jeudi 28 février 2008

LA RTBF nous prend pour des cons

La publicité est plus triomphante et plus présente que jamais. Elle est capable de débarquer, pas gênée, sans crier gare, au beau milieu des émissions, même celles du service public, en télé comme en radio (La Semaine infernale ou le Jeu des Dictionnaires, par exemple). Autrefois, elle était placée avant ou après les émissions. Maintenant, elle surgit en leur milieu. Et plus personne ne s’en étonne ni ne s’en offusque. Il y a quelques années, des voix s’étaient élevées pour protester contre les interruptions publicitaires que la RTBF voulait introduire dans les coupures « naturelles » (!) des séries. (Les coupures sont qualifiées de naturelles dans la mesure où un passage au noir se fait très naturellement au beau milieu d’une scène pour qu’un spot publicitaire s’y glisse le plus naturellement du monde...). Déjà, on sentait bien que les responsables de la RTBF nous prenaient pour des cons.
Ce jeudi soir, je restais scotché devant « Le papillon noir », un téléfilm que diffusait la RTBF. Au départ, j’avais l’intention de ne regarder que la première demie-heure, en attendant que débute « Envoyé Spécial » sur France 2. Mais j’ai laissé passer l’heure, incapable de décrocher de cette fiction à l’intérieur même de laquelle il est impossible de distinguer fiction et réalité. Et puis, Cantona y est assez impressionnant dans ce rôle de vagabond peut-être psychopathe. Et peut-être pas. Et puis voilà que ce thriller bien construit est interrompu brutalement (le mot n’est pas trop fort) par une page de pub. Sur une chaîne de service public ! (peut-être faut-il dire « sévices publics » désormais ?). Je me suis dit : les cons, ils ont réussi à me faire décrocher. Je ne connaîtrai pas la fin de l’histoire. Je suis passé sur « Envoyé Spécial » et un excellent reportage de Caroline Fourest: "Hymen, le poids des traditions". Merci la pub !
Pour une fois, je me demande si Ego 1er, roi des Français, n'a pas raison, quand il appelle à la suppression de la pub sur les chaînes publiques. A quoi joue donc le service public ? A ressembler au privé ? A transformer ses téléspectateurs en consommateurs ? Et que fait le CSA ? Y a quelqu’un ?

Post-scriptum : en général, en télé, je zappe les pubs systématiquement, ou au moins je coupe le son, ou alors j’arrive à ne pas les voir ni les entendre. Mais je dois avouer qu’il y a une (et une seule) pub que j’aime bien : c’est celle pour Spa Reine, "l’eau qui purifie". Il y en a trois versions. A chaque fois, un verre de Spa est balancé à la figure d’un(e) gros(se) con(ne). C’est la seule pub, à ma connaissance, qui fasse du bien.