Je n'ai plus envie d'écrire.
Des circonstances familiales, fin du mois dernier et début de celui-ci, ne m'en ont pas laissé le temps. Mais, depuis, je n'arrive pas à m'y remettre.
Une immense lassitude, un grand découragement. Les incendies se propagent un peu partout du fait de la sècheresse provoquée par le réchauffement climatique. L'eau vient à manquer, les rivières sont à sec, la nature est en grande souffrance. Et l'homme aussi par ricochet. Il faudrait prendre des mesures radicales pour modifier du tout au tout nos modes de vie. Il faudrait. Mais personne n'en a envie. Ni les gouvernements, ni les citoyens. Notre confort ne peut être remis en question. Un confort étrange. Nous voilà écrasés par le soleil et nous prenons l'avion à la recherche d'un soleil plus brûlant encore. Qu'est-ce qui pousse tous ces touristes à aller prendre leurs vacances en Grèce d'où ils appellent au secours, cernés par des incendies ?
Récemment, on pouvait lire que les feux de forêt en Alberta n'empêchent pas les habitants de continuer à défendre bec et ongles l'exploitation pétrolière qui a fait la fortune de leur province et est génératrice d'emplois.
Tous les gouvernements, tous les partis politiques devraient avoir pour priorité absolue la lutte contre le réchauffement climatique, mais ils se contentent de mesurettes, craignant de se mettre à dos leurs électeurs. On cherche en vain des responsables politiques.
Pendant ce temps, Poutine le barbare continue sa guerre sans issue, avec son lot de morts, de blessés, d'atrocités en tous genres, de destructions, de pollution.
Pendant ce temps, les nationalistes et les populistes s'imposent un peu partout. Des maires sont menacés de mort, des écoles détruites, des bibliothèques saccagées pour prétendument venger la mort d'un jeune. Les réseaux (a)sociaux deviennent des vecteurs de haine et de bêtise. Les complotistes pullulent, répandant sur Internet leurs navrantes analyses de comptoir (ou de clavier) qui méprisent la science ou la considèrent juste comme une opinion parmi d'autres.
Pendant ce temps, les islamistes brûlent une ambassade parce que des pages d'un exemplaire d'un Coran ont été brûlées, sans s'indigner le moins du monde des violences extrêmes provoquées par les leurs.
Pendant ce temps, les violences inter-ethniques se poursuivent un peu partout, les réfugiés sont rejetés à la mer, les pays construisent des murs pour mieux fermer leurs frontières.
Le monde court à sa perte et chacun regarde son nombril, défend son intérêt, son confort, son mode de vie.
Combien de fois n'ai-je pas écrit sur tous ces sujets ? Mais à quoi sert-il d'écrire encore ?
Récemment, le jeune cinéaste québécois Xavier Dolan annonçait qu'il ne tournerait plus de films. "Je ne comprends pas à quoi ça sert de s'efforcer de raconter des histoires pendant que le monde s'écroule autour de nous. L'art est inutile, et se consacrer au cinéma, une perte de temps. (...) Je vais construire une maison où je me réfugierai avec mes amis, et je vais regarder le monde brûler."
Xavier Dolan a la moitié de mon âge. Il a ou devrait avoir toute la vie devant lui, mais combien de temps l'humanité tiendra-t-elle encore ?
Je vais consacrer mon temps à soigner, autant que je le peux,
mes arbres,
mes oiseaux,
mes insectes,
mes hérissons. Et j'en publierai des photos sur mon autre blog,
Aux Petits Plaisirs :
https://michelguilbert.blogspot.com/(Peut-être reprendrais-je ce blog à l'automne. Peut-être avant, peut-être pas. En attendant, il y a deux hebdomadaires dans lesquels je me retrouve, dont je partage les points de vue : Charlie Hebdo et Franc-Tireur.)
J’entre en une humeur noire, en un chagrin profond,
quand je vois vivre entre eux les hommes comme ils font.
Molière, Le Misanthrope.