On n'arrête pas le progrès. Voilà qu'on apprend qu'existe en République tchèque un Parti des Motoristes. Il a de grandes ambitions : s’attaquer au pacte vert européen et défendre l’usage du charbon et des véhicules à moteur conventionnel, nous explique Le Monde (1). Dans les meetings du parti sans doute n'y a-t-il pas de musique, mais des bruits de moteur qui mettent les électeurs en transe. Peut-être même des odeurs de gaz d'échappement.
S'opposer à la lutte contre le réchauffement climatique et soutenir le charbon et la bagnole, voilà qui témoigne d'une vision à long terme : sans doute ce parti espère-t-il que la République tchèque, très éloignée de toute mer, soit un jour, grâce à la montée du niveau des eaux, au bord de la mer et puisse alors développer des ports maritimes et créer des stations balnéaires. Un nouvel avenir se prépare.
Ce Parti des Motoristes a obtenu, hier, près de 7 % des voix aux élections législatives. C'est le milliardaire Andrej Babis qui est arrivé en tête avec son parti ANO : 35 % des voix. Il espère constituer un gouvernement avec notamment le parti des amateurs de bagnoles.
Ancien collaborateur de la police politique communiste dans les années 1980, rappelle Le Monde, Babis s’est ensuite enrichi dans l’agroalimentaire, au point de devenir une des dix plus grandes fortunes tchèques. Il a dirigé le gouvernement tchèque de 2017 à 2021. "Son premier mandat a été marqué par des conflits d’intérêts permanents entre ses affaires privées et celles du gouvernement, et il est encore poursuivi dans un dossier de fraude aux fonds européens. Il adore s’attaquer aux journalistes de son pays."
Ces casseroles ne gênent visiblement pas ses électeurs qui apprécient son côté trumpiste revendiqué et son refus de continuer à aider militairement l'Ukraine.
Le Slovaque Robert Fico et le Hongrois Viktor Orban se sont réjouis de cette victoire, même si l'ANO se dit "pro-européen et pro-OTAN". On n'attend pas pour autant de Babis d'être un moteur de l'UE. Tout n'est pas encore gagné pour lui. Il doit parvenir à former une majorité, et si c'est le cas, il devra compter avec un Sénat "dans les mains des partis pro-européens et un président, Petr Pavel, qui a promis avant le scrutin de veiller à ce que la République tchèque conserve un gouvernement qui ne laissera pas le pays à la merci de la Russie".
On attend - en général du moins - des politiques qu'ils nous aident à aller de l'avant. Il semble cependant que l'époque soit favorable à ceux qui nous tirent vers l'arrière.
Résumons-nous : la démocratie est une chose bien compliquée.
(1) https://www.lemonde.fr/international/article/2025/10/04/en-republique-tcheque-andrej-babis-et-son-parti-ano-arrivent-largement-en-tete-des-elections-legislatives_6644426_3210.html