dimanche 31 octobre 2021

Ce besoin des autres

Qui peut l'ignorer? L'élection présidentielle se profile en France, elle aura lieu dans moins de six mois. Les candidats se bousculent au portillon. On s'étonne d'en voir autant souhaiter monter sur la plus haute marche du podium qui, en France, est aussi celle de l'échafaud. Aussitôt élu, le président est vilipendé, ceux qui ne l'ont pas élu n'ayant qu'un objectif: le guillotiner.
Dans les (d)ébats actuels, le thème imposé par l'extrême droite, la lutte contre l'immigration, prend presque toute la place, contaminant la droite et une partie du centre. Telle une flaque d'hydrocarbures en mer, il pollue son environnement et semble inarrêtable. La lutte contre le réchauffement climatique devrait être la priorité absolue, mais la majorité des candidats l'ignore ou la fait passer loin derrière le pouvoir d'achat, la sécurité et l'immigration. Nous sommes envahis, nous ne sommes plus chez nous, clament les Zemmour, les Le Pen et autres nationalistes obsédés par la fermeture des frontières.

Les chiffres leur donnent pourtant tort: l'immigration dans les pays de l'OCDE a atteint en 2020 le plus bas niveau enregistré depuis 2003. Une baisse d'au moins 30% (1). La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansonn, estime qu'un aspect positif de la pandémie de coronavirus est d'avoir rendu "évident que nous avons besoin des migrants" sur le marché du travail. Et s'il y a une urgence, ce n'est pas de lutter contre l'arrivée de migrants, mais contre le travail irrégulier. "Par ailleurs, souligne Olivier Pirot dans La Nouvelle République (2), les immigrés ne coûtent globalement rien à la société. Leur impact selon les pays et les années oscille entre -1% et +1% du PIB. Et sur la période 2006-2018, il est même le plus souvent positif." Le journaliste souligne aussi que, "contrairement à certaines idées reçues et discours politiques, la majorité des immigrés dans ces pays (de l'OCDE) sont des femmes". Et que "la pandémie a montré aussi, directement dans les territoires, le besoin essentiel de certains secteurs de faire appel à de la main d'œuvre saisonnière et étrangère". 
L'OCDE insiste: "mieux intégrer les immigrés peut contribuer à renforcer les gains budgétaires. Par exemple, le simple fait de combler l'écart d'emploi entre les personnes d'âge actif issues de l'immigration et celles nées dans le pays, de même âge et de même niveau d'études, pourrait accroître la contribution budgétaire nette totale des immigrés de plus d'un tiers de point de PIB dans un pays sur trois". Mais l'extrême droite préfèrera toujours les slogans simplistes aux chiffres, la haine à la raison. 

(1) "En 2020, les flux migratoires ont brutalement chuté", La Nouvelle République, 29.10.2021.
(2) "Autre jour", La Nouvelle République, 29.10.2021.

(Re)lire sur ce blog "Le pain des Français", 16.10.2021.

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