mardi 31 décembre 2013

Vive la reprise

Nous voici à l'époque où l'homme fait un vœu. Soyons donc de notre époque.
Souhaitons que 2014 soit une année de reprise.
Reprise de la paix, en Syrie, en Centrafrique, au Sud-Soudan, en République démocratique du Congo, en Irak, en Afghanistan, entre Israéliens et Palestiniens, et dans tant de coins du monde où des dictateurs, des religions, des ethnies s'en prennent violemment à celles et ceux qui ne sont pas ou ne pensent pas comme eux. 
Reprise de l'intelligence qui semble faire cruellement défaut à tant de responsables politiques sans courage ni imagination et à tant de citoyens qui se lâchent sur le net ou dans la rue en propos abscons, indigents et insultants.
Reprise de l'humour qui, en France, pèse des tonnes ces derniers temps.
Reprise du sens du collectif, à une époque où l'individu se centre sur ses envies immédiates, son strict point de vue, ses pulsions.
Reprise de l'optimisme dans des pays où la grogne tient lieu d'humeur constante et nationale.
Il est des signes qui permettent de l'être, optimiste: 
- si la plupart des chaînes radio et surtout télé sont devenues de puissants instruments de décervelage (comme le voulait le patron de TF1, Patrick Le Lay), il en est heureusement qui parient, avec succès, sur l'intelligence. On se réjouit ainsi d'apprendre que l'émission de France Inter "Sur les épaules de Darwin" rassemble chaque samedi (1) jusqu'à un million d'auditeurs. Et l'émission "Carnets de campagne", sur France Inter également (2), témoigne d'une France qui bouge, avance, crée du lien, provoque le changement.
- 80 % des Français, nous dit un sondage, aimeraient moins râler en 2014. Etre conscient de son état et de ses envies, c'est déjà avancer.
Allez, allez, ça va aller.

(1) de 11 à 12h.
(2) du lundi au vendredi de 12h30 à 12h45.



dimanche 29 décembre 2013

Que nenni quenelle

Que reste-t-il de l'humour français? Pas grand chose. Desproges est décédé en 1988 (1). Bedos père vient d'annoncer la fin de ses spectacles. Qui reste-t-il? L'équipe de Charlie Hebdo et qui d'autre (2)? 
En cette période de fêtes, les télés entendent nous faire rire. Mais il faut croire qu'on n'entend rien à l'humour français actuel. Les spectacles de pseudo-humoristes et les émissions qui se veulent drôles n'arrivent même pas à nous faire sourire. Ils parviennent juste à nous faire zapper. On tombe alors sur des vidéo gags dans lesquels on cherche en vain les gags. Les bêtisiers portent bien leur nom: ils sont juste bêtes. Canal+ n'est plus que l'ombre de lui-même. L'humour y est devenu poussif. Quand il n'est pas écœurant (3).
Aujourd'hui, ce sont les déclarations de Dieudonné qui font débat. Parlant du journaliste de France Inter Patrick Cohen, il a dit lors d'un spectacle: "quand je l'entends parler, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage." Il paraît que c'est de l'humour et qu'interdire - comme entend le faire le Ministre de l'Intérieur -  de tels propos haineux, qui n'atteignent pas le niveau de la bouche d'égout, relèverait de la censure. L'ex-humoriste est devenu l'ami de Jean-Marie Le Pen qu'il a combattu autrefois, du fasciste Alain Soral et du négationniste Robert Faurisson. Bref, rien que de chouettes potes qui voient des Juifs partout, et surtout aux commandes de la planète, et à qui le mot fraternité est aussi étranger que celui de subtilité à la fille à papa Le Pen. Sans doute Dieudonné fait-il partie de ces gens dont on dit qu'ils disent tout haut ce que les autres pensent tout bas. En fait, ces hauts parleurs sont le plus souvent de bas penseurs.
Dieudonné aurait inventé un geste qu'il a baptisé "quenelle". Ce serait un geste humoristique, dit-il, ou anti-système. Certains y voient un salut nazi inversé ou une espèce de bras d'honneur. C'est devenu le signe de ralliement "des puceaux du bulbe, des ados crétins, des beaufs, des gras-doubles de la pensée, des rebelles en chaussons", écrit Charb (4). Des chasseurs alpins ont fait le geste devant une synagogue à Paris. Des militants anti-mariage homo l'ont repris (5). Un footballeur français vient de le faire lors d'un match en Angleterre. 
Dieudonné, via son épouse, a déposé les marque "quenelle" et "quenelle +" auprès de l'Institut national de Propriété industrielle. "La quenelle, écrit Charb, l'étendard de tout ce que la France compte de prétendus antisystème, est la propriété intellectuelle de petits commerçants qui envisagent l'antisonitisme comme un marché. " Bref, le héraut de l'anti-système est un homme d'affaires qui sait utiliser à son profit le système capitaliste. Ce doit être cela son sens de l'humour.

P.S.: lire l'intéressante analyse de François De Smet: Dieudonné et le triomphe du vide.
http://francoisdesmet.wordpress.com/2013/12/30/dieudonne-et-le-triomphe-du-vide/
Autre contribution intéressante:
www.rue89.com/2013/12/31/metais-jure-faire-aspirer-nebuleuse-dieudonne-248690
Et pour ceux qui douteraient encore de l'obsession antisémite du personnage:
www.rue89.com/2014/01/04/reportage-spectacle-dieudonne-quenelle-policiers-salle-hilare-248760

(1) il faut revoir son réquisitoire contre Jean-Marie Le Pen au Tribunal des Flagrants Délires: www.youtube.com/watch?v=QeW1fvV_w8c
Et dans la foulée "La journée d'un fasciste" par Luis Rego lors du même Tribunal: www.youtube.com/watch?v=kFkWojGaf-I
(2) il y a bien une certaine Nabila, mais elle est totalement hors-jeu.
Voir www.lesinrocks.com/inrocks.tv/nabilla-ne-comprend-rien-a-lhumour-du-supplement-sur-canal
(3) www.rue89.com/2013/12/29/maman-est-haut-coupee-morceaux-sketch-canal-genocide-rwandais-passe-248656
(4) Charlie Hebdo, 18 décembre 2013.
(5) La Nouvelle République, 28 décembre 2013.


jeudi 19 décembre 2013

La vache



On leur donnerait le bon dieu sans confession. Et pourtant, on ne le dira jamais assez: il faut se méfier des bovidés, surtout s'ils sont en groupe. Et surtout si l'on est chasseur, humain ou animal. Elles ne les aiment visiblement pas.
Dans la Brenne, au beau milieu de la France, trois ou quatre vaches devenues sauvages, nous dit-on, ont bousculé un chasseur. Il s'est retrouvé expédié dans un étang (1). Il a eu très peur: il ne sait pas nager. C'est l'histoire du chasseur chassé.
Ailleurs, bien plus loin, des buffles s'en sont pris sans ménagement à des lions qui s'attaquaient à un de leurs petits. Les lions ne se sont pas vus aussi gros que les bœufs, ils n'ont pas insisté longtemps (2).
En Brenne, trois des vaches sauvages ont été abattues. Que ceci leur serve de leçon: chacun doit rester à sa place, n'est pas chasseur qui veut.
La moralité de tout ceci, c'est qu'il est dangereux de chasser si on ne sait pas nager.


(1) la Nouvelle République, 13 décembre 2013.
(2)  http://www.rue89.com/2008/06/02/le-lion-le-buffle-et-le-touriste-un-jackpot-video
www.rue89.com/zapnet/2013/12/14/buffle-sauve-congenere-faisant-voltiger-lion-248346

mardi 17 décembre 2013

Question

Pourquoi les mêmes personnes s'opposent-elles aux radars le long des routes et sont-elles favorables aux caméras de surveillance sur les trottoirs? On se le demande.

lundi 16 décembre 2013

Drame de la route

Sketch amusant d'un élu municipal de Paris au Journal de France Inter à 13h ce jour. Il est UMP et donc dans l'opposition. Il parle de décision "dramatique". C'est celle  de diminuer la vitesse maximale sur le périphérique de 80 à 70 km/h pour limiter la pollution. Tout le monde sait, dit-il, que quand on roule plus lentement, on pollue plus. Juste avant lui, une experte expliquait que c'est entre 40 et 70 km/h que les moteurs polluent le moins. L'élu UMP est comme ces premiers possesseurs d'automobiles qui, voyant diminuer leur réserve de carburant, roulaient le plus vite possible pour être sûrs de rentrer chez eux. Pourquoi la droite se fait-elle un devoir de se ranger automatiquement du côté des lobbys automobiles qui trouvent systématiquement que toute mesure de limitation de vitesse "ne sert à rien"? De toute façon, comme le disent les automobilistes parisiens, qu'on soit limité à 70 ou à 80 sur le périph' ne change pas grand-chose: on y roule quand même le plus souvent à 40 (1).

(1) 37 km/h de moyenne en fait, JT de France 2, ce jour, 20h.

samedi 14 décembre 2013

Je dis ça, je dis rien

L'anticyclone et les belles journées que nous connaissons ces derniers semaines provoquent, ces jours-ci, des pics de pollution. Les villes sont couvertes d'inquiétants nuages de particules fines. Notre santé risque d'en souffrir, nous dit-on. Les pouvoirs publics prennent les mesures qu'ils peuvent: ici ou là, ils diminuent les vitesses maximales sur les routes. On pourrait imaginer un système de taxation des véhicules au kilomètre parcouru. De quoi inciter à un transfert vers des modes plus respectueux de l'environnement et financer ceux-ci. On l'appelerait écotaxe. C'est pas une bonne idée en ces temps pollués?

vendredi 13 décembre 2013

Tout va mal

Comment se porte la bêtise? Elle ne manque pas de nous inquiéter, elle présente des signes d'obésité.

La chroniqueuse Myriam Leroy s'est lâchée sur Dieudonné dans une émission de Canal +. Son billet, qui ne figure sans doute pas parmi les plus raffinés qui soient, a le mérite d'être direct. Il lui a visiblement fait du bien. A nous aussi.
Les réactions agressives à son égard - elle devait s'y attendre - n'ont pas tardé. Elles dépassent l'entendement (1). Dans tous les sens du terme. On n'y comprend pas grand-chose, tant elles sont exprimées de manière virulente et peu construites. On comprend en tout cas qu'aux yeux de certains il faudrait être connu pour pouvoir s'exprimer et avoir des milliers d'amis sur Fèces bouc pour pouvoir donner son opinion.
Et certains voudraient nous faire croire que nous vivons au siècle de la communication. Ils la confondent avec l'éructation. Dieudonné a répondu à Myriam Leroy avec cette absence d'humour qui le caractérise désormais (mais peut-être m'échappe-t-il). Son humour est devenu tellement particulier qu'il a apporté son soutien au répugnant député belge Laurent Louis lors d'un congrès où le niveau de réflexion politique ne dépassait visiblement pas celui de la bouche d'égout (2).

En Eure-et-Loir, voilà un mois, les agriculteurs de la FDSEA, pour protester contre les taxes et écotaxes, ont démonté 376 panneaux routiers, essentiellement des panneaux d'interdiction ou de limitation de circulation des poids lourds, mais d'autres aussi, tels que des "stop". La sécurité routière est évidemment en jeu.  Des maires et le Conseil général ont déposé plainte. Le vice-président du Conseil général estime le coût des remplacements à 50.000 euros, ils seront tirés des budgets publics (3). Donc de la poche des contribuables. Cherchez l'erreur. Courageusement, la FDSEA a refusé de réagir sur France 3. On pourrait lever une nouvelle taxe pour remplacer ces panneaux. On l'appelerait "lesconstaxe".

Est-ce juste une impression? Plus on lui donne la parole, ce que ne se privent pas de faire quasiment tous les médias français, plus la fille à papa Le Pen parle fort. Sait-elle qu'elle a un micro devant elle? Mais sans doute l'éructation est-elle dans sa nature.

(3) France 3 Centre, Journal, 12 décembre 2013, 19h.

mercredi 11 décembre 2013

Tout va bien

"A cette époque-là, les journalistes posaient beaucoup de questions." C'est un journaliste qui fait ce commentaire. Il interviewe le maire d'un village de la région Centre sur ses souvenirs de la construction d'une centrale nucléaire sur le territoire de sa commune (1). A l'époque, il n'était pas maire, mais il a travaillé plus de trente ans à la centrale. C'est en son sein qu'a lieu l'interview actuelle. On s'inquiétait alors, dit le journaliste, on ne connaissait pas l'atome, on craignait des dangers. Mais oui, c'est légitime, quand on ne connaît pas, on a peur. Mais on comprend qu'aujourd'hui, tout va bien et que la centrale emploie des centaines de travailleurs. Il n'y a donc plus de questions à poser. Elles l'ont déjà été il y a quarante ans. 
D'ailleurs le journaliste n'en pose pas. Il est d'une autre époque, lui. Il ne demande pas au maire si, en tant qu'ancien travailleur resté attaché à sa centrale, il ne se sentirait pas juge et partie en cas d'accident. Il ne parle pas du problème qui reste entier des déchets nucléaires. Il n'évoque pas Fukushima, ni non plus les nombreux pays qui abandonnent la filière nucléaire.
Moins d'une heure plus tard, un documentaire sur Arte, à deux pas de Fukushima (2). On y voit des villages vides. Ils le resteront pendant des siècles, nous dit le commentaire, à cause de la radioactivité.

(1) Journal Région Centre, 7 décembre 2013, 19h.
(2) 360°-Géo, "Les samouraïs de Fukushima", 7 décembre 2013, 20h.

mardi 10 décembre 2013

De la difficulté de l'ubiquité

No Télé avait prévu de consacrer une émission ce mardi à un bilan de la majorité tournaisienne un an après sa mise en place. L'émission est reportée d'une semaine, annonce la chaîne régionale, "Rudy Demotte a en effet été invité à intégrer la délégation belge qui assistera aux funérailles de Nelson Mandela" (1). 
On s'étonne: le double ministre-président n'est-il pas bourgmestre empêché? L'émission ne peut-elle avoir lieu avec "l'échevin délégué à la fonction maïorale" (on ne rit pas!)?
On voit par là qu'on ne peut être au four et au moulin, que le cumul des mandats  de l'un contraint tous les autres à s'adapter à son agenda et que Tournai mériterait d'avoir un vrai bourgmestre. On espère au moins que le petit marquis embarquera No Télé dans ses bagages, pour que la population wapienne ait droit à ce grand moment de l'Histoire: la présence de Rudy Ier aux funérailles d'un grand homme.

(1) www.notele.be, 9 décembre 2013.

lundi 9 décembre 2013

Celui qui secoue les branches

Y a-t-il un homme ou une femme politique qui ait fait autant l'unanimité à travers le monde que Nelson Mandela? L'homme est loué pour son courage, sa volonté, son intelligence, son charisme, son opiniâtreté, sa capacité à pardonner.
"Il nous incombe d'abord de nous incliner, écrit l'écrivain sud-africain Breyten Breytenbach (1). D'être fier de faire partie d'une humanité qui a pu voir marcher sur terre un homme comme Nelson Rolihlahla (celui qui secoue les branches) Mandela."
Il a secoué bien plus que des branches: un arbre, une forêt, la planète. Il a su donner sa place à chacun et, faisant le choix difficile de pardonner aux responsables de ce régime ignoble qu'était l'apartheid, il a permis aux blancs de se libérer de leur peur, comme le disait un de ses proches (2).
On espère que l'hommage mondial rendu à Nelson Mandela libèrera de leur peur les petits blancs imbéciles qui poussent des cris de singe quand un joueur de football noir a le ballon ou qui tendent une banane à la ministre Christiane Taubira.

(1) "Hamba kahle, Nkos - Repose en paix, Seigneur", Libération, 7 décembre 2013.
(2) "Nelson Mandela le réconciliateur", Clifford Bestall, diffusé sur Arte le 7 décembre 2013.

jeudi 5 décembre 2013

C'est celui qui l' dit qui l' fait

"Jean-François Copé ferait bien de tourner sept fois sa langue dans sa poche avant de donner des leçons à tout le monde." Voilà ce qu'a déclaré le numéro zwei du F.N., Florian Philippot (1). Un homme qui sait parler vrai, qui n'a pas sa langue en bouche.

(1) France Inter, 5 décembre 2013,  Journal de 13h.

mercredi 4 décembre 2013

Le monde comme il essaie d'aller

L'Europe engendre décidément des sentiments contrastés. Les Britanniques s'y sentent mal, nous dit un récent sondage. Les Français mettent sur le dos de "Bruxelles" la responsabilité de la plupart des problèmes qu'ils rencontrent, comme s'il s'agissait d'un être suprême sur lequel ils n'ont aucun pouvoir. Votent-ils? Et si oui, pour qui? Certains veulent payer moins de taxes, mais recevoir plus de subventions d'une Europe qu'ils exècrent. Tous les partis nationalistes européens la vomissent, promettent de la quitter s'ils sont un jour au pouvoir (ce qu'à Dieu - s'il existe - ne plaise).
Pendant ce temps, une bonne partie des Ukrainiens se battent pour entrer dans cette même Union européenne. 
Le FN français pense qu'il faut abandonner l'euro pour retrouver ce bon vieux franc. Les billets d'euros sont illustrés par des ponts. Tout un symbole. Les billets en francs seraient-ils illustrés par des murs, par des grilles cadenassées?

Scandale dans les milieux politiquement corrects (américains du moins): une journaliste de Elle s'est déguisée en chanteuse afro. La voilà traitée de raciste, au point d'être obligée de s'excuser. "Désormais, il existe une police de la fête qui devrait faire passer l'envie de rire avec les perruques et autres grimages", écrit Marianne (1).
Déjà le Père Fouettard est critiqué aux Pays-Bas où certains le voient comme une rémanence du colonialisme. Pour ne heurter aucune susceptibilité, devra-t-on interdire tout déguisement? Faudra-t-il supprimer les carnavals. A celui de Dunkerque, les hommes s'habillent en femmes. Sont-ils sexistes?
Une suggestion aux Tartuffe de tous poils: déguisez-vous en Belges. Vous apprendrez l'auto-dérision.

Suite du feuilleton du couplet lamentable de Nekfeu appelant à "un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo": où on apprend que le gamin n'est pas seul à tenir ce genre de langage. Un certain Disiz la Peste (qui se doit sans doute de tenir des propos à la hauteur de son nom) menace lui aussi Charlie: "même si vous étiez muets je vous couperai la parole, vous voulez savoir comment je ferai. Et bien je vous couperai les mains". On voit par là que la musique n'adoucit pas les mœurs et que n'est pas poète qui veut. Il faut découvrir dans l'édition d'aujourd'hui de Charlie Hebdo comment un certain Zobi le Glouk lui répond par un rap "humoristique et outrancier comme t'aimes, ma loute!". Zineb El Rhazoui rappelle le triste sort que réservent les pays islamistes aux rappeurs et Rachid Taha répond aux rappeurs "analphabètes" à sa manière: carrée et pleine d'humour.

(1) 30 novembre 2013.

vendredi 29 novembre 2013

Danse avec les loups

Pourquoi danse-t-on? Pour être en mouvement, pourrait-on croire, pour la grâce, pour le plaisir, pour l'énergie, pour la beauté, pour l'accord avec le ou les partenaire(s), pour s'épanouir, pour se libérer, pour se sentir vivre, pour être bien. On sent bien qu'il doit y avoir cent bonnes raisons
Mais certains pratiquent la danse en compétition et ont alors d'autres envies, d'autres motivations.
Ainsi Ludovic Chanton, un exemple sans doute parmi d'autres. Lors de concours, le jeune homme n'a qu'une idée: "mettre la raclée aux autres me motive à fond", dit-il. "Dès le matin des compétitions, on se lève avec l'idée de tout atomiser, et à l'entrée sur la piste, on veut tout éclater. (1)" Mettre la raclée aux autres est donc une motivation. On en a connu de plus nobles, de plus élégantes. On voit par là que la compétition change le regard.
Dans les années soixante-dix, écrit Sando Kaisen (2) , les arts martiaux s'implantaient en Europe: "le Japon venait nous transmettre le riche héritage de cet art que l'on nommait do, la Voie, la Voie qui mène à l'accomplissement de l'homme. Avant l'entraînement, on s'asseyait pour méditer et on pratiquait fortement. Il n'aura, hélas, pas fallu dix ans pour créer des ligues, des compétitions, des ceintures noires et des trophées, pour saccager la pure tradition et inonder la planète de ces nouveaux sports appelé karaté ou judo... Terminé l'idée même de Voie! Le monde moderne court après des ombres et ne comprend pas la racine. Il court après les feuilles en dénigrant cette racine. Rien de bon ne peut naître d'une telle attitude".

(1) La Nouvelle République, 18 novembre 2013.
(2) L'esprit du vin selon un moine zen, éditions Tarma 2013.

mercredi 27 novembre 2013

Dé-rap-age

Se moquer des gens, les critiquer pour ce qu'ils sont, pour la couleur de leur peau, leur âge, leurs origines, leur sexe, c'est du racisme et c'est inacceptable et condamnable. Se moquer des idées ne l'est pas. On conviendra qu'il est plutôt sain de se moquer des idées, que la critique fait réfléchir et avancer et qu'une société qui l'interdirait se recroquevillerait sur elle-même et serait de type dictatorial, de celles qui refusent à leurs sujets le droit de penser.
Aujourd'hui, on a donné un nom à la critique de l'islam: on parle d'islamophobie et on la confond allègrement avec le racisme. Certains montent aux rideaux - et surtout aux créneaux - à la moindre plaisanterie, à la moindre critique de l'islam. Or, l'islam, comme toutes les autres religions, est - et n'est que - une idée, et est donc à ce titre critiquable.
Ceux qui s'indignent de ce qu'ils nomment islamophobie estiment que celle-ci témoigne d'une attitude colonialiste. Non seulement l'analyse est pour le moins expéditive et simpliste, mais elle oublie en outre combien les religions ont été et restent de gigantesques entreprises de colonisation des esprits et comment certains les utilisent à des fins violentes.
Au nom de la lutte contre l'islamophobie (c'est ce qu'on peut supposer), voilà qu'un rappeur appelle à "un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo".
Bien sûr, on n'a affaire ici ni à un grand sociologue, économiste ou écrivain ("quel est le vrai danger: le terrorisme ou le Taylorisme?", demande-t-il), mais à un politologue amateur assez dangereux. Et on comprend vite que Nekfeu se range dans le camp de l'Inquisition ou du nazisme. Le sait-il? Ce sont ces régimes-là qui initièrent et pratiquèrent ces incendies contre les hérétiques qui avaient l'outrecuidance de ne pas penser comme eux. Nekfeu, qui dans sa chanson condamne le racisme, sait-il qu'il appelle à brûler un journal fondamentalement antiraciste (1)? 
Nekfeu n'aime pas Charlie, cet hebdo d'esprits libres. L'a-t-il lu un jour? Tous ceux qui comme lui appellent à la violence se placent du côté de l'extrême droite et de l'obscurantisme.
Le plus affligeant, c'est que la chanson dans laquelle le rappeur en question interprète ce couplet (2) est liée au film "La Marche", même s'il n'est - heureusement - pas repris dans sa bande originale. Le film de Nabil Ben Yadir (réalisateur de l'excellent film "Les Barons") a tout son sens aujourd'hui encore. Il retrace la "Marche pour l'égalité et contre le racisme", organisée en 1983 par Toumi Djaidja et ses amis pour protester contre les violences policières. "Un film clairement antiraciste, qui rend hommage à un événement majeur dans l'histoire de la lutte pour l'égalité des droits", estime l'équipe de Charlie, effarée par la violence de ce "chant religieux communautariste".
La chanson "La Marche" réunit treize rappeurs, chacun apportant son propre texte. Dommage que celui de l'un d'entre eux, véritable outrage à l'intelligence, fasse le jeu de l'extrême droite, tant musulmane que franco-française.
Peut-on faire une suggestion à Nekfeu: qu'il rejoigne une "chorale de râleurs". Elles sont très à la mode, paraît-il (3), mais s'expriment dans le second degré. Un peu de recul devrait lui faire le plus grand bien.

un abonné de Charlie Hebdo

(1) lire la tribune "Non, Charlie Hebdo n'est pas raciste"
www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2013/11/25/charlie-hebdo-effare-de-la-violence-de-la-bo-du-film-la-marche-a-son-encontre_3519910_3236.html
(2) http://rapgenius.com/La-marche-marche-lyrics#note-2468925
(3) Arte Journal, 26 novembre 2013.


(re)lire sur ce blog:
- "Islamofolies", 19.04.2013.
- "Renvoi de censeurs", 02.11.2011.

dimanche 24 novembre 2013

L'art hors la ville

L'art mural est très présent en Irlande du Nord où il raconte l'Histoire, honore les héros et les combats et préserve la mémoire. Les murs de bien des communes d'Amérique latine sont des supports à la créativité populaire, ils diffusent des slogans socio-politiques, témoignent de l'Histoire ou servent l'art.
Les plus grands musées du monde ont aujourd'hui exposé des œuvres d'artistes de rue, d'Ernest Pignon-Ernest à Cédric Bernadotte, en passant par Banksy, Lek ou bien d'autres.
La plupart du temps, l'art urbain - et c'est ce qui fait sa force et lui donne son sens - s'exprime librement, presque sauvagement.
A Tournai, qui est fière de sa politique culturelle (à juste titre à bien des points de vue), le street art, art rebelle par essence, doit se plier aux règles.  "L'art dans la ville" y a sa période: deux semaines en octobre. Hors ces dates, il est prié de regagner les galeries et de ne pas s'afficher à l'extérieur.
Voici quelques années, un grand pignon en centre-ville, sur la rive gauche de l'Escaut, a été peint par trois artistes de street art. Le propriétaire de la maison, peintre en bâtiment, avait mis son mur et de la peinture à disposition des trois jeunes artistes pour qu'ils s'expriment. Il n'avait demandé aucune autorisation pour ce faire. Mal lui en prit. La Ville opposa un refus à sa volonté de régulariser la situation. Aujourd'hui, c'est le tribunal qui lui enjoint de faire disparaître la fresque (1).
Deux artistes tournaisiens ont relancé la peinture murale au lendemain de la seconde guerre mondiale: Edmond Dubrunfaut et Louis Deltour avaient créé "Forces murales" avec le bruxellois Roger Somville. Leur objectif: mettre l'art à la portée de tous, et donc d'abord dans la rue. La Ville s'enorgueillit encore de les avoir comptés parmi les siens. On trouve des œuvres de Dubrunfaut dans le tunnel de la gare de Tournai, à la piscine de Kain et en de nombreux lieux publics à Antoing. Des commandes publiques à chaque fois, qui par leur nature même induisaient sans doute une autorisation automatique.
A Tournai, il semble que l'art doive rester sous contrôle des institutions: Ville ou Maison de la Culture.
Pendant que le peintre en bâtiment est prié d'effacer ce témoignage d'art urbain non autorisé, IDETA (2) se bâtit à deux pas de là, de l'autre côté de l'Escaut, un immeuble qui est affirmation de puissance. Il dépasse de deux étages toutes les constructions voisines. Ce temple de la suffisance affichée est donc irrespectueux des règles d'urbanisme. IDETA a notamment pour rôle de conseiller les communes de sa zone d'influence en matière d'urbanisme et d'aménagement du territoire. Ce chantier dispose évidemment d'un permis en bonne et due forme. 
A quoi reconnaît-on une petite ville de province?

(1) www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=dmf20131122_00392726
(2)  IDETA est l'Intercommunale de Développement économique de Tournai-Ath.

jeudi 21 novembre 2013

Balle magique

Il suffit parfois de pas grand chose pour restaurer le moral d'un peuple. Trois balles au fond d'un filet, par exemple. Et un pays en plein marasme, un pays au bord du gouffre, un pays qui a des bleus à l'âme se redresse comme un seul homme et retrouve allant et fierté.
Voilà que les supporters se cotisent pour payer les impôts de leurs dieux en short.
Voilà que des agriculteurs et des routiers, main dans la main, reconstruisent des portiques écotaxes qu'ils avaient malencontreusement démolis.
Voilà que des automobilistes se flashent eux-mêmes quand ils passent à hauteur de radars endommagés par des inconscients.
Voilà que les pasionarias qui s'étaient juré de consacrer leur vie à la lutte contre le mariage homosexuel se roulent des pelles.
Voilà que la cotation de TF1 bondit en bourse.
Voilà que François Hollande procède au remaniement gouvernemental tant attendu, en nommant Didier Deschamps premier ministre.
Désormais, tous les Français ont placé sur leur table de nuit une photo de leur cher président. Ils l'emporteront l'été prochain lors de leurs vacances au Brésil. "On est au Brésil, on est au Brésil!", scandaient-ils avant-hier soir.
Elle est pas belle la vie?

mardi 19 novembre 2013

Grandes et petites voix

On les attendait. Des voix se sont fait entendre pour refuser le racisme qui semble s'exprimer presque normalement en France ces derniers temps. Celle de Jeanne Moreau, celles de Benjamin Stora, de Bernard Murat, de Danièle Thompson, de Denis Olivennes. "Nous sommes tous des singes français", affirment-ils, se demandant comment il se peut "qu'au XXIe siècle certains de nos concitoyens, éduqués comme nous dans un grand pays que nous aimons, apprennent encore à leurs enfants l'humour nauséeux, la barbarie, la haine de l'autre et le mépris". D'autres artistes et intellectuels se mobilisent aussi: Yann Moix, Christine Angot, Caroline Fourest, Bernard Henri-Lévy, Dominique Sopo se sont réunis dimanche à Paris pour dénoncer le racisme. "Les républicains ne laisseront pas cette haine bestiale sortir des citoyens de l'espèce humaine", affirme C. Fourest (1).
Pendant ce temps, d'autres se trompent de combat: il y eut d'abord les auto-proclamés "343 salauds". "Touche pas à ma pute", préviennent-ils. Un pute appartient forcément à qui la paie. C'est leur logique d'hommes, de vrais hommes. On ne s'étonne pas de trouver parmi les premiers signataires un certain Eric Zemmour, on sait combien il a mal à sa virilité. On fut - un peu - surpris d'y trouver Nicolas Bedos. Il a retiré depuis sa signature (2).
Plus récemment, il y a Antoine: l'exotique vendeur de lunettes, a lancé une pétition s'opposant au projet gouvernemental de lutte contre la prostitution. Catherine Deneuve, Charles Aznavour et d'autres l'ont rejoint. Sur France 3 Centre (3), au même moment, une jeune femme, qui fut prostituée pendant cinq ans, témoignait des années de violence qu'elle a alors vécues. Elle ne comprend pas la pétition. Celles et ceux qui la signent, dit-elle, ne se posent pas la question du proxénétisme et de la violence que connaît le milieu de la prostitution. De quel côté se placent-ils, tous ces signataires? Que savent-ils du vécu de la grande majorité des femmes qui se trouvent sur le trottoir sans l'avoir jamais voulu?
Résumons-nous: l'homme descend du singe. 


(1) http://carolinefourest.wordpress.com
(2) dans la famille Bedos, je choisis le père.
(3) 17 novembre 2013, 19h00.

mercredi 13 novembre 2013

Plutôt grues que françaises



Le ciel est plombé. Les grues quittent la France. On l'entend à leurs cris: elles sont inquiètes. Après les homos, les Roms, les noirs, les portiques écotaxes, les radars, les panneaux de signalisation, peut-être seront-elles les prochaines cibles des Français au teint bleu marine.
La une ignoble de Minute n'est pas une surprise: l'hebdomadaire ne s'est jamais hissé à un niveau plus élevé que le caniveau. Mais aujourd'hui il ne fait que répéter ce qui se crie ouvertement dans les rues à l'encontre d'une ministre qui a le grand tort non seulement d'être noire, mais en plus d'être une femme, intelligente et décidée.
Face à cette résurgence d'un racisme anti-noir, certains appellent à la création d'un ministère de l'antiracisme (1). Mais le mal est plus grand. C'est un ministère de l'anti-connerie qu'il faudrait créer. On pourrait l'appeler ministère de l'Education. Elle semble faire cruellement défaut.
Les slogans et les actions les plus stupides se succèdent. Après avoir brûlé des radars, voilà que certains démontent des panneaux de signalisation le long des routes (1). Comprenne qui pourra. 
Les idées de la fille à papa Le Pen et de son parti d'extrême arrière se répandent comme des métastases. Mais elle se défend d'être responsable des propos excessifs et racistes, même des candidats de son propre parti. Qui est dupe? "Le FN, un parti de travestis qui oublient de se raser la moustache", écrit Charb dans Charlie Hebdo de ce jour (2). 
Hier soir, sur France 3 Centre, des images d'une manif (était-ce à Blois?) d'un groupuscule d'extrême droite. On y voit son leader menacer d'une chaise des contre-manifestants. Puis, le même, posé, annoncer qu'il compte bien être candidat FN aux élections municipales et qu'il est déjà très flatté d'avoir la confiance de Marine Le Pen. Parlera-t-elle encore d'erreur de casting ou au contraire d'un homme courageux qui ne se laisse pas marcher sur les pieds?
Quand entendra-t-on "de grandes et belles voix", comme le souhaite Christiane Taubira, dire non à cette folie collective qui semble gagner la France? Où sont les intellectuels, où sont les artistes?

(1) Journal de France Inter, 13 novembre 2013, 13h.
(2) "Dérapages, quels dérapages?"

photo prise ce mercredi, en fin d'après-midi, dans le sud de l'Indre.

lundi 11 novembre 2013

Journée des beaufs

La bêtise gagne-t-elle la France? Voilà que de sombres crétins, pour clamer leur ras le bol, s'attaquent à des radars routiers. Vive l'insécurité routière. Que chacun roule à la vitesse qui lui convient. Supprimons la gendarmerie. Les gendarmes dressent trop de procès-verbaux. C'est une honte. Chacun fait fait fait ce qui lui plaît plaît plaît. Tant qu'à  faire, supprimons le code de la route. Il est arbitraire.
D'autres profitent de la célébration de l'armistice de 1918 pour insulter le chef de l'Etat. La cheffe du front bas national s'indigne: la police a arrêté certains de ses militants. Comment? Ils n'ont pas le droit de clamer leur haine du président alors qu'il est en train de rendre hommage à ceux qui sont morts pour défendre la France? Voilà de nouveau la fille à papa Le Pen dans sa position préférée: celle de l'agresseur victime. Elle est si gentille et ses affidés si sympathiques. 
Une odeur d'égout rend la France assez irrespirable ces dernières semaines.


dimanche 10 novembre 2013

Un appel et une invitation d'un copain artiste


Bonjour, 

nous nous connaissons de près, de très près ou de loin. 
Je suis musicien sur la scène tournaisienne depuis plus de 15 ans et cette année, je fête mes 50 ans. Mais ce n'est pas le plus intéressant.

L'ONEM ayant refusé, suite à de récentes réformes juridiques, de renouveler mon statut d'artiste en janvier, malgré de nombreuses prestations annuelles, j'ai déposé un recours en justice, avec l'aide des juristes de chez SMART et de Clarisse Cantillon, avocate de Péruwelz. 
Cette affaire, personnelle, mais qui concerne, par la jurisprudence qu'elle pourrait amener, tous les artistes du pays, sera présentée au Tribunal du Travail de Tournai le vendredi 15 novembre à 14h30 en séance publique.

Je vous invite donc à venir fêter mes 50 ans sur les marches du Palais de Justice de Tournai à 14h précises ce vendredi 15 novembre.

Nous boirons ensemble les quelques bouteilles que vous aurez bien voulu amener (ben oui, je ne suis pas un musicien très riche), ensuite nous assisterons à cet épisode de justice belge (la séance est publique), moment qui, je n'en doute pas, sera immortalisé par notre télévision régionale, que j'invite également.
Vous pouvez également amener qui vous voulez: mon cadeau d'anniversaire sera le nombre.

Vous pourrez, j'en suis certain, discuter de ce problème avec votre bourgmestre Rudy Demotte, qui, je n'en doute pas une seconde, pourra enfin se libérer pour venir soutenir un artiste actif de sa nouvelle ville.
Il sera certainement entouré par Mr l'Echevin de la Culture, Mr Tarik Bouziane, que j'invite cordialement. S'ils le désirent, ils peuvent bien entendu venir avec le reste du Collège, montrant ainsi l'intérêt de nos élus locaux sur ce sujet.
Ce sera un épisode des "Assises de la culture", mais debout ;-)

Je ne pense pas être fort demandeur de service, mais cette fois, j'ai besoin de vous tous !!!

PS: transférez ce mail autant que vous le pouvez.

Merci déjà.

vendredi 8 novembre 2013

Pauvre Albert


Billet rédigé par un de mes frères.  Je le diffuse avec plaisir.


Ce jeudi 7 novembre, trois infos ont retenu mon attention dans le journal de 8 H 00 sur la Première de la RTBF :
-        Le lancement de l’opération 11.11.11
-        Un bébé sur 4 en Wallonie vit sous le seuil de pauvreté
-        Le Roi Albert II se plaint de sa dotation : il ne reçoit plus que 923.000 euros par an et cela ne lui permet plus, notamment, de payer le carburant de son yacht !!

Alors, d’un seul coup, la toute petite sympathie pour Albert que j’avais retrouvée à la fin de son règne (comme beaucoup de Belges me semble-t-il) s’est écroulée !
Dans de nombreux discours il a voulu sensibiliser « ses chers compatriotes » à la condition des plus défavorisés. A Noël 2012, il disait encore qu’il fallait « faire preuve de solidarité avec les plus faibles… »

Alors, aujourd’hui, le masque est tombé : toutes ces paroles n’étaient que du vent ! Et bien, mon cher Albert, utilisez donc ce vent désormais pour faire avancer votre yacht ! Ou alors, vous vous grandiriez en le revendant et en versant le produit de la vente à l’opération 11.11.11 !

François Guilbert

jeudi 7 novembre 2013

Obscurantisme

On ne le sait pas assez, mais il existe des lois naturelles et il faut s'y soumettre sous peine de bouleversement épouvantable. Ainsi, il existe "un loi naturelle, supérieure aux lois humaines" qui veut que deux personnes homosexuelles "radicalement incapables de procréer un être humain" sont incapables "de l'éduquer à titre de parents". Cette" loi naturelle" est invoquée par le maire de Fongombault (village du sud-ouest de l'Indre): lui, ses adjoints et sept de ses conseillers municipaux ont adopté le 24 octobre une délibération annonçant leur refus de célébrer un mariage entre deux personnes du même sexe (1). Je ne sais quelle est la tendance de l'équipe au pouvoir à Fongombault, mais la référence à des lois naturelles est un leitmotiv de l'extrême droite.
La bêtise et l'homophobie du maire, de ses adjoints et de ses conseillers (seul l'un d'entre eux s'est opposé et deux se sont abstenus) sont-elles naturelles? En tout cas, ils annoncent que s'ils devaient être contraints de procéder à un tel mariage, ils démissionneraient. On espère maintenant qu'un couple homo aura le courage de faire appel à eux pour son mariage. Histoire de débarrasser les habitants de Fongombault de cette équipe discriminante et totalement dépassée par les réalités d'aujourd'hui, en un mot attardée. Et que tous les couples hétéros iront convoler en justes noces en des communes plus accueillantes et moins stupides. Brûle-t-on encore des sorcières à Fongombault? Y coupe-t-on la main aux voleurs? En chasse-t-on les étrangers?
En septembre 2012, en plein débat sur le mariage pour tous, Jacques Tissier, le peu poli maire, avait déjà déclaré qu'il était "hors de question de marier des pédés!". La nature l'a visiblement fait ainsi, Jacques Tissier: éructant et excluant. C'est qu'il est très croyant, c'est sa nature. En Dieu, pas en l'homme. Au point de réciter un "Notre Père" et un "Je vous salue Marie" lors d'une séance officielle de voeux à la mairie.
On se demande pourquoi cet homme est maire, comment il ose voter des règlements communaux, alors que Dieu seul devrait être aux commandes de Fongombault.
Heureusement, des habitants se manifestent, expriment leur dégout de la position de l'équipe dirigeante et se constituent en collectif. Une réaction saine et... culturelle. 

(1) "Les indignés de Fongombault", La Nouvelle République, 7 novembre 2013.

mercredi 6 novembre 2013

Vagues réflexions

Le dira-t-on jamais assez? La vie est mal faite et la juste mesure fait trop souvent défaut. On en a la preuve au Havre où "il y a trop de mer". C'est ce que constatait récemment (1) une des responsables de la Transat Jacques Vabre, forcée de reculer le départ de la course à cause de cet excès de mer. Certains ont trop de mer quand d'autres en manquent. Sans doute cet excédent serait-il utile aux Tchèques, aux Autrichiens ou aux Hongrois qui n'ont pas la chance d'en avoir.
Peut-être les Népalais, les Boliviens ou les Suisses ont-ils trop de montagnes. Les Néerlandais et les Belges en seraient sans doute preneurs.
Et que dire de ceux qui ne manquent pas d'air? On en connaît beaucoup qui pourraient en distribuer autour d'eux. 

(1) Journal de France Inter, 2 novembre 2013, 13h.

dimanche 3 novembre 2013

Dérangégé

Le Festival Ramdam à Tournai ne pouvait se trouver meilleur parrain pour sa prochaine édition (1): Gérard Depardieu est l'homme idéal pour incarner le "festival du film qui dérange".
Gégé a fui la France et s'est installé en Belgique pour échapper à l'impôt. Il vante les charmes de l'Azerbaïdjan, est l'ami de Poutine et fête l'anniversaire du président tchétchène Kadyrov. Bref, Gégé a de chouettes amis qui ont une conception de la démocratie et de la solidarité quelque peu différente de la nôtre. Quand un journaliste du Petit Journal de Canal+ essaie de s'inviter chez lui, Depardieu le remballe d'une manière que, par euphémisme, on qualifiera de peu distinguée (2).
Gégé à lui tout seul, c'est le festival de l'homme qui dérange.

(1) www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=dmf20131030_00382673
(2)
www.videobuzzy.com/Le-defi-Musqua-du-Petit-journal-avec-Gerard-Depardieu-7477.news

(re)lire sur ce blog
"L'insoutenable légégéreté de l'être", 10 janvier 2013.
"Réfugié pathétique", 15 décembre 2012.

vendredi 1 novembre 2013

Pauvres petits garçons riches

Cette fois, le président Hollande a tenu bon. Les joueurs de football aux salaires faramineux et leurs clubs ne seront pas exemptés de la taxation à 75% des plus hauts revenus. Les dirigeants des clubs sont très fâchés. Au point qu'ils menacent de se mettre en grève. Il n'y aurait pas de match le dernier week-end de novembre. Qu'est-ce qu'une grève? Normalement, un moyen de pression sur leur hiérarchie qu'utilisent des salariés en cessant le travail, la perte de revenus occasionnée par l'arrêt de l'activité étant censée amener la direction à écouter les revendications des salariés. Ici, c'est la direction qui annonce l'arrêt de sa "production" et qui se met donc elle-même en difficulté financière. Les présidents de clubs de foot ont une logique bien à eux. Peut-être pensent-ils avec leurs pieds. En tout cas, le dernier week-end de novembre sera celui de toutes les possibilités. Les supporters pourront faire quelque chose de plus intelligent qu'aller voir un match de foot. Les chaînes qui diffusent les matchs pourront programmer d'autres émissions, a priori plus passionnantes qu'un match de foot.
On dénombre en France 115 joueurs de foot qui gagnent plus d'un million d'euros par an. Leurs gains seront donc taxés à 75%. Que reste-t-il comme alternative aux divas en culottes courtes et à leurs clubs? Aller s'installer à l'étranger, en Belgique par exemple, comme l'ont fait Gérard Depardieu et bien d'autres Français fortunés qui veulent échapper à l'impôt. La Wallonie picarde leur ouvrira ses bras accueillants. Le PSG deviendra le Péruwelz Saint-Germain; l'OM sera l'Olympic de Mouscron; le LOSC se déplacera de quelques kilomètres: à Lamain. Quant à Monaco, c'est à Mons qu'il sera hébergé; le club s'appellera désormais Monsaco. Vive l'Europe!

jeudi 31 octobre 2013

Malaises

Bêtise ou perfidie? La fille à papa Le Pen a le rare talent de combiner les deux. L'allure des otages français rentrés du Niger a créé chez elle "un malaise". Et un étonnement sans borne: "j'ai trouvé ces images étonnantes, a-t-elle déclaré ce matin sur Europe 1, cette extrême réserve étonnante, leur habillement étonnant". Les barbes et les chèches l'ont beaucoup dérangée. Marine Le Pen découvre la vie: chez un homme, en trois ans, la barbe peut pousser abondamment, et le chèche a une utilité certaine dans le désert. Serait-elle cependant consciente de ses limites intellectuelles? "Je ne suis pas psychologue", a-t-elle reconnu. Mais elle est convaincue que ce qu'elle a ressenti, "c'est ce qu'ont ressenti beaucoup de Français". On voit par là qu'on peut ne pas être psychologue tout en étant capable de savoir ce que pensent les autres. (1)

On se réjouit de la libération de ces otages et on espère que tous les otages dans le monde, français ou autres, connaîtront rapidement le même sort heureux. Mais il est d'autres otages qu'il faudrait se soucier de libérer, c'est l'avenir de l'humanité qui en dépend. On veut parler de l'environnement et du climat. Pris en otage par le grand capital, le patronat, les lobbies du transport et du pétrole et une bonne partie des syndicats, ils ne font visiblement pas partie du souci premier (et même secondaire) de la plupart des gouvernements. La démission du gouvernement français sur les écotaxes en est une preuve de plus. Une démission d'autant plus stupide que ces écotaxes allaient permettre de réinvestir dans d'autres moyens de transport moins nuisibles et qu'elles étaient attendues impatiemment dans certaines régions. Ainsi, en Alsace, tous les élus, tous partis confondus, les réclament depuis 2005. Elles auraient pu décourager les poids lourds de passer par l'Alsace pour éviter la Suisse et l'Allemagne qui, depuis 2004, appliquent ce type de taxes (2).

Les Bretons (certains d'entre eux du moins) pensent avoir gagné une bataille, mais pas encore la guerre (3). Mais ils se trompent totalement de guerre. On attend désespérément des appels de Bretons invitant à un changement radical de cap. Les Bretons sont en colère et l'expriment main dans la main avec un patronat responsable de la crise. On se permet de penser qu'un peu de réflexion ne nuirait pas à l'affaire.

P.S.: on entend avec soulagement la Confédération Paysanne prendre ses distances avec ce mouvement de grogne et l'un de ses représentants parler du "pseudo-problème des écotaxes". Ouf!

(1) lire http://tempsreel.nouvelobs.com/vu-sur-le-web/20131031.OBS3533/otages-marine-le-pen-devient-la-risee-de-twitter.html
Et, toujours à propos du F.N., mais concernant ses fantasmes sur l'immigration, on écoutera avec grand intérêt les faits et les réflexions apportés par Edwy Plenel et surtout par l'excellent François Gemenne, dans une étrange émission d'Ardisson (où se mêlent visiblement sujets people dépourvus du moindre intérêt et réflexions politiques):
www.rue89.com/zapnet/2013/10/30/soudain-chez-ardisson-discours-fn-limmigration-secroule-247074
(2) www.liberation.fr/politiques/2013/10/30/ecotaxe-quand-les-alsaciens-manifestent-ils-sont-moins-entendus_943448
(3) Journal de France Inter, 31 octobre 2013, 13h.

mardi 29 octobre 2013

Fort minables

Qui sort gagnant, qui sort grandi de la décision du gouvernement français de report des "écotaxes" ? A ce jeu-là, tout le monde a perdu. Et seule l'extrême droite et l'ultra libéralisme risquent de gagner une fois encore.  Les agriculteurs français, et bretons en particulier, sont perdants, quoi qu'ils croient, autant que les politiques, de gauche comme de droite qui, hors le ridicule et le consternant, n'ont rien gagné. 
Le P.S. et le gouvernement, avec cette xième reculade face à l'obstacle, font le jeu de la droite et surtout de sa nuisible extrémité. 
L'U.M.P., qui est elle-même à l'origine de ces écotaxes (une des décisions d'un "Grenelle de l'environnement" qui en prit si peu), se couvre de ridicule, en reprochant au gouvernement à la fois l'application et la non-application de cet "impôt Borloo".
Les écologistes ne devraient plus avoir d'autre choix que de quitter ce gouvernement sans gouvernail.
On trouve d'autres gagnants du côté du MEDEF et de la FNSEA. Ce ne sont pas les agriculteurs, bretons ou autres, qui ont été entendus, mais le secteur agro-alimentaire, un des fleurons de ce capitalisme absurde et destructeur qui fait circuler des porcs, du maïs et des tomates d'un bout à l'autre de l'Europe. Les écotaxes avaient pour ambition d'essayer de changer, un peu, la tendance, d'aider à un transfert modal de la route vers la voie d'eau et le chemin de fer, d'éviter les déplacements idiots et inutiles, de relocaliser l'activité agro-alimentaire.
"Trop de marchandises transitent par camion en France", rappelait voici quelques jours Pascal Riché, directeur de la rédaction du Rue89 (1): "c'est polluant, cela émet des gaz à effet de serre, cela congestionne les routes. L'idée de l'écotaxe est de remédier à ces problèmes, en favorisant le fret ferroviaire, le fret fluvial et en favorisant, par de nouveaux investissements, une relocalisation de l'économie: est-il logique qu'un porc breton parte en Allemagne pour revenir sous forme de tranches de jambon dans les grandes surfaces? Ne serait-il pas plus malin d'investir localement dans la salaisonnerie?"
Défendant cet "impôt intelligent", Pascal Riché constate que "l'écotaxe doit conduire à une majoration moyenne de l'ordre de 4,1% du coût du transport. Pour un camembert, cela représente un centime".
Les Bretons allaient devoir payer des écotaxes "aménagées" en fonction de leur position excentrée. Mais c'était toujours trop pour le puissant secteur de l'agro-alimentaire.  "Avec cinq fois plus de cochons que de Bretons, conclut Pascal Riché, la région est bien avancée. Du porc bas de gamme, des poulets bas de gamme et des flots de lisier qui viennent polluer la nappe phréatique et bloquent le développement du tourisme: est-ce là le modèle de développement que désirent les Bretons?"
En attendant, ces Bretons ont eu raison, pour un temps ou pour longtemps, des écotaxes.

A ce jeu fort minable, personne n'est formidable. Sinon au sens étymologique du mot : "qui inspire ou est de nature à inspirer une grande crainte" (2). On éprouve effectivement une grande crainte pour la politique et l'environnement. Que nous disent les politiques de tous bords (les écologistes mis à part, du moins José Bové (3) et Noël Mamère (4))? Ne changeons surtout rien à nos pratiques et ne nous mettons personne à dos, les voix à gagner aux prochaines municipales le valent bien. Et allons donc tous dans le mur. Pas en chantant, mais en pleurnichant.

(1) www.rue89.com/2013/10/27/bretagne-pourquoi-hollande-doit-tenir-bon-lecotaxe-246971
(2) le petit Robert
(3) Journal de France Inter, 28 octobre 2013, 13h.
(4) Journal de France Inter, 29 octobre 2013, 13h.

jeudi 24 octobre 2013

De l'humour lepenien

On a beau avoir, croit-on, de l'humour, on a beaucoup de mal à saisir celui de Marine Le Pen. Réagissant aux propos d'un journaliste qui affirme qu'historiquement le F.N. a été constitué par des militants d'extrême droite, elle s'offusque, elle feint l'indignation. Le F.N. est un parti créé par des résistants, dit-elle. La séquence (1) démontre qu'il s'agissait de membres de l'Action française, de collabos et de nazis; quelques réels résistants y firent brièvement de la figuration. Il est vrai qu'elle n'a pas précisé à quoi résistaient les résistants dont elle parle. A la solidarité? Au progrès? A l'internationalisme? A l'antiracisme? A l'intelligence?
La fille à papa Le Pen menace de procès quiconque classera le F.N. à l'extrême droite. Les procédés d'extrême droite font peu de cas de l'intelligence psychologique. Ils ignorent qu'il ne faut pas chatouiller le rebelle qui ne demande qu'à s'exprimer chez quantité de démocrates peu - ou trop - sensibles aux ordres. Elle devrait actuellement mener un procès contre des centaines, si pas des milliers de journalistes et d'internautes qui s'obstinent à la classer à l'extrême droite. 
Aujourd'hui, elle se concertait avec Geert Wilders et d'autres partis d'extrême droite pour former un groupe politique au Parlement européen (2). Son père et Bruno Golnisch y sont déjà proches, entre autres, des néo-nazis grecs. Elle leur demande de prendre leurs distances. Il ne faudrait pas confondre extrême droite et extrême droite. On évitera donc de le faire.

(1) Dernière séquence du "28 minutes" d'Arte, 23 octobre 2013.
(2) Arte Journal, 23 octobre 2013.

P.S.: Marine Le Pen se positionne contre l'élite, avec le peuple. Le Canard Enchaîné de ce mercredi révèle que la présidente du F.N. s'est vu refuser, par la Commission nationale des comptes de campagne, le remboursement de près de 700.000 euros de dépenses liées à sa dernière campagne présidentielle, dont des hôtels luxueux, des soirées mondaines ou des agents de sécurité. La fille à papa Le Pen confond visiblement "mondain" et "populaire". 

mercredi 23 octobre 2013

Tintin et le lac aux requins

Il y a quatre ans, j'exprimais ici mon dégout pour l'attitude des ayants-tous-les-droits d'Hergé (1). Je terminais mon billet par les mots suivants: "vivement 2053. 70  ans après la mort de l'auteur, les ayants droit n'en ont plus". Eh bien, c'est - sans doute - raté. Le crabe aux pinces d'or a encore frappé. Nick Rodwell, qui gère au centime près l'héritage de feu le mari de sa femme, envisage de publier en 2052 un nouvel album de Tintin. Histoire de repousser le plus loin possible - voire à jamais - le moment où l'œuvre d'Hergé tombera dans le domaine public. Les règles ne seront pas simples à changer ou à contourner (2), mais on peut faire confiance au Rastapopoulos de Moulinsart pour trouver la combine qui lui permettra de mourir la main sur son portefeuille, confiant en son avenir.
La liste des injures du capitaine Haddock ne suffira jamais à cerner ce personnage de série Z.

(1) Le Musée Hergé? Ils peuvent faire tintin, 27 mai 2009.
(2) http://blogs.rue89.com/les-coulisses-de-wikipedia/2013/10/23/tintin-les-droits-dauteurs-peuvent-ils-etre-eternels-231470

lundi 21 octobre 2013

De l'indignation

"Il faut savoir contrôler ses nerfs quand on est ministre", voilà ce que dit Florian Philippot, numéro deux du F.N. à Christiane Taubira (1). Une tête de liste frontiste traite la Garde des Sceaux de singe et de sauvage, mais celle-ci doit rester digne et sans doute courber l'échine. Il ne viendrait pas à l'esprit du F.N. et de sa présidente de s'excuser auprès de la ministre. Ce n'est pas le genre de la maison. On a sa dignité. Alors quand la ministre qualifie le parti d'extrême droite de "mortifère", celui-ci riposte en déposant plainte contre elle en justice. Pas question de faire profil bas. L'indignation au F.N. est à géométrie variable. Ce qui est amusant avec lui, c'est que chaque fois qu'il veut démontrer qu'il n'est pas d'extrême droite, il use de méthodes qui prouvent qu'il l'est. Dès qu'il essaie de se composer un visage avenant, il ne peut s'empêcher de laisser s'échapper un rictus. On ne se refait pas.

Sur "l'affaire" Leonarda, qui fait les gorges chaudes de la presse et d'une bonne partie de la gauche, j'ai ressenti, comme beaucoup sans doute, un malaise. Je me suis réjoui qu'en ces temps pollués par la montée de l'extrême droite, les lycéens manifestent leur solidarité avec d'autres jeunes, quelles que soient leur nationalité et leur origine. Mais, découvrant comme tout le monde, que la famille n'aurait pas, loin s'en faut, suivi la voie de l'intégration et que les règles d'expulsion auraient été respectées, je ne peux que m'incliner. Les âmes vertueuses peuvent s'indigner, la main sur le cœur, les règles sont ce qu'elles sont et c'est précisément parce qu'il y a des règles - qui doivent être respectées par toutes les parties - qu'on évitera l'arbitraire. La position qu'a adoptée le président Hollande me paraît humaine. Quel autre choix aurait-il? Laisser revenir une famille qui se moque de la main que la République lui a déjà  tendue?
Sur ce sujet, un point de vue, qui m'apparaît assez équilibré et à contre courant de la "bien-pensance": celui  de Jean Matouk, économiste. Il est publié sur son blog, relayé par rue89:

Le Conseil constitutionnel a refusé le droit aux maires d'invoquer une clause de conscience pour refuser de célébrer un mariage homosexuel. On respire. Quelles auraient été les limites d'une clause de conscience? Aurait-on vu des maires refuser d'enregistrer la naissance d'un enfant parce que ses parents veulent lui donner un prénom qui ne serait pas traditionnellement français? Pas d'Ilan, d'Ibrahim, d'Amel ou de Leïla, mais uniquement des Albert, des Gaston, des Jeanne et des Chantal? Aurait-on vu des maires refuser un permis de bâtir sous prétexte que la maison ne serait pas construite en pierre de pays et selon des méthodes traditionnelles? Il est logique qui si on est incapable d'être de son temps et de respecter les lois de la République, on ne puisse être maire.

(1) JT de France 3, 20 octobre 2013, 19h30.

P.S. Toujours sur ce qu'on appelle "l'affaire Leonarda, ce billet de Daniel Schneidermann:
www.rue89.com/2013/10/22/leonarda-quand-pen-denonce-lepenisation-tele-246832

vendredi 18 octobre 2013

Avec un N comme Haine

La vie est difficile pour les militants frontistes aujourd'hui. Leur parti devient le premier de France dans les sondages. Le voilà devenu quasi normal. Mais eux ne peuvent s'exprimer normalement. Ils ne savent plus que dire et que taire. Ils éprouvent quelques difficultés à  faire la part des choses entre ce qu'ils pensent (voire doivent penser)  et ce qu'ils disent (peuvent dire). Ce qui se partage en réunion interne ne peut visiblement pas être exprimé à l'extérieur. Voilà qui est particulièrement complexe pour eux. La tête de liste de Rethel pour les prochaines municipales vient d'en faire les frais. Anne-Sophie Leclere avait comparé Christiane Taubira à un singe. Sur Facebook, elle montre Christiane Taubira "à 18 mois": l'image d'un singe. Et "maintenant": une photo actuelle de la Garde des Sceaux. Elle se défend face aux caméras de France 2 (Envoyé Spécial): "c'est une sauvage" avec "un sourire de diable". Diable! On se demande si la candidate du parti qui essaie de se dédiaboliser a un jour écouté parler Christiane Taubira, reine de la rhétorique à l'intelligence incontestée. On se demande où sont les sauvages, où est la civilisation.
D'autres candidats du F.N. se sont fait allumer aujourd'hui pour la bêtise de leurs propos (1).
Sans doute ne comprennent-ils pas pourquoi ils sont l'objet de ces attaques, voire de ces rejets. A.S. Leclere devra s'expliquer devant le conseil de discipline de son parti. Même ce bas-parleur de Le Pen père fait semblant de s'offusquer des propos de la candidate, lui qui n'est jamais avare d'un jeu de mots lamentable et de propos racistes. Mais explique-t-on la bêtise, surtout quand elle est le ciment entre militants?
Tous ces candidats vont bien finir par comprendre - à leur rythme - que ce qui se dit entre amis ne peut être écrit sur Facebook ou exprimé dans les médias. Même dans un parti normal. "Le mouvement étant soi-disant devenu un parti comme un autre, ne pas aimer les Noirs, les étrangers ou les musulmans est donc devenu une opinion comme les autres", écrit Claire Checcaglini dans "Bienvenue au Front - Journal d'une infiltrée" (2 - p. 218)). Dans ce livre rédigé, comme l'indique son sous-titre, par une journaliste infiltrée au F.N. en fausse militante, on voit combien, de la tête du parti aux plus obscurs militants, les opinions volent bas, entre antisémitisme, racisme, sexisme et homophobie.
Après quelques sorties sur les Juifs, sur les femmes et sur les S.D.F., un secrétaire départemental du F.N. reconnaît: "je suis un vrai salaud en fait, c'est pour ça que j'ai vraiment ma place au Front national (2 - p. 193). Des militants relaient des positions de négationnistes ou de l'ancien leader du Ku Klux Klan (2 - p. 262). D'autres sourient de ce que racontent leurs collègues sur des meurtres d'Arabes ou des abominations sur la négation de la Shoah. (2 - p. 109).
Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du F.N., n'est pas la dernière à rire des blagues de caniveau. Mais elle est de bon conseil  avec ses militants: "je sais que personne ne dit de bêtises. Mais ayez toujours en tête: je suis enregistrée. faites très attention y compris avec des gens que vous connaissez" (2 - p. 254). Les candidats du F.N. aujourd'hui pointés du doigt n'ont pas dit de bêtise, ils ont juste oublié d'être prudents.

La vie est difficile pour les affidés du F.N. aujourd'hui, y compris pour de vieux militants qui croyaient leur heure venue aux municipales. A Brignolles, le FN " a débarqué le candidat local, jugé incompétent pour affronter la presse nationale, a parachuté le Marseillais Laurent Lopez que Marine Le Pen est venue soutenir en personne" (3). "T'as envie de voter pour un type qui fait des salades?", demande un secrétaire départemental du F.N, considérant qu'il serait contre-productif de mettre un maraîcher sur ses listes. (2 - p. 195). "Au racisme antimusulman, s'ajoute donc un racisme social développé au sein même d'un parti prônant depuis  des années le rejet des élites", constate Claire Checcaglini. 
Le F.N., un parti normal?

Si l'on veut voir des fascistes qui s'assument, des hommes, des vrais, au parler franc, agressif et vulgaire, on regardera la vidéo suivante:
www.rue89.com/rue89-culture/zapnet/2013/10/17/proces-neonazi-norvegien-varg-vikernes-ferme-merde-246716
Ames sensible s'abstenir.

Face au vent d'hiver que fait souffler le F.N., les manifestations des lycéens en soutien aux jeunes expulsés sont rafraichissantes et printanières.

(1) voir le Grand Journal sur Canal + ce jour.
(2) éditions Jacob-Duvernet, 2012.
(3) Le Monde, 15 octobre 2013.

mardi 15 octobre 2013

Triomphe du café du commerce

Il est de bon ton de dire qu'on ne l'aime pas, qu'il déçoit. Ou plutôt qu'il a déçu. On en parle déjà au passé. François Hollande ne fait plus illusion, si tant est qu'il l'ait fait. Ce fut, en mai 2012, un choix par défaut dont aujourd'hui la plupart des électeurs français se défaussent. Ils ne voulaient plus du "teigneux monarque" (1) qu'était Nicolas Sarkozy, de son attitude rogue et suffisante, de sa vulgarité. Aujourd'hui, de  quoi rêvent-ils? D'un chef, un vrai, un fort un gueule? En tout cas pas d'un président trop normal, voire bonhomme. Avec Sarkozy, c'était "Au théâtre ce soir" tous les jours, le spectacle était permanent. Avec Hollande, c'est "Faut pas rêver".
Hollande perd des points dans les sondages chaque jour. Et les sondages mènent la France. Ils font la part belle à la fille à papa Le Pen.
Opinion publique (?) et médias s'accordent à dire que ce président est mou, que rien ne change, sauf l'espoir qui se désespère. Les Français sont grincheux et on ne le sait pas assez. Au point que le Journal télévisé de France 2 se sent obligé de leur donner la parole: "on va les écouter, cette France qui en a ras le bol, qui s'exprime. On ne les entend pas toujours", disait Laurent Delahousse le 22 septembre dernier dans le "13h15" (2). Et de donner la parole à  des réacs qui font le café du commerce à domicile. Dans son édition de demain, Charlie Hebdo exprime son "ras l'bol de la France qui en a ras l'bol". Ils râlent sur les impôts, sur l'insécurité, sur les jeunes, sur les Roms, sur les autres, sur le temps qu'il fait ou qu'il va faire. 
Et pourtant, même si on n'est pas hollandiste, on peut reconnaître au président normal et à son équipe quelques belles avancées. Le droit au mariage pour les couples homosexuels, malgré la résistance de réactionnaires particulièrement excités; la réforme annoncée du système pénitentiaire, qui tente de remplacer pour les peines les plus légères, la prison criminogène par une réparation qui ferait plus sens; les contrats de génération; les emplois d'avenir (des "emplois aidés" par les pouvoirs publics, critique l'opposition de droite, qui ne veut pas voir que c'est presque la seule solution en ces temps où le capitalisme, qu'elle défend, les supprime par milliers); le départ à la retraite facilité pour les carrières longues ou pénibles; l'interdiction du cumul des mandats; la création de huit mille nouveaux postes dans l'éducation (au déficit du secteur de la Défense qui perdra autant d'emplois); la garantie universelle des loyers. Bien sûr, il reste des motifs d'insatisfaction: une politique environnementale et énergétique à la traîne, le report sine die du droit de vote des étrangers, le redressement de l'économie, des projets aberrants comme celui de l'aéroport nantais...
Mais les avancées du gouvernement sont passées au bleu et le président est présenté comme inactif. Plantu, en première page du Monde de ce jour, le montre dormant sur ses dossiers. Une analyse populiste en quelques traits qui renforcent l'image. Car on est ici dans l'image, et presque uniquement dans l'image.
"La question principale, estime Denis Pingaud, conseil en stratégie d'opinion et de communication, auteur du livre L'homme sans com' (Seuil), est que les Français, particulièrement défiants vis-à-vis de leurs élites politiques, se mobilisent aujourd'hui autour de ceux qui leur paraissent les plus proches de leurs préoccupations par-delà même la pertinence de leurs propositions." (3) Derrière "ceux, il faut surtout voir "celle" qui  "paraît" ne pas appartenir à une élite qu'elle dénonce, elle qui est née avec une cuillère d'argent dans la bouche et qui sait, mieux que beaucoup d'autres, profiter d'un système qu'elle dénonce.
La politique est art du compromis et du dépassement de la complexité. Pour trop d'électeurs, elle est simple, voire simpliste, dans une société qui veut des réponses immédiates aux effets directement vérifiables. "Pour le gouvernement, dit Denis Pingaud, l'enjeu est désormais de faire comprendre le lien qui existe entre des décisions apparemment lointaines, macroéconomiques, souvent peu compréhensibles, et un quotidien proche marqué par l'angoisse du chômage et la peur du déclassement. C'est un exercice difficile qui suppose de quitter le seul registre de l'explication et de la pédagogie pour aborder celui de l'écoute et de la relation."


(1) expression de Patrick Rambaud dans "Tombeau de Nicolas Ier et avènement de François IV", Grasset, 2013.
(2) cité par Luz, dans Charlie Hebdo, 2 octobre 2013.
(3) La Nouvelle République, 15 octobre 2013.

samedi 12 octobre 2013

Ravages du temps

A quoi reconnaît-on un grand homme? A ses réflexions. Alain Delon, cet Immense Acteur que les moins de trente ans ne doivent pas connaître, a fait savoir qu'il approuve et comprend fort bien la place très importante du FN en France. "Il faut vivre avec son temps", a-t-il affirmé. Faut-il en comprendre que si le temps est à la haine, il faut en prendre son... parti? Il a toujours été à droite, voilà qu'il a fait un pas de côté.
Son fils Anthony a trouvé "consternantes" les déclarations de son père. Ce à quoi celui-ci, témoignant de son incroyable capacité à argumenter et assurant ainsi que sa place est bien dans un parti d'extrême droite qui ne tolère pas la critique, a répliqué que "il ferait mieux de la fermer". Quel talent!

jeudi 10 octobre 2013

Ne dites pas extrême droite, dites droite extrême

Qu'y a-t-il à droite de la droite? Le premier quidam venu pense que c'est l'extrême droite. Pas Marine Le Pen à qui on ne la fait pas. Elle interdit à quiconque et aux journalistes en particulier de classer le Front National à l'extrême droite. Elle menace de procès. Une forme de terrorisme intellectuel typique de l'extrême droite. "Le FN surfe sur le trop-plein de politiquement correct, estime Jean-Yves Camus. Et il voudrait faire encadrer par les tribunaux ce qu'on a le droit de dire? Quelle blague!" (1).
Qu'est-ce donc que le Front National? Un rassemblement d'ultra-conservateurs, de jamais contents, d'égoïstes, de perdus, de vieux et néo-nazis, de racistes et d'antisémites qui ne peuvent plus dire qu'ils le sont mais n'en pensent pas moins, d'homophobes, de catholiques intégristes, de "braves" gens qui ont peur de leur ombre, de populistes et on en oublie sûrement. 
Tous ces gens-là savent-ils que leur cheffe bien aimée est étrangère? Etrangère aux valeurs républicaines d'accueil et de fraternité, à la diversité, au progrès, à la solidarité, à la foi en l'homme. Au-delà du positionnement, que le F.N. soit "sur Mars ou totalement à l'ouest", écrit Jean-Yves Camus, "l'important n'est pas d'où on parle, mais ce qu'on dit". Et de rappeler le programme du F.N.: octroi des aides sociales aux seuls citoyens français, priorité aux Français dans l'emploi et le logement, arrêt de l'immigration, rétablissement de la peine de mort, sortie de l'Europe. Avec le F.N., c'est la fuite en arrière.
"Le F.N. ne se veut ni de gauche ni droite", écrit J.Y. Camus, et voudrait faire du référendum permanent son mode de gouvernement. "Et là, dit-il, on est bien loin de l'extrême droite, mais on aboutit toujours au totalitarisme, au culte du chef et au Parti-Etat".
Ceci dit, lutter contre cette extrême droite qui essaie de faire un pas de côté vers la droite extrême ne suffit pas. Reste aux partis républicains à se distancer du virus F.N., à faire preuve d'imagination, de détermination et d'audace.
Heureusement, il y a Christiane Taubira. On en rêve comme présidente.


(1) Charlie Hebdo, 9 octobre 2013.

mercredi 25 septembre 2013

Vieille France

Que serait le monde sans la France? On se le demande. La civilisation ne serait peut-être pas encore à notre porte. Nous circulerions toujours en diligence, nous passerions des veillées avec nos voisins, nous nous soignerions avec des plantes. Et surtout nous ne connaîtrions pas la radioactivité. Il faut connaître la radioactivité pour apprécier la vie, c'est en tout cas ce que pensent les riverains de Tchernobyl.
Heureusement, il y eut la France. Dans une vidéo grandiloquente, le Ministère du Redressement productif (1) affirme que "la France se réinvente" et que "la France industrielle a donné au monde" la locomotive à vapeur, l'automobile, le deux-roues motorisé, l'aviation, le cinéma, la médecine moderne et la radioactivité. C'est oublier la baguette, le camembert, le pull breton et le béret basque. Que serait le monde sans le béret basque? C'est aussi oublier, souligne Xavier de Jarcy dans Télérama (2), le Britannique Richard Trevitchick, inventeur de la locomotive, les Américains Orville et Wilbur Wright, qui ne furent pas pour rien dans l'invention de l'aviation, et l'Allemand Carl Benz qui créa le premier véhicule à moteur autonome.
Mais ce sont là broutilles et ergotages qui n'altèrent en rien le génie français.
Dès lors, on se demande à quel moment la France s'est arrêtée de tourner. Elle semble aujourd'hui installée dans le conservatisme, loin derrière la plupart de ses voisins et de bien d'autres pays à travers le monde.
La France est peuplée de vieux qui s'ignorent.
Pour qui s'y installe venant d'un autre pays européen, la France ne manque d'offrir chaque jour son lot de surprises. Patrimoine et tradition priment sur toute innovation. 

Les paiements s'y règlent de préférence en chèques. Ne cherchez pas de numéro de compte sur une facture: le Français est convaincu que ce numéro est strictement confidentiel et que le divulguer risquerait de permettre à qui le connaît de vider ce compte.  Sur les factures, les relevés de banque et les tickets de caisse, les sommes en euros sont toujours converties en francs français, près de douze ans après le passage à l'euro.

Mais là n'est pas le pire. En France, l'euthanasie reste un sujet tabou. La consommation de cannabis pourrait pousser certains au rétablissement de la peine de mort. Le vote des étrangers, promesse de François Hollande,  est reporté aux calendes grecques.

La femme française n'est toujours pas l'avenir de l'homme. Elle est plutôt son chien fidèle. Quand on lui demande son nom, une femme mariée est priée de donner le nom de son mari. Le sien, c'est celui "de jeune fille", il n'est qu'accessoire.
Les noms de fonction ne sont toujours pas - contrairement à une vieille pratique en Belgique, en Suisse et au Québec - féminisés: en France, on parle d'un juge, d'un maire, d'un écrivain, même si c'est Madame. Madame le, surtout pas Madame la.

L'hystérie qui a gagné de nombreux Français face au projet de mariage pour tous, c'est-à-dire celui  des homosexuels, participe de cette France accrochée à ses traditions et son conservatisme. C'est la France des Racines sans Ailes. 
Mais le mariage homo devrait logiquement mettre fin au sexisme et à la phallocratie qui règnent dans l'administration. On ne baptisera pas d'autorité un membre d'un couple homo du nom de son conjoint, ce serait absurde. On peut donc espérer que le mariage homo fera avancer la cause et le droit des femmes et entrer la France dans le XXIe siècle.  



(1) www.redressement-productif.gouv.fr/
(2) "Qui c'est les plus forts?", Télérama, 25 septembre 2013.

vendredi 20 septembre 2013

Le loup et l'agneau

"Certains moutons s'interrogent: vaut-il mieux choisir l'homme ou le loup? Choisissons le moins sectaire." François Morel a consacré son billet de ce vendredi à l'avancée du loup en France. "Si l'on n'y prend garde, le loup sera le prochain maire." 
A écouter et faire écouter, pour ne pas se laisser glacer par le hurlement des loups dans les campagnes et les banlieues françaises: sur www.franceinter.fr, dans les émissions de ce vendredi 20 septembre, le billet de François Morel à 8h55.

lundi 16 septembre 2013

Bon sens ne peut mentir

Les braqués qui tirent sur les braqueurs sont des héros qui devraient être décorés. Il faut encourager les citoyens à faire justice eux-mêmes, pour lutter contre "l'ensauvagement de la France". C'est ce qui ressort des réflexions menées par les élus et les militants du Front national lors de leur université d'été (1). Ce qui nous amène à nous demander ce qu'est une université. Robert (le petit) affirme qu'il s'agit d' "un établissement d'enseignement supérieur constitué par un ensemble d'unités de formation et de recherche, d'instituts, de centres et de laboratoires de recherche". Ainsi donc les analyses scientifiques menées par les chercheurs du Front national les amènent à produire des réflexions que n'importe quel Texan ras de front est capable de formuler: il faut toujours tirer le premier. L'université d'été du Front national explore le bon sens. C'est le bon sens qui affirme que seule la violence peut combattre la violence et qu'il est parfois prudent de tirer dans le dos. 
Le bon sens n'est évidemment pas du sectarisme. C'est pourquoi François Fillon qui a les pieds sur  terre n'est pas sectaire. Son parti, l'UMP, n'appellera à voter, lors de seconds tours dont il ne serait pas, que pour le parti le moins sectaire, le FN ou un autre parti. 
En 2002, le PS avait appelé à voter pour Jacques Chirac au second tour des présidentielles pour faire barrage à l'inquiétant et éructant Jean-Marie Le Pen. Aujourd'hui, Fillon n'hésite pas à tirer dans le dos du PS. Ainsi le veut le bon sens.
Quant à l'UDI de Jean-Louis Borloo, il refusera d'appeler à voter tant pour l'extrême droite que pour l'extrême gauche, entre lesquels il ne fait aucune différence. Suggérons aux militants de l'extrême centre et à François Fillon de lire "Bienvenue au Front - Journal d'une infiltrée" de Claire Checcaglini (2). On y découvre la stupidité abyssale de militants et de responsables du F.N., leur haine des Juifs, des Arabes, des Roumains, des homosexuels et toute personne qui n'est pas comme eux. Mais n'y voyons aucun sectarisme. Juste du bon sens. 


(1)
www.rue89.com/2013/09/15/bijoutier-nice-doit-etre-decore-quand-fn-celebre-les-citoyens-flics-245709
(2) éditions Jacob-Duvernet, 2012.