mardi 31 mai 2011

Gifle à un indigne

Le populisme a des limites. Il arrive un moment où il se retourne contre lui-même. Silvio Berlusconi, président du Conseil italien, a cru pouvoir tout dire, tout faire. Affirmer, par exemple, tout récemment que "les juges sont le cancer de notre démocratie", lui que la justice poursuit depuis de longues années pour quantité d'affaires (notamment fiscales et sexuelles), mais ne parvient pas à rattraper, tant il transforme les lois à son avantage pour se protéger.
Il a appelé son parti "Casa della Liberta, "Maison des Libertés". Des amis italiens me disaient récemment qu'il entend par là faire savoir que tout lui est permis. C'est sa conception de la liberté. Elle est absolue, intouchable. "Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime, et la loi qui affranchit", écrivait Lacordaire (1). Berlusca l'a bien compris. La liberté, c'est sa liberté, il en use et abuse.
Tentant une dernière fois d'empêcher une victoire de la gauche à Milan, son bastion, Berlusconi a déclaré qu'avec elle, "Milan risque de devenir une cité islamique, une métropole pleine de camps roms, une ville assiégée par les immigrés". Les imprécations populistes virent à la bêtise, les électeurs ne s'y sont pas trompés. Cette fois. Et de nombreuses villes sont passées au centre gauche. Le cavaliere indigne est tombé de son cheval. C'est la chute de l'empire romain. On ne peut parler à son sujet de "grandeur et décadence". On chercherait en vain la grandeur.

(1) ce n'est pas Rousseau qui en est l'auteur, merci à la personne qui m'a précisé qu'il s'agit de Larcordaire ( voir à ce propos www.gautrais.com/Entre-le-fort-et-le-faible)

lundi 30 mai 2011

Le populisme a de belles fenêtres

En Europe, le populisme se porte bien. Une série de reportages dans la Libre Belgique tout au long de la semaine dernière en témoigne. S'il le fallait. Du nord au sud de l'Europe, d'ouest en est, on se rend compte que le simplisme, les déclarations à l'emporte-pièce l'emportent. Que le nationalisme, la xénophobie, l'égoïsme, la bêtise gagnent du terrain. Et que la réflexion, l'intelligence, la nuance, l'ouverture d'esprit ont peu de place dans les discours et dans les têtes. "Les gens" deviennent-ils plus bêtes? Les appareils idéologiques d'Etat (pour reprendre une expression gramscienne) concourent à augmenter la "crétinisation" (pour reprendre le titre d'un ouvrage de Charpentreau de... 1974). La télévision joue un rôle de premier plan en la matière. Quand elle est privée, on ne s'en étonne pas, même si on s'en navre. Le Lay, quand il était patron de TF1, avait exprimé sans état d'âme quel était son rôle: rendre disponibles à la pub les cerveaux de ses téléspectateurs. Quand la télé est publique, on en pleure. On s'arrache les cheveux (du moins, quand on en a encore). Hier soir, le JT de la RTBF s'ouvrait sur le retour du club de foot montois en première division. Une information qui dépassait à coup sûr toutes les autres. On voyait et entendait "des imbéciles heureux qui sont nés quelque part" brailler leur bonheur face caméra. Ces imbéciles heureux sont nés à Mons. Une semaine auparavant, d'autres étaient nés à Liège. Le fait que leur Standard ait remporté la coupe de Belgique valait de longs sujets au JT. Et un quart d'heure d'antenne le lendemain matin sur la Première à 7h45. Robert Wangermée, reviens !
A Barcelone, les jeunes protestataires pacifiques qui plaident pour un changement de régime se sont fait virer de la place manu militari. Entendez par là de manière extrêmement violente par la police. C'est qu'il fallait se préparer à faire place aux supporters vociférants du club de foot local qui allait sans doute - et ce fut chose faite - remporter la Coupe d'Europe. Panem et circenses. Non, non, rien n'a changé. Que se passerait-il si on supprimait le foot? "Les gens" se mettraient-ils à réfléchir? Les journalistes des télés publiques présenteraient-ils des sujets intelligents et intéressants? Le populisme déclinerait-il?

vendredi 27 mai 2011

Avoir l'R

C'est l'homme des organismes génériquement modifiés. C'est ainsi sans doute qu'il entend entrer dans l'histoire.
Rudy Demotte a changé le nom de sa région. On ne peut plus, depuis quelques années maintenant, parler du Hainaut Occidental. Sous peine de passer pour le dernier des ringards. Il faut dire "Wallonie picarde". C'est moderne. Wapi est plus tendance encore.
Désormais, il ne faut plus parler de la Région wallonne, mais de la Wallonie. D'ailleurs, le CESRW a perdu son R. Il est devenu le Conseil économique et social de Wallonie et non plus de la Région wallonne.
Et voilà que maintenant la Communauté Wallonie-Bruxelles de Belgique, ex-Communauté française, est rebaptisée Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce qui fâche les Flamands. Mais qu'importe après tout. Au point où on en est. De toute façon, dès qu'il sera premier ministre, Demotte requalifiera la Belgique. En Union flamandofrancophone peut-être. On est impatient de le savoir.

Au G8 à Deauville aujourd'hui, on a pu voir les présidents américain et français prendre la parole côte à côte, face à la presse. Obama s'exprime, Sarkozy ne réagit pas. Obama se tourne vers lui. Sarkozy a un rictus. Ce doit être un sourire. De Funès n'est pas mort. Il s'est réincarné en président. Il ne comprend toujours pas l'anglais.

mardi 24 mai 2011

Le droit au gaspillage

En Flandre (ce doit être à Termonde), un homme a été condamné tout récemment à six mois de prison. Son crime: avoir récupéré des denrées alimentaires dans les poubelles d'une grande surface. Le secteur de la grande distribution se défend: il en va de la santé des "récupérateurs", ils pourraient être malades en consommant des produits périmés, ils sont donc condamnés pour leur bien. Deux jours plus tard, dans un journal télévisé, une séquence était consacrée à la surpêche. Nos océans se vident. La situation devient extrêmement alarmante. Et chaque jour, tous les supermarchés mettent à la poubelle, par paquets entiers, des poissons et crustacés invendus. On voit par là que le monde a la pêche.

lundi 23 mai 2011

Se taire et se terrer?

En page "Opinions" de LLB du 13 mai, Jacques Van Doormael de Vielsalm raconte avoir été pris à partie par un client dans un restaurant qu'il fréquentait lui aussi à Antwerpen, parce qu'il avait l'outrecuidance de parler en français avec la serveuse, "manifestement flamande francophone". "Er is een taaldecreet", lui dit l'homme tout aussi manifestement furieux. Jacques Van Doorsmael lui fait remarquer que ce décret sur les langues s'applique aux affaires administratives, pas aux conversations privées. Le nationaliste bougonne.
Il raconte aussi ce coup de fil de sa soeur qui lui téléphone depuis Antwerpen. Elle lui parle en néerlandais, ce qu'elle n'a jamais fait depuis soixante ans, dit-il. Il découvrira plus tard, qu'elle avait peur "d'irriter le vendeur" en face de qui elle se trouvait.
On voit par ces attitudes qui frisent le terrorisme que nos libertés individuelles ont du souci à se faire. Des Flamands sensés le disent. Ainsi, dans le Vif du même jour (coïncidence), Guido Fonteyn, ancien éditorialiste du Standaard, aujourd'hui journaliste indépendant, ose affirmer que la montée en puissance de la NVA est celle "d'un parti conservateur de droite pur jus qui aspire à une Flandre indépendante où, en parfaite connivence avec les idées de Théodore Dalrymple (1), une classe supérieure s'appropriera le rôle de l'Etat et finira par brider les libertés individuelles".
Le campeur que je suis s'est retrouvé plus d'une fois en Bretagne, en Provence ou au beau milieu de la France dans des campings tenus par des Néerlandais et essentiellement fréquentés par leurs compatriotes et quelques Flamands. On y parle essentiellement - c'est assez logique - néerlandais. Ce que je fais dès lors aussi avec mes voisins qui ne parlent pas ou si peu le français. Même si la seule langue officielle en France est le français.
L'amateur de jardins que je suis s'est déjà retrouvé dans un salon du jardinage en Wallonie, à Beloeil plus précisément (2), où la plupart des exposants étaient Flamands et présentaient leurs plantes au moyen d'étiquettes rédigées en néerlandais. Sans que cela ne pose problème à qui que ce soit.
On voit par là que l'intelligence pousse où on veut bien la cultiver, mais qu'elle a tendance à décliner ces derniers temps. La carte des poussées nationalistes en Europe que publie LLB de ce jour le confirme. Ils sont puissants en Autriche, en Serbie, en Bulgarie, en Hongrie, en Flandre, aux Pays-Bas, en Suisse, en Italie, dans les pays scandinaves. Il y a en Finlande un parti des "Vrais Finlandais" qui a obtenu un peu plus de 19% des voix aux dernières élections. Y a-t-il une définition du Finlandais? Du Flamand? Peut-on être Flamand et parler français? Y a-t-il encore de la place pour un finno-suédois, un flamand francophone, un wallon flamand, un juif arabe, un hutu tutsie, un serbo-croate? On l'espère. On se le demande.

(1) G. Fonteyn nous explique que "Théodore Dalrymple fait figure de maître à penser de Bart De Wever. Cet intellectuel britannique ultraconservateur pèse de tout son poids sur nos négociations prégouvernementales bafouillantes". Il nous apprend que le think tank flamand Libera, tout aussi conservateur, vient d'accorder le prix annuel de la Liberté à Théodore Dalrymple. C'est Bart De Wever qui a prononcé son éloge." Le vif du 13.05.2011
(2) voir sur ce blog "J'ai acheté des plantes à Mooieoog", en date du 27.09.2007.

mercredi 18 mai 2011

Changement en vue

Dans nos boîtes courriel tombent régulièrement des messages circulaires. Certains tournent en boucle. On les voit revenir régulièrement pendant des années. L'un d'eux vient de m'être adressé, signé d'un soi-disant ingénieur d'EDF. L'homme (qui a oublié de signer - c'est fou le nombre de gens qui oublient de signer) affirme qu'il sera écolo "quand monsieur Nicolas Hulo (sic) cessera de rouler en 4x4 en Bretagne et en Corse".
Cette promesse a provoqué chez moi un déclic.
Je serai de gauche quand les élus socialistes rouleront en Dacia plutôt qu'en Mercedes ou en Porsche.
Je serai socialiste quand les pontes de ce parti cesseront d'utiliser le droit de cuissage.
Je serai solidaire quand mes voisins le seront avec moi.
Je ne jetterai plus de déchets par terre quand les rues seront propres.
Je respecterai les limitations de vitesse quand les voitures cesseront de me dépasser.
Je serai poli quand les autres seront au moins corrects.
Je n'aurai plus d'armes quand tous ces fous furieux se seront calmés.
Je deviendrai intelligent quand les autres seront moins cons.

lundi 16 mai 2011

Pirates contre critiques: 5-0

Apparemment, ce samedi 14 juin, un seul film était présenté au Festival de Cannes: le quatrième épisode des "Pirates des Caraïbes". La présence à l'écran et à Cannes de Johnny Depp et de Penelope Cruz suffisaient à en faire l'événement et à accaparer tous les "critiques". Pas de chance pour les autres films présentés ce jour-là: les Pirates ont pris toute la place. Au JT de la RTBF, Hugues Dayez estimait le film inintéressant mais y consacrait cependant l'ensemble de sa séquence du jour, avec le beau Johnny faisant son petit numéro en conférence de presse.
Au JT de France2, ce (visiblement mauvais) film faisait également l'événement dans un sujet gentillet. On y a appris qu'il y aurait une cinquième édition en préparation. On est content.
En zappant, on s'aperçoit que sur TF1 et sur Euronews, les Pirates des Caraïbes font le buzz, comme on dit aujourd'hui. Ou comment les JT se transforment en vitrines commerciales.
Le soir, c'était la grande soirée Eurovision. La télé, c'est vraiment le bonheur.

dimanche 15 mai 2011

En surclassement

La France a classé la corrida comme élément de son patrimoine culturel immatériel. Ce qui signifie qu'elle doit être préservée et que tout doit désormais être mis en oeuvre pour assurer sa perpétuation. Le Ministère de la Culture entend bien la proposer ensuite à l'UNESCO pour que la corrida figure sur la liste du patrimoine mondial. Vive la culture française, ce phare de l'humanité. La Catalogne, elle, a récemment interdit la tauromachie.
Quelques suggestions dans le même ordre d'idées.
La France pourrait aussi proposer au même classement la chasse à la palombe, le rapatriement de Roms ou l'énergie nucléaire.
La Flandre pourrait classer l'élevage de cochons hors-sol. La Belgique, le dialogue de sourds. L'Ouganda, l'homophobie. De nombreux pays d'Afrique, l'excision. Le Pakistan et l'Irak, les attentats aveugles.
Finalement, il serait plus simple que l'UNESCO classe directement la bêtise humaine au patrimoine immatériel de l'humanité. Ce qui éviterait aux différents pays de devoir procéder à des reconnaissances ponctuelles.

mardi 10 mai 2011

Le grand complot

Voilà neuf jours que Ben Laden est mort. En tout cas, voilà neuf jours qu'on nous a annoncé sa mort. Car est-il vraiment mort? C'est la question qui agite le landerneau universel qu'est internet. Ils sont nombreux ceux qui doutent. Qui crient au complot. Quand on tape "mort Ben Laden" sur Google, on obtient 19 millions d'articles. On ne peut les lire tous. On suppose que la grande majorité d'entre eux prend acte de l'élimination du chef terroriste et la commente. Mais on découvre ici et là que le doute s'est installé, qu'il galope. De nombreux bloggers jouent aux journalistes-détectives-juges. Ils ont tout compris. On ne la leur fait pas, à eux. On nous cache tout, on nous dit rien, disent-ils.
Un étrange site, "dav2012", annonçant que "l'ennemi public n°1 a été tué par un commando américain" demande "qui peut croire cet énième mensonge". Le site s'organise autour de thèmes qui dénotent un certain goût pour la confusion: "soleil", "nouvel ordre mondial", "prophéties", "mythologies"...
Un site intitulé "justice", sur skyblog, ne croit pas un mot de la mort de Ben Laden. C'est le site de "nationalistes européens". On croirait entendre Charles Bronson s'exprimer. En plus de se prendre pour des journalistes-détectives-juges, ils se voient aussi en shérifs. On en a froid dans le dos. Aucun nom, aucune signature n'apparaît. Seule une référence à Jean Thiriard qui fut, nous dit Wikipedia, à l'origine du national-communisme et membre des Amis du Grand Reich allemand (un autre blogger affirme qu'il fut aussi pro-OAS).
Parmi ceux qui ne croient pas à la mort de Big Ben, on découvre aussi un site qui a pour nom "Realinfos - la vérité est ailleurs". On en conclue qu'elle est chez lui. D'ailleurs, il parle des "merdias" avec trois points d'exclamation. Il faut toujours se méfier de ceux qui multiplient les points d'exclamation. Ils écrivent en criant. Les commentaires qui suivent sont effarants, affligeants, désespérants. Il n'y a pas de mention inutile à biffer. Certains sont simplement illisibles, écrits en charabia.
On voit par là que le délire se porte mieux que jamais et qu'ils sont nombreux ceux qui se plaisent à se croire victimes de grands complots. Dont le complot sioniste, il va sans dire.
Un constat: tous ces gens qui estiment que "on nous cache tout, on nous dit rien" ne signent jamais de leur nom. Ils s'appellent Pyrogène, Neo Lucide, Labesoche, Rahan, Chasouris ou autres pseudos courageux. Bref, ils se cachent. Ils ont donc raison :"on" nous cache tout, "on" nous dit rien. Mais alors vraiment rien.

lundi 9 mai 2011

Ce bon vieux temps

Nous vivons une époque superficielle. C'est le fond qui manque le plus. Contrairement à ce que pensait en son temps le laboureur de La Fontaine. Nous sommes mous, fatigués, sans consistance. Nous maîtrisons mal notre langue. Nous voulons tout. Et même n'importe quoi. Nos ancêtres avaient de la tenue, eux, un autre sens des valeurs. Il savaient s'assumer, tenir des positions fortes, même si elles devaient mener au duel, voire à la guerre. Ils ne courbaient pas l'échine. Ils savaient ce qu'est marcher, avait le sens de l'effort.
La lecture des oeuvres de Monsieur de Peyssonnel nous amène à relativiser les époques. A voir que l'histoire peut piétiner, que l'homme reste un homme, le prétentieux un pédant, que le courtisan reste courbé.
Dans un savoureux opuscule intitulé "Petite chronique du ridicule" sont rassemblés certains textes, écrits peu avant la Révolution française, dans lesquels le diplomate Charles de Peyssonnel fustigeait ces "ridicules qui nous environnent". La Petite Bibliothèque Payot qui a ressorti ces textes les a sous-titrés "Les Français ont-ils changé depuis 1782?". On imagine aisément que la réponse est négative. Elle l'est.

"L'unique préoccupation des grands est de plaire au maître, écrit-il: sa faveur est leur plus ardent désir, sa disgrâce leur plus grande crainte, l'éloignement de sa personne et des affaires, le supplice le plus cruel qu'ils puissent endurer. Ils flattent, ils caressent, ils encensent le favori; ils méprisent, ils insultent, ils accablent le disgracié avec une égale bassesse." On a en a vu aujourd'hui de ces grands qui soutenaient un jour le président tunisien ou ses collègues égyptien, voire libyen, pour le vilipender le lendemain. "Les grands n'affectent, les uns envers les autres, les dehors de l'amitié que lorsque des aménagements nécessaires et momentanés l'exigent. L'intérêt seul peut cimenter entre eux des liaisons passagères dans lesquels le sentiment n'entre jamais pour rien: ils ne se réunissent et ne se prêtent une assistance réciproque que lorsqu'ils ont besoin de secours mutuels", écrit de Peyssonnel. "Les grands, dit-il, jouent tout, et ne sentent rien."

Dans un autre chapitre, il s'en prend aux "outrages faits à la langue française" et sa cible n'est pas celle que l'on pourrait croire. "Les Parisiens, constate-t-il, depuis le bas peuple jusqu'aux grands, et même les savants et les gens de lettres, prononcent Baptisse pour Baptiste, rhumatisse pour rhumatisme, architèque pour architecte, etc. Ces barbarismes ne se commettent pas en province. Si l'accent et les fautes du langage du provincial fatiguent les oreilles du Parisien, le provincial n'est pas moins étonné de trouver dans la capitale des gens du bel air parler une langue inconnue." On connaît aujourd'hui des présidents de république et des présentateurs du Journal télévisé qui, même bruxellois, parlent une langue trop parisienne.

Monsieur de Peysonnel se penche ainsi sur "les usages nouveaux", sur "la paresse des Français à apprendre les langues étrangères", sur "la manie de renoncer à l'usage salutaire des jambes", sur "la consommation du café", sur "les désirs immodérés" et tant d'autres modes de vie. Une vie qui, avec le recul, nous paraît bien peu différente plus de deux siècles plus tard.

Charles de Peyssonnel: "Petite chronique du ridicule - Les Français ont-ils changé depuis 1782?", Petite Bibliothèque Payot, 2007

jeudi 5 mai 2011

Dany Josse et les hyènes

Nous avons été collègues et amis. De 1999 à 2004, nous avons siégé au Parlement wallon et à celui de la Communauté française. Là, Dany Josse présidait la Commission de la Culture et de la Communication. J'en étais membre. Nous avons alors beaucoup travaillé ensemble. Son passage au PS nous avait éloignés. A Mons, en visite de stage, je l'avais revu - ce devait être il y a deux ou trois ans - au Carré des Arts où il dirigeait le Carré des Associations. J'ai appris sa mort avant-hier, avec une réelle tristesse.
Cherchant des informations sur Internet, je trouve, notamment, un article sur le site de la Libre, lui rendant hommage. Je lis les commentaires, des témoignages d'amitié et de respect. Et puis aussi, de manière incompréhensible et injustifiée, des propos d'une bêtise et d'une bassesse confondantes: "une personne de moins à charge du contribuable. Amen. Paix à son âme verte". Le message est courageusement signé "Freddivers" de Beez. Il aurait pu être signé hyène puante ou chacal stupide. Qui s'étonnera que Marine Le Pen caracole en tête des sondages? Les glapissements des hyènes ne changeront rien à la passion que Dany nourrissait pour la culture. C'est, entre autres, ce que je retiendrai de lui. Et j'oublierai tout des hyènes imbéciles qui ne peuvent pas savoir que se taire est, souvent, une preuve d'intelligence.

mardi 3 mai 2011

A quoi ça tient

Oussama Ben Laden a été tué. William et Kate se sont mariés. Jean-Paul II est bienheureux. Bart De Wever est prêt à la formation d'un gouvernement. La météo annonce du soleil pour toute la semaine. Ne manquerait plus que Carla fasse un bébé-médicament capable d'assurer la réélection de son chouchou de mari et ce serait le bonheur. Non?

lundi 2 mai 2011

Zapping

Dimanche 1er mai, en voiture. A 18h, on quitte le superbe album Chamber Music de Ballaké Sissoko et Vincent Segal pour écouter les informations sur la Première. On sait déjà qui on va entendre et ce qu'il va dire. On n'est pas déçu. C'est bien sûr Elio Di Rupo qui parle: "la droite, comme disait Karl Marx". On rit. On repasse aussitôt sur le cd. On sait que chaque premier mai, le Ps est à gauche et est même capable de devenir marxiste. Et chaque 2 mai, il se remet à soutenir le moindre promoteur venu, même s'il débarque avec des projets absurdes, dépassés, injurieux pour la planète. On se dit que ce devrait être le 1er mai tous les jours.
Le soir, au JT, on ne peut s'empêcher de sourire, un peu navré, en voyant tous ces notables chanter l'Internationale, le poing levé. Vous reprendrez bien un petit four, une coupe de champagne?
Le MR fait tout autant sourire dans sa tentative de récupérer la fête du travail. Jodoigne a été élue, depuis des années maintenant, capitale wallonne du travail. Le bleu domine, même si les cravates ont remplacé les sarraus. On retrouve Monteverdi sur Arte.
Et le 2 mai, on est content d'être le lendemain.