lundi 8 octobre 2012

Il faut raison garder

Que veulent les gens à la veille des élections communales? On croit qu'ils veulent la lune. On se trompe. Au début de l'automne, les gens ne veulent rien. L'été les a saturés. Ils ne veulent pas d'éolienne en tout cas. Les militants de Vent de Raison l'ont dit au ministre-président wallon (1). Ils veulent bien en accepter à 1500 mètres de chez eux. A un kilomètre et demi, si on compte bien. Bref, nulle part. Le ministre-président, qui est si gentil, leur propose de placer la norme à 450 mètres plutôt qu'à 350. Ils ne veulent rien entendre. Un certain Couplet se plaint. C'est toujours le même refrain: ces éoliennes lui cassent les oreilles. Il les a sensibles. "Passer de 40 à 45 dB, c'est monstrueux", s'exclame l'un de ses coreligionnaires (l'antiéolisme est une véritable religion). Dans une chambre à coucher, on relève 30 dB, 40 dans un bureau qualifié de tranquille. Un lave-linge génère un son "agréable" (nous dit-on) de 50 dB. Une automobile 80 dB, une moto 90.
Sans doute faudra-t-il fermer les routes qui mènent aux anti-éoliennes pour qu'ils vivent tranquillement. Elles font beaucoup plus de bruit qu'une éolienne (eux aussi d'ailleurs). Ils rejoindront leur domicile en pantoufle ou à vélo. Même l'hiver. Les vélos d'aujourd'hui n'ont plus besoin de dynamo. Heureusement. Elles les empêchaient de dormir. 
On est surpris: Mathieu Lamboley (2) a testé les éoliennes d'Estinnes, classées parmi les plus puissantes du monde. Elles sont onze, culminant à 198 mètres de hauteur. "Force est de constater, écrit-il, même si l'expérience n'a aucune valeur statistique, que je dors parfaitement au pied d'une éolienne ( à 200 mètres "au vent" pour être précis, à cause de la crainte, à peine rationnelle, de me prendre une pale dans la tronche), de même que les nombreux faisans qui criaillent aux alentours. La seule catastrophe environnementale notoire du coin est l'absence quasi-totale d'insectes, pour cause d'utilisation massive de pesticides."

A Templeuve, à deux pas de la frontière française, les habitants estiment qu'ils vivent "dans un village poubelle" (1). Non seulement on veut leur imposer une dalle de compostage, mais, en plus, on leur annonce quelques dizaines de logements sociaux supplémentaires. Trop, c'est trop, disent leurs enfants qui dans leurs dessins ont spontanément exprimé leurs craintes de ne plus voir le soleil, de ne plus bronzer. La télé a voulu interviewer les habitants. Ils se taisent. Sans doute craignent-ils les coups de soleil. Ils n'osent plus sortir. Que veulent les gens au début de l'automne? On s'interroge.

(1) JT de No Télé, 8 octobre 2012.

(2) www.rue89.com/rue89-planete/2012/09/27/jai-campe-au-pied-dune-eolienne-geante-et-jai-dormi-comme-un-bebe-235633

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