une photo du pape? Si c'est parce qu'ils sont musulmans, doivent-ils tomber automatiquement de leur lit dès le premier appel du muezzin? S'ils sont de farouches capitalistes fuyant un régime communiste, doivent-ils avoir envie de plonger si on leur montre une piscine emplie de billets de banque (un test un peu coûteux, il est vrai, mais il faut savoir se donner les moyens de ses politiques)? Si c'est l'inverse, doivent-ils savoir chanter l'Internationale par coeur et avec des larmes dans la voix? Pour savoir si une personne victime de persécution l'est à cause de ses choix écologistes, c'est facile: il suffit de lui donner le choix entre une BMW et un vélo.
Pour savoir si la bêtise est humaine, c'est facile: il suffit d'ouvrir son journal.

A quoi pensent les Tchèques quand ils pensent à quelque chose? Pensent-ils comme des Tchèques, pensent-ils rouge ou pensent-ils rose ou pansent-ils leurs plaies?
Dick Annegarn

(1) voir LLB de ce 11 décembre: "Quand l'asile tient à une érection".

vendredi 10 décembre 2010

December in Paris

La polémique fait rage en France. Comment a-t-on pu et surtout qui a pu laisser neiger à ce point sur Paris? Au point que la capitale française (et bien plus que française) s'est retrouvée bloquée comme une vulgaire ville de province. Qui est responsable? Les syndicats pointent le gouvernement. Le gouvernement accuse Météo France et même les médias. La controverse est importante, il ne faudrait que se répètent de tels événements qui rendent impossible la circulation dans une ville qu'habituellement rien n'arrête. Nos amis parisiens (*) sont désemparés. Ils ne se souviennent pas avoir connu des journées aussi dramatiques. Que l'on compose au plus vite une commission d'enquête. Et qu'on y convoque l'hiver. Et vite: en ce moment, il semble avoir le temps.

(*) à prononcer comme ils prononcent "nos amis les Belges" ou "nos amis les bêtes". C'est pareil.

jeudi 9 décembre 2010

Cinq minutes de courage politique

Il y a quelques années, Yves Leterme déclarait que la scission de B.H.V. ne nécessitait que cinq minutes de courage politique. Il n'a visiblement pas trouvé ce temps-là depuis. Aujourd'hui, alors qu'il fait toujours fonction de premier ministre, les négociations pour lui trouver un successeur sont dans l'impasse. On sent bien qu'elles n'aboutiront pas, que la N.V.A. joue depuis le début au poker menteur et ne veut surtout pas d'un accord. Il serait pourtant possible si le C.D.V. acceptait de quitter cet étrange rôle qu'il s'est donné: celui de toutou de la N.V.A. scotché à ses basques. Alors qu'il suffirait qu'il redevienne indépendant et adulte, qu'il prenne ses distances avec les flamingants, pour que ce pays puisse se donner un nouvel avenir. L'affaire de cinq minutes de courage politique, quoi.
On n'en est pas là, on en est loin. Même de mauvais gré, même avec des pieds de plomb, tout le monde, petit à petit, semble se résigner à d'inéluctables nouvelles élections. Jusqu'à présent en Belgique, le parti qui a provoqué les élections l'a payé lourdement en termes de voix. Le peu Open V.L.D. en a encore fait l'expérience en juin dernier. Logiquement, la N.V.A. devrait connaître le même sort. En ce sens, on pourrait nourrir quelque espoir de ce nouveau rendez-vous électoral: les nationalistes devraient, si l'histoire se répète, y laisser des plumes. Mais le jeu est complexe et l'histoire ne repasse pas toujours les mêmes plats. Aujourd'hui, De Wever a réussi à se faire statufier en homme de cet Etat flamand tant attendu (?). Mais surtout il participera, durant la période des fêtes, à l'émission "De aller slimste mens ter wereld" à la VRT (le plus intelligent des plus intelligents du monde, pas moins). Et cette participation vaut sans doute cinq minutes de courage politique. Pauvre B.

mercredi 8 décembre 2010

Brefs propos de grand froid

Quel beau pays que le nôtre! Où les terrains de football de première division sont chauffés. Où une famille de cinq personnes vit dans sa voiture sur un parking, faute de logement. Où quantité d'autres familles d'ici comme d'ailleurs n'ont que la rue pour vivre et leurs yeux pour pleurer. Où certains "responsables" politiques ne vivent que pour un drapeau affichant leur chauvinisme petit-bourgeois. Après eux les mouches.

dimanche 5 décembre 2010

Marche arrière

A propos de cette lamentable pièce qui s'intitule "Pauvre B", cette phrase de Frédéric Flamand: "je trouve que c'est d'une tristesse incroyable de voir la Belgique dans une identité régressive, c'est très pénible, cela ne peut qu'aller vers la petitesse. On parle de droit du sol alors que le sol appartient aux gens qui y vivent" (1). F. Flamand est directeur du Ballet national à Marseille, après avoir été celui de la Raffinerie à Bruxelles.
Aujourd'hui, la grande majorité des Belges a le sentiment d'être pris en otage, l'impression d'être des spectateurs enfermés dans la salle, obligés de supporter jusqu'au bout un "inter-minable" spectacle d'impro joué par de piètres comédiens. Un "En attendant Godot", où depuis longtemps plus personne ne croit à l'arrivée de Godot, mais continue à attendre. Sans savoir qui ou quoi. Prisonniers de l'attente.

(1) Le Vif/l'Express, 26.11.2010

jeudi 2 décembre 2010

Qui veut gagner des millions?

Tout récemment, j'évoquais ici, comme beaucoup d'autres le font, la nécessité de changer radicalement de mode de vie, de lutter contre le réchauffement climatique qui ne fait qu'augmenter. Voilà qu'on apprend, via une question parlementaire d'un groen député, que la Belgique a dépensé depuis six ans 202 millions d'euros (1) pour acquérir des droits d'émission de CO2. On en reste confondu. On se demande ce qu'on aurait pu mener comme politique environnementale et/ou sociale avec semblable budget. Voilà de l'argent véritablement parti en fumée, jeté par les fenêtres. Payer (cher) pour ne pas changer de mode de vie, on ne peut que lever son chapeau. Le capitalisme, bien aidé par les sociaux démocrates, achète tout. Y compris son propre immobilisme et son propre cynisme.

(1) ce qui représente, pour ceux qui ont de vieilles références, plus de huit milliards de francs belges...

Magouille blues

Enfin une bonne nouvelle en cette période froide et morose. La Coupe du Monde de football sera organisée en 2018 en Russie. Ouf! On l'a échappé belle! La Belgique et les Pays-Bas avaient déposé une candidature conjointe. Ils n'accueilleront donc pas ce grand barnum de l'hypercapitalisme (voir sur ce blog "Une bonne et une mauvaise nouvelle", 14.10.2010).