jeudi 29 septembre 2022
Ici et là
samedi 24 septembre 2022
Dans la tête du Tsar
Après la lecture du "Mage", après être entré dans la tête du Tsar, on a peine à croire que Poutine ne soit pas prêt au pire pour se venger des erreurs qu'il a lui-même commises.
Extraits :
"S'appuyer sur les passions populaires en Russie ne sert à rien : à la fin celui qui gagne fonde toujours son pouvoir sur la Cour. C'est pourquoi le meilleur moyen est l'adulation, pas le talent, le silence, pas l'éloquence. (...) Pays de muets, pays de la belle endormie, merveilleux mais sans vie parce qu'y manque le souffle de la liberté. Aujourd'hui comme hier."
"Seul le privilège compte en Russie, la proximité du pouvoir. Tout le reste est accessoire. C'était comme ça du temps du tsar et pendant les années communistes encore plus. Le système soviétique était fondé sur le statut. L'argent ne comptait pas. Il y en avait peu en circulation et il était de toute façon inutile : personne n'aurait pensé évaluer une personne sur la base de l'argent qu'elle possédait. (...) Ce qui comptait, c'était le statut, pas le cash. Bien sûr, il s'agissait d'un piège. Le privilège est le contraire de la liberté, une forme d'esclavage plutôt."
"On n'échappe pas à son propre destin et celui des Russes est d'être gouverné par les descendants d'Ivan le Terrible. On peut inventer tout ce qu'on voudra : la révolution prolétaire, le libéralisme effréné, le résultat est toujours le même : au sommet, il y a les opritchniki, les chiens de garde du tsar. Aujourd'hui au moins un peu d'ordre est revenu, un minimum de respect. C'est déjà quelque chose, nous verrons combien de temps cela durera."
C'est Poutine qui parle dans le roman : "Mets-toi une chose en tête, Vadia, les marchands n'ont jamais dirigé la Russie. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'ils ne sont pas capables d'assurer les deux choses que les Russes demandent à l'Etat : l'ordre à l'intérieur et la puissance à l'extérieur."
"Il s'agissait de mobiliser toutes les ressources, tous les éléments de force de la Russie pour retrouver notre place sur la scène mondiale. Une démocratie souveraine, tel était l'objectif. Pour le réaliser, nous avions besoin d'hommes d'acier, capables d'assurer la fonction primordiale de tout Etat : être une arme de défense et d'attaque. Cette élite existait déjà. c'était les siloviki, les hommes des services de sécurité. Poutine était un des leurs. Le plus puissant, le plus avisé. Le plus dur. Mais toujours un des leurs. (...) Il les a placés un à un dans des positions de commandement. Au sommet de l'Etat, certes, mais aussi à la tête d'entreprise privées, qu'il a récupérées une à une des mains des affairistes des années quatre-vingt-dix. L'énergie, les matières premières, les transports, les communications. Les hommes de la force ont remplacé les oligarques dans tous les secteurs. C'est ainsi qu'en Russie l'Etat est redevenu la source de toute chose."
"Débarrassée de mes conjectures, la vérité apparaissait pour ce qu'elle était. L'Empire du tsar naissait de la guerre et il était logique qu'à la fin il retournât à la guerre. C'était cela la base inébranlable de notre pouvoir, son vice original. Au fond, si on y regardait de près, avions-nous jamais bougé de là ?"
"La gentillesse de l'Europe, ses lumières d'en bas qui dissimulent la cruauté du monde, le moment était venu d'y renoncer. Au fond de moi, j'avais toujours su que ce moment viendrait ; depuis la première fois que mes yeux avaient rencontré le regard du Tsar. Il n'y avait rien d'européen dans ce regard, rien de doux. Seulement la détermination d'une nécessité qui ne tolère pas d'entraves."
(1) Giuliano Da Empoli, "Le Mage du Kremlin", Gallimard, 2022.
(2) https://www.telerama.fr/livres/le-mage-du-kremlin-3-16556746.php
(3) Boris Abramovitch Berezovsky est un homme d'affaires et homme politique russe, né à Moscou en 1946 et mort en 2013 (à 67 ans) à Ascot dans le Berkshire (Wikipedia).
mercredi 21 septembre 2022
Mahsa Amini
Dans "Islamophobie, mon œil !" (1), la politologue Djemila Benhabib (qui a dû fuir l'Algérie en 1994, pour aller vivre au Québec, puis en Belgique) dénonce l'attitude d'Unia, l'organisme interfédéral belge de promotion de l'égalité et de lutte contre les discriminations : "Concrètement, l'activisme juridique de Unia a servi à endosser les revendications du CCIB (2) qui tourne, essentiellement, autour du voile islamique et à asseoir dans l'espace public la figure de la femme voilée comme celle de LA musulmane à protéger, à visibiliser, à promouvoir." Elle pointe du doigt une école professionnelle à discrimination positive : "Dans cette institution bruxelloise de l'enseignement libre (catholique) qui a accueilli les premières enseignantes voilées, aujourd'hui, l'écrasante majorité des enseignantes musulmanes portent le voile et ce, quels que soient leurs champs de compétences disciplinaires. Par ailleurs, les non-voilées cheminent difficilement dans un climat tendu qui leur est farouchement hostile. Dans certaines classes, la majorité des élèves sont aussi voilées. Lorsque l'une d'entre elles, par exemple, a la malchance de laisser transparaître une mèche de cheveux, le rappel à l'ordre est immédiat. Systématique. Ce sont des enseignantes qui se chargent de faire appliquer ce qu'elles prétendent être la loi d'Allah : 'Arrange ton voile, c'est haram de montrer ses cheveux !'. Et gare à celles qui auraient la fâcheuse idée de se dévoiler lors d'une sortie scolaire." Ces enseignantes belges jouent le même rôle que la police des mœurs en Iran.
En Iran, une jeune femme vient de mourir à cause de ce voile de plus en plus sacralisé chez nous. Elle s'appelait Mahsa Amini. Le 16 septembre, elle a été arrêtée par la police des mœurs dans une rue de Téhéran pour un foulard jugé « mal porté ». Visiblement tabassée par la police, elle en est morte et est devenue un symbole de la brutalité du régime iranien en particulier envers les femmes. Sa mort suscite la colère de très nombreux Iraniens et Iraniennes, Nombre d'entre elles ont arraché et même brûlé leur voile, certaines se coupent les cheveux. Un slogan se répand à travers le pays : "Femme - Vie - Liberté !". Les manifestantes et manifestants s'en prennent au régime et à ses fondements. "A commencer par le port obligatoire du voile, un dogme de la République islamique d’Iran", écrit Le Monde.
Il y a quelques jours, un article dans un journal belge laissait entendre qu'il fallait s'attendre à un assouplissement de la loi interdisant le port de la burqa en public. Chez nous, il pourrait donc être admis que des femmes soient, volontairement ou non, cachées à la vue des autres. En France aujourd'hui, tout homme soupçonné d'attitude machiste est aussitôt dénoncé sur la place publique, mais l'attitude brutale vis-à-vis des femmes des régimes théocratiques musulmans semble ignorée de la majorité des féministes borgnes. Leur silence par rapport aux Iraniennes (et aux Afghanes, aux Pakistanaises, aux Saoudiennes et à tant d'autres) est assourdissant. Ces dernières sont victimes du patriarcat le plus obscur et le plus violent. Où sont les femmes musulmanes de chez nous qui réclament de porter le voile en tous temps et en tous lieux ? Que pensent-elles de ce que vivent celles qui sont sous le joug des barbus obscurantistes ?
Djemila Benhabib : "Je continue d'être aujourd'hui le prolongement de ce que j'ai toujours été : une femme libre. Je refuse de mentir sur ce que j'ai vécu. Je sais que l'avancée des voiles islamiques, c'est le recul de la démocratie et la négation des femmes. Je sais que l'islam politique n'est pas un simple mouvement fondamentaliste, mais un mouvement politique totalitaire qui a pour visée d'engloutir le monde après avoir avalé la démocratie."
Ceux qui se mettent une muselière et qui choisissent de se taire renforcent le terrorisme.
Naguib Mahfouz (cité par D. Benhabib)
(1) éditions Kennes, 2022.
(2) Collectif contre l'islamophobie en Belgique, connu pour ses liens avec les Frères musulmans.
(3) https://www.lemonde.fr/international/article/2022/09/17/en-iran-la-mort-d-une-jeune-femme-arretee-par-la-police-des-m-urs-suscite-des-protestations_6142073_3210.html
Post-scriptum :
Ci-dessous la position de Viv(r)e la République, mouvement citoyen, laïque et républicain.
Les iraniennes qui meurent parce qu’elles refusent de porter le voile rappellent ce que la gauche et les féministes dites intersectionnelles ont oublié : le voile est, a été et sera toujours un instrument de rabaissement et d’infériorisation de la femme. En parlant de la « liberté de porter le voile » une partie de nos leaders politiques et de nos grandes consciences intellectuelles ont servi les manipulations des islamistes tout en crachant au visage des femmes qui, comme les iraniennes, risquent leur vie pour que leur dignité humaine soit reconnue et que l’égalité en droit avec les hommes deviennent réalité.
En effet, voile n’est pas et n’a jamais été un simple vêtement. C’est un discours sur le statut de la femme, un signe qui envoie un message univoque à l’extérieur, quelles que soient les intentions de celle qui le porte. C’est un outil de contrôle social et une humiliation faite aux femmes. Le voile dit que la femme est inférieure à l’homme et que son corps, ses cheveux sont impurs et provocants.
A Viv(r)e la République nous avons toujours considéré le voile comme un instrument de soumission de la femme et nous avons toujours combattu ceux qui, par complaisance, lâcheté ou cynisme, tentent de faire passer le port du voile pour une liberté. Faire passer le port d’un symbole d’infériorité et d’impureté qui rabaisse la femme pour un combat féministe est choquant. Imaginerait-on proposer à un homme de porter volontairement des chaînes, en expliquant qu’elles ne sont pas le signe de l’esclavage mais le symbole de sa liberté de choisir la servitude ? La proposition ainsi formulée est grotesque, pourtant c’est bien ce qui est en jeu dans le cas du voile.
La femme voilée reste et restera toujours victime, consentante ou non, de ceux qui entendent dicter aux femmes ce qui est respectable et ce qui ne l’est pas.
Alors que des femmes luttent au péril de leur vie pour avoir le droit de se dévoiler en Iran, les revendications ici en Occident de porter librement le voile nous paraissent non seulement un non sens mais aussi une trahison vis à vis de celles qui sont en lutte. Le voile n’a nulle part sa place dans les pays démocratiques qui fondent leur contrat social sur l’égalité des êtres humains en droit, et assurément pas en France, pays qui a fait de l’émancipation des citoyens une des bases de la citoyenneté.
Les responsables politiques ont la charge de représenter et de défendre notre civilité. Ce qui se passe en Iran où des femmes meurent parce qu’elles osent retirer leur voile devrait rappeler à nos représentants l’immensité de leur rôle pour que vivent nos libertés. Mais pour être garant de l’égalité des femmes, encore faut-il avoir le courage d’être clair sur le refus du voile. On peut en douter et rien n’est plus instructif sur ce point que la réaction du ministre de l’éducation nationale. Celui-ci, placé face à la multiplication des incidents et aux incitations à porter le voile et des tenues islamiques à l’école, refuse de traiter le sujet et explique manquer d’informations.
Il est largement temps que nos dirigeants fassent la preuve de leur courage au service de la démocratie et de notre république laïque. Cela commence par porter un discours clair sur le voile et sur son incompatibilité avec une société politique fondée sur l’égalité en droit des êtres humains qui la constituent. Une réalité que le combat des iraniennes illustre tous les jours. Elles risquent leur vie pour cela. Il n’en est que plus insupportable de voir tous les hypocrites qui soutiennent la « liberté de porter le voile », soutenir aussi les femmes iraniennes « victimes du patriarcat » en occultant la dimension religieuse du voile et toute référence à l’islam et à l’islamisme.
dimanche 18 septembre 2022
Tontons flingueurs
(1) https://www.marianne.net/societe/agriculture-et-ruralite/le-velo-bourre-cest-dangereux-aussi-nouvel-argument-du-patron-des-chasseurs-pour-esquiver-le-debat
(2) Charlie Hebdo, 14.9.2022.
jeudi 8 septembre 2022
mardi 6 septembre 2022
L'ange de la route
(Une question que je me pose : est-ce son vrai nom, Willy Schraen, ou son nom de scène ? On a du mal à croire que ce ne soit pas un comédien. Il incarne à merveille la pire des caricatures du chasseur.)
(1) (Re)lire sur ce blog "L'élégance du sanglier", 12.11.2021.
(2) RMC, 23.8.2022, cité dans Charlie Hebdo, 31.8.2022.
dimanche 4 septembre 2022
Belles rencontres
Le journal Le Papotin existe depuis trente-trois ans et est rédigé par des patients d'institutions parisiennes. Il publie des articles, des reportages, des interviews, des photos, et des dessins tous réalisés par cette équipe de journalistes hors-normes.
Emission à voir ici : https://www.france.tv/france-2/les-rencontres-du-papotin/3839902-gilles-lellouche-sans-filtre.html
A lire : https://www.huffingtonpost.fr/life/article/dans-les-rencontres-du-papotin-une-redaction-de-journalistes-autistes-mene-des-interviews-de-celebrites_207121.html
https://www.telerama.fr/ecrans/les-rencontres-du-papotin-les-journalistes-autistes-prennent-l-antenne-sur-france-2-7011884.php
samedi 3 septembre 2022
Animal aveugle
jeudi 1 septembre 2022
Crime d'incompétence
(3) Jean-Yves Camus, "Voiture piégée et théories fumeuses", Charlie Hebdo, 31.8.2022.