jeudi 31 mai 2012

C'est footu

J'aurais dû faire footballeur. Je regrette et je crains qu'il ne soit un peu tard.
Je me serais appelé Paradis Coïncidence, par exemple. J'aurais été le meilleur joueur du championnat français. Puis, j'aurais été acheté par un grand club anglais. J'aurais gagné 550.000 euros nets par mois, dix millions (bruts?) par an. Ce qui est quand même beaucoup moins que Lionel Messi qui en gagne trente-trois millions. Mais qui me permet de snober Barak Obama qui n'en gagne annuellement  que 310.000 ou Elio Di Rupo réduit à quelque 222.000 (1).
Peut-être que j'aurais eu la chance de jouer la Coupe d'Europe en Ukraine devant des supporteurs ukrainiens qui tabassent, sous le nez d'une police impassible, certains des leurs qui ont le malheur d'être d'origine asiatique. Qui poussent des cris de singe quand ils voient des joueurs noirs. Et qui font le salut nazi pour accueillir leurs joueurs (1).
Mais jamais je n'aurais participé à des matches truqués, comme c'est visiblement le cas du capitaine de la Lazio Roma qui, avec dix-huit autres personnes, a été arrêté pour "association de malfaiteurs à des fins de tricherie et de fraude sportive". Je n'aurais pratiqué le sport que pour le sport, bien sûr.
J'aurais bien aimé être un pro du football, ce sport d'équipe, qui vous donne le sens de l'effort, qui vous fait apprécier la beauté du geste, qui vous enseigne le fair play, qui vous apprend la solidarité.


(1) JT de la RTBF, 29 mai 2012, 19h30.
(2) LLB, 29 mai 2012.

samedi 26 mai 2012

Sœurs Sourire

Quoi qu'en disent certains esprits chagrins, l'époque est à la réjouissance. 
Observons Laurette Onkelinx: dès qu'elle aperçoit une caméra, elle est tout sourire. Sa collègue Fadila Laanan est aussi rayonnante. Les journalistes, les photographes la mettent de bonne humeur et ça se voit. Elles ont dû prendre des leçons chez Elio Di Rupo qui, avec un large sourire, nous explique qu'il faut relancer la croissance et ainsi créer de l'emploi, que ce n'est pas acceptable que des jeunes se retrouvent au chômage et que d'ailleurs ça fait longtemps qu'il le dit.
Présentant le Concours musical Reine Elisabeth, Corinne Boulangier est proche de l'hilarité en interviewant ses invités. L'une d'eux est d'ailleurs l'humoriste Laurence Bibot appelée à donner ses commentaires sur le concours. On voit par là que l'époque n'est pas seulement à la réjouissance, elle est aussi à la légèreté. Il faut apporter de l'humour et même de la frivolité dans les choses si ennuyeuses que sont la politique, la musique classique, les arts en général. D'ailleurs, dans le jury du Festival de Cannes, on retrouve Jean-Paul Gaultier, le joyeux lutin de la mode. Ce dimanche soir à Cannes, Nanni Moretti, président du jury, risque de détonner. On lui fait confiance.

lundi 21 mai 2012

Prosper youp la boum

Mais que fait la justice?, se demande le député Eric Ciotti, Monsieur Sécurité de l'U.M.P. Il a la réponse: rien. Donc, il agit. Il y a trop de fraudes au R.S.A., le Revenu de Solidarité Active, estime le Président du Conseil Général des Alpes Maritimes. Aussi, sans attendre d'hypothétiques décisions de justice, le Zorro niçois a-t-il décidé de prendre les choses en main. Et le Conseil Général fait payer des amendes aux allocataires soupçonnés de frauder la sécurité sociale. Deux mille personnes seraient aujourd'hui dans le cas, privées de leurs allocations.
Au JT de France 2 (1), une bénéficiaire de ce RSA considère que, c'est évident, il faut s'attaquer aux fraudeurs, mais à tous les fraudeurs. Et d'abord à "ceux qui sont sur leurs deux pieds", dit-elle. Pas à ceux qui boitent et qu'on cherche à mettre à terre.
La fraude au CSA représenterait 240 millions d'euros. Ce qui, on en convient, est énorme. Mais la fraude fiscale serait de 30 milliards, soit 120 fois plus. Ce qui, on en convient, est quand même plus élevé.
Dans Charlie Hebdo (2), Laurent Léger explique que l'homme d'affaires Alain Duménil, fondateur d'Occident, a bénéficié d'étranges protections du pouvoir sarkozyste. Ses dettes fiscales ont été réduites de plus de 50 millions d'euros. Soit, si on sait compter, plus d'un cinquième, à lui seul, de la fraude sociale.
On a du mal à croire qu'à Nice, la tranquille et prospère cité dont Eric Ciotti fut adjoint au maire, aucun habitant ne fraude le fisc. 
On a les priorités qu'on veut. Surtout quand on est en campagne.

(1) 21 mai 2012
(2) 16 mai 2012

dimanche 13 mai 2012

Miroir aux alouettes

Il y a des électeurs étranges. Ils ont peur, ils ne comprennent plus le monde, ils n'aiment pas les autres, ils trouvent les autres partis corrompus, ils veulent leur donner une leçon. Pour une de ces raisons ou pour toutes, ils sont prêts à voter pour un parti qui n'existe pas.
Aux dernières élections fédérales belges, en 2010, le Front National a récolté 2% des voix. Ce samedi, dans le sondage La Libre Belgique - RTBF, il est crédité de quasiment 6%. Marine Le Pen fait des vaguelettes brunes en Belgique. Or, le Front National n'existe pas en Belgique. Marine Le Pen a retiré aux fachos belges le droit d'utiliser le nom et le logo du F. N. Et, de toute façon, qu'il s'appelle Front National, Front fasciste, F. Haine, Agir ou La bêtise triomphera, cette frange n'a quasiment aucune existence en dehors des périodes électorales. C'est alors seulement qu'on voit apparaître des candidats venus de nulle part utiliser la haine et la peur pour solliciter les voix de citoyens déboussolés. Ceux-ci le seront plus encore quand ils se rendront compte qu'ils votent pour des fantômes.

jeudi 10 mai 2012

Le choc des photos

Que nous réserve l'avenir? Qui le sait? Il ne faut jamais jurer de rien, nous dit-on. On peut être boucher et avoir une fille végétarienne. On peut être pacifiste et avoir un fils sergent-major. On peut être mécréant et avoir un fils prêtre (ce genre de cas est moins fréquent de nos jours, convenons-en). On peut être pyromane jeune et pompier à l'âge mûr, nous dit-on. Parfois, c'est l'inverse. On peut grandir en mangeant de la soupe et cracher dedans plus tard.
On peut aussi être journaliste à Paris Match, un magazine qui s'est donné pour mission de pourchasser, voire de harceler les gens connus ou à faire connaître, et être à son tour traqué par des photographes. C'est ce qui arrive à Valérie Trierweiler, la compagne du nouveau Président de la République française. La nouvelle Première dame de France appelle les journalistes à préserver son intimité. Et donc à ne pas faire le travail qu'elle et/ou ses confrères faisaient jusqu'à présent. La vie est pleine de surprises.

mardi 8 mai 2012

Profil grec

On est content d'être belge, plutôt que grec. Quand on est belge, on a droit à 510 jours (au moins) pour former un gouvernement. Quand on est grec, à 48 heures, pas plus.  C'est comme cela. Les marchés n'ont pas le temps. Il est déjà question de nouvelles élections qui annuleraient celles de dimanche dernier (il y a deux jours à peine). On ne discutera pas. Après tout, la Grèce est le berceau de la démocratie. La démocratie fonctionne dorénavant en temps réel. Elle n'a plus droit à la réflexion et à la négociation qui consomment un temps irréel. Elle doit produire des résultats immédiats. 
En Grèce, voilà que des néo-nazis, venus de nulle part, sinon d'une période obscure, occuperont vingt-un sièges du Parlement sur trois cents. Leur chef fait son entrée à une conférence de presse. Les journalistes sont fermement invités à se lever, par respect pour lui. Ceux qui n'ont pas le sens du respect sont invités à sortir (1). En cette journée anniversaire de la fin de l'horreur nazie, des néo-nazis annoncent que les étrangers n'auront plus droit de cité dans leur pays. On a envie de les prendre au mot. On imagine que plus aucun étranger ne mette les pieds en Grèce.  Le premier secteur économique du pays, le tourisme, s'effondrerait. On comprend par là que les néo-nazis grecs sont aussi stupides que leurs équivalents de toute l'Europe. Il existe une internationale de la bêtise, celle de ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur ventre. Ce qui n'est déjà pas rien. On en convient.

(1) JT de France 2, 8 mai 2012

lundi 7 mai 2012

L'échec de la Star Ac

Il était 20h ce dimanche soir quand on entendu un bruit étrange, mais pas vraiment inattendu, qui semblait venir de France. Un son qui ressemblait à "bling-blong". Quelque chose s'était cassé.
Le résultat de l'élection présidentielle est moins la victoire de François Hollande que la défaite de Nicolas Sarkozy. "La droite a totalement investi dans le nombril d'un narcisse, explique Jean-François Khan (1). Quand le narcisse tombe, la droite s'effondre."
Ce que célèbrent les Français (et une partie de l'Europe), c'est avant tout la chute d'un président arrogant, dépassé par son ego. "Nicolas Sarkozy était censé dépoussiérer la présidence, il l'a dévaluée, estime Hervé Gattegno (Le Point, RMC) (2). Ce qui a marqué son mandat, ce sont ses écarts de langage et de conduite. Un certain relâchement des mœurs présidentielles, une fascination décomplexée de l'argent, jusqu'à la provocation. Et puis, la surexposition des émotions, des sentiments, des bonheurs et des déboires conjugaux. Il est devenu un Président de téléréalité, un mélange bizarre d'homme ordinaire et de vedette médiatique, dont la vie quotidienne serait un spectacle permanent. Il ne faut pas s'étonner si, à la fin, le public l'élimine comme un vulgaire candidat de la Star Ac."
Jean Quatremer (Libération) estimait, il y a peu, que "rares sont ceux qui, à Bruxelles, mais aussi dans la plupart des capitales européennes, regretteront Nicolas Sarkozy. En cinq ans, sa volonté de marginaliser les institutions communautaires au profit des Etats, son mépris des petits pays, mais aussi son agressivité lui a attiré beaucoup d'ennemis, même si chacun salue son engagement dans le sauvetage de l'euro" (3). 
Quelqu'un qui doit particulièrement se réjouir de la défaite de Sarkozy, c'est Patrick Rambaud. Le voilà dégagé de sa série "Chronique du règne de Nicolas Ier". Il entamait la dernière en date, la cinquième, par une "adresse à notre déprimante majesté afin qu'elle prenne ses dispositions et la porte". Voici cette adresse, aujourd'hui entendue: "Incommensurable Seigneur, voyez avec clarté les choses comme elles sont, jusqu'à quels excès, quels malheurs, quels périls vous ont poussé votre penchant naturel, la satisfaction de vous-même. Gémissez-en utilement, courageusement, et sauvez votre Etat en embrassant, par une pénitence également juste, le remède unique à tant de calamités présentes et à venir: dégagez, Sire" (4).
Hier soir sur les plateaux de télé, les Sarkozystes estimaient que c'est la crise qui a eu raison de leur président. Ils ont raison, sauf que ce n'était pas la crise, mais son état de crise permanente.

(1) JT de la RTBF, 6 mai 2012.
(2) cité par LLB, 5 mai 2012.
(3) http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2012/04/
bruxelles-ne-regrettera-pas-nicolas-sarkozy.html
(4) Patrick Rambaud: "Cinquième chronique du règne de Nicolas Ier", Grasset 2012

dimanche 6 mai 2012

Vroum, vroum

Près de quatre mille personnes sont mortes sur les routes françaises en 2011. En ce mois d'avril 2012, le nombre de morts a cependant régressé de 22% par rapport à avril 2011 (1). Les causes: le mauvais temps et le prix des carburants qui incitent à lever le pied. Vivement le litre d'essence à deux euros!
Tous les spécialistes s'accordent aussi à reconnaître que le système du permis à points a fait baisser le nombre d'infractions et, dès lors, le nombre d'accidents de la route.
Ce qui n'empêche pas le Front National d'en réclamer la suppression: le permis à points est pour Marine Le Pen le symbole d'une "chasse à l'automobiliste et aux Français qui utilisent leur véhicule pour travailler" (2). Elle veut supprimer les radars aussi. Ce qui lui amène des supporteurs. Tel Bernard, ancien chirurgien: " Je suis automobiliste, et vraiment le gouvernement nous prend pour des vaches à lait. Il y en a marre des radars" (3).
On voit par là qu'un parti peut être virulent vis-à-vis des terroristes politiques, mais très conciliant avec les terroristes de la route. Qu'on peut lutter contre une certaine insécurité tout en en augmentant une autre. Le populisme n'a pas de prix. La bêtise pas de limite.

(1) JT de France 2, 20h, 5 mai 2012
(2) Libération, 10 avril 2012
(3) in "Bienvenue au Front - Journal d'une infiltrée", Claire Checcaglini, éditions Jacob-Duvernet, 2012

jeudi 3 mai 2012

Vrai de vrai

Où est la vérité? On se le demande. On la cherche. Elle est au fond du puits, nous dit le proverbe. On y descend, on n'y trouve que de l'eau. Elle nous file entre les doigts. 
Lors du débat d'hier soir en France, les deux candidats ont accumulé les mensonges, nous dit-on. Un veritometre remet les pendules à l'heure. Des journalistes, en direct, vérifient et surtout corrigent les déclarations des candidats. Il n'est pas exact, je dirais même plus: il est faux, d'affirmer qu'un fonctionnaire sur deux est un enseignant. Il y en a un sur six précise le veritometre. Le chiffre est sans doute correct et il est sûrement important, voire indispensable, de le rétablir. Mais on fait dire ce que l'on veut à des chiffres pas aussi stables, loin s'en faut, qu'on peut le penser. Le JT de France 2 (1) constate que les candidats sortent des chiffres très éloignés sur le nombre de chômeurs en France. Tous les deux ont raison, nous dit-on, puisque l'un se base sur ceux de Pôle Emploi, l'autre sur ceux du Bureau International du Travail.
Si, régulièrement, on compare d'une année à l'autre (2), en Belgique, des chiffres - par exemple -  de l'immigration, des délits, des accidents de la route, du chômage, on se rend compte qu'aucun n'est fixé. Ainsi, un chiffre de 2008 est d'autant en 2010, mais n'est plus le même si on veut vérifier les mêmes statistiques l'année suivante. Il a changé, dans un sens ou dans un autre, pour des raisons qui nous échappent. 
On voit par là qu'il n'est pas de vérité vraie et immuable. Qu'il est bien sûr facile de crier haro sur les politiques qui manipulent les chiffres, mais que l'administration, la police, les journalistes, les bloggeurs si malins, personne n'a prise sur une vérité qui n'existe pas. Et qu'il faut se méfier des gens qui affirment la détenir.

(1) 3 mai 2012
(2) ce que je fais - ou tente de faire - chaque année, pour mettre à jour les tableaux de chiffres vrais utilisés dans le spectacle "Elise et nous"

mardi 1 mai 2012

Travaillez, prenez de la peine, c'est le fond qui manque le plus

Mais à qui donc appartient la Fête du Travail? On se le demande. Si on suit le JT de la RTBF (1), c'est aux partis politiques: socialistes et libéraux se la disputent (voir le billet d'hier). Les syndicats sont aux abonnés, quasi, absents. La parole est tout d'abord à Thierry Giet, président d'un Ps mou de chez mous, avant tout soucieux d'assurer sa première place de francophone belge, en gérant comme il peut le système capitaliste, qui lui convient, globalement, assez bien. Que le Ps soit, à un certain niveau, proche des travailleurs, on peut l'admettre. Même s'il y a, largement, matière à débat. Mais que le MR revendique un quelconque lien avec la Fête du Travail, alors là, on ne peut être plus dans le culot, la suffisance, le mépris et la morgue. N'empêche: c'est bien de la sorte que le JT de la RTBF s'ouvre. Parlant des syndicats, il se contente de citer une déclaration d'Anne Demelenne de la FGTB. Apparemment, la CSC n'a pas manifesté aujourd'hui. Il n'en est en tout cas pas question. Si les partis politiques l'emportent au culot, la RTBF gagne en "tronquage" de l'information. Où sont la place et la parole des travailleurs?
En France, on le sait, le F Haine, depuis des années, a tenté de transformer le 1er mai en Fête de la FFFFFFFFFRRRRRRRRAAAAAAAAAAANNNce. Entendez par là la France Rance. Ca marche assez bien. Au point que certains manifestants semblent penser que c'est le FN qui est à l'origine du 1er mai, reprochant à Sarko de tenter de le récupérer (2). Nicolas Sarkozy ne récupère rien, il attaque. Voilà que, rassembleur (3), il s'en prend aux syndicats qui feraient mieux de laisser tomber les drapeaux rouges pour se saisir du drapeau de la France. 
Allez, c'était la Fête du Travail. Vivement celle du capitalisme, que les travailleurs soient à la fête.

(1) JT de la RTBF, 1er mai 2012
(2) JT de France 2, 1er avril 2012
(3) Lui qui n' a cessé de tenter de diviser les Français, s'attaquant aux sans-papiers, aux étrangers, aux musulmans, aux Roms, aux fonctionnaires, aux magistrats, aux enseignants, aux journalistes, aux syndicalistes et on en oublie.