jeudi 30 septembre 2010

Gagner le droit d'être un crétin à vie

La Loterie nationale se propose de nous faire gagner deux mille euros par mois à vie. Pour nous pousser à jouer au Win for life, elle multiplie les spots de pub en radio comme en télé.
On y voit ou entend des couples que leurs gains mensuels met très à l'aise et qui peuvent se permettre le moindre caprice.
Monsieur et Madame ne savent plus comment changer l'image de fond d'écran de leur ordinateur? Qu'à cela ne tienne, ils en achètent un nouveau.
Le téléchargement de Monsieur et Madame est particulièrement lent? Qu'à cela ne tienne, ils partent passer deux jours à Venise en attendant.
Au retour d'un week-end à Pise, Monsieur et Madame se rendent compte qu'une de leurs photos souvenirs est ratée? Qu'à cela ne tienne, ils y retournent.
Win for life, c'est Lose for world.

mardi 28 septembre 2010

Du rôle de l'artiste

Le gouvernement israélien n'a pas prolongé le moratoire sur les constructions en zones occupées. On n'arrive évidemment pas à croire à sa volonté d'entamer de vraies négociations. On se plaît parfois à dire en Belgique que les Palestiniens et les Israéliens s'intéressent de près au modèle belge du vivre ensemble entre communautés soeurs ennemies. Il semble que ce soit vrai. Le modèle belge actuel a la faveur du gouvernement israélien: il dit vouloir négocier un accord, mais fait tout pour qu'il n'y en ait aucun. Jamais. Bibi et Babart, même combat (même si l'un est le colon et que l'autre s'estime colonisé).
Des comédiens et metteurs en scène israéliens ont fait connaître leur opposition à la colonisation des territoires occupés: une cinquantaine d'entre eux a décidé de boycotter le nouveau centre culturel de la colonie d'Ariel en Cisjordanie. Donc en territoire occupé. Des ministres de droite ont menacé les compagnies théâtrales qui appliqueraient ce boycott de leur couper les vivres. Comme souvent, les menaces ont l'effet contraire à leurs objectifs: d'autres artistes emboîtent le pas aux gens de théâtre: les écrivains David Grossmann et Amos Oz notamment les soutiennent: "accorder la moindre légitimité à l'entreprise de colonisation porte atteinte aux chances d'Israël de parvenir à la paix avec nos voisins palestiniens", estiment-ils. (1) "Les artistes ne sont pas des soldats qui doivent marcher au pas", estime Yossi Sarid, ancien ministre de gauche. "Personne ne peut les contraindre à se produire".
Et pendant ce temps-là, ou presque, des organisations culturelles européennes boycottent des artistes israéliens. Les mêmes ou presque. Début juin, le réseau indépendant Utopia déprogrammait un film israélien, pour protester contre les violentes attaques de la marine israélienne à l'égard de la flottille qui tentait de rompre le blocus de Gaza. Boycotter des artistes, qui sont souvent sont très critiques par rapport à la politique suivie par leur gouvernement, a-t-elle un sens? (2) Quand nous boycottions les pommes et les oranges d'Afrique du Sud, il ne nous serait pas venu à l'idée de boycotter Johnny Clegg, J.M. Coetzee ou Nadine Gordimer.
Un colloque était prévu à Aix-en-Provence au début 2011 autour du thème "Ecrire aujourd'hui en Méditerranée, échanges et tensions". Il a été annulé. (3) Les échanges n'auront pas lieu. Restent les tensions. "Des écrivains et universitaires arabes, égyptiens et palestiniens" (selon les organisateurs) ont annulé leur participation parce qu'une écrivaine israélienne y était invitée. Esther Orner, l'écrivaine dont il était question, est favorable à la paix entre Israël et un Etat palestinien. Mais rien n'y a fait. "Aurait-on l'idée de boycotter un Iranien?", demande-t-elle. Que des artistes refusent le dialogue avec d'autres est contraire à leur rôle. Qui sont, que sont ces artistes qui refusent d'échanger? L'artiste est là pour forcer la réflexion, pour poser des questions que personne ne veut entendre. Ces artistes-là n'ont que des réponses à des questions qu'ils ne posent pas. Des réponses fermées à des questions même pas ouvertes. "Censurer la culture, dit Costa-Gavras, c'est l'apanage des dictatures. En démocratie, on accueille les films, qui sont porteurs d'idées parfois très fortes, on les contextualise, on en débat. Les refuser, c'est la pire des réponses."

(1) voir Marianne, 11.09.2010: "Israël. les artistes se rebiffent"
(2) voir Télérama, 23.06.2010: "Faut-il boycotter les artistes israéliens?"
(3) voir Libération, 23.07.2010: "Aix: la présence d'une Israélienne clôt le débat"

lundi 27 septembre 2010

Le succès ne se critique pas

Le succès aveugle, qu'il soit électoral, sportif ou autre. Et autorise à refuser la critique. Et plus encore l'autocritique. On le sait. On en a encore la preuve dans la Libre de ce samedi. Le président du Parti Socialiste, plus triomphant que jamais, y est interviewé. Martin Buxan lui demande si le succès de son parti n'est pas lié au clientélisme qu'il entretient. Elio Di Rupo prend son air pincé. On le voit en le lisant. "Pourquoi critiquez-vous ceux qui ont du succès?", demande-t-il. "On nous jette des expressions comme clientéliste qui ne signifient plus rien du tout", dit-il, après avoir affirmé que ce sont "des propos tenus par des gens qui sont intellectuellement conservateurs". On ne sait en quoi le reproche de clientélisme serait intellectuellement conservateur plutôt que l'inverse. Si ce n'est qu'on devrait savoir sans doute que le Ps a modifié de fond en comble ses pratiques. Mais on ne le sait pas assez. Or il faut croire, imagine-t-on dès lors, que désormais le Ps a supprimé les "permanences sociales", que les élus socialistes n'envoient plus de lettres de recommandation aux ministres, aux directeurs d'administration et aux patrons du privé pour soutenir la candidature de leurs "protégés" à un emploi, qu'ils n'interviennent plus dans les dossiers d'attribution de logements sociaux, que les ministres socialistes ne favorisent plus les communes dont ils ont les clés. Le Ps aurait abandonné ces pratiques conservatrices. Et on ne nous dit rien! Mais que fait la presse?
Martin Buxan parle aussi à Elio Di Rupo de la "machine de guerre" qu'est le PS. "Ai-je l'air d'une machine de guerre?", lui rétorque le président, réduisant ainsi son parti à sa propre personne. C'est sûr, ici aussi, les pratiques ont dû changer: le Ps a dû cesser de nommer des directeurs de l'administration en fonction de leur carte de parti, il a dû couper les ponts avec la Mutualité socialiste, avec la FGTB, avec cette myriade d'instances sociales, économiques, culturelles qui gravitent autour du parti. (Il n'y aurait donc plus de constellation. Juste une star.) Et P&V Assurance n'affichera désormais plus sur ses vitrines les affiches des candidats socialistes. Les employés de P&V n'useront plus de leur statut pour faire campagne, comme ce député-bourgmestre qui m'avouait avoir gardé quelques heures "parce que ça fait des voix". Bref, les temps ont changé et nous, conservateurs intellectuels que nous sommes, nous ne le savions pas.
Elio Di Rupo triomphe aujourd'hui dans tous les sondages et tout le monde lui reconnaît - un point de vue qu'on peut aisément partager - une grande opiniâtreté et de grands talents de négociateur. Le voilà même le deuxième homme politique le plus populaire auprès des Flamands, derrière Bart De Wever. Visiblement, cette position d'homme providentiel lui ôte tout sens autocritique. Même si le Ps a un peu plus le sens de l'éthique, il reste le Ps.(1) Et l'histoire a montré que plus il est puissant, plus il se laisse aller à des dérives hégémoniques. Pour être homme d'Etat, il est bon d'être conscient de tous ses états. Pas seulement d'âme.
D'autant que les manières d'agir du Ps ont, parmi d'autres facteurs (soyons de bon compte, bien sûr), un impact sur l'image de la Wallonie dans les autres régions. On ne s'étonnera donc pas de découvrir, dans le sondage que publiait ce même samedi la même Libre, que seuls 12% des Bruxellois souhaitent la création d'une fédération Wallonie-Bruxelles. Même si "en cas de scission inéluctable du pays", ils sont 39% à la souhaiter, contre 34% (quand même!) à rêver d'un Etat bruxellois indépendant. Au JT de la RTBF samedi, des micro-trottoirs (même si on sait qu'on leur fait dire ce qu'on veut) témoignaient de la distance que nombre de Bruxellois affichent avec la Wallonie. Une image ne tient pas qu'à des mots, mais surtout à des manières d'agir. Et là il faut bien convenir qu'il y a un certain retard de travail à récupérer.

Et qu'on ne vienne pas me considérer, comme certains se plaisent à le faire, comme "un anti-socialiste primaire". Ce serait bien mal me connaître. Et ce serait confondre le mot et la chose, croire que se dire socialiste serait l'être et ne pas comprendre qu'on puisse être à la fois socialiste et très critique vis-à-vis du Ps. Quant à l'adjectif de primaire, il implique l'absence d'analyse, d'expérience et de réflexion. Je préfère celui de secondaire.

(1) voir aussi sur ce blog "La stratégie de l'araignée", 12.09.2009

jeudi 23 septembre 2010

Il y a voyageurs et voyageurs

Le premier ministre français va-t-il faire fermer tous les aéroports de son pays? "Le mode de vie nomade est de moins en moins adapté à la vie d'une société moderne", a déclaré récemment et sans rire François Fillon (cité dans Marianne, 11.09.2010). Il évoquait en fait les Roms. Marianne fait remarquer que "personne ne s'offusque du nomadisme des capitaux et de l'élite mondialisée transformée en gens du voyage financier". Ajoutons que personne ne s'offusque de voir des avions à prix cassés transporter quotidiennement à l'autre bout de l'Europe ou même de la planète des imbéciles heureux de touristes y faire leur marché ou y prendre un bain de mer. Il y a les nomades à qui on déroule le tapis rouge et ceux qu'on jette par la fenêtre. Lesquels sont les plus dangereux pour la planète?

mercredi 22 septembre 2010

En cas de faim, est-ce le loup qui fait la loi?

Ils sont Algériens, ont la quarantaine et travaillent dans le bâtiment. Le 13 août dernier, à midi, comme cela arrive à beaucoup d'entre nous et en particulier à ceux qui travaillent dur, ils ont faim. Ce qui les amène assez naturellement à manger. C'est ce que l'homme, de tout temps, a trouvé de mieux pour tromper la faim. Ils cassent donc la croûte à l'intérieur de l'immeuble privé dans lequel ils travaillent. Mais dans cette Algérie laïque, c'est visiblement l'islam intégriste qui fait la loi. En plein ramadan, la faim doit attendre. Ils sont interceptés par la police et aussitôt traduits devant le tribunal qui les a inculpés pour atteinte à un précepte de l'islam. Le 8 novembre, nous apprend la Libre de ce jour, une dizaine de personnes répondront de la même accusation. Dans l'est de l'Algérie, deux jeunes gens ont été arrêtés pour "flagrant délit de consommation de denrées alimentaires". Quand manger devient un délit, la vie en elle-même n'est-elle pas une punition?
C'est ainsi que les hommes vivent. Mais où sont donc leurs baisers qui sont censés me suivre?

mardi 21 septembre 2010

Paul Hermant, le retour

J'avais regretté ici même (le 16 août notamment: "Vive la pertinence...") la disparition du billet de Paul Hermant de l'émission Matin Première (sur la chaîne radio du même nom). Une correspondante, Gabrielle, nous informe qu'il est désormais présent dans le "90 minutes" de la même Première vers 18h22 du lundi au jeudi. Tant mieux. Mais reste à comprendre pourquoi la direction l'a ainsi viré des heures de plus grande écoute. On peut retrouver ses billets sur son site: lautre site.com. Et c'est un plaisir de le retrouver. De l'écouter comme de le lire.

dimanche 19 septembre 2010

Du primate au primat

Une bonne nouvelle en cette période où les mauvaises se succèdent: Jean-Marie Dedecker est toujours vivant. On était sans nouvelles de lui. On s'inquiétait. Avait-il été enlevé par les FARC? Ou les Brigades Révolutionnaires Wallonnes? Avait-il été exécuté par Al-Qaida? Etait-il réfugié à Torremolinos? Il vient de se manifester, coupant court aux rumeurs. Il estime que Mgr Vangheluwe, ex-évêque de Bruges, qui a démissionné suite aux accusations de pédophilie dont il est l'objet, doit être castré. Avec deux briques, précise-t-il. Et il offre ses services pour effectuer l'opération. Le roi du poujadisme et de la vulgarité n'existe plus politiquement. Intellectuellement il fait ce qu'il peut. Et il peut peu. Avec lui, on n'a pas besoin de deux briques. Il en a une à la place du cerveau.

jeudi 16 septembre 2010

Mépris et humour

A voir Nicolas Sarkozy afficher au Sommet de Bruxelles tout le mépris qu'il a pour l'Union européenne qui lui reproche son attitude vis-à-vis des Roms, on songe à Bart De Wever. L'un n'a aucun respect pour l'Europe, l'autre pour les francophones. L'un et l'autre ne parlent qu'à leurs électeurs. Et on se dit qu'il faudrait, en Belgique comme en Europe, que les circonscriptions électorales soient élargies. Que les candidats soient obligés d'aller voir au-delà de leur pré un peu trop carré. Il y a quelque chose de pourri au royaume de la démocratie. La démocratie est un mauvais système, mais le moins mauvais de tous les systèmes, disait Churchill.
Le thème du Sommet de Bruxelles était: "comment améliorer l'image de l'Union européenne à l'étranger?". On voit que la question mérite d'être posée.

Et ceci qui n'a rien à voir. Dans Télérama du 1er septembre, Laurence Bloch, responsable de l'antenne de France Inter (venue de France Culture où elle était directrice adjointe) revient sur l'éviction de Guillon et de Porte. Elle pense qu'ils "avaient poussé très loin les limites" et qu'ils maintenaient l'équipe de la matinale "sous pression". "La vraie question, c'est pourquoi la parole d'humoristes apparaît aujourd'hui à beaucoup comme la seul légitime." Une vraie question, en effet (voir sur ce blog "Rire jaune" en date du 25 juin dernier).

Train-train quotidien

Hier soir, en gare d'Arlon, un accident entre deux trains qui se sont heurtés latéralement. A faible allure. Bilan: plus de soixante blessés. On est loin, heureusement, de l'effroyable catastrophe de Buizingen survenue en février dernier. L'enquête est en cours. On parle du franchissement d'un feu rouge. Il y a quelques jours, le JT faisait état d'un rapport européen pointant le manque d'investissement de la SNCB dans le domaine de la sécurité.
Pendant ce temps-là, on nous annonce pour 2015 une nouvelle gare prestigieuse à Mons. Dont coût: 120 millions d'euros. Près de cinq milliards de francs belges, quoi. Mais sécurité et gare ne ressortissent pas des mêmes budgets, nous dit-on. La gare de Mons relève du budget "caprice d'une petite ville qui veut être capitale européenne." Ainsi va la Belgique.

mercredi 15 septembre 2010

Sarko le mutant

Il mute à tout va, le président français. Des "gens de voyage" se mettent en colère dans le Cher et provoquent des dégradations? Le président fait muter tous les Roms qu'il croise et les renvoie - en dépit du droit européen - en Roumanie, en Bulgarie, en Hongrie et ailleurs encore.
Un membre de la magistrature aurait filé au journal le Monde une info compromettante pour Eric Woerth? Le président le fait muter à Cayenne. Pour y casser des cailloux?
Il annonce à présent de grandes mutations au sein de son gouvernement tout prochainement.
Le candidat Sarkozy avait annoncé du changement. Il n'avait donc pas menti. C'est la grande mutation. A quoi les Français vont-ils le muter en 2012?

La Première nous prend pour des cons

Que reste-t-il de la Première (chaîne radio de la RTBF) depuis que le billet de Paul Hermant en a disparu? Disparu de l'émission du matin du moins. Selon certaines sources, on pourrait l'entendre dans une autre émission, à une autre heure. Lesquelles? C'est un secret. Apparemment bien gardé. Revenons à la question: que reste-t-il de la Première? De la pub. J'allume la radio un matin, vers 8h25, 8h30. J'y entends une publicité, puis, deux, puis trois. Finalement quatre. J'ai enfin droit au "Café serré" de Thomas Gunzig. Le présentateur a ensuite juste le temps d'annoncer une nouvelle page de publicité. Je coupe ma radio. Je la rallume en fin d'après-midi de retour du travail. Je préfère la Première à Classic 21 pour ne pas être importuné par le radioguidage qui ne me concerne pas. Mais on n'échappe pas au radioguidage. Il est partout. Sur la Première aussi. "Vous êtes ralentis par un accident à hauteur de Grand-Bigard", m'informe le radioguideur. J'apprends aussi que je ralentis fortement à hauteur du carrefour Léonard et que je suis quasiment à l'arrêt sur six kilomètres en direction de Mons. C'est bien mal me connaître, moi qui suis en train de pédaler allègrement (ou presque) et sans obstacle, le long de l'Escaut en direction de la France. Retour au présentateur. Il a juste le temps d'annoncer sa séquence suivante. Elle suivra la pub, nous dit-il. Je coupe ma radio. Finalement, je préfère de loin le ronronnement des péniches et le cri des canards. Les canards cancanent, nous précise Robert. Le Petit.

lundi 13 septembre 2010

Quand l'Eglise est à la fête

C'est peu de dire que l'Eglise catholique belge est assez secouée ces derniers temps par d'innombrables affaires de pédophilie. Le rapport de la Commission Andriaenssens fait état de 484 témoignages, recueillis en deux mois, de personnes abusées par des religieux. Abus sexuels, viols, n'entrons pas ici dans les détails. Ils se trouvent dans la presse. Treize personnes au moins se sont suicidées suite aux abus sexuels dont elles ont été victimes. Les journalistes ont tenté d'obtenir une réaction du primat de Belgique à ces révélations explosives. Ce dimanche, l'archevêque Léonard célébrait la messe en la cathédrale de Tournai à l'occasion de "la procession des quatre cortèges" (1). Comme un footballeur paniqué, il s'est contenté de botter en touche: il faut faire confiance en la miséricorde divine, a-t-il déclaré face aux caméras. Ajoutant que ce jour, c'était la fête à Tournai. Et qu'il réagirait lors d'une conférence de presse ce lundi. On voit par là qu'il y a un temps pour chaque chose et que la fête est une valeur sacrée.

(1) selon les termes de la journaliste qui présentait le journal parlé de 18h sur la Première ce dimanche

jeudi 9 septembre 2010

Faut-il enfiler une burqa pour parler de l'islamisme? (2)

Suite du billet "Faut-il enfiler une burqa pour parler de l'islamisme?", publié en date du 6 septembre

Ceux qui ont l'outrecuidance de critiquer l'islamisme se font traiter aussitôt d'islamophobes. Le mot est lâché, il s'apparente à xénophobe et hop, critiquer les dérives de l'islam, son utilisation politique, c'est être raciste. Le tour est joué. On ne peut donc plus critiquer des idées qui, ici, apparaissent des plus dangereuses. "Les islamistes n'ont de cesse de nourrir l'amalgame, cherchant à dénaturer le débat afin de tromper à la fois les musulmans et l'opinion publique internationale, écrit Mohamed Sifaoui (1). Et ils y parviennent, auprès de certains décideurs politiques totalement pétrifiés face au phénomène islamiste mais aussi auprès des courants d'extrême-gauche, voire de la gauche dite "classique", qui ne cessent de fausser le débat en accusant d' "islamophobie" ceux qui critiquent ou luttent contre le fanatisme musulman."
Le reproche de xénophobie, de néocolonialisme ou d'islamophobie vis-à-vis de ceux qui osent critiquer le dévoiement obscurantiste et violent de l'islam n'a aucun sens, il est simpliste, volontairement (?) ignorant et pervers et est devenu une arme facile. Sont-elles xénophobes, néocolonialistes, ces femmes iraniennes, irakiennes, algériennes qui, fuyant leur pays, ont voulu échapper à la folie furieuse des barbus fous de dieu et fémininophobes qui - et ce n'est pas le pire des reproches qu'on peut leur adresser - les obligent à se voiler? Ces femmes, "islamistophobes" (c'est le terme qu'il faudrait utiliser) par expérience et le plus souvent musulmanes, appellent leurs consoeurs d'Europe à refuser ce signe de soumission qu'est le voile. Sont-ils xénophobes et néo-colonialistes Mohamed Sifaoui, Samir Khalil Samir, Malalaï Joya, Ibn Warraq, Ayaan Hirsi Ali et bien d'autres encore ?
"Les premiers à se rendre compte de la supercherie sont bien souvent des esprits libres de culture musulmane. Surtout lorsqu'ils ont migré dans des démocraties laïques pour fuir l'islamisme, écrit Caroline Fourest (1). Ceux-là supportent moins que les autres ce discours tiers-mondiste dévoyé visant à torpiller l'universalisme. Un collectif de féministes algériennes et iraniennes à écrit une lettre ouverte enflammées à l'intention de ceux qu'elles appellent les "féministes de l'exotisme", entendez les féministes tiers-mondistes soutenant le port du voile: "
Ce message, certes chargé de colère, s'adresse à certaines de nos camarades féministes engagées dans les luttes antiracistes, altermondialistes, traversées par une certaine culpabilité coloniale et post-coloniale. Militantes et/ou chercheuses, porteuses des valeurs féministes, nous n'arrivons pas à concevoir, à comprendre ni à accepter votre engagement aux côtés de celles qui se nomment "féministes musulmanes et/ou voilées", aux dépens des féministes laïques. (...) Est-ce de l'exotisme? Nous ne pouvons croire cela, est-ce de la naïveté politique? Nous n'osons croire cela, est-ce une alliance conjoncturelle contre l'impérialisme et le capitalisme américains? (...) L'adage qui énonce que "l'ennemie de mon ennemie est mon amie" ne peut être l'apanage des féministes, souvenez-vous des conséquences de l'alliance: islamistes et communistes en Iran, et ce qui arriva à ces derniers une fois les islamistes au pouvoir. Au quotidien, les femmes sont menacées, emprisonnées, arrêtées, lapidées, meurtries. Entendez-vous leurs cris de liberté? Ou seulement leurs échos, écoutez...! (...) Que nous soyons originaires d'Iran, d'Algérie, d'Afghanistan ou du Pakistan, ce n'est pas de gaieté de coeur que nous avons quitté nos terres d'enfance. Aujourd'hui, nous nous retrouvons unies dans une terre laïque où la liberté de conscience est garantie par la loi, où la lutte pour l'égalité des droits est possible, quoique ardue." (3)

En fait, ils défendent qui et quoi ceux qui défendent l'islamisme? Ahmadinejad et son gouvernement qui lapident les femmes, qui pendent les homosexuels ? Défendent-ils ceux qui pensent qu'il faut un moratoire sur la lapidation? Pas une interdiction, non un moratoire, comme le propose Tariq Ramadan, le temps d'y réfléchir, de se poser la question: c'est bien ou pas bien? c'est une belle mort ou non? ça se fait ou ça ne se fait pas? La question mérite réflexion, vaut la peine qu'on se prenne la tête. Peut-être des états généraux ou quelques colloques pourraient-ils la trancher (la question) ? Bien sûr qu'il faut opposer un non radical, catégorique à des pratiques aussi barbares. Mais chez les anticolonialistes, certains s'interrogent... Ou se taisent.

En attendant, en Iran, "la Cour suprême a commencé le réexamen de la condamnation à mort de Sakineh Mohammadi Ashtiani. Cette démarche semble uniquement destinée à atténuer les pressions exercées sur les autorités par la communauté internationale en différant la décision relative au choix de la méthode d’exécution.
Cette femme est toujours condamnée à être lapidée."
(extrait de www.isavelives.be - signez la pétition!)

(A suivre)

(1) dans "Combattre le terrorisme islamiste"
(2) C. Fourest: "La dernière utopie - menaces sur l'universalisme", Grasset 2009)
(3) texte complet sur www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2009/05/22/2179

On n'échappe pas à sa culture

Le lecteur attentif de ce blog aura appris que le dossier du projet dit "centre de glisse" a connu, en avril dernier, une évolution importante: le Gouvernement wallon a accordé son feu vert à la modification du plan de secteur, ouvrant ainsi la voie à ce projet requalifié de "centre de loisirs Nature et Sports". Le Ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du Territoire, Philippe Henry, se réjouissant du franchissement de cette étape et constatant que tous les acteurs étaient satisfaits de l'accord, avait appelé à la paix des braves et incitait tous les protagonistes à poursuivre la concertation dans un esprit de dialogue et de collaboration.
La phase administrative suivante consiste en l'établissement d'un R.U.E. Entendez par là Rapport urbanistique et environnemental. C'est la Ville d'Antoing qui en a la responsabilité. Il doit, une fois établi, être approuvé par le Gouvernement wallon.
Un comité d'accompagnement travaille à ce R.U.E. Et voilà qu'on apprend que la composition de ce comité d'accompagnement est réservée par la Ville d'Antoing à ses propres représentants, à ceux des promoteurs, du fonctionnaire délégué, du cabinet du ministre-président de la Région wallonne et de l’intercommunale IDETA à qui la Ville a confié l'établissement du dit R.U.E. Bref, la commune se fait accompagner de camarades. Les compagnons qui ont des expertises en matière environnementale sont laissés sur le carreau.
Antoing est pourtant l'une des six communes membres du Parc naturel des Plaines de l'Escaut. Le Parc a plusieurs fois remis des avis très fouillés sur le projet. Fouillés et critiques. Voilà qui suffit à l'éviter. La Ville cotise pour être membre du Parc et bénéficier de son action, de ses études et conseils, mais ne souhaite pas mettre d'obstacles sur la route de promoteurs qu'elle vénère autant que son cher prince. La Ville d'Antoing est schizophrène. Voilà longtemps que le mal a été identifié. Mais elle ne se soigne pas.
Elle n'a pas songé non plus à inviter, au sein du Comité, des représentants de l'administration wallonne (la DGATLP et à tout le moins la Division Nature et Forêt). Pas plus qu'à inviter des spécialistes en matière d'eau, d'énergie, de mobilité ou des représentants de l'ADEPS. Et elle a oublié les communes voisines de Péruwelz et de Brunehaut, pourtant jusqu’ici toujours étroitement associées aux réflexions sur le projet.
Elle a oublié d'inviter un représentant du Ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement, lui préférant un représentant du Ministre-président, Rudy W.P. Demotte. En l'occurrence, ce sera une représentante, selon toute vraisemblance. Celle qui a toujours suivi le dossier pour le cabinet pour mieux le maîtriser ensuite à la CRAT. Même si la double casquette qu'elle porte ainsi est contraire aux règles.
Voilà ce qu'on appelle un dossier sous contrôle. On ferme portes et fenêtres. Ainsi le veut la culture du Ps. On ne se refait pas. Mais pourquoi se refaire quand le parti triomphe aux élections et plus encore dans les sondages?

lundi 6 septembre 2010

Faut-il enfiler une burqa pour parler de l'islamisme?

Ce billet-ci est écrit à voix basse. Discrètement. Car les gens dont il est question ont de grandes oreilles. De grands yeux. De grands bras, ma mère grand! Et ils sont très susceptibles. Voire menaçants. La discrétion est donc de mise. La tribune publiée par Claude Demelenne dans LLB de ce samedi 3 septembre ne manque pas d'inquiéter. Même s'il faut convenir que ses propos sont, hélas, peu surprenants pour qui suit un peu ces questions. Son texte s'intitule: "Mon crime: je dénonce l'islamisme en Belgique". Demelenne a co-écrit l'an dernier avec Alain Destexhe un petit livre qui a pour titre: " Lettre aux progressistes qui flirtent avec l'islam réac". Ils ont eu grand tort. Claude Demelenne explique que "après chaque article mettant en garde contre une poussée d'un islam peu tolérant", il a "eu droit à des attaques courageusement anonymes sur Internet. (Ma) photo a commencé à circuler sur Facebook, affublée de qualificatifs de plus en plus orduriers: "raciste", "facho", "renégat", petit blanc haineux", "dégueuli humain" (sic), etc.". On voit par là que la passion haineuse est peu favorable à l'orthographe. Ce qui est à la fois un tort et un signe qui ne trompe pas. Demelenne explique que "certains amis de gauche ont pris leurs distances", que "certains sympathisants de la gauche de la gauche ont coupé les ponts avec (lui), changeant de trottoir quand ils (le) croisaient." Qu'un de ses anciens collègues lui a même reproché ses prises de position "nauséabondes". Les insultes ont redoublé à la sortie de son opuscule avec Destexhe. Philippe Moureaux, jamais avare d'une saillie excessive, l'a traité de "collaborateur de l'extrême-droite". Il s'est vu déguisé en Degrelle dans un montage vidéo posté sur Internet. "La machine à fasciser, nazifier, lepéniser, a tourné à plein régime", dit-il. "Je suis abasourdi par le deux poids, deux mesures pratiqué par certains petits cercles de gauche: impitoyables - et c'est indispensable - pour contrer l'extrême droite classique. Mais très complaisants vis-à-vis de l'extrême islamiste", ajoute-t-il. Il y a là effectivement matière à abasourdissement. Cette vieille gauche anti-colonialiste prend systématiquement le parti des barbus. Oubliant que la religion, surtout dans ses versions intégristes, est un redoutable outil de colonisation des esprits. Face aux attaques incendiaires et inquiétantes dont Demelenne est l'objet, on imagine des ayatollahs rire dans leur barbe.
Il rappelle qu'il n'a jamais critiqué l'islam, mais "ses fractions extrémistes". Cette utilisation politique de l'islam. "L'islam est une religion, l'islamisme une idéologie. Par conséquent, l'islamisme n'est pas l'islam mais plutôt un travestissement malsain de cette religion monothéiste. Ainsi toute lutte doit-elle cibler, non pas la religion musulmane, mais l'idéologie islamiste. Une idéologie qu'il nous faut combattre en lui opposant des valeurs de justice, de droit, de liberté et de démocratie." Ce n'est plus Claude Demelenne qui s'exprime, mais le journaliste algérien Mohamed Sifaoui (1). Est-il "raciste"? Est-il un "petit blanc haineux"? Il ajoute que "qualifier l'islamisme de fascisme n'est ni un abus de langage ni un dérapage. Des travaux extrêmement sérieux ont démontré l'existence de profondes similitudes entre le nazisme et l'islamisme contemporain.(2)"
Mais la gauche de la gauche a choisi le camp des islamistes: ils s'opposent aux grands méchants américains. La gauche de la gauche aime faire simple. Et ne craint pas les incohérences. Les autres ne craignent pas de mettre la tête dans le sable.
A suivre...

(1) Mohamed Sifaoui: Combattre le terrorisme islamiste, Grasset 2007
(2)Entretien de l'auteur avec Mehdi Mozaffari, (Est-il "raciste"? Est-il un "petit blanc haineux"?) universitaire danois et professeur de sciences politiques, qui a réalisé une étude comparative entre le fascisme et l'islamisme.

Pire que pire, triste que triste

Dans la crise que traverse la Belgique et qui tourne un peu en rond, la presse s'est trouvé un os à ronger. Quelques associations de défense de l'environnement, inconnues au bataillon, crient haro sur le baudet Henry. C'est le pire ministre de l'environnement et de l'aménagement du territoire qu'on n'ait jamais eu, disent-elles. Elles lui reprochent d'avoir remis un avis tantôt trop tard, tantôt trop tôt, par rapport à l'un ou l'autre dossier. J'ai été collègue de Philippe Henry quand nous étions parlementaires. Nous n'étions pas amis. Mais prenons le dossier de ce qui s'appela longtemps le projet de centre de glisse de Maubray. Critiqué de toutes parts pour son incohérence, voire sa bêtise, ce projet avait le soutien implicite tant du Ministre-Président Demotte (l'homme qui ne dit ni oui ni non) que du Ministre de l'Aménagement du territoire de l'époque, André Antoine, qui refusa tout contact avec les opposants. Le Ministre de l'Environnement d'alors, Benoît Lutgen, ne cachait pas son malaise, mais avait appris à se taire. Prudemment. Puis Philippe Henry prit en charge ces deux matières et son cabinet et lui-même rencontrèrent tous les acteurs, y compris les opposants, et amenèrent tous les protagonistes du dossier de Maubray à une ferme et claire solution de compromis que n'avaient pas osé envisager les autruches qui avant lui géraient les mêmes matières. Malgré tout, Philippe Henry est décidément donné comme le maillon faible (1). Il serait le pire de tous, à entendre ces environnementalistes sortis d'on ne sait où qui ont visiblement oublié le sinistre Happart qui avait réussi à se faire honnir même des chasseurs. Lui qui est l'incarnation du Nemrod wallon. Régulièrement, Henry est l'objet de critiques dont on ne connaît jamais clairement l'origine. N'est-ce pas lui qui eut l'audace de refuser ce beau projet socialibéral de Citta Verde à Farciennes? Qui est aujourd'hui derrière ces petites associations qui l'attaquent à la tronçonneuse? Le MR? Le PS? C'est que, s'il s'agit d'éliminer Ecolo du grand raout fédéral et, partant, des majorités régionale wallonne et communautaire francophone, il faut bien trouver une raison. Ou un responsable. Et la presse de tendre son micro derrière la meute.

(1) lire le billet du 13 février 2010 intitulé "Wallonie, le pays qui dit oui à tout"

dimanche 5 septembre 2010

Et la tendresse, gordel?

"Chaque lapin dans son clapier", déclarait ce soir au JT de France2 un participant au Gordel, voulant signifier ainsi que Flamands et Francophones doivent vivre séparés. Ce qui - on doit bien l'admettre - ne sera pas une mince affaire à Bruxelles et dans les communes de la périphérie où le mélange s'est plus ou moins bien opéré. Mais soit, imaginons. Et observons deux lapins, chacun dans son clapier. Que constatons-nous? Ils ne communiquent pas entre eux. Ils ne se reproduisent pas. Ils finissent à la casserole.
Un autre participant estimait que nous sommes décidément deux peuples aux cultures trop différentes que pour pouvoir vivre ensemble. Mes voisins et moi aussi avons des cultures différentes. Je suis sûr que nous n'avons pas les mêmes lectures, que nous n'écoutons pas les mêmes musiques, que nous n'apprécions pas les mêmes films. Que faire? Dois-je leur demander de s'installer sur le trottoir d'en face?
La volonté de certains Flamands de scinder l'Etat belge est lamentable, mesquine, égoïste, individualiste et stupide. Les mots manquent. En un mot, elle est insensée. En ce sens qu'elle n'en a pas. De sens. On attend que se manifestent les intellectuels, les artistes, les associations de Flandre. Que la Flandre sorte de l'hystérie collective qui semble la gagner. A l'heure de l'Union européenne, la désunion de la Belgique serait rétrograde. On ne sait si on pourrait compter les pas en arrière sur les doigts d'une seule main. Qu'attend l'Union européenne pour signifier aux chantres de la Vlaamse republiek qu'elle ne la reconnaîtra jamais ? Si les Flamands ne veulent plus faire preuve de solidarité avec les francophones, pourquoi en témoigneraient-ils avec les régions les plus pauvres d'Europe? Demain, la Vlaamse kust? S'ils la veulent pour eux seuls, qu'ils la gardent pour eux seuls. Nous les prendrons au mot.
En attendant, le promeneur des rivages observe les péniches qu'il voit passer sur les voies navigables. Elles viennent de France, des Pays-Bas, de Wallonie, de Flandre. Que constate le promeneur? Que parmi les flamandes, identifiables au nom de leur port d'attache écrit à côté de leur nom, elles sont extrêmement rares celles qui arborent le drapeau flamand. Qu'en conclut-il? Que les bateliers sont peu sensibles au droit du sol et ont peu le sens des frontières. Et le promeneur de souhaiter quarante jours de déluge. Au moins.

samedi 4 septembre 2010

LA politique et LA télé

A un moment, elles étaient quatre sur le plateau du JT de la RTBF ce 3 septembre - et rien que quatre - pour commenter la crise. Deux journalistes, Nathalie Maleux et Johanne Montay, accueillaient deux politiques, Laurette Onkelinx et Joëlle Milquet. On voit par là que la politique et son traitement à la télé ont bien changé. Il y a vingt ans encore, on n'y aurait vu exclusivement que des hommes en cravate.

vendredi 3 septembre 2010

Mijnheer neen

Chaque matin, le Belge se réveille angoissé. Est-il toujours Belge? C'est la question qui l'assaille. Est-il désormais uniquement Flamand ou Wallon ou Bruxellois ou Germanophone? Ou veuf? Ou orphelin de la mer du Nord ou de l'Ardenne? Il allume sa radio, va chercher son journal. Barak Obama tente-t-il d'amener Elio Di Rupo et Bart De Wever à se reparler? Hillary Clinton a-t-elle su trouver les mots qui apaisent? Yves Leterme fait-il toujours fonction? Refuse-t-il toujours tout commentaire? Le Belge devient insomniaque. Le francophone fait des cauchemars. Il voit Bart De Wever en Gilles de Rais. L'homme est boulimique, insatiable. Il veut tout, n'en a jamais assez. Il engloutit toujours plus. De frites, de gaufres, de transferts. Les transferts passent mieux avec de la mayonnaise. Le soir des élections du 13 juin, il relevait que septante pour cent des Flamands n'avaient pas voté pour la NVA. Il déclarait qu'il ne réclamerait pas de révision de la loi de financement et qu'il était d'accord pour un refinancement de Bruxelles. Aujourd'hui, il estime que les propositions qui étaient sur la table ne conviennent pas aux Flamands. Il parle au nom de tous les Flamands. Il avale même sa parole. C'est le comble de la boulimie. Mais il n'est pas responsable de la crise, assure-t-il. Il appelle à ne pas dramatiser. Le Belge ne dramatise pas. Il reprend des frites. Même s'il sent que son pays dégage une odeur de pourriture. Qu'il va mal. "Le pays va mal / Mon pays va mal / Mon pays va mal / De mal en mal / Mon pays va mal / Avant on ne parlait pas de nordiste ni de sudiste / Mais aujourd'hui tout est gâté / L'armée est divisée / La société est divisée / Même nos mères au marché sont divisées " (*). Le Belge se sent ivoirien. Il ne sait pas pourquoi. Il ouvre une boîte d'ananas.

(*) (Tiken Jah Fakoly).

Francorstop!

Maintenant, ça suffit! Que les pilotes de Formule 1 aillent tourner en rond ailleurs qu'à Spa-Francorchamps! Qu'on mette fin à ce grand prix inutile, polluant et dispendieux! On s'en doutait, le nombre de spectateurs cette année n'a - une fois de plus - pas été suffisant pour permettre aux organisateurs de boucler leur budget. Il leur fallait 65.000 spectateurs, comme l'an dernier il en est venu 52.000. Mais qu'importe, la Région wallonne - qui rivalise avec Monaco et ne sait que faire de son argent - comblera à la fois la différence et ce gentil mécène de Bernie Ecclestone. Elle avait d'ailleurs déjà allongé tout récemment cinq millions d'euros aux organisateurs.
52.000 spectateurs, c'est risible à côté des 300.000 de Werchter ou des 120.000 de Dour. C'est les deux tiers du nombre de spectateurs de Couleur Café (76.000), 8.000 de moins qu'aux Ardentes de Liège. Où sont tous ces hystériques qui en 2003 appelaient à pendre les écologistes, parce qu'Ecolo avait le culot de refuser de faire une exception dans la loi-anti-pub-tabac pour les grands prix automobiles? Le grand prix de Francorchamps était le fer de lance de l'économie wallonne, nous hurlaient-ils. Aujourd'hui, il est enfin clair que ce grand prix et les infrastructures du "plus beau circuit du monde" coûtent une fortune à la collectivité. Mais quel politique osera aujourd'hui mettre fin à ce scandale?

Je me rends compte que l'an dernier, à pareille époque, j'avais déjà écrit un billet de même teneur. Mais le Gouvernement wallon a décidément ses vaches sacrées...

mercredi 1 septembre 2010

Mes recettes pour lutter contre le réchauffement climatique

Le réchauffement climatique est-il toujours d'actualité ? C'est la grande question. On n'en parle plus. Ou si peu. Les vacanciers avaient la tête ailleurs. Les pieds aussi. Les avions ont été toujours plus nombreux à sillonner la planète pour transporter, à moindre comme à cher coût, de joyeux touristes. Le touriste est joyeux et insouciant. Il est ainsi fait. Pourtant, il semble que le réchauffement climatique ait été prendre des vacances du côté de la Russie, de la Chine, du Pakistan.
"Cet été est l'un des plus extrêmes en termes de climat en Russie, au Pakistan, en Chine, en Europe, en Arctique - un peu partout, en fait", écrivait dans LLB du 19 août Stefan Rahmstorf, professeur de physique des océans à l'université de Postdam. "Les températures globales des derniers mois ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis les premiers enregistrements remontant à 130 ans", ajoutait-il. "Cette décennie a été marquée par un nombre étonnant d'extrêmes." Et de rappeler la canicule de 2003 (70.000 morts en Europe), les ouragans de la Nouvelle-Orléans, les feux de forêt en Grèce, de brousse en Australie, de tourbe en Russie, les inondations en Chine et au Pakistan.
"Nous devons admettre les faits, concluait Stefan Rahmstorf, nos émissions de gaz à effet de serre sont probablement en partie responsables des extrêmes vécus cet été. S'accrocher à l'espoir que tout cela est arrivé par hasard et que tout cela est naturel semble naïf. Espérons que les extrêmes de cet été constitueront un dernier signal d'alerte pour les hommes politiques, les hommes d'affaire et les citoyens de notre planète."
Je l'ai pris au mot et me permets quelques modestes propositions qui devraient participer à la lutte contre le réchauffement climatique:
- se passer le plus possible de l'avion et taxer lourdement le kérosène, même si ça fait pleurnicher - une fois de plus - José Happart. Tout en diminuant les tarifs beaucoup trop élevés du chemin de fer. "Les gens ne pensent plus qu'en termes de destination. C'est tout juste s'ils accordent de l'intérêt au voyage", déclarait dans le Vif (14.05.2010) le journaliste américain Seth Stevenson, qui a fait le tour du monde sans prendre un seul avion. Mettre fin au just in time et aux transports imbéciles: "on transporte aujourd'hui tout et n'importe quoi, déclarait au Vif le pilote belge Xavier Bruyndonckx qui expliquait avoir opéré cinq vols par semaine en Boeing 747-400 entre le Kenya et les Pays-Bas pour transporter uniquement des roses. Avec une consommation proche des 80 tonnes de carburant.
- supprimer le Grand Prix de Francorchamps. Les journalistes nous a bassiné les oreilles tout le week-end dernier avec "le plus beau circuit du monde". C'est sûr: à la vitesse à laquelle ils roulent les pilotes ont largement l'occasion d'admirer les paysages. Remplaçons la F1 par des courses de cuistax. Les pilotes auront l'occasion de respirer l'odeur de résine. Ce sera tout bénéfice pour leurs poumons. Et pour la Région wallonne qui vient encore de verser plus de cinq millions d'euros dans ce panier percé qu'est ce magnifique grand prix sans lequel la Wallonie n'existerait pas mais dont visiblement tout le monde se fout puisque la foule attendue n'est jamais au rendez-vous. Et tant pis si ce petit changement fait pleurer Jean-Marie Happart, président de l'ISF qui gère les coûteuses infrastructures de Francorchamps aux malfaçons persistantes.
- devenir végétariens, même si ce changement de régime doit rendre malades les deux chasseurs invétérés que sont les Happart Bros. "L'industrie de la viande est aujourd'hui la deuxième émettrice de gaz à effet de serre au monde, juste derrière l'industrie de l'énergie", écrivait Weronika Zarachowicz dans Télérama (14.10.2009). "Elle en produit 18%, soit plus que tous les transports planétaires réunis (14%)! 18% émis tout au long de la chaîne de fabrication de nos steaks: depuis les engrais chimiques pour les fourrages jusqu'à l'azote de fumier, via les pets et surtout les "rots" de vaches chargés en méthane, un gaz à effet de serre vingt-cinq fois plus puissant le gaz carbonique."
- interdire de chauffer les pelouses des terrains de foot. C'est une obligation en division 1, paraît-il. En hiver du moins. C'est que les footballeurs sont des douillets.
- aboutir le plus vite possible à un accord gouvernemental en Belgique pour éviter cette ronde des voitures des présidents de parti dans le parc du château de Laeken.
- interdire à l'Eurovision l'usage des ventilateurs qui donnent une image si romantique aux blondinets dont les cheveux flottent au vent. (*)
Quelques propositions parmi d'autres. On voit par là qu'il suffit parfois de quelques idées.

(*) Cette proposition est l'expression d'une certaine jalousie, j'en conviens. Mais quand même!

Post-scriptum: la température de l'été 2010 en Belgique aura été très anormalement élevée: 18,4°, plutôt qu'une normale de 16,5°, selon Luc Debontridder de l'IRM (LLB, 01.09.2010)