mardi 19 décembre 2006

"La Belgique est un plaisir et doit le rester!" *

Qui oserait encore prétendre que les Belges sont les rois de l’autodérision ?
« On ne peut rire de tout », « on ne se moque pas de nos institutions », a-t-on entendu de la bouche de « responsables » politiques au lendemain de la diffusion de l’émission « Bye-bye, Belgium » de Philippe Dutilleul.
Une fois de plus, c’est l’émotion qui l’emporte. Et une peur irraisonnée. Comme ces journées hystériques (à ne pas confondre avec « historiques ») de juillet 1993 après la mort de Baudouin.
Le roi est mort ? Nous voilà orphelins ! La Belgique n’existe plus ? Nous voilà à la rue !
A quoi faut-il attribuer une telle émotion : à de la naïveté, à une perte d’identité ?

Les politiques, comme cela devient une habitude chez eux ces derniers temps, courent derrière l’opinion publique. Haro sur la RTBF qui a joué les croquemitaines et effrayé tous ces braves gens qui se préparaient à passer gentiment les fêtes.

On notera cependant des effets positifs à cette émission: de nombreux jeunes (et moins jeunes) qui affirmeraient en d’autres occasions ne pas s’intéresser à la politique se sont sentis perdus, en quête d’identité, de boussole. « On est dans la merde : y a plus de Belgique », ai-je entendu. C’est donc que, même inconsciemment, leur identité les questionne.
En fait, pourquoi tant de francophones se sont-ils sentis effrayés par la (fausse) déclaration d’indépendance de la Flandre ? Parce que la Belgique rassure ? Le francophone, c’est l’homme qui se lève le matin et se rend compte que sa femme l’a quitté. Il se demande qui fera ses tartines, la vaisselle et les courses désormais.
L’émission (qui pose question sur le plan de la déontologie, j’en conviens) aura au moins eu le mérite de nous amener à nous questionner sur le sens de la vie commune (ou communautaire…)

Enfin, la manière dont l’émission a été lue, indique – une fois encore - la nécessité de l’éducation aux médias (tout, dans les premières images, indiquait que c’était faux). Ce vœu-là, une fois retombée l’émotion, restera-t-il également pieux ?


* les Snuls