mardi 27 avril 2010

Le fossé - de sloot

Le nombril du VLD mène donc la Belgique au bord du gouffre. Et témoigne qu'un fossé, si pas un ravin, s'est creusé entre certains "représentants" politiques et une part importante de la population belge.
Au JT hier soir, Didier Reynders se demandait: "que veulent encore faire ensemble les gens du nord et les gens du sud?". Plein de gens du nord et du sud de la Belgique travaillent ensemble tous les jours, dans l'économie, le commerce, la culture, l'associatif...
Je participais hier à la conférence de presse de la fête de l'accordéon de Tournai. Y étaient présents également des représentants des fêtes et festivals de l'accordéon de Wazemmes (Lille), d'Avelgem et de Brugge. Les liens sont forts et les partenariats nombreux entre les diverses associations. Des étudiantes malinoises en formation à Tournai ont parfois traduit en néerlandais les propos de la responsable tournaisienne. Un Brugeois a vite fait comprendre, en français, que l'intention était sympathique mais l'effort inutile, chaque Flamand présent comprenant parfaitement les propos francophones.
Le Next Festival, issu d'une collaboration entre centres culturels de Flandre, de Wallonie et du nord de la France, témoigne du même dépassement des frontières. Certaines émissions communes à No Télé, WTV et C9 aussi. Le combat environnemental procède d'une même vision transfrontalière: on a vu des militants écologistes flamands et francophones se réunir pour s'opposer au projet de "centre de glisse" de Maubray ou faire fermer la décharge du Radar à Flobecq.
L'associatif et le politique ne vivent-ils pas sur la même planète? Ils n'ont en tout cas pas la même culture.
En Belgique, il est urgentissime de soutenir tous ceux qui participent au rapprochement entre communautés plutôt qu'à leur séparation. On se connaît mal. Ou pas. On se connaît par cliché imbéciles. On se parle dans le mépris. Maingain, évoquant le refus flamand de nomination des trois bourgmestres de la périphérie, parle de pratique des nazis sous l'occupation, De Wever se lance dans une comparaison totalement déplacée entre Reynders et Dutroux.
La proposition (des écologistes notamment) de création d'une circonscription électorale à l'échelle nationale pourrait, pour une part, éviter le repli sur soi d'une communauté. Elle obligerait les candidats à s'adresser aux électeurs de l'autre communauté. Pour l'instant, c'est exactement l'inverse: chacun parle aux "siens", sans le moindre souci de l'impact électoral de ses propos sur l'autre communauté.

On l'a dit et écrit, l'attitude du (bien peu "open") VLD et de son jeune président, Alexander De Croo, semble dictée par des visées purement électoralistes. Peut-être témoigne-t-elle aussi de l'attitude de la génération du "temps réel". L'ordinateur, les courriels, les téléphones portables ont inventé le temps réel. Le temps de l'attente, de la réflexion, de l'échange d'arguments serait donc un temps faux, irréel. Peut-être du temps perdu. Dans "La société immédiate" (1), Pascal Josèphe évoque deux tendances de fond actuelles: "d'une part une tendance à l'accélération et à la compression du temps, qui fait de l'immédiateté le nouveau paradigme des techniques et des pratiques sociales. Entre l'énonciation d'un projet et son accomplissement, l'attente est vécue comme une frustration, un retard, contraires à l'idéal de fluidité généralisée. (...) Notre époque n'aime pas que l'on perde son temps. D'autre part, une tendance à l'individualisation, qui affecte la légitimité des corps intermédiaires que sont les médias, les organisations politiques, associatives, syndicales, les relais d'opinion traditionnels, les institutions publiques, comme le système éducatif. (...) Ces deux tendances prennent en étau la société démocratique d'aujourd'hui."
Plus loin, Pascal Josèphe estime que "avec l'hyperindividualisme et le culte de l'immédiat qui caractérisent les sociétés postmodernes, on peut diagnostiquer la fin de la politique telle qu'elle existait jusqu'à présent. Les identités et les projets collectifs, la responsabilité sociale disparaissent au profit d'une revendication généralisée des droits individuels."

S'il est bien un secteur où le temps compte, c'est celui de la politique. La négociation exige de la patience, le compromis prend du temps. La génération Q - De Croo ne l' a pas ce temps. Pour elle quatre jours de négociations, c'est insupportable. En attendant, en cette année sans élections qui allait permettre aux politiques de travailler plus sereinement, nous allons vers des élections dont nous ne sommes même pas sûrs qu'elles seront validées. Jolie perte de temps!

Et pendant ce temps-là, un Rudy Demotte en pull rouge continue à utiliser ses fils devant les caméras de No Télé, les faisant déposer dans l'urne ses bulletins de vote qui le désigneront président de l'Union communale socialiste de Tournai.
Admirable démocratie!


(1) "La société immédiate", Pascal Josèphe, Calmann-Lévy 2008

lundi 19 avril 2010

Du consensualisme et du conflit

Le Courrier de l'Escaut de ce jour publie les deux interventions "écartées" de "wapi à chaud" (celle de Walter De Kuyssche et la mienne - voir billet en date du 13 avril ). Si elles l'ont été, explique une responsable de l'Agence culturelle, c'est parce que "les réactions (...) étaient beaucoup trop engagées politiquement et ne cadraient absolument pas dans la philosophie du numéro de "Wapi à chaud". Le comité de lecture a estimé qu'il ne fallait absolument pas entrer dans cette logique politicienne".
Que nos contributions ne cadrent pas avec la philosophie de ce bulletin, on le comprend rapidement en le lisant. On saisit bien l'objectif de "vente" de notre sous-région. Mais alors pourquoi nous avoir demandé un regard critique?
Nos analyses étaient donc "trop engagées politiquement". Elles sont engagées. C'est vrai. Trop? L'est-on jamais? Elles ne sont en aucun cas partisane. C'est vrai que parler de lutte contre le réchauffement climatique, de population du sud de la planète, de développement durable, d'éducation permanente, c'est politique. Je l'avoue. Tandis que le Projet de Développement de la Wallonie Picarde ne le serait donc pas. C'est à y perdre son latin. Et même son picard. Le projet de développement, faut-il croire, ne serait qu'un concept unanimiste. Ou presque. Rien de politique là-dedans, rassurez-vous.
Et si on en faisait enfin de la politique?
Dans une page Débats publiée dans la Libre Belgique du 10 avril dernier ("Le nouvel opium du peuple"), Marc Van Campenhoudt, directeur de la Revue Nouvelle, évoque le "brouillage des idéologies et ce centrisme diffus (qui) sont en effet en intime affinité avec une vision culturelle de l'action politique, économique, institutionnelle et sociale aujourd'hui envahissante, et que l'on pourrait nommer le consensualisme. (...) Le consensualisme est d'autant plus prégnant qu'il se conjugue dans les discours institutionnels comme dans les pratiques à une autre tendance, moins récente celle-là, de la vision culturelle du monde et des problèmes: la rationalité instrumentale et technique. (...) Hier on parlait plutôt de division et d'organisation rationnelles du travail, de progrès et d'entreprise. Aujourd'hui, on parle plutôt de performance, d'excellence, de synergie et de projet. Mais, au fond, la logique est la même: une approche techicienne des problèmes qui vise à mettre en oeuvre les moyens les adaptés aux fins poursuivies. (...) Les fins en question ne sont guère interrogées en fonction de valeurs et se laissent le plus souvent imposer de l'extérieur (s'adapter au changement, être concurrentiel, rester parmi les meilleurs, gérer les risques...), et surtout qu'à partir du moment où les problèmes sont définis comme purement techniques, ils sont anesthésiés politiquement et socialement. Lorsque la rationalité instrumentale et le consensualisme se combinent, leurs effets sont décuplés, avec pour conséquence principale de rendre plus difficile l'expression des désaccords et des conflits, de neutraliser la dynamique de coopération conflictuelle qui seule pemet la mobilisation collective nécessaire pour affronter réellement les problèmes, et d'alimenter dès lors tous les malaises."
Vive le conflit donc! En conclusion de son billet, Marc Van Campenhout interroge et appelle: "comprendra-t-on cette belle leçon de l'histoire? Dans le respect de l'autre, le conflit est le meilleur antidote de la violence et le ressort même de la démocratie et de la justice."
Si elle veut exister au-delà de la technocratie et de certains apparatchiks, si elle veut dépasser son mode incantatoire et son attitude déjà auto-satisfaite, la Wallonie picarde devra en passer par là.
Et maintenant, rideau! Je m'intéresserai désormais à d'autres thèmes autrement importants.

Post-scriptum: le Courrier de l'Escaut me présente comme "Ecolo". A tort. Ce n'est pas à ce titre, je pense, que j'avais été sollicité par Culture.Wapi. Et je ne suis plus membre d'Ecolo depuis la fin 2008. Je m'expliquerai un jour sur les raisons qui m'ont amené à ne pas renouveler ma carte de membre. L'une d'elles est précisément de me laisser une liberté d'expression la plus large possible. Même si je reste sympathisant et électeur. Et surtout toujours convaincu que l'écologie politique est la voie à suivre.

Un blog bis

Pour réserver ce blog-ci à mes sautes d'humeur et néanmoins répondre à l'appel de nombreux amis qui me demandent de faire la pub de leur activité, j'ai ouvert un deuxième blog à l'adresse suivante: rendonsnous.blogspot. com
Un blog agenda.
Alors, rendez-y-vous!

samedi 17 avril 2010

Que les volcans d'Auvergne se réveillent!

Enfin, le secteur aéronautique prend sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour la diminution des consommations d'énergie! C'est quand le trafic s'arrête qu'on prend conscience de son importance. Et de son absurdité. Au JT de FR2 hier soir, on a pu entendre des voyageurs regretter d'être privés d'un vol Paris-Brest. A mon avis, il doit y avoir des trains entre ces deux villes. Des TGV même. Pourquoi faire circuler des avions?
Vu la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique, sur laquelle tout le monde s'accorde aujourd'hui (*), il serait grand temps que l'Union européenne- si soucieuse de ce combat - s'accorde pour interdire une série de sauts de puce par avion, les vols intérieurs en France, en Allemagne, en Espagne et ailleurs, les liaisons entre Paris, Bruxelles, Amsterdam, Londres, etc.
Le phénomène engendré par le volcan islandais nous permet d'apprendre qu'à l'aéroport d'Heathrow, chaque minute un avion décolle ou atterrit. On est constamment à la limite de l'accident, nous disent les contrôleurs aériens. Et que représentent, face au moindre avion qui décolle, nos misérables efforts pour laisser la voiture au garage au profit du vélo?
Quand j'étais jeune (pas de commentaire, s'il vous plaît), si je vous voulais me rendre à Dakar ou à Québec (j'en rêvais, mais ne l'ai pas fait alors), il y avait un avion par semaine. Peut-être deux. Et, étudiant, il fallait travailler au moins un mois, pour se le payer.
Aujourd'hui, il y a au moins un vol par jour qui m'est proposé. Et parfois à des prix aussi ridicules que scandaleux.
Le business s'y retrouve. Pas la nature. Mais elle reste la plus forte. Elle se marre pour l'instant. Et d'après ce qu'on annonce, elle pourrait garder le sourire un certain temps.

(*) à part l'un ou l'autre Claude en mal de notoriété.

Post-scriptum qui n'a absolument rien à voir: image amusante aux JT hier soir. Dans une course de F1, un pilote perd ses deux roues avant. A 250 km/h, selon le JT de la RTBF. 300 km/h, selon celui de FR2. Je n'ai pas regardé TF1, ni RTL. Mais ça devait être vite.

mardi 13 avril 2010

Wapi à froid

Comme beaucoup d'autres j'imagine, j'ai reçu hier par la poste, un exemplaire du tout nouveau "Wapi à chaud - reflets culturels du territoire". Un bulletin qui a - ça crève les yeux - pour objectif d'asséner un peu plus encore le nouveau nom de Wallonie picarde - ou plus familièrement de Wapi - auprès des décideurs et du secteur culturel et de glorifier notre belle sous-région, tellement en avance sur son temps que tout le monde nous envie.
Le 29 octobre 2009, j'avais reçu par courriel une demande de culture.wapi (ex-ACHO) qui souhaitait avoir mon avis sur le projet de territoire de la Wapi pour l'intéger dans cettte publication alors en devenir. "N'hésitez pas à vous carrer dans votre fauteuil et à vous exprimer sans faire de rond de jambe", me disait-on. Un message suivant m'indiquait que je pouvais "dresser un constat général du Projet, indiquer ses atouts, souligner ses faiblesses... A votre convenance, à votre envie..."
Je ne m'étais pas fait prier. N'ayant pas l'habitude des ronds de jambe et des révérences, l'exercice me convenait.
J'ai donc lu le Projet de Territoire de la Wallonie Picarde et couché sur papier mes réflexions. Personne ne s'étonnera de savoir qu'elles étaient pour le moins critiques. La demande était limitée à 2500 signes. C'était bien peu par rapport à ce que je voulais dire. Qu'à cela ne tienne, j'ai affiché sur mon blog l'ensemble de mes réflexions le 9 novembre et, le même jour, j'envoyais à culture.wapi une synthèse de ce texte en une seule page cette fois, pour répondre à la demande.
Je n'eus plus de nouvelles jusqu'à ce que je rencontre, à l'occasion de l'inauguration du crématorium de Frasnes (c'était le 22 janvier dernier), l'un des deux rédacteurs de "Wapi à chaud" (signataire de l'édito) qui me dit qu'il se verrait dans l'obligation de censurer mon texte, que "ils" ne l'accepteraient jamais. Je crus sincèrement à une plaisanterie. Pourquoi me demander un avis critique si c'est pour aussitôt le censurer? S'imaginaient-"ils" que je lirais ce projet en humant les effluves d'un encensoir? Et pourquoi me l'avoir demandé à moi? Il y a tant de gens gentils en Wapi (comme son nom l'indique).
Et voilà donc que je découvre le magazine hier. Mon texte en est totalement absent. Tout comme celui de Walter De Kuyssche qui avait reçu la même demande que moi. Je lis dans l'édito que "cette appellation de Wallonie picarde est déjà entrée dans l'imaginaire collectif". J'ai quelques doutes. En tout cas, dans ma réalité personnelle, elle y entre d'une triste manière.
Le slogan affirme que la Wapi est terre de coeur et de talent. Pas espace de débat visiblement.
Si la Wapi se cherche une sainte patronne (il faut bien rassembler tout le monde), je lui suggère Anastasie.

Ci-dessous le texte que j'ai envoyé à culture.wapi le 9 novembre (texte complet sur ce blog à la même date et avec le même titre).
Et ensuite, le texte que Walter De Kuyssche a envoyé (retrouvez d'autres réflexions de W. DK sur http://athois-la-terre.jimdo.com/).

WALLONIE PICARDE, OU EST L’AUDACE ?

Un important catalogue de projets intéressants, mais surtout de vœux pieux (et parfois vieux), voilà comment m’apparaît le « projet de territoire Wallonie picarde 2025 ». Un projet sympathique, trop consensuel, et de ce fait – à l’image de son diminutif - gentillet, sans ambition forte, sans choix déterminant.

Quid novi sub sole ?
Le développement durable est évoqué. Mais, comme d’autres thèmes, de manière floue et contradictoire. Et sans être posé comme la pierre angulaire du projet de territoire. D’autres régions, d’autres villes se sont donné, en la matière, des objectifs autrement forts, ambitionnant de se situer dès demain dans une perspective post-Kyoto, d’être en CO2 neutre à l’horizon 2020 ou 2025, de développer de réelles alternatives en termes d’énergie, de mobilité, d’axes économiques.
Comment comprendre qu’un projet comme celui du centre de loisirs et de glisse entende s’implanter, sans opposition politique majeure, au cœur du Parc naturel des Plaines de l’Escaut ? Aujourd’hui, on a l’impression que les surfaces agricoles (quelle est place de l’agriculture dans ce projet ?) n’ont plus pour vocation que d’accueillir de gigantesques centres commerciaux, des terrains de golfs, des lotissements d’habitations ou des zones d’activité économique toujours plus dévoreuses d’espace. La ville s’installe à la campagne !
Notre région réclame aujourd’hui des choix clairs, fermes, tranchés C’est sur le positionnement de la « Wapi » sur des dossiers comme ceux-là qu’on verra si elle a réellement une longueur d’avance.

La culture de qui, pour qui et avec qui ?
Le chapitre consacré à la culture, s’il comporte des propositions intéressantes, reste globalement faible. Quelle place pour l’éducation permanente ? Quelles réflexions par rapport à des politiques tant de démocratisation de la culture que de démocratie culturelle ? Comment réduire la fracture culturelle ? Comment mettre fin au désert culturel dans lequel vivent certaines de nos communes rurales ?
Que la région s’appuie sur les arts du cirque et de la rue, très bien, ils représentent quelques-uns de ses atouts majeurs. Qu’elle travaille à partir du patrimoine et du végétal, excellente idée ! Mais je me méfie des « événements » que certains entendent créer de toutes pièces. Quel est leur sens ? A quelles finalités répondent-ils ? Ils s’inscrivent le plus souvent dans une démarche de consommation et de promotion. Dans la « com’ ». Une com’ qui envahit un peu trop ce projet de territoire. Aux actes, citoyens !

Michel Guilbert (en son nom personnel)
Texte complet sur moeursethumeurs.blogspot.com – 09.11.09


Brève critique de Wallonie picarde 2025
Projet de territoire - Rapport du Conseil de Développement


Si je me souviens bien, hier, c’était un prof de l’UCL, un certain Michel Quévy, je crois, qui, au temps de la SIDEHO, tenait la vedette, prévoyant l’avenir et promettant le ciel et la terre. Aujourd’hui, c’est l’Institut Destrée.

Deux méthodes de travail et de pensée différentes, belles intelligences toutes les deux, mais qui ne me convainquent, ni l’une, ni l’autre. Mais que l’on ne s’inquiète pas, il y aura toujours des réfractaires et des incroyants dans les rangs.

Je pense, quant à moi, que la seule issue pour l’avenir probablement sombre ou pour le moins très difficile qui nous attend (cessons donc de penser en termes de croissance et de développement, alors qu’il y a la moitié du monde qui se trouve dans la misère et qu’un milliard d’humains meurent de faim) est de restituer les questions essentielles à la population. Ces questions n’appartiennent ni aux experts, ni aux spécialistes, ni aux scientifiques, ni aux politiques, ni aux industriels, ni aux financiers, qui se les sont appropriées. Elles appartiennent à tous les citoyens. Et tant que ceux-ci ne se seront pas (ré)approprié ces questions, nous auront beau faire.

Sait-on que nous changeons de monde et de civilisation ?

Quévy et « Destrée » sont de belles intelligences, font de belles démonstrations, élaborent de belles et superbes hypothèses et thèses, mais cela, à mon sens (mais qui suis-je pour juger ainsi ?) ne sert guère le « schmilblick ».

Demain, nous aurons davantage de chômeurs (d’autres spécialistes nous le prédisent) et la catastrophe des subprimes recommencera un jour prochain (d’autres super spécialistes nous le prédisent également), tandis que les gens, puisque l’on fait tout pour qu’il en soit ainsi, regarderont jouer au foot (avec ou sans l’Excel) ou iront se divertir ailleurs, tandis que des humains mourront de faim.

Alors, la « Wapi » et sa subordination à Lille-Métropole… ? Enfin. A chacun sa philosophie.

Sachons aussi que les gens de la région d’Ath-Lessines-Enghien (soit un tiers de la Wallonie Picarde – belle minorité !) trouvent essentiellement du travail à Bruxelles, vont surtout à l’université à Mons, à Bruxelles ou à Louvain-la-Neuve, fréquentent volontiers les hôpitaux universitaires de Bruxelles, vont souvent au cinéma, au musée, en sortie ou faire des courses à Bruxelles ou à Mons. Alors, Lille-Métropole… ? Pour ceux qui sont collés à la France, je peux bien comprendre leurs envies et fantasmes. Mais pour nous, ceux d’Ath-Lessines-Enghien, on rigole ou quoi ?

Ce texte est un texte technocratique (vocabulaire creux ; on peut tout y mettre), avec un toilettage communicationnel évident : lire le plan.

Diagnostic ? On relève les termes : fragile, vigoureux, confus, éclaté, menacé, bridé… Enjeux ? La veine n'est pas moins cocasse : gouvernance (gestion sans axe politique autre que le maintien de ce qui existe avec éventuel lifting), métropolisation, maîtriser, impulser, compétitivité du territoire, dualisation, redéploiement, etc.

Voudrait-on faire un sketch, toute la matière y est !

Cela me fait penser au Contrat d'Avenir pour la Wallonie que j'ai lu il y a 4 ou 5 ans, qui était de la même veine et dont personne ne parle plus. Il ne fallait rien oublier afin d'éviter toute critique ! Tout, tout y était, sauf… des axes forts et concrets.

La vraie question est : qui a commandé ce texte (ce n'est pas une étude, c'est une compilation) et combien cela a-t-il coûté ?

Walter De Kuyssche
Novembre 2009

lundi 12 avril 2010

Merci à Gaspard, Melchior et Balthazar

Ca y est! Voilà cinq ans qu'elle était attendue ou redoutée. Le Gouvernement wallon a pris sa décision et a modifié le plan de secteur Tournai-Leuze-Péruwelz pour la création d'un centre de loisirs initialement baptisé "centre européen des sports de glisse".
Les promoteurs ont été contraints et forcés d'oublier leurs grands rêves de création de montagnes en plaine et de tropiques en Belgique. Ils ont dû se contenter de la partie située au nord du canal. Ce qui n'est pas rien tout de même: 110 hectares (plutôt que les 350 convoités au départ). La zone de loisirs elle-même sera de 55 hectares et non de 90 comme le souhaitaient les promoteurs. Ce qui n'est pas rien non plus, on en conviendra. Pour le propriétaire des terres concernées, Charles-Antoine de Ligne, c'est évidemment le jackpot. Il va vendre ces terres à la Société du bois de Péronnes qui va mener le projet.
Un projet que l'architecte Anne Fourcade nous annonce comme "un vrai projet pilote sur le développement durable, un premier projet pilote européen en Wallonie picarde". On ne demande qu'à la croire, bien sûr. Mais on attend de voir. Les conditions sont définies cependant par le Gouvernement wallon, qui cadre et encadre le projet:
- le centre de loisirs devrait être précurseur au niveau énergétique, en tendant vers le zéro-CO2;
-en matière de mobilité, il ne comportera plus qu’un seul parking d’une capacité de 750 places (plutôt que deux, pour un total de 4000 véhicules). Et un parking de dissuasion devrait être mis en place, avec l’obligation d’une desserte bus payée par l’exploitant, et plus tard des navettes fluviales;
- un « rapport urbanistique et environnemental » encadrera la mise en œuvre du projet et un comité d’accompagnement (dont sera notamment membre le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut) en suivra la réalisation.

Dans sa conférence de presse, le Ministre Henry a évoqué un projet d'intégration "environnement et nature", "moderne", "anticipant la crise climatique et énergétique".
Dans son intervention, Anne Fourcade a parlé d'architecture passive. Si le projet a évolué, selon elle, c'est à cause de la crise économique et parce que les promoteurs l'ont voulu ainsi. On comprend par là que personne ne les a obligés à revoir leur copie...

Bizarrerie compensatoire imposée par certains membres du Gouvernement: le Grand Large de Péronnes sera partiellement agrandi. Cette "compensation alternative" n'en est pas une, elle ne tient pas la route! Dans son avis du 9 décembre 2008, la CRAT s’interrogeait « sur l’opportunité et la sécurité juridique d’une solution qui consiste à solliciter le financement d’une infrastructure (ici, l’agrandissement du Grand Large) par un « demandeur privé », alors que le plan de secteur n’est pas lié à une personne ». Inter-Environnement Wallonie faisait la même analyse.

Les trois bourgmestres d'Antoing, Brunehaut et Péruwelz, qui s'étaient complu dans le rôle de rois mages, en se précipitant se prosterner devant l'enfant qu'était le projet, ont mené jusqu'au bout leur travail de lobbyiste. Dans une lettre ouverte, ils se targuent d'être responsables du remaniement positif du projet. Ca ne coûte rien de le dire. Dans une chanson, Jacques Higelin dit "vaut mieux être gonflé que gonflant!". Mais on peut être les deux. Stéphane Diricq, dans le Courrier de l'Escaut, estime que "on appelle cela faire du lobbying ou de la retape. Bref, du racolage..."

En attendant, on ne peut qu'espérer que le projet qui verra (peut-être - voir Snow Games, bluff total) le jour à Maubray sera véritablement visionnaire. Sinon, la lutte se poursuivra. Sinon, si les promoteurs nous mènent en bateau, la Wallonie picarde devra être rebaptisée en Wallonie Picarpetland (*)

(*) selon le bon mot de Pierre V.