lundi 29 février 2016

Les fils des Joseph (suite)

Une réponse claire, vive, intelligente de Fawzia Zouari, écrivaine franco-tunisienne, aux inquisiteurs néocolonialistes qui font la leçon au intellectuels de culture musulmane qui ont le toupet de critiquer les dérives de l'islam:  http://www.liberation.fr/debats/2016/02/28/au-nom-de-kamel-daoud_1436364

Tout le monde peut se trumper

Qui ne connaît le Ku Klux Klan, un des groupes les plus abjects et violents qu'aient connus les Etats-Unis? Sa sinistre réputation est connue partout en Afrique, en Europe, en Asie.
Mais il est un homme qui affirme à son propos qu'il s'agit d' "un groupe dont je ne connais rien" et qui reconnaît qu'il devrait se renseigner sur ce mouvement (1). Cet homme, c'est Donald Trump, actuellement probable candidat de la droite américaine aux présidentielles de novembre. Un ancien leader de ce mouvement raciste et suprémaciste, lui-même bien connu comme révisionniste s'en prenant régulièrement aux juifs, vient d'apporter son soutien à Donald l'ignorant. Pressé de prendre ses distances avec lui, le candidat républicain feint l'ignorance. Mais après tout, pour devenir président républicain des Etats-Unis à quoi sert-il de connaître l'existence du KKK? S'il fallait connaîre l'histoire et la géographie et en plus avoir le sens de la diplomatie et des valeurs autres que l'argent, où serait le plaisir? 

(1) http://www.huffingtonpost.fr/2016/02/28/trump-kkk-refuse-prendre-distance-david-duke_n_9343398.html?utm_hp_ref=france
http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/02/28/ku-klux-klan-et-citation-de-mussolini-un-journee-mediatique-ordinaire-pour-donald-trump_4873294_829254.html

vendredi 26 février 2016

La secte du rétroviseur

Encore un peu d'islamofolie.
Hier, le magazine "Envoyé spécial" consacrait un sujet aux salafistes français. De grands comiques qui veulent s'en tenir à une lecture rigoriste du Coran, avec les mots de leur prophète tels qu'il les aurait prononcés au VIIe siècle. On ne comprend pas bien pourquoi ils ne vivent pas comme à cette époque. Pourquoi ils ne refusent pas le téléphone, l'ordinateur, la voiture, l'avion et tous les objets et les manières de vivre du XXIe siècle. D'autant qu'un prédicateur affirme que sont interdits "tous les livres des gens de l'innovation".  Sur une péniche (qui ne semble pas dater du VIIe siècle), de très nombreuses femmes voilées font leurs emplettes, comme dans un supermarché. Elles achètent des vêtements, des objets de grande consommation, même des tablettes électroniques. Elles donnent un sentiment étrange: à la fois hyper-connectées et totalement déconnectées des autres et du reste de la société.
Un jeune salafiste déclare vouloir quitter la France où il n'est pas chez lui. "Mais tu es Français", lui dit le journaliste. "Oui, mais je n'ai pas choisi de l'être". N'est-ce pas Dieu alors qui a choisi de le faire naître en France? Peut-il aller contre la volonté divine? Décidément, on a du mal à les suivre. 
Une jeune femme en burqa. Elle a dix-neuf ans, on ne voit que ses yeux. Elle avoue aimer associer des vêtements couleur marron à sa burqa noir corbeau. "Je suis fashion", dit-elle en riant. Elle sort un livre de son sac: "Les fatwas des femmes", écrit par des dévôts saoudiens d'un autre âge. On peut y lire que "la majorité des habitants de l'enfer sont des femmes". Elle approuve: toutes les femmes sont médisantes, dit-elle. Elles risquent aussi de valser en enfer si elles vont voter ou si elles se marient à la mairie. L'enfer est pavé de bulletins de vote.
Une journaliste se fait passer pour une jeune salafiste qui cherche un mari. Celui qui se propose lui fait comprendre que sa place sera à la maison, son rôle de s'occuper de la maison et des enfants. Si elle n'est pas d'accord avec la polygamie, "il n'y a pas de problème": il sera capable de comprendre qu'elle soit jalouse. Elle aura le droit de ne pas accepter la polygamie, mais devra s'y faire. Y a-t-il projet de vie plus enthousiasmant pour une jeune femme?
La majorité des jeunes salafistes rencontrés dans ce reportage ont entre vingt et trente ans. La crise d'adolescence se fait de plus en plus tard de nos jours. 

mercredi 24 février 2016

Les fils des Joseph (Staline et McCarty)

Le terrorisme gagne chaque jour du terrain. Par les kalachnikovs et par les mots. La violence qu'il exerce se diffuse par certains intellectuels. Soit des gens qui sont censés aider les autres à réfléchir, mais qui font tout pour les en empêcher dès qu'il est question d'un dieu. Surtout celui des musulmans.
Voilà que de sombres crétins dans les médias de l'Etat iranien réitèrent l'appel au meurtre de Salman Rushdie (1). Avec 600.000 dollars de récompense pour le lâche qui ira assassiner un écrivain. Quand Khomeiny, le fou de Dieu, avait lancé le premier appel en 1989 il avait provoqué une réprobation générale. Aujourd'hui, la relance de cette fatwa ne suscite quasiment aucune réaction. Les appels scandaleux et meurtriers se sont aussi banalisés que les relations avec l'Iran se sont normalisées. Ainsi va ce monde.
Ceux qui flinguent au nom de leur dieu se sont trouvés d'utiles complices parmi les intellectuels occidentaux devenus de staliniens maccartystes qui veulent empêcher tout débat. Il n'est plus question ni de raison, ni d'esprit critique. Dieu semble s'être imposé comme la meilleure idée qui soit. Incontestable.
L'écrivain et journaliste algérien Kamel Daoud vient encore d'en faire les frais. Il a eu le culot d'affirmer que "le sexe est la plus grande misère dans le monde d'Allah" et de critiquer la manière dont sont traitées les femmes dans cette même culture. Un groupe d'universitaires lui est tombé sur le dos, à bras raccourcis. L'accusant (2) "d'alimenter les fantasmes islamophobes". Comme s'il n'y avait pas lieu de craindre des fanatiques qui, au nom d'une religion, font la guerre aux femmes et à tous ceux qui ne pensent pas comme eux. "Nous vivons une époque de sommations", déplore Kamel Daoud. Que savent, que peuvent savoir ces sociologues, ces historiens, ces philosophes de ce que vit et a vécu quelqu'un comme lui menacé de mort par les islamistes parce qu'il s'exprime librement ? Kamel Daoud dénonce les préjugés de spécialistes : "je sermonne un indigène parce que je parle mieux que lui des intérêts des autres indigènes et post-colonisés". A se vouloir à toute force anti-raciste, on se conduit comme les pires des colons, ceux qui ont choisi de maintenir des populations entières dans l'obscurantisme et la peur. Kamel Daoud annonce qu'il abandonne le journalisme. Qu'ont gagné les censeurs?
L'écrivain algérien a - heureusement - reçu le soutien de nombreux autres intellectuels (3). L'intelligence a toujours survécu à tous les dieux, à tous les inquisiteurs et à toutes les polices de la pensée. "Quand cette guerre contre l'islamisme sera terminée, écrit Riss (4), il faudra faire les comptes de toutes les lâchetés, les complaisances, les trahisons des intellos et des journalistes qui auront tout fait pour intimider et faire taire les voix contestataires."

Pour tous ces censeurs, cet extrait des "Versets sataniques" de Salman Rushdie. Et qu'ils se grattent où ça les démange!
Parmi les palmiers de l'oasis, Gibreel apparut au Prophète et se retrouva en train de débiter des règles, des règles, des règles, jusqu'à ce que les fidèles puissent à peine supporter l'idée d'une autre révélation, dit Salman, des règles sur la moindre chose, si un homme pète, il doit se tourner vers le vent, une règle sur la main à utiliser pour se nettoyer le derrière. Comme si aucun aspect de l'existence humaine n'était laissé sans règlement, libre. La révélation - la "récitation" - indiquait aux fidèles la quantité de nourriture à manger, la profondeur du sommeil, et les positions sexuelles qui avaient reçu l'autorisation divine, et ils apprirent ainsi que la sodomie et la position du missionnaire étaient approuvées par l'Archange, tandis que la loi interdisait toutes les positions où la femme était au-dessus. Gibreel dressa en plus la liste des sujets de conversation permis et interdits, et indiqua les parties du corps qu'on ne pouvait pas gratter quelle que soit la démangeaison.

(1)http://www.rtbf.be/info/medias/detail_des-medias-iraniens-renouvellent-la-fatwa-de-mort-contre-l-ecrivain-salman-rushdie?id=9219925
(2)  http://www.huffingtonpost.fr/ahmed-charai/islam-radical-kamel-daoud_b_9290366.html
(3) http://www.huffingtonpost.fr/2016/02/21/kamel-daoud-accuse-islamophobie-quitte-journalisme_n_9284162.html?utm_hp_ref=france
http://www.huffingtonpost.fr/sophie-belaich/kamel-daoud-islam-femmes-islamophobie_b_9299096.html?utm_hp_ref=france
http://www.huffingtonpost.fr/ruth-grosrichard/kamel-daoud-entre-deux-fatwas_b_9296290.html?utm_hp_ref=france

(4) "Celui croyait au logiciel, celui qui n'y croyait pas", Charlie Hebdon, 24 février 2016.
http://www.marianne.net/pourquoi-monsieur-antiracisme-valls-refuse-parler-islamophobie-100240479.html

dimanche 21 février 2016

Capitale européenne de l'euroscepticisme

Peut-on être et avoir été? Peut-on avoir été capitale européenne de la culture il y a moins de deux mois encore et tenir aujourd'hui des positions très eurosceptiques?
Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles du quotidien Libération, a été invité à écrire des articles accompagnant une exposition de dessins de presse de cinquante-deux dessinateurs du monde entier présentée par le "Mons Mémorial Museum" et intitulée "Ceci n'est pas l'Europe". Sur son blog, le journaliste explique (1) avoir été victime de "tentatives hallucinantes de censure". Visiblement, les organisateurs eux-mêmes n'ont pas bien compris le titre, qui se réfère à Magritte. Ils se sont transformés, comme l'indique Jean Quatremer, en véritables commissaires politiques en tentant de lui faire modifier ses textes, visiblement trop positifs par rapport à l'Union européenne. Pas question, par exemple, d'écrire que "toutes les enquêtes d'opinion montrent que les citoyens se méfient encore plus de leur Etat que de l'Union". Finalement, ses textes - qu'il a accepté de modifier sur le plan formel  - ne sont pas repris dans le catalogue et sont à peine crédités.
Une suggestion pour donner à ce musée un nom qui sonne de manière un peu plus cosmopolite: le renommer Mons Pravda Museum.

(1) http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2016/02/20/ceci-nest-pas-leurope/

lundi 15 février 2016

Multinationales et mépris multiples

Que sont les valeurs et les références du socialisme devenues? Elles ont perdu, au fil des dernières décennies et d'une véritable incapacité à penser l'avenir, leur brillance rose ou rouge pour se teinter de bleu acier. Les voilà tous, ceux qui chantent l'Internationale à la fin de leurs congrès, qui se muent en petites mains des multinationales. Elio Di Rupo, empereur de toutes les Wallonie et de tous leurs partis socialistes, s'était déjà enorgueilli d'accueillir en sa baronnie montoise le grand Google. Voilà à présent qu'il inaugure en sa ville, avec un bonheur non dissimulé, un centre Ikea. Les trois cent cinquante emplois promis justifient sa soumission au capitalisme et à ses débordements. Tant pis pour les hectares arrachés à l'agriculture, tant pis pour le renforcement de l'usage de la voiture individuelle qu'implique l'implantation loin de la ville de ces géants de la distribution. Tant pis pour les emplois indépendants qui disparaîtront dans un rayon de cinquante ou soixante kilomètres autour de ces centres. "Un emploi Ikea, ce sera 3,5 à 5 emplois perdus dans toute la zone de chalandise", craint l'économiste Alexandre Bertrand, membre du Collectif Citoyen Mons Equitable (1).
Tant pis aussi pour toutes les grandes déclarations sur l'écologie, sur la défense du commerce indépendant et de proximité, sur la fin (promis-juré, avaient-ils dit il y a quinze ans) des implantations commerciales en dehors des villes. Qui fait la loi, sinon le marché? Que veut un élu, sinon le rester? Ce qui implique une certaine flexibilité. Paul Magnette, alors Ministre fédéral du Climat et de l'Energie, l'avait déjà déclaré (c'était à propos du projet de centre des sports de glisse à Antoing) (2): les principes ne doivent pas ouvrir la porte au jansénisme et n'empêchent pas le droit au plaisir. Et notamment à celui de consommer ce que l'on veut quand on veut.
Les profits d'Ikea sont considérables, mais rapportent peu aux pays où il est implanté. Le roi de l'ameublement connaît les meilleurs coffres. C'est ce que dénoncent les députés verts européens (3): les "acrobaties" comptables d'Ikea lui ont permis d'éviter de payer un milliard d'euros d'impôts aux fiscs européens entre 2009 et 2014. Quand on sait que tous les produits vendus par Ikea sont fabriqués dans les pays de l'Est et surtout en Asie, on mesure combien nos pays et leurs responsables politiques s'enferment dans le clientélisme, sans aucune autre considération: pourvu que des emplois soient créés, plus aucune valeur n'existe.

Nicolas Sarkozy n'a jamais eu aucun principe socialiste ou écologiste et n'a jamais caché son goût pour l'argent. Mais des travailleurs indépendants, et en particulier les petits commerçants, ont pu naÏvement croire que l'UMP, plus que d'autres partis, pouvait défendre leur existence. Nicolas Ier, qui rêve toujours de vengeance, sourd à l'opinion publique qui veut le ranger dans le tiroir des erreurs qu'on aimerait oublier, Nicolas Ier a sorti un livre  dont il aimerait qu'il se vende et surtout qu'on parle. On ne sait s'il souhaite qu'il soit lu. Pour le faire vendre, son parti a envoyé un courrier à tous ses adhérents, les invitant à le pré-commander auprès de plateformes internationales de commande en ligne, Amazon, iTunes, Decitre et quelques autres, celles-là mêmes qui, elles aussi échappent autant qu'elles peuvent à l'impôt et veulent la mort du petit commerce. Les libraires indépendants, qui n'existent déjà plus aux yeux de celui qui ne voit que lui, se sont vengés avec humour (4) et n'ont pas laissé le hasard placer son livre dans leurs vitrines ou leurs rayons. Le voici qui voisine ici avec un recueil de Cabu intitulé "Toujours aussi cons!", là entre un livre sur les dinosaures et un autre sur les légumes anciens, ou encore à côté de l'ouvrage "Qu'il est bon d'être mauvais" signé par "un odieux connard". Celui-ci n'en tient pas rigueur à l'ancien président. (5)

Mais que tous les indépendants, belges comme français, soient rassurés: dès la prochaine campagne électorale ils recevront un courrier très émouvant des mêmes candidats qui, la larme à l'œil, les assureront de leur soutien.

Post-scriptum:
http://www.lalibre.be/actu/belgique/les-centres-villes-wallons-presentent-une-mauvaise-vitalite-commerciale-56c2b4c83570fdebf5f70303 Quelle surprise!
(1) https://www.rtbf.be/info/regions/hainaut/detail_mons-non-l-arrivee-d-ikea-ne-fait-pas-l-unanimite?id=9210055
(2) (re)lire sur ce blog: "Magnette et le plaisir", 12 avril 2008.

mardi 9 février 2016

Le français, langue vivante

Qui mène le monde aujourd'hui? Certains pensent que ce sont les Etats-Unis. D'autres encore, les multinationales, ou la Chine, ou l'Europe, ou l'argent. En fait, ce sont les réseaux dits sociaux qui mènent la danse, diffusant des informations vraies ou fausses, des rumeurs ou des informations avérées qui parfois partent en vrille, chacun émettant - ayant entendu du bruit - ses commentaires scandalisés à ses "amis" qui s'empressent eux-mêmes de les renvoyer aux leurs. Les politiques qui ont entendu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours s'en mêlent et s'empressent d'accuser le gouvernement des dérives qu'ils se font un certain plaisir d'imaginer. Et tout ce petit - ou grand - monde de s'embraser. Parfois pour rien, ou si peu. Parfois avec vingt-six ans de retard.
Voici donc qu'un rapport publié au Journal officiel en 1990 refait surface, celui qui porte non pas sur la réforme de l'orthographe, mais sur des propositions de modifications. Propositions qui avaient, en leur temps, été approuvées par le seul organisme habilité à le faire: l'Académie française. Si ces propositions de changements, qui restent facultatifs et ne sont pas imposés, font tant parler d'eux aujourd'hui, c'est que des éditeurs ont décidé de les intégrer dans des manuels scolaires de la rentrée 2016. Certains d'entre eux l'avaient déjà fait. 
Bref, beaucoup de bruit pour rien, comme dirait Shakespeare. Notamment de la part de l'opposition qui n'a pas raté une si belle occasion de démontrer son attachement aux bonnes vieilles valeurs, si injustement menacées. François Bayrou a pris sa plus belle plume pour dire avec grandiloquence son indignation et assurer qu'il faudrait lui passer sur le corps pour que l'orthographe soit modifiée. "Le gouvernement voudrait que j'écrive à sa convenance", écrit-il, alors que ce gouvernement n'est en rien concerné par ce boucan. Luc Chatel, ancien ministre de l'Education, est, lui, dans la confusion la plus totale, convaincu que cette "réforme" de l'orthographe est prévue dans la réforme des collèges.
La palme de la mauvaise foi et de l'explication la plus idiote d'un revirement complet revient à l'académicien Jean d'Ormesson qui avait soutenu ce rapport en son temps, mais qui à présent le condamnne "parce qu'il y a vingt-cinq ans les gens n'étaient pas malheureux comme aujourd'hui, et le pays dans cet état". Doit-on comprendre que le circonflexe aurait des accents d'espoir et que le trait d'union aiderait à plus de solidarité? 
Qui a du respect pour une langue pense qu'elle doit vivre et non rester figée comme si elle était morte. 
Ceci dit, pathétique pourrait aussi s'écrire patétik. Tout le monde aura compris.

Source:
http://www.liberation.fr/desintox/2016/02/08/reforme-de-l-orthographe-les-contreverites-continuent_1431878
Post-scriptum: Brillant discours de Najat Vallaud-Belkacem inaugurant une journée d’études consacrée aux théories du complot (notamment à propos de cette psudo réforme de l'orthographe):
http://lelab.europe1.fr/video-trois-minutes-de-najat-vallaud-belkacem-demontant-avec-ironie-toutes-les-rumeurs-a-son-sujet-2666069

samedi 6 février 2016

Enfumage sarkozyste

C'est un vrai champion. De la défense des causes indéfendables et des comparaisons idiotes. Il vient encore d'en faire la démonstration. L'ancien président est prêt à tout pour le redevenir. Le voilà qui dénonce les paquets de cigarettes neutres. A partir du mois de mai, en France, les paquets de cigarettes n'afficheront plus de marque, mais des messages de mise en garde sur les effets mortels du tabac. Selon celui pour qui toute décison de l'actuel gouvernement est par principe mauvaise parce qu'il ne l'a pas prise, il s'agit d'une attitude intégriste. Demain, dit Nicolas Sarkozy, nous aurons les bouteilles de vin neutres, les fromages neutres. On ignorait que les fromages tuent. Mais peut-être est-ce lui qui ne sait pas que le tabac fait chaque année 73.000 morts en France (20.000 en Belgique, y compris les "fumeurs passifs"). Cet homme est mal informé.
Les présentateurs du "Magazine de la Santé" sur France 5, furieux, ont dénoncé "l'irresponsabilité des propos tenus par Nicolas Sarkozy" et lui ont proposé un clip de campagne sur mesure (1).
Si l'ancien président veut, à tout prix (c'est le cas de le dire) apparaître comme un ultra-libéral, il pourrait aussi proposer de supprimer les radars le long des routes et les limitations de vitesse et autoriser la vente libre d'armes. A moins qu'il ne se souvienne qu'il est opposé à toute loi sur l'euthanasie au nom "du respect de la vie". (2) Mais, visiblement, il a aujourd'hui plus de respect pour les voix des buralistes que pour la vie. 

(1) http://www.lalibre.be/light/insolite/vive-le-tabac-vive-la-france-quand-michel-cymes-demonte-sarkozy-video-56b4db293570b1fc10f31157
(2) http://archive.francesoir.fr/actualite/politique/sarkozy-s-oppose-a-hollande-sur-l-euthanasie-182450.html

mercredi 3 février 2016

Un éléphant, ça trumpe énormément

Il pourrait s'appeler Marin Le Paon. C'est le cousin américain de la fille à papa. "Il déclenche en général les applaudissements les plus nourris lorsqu'il tape sur les démocrates, l'establishment républicain, les médias, les grandes entreprises avides de profit ou toute autre institution qui se moque des gens ordinaires, écrit Jenna Johnson dans le Washington Post (1). Il provoque des standing ovations lorsqu'il promet de rapatrier les emplois industriels et d'édifier un mur à la frontière avec le Mexique afin d'empêcher drogues, terroristes et immigrants illégaux d'entrer sur le territoire américain." Contrairement à l'héritière du père Le Pen, il n'hésite pas à exprimer ouvertement son racisme, mais, pour le reste, c'est le même discours simpliste et brutal.
Peter Wehner, ancien collaborateur de Ronald Reagan et des Bush, père et fils, annonce (2) qu'il ne votera jamais pour Donald Trump. Il dénonce "son ignorance sur des questions élémentaires d'intérêt national", son absence de "désir de s'informer sur la plupart de ces sujets, et encore moins de les maîtriser. Aucun autre candidat à la présidence n'a été aussi dédaigneux de la connaissance, indifférent aux faits, insensible à sa propre ignorance." L'homme, dit-il, est fantasque, incohérent et sans scrupule. Il a un côté vulgaire et cruel." Il dénonce son narcissisme, son "mélange détonant d'ignorance, d'instabilité émotionnelle, de démagogie, d'égocentrisme et d'esprit rancunier".
Le portrait déjà bien chargé n'est pas complet: Trump est aussi mauvais joueur. Il n'admet pas avoir perdu le premier round des caucus dans l'Iowa. Il accuse de tricherie Ted Cruz (3), qui l'a emporté.
Le fou de lui-même a en effet été dépassé par le fou de Dieu. L'ultraconservateur Cruz appelle ses supporters à prier chaque jour jusqu'aux élections pour qu'il l'emporte. Ne ferait-il pas assez confiance à Dieu pour qu'il faille le prier ? Cet homme doute de Dieu visiblement. Qu'on se le dise. Depuis les Etats-Unis, des amis me disent que Cruz est le genre de personnage qui n'hésite pas à marcher sur sa grand-mère pour arriver au pouvoir. Bref, un homme avec foi sans loi que l'ancien candidat républicain John Mc Cain a qualifié de "dingue" (4). Il s'est fait détester de tous ses collègues sénateurs par un obstructionnisme systématique. D'ailleurs, c'est ce qui le caractérise: il est contre tout. Contre Obamacare (le système de santé), contre l'avortement, contre le mariage homo, contre l'Etat fédéral, contre les impôts, contre l'immigration, contre l'écologie (il se range évidemment parmi les derniers climato-secptiques). La seule chose qu'il défende, c'est la possession d'armes. Pour ce faire, il s'est d'ailleurs fait filmer en train de faire cuire des tranches de bacon sur le canon de son fusil. Une vraie tête de lard.
Les primaires américaines du côté du parti de l'éléphant, celui des Républicains, reste(ro)nt une énigme. On se pince, on a du mal à y croire, on ne parvient pas à comprendre comment elles peuvent à ce point se transformer en combat de coqs stupides et teigneux.  
Je dis ça, je ne dis rien, mais si j'étais Nicolas Sarkozy, je m'empresserais de débaptiser mon parti. 

(1) "Le candidat des laissés-pour-compte", 8 janvier 2016,
in Le Courrier international, 28 janvier 2016.
(2)"Pourquoi je ne voterai jamais pour lui", The New York Times, 14 janvier 2016,
in Le Courrier international, 28 janvier 2016.
(3) http://www.lalibre.be/actu/international/trump-accuse-cruz-de-fraude-et-veut-un-nouveau-vote-dans-l-iowa-56b225533570fdebf5b1903f
(4) http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/02/02/primaires-republicaines-ted-cruz-la-voix-conservatrice_4857637_829254.html

lundi 1 février 2016

Ce qu'on entend comme bêtises

Arno était l'invité de Laurent Ruquier dans son émission de samedi soir (1). Il est amené à expliquer qu'il n'a jamais voulu avoir ni voiture, ni permis de conduire. Eric-Emmanuel Schmitt, lui aussi invité, signale - sans être contredit par quiconque - que "en Belgique, jusqu'en 2002, il suffisait d'acheter une voiture pour recevoir le permis de conduire. C'est vrai." Sauf que c'est entièrement faux. Le permis de conduire y est obligatoire depuis 1965. A cette époque, il a été donné à qui le demandait. Mais ensuite son attribution a nécessité la réussite d'un examen théorique. Personnellement, je l'ai passé en 1971. C'est en 1977 qu'un examen pratique a été ajouté à l'examen théorique. Eric-Emmannuel Schmitt se trompe donc juste de cinquante ans.
Que fait-on dans ces émissions bavardes? On cause. Les invités et les chroniqueurs sont là pour causer. Ce qu'ils font. Quitte à dire n'importe quoi.

(1) http://www.lalibre.be/culture/medias-tele/arno-refait-le-buzz-chez-ruquier-avec-son-erection-cerebrale-56adcbde3570b1fc10d41b54