mercredi 24 juillet 2019

Il n'est de pire sourd...

La France suffoque et eux s'offusquent. Pas du manque de volonté politique de s'attaquer aux causes du dérèglement climatique. Non. Ils s'offusquent de l'invitation à l'Assemblée nationale d'une jeune fille qui vient tirer la sonnette d'alarme. Ils ne veulent pas de Greta Thunberg, que l'un d'entre eux a qualifiée de "Prix Nobel de la peur".
Guillaume Larrivé et Julien Aubert, jeunes députés de droite, ont appelé à boycotter la rencontre avec la jeune Suédoise organisée par 156 de leurs collègues. "Pour lutter intelligemment contre le réchauffement climatique, nous n'avons pas de besoin de gourous apocalyptiques, mais de progrès scientifiques et de courage politique", a déclaré le premier (1). On attend depuis longtemps un peu de courage politique en la matière de la part du parti Les Républicains. Que l'on sache, ce n'est ni sous Chirac, ni sous Sarkozy qu'on en ait plus vu que maintenant. On ne voit que le soleil qui poudroie et l'herbe qui brûloit.
Quant à la croyance dans le caractère salvateur du progrès scientifique, qui nous a donné le pétrole, les avions, les paquebots, les centrales nucléaires, on voit où elle nous a menés. Mais pour ces jeunes loups aux œillères étroites il est évidemment hors de question de remettre en question nos modes de vie qui dégradent à grande vitesse notre planète.
Les scientifiques se sont exprimés par milliers sur le réchauffement climatique, en pointant les causes et en évoquant les solutions. Et quand une jeune fille de seize ans se fait leur relais, appelle les politiques à les écouter, elle se retrouve face à d'affligeants élus qui ne veulent rien entendre, ni l'urgence à agir, ni ceux qui s'inquiètent pour l'avenir de leur planète.
L'astrophysicien Aurélien Barrau trouve leur attitude "scandaleuse et même indigne". "On sait depuis quarante ans, rappelle-t-il, que nous sommes dans une situation critique. Tous ceux qui s'y intéressent le savent. 15.000 scientifiques ont alerté sur la gravité de la situation. Rien n'a été fait. Les experts internationaux alertent. Rien n'a été fait. Et là, ils s'indignent du fait qu'une jeune femme vienne précisément relayer ce message?! Soyons clair: la Science est du côté de Greta."
Greta Thunberg n'est pas dupe de ce qu'elle vit: "nous sommes devenus les méchants qui devons dire aux gens des choses pas faciles, parce que personne ne veut le faire ou n'ose." 
"Personne n'aime le messager porteur de mauvaises nouvelles", écrivait Sophocle.

Dans le même temps, l'Assemblée nationale approuvait la ratification du CETA, traité de libre-échange entre l'U.E. et le Canada, avec ce qu'il entraînera de trafics de marchandises et de produits agricoles de part et d'autre de l'Atlantique, avec leur lot de pollutions diverses.
Preuve qu'il faudra encore beaucoup de Greta Thunberg avant que des décisions courageuses et radicales soient enfin prises. Malgré les tristes censeurs et les lamentables autruches.

(1) https://www.huffingtonpost.fr/entry/aurelien-barrau-reagit-face-aux-deputes-anti-greta-thunberg_fr_5d36df96e4b004b6adb5a0d1?utm_hp_ref=fr-homepage

lundi 22 juillet 2019

Le cynisme a un nom

Et voilà, c'est reparti pour un tour. Bayer-Monsanto ne peut s'avouer vaincu et s'est, une nouvelle fois, pourvu en cassation de la condamnation dont il a été l'objet par le tribunal dans le conflit qui l'oppose depuis douze ans à l'agriculteur charentais Paul François (1). Ce dernier avait été intoxiqué en 2004 par le pesticide Lasso, fabriqué et vendu par Monsanto, et a souffert depuis de très graves troubles neurologiques (2). Ce poison est, depuis 2007, interdit dans l'Union européenne et l'avait été déjà au Canada en 1985 et aux Etats-Unis en 1990. Ce qui n'empêche pas le champion allemand de la pharmacie de continuer à le commercialiser en Asie. "Par ce comportement, affirme l'association Phyto-Victimes, Bayer adopte la même  logique que Monsanto en sacrifiant la santé au nom d'un profit financier." (3)
Bayer-Monsanto tente de gagner du temps, une fois encore, méprisant les décisions de justice déjà prises et craignant visiblement d'autres procès que pourraient lui intenter tous ceux - et ils sont nombreux - qui ont naïvement utilisé des pesticides miracles qui les ont empoisonnés.
Que faire face à un tel cynisme sinon boycotter les produits de Bayer qui prétend nous soigner et cultive  le mépris pour la santé humaine ?
Que faire sinon réclamer plus que jamais l'interdiction totale des pesticides de synthèse? (4)

(1) https://www.liberation.fr/depeches/2019/07/21/affaire-de-l-agriculteur-paul-francois-monsanto-bayer-va-en-cassation_1741298
(2) (Re)lire sur ce blog "Nouveau coup de David Golitah", 12.4.2019
(3) https://www.phyto-victimes.fr/2019/07/cp-procedure-paul-francoismonsanto-bayer-poursuit-lacharnement-judiciaire-de-monsanto/
(4) https://nousvoulonsdescoquelicots.org

jeudi 18 juillet 2019

Mes propositions à la nouvelle ministre de la transiton énergétique

Bon, maintenant ça suffit, on arrête les conneries. On voit où elles nous ont menés. 21°C à 800 km du Pôle Nord. Chez nous, des épisodes de canicule et de sécheresse de plus en plus importants et fréquents. Ailleurs, des ouragans, des pluies diluviennes. Un manque d'eau qui tue. Population, animaux et arbres. Ça suffit.
Voilà ce qu'on va faire. 
D'abord, on interdit la création de toute nouvelle route ou autoroute (même un tronçon, c'est non!), de tout nouvel aéroport (même une extension), de tout nouveau port. Il y en a plus qu'assez.
On investit massivement dans les transports en commun, on rouvre des lignes de chemin de fer et de bus et on augmente fortement le prix du litre de carburant.
Les nouvelles voitures mises sur le marché ne pourront être qu'électriques et devront obligatoirement être partagées. On diminue les vitesses sur routes et autoroutes (Les Etatsuniens et les Canadiens sont limités à 100 km/h sur autoroute et ne sont pas jaunes de rage).
On taxe enfin - et solidement - le kérosène et les billets d'avion et on fixe un quota de kilomètres par personne. Chacun dans sa vie a le droit de parcourir, par exemple, 10000 km en avion. Pas plus. Le reste, on le fera à la voile. Ou à la rame.
On favorise par tous les moyens (fisc, infrastructures) l'usage du vélo, de la voile, du cuistax, du kayak, etc.
On taxe énormément, mais alors énormément, tout produit alimentaire qui voyage sur plus de, disons, 100 km. Plus il vient de loin, plus il est taxé. C'est compliqué? Non, c'est complexe. Mais on a inventé la roue, l'arbre à came, l'extasy, l'ordinateur, la carte routière qui parle et les baskets qui clignotent. Alors, ça ne doit pas être bien difficile. Ce n'est qu'une question de volonté.
On enterre les accords de type CETA qui favorisent la circulation de marchandises à travers la planète.
On ferme toutes les mines de charbon et on fixe une limite (basse, bien sûr) annuelle à la production de pétrole. Démerdez-vous.
Puisque la plupart des gens ne veulent pas voir une éolienne dans leur environnement, chaque famille recevra un générateur à pédales pour produire l'électricité qui lui est nécessaire. C'est bénéfique pour la santé et pour l'équilibre de la sécurité sociale. 
Chacun n'a le droit d'acheter un téléphone mobile que tous les vingt ans.
On interdit de transformer en zone constructible des zones agricoles, vertes, forestières, etc. Donc, plus aucune nouvelle zone constructible. Il y a des maisons à vendre et des sites à réaffecter un peu partout. Et la construction de maisons quatre façades est désormais interdite.
Plus question de gagner de nouveaux pâturages pour le bétail sur des zones forestières.
On fixe un quota d'eau par personne, pas bien cher. Mais au-delà la facture sera très salée. Et tant pis pour les piscines individuelles.
On interdit totalement les pesticides.
On réduit drastiquement le nombre des espèces chassables pour préserver la biodiversité.
Et une dernière chose encore: on arrête le homard aussi.
Voilà, on commence par là, y a du boulot. Et on fait le point dans un an. Si vous voulez d'autres idées, n'hésitez pas à me contacter.
Un truc encore: qu'on ne vienne pas me dire que c'est fasciste de réduire la liberté individuelle, que chacun a le droit de vivre comme il l'entend. On l'a fait, on l'a trop fait, vivre comme on l'entend. On est libre de quoi aujourd'hui? De mourir la gueule ouverte? 

mercredi 17 juillet 2019

Je rugis

Je n'ai jamais eu aucune sympathie pour François de Rugy. Quand je dis jamais, ça ne veut pas dire depuis longtemps. Je n'avais jamais entendu parler de lui avant qu'il ne soit, suite à l'élection de Macron,  désigné président de l'Assemblée nationale, avant d'être nommé ministre de la Transition écologique. Les gens qui changent de camp (il a quitté les Verts pour rejoindre La République en Marche) m'apparaissent comme des opportunistes, que je soupçonne de poursuivre des ambitions bien plus personnelles que collectives. Je suis loin d'être le seul à le voir comme un mollasson de l'écologie qui a(vait) bien compris où était son avenir, mais ne changera le système qu'à la marge.
Pour autant, je ne peux participer à la chasse aux sorcières dont il est aujourd'hui victime.

Nous n'avons publié que des faits objectifs, déclarait ce mercredi matin sur France Inter un journaliste  de Mediapart. Sans doute. Mais chacun est porteur de mille, cinq mille ou cinq cents mille faits objectifs. Et on nous cite ici quelques "faits objectifs" parmi tant d'autres. La succession de leur révélation démontre une volonté d'acharnement. D'autant qu'ils ne sont pas analysés. On nous dit que, président de l'Assemblée, il organisait de fastueux dîners avec "ses potes". Et on lit le témoignage d'un journaliste qui en était et se souvient qu'il n'y connaissait personne et s'y est ennuyé. Un autre témoin a trouvé cette rencontre "intéressante". On reproche aux politiques de ne pas consulter et quand ils le font, on leur reproche de ne pas consulter les bonnes personnes et on déplore les conditions de la rencontre. Chacun va-t-il mettre son nez désormais dans l'agenda et les assiettes de chaque ministre?  Faut-il désormais pour ne pas heurter le peuple que, comme l'écrit Riss dans Charlie Hebdo (1), les ministres ne mangent que du hachis parmentier, arrosé d'une bouteille de Sprite avec un choco BN pour dessert? "Quand les idées manquent, il reste le moralisme, dit-il encore. Dans tous les domaines, qu'il s'agisse de politique ou de mœurs, l'offensive généralisée de la morale ne présage rien de bon. (...) L'exigence de pureté, quand on l'applique à la politique, ne rend pas la démocratie plus juste, mais elle la métamorphose en une sorte d'Inquisition à l'affût du premier bûcher à allumer pour livrer à la colère de la foule le premier pécheur."

Et le peuple dans son ensemble se scandalise. Le peuple n'aime rien tant que se scandaliser et hurler avec les loups.
Effectivement, ces images de repas fastueux sont catastrophiques en termes d'images des gouvernants. Mais veut-on que demain les invités d'un ministre ou d'un élu x ou y soient reçus avec ces œufs brouillés qui plaisaient tant au président Giscard d'Estaing?
Voilà qui me ramène au projet auquel je crois: en finir avec la classe politique. Que les mandats soient extrêmement limités dans le temps, ce qui permettra à beaucoup plus de citoyens d'exercer une fonction politique. Que chacun à son tour puisse devenir ministre, parlementaire, conseiller régional, maire. Et qu'il assume alors son mandat en toute transparence face aux kalashnikovs médiatiques.
Mais que les médias en fassent autant: que les rédacteurs en chef, les chefs d'éditions, les journalistes disent avec qui ils mangent, ce qu'ils mangent et qui a payé l'addition. 

Il y a vingt ans, j'étais élu au Parlement wallon. Je n'y ai effectué qu'un seul mandat. Ainsi en ont décidé les électeurs. J'ai mal vécu alors l'échec cuisant et que je continue à trouver injuste d'Ecolo aux élections régionales de 2004. Mais j'ai surtout mal vécu le "bulletin" que Le Soir  a publié juste avant les élections, distribuant aux parlementaires des points sous forme d'étoiles. Je n'en ai obtenu qu'une seule. Comme un vulgaire parlementaire touriste. J'en ai été profondément et longtemps blessé, moi qui durant cinq ans avais travaillé sur tant de dossiers divers de cinquante à septante-cinq heures par semaine, motivé, convaincu que par ce mandat je pouvais participer à une évolution positive de la société. Le journaliste qui s'était institué juge se basait sur des "faits objectifs": le nombre de questions écrites et orales posées, d'interpellations, de propositions de décret. Et ce exclusivement au Parlement wallon. Alors que tout député wallon siège également au Parlement de la Communauté française. Et que, les deux dernières années de mon mandat, je siègeais également au Sénat comme sénateur de communauté. Nous n'étions d'ailleurs plus que deux sénateurs, Isabelle Durant et moi, en 2003-2004. C'est dire si le travail au Sénat était devenu pour moi proritaire. Mais tout ce travail-là, dans ces autres institutions (tout autant que le travail, non quantifiable, d'auditions, de négociations, de contacts au sein et à l'extérieur du Parlement wallon), était superbement ignoré par le journaliste, si sûr de ses "faits objectifs", de ses calculs d'épiciers.
C'était il y a quinze ans.  Aujourd'hui, je garde une amertume de ce que j'ai considéré comme un "flingage", mais je n'ai plus aucun regret. Pour rien au monde, je ne voudrais à nouveau siéger comme parlementaire. Aujourd'hui plus qu'hier, nous sommes dans le temps des hyènes, des inquisiteurs, des Tartuffe.

Post-scriptum:  ce mercredi soir, selon le Journal de France 3, le parquet financier n'ouvrira aucune enquête au vu des informations actuelles. Donc, en l'état, rien d'illégal ne lui est reproché. Juste une question de morale donc. "N'oubliez jamais, disait Léo Ferré, que ce qu'il y a d'encombrant dans la morale, c'est que c'est toujours la morale des autres."

(1) "Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour le homard", Charlie Hebdo, 17.7.2019.

lundi 15 juillet 2019

La fleur au fusil

Les algues vertes prolifèrent en Bretagne plus que jamais et l'usine qui les traitait vient de fermer ses portes. En cause: des odeurs pestitentielles et des risques exrêmement graves pour la santé des travailleurs et des riverains (1). Le H2S, le gaz qui émane de ces algues, peut s'avérer mortel. Un jeune ostréiculteur de la baie de Morlaix en serait mort samedi dernier. Les causes de ces algues vertes sont multiples: agricultures et élevage intensifs, surpêche et réchauffement climatique.
Les sapins des Vosges sont en train de mourir de soif. 
Un peu partout, des sources se tarissent. Des étangs et des lacs se vident. Les rivières s'assèchent. Les poissons meurent, tout comme de nombreuses espèces qui perdent là leur environnement indispensable.

Pendant ce temps, la justice autorise la création d'une zone d'aménagement sur des terres agricoles au nord de Paris pour la création d'Europa City (2), "nouveau quartier de loisirs", ses pistes de ski, ses boutiques de luxe, ses jardins de cueillette, ses manèges, ses hôtels, ses fast food, ses restaurants bio, ses magasins innombrables, ses auberges de jeunesse, ses salles de spectacle, son parc aquatique. Le temps ne passe pas, nous restons coincés dans les années '60. Tout reste possible. Même les plus stupides et mortifères des projets.
Pendant ce temps, le gouvernement, si soucieux de préserver la biodiversité, envisage de relever les quotas de chasse de deux oiseaux: la tourterelle des bois, classée comme "vulnérable", et le coulis cendré, classé comme "presque menacé" (3).
Pendant ce temps, les Français achètent toujours plus de voitures. Le parc automobile français n'a jamais été aussi important: il compte aujourd'hui 34 millions de véhicules particuliers, 7 de plus qu'il y a vingt ans. 86% des ménages en sont équipés (4). Et il y a toujours plus de bouchons sur les routes des vacances. Toujours plus de vols d'avions aussi vers des destinations de rêve. Toujours plus de projets qui transforment la planète en cauchemar.

Post-scriptum: https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/16/contre-la-pollution-de-l-air-l-anses-recommande-surtout-la-reduction-du-trafic-automobile_5489775_3244.html

(1) https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/cotes-d-armor/lantic-usine-traitement-algues-vertes-fermee-urgence-1695500.html
(2) https://www.la-croix.com/Economie/Europacity-justice-valide-appel-creation-zone-amenagement-2019-07-11-1301034813
(3) https://www.liberation.fr/planete/2019/07/14/deux-especes-d-oiseaux-menacees-peut-etre-bientot-chassees_1739608
(4) https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/02/jamais-les-francais-n-ont-possede-autant-de-voitures_5484295_3234.html


jeudi 11 juillet 2019

Même les mollassons vont dans le mur

Pendant le réchauffement, les affaires continuent.
Le dérèglement climatique n'est plus contesté par personne aujourd'hui, sauf par ceux pour qui l'évolution de la planète est subordonnée au gonflement de leur portefeuille. On pourrait donc croire que tous les projets néfastes à l'environnement, à la biodiversité et au climat se sont évaporés d'eux-mêmes. Il n'en est rien. Les promoteurs d'Europa City en région parisienne rêvent toujours de leurs pistes de ski et de leur méga complexe commercial dédié à une consommation sans limite (1). Les projets d'autoroutes, d'agrandissement d'aéroports, d'élevage industriel, d'utilisation de pesticides et d'autres activités dévoreuses d'espace et pollueuses de l'air se poursuivent comme dans les années '60. Il n'est point de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Le gouvernement français vient de décréter une taxe sur les billets d'avion. Elle pourrait se monter jusqu'a dix-huit euros. C'est déjà ça, peut-on se dire. Mais la taxation du kérosène n'est toujours pas plus à l'ordre du jour que la dimunition des vols.
Nous sommes en situation d'urgence et on nous propose au mieux des mesurettes.
Chaque lobby défend son (gros) bout de (très) gras, arguant qu'il n'est responsable que d'une si infime part du réchauffement. 

Les transports sont la première source de gaz à effet de serre en France: ils ont produit en 2017 30 % des émissions en équivalents CO2. Et les voitures particulières sont responsables de près d'un sixième de la contribution française au réchauffement climatique. Plus que les poids lourds. Mais le lobby de la bagnole sait qu'il peut compter sur "quarante millions d'automobilistes" qui estiment toujours que leur voiture, c'est leur liberté et que rouler (vite) est un plaisir et doit le rester.
Quand donc l'Union européenne refusera-t-elle d'homologuer de nouveaux véhicules s'ils ne sont pas réellement propres? Si c'était le cas, on veut bien prendre les paris: la recherche en la matière s'accélérerait soudain.
L'agriculture produit 19 % des émissions françaises de gaz à effet de serre, la moitié venant de l'élevage. Donc de ce qui sera ensuite de la viande. Mais qui oserait remettre en question une alimentation qui reste majoritairement carnée? Et surtout le sacro-saint barbecue? Et comment justifier qu'on pourra demain importer, plus facilement encore qu'aujourd'hui, de la viande du Canada, du Brésil ou d'Argentine?

Certes, au niveau mondial, la  France ne produit que 1% des gaz à effet de serre. Loin, très loin des 28 % de la Chine ou des 15 % des Etats-Unis. Mais quel pourcentage de gaz à effet de serre nos pays importent-ils avec les produits qu'ils achètent à ces pays?
Dans leur grande majorité, les entreprises pas plus que les citoyens ne sont prêtes à changer leurs habitudes et leur fonctionnement.
On voit par là que le réchauffement est tel qu'il nous rend léthargiques.

(1) (Re)lire sur ce blog: "La cécité de la social-démocratie", 26.3.2019 et "Tant d'émotions si naturelles", 27.10.2014.
(2) https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/08/voiture-industrie-viande-quelles-sont-les-causes-du-rechauffement-climatique-en-france_5486767_4355770.html

jeudi 4 juillet 2019

Tristes sires et réjouissante capitaine

Les schtroumpfs grognons s'imposent un peu partout. Electoralement parlant s'entend. Intellectuellement, c'est autre chose.
La nouvelle ministre-présidente de Flandre, Liesbeth Homans,  a refusé que le drapeau belge figure sur sa photo officielle, considérant qu'il s'agit d'un "chiffon" (1). On a évidemment parfaitement le droit de ne pas aimer les drapeaux. On peut considérer qu'ils sont l'emblême du nationalisme. Mais en traiter un de chiffon, c'est les traiter tous de la sorte. Si le drapeau belge est un chiffon, il n'y a aucune raison que le drapeau flamand n'en soit pas un aussi. Liesbeth Homans a, depuis lors, affirmé qu'il s'agissait d'une blague. L'humour des nationalistes flamands nous échappe. 
Lors de l'installation du Parlement européen nouveau, des députés d'extrême droite ont refusé de se lever pendant la diffusion de l'hymne européen (2). Ils sont aussi fatigants que fatigués. Ceux du Brexit Party ont tourné le dos à l'assemblée. "L'Hymne à la joie" hérissent les schtroumpfs grognons qui n'aiment pas l'Union européenne. Mais ils ne refusent pas les larges indemnités financières que leur offre le Parlement européen. De l'Europe, ils acceptent l'argent, mais pas la joie. Leur cohérence nous échappe.
Résumons-nous: les nationalistes sont aussi tristes et affligeants qu'un frigo vide. Ils n'ont pas plus d'utilité que lui. 

Il est heureusement une femme qui nous réjouit. C'est Carola Rackete, la capitaine du Sea Watch (3). Elle avait recueilli à bord de son bateau quarante migrants en perdition au large de la Libye. Ce que le si délicat Ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, avait considéré comme rien de moins qu'un "acte de guerre", interdisant au navire d'accoster en Italie. Après dix-sept jours en mer et soixante heures d'attente face au port de Lampedusa, la jeune capitaine avait décidé de forcer le barrage et d'accoster, ce qui a permis aux demandeurs d'asile de mettre le pied sur le sol italien. L'éructant ministre d'extrême droite, peu soucieux de la séparation des pouvoirs et oubliant  tout à coup ses références chrétiennes auxquelles il se dit si attaché, réclamait de la prison ferme pour elle, la mise sous séquestre de son bateau et une forte amende pour son ONG. Elle a été arrêtée, puis remise en liberté par la juge chargée de l'enquête. Elle reste cependant inculpée. "Si nous ne sommes pas acquittés par les tribunaux, nous le serons par les livres d'histoire", estime-t-elle.
Disons le en quelques mots: les nationalistes et les extrémistes de droite nous font désespérer de l'homme quand les humanitaires nous rendent l'espoir.

Post-scriptum: Triste sire. Vraiment. Et enragé.
https://www.lalibre.be/actu/international/carola-rackete-porte-plainte-pour-diffamation-contre-matteo-salvini-5d1f3a96d8ad5815cb52525a

(1) https://www.lalibre.be/actu/politique-belge/la-nouvelle-ministre-presidente-flamande-liesbeth-homans-n-va-compare-le-drapeau-belge-a-un-chiffon-5d1b3f0b9978e215c73efc4c
(2)  https://www.lalibre.be/actu/international/les-britanniques-du-brexit-party-tournent-le-dos-pendant-l-hymne-europeen-lors-de-la-rentree-du-parlement-video-5d1b22b19978e215c73e6f0a
(3), https://www.huffingtonpost.fr/entry/sea-watch-le-cure-de-lampedusa-campe-sur-son-parvis-pour-reclamer-le-debarquement-des-migrants_fr_5d14b75ee4b09ad014fbadb5?utm_hp_ref=fr-homepage
https://www.lalibre.be/actu/international/le-sea-watch-accoste-a-lampedusa-la-capitaine-arretee-5d16f76fd8ad5815cb483aa0
https://www.lalibre.be/actu/international/la-capitaine-du-sea-watch-a-comparu-devant-un-juge-5d1a08ea9978e215c7341d4e



mardi 2 juillet 2019

Pas maintenant

Ce sera maintenant ou jamais, écrivais-je très récemment. Maintenant que cette dérégulation catastrophique du climat doit nous amener à changer radicalement de mode de vie, sous peine de l'y laisser, la vie.
Mais ce maintenant-là n'est visiblement pas pour aujourd'hui.
Le merveilleux G20, qui rassemble les chefs des Etats les plus puissants de la planète autour du souci de faire tourner plus et mieux encore l'économie mondiale, a confirmé (à l'exception bien sûr des Etats-Unis) l'Accord de Paris sur le climat. Ce qui ne constitue en rien une avancée notable en matière d'amélioration de l'environnement, cet accord étant déjà considéré comme trop peu ambitieux. 
Dans le même temps, on apprend que les investissements dans les énergies renouvelables diminuent. 
Ils étaient de 292 milliards d'euros en 2017 et de 259 milliards en 2018. Les combustibles fossiles et nucléaires restent plus concurrentiels, "hautement subventionnés par les Etats", dénonce une spécialiste (1). Subventions qui ont augmenté de 30% entre 2017 et 2018. Il faudrait produire plus de 300 gigawatts par an en énergie alternative d'ici 2030 pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, soit le double de la croissance actuelle (177).
Dans même temps toujours, on apprend qu'un accord économique vient d'être conclu entre l'Union européenne et le Mercosur qui permettra notamment aux pays qui le constituent (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) d'exporter vers l'Europe quantité de sucre et de viande de bœuf et de poulet. Outre que ces exportations fragiliseront plus encore la situation des agriculteurs européens, ils soulignent l'absurdité qu'il y a à faire voyager d'un bout à l'autre de la planète des denrées alimentaires. A l'heure où de plus en plus de voix plaident pour qu'on diminue nos productions et nos consommations de viande, voilà qu'on nous en apporte à bas prix de l'autre côté de l'Atlantique, produite dans des conditions peu contraignantes et peu respectueuses des normes environnementales. 
Plus la planète se dérègle, plus l'économie referme ses œillères.

(1) https://www.arte.tv/fr/videos/090959-000-A/quel-budget-pour-les-energies-renouvelables/
(2)  https://www.lesoir.be/233737/article/2019-06-29/mercosur-les-agriculteurs-europeens-revoltes-par-laccord-union-europeenne