lundi 30 janvier 2012

Syndicats - Gouvernement : 0,5- 0

Les syndicats ont mobilisé leurs troupes aujourd'hui. Leurs récriminations sont pertinentes. Ce gouvernement fédéral a pris des mesures (anti)sociales sans concertation. Ce qui n'est pas habituel en Belgique où tout se négocie. La tradition a été mise en échec, la mobilisation fut un succès. C'est indéniable. Mais pourquoi faut-il qu'elle soit forcée, obligée, contrainte? On sait qu'on tient là des propos qui ne sont pas politiquement corrects. Surtout quand on s'affirme de gauche. C'est qu'on se sent mal à l'aise quand on voit une vingtaine de personnes - parfois plus, parfois moins - obliger un petit indépendant à baisser son volet, obliger des travailleurs précaires à abandonner leur chantier, c'est-à-dire à en changer, à aller travailler ailleurs, discrètement, pour essayer de ne pas perdre, complètement, leur journée. Le leader syndical a alors la même morgue qu'un patron. Certains sont payés pour cette journée de grève, d'autres recevront une indemnité. D'autres encore y perdront un argent dont ils ont un cruel besoin. Les leaders syndicaux déclaraient hier au JT, la main sur le cœur, qu'il n'y aurait pas de blocage de routes. Il n'y aurait qu'une affirmation forte d'une opposition à ce gouvernement et à ses décisions antisociales. Il y en eut beaucoup, des blocages. Servent-elles la cause des syndicats? On ne le croit pas. La loi du nombre est plus terroriste que démocratique. Pendant que de petits travailleurs étaient empêchés de travailler, le Sommet européen se réunissait. Il y a erreur d'adversaire. Qui gagne, qui perd, à ce jeu perverti?

J'avais le dégoût / Le dégoût d'quoi? / J'sais pas, mais l'dégoût / Tout p'tit déjà, c'est fou comme tout m'foutait l'dégoût.
Alain Souchon

dimanche 29 janvier 2012

L'avis d'un spécialiste

Bart De Wever a maigri, c'est un fait. Il a perdu, nous dit-on, plus de trente kilos. Mais pas un gramme de culot. Il parle (1) de la grève annoncée comme générale pour ce lundi. Il s'indigne. Une minorité ne peut empêcher la majorité de travailler, dit-il. On a un peu de mal à le comprendre. Les syndicats entendent bloquer le pays vingt-quatre heures. Lui et sa NVA, très minoritaires dans ce pays, ont bloqué la Belgique pendant près d'un an et demi.
Juste après , on l'entend chanter. Très faux.

(1) JT de la RTBF ce soir

samedi 28 janvier 2012

Excitations du libéralisme

Le libéralisme a de beaux jours devant lui. De jeunes loups s'en occupent. Ils ont les dents longues et la contradiction souple. Ainsi, Georges-Louis Bouchez: à 26 ans, le voilà chef de file du MR montois. Il proclame son admiration pour Nicolas Sarkozy, "le politique le plus en phase avec le XXIe siècle. On vit dans un monde où tout va très vite. Et on a donc besoin de décideurs réactifs, de gestionnaires de crise. Sarkozy, il a un tel dynamisme que, quelque part, il n'est bon que quand il se trouve au pied du mur", déclare-t-il (1). On voit par là que, quand on est jeune, on peut confondre dynamisme et agitation, action et gesticulation, réactivité et névrose. Il ajoute que si certains reprochent au président français d'être un excité, lui aimerait "qu'on en ait plus, des excités".
Georges-Louis Bouchez est un grand amateur de Formule 1, défenseur du Grand Prix de Francorchamps, sur "un circuit mythique" qu'il entend soutenir. Même s'il en coûte quatre à cinq millions d'euros à la Région wallonne chaque année. "C'est un événement vital pour le rayonnement de la Belgique", dit-il, ajoutant que la dépense lui paraît "plus utile que nombre de campagnes de communication" . Est-il un vrai libéral? On se le demande. Les libéraux condamnent l'excès d'interventionnisme des pouvoirs publics. Il faut "moins d'Etat" et laisser faire la concurrence. Elle est saine, disent-ils. Il faut donner toute sa place à l'initiative privée et se débarrasser des canards boiteux. On avait identifié les libéraux aux pourfendeurs de taxes. Ils dénoncent à tout-va la "rage taxatoire". On se pose la question: d'où viennent donc les cinq millions d'euros, trop généreusement accordés par la Région wallonne aux organisateurs du GP pour épurer leur déficit chronique, sinon de taxes et d'impôts? Les libéraux aiment les taxes quand elles vont dans les poches d'une multinationale qui fait rêver quelques excités et méprise les règles appliquées aux autres. Alors seulement, le libéralisme aime l'Etat providence. Celui qui sauve les banques par exemple et fait payer la crise aux travailleurs.

(1) Le Vif, 20 janvier 2012

vendredi 27 janvier 2012

Liliane Wouters

"les quinze choses que jamais je n'ai pu faire :

courber le front devant plus grand que moi,

marcher sur plus petit, montrer du doigt,

crier avec la foule, ou bien me taire,

reconnaître parmi les Blancs le Noir,

choisir dix justes, nommer un coupable,

trouver telle attitude convenable,

lire un autre que moi dans les miroirs,

conjuguer l'amour à plusieurs personnes,

résister à la tentation, blesser exprès,

rester dans l'indécis, dire Cambronne

au lieu de merde, qui est plus français."


extrait de "A l'enfant que je n'ai pas eu", Liliane Wouters

jeudi 26 janvier 2012

Vox populi

On devrait supprimer les bureaux de vote. Arrêter de perdre son temps à faire la file à leur entrée. On pourrait faire la grasse matinée le dimanche matin. On voterait par Internet. J'aime ou je n'aime pas, indiquerait-on face aux noms des candidats. On tiendrait compte pour cela de leurs avis à nos propositions. Pourquoi leur parti et eux perdent-ils leur temps à réfléchir à un programme, alors que l'ensemble des citoyens a des idées? Et qu'elles sont si intéressantes.
Le site propx.fr recueille les propositions des citoyens. Elles tombent à tout instant. On oserait même dire qu'elles s'accumulent. Ce jeudi à 21h, elles étaient déjà 10.858. Les candidats à l'élection présidentielle française ont l'occasion d'y réagir. Ces réactions sont calibrées: ils ont le choix entre "trop compliqué, trop cher", "intéressant, je vais y réfléchir", "ne comptez pas sur moi", "excellent, je vais le faire" ou encore "lol". Ils ne doivent pas encombrer le site avec leurs commentaires. Le site n'aime pas les nuances, pas plus que l'argumentation. Il déteste le débat de fond, privilégie les positions tranchées. Il aime la brièveté et la réactivité. Elles sont de son époque.
Les propositions des internautes vont dans tous les sens. On y trouve tout et - évidemment - son contraire. Il faut taxer moins. Il faut taxer plus. Il faut donner la priorité aux Français. Il faut accorder plus de place aux étrangers. On y trouve des idées sensées: soutenir l'agriculture bio, mieux intégrer les handicapés, mener de la prévention en matière de santé, plafonner les revenus des élus cumulards, désengorger les prisons par des peines alternatives, investir plus dans l'éducation et moins dans l'armée.
Mais on y est aussi branché en permanence sur le Café du Commerce. Il faut "virer un maximum de bureaucrates des hôpitaux", dit un citoyen. Un autre estime qu'il faut "pousser les jeune ayant des capacitée a reussir et les motiver car si certain sont turbulan c'est parcequ'il s'ennuie en cour, donc demotiver" (sic). "Napoléon" a une proposition originale: "changer de président!!!".
On rencontre parfois quelques difficultés à comprendre où se situe la proposition. "Moins il y aura de Sécu, plus nombreux seront les lits d'hôpitaux et meilleurs seront les soins médicaux", estime un citoyen qui gagnerait à se faire comprendre. Tout comme celui qui affirme que "dans une démocatie le président est représantent et non dirigeant telle les écrits dans les dictionnaires" (re-sic). On en reste sans voix. On est content de ne pas être candidat.
On voit par là que la démocatie reste un exercice difficile. On ne sait comment faire la part de choses entre bloggeurs et blagueurs. Involontaires parfois.

lire "Chouette, cochez!" (rubrique "Le meilleur et le pire du Web", Télérama, 11 janvier 2012

mardi 24 janvier 2012

Les voix de leurs maîtres

Ils sont les gardiens de l'ordre social existant. C'est ce qui apparaît clairement dans le documentaire de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, "Les nouveaux chiens de garde" (1). Ces chiens de garde sont présentateurs des principaux journaux télévisés en France, éditorialistes en radio et dans la presse écrite. Ils peuvent changer de fonction, de média, de chemise ou de coupe de cheveux, jamais d'optique: hors le système libéral, point de salut. Ils invitent des experts économiques, toujours les mêmes, prêcheurs de réformes. Ces réformes, en général synonymes de perte d'acquis sociaux, les Français y sont réticents. Ce qui signifie qu'ils sont conservateurs, qu'ils ne savent pas évoluer avec leur temps. Ces experts sont aussi, la plupart du temps, administrateurs de plusieurs grands groupes économiques. Des entreprises qui pèsent lourd en bourse. Mais c'est sous leur fonction de chercheur ou de professeur qu'ils sont cités. Les journalistes oublient d'évoquer leur statut d'administrateur. Les journalistes sont des gens pressés. Tous ces experts économiques et politiques, d'une pseudo gauche ou d'une franche droite, débattent entre eux, pour dire qu'ils sont d'accord sur l'essentiel, sur l'économie, sur l'insécurité, sur la solidité et la flexibilité du système capitaliste. Ils jouent à je t'invite, tu m'invites, nous nous invitons. Ils se reçoivent les uns les autres dans leurs émissions. Chaque dernier mercredi du mois, ces membres du gratin politique, économique et médiatique se retrouvent dans un restaurant parisien. Ils n'y refont pas le monde, ils le protègent.
Ils sont l'élite, ont la délicate mission d'éduquer la masse, de rendre les cerveaux disponibles, de formater les esprits. Ce présentateur enjoint un éducateur social d'appeler les jeunes à cesser de brûler des voitures. Cet autre invite un syndicaliste à calmer ses troupes qui manifestent contre la fermeture de leur usine. Ils sont convaincus que le message de la télé est parole d'évangile. Ils veulent le bien de la France.
Le documentaire, au langage joliment ironique, est une adaptation du livre de Serge Halimi, au même titre, publié en 1997. Depuis, le système n'a pas changé, il s'est légèrement fragilisé. Ses thuriféraires sont juste un peu moins fiers. PPDA avait écrit que Halimi avait "une façon archaïque de voir le monde". Lui, on le sait, en a une vision moderne: il pique les textes des autres, trafique ses interviews. Il joue son rôle, il aboie sur les intrus, flatte ses maîtres.
La presse française est indépendante, objective et pluraliste. C'est qu'ils disent, s'offusquant qu'on puisse mettre en doute ces qualités. On est loin de l'ORTF du Général où le ministre Peyrefitte venait sur le plateau du JT expliquer comment il avait décidé que celui-ci serait dorénavant mené. Aujourd'hui, la presse française est aux mains de grands groupes économiques, appareil idéologique au service de la politique libérale, diffusant un message à la pensée unique.
Présentant Paul Nizan, qui avait écrit en 1932, "Les chiens de garde", Pierre Desgraupes estimait qu'il y avait assez d'écrivains agréables. "Ce qui nous manque, disait-il, ce sont des écrivains désagréables", plaçant Nizan parmi ceux-ci. Après la vision des "Nouveaux chiens de garde", on ne peut que regretter qu'il y ait trop de gentils journalistes aux dents longues. Et au profil bas.

post-sriptum: cet avis de Benoît Delépine (de Groland, notamment): " J'ai une télé chez moi où il n'y a que les chaînes normales et la TNT. C'est une caricature de télévision. De la télé comme à l'époque de Berlusconi en 80. C'est zéro. Minable. Qu'on le veuille ou non, il y a un vrai verrouillage intellectuel des médias en France. Il y a un sarkozyste dans chaque chaîne, chaque journal". (2)

(1) présenté au Ramdam Festival à Tournai ce 22 janvier
(2) "Et l'impolitesse, bordel?", Focus/vif, 23 décembre 2012

mardi 17 janvier 2012

Les dessous de la politique

Comment va la politique? Elle se dévoile. Elle est affaire de strip-teaseurs, de vedettes de variétés et de sportifs.
Ils ont constamment besoin qu'on parle d'eux. Besoin d'être vus. D'être reconnus. Dans les deux sens du terme. Et pas d'abord pour leurs idées. En tout cas, c'est de leur physique qu'ils usent - et même abusent - pour plaire.
On a vu Elio Di Rupo en maillot rouge (faute de noeud papillon), exhibant son corps sans âge à l'inauguration de la piscine de sa ville.
On a vu Rudy Demotte jouant les maillots jaunes pour annoncer que le Tour de France fera étape dans sa ville (future, maisc'estcommesic'étaitfait).
Et voilà que l'on vient de voir le député-bourgmestre d'Estaimpuis interpréter en slip devant le personnel de sa commune "Tout nu et tout bronzé". Il n'en était pas à sa première exhibition, nous dit-on.
On ne sait où ils s'arrêteront, s'ils se sont fixés des limites, si le vade-mecum du parfait maïeur socialiste prescrit ce type d'attitude.
Quand il a envisagé de se porter candidat à la présidence française, Coluche s'était fait photographier nu, avec une plume dans le derrière. Finalement, il n'était pas dans la caricature.
Le populisme a de beaux jours devant lui. Mais la politique?

Lire aussi "Daniel fait du jogging", billet du 14.11.2010
et "L'Hercule picard", du 6.10.2010

lundi 16 janvier 2012

Vieilles marmites

Dans la famille La Haine, je choisis la fille, Jeanne-Marine. Un sondage récent (1) nous apprend que près d'un tiers des Français seraient d'accord avec les idées du Front national. Un tiers des Français auraient le front bas, les idées courtes. On a du mal à le croire. L'extrême-droite a l'habitude d'affirmer qu'elle dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas (2). Ses représentants seraient juste des caisses de résonance. Mais pas de raisonnement. Ces bas parleurs pensent que le peuple est idiot, fait de cerveaux disponibles prêts à avaler les soupes les plus rances, que le simplisme, les boucs émissaires, le rejet de l'autre, le yaka fonctionnent bien dans une opinion publique désemparée. Yaka réinventer le franc, yaka renvoyer les étrangers chez eux, yaka (r)appliquer la loi du talion. Bref, la politique est chose simple pour qui veut ramasser des voix sans se fatiguer: yaka revenir en arrière. Car elle est là la solution: revenir à une bonne vieille France (ou une bonne vieille Flandre, une bonne vieille Hongrie, une bonne vieille Italie du Nord), quitte à réécrire et enjoliver l'Histoire.
Cependant, celle qui se prend pour la réincarnation de Jeanne d'Arc refuse de se retrouver étiquetée à l'extrême droite. Elle menace même de procès les journalistes qui l'y classerait. Une attitude courante à... l'extrême droite. "Mme Le Pen ne constitue nullement une rupture dans l'histoire de l'extrême droite, écrit Paul Klein (3). C'est parce qu'elle rompt avec son père, symbole de l'extrême droite pour nous, que nous ne le voyons pas. Mais si nous jetons un coup d'œil sur l'histoire de l'extrême droite, nous verrons que M. Le Pen en représente la tradition minoritaire, toujours perdante, et que sa fille en représente la tradition majoritaire, dynamique, moderne, et capable de renverser la République". Une tradition qui, selon Paul Klein, remonte aux années 1880 quand se sont mêlés socialisme, valeurs révolutionnaires, nationalisme, antisémitisme et xénophobie. Cette extrême droite, dit-il, on l'a retrouvée "florissante dans l'affaire Dreyfus, dans le PPF de Doriot ou le PNF de La Roque, tous partis qui ont connu un immense succès en France". On retrouve ce patchwork dans le fascisme et le nazisme, dit-il.
C'est dans cette tradition que s'inscrit Marine Le Pen, explique Paul Klein: "on dit qu'elle vole chez les autres. Rien de plus faux: elle réactive un héritage que son père avait remisé au placard. C'est lui, en fait, l'anomalie: en revendiquant la tradition marginale des contre-révolutionnaires, des intégristes et des collaborateurs, il s'interdisait de remporter jamais plus que des succès de feu de paille".
En fait, tout le talent de Marine Le Pen est là: se démarquer de son père tout en marchant dans ses pas. "Le FN de Marine Le Pen, écrivent Caroline Fourest et Fiammetta Venner (4), tient, comme celui de son père, un discours opportuniste, à double sonorité: laïque et républicain côté face, mais nationaliste et xénophobe côté pile. Il ne dénonce pas la mondialisation, mais le mondialisme (...), le libre-échange mais le libre-échangisme (...), l'intégrisme mais l'islamisation (...). (...) Au bout du compte, écrivent-elles, la France dont elle (la présidente du FN) rêve est à l'inverse de ce qu'elle promet. Non pas belle, forte et sûre. Mais craintive, divisée, isolée et en danger". Est-ce de cette France-là que rêvent un tiers des Français?

(1) lu sur www.rue89.com ce 12 janvier
(2) comme Laurent Louis, député belge, et ses consternantes et scandaleuses pseudo révélations sur Elio Di Rupo
(3) Charlie Hebdo, 9 novembre 2011
(4) Caroline Fourest et Fiametta Venner: "Marine Le Pen", Grasset, 2011

samedi 14 janvier 2012

Ah! ah! ah!

Après la Grèce, le Portugal, l'Irlande, l'Espagne, l'Italie, la Belgique, voilà qu'à leur tour la France, l'Autriche et d'autres pays voient leur note dégradée par une agence de notation. Des privés, que personne ne mandatent, à qui personne n'a rien demandé, qui disent où est le bien, où est le mal. Qui distribuent les bons et les mauvais points, coiffent certains pays du bonnet d'âne. Les gouvernements de nos pays, qui soutiennent tous le système capitaliste et en vivent, sont comme le Dr Frankenstein: ils ont donné vie à une "créature sans nom faites de plusieurs morceaux de cadavres humains et à l'allure repoussante" (1). Comme dans le roman de Mary Shelley, "la créature et le créateur entretiendront une relation amour/haine". Leur créature les dépasse. Pire, elle les menace. Mais ils ne peuvent lui ôter la vie: c'est la leur, ou en tout cas celle de leur système, qui est aussi en jeu.

(1) Wikipedia

jeudi 12 janvier 2012

Non fiat lux

Les conservateurs américains du Tea Party le sont bel et bien. Ils restent attachés à la tradition. Par exemple, à celle de cette bonne vielle ampoule à incandescence. Elle a le mérite de produire une lumière jaune, tellement chaleureuse. Ce type d' ampoule aurait dû disparaître au début de cette année, pour être remplacé par des lampes LED ou fluocompactes, moins polluantes, à la longévité et à l'efficacité accrues. La vente des vieilles ampoules a cependant obtenu un sursis de neuf mois, grâce à un vote au Congrès des élus du Tea Party qui ne supportent pas la lumière blanche (1). La lumière n'est pas leur tasse de thé, il faut le constater, ils préfèrent l'obscurité, voire l'obscurantisme. Peut-être vont-ils soutenir les bonnes vieilles voitures polluantes, au bruit et aux fumées tellement charmants. Leur madeleine de Proust à eux. Peut-être vont-ils défendre le chauffage au charbon. Cette chaleur et cette odeur qui les ramènent à leur enfance insouciante. La plupart d'entre eux s'opposent à l'école publique qui pollue les cerveaux des enfants. On ne pense pas assez au charme d'un enfant incapable de réfléchir. On se rappelle que dans "conservateur", il y a "servateur". Et on voit par là que le Tea Party a un programme ambitieux et novateur.


(1) voir "Les conservteurs en mal de lumière", LLB, 9 janvier 2012.

mardi 10 janvier 2012

Souliers d'or

Les ministres sont trop bien payés. C'est un scandale. C'est ce qu'on entend dire au Café du Commerce. Ceux qui crient haro sur les baudets sont parfois les mêmes qui se réjouissent de dépenser une petite fortune pour s'offrir une place dans un stade ou une salle de concert pour assister à la prestation d'une star qui gagne cinq, dix, cent ou trois cents fois plus qu'un ministre. Sans exercer d'autre responsabilité que celle de respecter son public. Ce qui n'est d'ailleurs pas toujours le cas.
Le footballeur Lionel Messi vient d'être, à nouveau, consacré meilleur joueur du monde. On apprend à cette occasion qu'il gagne 33 millions d'euros par an. Soit 250 fois plus que ce que gagne un ministre à 11.000 € par mois. En prestant publiquement 1h30 à 3 heures par semaine.
David Beckham, s'il avait rejoint le PSG, aurait touché, nous dit-on, 800.000 euros par mois. Soit, grosso modo, 80 fois plus qu'un ministre.
Il est des ministres qui gagnent moins que des administrateurs généraux de sociétés parapubliques, bien moins que de nombreux PDG du privé. Mais les ministres et l'ensemble de la classe politique seront toujours trop bien payés, aux yeux de certains.
"A rebours de nombreux clichés, écrit Paul Piret (1), le nouveau point effectué sur les rétributions de nos politiques confirme que les ministres et élus ne sont pas abusivement payés au regard de fonctions aux responsabilités comparables, y compris dans la nébuleuse parapublique dont les dirigeants gagnent régulièrement plus que leurs ministres de tutelle."
On connaît des parlementaires qui n'ont durant leur mandat exercé que cette seule fonction, durant 60 à 70 heures par semaine, qui ont calculé que, ce faisant, en défalquant les impôts payés sur ces revenus et les rétrocessions à leur parti, ils gagnaient quelque 10 euros de l'heure. Ce qui n'est pas cher payé. D'autant qu'à la fin de leur mandat, ayant abandonné leurs précédentes fonctions professionnelles, ils se retrouvaient gros-jean comme devant. Ce qui, on en convient aussi aisément, n'est pas une situation souhaitable. Sans droit au chômage.
Ce qui n'empêche pas, comme le suggère Paul Piret, qu'il faille mettre de l'ordre dans les avantages injustifiés dont bénéficient les présidents d'assemblées et de commissions. Ou encore les députés provinciaux ou les administrateurs d'intercommunales. On ajoutera qu'il serait temps de mettre fin aux cumuls de mandats. Et aux recasages amicaux d'anciens élus.
Résumons-nous: il serait heureux que les salaires soient justes.

(1) "Mieux payer les politiques", LLB, 29 décembre 2011
Voir aussi "Abonnés à Cumul+", billet du 28.10.2011

lundi 9 janvier 2012

Francorcher

L'année 2012 commence bien mal. Le JT de la RTBF nous apprend que le si gentil Bernie Ecclestone, celui-là même dont Serge Kubla et les Happart Brothers léchèrent les bottes avec une passion sans nom, menace de ne plus organiser le Grand prix de Francorchamps qu'une année sur deux. Il y a de quoi s'en désoler, nous fait-on comprendre. Le sujet est titré "GP de Francorchamps et retombées économiques". Le bourgmestre de Stavelot nous apprend que, en l'absence de GP, le manque à gagner pour sa commune serait de 450.000 euros. Une hôtelière a l'honnêteté de reconnaître que son établissement n'affiche complet que durant les quatre ou cinq jours du GP. Le journaliste et le bourgmestre oublient de rappeler que, en l'absence de GP, l'économie pour la Région wallonne serait de quelque cinq millions d'euros. Puisque ce grand atout de l'économie wallonne est déficitaire. Et que nous payons donc chaque année, nous riches contribuables, ce pauvre Ecclestone pour cette course visiblement peu attirante. Finalement, les retombées économiques sont tombées tellement bas que personne ne les retrouve.

dimanche 8 janvier 2012

Schtroumpfez-vous wapi?

Ce deuxième jour de l'année, à peine levé, il allume la radio. The Edwin Hawkins Singers chantent "Oh Wapi Days". Il va chercher son journal, Wap'Infos, y lit des articles annonçant la Wapiste aux Espoirs et le Wapi Jazz Festival, organisé par les Jeunesses Musicales de Wallonie picarde. Il découvre les têtes des candidates au titre tant convoité de Miss Wallonie picarde.
Il se rend à son rendez-vous chez l'ophtalmo à l'wopital, le C.H. Wapi. Au retour, il s'arrête chez le coiffeur, son salon ne s'appelle plus Diminue-Tif, il a été rebaptisé Wapitif. Au mur sont affichées des gravures représentant des espèces de cerf. Il ne cherche pas à comprendre. Le coiffeur lui explique qu'il faut être de son temps.
De retour chez lui, il consulte ses méls. L'agence culturelle, Culture Point Wapi, lui souhaite une Wapi New Year. A la télé régionale, celle de Wallonie picarde, après l'émission culinaire 'Wapi Chef", il apprend que la Chambre de Commerce et d'Industrie de Wallonie picarde réclame, de concert avec WapInvest, de nouveaux espaces pour des zones industrielles. Mais le ministre fait la sourde oreille. Il n'y a wapire sourd que celui qui ne veut pas entendre, ne peut-il s'empêcher de penser. Une séquence aborde la disparition des abeilles. Les wapiculteurs sont très inquiets.
Il se dit que la Wallonie picarde, c'est le pays des schtroumpfs, dirigé par un grand schtroumpf, finalement pas plus grand que les autres. Tout le monde y parle schtroumpf et s'appelle de la même manière. C'est simple. C'est gentil. Un peu niais. Un peu inquiétant aussi.
La Wallonie schtroumpf, c'est quand même très schtroumpf, vous ne schtroumpfez pas?

lire aussi, notamment, "Encore un peu de Wapi?", billet du 24 octobre 2011

vendredi 6 janvier 2012

Les plus courtes sont les meilleures

2012 a la bonne idée d'être bissextile. Ce qui nous permettra de vivre une journée de plus qu'habituellement. Soit 356 jours avant que tout ne s'arrête. Puisque le calendrier maya nous prédit la fin du monde pour le 21 décembre. Leur calendrier a visiblement mieux survécu que les Mayas. Tout comme la nationaliste Jeanne d'Arc survivra finalement mieux que les Le Pen père et fille, accidents de l'histoire, et que le pas encore candidat Sarko. Mais ne nous égarons pas. Il nous reste donc 356 jours (350 aujourd'hui) pour nous indigner, nous engager, nous battre. Et ne rien lâcher. 2012, année teigneuse. Histoire de finir en beauté.