dimanche 30 juin 2013

Domheid zonder grens

Sur le territoire de la commune de Denderleuw, toute communication dans les commerces, les clubs sportifs, les associations culturelles devra se faire en néerlandais. En terre flamande, on parle néerlandais et rien d'autre. Ainsi l'exige le "manifeste flamand" adopté par la commune (1). Les enseignes de magasins qui ne seraient pas uniquement en néerlandais seront considérées comme "inadaptées". 
On pense à ces campings en Wallonie et en France tenus par des néerlandophones et fréquentés en très grande majorité par des Flamands et des Néerlandais. Imagine-t-on un seul instant d'y imposer le seul usage du français?

La Wallonie, elle, entend mieux exister aux yeux du monde. Pour ce faire, elle s'est acheté un nouveau "branding". La Wallonie aime l'anglais. D'ailleurs, elle s'est aussi offert une nouvelle "tagline". Cinq points forment un w et renvoient aux cinq continents et à wallonia.be. Le slogan: "feel inspired". Premiers coûts de l'opération: 477.000 euros pour l'étude et 60.000 euros pour le visuel (2). Restent à les décliner. Si c'est possible. Un point noir vient en effet de s'ajouter aux cinq premiers. Les concepteurs du branding ont été trop peu inspired: l'adresse wallonia.be appartient à un retraité flamand (3). Avec un peu de chance, il acceptera de le revendre si le site wallonia.be est publié exclusivement en néerlandais.


(1) JT RTBF, 28 juin, 19h30.
(2) LLB, 28 juin 2013.
(3) LLB, 29 juin 2013.

lundi 24 juin 2013

De bonnes idées

Aujourd'hui, "en raison d'une action syndicale, le Journal (de la Première) est retardé de quelques instants". Voilà une excellente idée qui devrait être adaptée ailleurs.
A la SNCB, par exemple. Nombre de voyageurs se plaignent que les trains ne roulent pas en cas de grève. Ils se sentent pris en otages. Si les trains partent avec quelques instants de retard, c'est que les cheminots sont en grève. S'ils partent avec quelques minutes de retard, c'est qu'ils ne le sont pas.
Quant à moi, par solidarité avec l'action syndicale, j'ai attendu quelques instant avant de publier ce billet.

A Dilbeek, un échevin NVA a baissé son pantalon en remettant un prix à un club francophone de pétanque. "Un club de sports francophone, j'en perds mon pantalon", a-t-il déclaré avant de se déculotter devant l'assemblée (1). C'est "mijn stijl van humor", s'est-il justifié en s'excusant (2).
Voilà une bonne manière d'identifier les interlocuteurs de l'échevin. On l'imagine lors du drink qui a suivi. S'il est habillé, c'est qu'il parle à un Flamand; s'il ne l'est pas, c'est qu'il s'adresse à un francophone. C'est juste une question de code. De dress code. De l'expression corporelle en fait.

(1) www.lesoir.be/268127/article/actualite/belgique/politiclub/2013-06-24/dilbeek-un-echevin-n-va-se-deculotte-en-public
(2) www.standaard.be/cnt/DMF20130624_00634059

mercredi 19 juin 2013

Bons baisers de Versailles

Il ne faudrait surtout pas croire qu'ils sont homophobes. Quelle idée! Non, il y a simplement des limites à la décence. Il y a simplement outrage à la morale. Des habitants de Versailles et de Saint-Cloud ont exigé et obtenu de leur municipalité le retrait de l'affiche du film "L'Inconnu du lac" d'Alain Giraudie. Comment un dessin aussi choquant peut-il être affiché dans les rues de leurs villes si propres? 
Le ridicule et la bêtises n'ont décidément pas de limite. Ces citoyens si dignes s'opposent-ils aux affiches de Marine Le Pen? 
Dans Télérama (1), Frédéric Strauss rappelle que le parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie veut empêcher les gens de s'embrasser dans les rues. D'Ankara à Versailles, la morale a bon dos et le ciel se couvre. "Un obscurantisme menace à l'horizon, écrit-il: le ciel noir de toutes les intolérances, de tous les intégrismes qui planent sur ce baiser."
Soyons clair: on n'est pas versaillophobe, c'est juste qu'on pense qu'il y a outrage à l'intelligence.

(1) 19 juin 2013.

samedi 15 juin 2013

Confusions

Mieux vaut ne ressembler qu'à soi-même. Ou alors à un inconnu. Mais pas à une célébrité. Les choses peuvent mal tourner, surtout si on rencontre quelqu'un qui ressemble à une autre célébrité.
Dans les Vosges, un sosie de Serge Gainsbourg a agressé un sosie de Johnny Hallyday. Ils se croisaient régulièrement dans des concours de sosies. Celui qui se prenait pour Johnny avait l'habitude de chambrer celui se prenait pour Gainsbourg. Peut-être le traitait-il d'homme à tête de chou. Quoi, ma gueule, qu'est-ce qu'elle a ma gueule?, a dû  demander Gainsbarre en plantant son couteau dans le corps de l'autre. Peut-être chantait-il  "je serai content quand tu seras mort, vieille canaille". L'histoire ne finit pas trop mal. Le faux Johnny est toujours vivant, il a retrouvé hier au tribunal le faux Gainsbourg (1). Le vrai Johnny fête aujourd'hui ses 70 ans, comme si de rien n'était.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaah! Faut pas dire du mal de Johnny!
Loïc Lantoine

(1) Journal de 13h, France Inter, 14 juin 2013.

jeudi 13 juin 2013

Accorder crédit à l'islam

"Si Mahomet ne revient pas sur terre, je ne te ferai pas crédit". Voilà ce qu'aurait dit un jeune syrien âgé de 15 ans, vendeur de café, à un client qui voulait le payer plus tard. La phrase est d'usage courant en Syrie, nous dit-on. Mais les islamistes ne supportent pas le langage courant. Passant par là, entendant ce "blasphème", ils ont enlevé l'adolescent, l'ont tabassé, avant de le ramener devant son échoppe pour l'y assassiner (1).
Existe-t-il vraiment un dieu fou furieux qui inspire ces barbares?
Hassen Chalghoumi, l'imam de Drancy, appelle à lutter contre ces dévoiements violents de l'islam. Lui qui approuve l'interdiction de la burqa en France et ailleurs s'est retrouvé menacé par des "gangsters de la foi"(2). Ils lui reprochent son attitude tolérante, ils lui reprochent d'avoir reçu des associations juives dans sa mosquée, ils lui reprochent d'avoir organisé un voyage en Israël et en Palestine à la rencontre d'autres religieux qui militent en faveur de la paix. Appelé "l'imam des juifs" par les islamistes qui l'ont agressé dans sa mosquée, il vit sous protection policière. Mais il n'est pas seul: il préside une conférence de quatre-vingt imams qui prônent un islam pacifique et tolérant (3). "Je suis dérangeant parce que je crois aux vertus du dialogue", dit-il (4). Il dénonce les appels à la haine qui tentent de détruire le vivre ensemble en France. Il existe, très majoritairement, un islam tolérant et ouvert, à mille lieues de son détournement par des terroristes enragés. Ceux qui, du côté d'une certaine gauche, sous prétexte de racisme, hurlent à l'islamophobie dès qu'on critique l'islamisme seraient mieux inspirés d'écouter les voix sages de l'islam plutôt que de défendre ses dérives intégristes.

(1) France Inter, 11 juin 2013, 18h.
(2) l'expression est de l'écrivain algérien Boualem Sansal.
(3) voir le documentaire de Caroline Fourest: "Les radicaux de l'islam".
(4) LLB, 11 juin 2013.

mercredi 12 juin 2013

Indigène

On pensait naïvement que Jean-Claude Marcourt était Ministre wallon de l'Economie. On se trompait. La RTBF, à l'occasion d'un sujet sur le plan wallon de l'acier, l'interroge (1). Il se fait interviewer à côté d'un panneau  qui prend autant de place que lui sur l'écran. C'est dire s'il est massif (le panneau). On ne sait qui ou quoi regarder. On opte pour le panneau. Il fait la publicité de Liège, "une ville, un esprit". On a vu le panneau, pas entendu l'esprit du Ministre de Liège.

(1) JT de la RTBF, 11 juin 2013.

mardi 11 juin 2013

Chef, un p'tit verre

Les bourgmestres wallons deviennent-ils alcooliques? On se pose la question, on s'inquiète.
Recevant une invitation du bourgmestre local à la dixième édition de "l'apéritif du bourgmestre", on s'interroge: sont-ils nombreux dans son cas?  On questionne un moteur de recherche. Il  nous apprend aussitôt qu'un "apéritif du bourgmestre" est régulièrement (et particulièrement en période électorale) organisé à Pecq, à Mouscron, à Brunehaut, à Liège, à Blégny, à Visé, à Farciennes, à Estaimpuis, à Bernissart, à Estinnes... Vandervelde, reviens!

vendredi 7 juin 2013

Esprit, es-tu là?

La révocation, décidée hier par le Gouvernement wallon, de Philippe Mettens de sa fonction de bourgmestre de Flobecq ne manque pas d'intérêt. Il ne peut exercer cette fonction en même temps que celle de patron de la Politique scientifique fédérale. Sa commune ne compte quelque trois mille habitants, souligne-t-il. Sa gestion ne peut être comparée à celle d'une ville.
Des journalistes font remarquer l'iniquité de la décision. Ainsi Paul Piret (1) se demande "que pèsent le cumul du Flobecquois et ses risques face à des situations bien plus problématiques quoique intouchables? Les bourgmestres soi-disant empêchés parce que ministres ne pourront pas nous démentir", écrit-il. "Ni tel sénateur, président de parti et maïeur de la ville wallonne la plus peuplée..."
Prenons un exemple (au hasard, bien sûr): Rudy Demotte, après avoir été une douzaine d'années bourgmestre empêché de Flobecq, est maintenant bourgmestre en titre de Tournai. On appréciera la nuance: il entend bien signifier qu'il n'est en rien empêché, que ce titre il l'a et le garde. Tout double ministre-président qu'il soit, de la Région wallon et de la Communauté française, il s'occupe de mille affaires tournaisiennes, préside quantité de réunions communales, a installé son bureau de bourgmestre à l'hôtel de ville de Tournai, prend quotidiennement des décisions pour sa ville. En un mot comme en cent, il est bourgmestre et ne laissera personne lui contester et cette place et ce titre. D'ailleurs, à Tournai, il n'y a pas de bourgmestre faisant fonction, mais un échevin délégué à la fonction maïorale qui peut et même doit - monter au front sur les sujets délicats et impopulaires.
Philippe Mettens a beau jeu de dénoncer l'hypocrisie de ceux qui devraient, les premiers,  appliquer des règles utiles, censées éviter les conflits d'intérêt, mais qui les détournent outrageusement.
On voit par là que certains savent faire appliquer la loi à la lettre pour d'autres, mais refusent d'en appliquer eux-mêmes l'esprit. 

(1)"Mettens saqué, l'histoire pas bouclée", LLB, 7 juin 2013.

jeudi 6 juin 2013

Cris et frémissements

Dans cette salle d'attente d'un hôpital, la télé diffuse un match de tennis féminin. On ne peut échapper aux cris d'une joueuse qui accompagnent chacune de ses balles. Elle ahane. On se dit qu'elle devrait arrêter de se faire du mal. Qu'attend la Ligue des Droits de l'Homme pour faire interdire Roland-Garros? En sortant, on voit les panneaux routiers invitant à respecter le silence autour de l'établissement.

Sur la Première (chaîne radio de la RTBF), on essaie d'écouter les infos. On ne peut échapper à la pub omniprésente et surtout à l'une d'elles, vociférante: un homme nous annonce en hurlant qu'il n'est pas coucou. S'informer est une activité qui réclame courage et abnégation.

Sur la Une télé (RTBF), dans le JT de 19h30, Malika Attar nous annonce pour ce soir (1) une de ces belles histoires dont elle a le secret: celle d'une maman qui a tué l'un après l'autre ses trois enfants dès leur naissance et a caché leurs corps dans son congélateur. On n'a pas encore vu l'émission qu'on a déjà hâte d'être le mercredi suivant pour découvrir une autre belle histoire de Tante Malika.

Allez savoir pourquoi, il y a des jours où on rêve d'île déserte.

(1) 5 juin 2013.

mardi 4 juin 2013

Oh les beaux jours

Le printemps semble enfin se souvenir que cette période est la sienne. Il est en train de chasser l'automne. On s'en réjouit. Les jardiniers et les cantonniers aussi. La nature reprend ses droits et l'homme lui fait la guerre. Les mauvaises herbes n'ont guère d'espoir, elles ne connaîtront pas l'été. Ici et là, on croise des hommes masqués, harnachés d'un distributeur d'herbicide, le coude pompant à tout va. Un peu partout, on nous appelle à cesser d'utiliser une chimie mortifère, rejetée en ces temps qui se veulent écologiques. Mais bien des communes et des habitants ne sont visiblement pas de leur temps.

samedi 1 juin 2013

Démonstration et discrétion

On vieillit vite en Corée du Nord. A peine est-on enfant qu'on est athlète ou militaire. La "fête des enfants" les transforme en adultes comme les autres, sujets de Sa Majesté Infatuée. Les enfants défilent en bons petits officiers animés d'une foi guerrière. Sur un mini-char, j'ai cru apercevoir Donald Duck (1). Les images sont-elles trafiquées par ces suppôts de Satan d'Américains ou Saint-Disney est-il vénéré en Corée du Nord? 

                                             *                              *                              *
Il y a des jours où la réalité nous force à reconnaître nos erreurs. J'ai reproché ici même à Rudy Demotte, Premier parmi les Wallons, de ne pas respecter les règles de notre mère patrie et d'être à la fois ministre et bourgmestre. Je me suis trompé. Voilà que je vois (2) son "échevin délégué à la fonction maïorale" (3) interrogé sur les modifications des heures de fermeture des cafés à Tournai. Des faits de violence répétés amènent les autorités tournaisiennes à obliger les cafetiers à fermer plus tôt leur cabaret. Certains n'apprécient guère. Il faut reconnaître que le ministre-président wallon a eu le courage de laisser agir son délégué. Le bourgmestre empêché de titre sait se faire discret.
                                         
                                            *                              *                              *
A quoi reconnaît-on une personnalité? A son absence de sens du ridicule. Il faut savoir rire de soi-même, dit le bourgmestre-faisant-fonction-sans-pouvoir-le-dire. A Tournai, le Karaoké des personnalités amène des échevins, rédacteur en chef, commissaire de police, directeur de société de logement social et autres têtes connues du bon peuple à pousser sur scène la chansonnette (2). Certains avec un certain talent, d'autres sans. Certains avec élégance, d'autres sans. La palme d'or du mauvais goût revient - sans surprise - au député-bourgmestre d'Estaimpuis. Daniel Senesael joue Mowgli - il faut entendre le commentaire pour (essayer d') y croire. Dans son xième show exhibitionniste, il est juste vêtu d'un semblant de pagne et fait plus le singe que l'enfant-loup. Il est suivi par les caméras de France 2 qui en a visiblement fait son nouveau François Pignon. Mais ne faut-il pas savoir rire et faire rire de soi pour attraper des voix là où elles se prennent?

                                             *                              *                              *
Résumons-nous: la démocratie est bien vivante.

(1) JT de France 2, 1er juin 2013, 20h.
(2) JT de No Télé, 1er juin 2013, 13h.
(3) on est prié de ne pas rire.