dimanche 23 novembre 2008

Je m'ego, tu t'es ego, elle s'ego...

Magnifique phrase de Ségolène Royal, reprise au JT de la RTBF ce soir, alors qu'elle conteste la victoire de Martine Aubry: "Si les militants me confirment au poste de premier secrétaire, etc." Le reste de la phrase n'a aucun intérêt. Ce qui est intéressant, c'est d'entendre que, selon elle, elle a déjà été désignée au poste, et qu'elle attend juste une confirmation. "Confirmer: rendre plus ferme (une chose établie)", dit le Petit Robert. Pour S'EGO (et pour qui en doutait), la chose est donc établie.

jeudi 13 novembre 2008

Comment être élu et le rester - en 10 leçons

Bientôt les élections!
Voici quelques conseils pour celles et ceux qui voudraient effectuer leurs premiers pas dans ce monde impitoyable mais tellement grisant de la politique.
Bien sûr, on peut partir de rien, mais il est des situations de départ qui constituent un avantage certain:
- être fils/fille/frère... d'un ou d'une élu(e), si possible déjà ministre, parlementaire ou bourgmestre. En marchant dans les traces de papa, il ne vous reste plus qu'à vous faire - éventuellement - un prénom.
- être secrétaire de mutuelle, permanent syndical ou agent d'assurance. Vos membres ou vos assurés deviendront vos électeurs: ayant pu apprécier votre capacité à rendre service et à régler leur dossier, ils vous en sauront gré en votant pour vous. (1)

Leçon n°1: Soyez gentil!
Le sourire aux lèvres en toutes occasions, montrez de la compréhension, de l'empathie, voire de la compassion pour vos interlocuteurs. Serrez leur la main en les regardant dans les yeux, donnez leur raison, ne vous opposez jamais à eux. A la rigueur, permettez vous un bémol (ou un dièse, c'est selon) à leurs réflexions. Affirmez que vous détestez les querelles, toujours stériles, et que vous n'aimez rien tant que le consensus. Ne dites jamais non, préférez dire oui. Faites toujours comprendre à vos vis-à-vis que vous êtes d'accord avec eux, même s'ils sont divisés en deux camps opposés.

Leçon n°2: Affirmez votre amour des gens.
Votre seule et unique priorité, la motivation de votre engagement politique, c'est "les gens"!
C'est pour eux que vous vous battez, que vous êtes capables de travailler autant, de ne pas compter les heures, de ne jamais prendre de vacances. D'autres n'ont d'intérêt que pour l'argent et la bourse ou les petites fleurs et les petits oiseaux, alors que vous, ce sont les gens qui vous passionnent et qui vous boostent! Dans les débats, n'hésitez pas à affirmer que le thème abordé est de peu d'intérêt, que pour vous, ce qui importe, ce sont les gens! (3)

Leçon n°3: Montrez-vous!
Partout et tout le temps. Ne ratez aucune occasion d'être là où sont les gens: fête d'école, de quartier ou de village, inauguration, vernissage, match de foot, banquet, visite de ministre (mieux encore: de souverains), séances (filmées!) du Cabaret wallon (2). Participez à des compétitions sportives, à des karaokés, allez passer une journée à l'usine, mouillez votre maillot! On ne peut être un bon élu, si on n'est pas proche des gens!
Organisez un apéritif et/ou un bal, dont les bénéfices reviendront - évidemment - à une organisation humanitaire.
Montrez vos enfants, portez les dans vos bras (N.B.: il y a un âge pour tout...), emmenez les jusque dans l'isoloir, pour leur montrer à quel point le devoir électoral est fondamental dans nos sociétés démocratiques!
Pour donner plus de sens à votre participation à ces événements, assurez-vous évidemment de la présence de journalistes et de caméras.

Leçon n°4: Ayez l'air d'être ce à quoi à quoi vous voulez ressembler.
Vous voulez donner l'impression d'être quelqu'un qui a le sens des responsabilités. On ne vous demande pas de les prendre, mais au moins de le dire. Soyez convaincu qu'en politique, il s'agit plus d'avoir l'air et de dire que d'être et de faire.
Vous êtes un rassembleur né, un homme de consensus; c'est pourquoi vous pensez au centre (ce qui ne vous empêchera évidemment pas de vous affirmer de gauche ou de droite), loin de tous les extrêmes et de ces "anti-tout". Vous êtes un homme positif et concret, qui veut faire avancer la société et qui a le souci des gens !

Leçon n°5: Répondez toujours à la question posée.
Même si c'est pour ne rien dire. N'avouez jamais que vous ne connaissez pas un dossier. Encore moins que vous vous êtes trompé. Même si vous ne savez que répondre, répondez! N'importe quoi, mais répondez! Dites que c'est un sujet qui mérite réflexion, mais qu'a priori il vous semble que... Reprenez des élements de réponse de vos adversaires, faites en un mix et servez à votre sauce. Ou alors attaquez, critiquez George Bush (succès garanti) ou Nicolas Sarkozy (nécessite plus de subtilité et de métier) ou réjouissez vous du succès de Barak Obama ou de la libération d'Ingrid Betancourt. Citez le développement durable et la création d'emploi dans toutes vos phrases, en affirmant que ce sont des priorités incontournables. Dites de chaque thème abordé qu'il est extrêmement important. Convainquez vous de toute façon que vos électeurs n'entendent rien au domaine abordé, et que ce qui compte, c'est que vous apportiez une réponse, peu importe son contenu, à la question posée.

Leçon n°6: Cultivez vos liens avec des journalistes.
Invitez, de temps en temps, l'un ou l'autre journaliste à manger, pour parler de vos projets, de votre analyse de "la situation". Faites preuve de convivialité avec eux, voire de complicité. Utilisez l'humour. Dès que vous avez la moindre idée, la moindre opinion, transformez les en communiqué de presse. Réagissez à tout ce qui bouge dans l'actualité.

Leçon n°7: Faites confiance au temps.
Dites vous bien qu'en politique six mois, c'est six ans et que l'électeur oublie vite. Ne craignez donc pas les conséquences de vos déclarations intempestives et rappelez vous toujours que les promesse n'engagent que ceux qui y croient. L'essentiel, c'est qu'on parle de vous et l'effet que feront vos propositions (même si ce sera là leur seul effet).

Leçon n°8: Soyez simple!
N'ayez surtout pas l'air d'un intellectuel, les gens ne les aiment pas. Soyez extrêmement simple dans vos explications, utilisez des formules percutantes qui rendent tout de suite compréhensible votre discours. A l'occasion, critiquez ces intellectuels peu au fait de la réalité de terrain, très éloignés des difficultés rencontrées par les gens.

Leçon n°9: Soyez fier de votre commune et de votre région!
Même si le quotidien nous empêche de le voir, nous vivons quand même dans un petit coin qui ne manque pas de charme: nos villes, nos campagnes, nos monuments historiques, nos traditions populaires, et surtout nos populations sont uniques et si attachants. D'ailleurs, vous ne pouvez imaginer vivre ailleurs. Et puis, on ne peut tolérer que Liège et Charleroi mobilisent la majorité des subsides. Si vous êtes élus, votre commune aura sa juste part!

Leçon n°10: Travaillez le non verbal.
Rappelez-vous toujours que dans un discours, d’après certaines études, les mots ne comptent que pour 7%, alors que l’intonation intervient pour 38% et la gestuelle pour 55% ! Tout ce qu'on vous demande , c'est d'apparaître convaincant et empathique!

Leçon bonus: Soyez convaincu que le ridicule ne tue pas plus que l'incohérence!

(1) témoignage d'un député-bourgmestre: "j'ai conservé une certaine activité dans les assurances, tu n'imagines ce que ça rapporte comme voix!"
(2) témoignage d'un bourgmestre: "le Cabaret wallon, ça te fait cinq passages sur la télé locale!"
(3) Post-scriptum (rédigé le 15.11.08, après avoir vu le JT de No Télé): pour témoigner de votre amour des gens, vous pouvez, par exemple, publier votre autobiographie (on n'est jamais si bien servi que par soi-même) sous le titre, par exemple, de "Le goût des gens".

mardi 11 novembre 2008

Dieu est-il amour ou castagne, humour ou loupage?

A voir ce dimanche, dans les images du JT, les religieux orthodoxes et arméniens se foutre sur la gueule dans la basilique du Saint Sépulcre à Jérusalem, la question-titre se pose effectivement! Les coups de poings et de cierge ont plu dru entre les deux camps et la police a eu fort à faire pour séparer ces prêcheurs de paix. En fait, c'était franchement drôle quand on réfléchit aux discours habituellement tenus par ces porteurs de vérité... A l'origine du pugilat, paraît-il, le déplacement d'une chaise. On n'ose imaginer ce qui se serait passé si l'un des deux groupes avait fermé l'église à l'autre. Quand Malraux prévoyait non pas que "le XXIe siècle serait spirituel ou ne serait pas", mais "la possibilité d'un évènement spirituel à l'échelle planétaire", imaginait-il un événement de cette sorte: les tenants des différentes religions se rentrant dans le chou ?

Dans son pamphlet intitulé "L'humanité disparaîtra, bon débarras!" (1), Yves Paccalet, philosophe et naturaliste français qui fut membre de l'équipe du commandant Cousteau, constatant la catastrophe que représente l'être humain pour la planète et pour lui-même, écrit ceci:
"Je suis désolé de noter que, si nous sommes le plus parfait résultat de l'intelligence divine, le QI du créateur voisine celui du pithécanthrope! (...) Le "dessein intelligent" ressemble au cahier de brouillon d'un enfant de classe maternelle. Parce que nous, Homo sapiens, sommes de plus en plus nombreux sur un vaisseau spatial aux dimensions et aux ressources limitées, nous aurons de plus en plus souvent, et avec de moins en moins de scrupules, recours à la violence.
Le vingt et unième siècle sera belliqueux, ou je ne m'y connais pas. La conclusion pourrait en être une série de conflits terrifiants qui s'achèveraient en guerre totale - la troisième et dernière à laquelle on collerait l'adjectif de "mondiale". Au bouquet final de ce feu d'artifice, l'humanité serait grillée, écrasée, irradiée, affamée, noyée, gelée, anéantie. Sans le moindre espoir de renaissance ou de réincarnation... Sans aucune chance de ressusciter avant le Jugement dernier; et encore: si Dieu ne foire pas la résurrection des morts comme il a loupé la création..."
(Et pour que personne ne soit en reste, Paccalet, dont le désespoir n'empêche pas l'humour, ajoute plus loin, quand il aborde le terrorisme: "Concernant les "soixante-dix vierges" promises au martyr de l'islam dans le paradis d'Allah, j'ai mon idée. Il s'agit d'une interprétation erronée du Coran: la sourate parle de "soixante-dix asticots". Ceux-là, au moins, sont sûrs.")

L'inénarrable Sarah Palin, elle, s'en remettra à Dieu pour décider ou non de sa candidature aux élections présidentielles américaines de 2012: Il me montrera la voie, a-t-elle déclaré. S'il pouvait aussi lui donner un atlas en même temps, ça pourrait l'aider: un proche de sa campagne a déclaré que Sarah Palin ignorait que l'Afrique était un continent en tant que tel (elle pensait qu'il s'agissait d'une région regroupant quelques pays) et que l'Afrique du Sud était un Etat (elle pensait que le terme désignait la partie méridionale de la même région). En fait, si je peux me permettre de conseiller Dieu, il vaudrait mieux pour l'humanité qu'il indique à Mrs Palin la sortie de secours.

Tant qu'on y est, toujours de Paccalet, dans le même ouvrage, ce paragraphe qui pourrait être dédié à André Antoine, Ministre wallon de l'Aménagement du Territoire et des Transports, grand défenseur des aéroports wallons et des pistes de ski sur neige artificielle: " L'homme est le cancer de la Terre. Cette formule choquera les âmes sensibles; mais peu me chaut d'offusquer les "humanistes" qui ont des yeux pour ne pas voir et un cerveau pour imaginer que Dieu les a conçus afin qu'ils passent leur éternité à chanter des cantiques au paradis ou à cuire en enfer. (Si Dieu existe, il nous a faits pour s'amuser, comme nous fabriquons nos programmes de télévision, nos OGM et nos armes de destruction massive. A la fin, c'est toujours la même catastrophe.)"

Bref, encore deux mythes qui s'effondrent: Dieu et l'Homme. Si vous en avez un autre...

(1) J'ai lu n° 8438, Prix du Pamphlet 2006

jeudi 6 novembre 2008

La meilleure blague du moment: le nucléaire comme voie verte!

Nucléaire, le retour? On sent bien que le gouvernement Leterme est prêt à prolonger la vie des centrales, revenant sur la loi de sortie du nucléaire, votée voici six ans par certains partis qui sont toujours aujourd'hui dans cette glorieuse majorité qui gouverne la Belgique. Son argument: en 2015, année prévue pour les premières fermetures de centrales, les énergies alternatives ne seront pas suffisamment développées pour remplacer l'apport du nucléaire. On sent bien que le lobby nucléaire dispose de solides relais au sein du Gouvernement. Un gouvernement dont les membres ne se posent évidemment pas la question de savoir ce qu'ils ont fait ces dernières années pour mettre en oeuvre des alternatives renouvelables. A savoir, rien, ou si peu. Ne se demandent pas ce qu'ils ont fait ou ce qu'ils peuvent faire pour diminuer les consommations d'énergie. Et c'est bien là le comble, c'est que pour ces partis les affaires sont les affaires et l'économie doit continuer à tourner à plein régime. Comme dans les golden sixties. Le changement de culture économico-politique, ce n'est décidément pas pour aujourd'hui. Ni même pour demain.

J'avais eu le plaisir et l'honneur de défendre au Sénat la loi de sortie du nucléaire et de rappeler que, selon de nombreux experts, plus un pays recourt au nucléaire, plus il s'inscrit dans une culture du gaspillage énergétique. De rappeler qu'il est possible, sans rien changer à notre confort, de diminuer de 30% nos consommations énergétiques. Ainsi, la simple extinction de tous les appareils électriques qui restent constamment en veille en Belgique permettrait la fermeture de la plus ancienne des centrales nucléaires de Doel. Visiblement, le gouvernement ne s'en soucie guère. L'économie libérale prime et l'ogre a des besoins insatiables.

Dans une note récente, l'ancien ministre wallon de l'Energie, José Daras (Ecolo), rappelle qu'après cinquante ans de développement le nucléaire n'atteint même pas 4% de l'énergie finale dans le monde. Il souligne qu'on s'apprête à fermer plus de 200 réacteurs sur les 439 en fonction dans le monde, que le mineurs d'uranium (entre autres en Afrique) travaillent dans des conditions infra-humaines, qu'une nouvelle centrale nucléaire coûte 5 milliards d'euros et réclame dix ans de chantier. Alors que la lutte contre le changement climatique n'attend pas...

Car c'est bien là l'argument des relais du lobby nucléaire au sein du gouvernement: le nucléaire serait la seule alternative possible aux sources d'énergie génératrices de gaz à effet de serre. L'énergie nucléaire est donc, selon eux, parfaitement propre. Ne se pose pas pour eux la question de la dangerosité du nucléaire et de ses déchets.
Au Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis, à 600 mètres de profondeur une ancienne mine de sel accueille un site de déchets atomiques. La sarcophage est garanti (?) 10.000 ans, il sera fermé en 2033 quand le site sera saturé. Pour prévenir les (hypothétiques!) habitants de la Terre en 12.033 de la dangerosité de ces déchets, dans une langue universelle, les experts du coin ont décidé d'entourer le site de représentations du tableau "Le cri" d'Edvard Munch, le symbole universel de... la terreur.

En Ukraine, autour de Tchernobyl, c'est toujours la mort et le maladie qui règnent en maîtres. "La population a diminué de moitié, notre terre est contaminée. Et on voit, encore aujourd'hui, beaucoup d'enfants malades, à l'hôpital. Nous détenons le record des opérations du coeur, des cancers, des tuberculoses.", déclarait à Télérama (16.07.08) Kateryna Dmytrivna Volovyk, préfète de la région de Poliské.
Mais bien sûr, il n'y a strictement aucun risque d'accident nucléaire chez nous, nous disent les défenseurs du nucléaire, on ne peut comparer la sécurité occidentale avec celle qui était de mise sous le régime soviétique!
A Tricastin en France, entre Montélimar et Orange, depuis l'été dernier (2008), les incidents et les révélations se succèdent chaque semaine: fuite d'uranium, salariés contaminés, nappe phréatique polluée, déchets radioactifs mal protégés.
Ce vendredi 7 novembre à 21h, Arte diffuse un téléfilm de François Luciani intitulé "Inéluctable": le test d'arrêt d'urgence d'un réacteur nucléaire menace de virer au remake français de Tchernobyl. Une fiction totalement invraisemblable? Elle est largement inspirée d'un rapport du très sérieux Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, et des incidents qui surviennent chaque année dans les centrales d'EDF...

En attendant, chez nous, le sémillant Ministre fédéral du Climat et de l'Energie, Paul Magnette (Ps), se tâte, mais on sent bien que les jeux sont faits: le nucléaire aura encore quelques beaux jours devant lui. Et après nous les mouches?

P.S. (c'est le cas de le dire): Quelqu'un peut-il éclairer ma lanterne? Dans un article de la Libre Belgique du 22 octobre dernier intitulé "Comment le PS tient la force atomique", un représentant socialiste estime, à propos de ce dossier nucléaire, que, si on se base sur ses positions dans ce dossier, "Ecolo est devenu un parti populiste". Et poursuit en affirmant que "on ne va certainement pas sombrer dans le populisme. D'ailleurs, si c'était le cas, nous arions déjà donné le feu vert à la poursuite du nucléaire: l'atome a le vent en poupe en ce moment". Donc, si on le suit bien, être contre le nucléaire, c'est être populiste. Et être pour aussi. Comprenne qui pourra...

RE-P.S.: Après avoir vu le téléfilm d'Arte cité plus haut, je suis totalement convaincu qu'avec le nucléaire nos vies reposent entre les mains d'apprentis-sorciers! C'est le terme qui me paraît le plus approprié. Mais nos bourgmestres ont l'immense courage de s'opposer à des éoliennes plutôt qu'à des centrales nucléaires...

Voir le dossier complet d'Etopia sur le nucléaire sur www.etopia.be/spip.php?article223