lundi 18 août 2008

Immuable Wallonie!

Ainsi donc, « ils » l’ont fait ! Ainsi donc, ils l’ont « eue » ! Le Gouvernement wallon s’est débarrassé de Danielle Sarlet, sa directrice générale en charge de l’Aménagement du Territoire, du Logement, du Patrimoine et de l’Energie (la DGATLP).
C’est que depuis longtemps, cette directrice hérissait ces messieurs du Gouvernement et du Parlement.
Elle avait le grand tort de ne pas être aux ordres, de se conduire de manière critique et indépendante, de faire appliquer les règles, de rechercher la cohérence. Une « erreur » d’attitude qui ne colle pas avec la culture wallonne de l’arrangement à la petite semaine, du clientélisme, de l’embrouille et du double langage.
Son éviction, malgré vingt-deux années d’excellents et loyaux services, malgré la réussite d’épreuves organisée par le Selor, est une suite logique de toutes les attaques dont elle fut l’objet. En Commission parlementaire de l’Aménagement du Territoire, je me souviens des critiques acerbes à son égard, frisant l’insulte, de collègues parlementaires des trois familles traditionnelles. C’est que ces députés-municipalistes (1) estiment que les règles sont faites pour être contournées et ne peuvent en tout cas pas les empêcher de satisfaire leurs électeurs-clients.
André Antoine, grand défenseur de la cohérence de l’aménagement du territoire quand il était dans l’opposition, s’est mué en ministre laxiste, plus libéral que les Réformateurs. Membre du gouvernement, il a d’emblée créé SA « Cellule de Développement territorial », chargée de piloter les projets jugés prioritaires en matière d’aménagement du territoire : tronçons autoroutiers, aéroports régionaux, circuit moto, pistes de ski… Des projets d’une autre époque qu’il soustrayait ainsi à l’analyse critique de l’administration. Mais cette mise sur la touche de Danielle Sarlet ne lui suffisait visiblement pas : il s’en est maintenant débarrassée officiellement avec la complicité de l’ensemble du Gouvernement wallon.
Décidément, la compétence et l’intelligence dérangent en Wallonie… Qui oserait encore affirmer que celle-ci est vraiment entrée dans le XXIe siècle?
Personnellement, je ne me suis jamais senti wallon. Plus que jamais, je me sens apatride dans ma propre région.

Voir le site de soutien à Danielle Sarlet : www.vieillechaussette.be

(1) En juin 2004, un député wallon sur deux était aussi bourgmestre ou échevin. « Une proportion jamais vue » (La Libre Belgique, 27.07.04)

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