vendredi 27 août 2010

Cumulet par monts et par vaux

Egaré durant quelques semaines en pleine nature au coeur de la France, je récupère mon retard en matière d'information belge. Je découvre des nouvelles un peu vieillies. Mais d'un intérêt indéniable. Et notamment celle-ci qui indique que la fédération du PS de Wallonie picarde a modifié ses statuts. Ceux du PS du Hainaut occidental interdisaient à un élu de cumuler un poste de parlementaire avec celui de bourgmestre ou d'échevin (même "empêché) d'une commune de plus de 50.00 habitants. De telles communes, Tournai et Mouscron en l'occurrence, requéraient un bourgmestre à plein temps. Requéraient. Car l'interdiction vient d'être levée au sein du PS de Wallonie picarde. Et les journalistes aussitôt de se gausser. "Le PS retourne sa veste", titre la Libre du 10 juillet. Et le Vif du 16 juillet parle d' "éthique en toc au PS picard". On sait comment sont les journalistes, critiques, voire sarcastiques. En l'espèce, ils n'ont pas compris. On sait que la règle a été modifiée pour permettre à Rudy Demotte de devenir bourgmestre de Tournai en 2013. C'est une évidence. Mais il ne s'agit pas pour lui de cumuler. Le mot est horrible. Non, le double ministre-président s'ennuie. Il a du temps à revendre. Récemment, il a été obligé de quitter Flobecq et ses collines. Il n'est pas homme d'altitude. Il est descendu dans la vallée de l'Escaut et s'est installé à Tournai. Et s'est dit qu'il pourrait utilement mettre son temps libre à la disposition des habitants de la capitale de sa chère Wallonie picarde. Tournai ne représente après tout qu'un petit crochet entre Namur où il ministre-préside la Région wallonne et Bruxelles où il ministre-préside la Communauté française. L'homme sait donner de son temps. C'est un dévoué. Et les journalistes, persifleurs, ne le comprennent pas. On voit par là que l'homme a de la ressource. Il peut s'inscrire dans l'avenir. Même à reculons.

mercredi 25 août 2010

L'insécurité expliquée à ma fille

Nos pays deviennent de plus en plus insécurisés. C'est du moins ce qu'affirme le comptoir du Café du commerce. Et il arrive, il faut le reconnaître, que certains faits donnent raison au comptoir. La solution à l'insécurité est simple. Le président français Nicolas Sarkozy la connaît, il en a identifié les responsables: en France, ce sont les Roms, les citoyens français d'origine étrangère et les parents des jeunes délinquants. L'insécurité est le fait des étrangers. Les autres font d'excellents français. L'homme qui agit avant de réfléchir a pris et va prendre des mesures.

Réagissant, en juillet dernier, aux émeutes qui ont éclaté dans un quartier de Grenoble suite à la mort d'un délinquant, il a annoncé son intention de déchoir de la nationalité française les citoyens d'origine étrangère qui attenteraient à la vie d'un policier. On voit par là bien des choses: qu'il est plus grave de s'attaquer à un policier qu'à un enfant ou à une personne âgée, que les citoyens français d'origine française ne risquent pas de perdre leur nationalité, qu'il y a, au moins, deux catégories de citoyens, même si ce n'est pas ce que dit la constitution. On voit aussi que, depuis cette mâle déclaration, les truands français d'origine étrangère se tiennent à carreau: ils ont peur. Peut-être même tremblent-ils. "Retirer sa nationalité française à un tueur de flic ou un exciseur a peu de chance d'avoir un quelconque effet sur les statistiques criminelles. Sauf à imaginer que la perspective de ne plus être français soit plus dissuasive encore que celle de passer trente ans en prison... On peut risquer l'hypothèse que le gangster moyen s'en tape", écrit le Canard enchaîné du 4 août.
Mais, au fond, qu'est-ce qu'une origine étrangère pour nous êtres humains qui descendons tous de Lucy, depuis le rift est-africain? Pour être d'origine autochtone, faut-il avoir quatre grands-parents français? Huit arrière-grands-parents? Avoir un nom à consonance française? Avoir toujours habité en France? Boire du vin à chaque repas? Lire le Figaro Madame chez le coiffeur? Rouler en Renault ou en Citroën? Porter une Rollex?
Clovis, fondateur de la monarchie franque, était Belge. Mais le savait-il? La Belgique n'était alors pas un Etat. Clovis qui fut aux origines de la France était-il d'origine étrangère? Aurait-il pu perdre sa nationalité franque pour avoir fracassé le crâne d'un de ses soldats suite à l'épisode du vase de Soissons? Et si demain la Belgique éclate et que la Wallonie est rattachée à la France, serons-nous, nous Wallons, des Français d'origine étrangère? On voit par là que le président français devrait moins écouter le comptoir du Café du commerce et beaucoup plus celui du Café de la paix.

Les Roms sont les autres responsables de l'insécurité. Il faut dire qu'il l'ont bien cherché: le 17 juillet, un jeune conducteur a été abattu par la police après un vol, alors qu'il fuyait en voiture. De colère, ses proches ont saccagé le centre de la commune de Saint-Aignan-sur-Cher. Depuis lors, l'épileptique de l'Elysée (comme on l'appelle, paraît-il, au PS français) renvoie "chez eux", en Roumanie ou en Bulgarie, des Roms par centaines. Ces derniers ne comprennent pas bien ce qui leur tombe dessus, n'étant en rien concernés par les événements du Cher: "à Saint-Aignan, ce sont des gens du voyage qui ne voyagent plus, français à cent pour cent et sédentarisés qui ont déboulé dans la ville", écrit le Canard enchaîné du 4 août. "Et à qui Sarko a-t-il déclaré la guerre le 26 juillet? A des étrangers nomades, venus de Roumanie, de Bulgarie ou de Hongrie."
En fait, Sarko et les Roms c'est un peu Bush et Saddam Hussein. Une erreur de cible. Bush était convaincu que Saddam protégeait Al Quaida. Il faut dire à sa décharge qu'ils ont tous l'air arabe là-bas. Et Sarko a, lui aussi, bien du mal à suivre: si les gens du voyage sont sédentarisés, ne restent que les Roms nomades, non? D'autant qu'ils sont nombreux à occuper des camps illicites et donc à générer de l'insécurité. Les communes françaises de plus de 5000 habitants sont tenues d'offrir des terrains aux gens du voyage. Mais seules un tiers d'entre elles se seraient conformées à cette obligation. Qui est donc dans l'illégalité?
Rudolf Sarközi s'inquiète des expulsions dont sont victime les Roms en France: "on ne peut laisser se développer des campements sans contrôle. Il ne s'agit pas non plus de défendre la délinquance et l'oisiveté. Mais si on offrait à ces gens des terrains où ils puissent vivre dignement, ce serait un pas vers l'intégration", estime ce porte-parole des Roms d'Autriche, très éloigné des positions de son lointain cousin français (dans le Soir du 21 août).
(Sur les Roms, lire l'éclairage de Marcel Courthiade, professeur de langue et de civilisation romani, sous le titre Les boucs émissaires, dans Télérama de ce 25 août.)

Enfin, autres responsables de l'insécurité: les parents qui ne réussissent pas à se faire obéir de leurs enfants. C'est ce qu'on appelle une ciottise. Le député UMP Eric Ciotti proposent que si de jeunes délinquants ne respectent pas les injonctions de justice, leurs parents soient envoyés deux ans en prison. C'est sûr: on imagine bien que les jeunes, en l'absence de leurs parents, seront tout de suite plus obéissants. Il suffisait d'y penser.

L'insécurité, c'est donc très simple à juguler. Il suffit de trouver vite des coupables. En embrassant en même temps voluptueusement sur la bouche les électeurs d'extrême-droite. "Quand on va chercher l'électorat du Front national, voilà sur quels scandales on débouche, déclarait Michel Rocard dans Marianne du 7 août. La loi sur les mineurs délinquants passe de la responsabilité pénale individuelle à la responsabilité collective. On n'avait pas vu ça depuis Vichy, on n'avait pas vu ça depuis les nazis. Mettre la priorité sur la répression, c'est une politique de guerre civile", estime l'ancien premier ministre. Qui ajoute: "je dis qu'il (le président) le paiera et qu'il l'aura mérité".

post-scriptum: de quoi parlait début juillet l'indispensable député UMP Frédéric Lefevre quand il disait que "assister à de l'injustice en direct et voir que cette injustice n'est jamais réparée, c'est simplement insupportable"? De l'expulsion des Roms? Non, de l'absence d' enregistrement vidéo lors des matches internationaux de foot. Lefevre sait où sont les priorités et ses électeurs.

mercredi 18 août 2010

Contre la barbarie

Les autorités iraniennes ont fait savoir qu'elles ne tiendraient aucun compte des pressions dont elles sont l'objet pour épargner la vie de Sakineh Mohammadi Ashtiani. Cette femme, mère de deux enfants, accusée et condamnée pour adultère dans un premier temps, pour complicité de meurtre dans un second temps. Ses avocats et Amnesty International affirment qu'elle n'avait tout d'abord été condamnée que pour avoir eu une relation illégale après la mort de son mari. L'accusation de complicité de meurtre n'a été ajoutée qu'ensuite pour justifier la peine capitale. Qui sera exécutée par lapidation. Par pendaison si les autorités se montrent magnanimes! Les autorités iraniennes estiment que les pressions dont elles sont l'objet sont politiques. Comme si l'attitude barbare de ces mêmes autorités vis-à-vis de leur peuple et des femmes en particulier n'était pas politique. Elles dénoncent l'ingérence dans leurs (sombres) affaires. "Lorsqu'on parle de la souveraineté d'un pays, s'agit-il de la souveraineté du peuple ou de celle d'une oligarchie qui réprime le peuple?, écrit la romancière et essayiste Chahdortt Djavann dans "Ne négociez pas avec le régime iranien" (Flammarion 2009). Elle rappelle que "des dizaines de milliers de femmes ont résisté à l'imposition du voile en Iran au début de l'instauration du régime islamique, des centaines ont été pendues, lapidées; sur le visage de certaines d'entre elles les hommes de Khomeiny ont jeté de l'acide". Visiblement, les femmes iraniennes n'ont rien gagné de Khomeiny à Ahmadinejad. L'histoire piétine. Les piétine. Nous pouvons envoyer un message de défense de Sakineh Mohammadi Ashtiani via www.isavelives.be (Amnesty International). Il y a urgence. "On est fâché d'être né. On est indigné d'être homme. Comment s'est-il trouvé des barbares pour ordonner ces crimes, et tant d'autres barbares pour les exécuter?", écrivait Voltaire (*). "Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?"

(*) cité dans le Vif du 13 août dernier.

lundi 16 août 2010

Vive la pertinence, surtout quand elle est impertinente

C'est un rendez-vous quotidien et salutaire, de ces chroniques qu'on ne veut pas rater, parce qu'elles visent juste et haut, parce qu'elles parlent à notre intelligence, parce qu'elles sont pertinentes autant qu'impertinentes.
Ce sont les chroniques de Paul Hermant sur la Première chaîne radio de la RTBF, chaque matin du lundi au vendredi, vers 7h20.
Elles nous sont destinées, à nous, "auditeurs post-modernes", nous amènent à prendre du recul tout autant que de la hauteur. Paul Hermant y parle de l'homme, de l'être humain, surtout des laissés pour compte, des sans domicile fixe, sans papier, sans moyens. Mais aussi de ceux qui les ont, les moyens, les papiers, les domiciles. Il connecte deux ou trois faits d'actualité, établit des correspondances auxquelles on ne pensait pas, met le doigt sur les incohérences de nos mondes. On peut les retrouver sur son site: www.lautresite.com
Aujourd'hui, la chronique quotidienne de Paul Hermant est menacée de disparition. Allez comprendre pourquoi. Il y a quelques mois (si je me souviens bien, c'était en pleine "affaire Guillon-Porte" sur France Inter), il s'interrogeait sur l'impertinence. La direction de la radio, semble-t-il, ou des auditeurs, je ne sais plus, regrettai(en)t l'absence d'impertinence sur la Première. Parler chaque matin des oubliés de la société est-ce pertinent ou impertinent? Relever les absurdités ou le cynisme de certaines politiques, est-ce plus ou moins impertinent que de comparer une femme politique à un pot à tabac?
Ce qui est clair, c'est que supprimer les chroniques de Paul Hermant n'est pas du tout pertinent. C'est juste petit et triste.
Pour faire savoir à la direction de la radio que nous voulons continuer à entendre cette voix dissonante, une pétition a été lancée:
http://www.lapetition.be/en-ligne/oui-aux-chroniques-de-paul-hermant-sur-la-rtbf--7812.html

dimanche 15 août 2010

No logo

Il y a quelques années, les écologistes flamands ont changé le nom de leur parti. Agalev est devenu Groen. L'agence de com' qui a - je suppose - "pensé" ce nouveau nom y a adjoint un point d'exclamation pour affirmer plus haut et plus fort la verdeur du parti: ne dites plus "Agalev", dites "Groen!".
Depuis, quasiment tous les journalistes de presse écrite se font un devoir de reproduire dans leurs articles ce qui s'apparente à un logo: ils ajoutent chaque fois le point d'exclamation après le nom du parti. Ce qui n'a aucun sens. Non seulement parce qu'un journaliste n'est pas un chargé de com', il n'a donc pas à reproduire un logo, mais surtout parce que la phrase y perd son sens et le lecteur son latin. Placer au milieu d'une phrase un point d'exclamation crée de la confusion. Et s'il est placé en fin de phrase, est-il la marque de l'exclamation de l'auteur du texte ou la reproduction du logo de Groen? Récemment, évoquant les négociations en cours pour la formation du gouvernement, un journal titrait: "Di Rupo reçoit Groen!". En plaçant le point d'exclamation, le journaliste veut-il indiquer que la rencontre est inattendue ou veut-il simplement respecter le logo du parti? Si c'est le cas, pourquoi alors ne pas écrire PS avec un P étroit et un S large, pourquoi ne pas écrire Ecolo en minuscules et CDH avec un h démesuré?
Et les journalistes de radio et de télé, eux, devraient alors faire entendre le point d'exclamation chaque fois qu'ils évoquent Groen. Ce qui serait tout aussi ridicule et troublant qu'à la lecture en fin de compte. Journalistes, de grâce, épargnez-nous ce point d'exclamation. On comprendra mieux quand vous vous exclamez personnellement.

vendredi 13 août 2010

Burqwa pas, après tout?

J'ai lu dans la presse cet été que, dans un centre de vacances du sud de la France, deux femmes prétendaient nager dans la piscine habillées de pied en cap. En cap, c'est le cas de le dire, puisqu'elles étaient aussi voilées. Le maître nageur s'y est opposé, relevant que même le port du short est interdit. Le mari d'une des deux femmes s'est fâché, allant jusqu'à menacer le maître nageur avec ses boules de pétanque.
On voit par là que le mari en question est sur la voie de l'intégration: il s'est mis à la pétanque, mais ne sait pas encore bien à quoi servent les boules. Allez, encore un petit effort!
Je suppose qu'il a dû se trouver ou qu'il se trouvera quelques bonnes âmes (?) du côté de la gauche anti-colonialiste, pour défendre le droit de nager tout habillé, sous prétexte de diversité culturelle. Et pourquoi pas, bientôt, défendre le port de la burqua en centre naturiste? Nue sous la burqa bien sûr.