mardi 29 avril 2008

L'anonymat d'Internet

Il y a peu, je me plaignais ici-même (je sais, c'est ce que je fais le mieux, inutile de me l'écrire, j'en suis bien conscient), dans un texte intitulé "Les roquets d'Internet", de ces "courageux anonymes" qui pullulent sur Internet où ils ont mille déclarations à faire, toutes plus intéressantes les unes que les autres bien sûr, mais sans jamais les signer de leur nom. Et je déplorais cette pleutrerie. Ce 23 avril, dans Charlie Hebdo, je me découvre une "alliée" de renom et de grand talent, en la personne d"Amélie Nothomb. Sous le titre "Habeas Corpus", elle écrit notamment ceci: "Signer un texte, un article, un message de son nom, c'est produire son corps comme garantie de ce que l'on écrit. On n'a pas le droit d'écrire n'importe quoi, pour ce motif que l'on porte un nom, et que ce nom représente notre corps. Sur Internet, le corps est le grand absent. Il n'y a pas de plus vertigineuse impunité potentielle que l'absence du corps. L'anonymat n'est rien d'autre que la représentation verbale de l'absence du corps. Tout texte courageux et juste comporte une signature. (...) Il n'est pas question ici de la totalité d'Internet, poursuit Amélie Nothomb, mais de l'univers des blogs et assimilés. En attendant que ce juriste ou que cet internaute de génie trouve une solution, on ne peut rien faire d'autre qu'inciter les explorateurs d'Internet à la plus grande vigilance vis-à-vis de cet habeas corpus à échelle lexicale : la signature. Un message qui ne comporte pas de signature digne de ce nom doit être tenu pour inexistant."
J'imagine que, comme tout personnage public, Amélie Nothomb a reçu et reçoit des lettres de "courageux anonymes". Personnellement, comme présentateur télé d'abord, comme parlementaire ensuite, j'ai reçu de nombreuses lettres d'injures, toujours anonymes évidemment. Parfois, l'auteur du courrier tient à apposer des initiales qui ne permettent évidemment pas de l'identifier, mais qui - sans doute - le mettent en paix avec sa conscience. La plupart du temps, dès que je me rends compte qu'un courrier n'est pas signé, qu'il soit injurieux ou non, je le jette à la poubelle, sans le lire plus avant. J'agis de même sur Internet. Qu'il s'agisse de réactions sur ce blog ou de messages lus sur d'autres sites, le moindre "Zorglub", "Capitaine Haddock" et autre "Ornicar" m'invite à cliquer outre...
Michel Guilbert

samedi 12 avril 2008

Magnette et le plaisir

Gardons au plaisir ses droits! C'est en substance ce qu'a déclaré notre sémillant Ministre fédéral du Climat et de l'Energie, interrogé cette semaine à la Chambre sur sa position vis-à-vis du projet de centre de glisse de Maubray.
Le député Jean-Luc Crucke (MR) interpellait cette semaine le "ministre garant du caractère durable des choses, de l'Énergie mais aussi de la protection quant aux dégâts futurs sur le climat". "Ce type de mégaprojet, lui demandait-il, a-t-il un sens lorsque l'on parle de développement durable? Répond-il à ces critères?"
Le Ministre Magnette, prudentissime, a affirmé que "les meilleurs compromis possibles doivent être trouvés" en matière de développement durable, renvoyant la balle vers ses ex- et brefs collègues du Gouvernement wallon.
Pressé par Crucke à s'engager plus, le ministre a reconnu qu' "il y a dans l'idée même de ce type d'infrastructure quelque chose de choquant. La reproduction d'un climat de type tropical ou de microclimats contraires à notre propre climat et le bilan énergétique et carbone de ce type de projet présentent des éléments choquants. Néanmoins, a-t-il ajouté, je me pose la question de principe: devons-nous, dans notre effort de développement durable aller jusqu'à une forme de jansénisme en interdisant ou refusant tout ce qui serait contraire? De même, lorsqu'on mange et qu'on essaie d'avoir une alimentation équilibrée, cela ne peut empêcher certains jours de se taper "un bon vieux satcho andalouse". Le principe de plaisir doit, à certains moments, pouvoir autoriser certaines formes sans oublier les retombées économiques."
La messe était ainsi dite. Le droit au plaisir et le soutien au (à un certain type de) développement économique doivent primer. (On notera au passage que cette nouvelle figure du PS a rapidement intégré les valeurs premières de son parti!) Comme si n'existaient pas des formes de plaisir respectueuses des principes du développement durable. Comme si le plaisir devait "fatalement" en passer par des consommations gigantesques d'eau, d'énergie, d'espaces naturels. Comme s'il n'était de plaisir que consommatoire.
La grand messe du Printemps de l'Environnement, que le même ministre entend lancer dès la semaine prochaine, apparaît, un peu plus, comme une belle opération de communication, déjà vide de toute volonté politique. Ce Printemps s'annonce très éolien: il ne produira que du vent. Les participants potentiels feraient mieux d'aller skier ou nager en piscine tropicale, bref, prendre du plaisir. De facto, avec ses propos, le ministre en a ôté toute crédibilité. Au moins, fera-t-il ainsi de substantielles économies d'énergie (gesticulatoire notamment)...

samedi 5 avril 2008

Au royaume d'Ubu, le MET est roi

Sensibiliser les citoyens à leurs responsabilités en matière d'épandage de déchets est un acte inadmissible selon l'incompréhensible raisonnement du MET (l'inénarrable Ministère de l'Equipement et des Transports en Région wallonne, qui a toujours fonctionné selon une logique et des règles qui lui sont propres).
La section Ecolo de Beloeil avait planté à un carrefour de la localité un arbre à déchets: les détritus trouvés sur place avaient été accrochés aux branches pour matérialiser l'attitude scandaleuse et polluante de bon nombre d'automobilistes, de cyclistes et autres piétons qui préférent jeter leurs déchets là où ils passent plutôt que de les mettre à la poubelle ou, mieux, de les trier et de les recycler. L'action visait clairement à responsabiliser chacun.
Mais le MET a dû se sentir visé et s'est gratté là où ça le chatouille: il a adressé un procès-verbal à Ecolo, lui enjoignant de s'acquitter d'une amende de 33,31 euros pour l'enlèvement des déchets. On a bien compris que les déchets se trouvaient déjà sur place et que l'action ne visait qu'à les rendre plus visibles.
Moralité, selon la logique du MET: continuez à jeter vos déchets par les fenêtres de vos voitures, mais faites le discrètement. Après les décisions du MET on se pose la même question qu'après les déclarations de son ministre de tutelle: faut-il pleurer, faut-il en rire?