mardi 19 septembre 2023

Le cul-de-sac du nationalisme

Les nationalistes n'aiment pas l'Union européenne. Sauf quand ils ont besoin d'elle. C'est-à-dire très souvent.
La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, s'est fait élire sur un programme anti-migrants et anti-Union européenne. Avec elle, femme de poigne, l'Italie n'accueillerait plus de migrants. C'est raté. Ces derniers jours, ils sont arrivés par milliers, de Tunisie, sur l'île de Lampedusa. Meloni appelle l'UE au secours et demande que les différents pays qui la composent se répartissent les migrants. 
Le gouvernement italien a, en juin dernier, marqué son accord à un nouveau pacte qui devrait permettre de mieux répartir les réfugiés au sein de l'Union européenne. Le pays qui est en première ligne par rapport aux arrivées serait stupide de ne pas compter sur la solidarité européenne. Le nationalisme montre vite ses limites. "Les États membres devraient accueillir un certain nombre de demandeurs arrivés dans un pays de l’UE soumis à une pression migratoire. Ou à défaut d’apporter une contribution financière équivalente à 20 000 euros par réfugié non relocalisé", rappelle le HuffPost (1). Mais deux pays rejettent cet accord : la Hongrie et la Pologne. A leur tête, des nationalistes comme l'est Giorgia Meloni. Ses amis osnt-ils toujours ses amis ? On voit par là qu'il est impossible de s'entendre entre nationalistes. Par définition, chacun ne voit que son intérêt et s'enferme derrière ses frontières. Soudain, les nationalistes ne reconnaissent plus leurs alliés.
En France, le parti de la fille à papa avait vivement applaudi la victoire de Fratelli d'Italia aux élections italiennes il y a un an. Aujourd'hui, on sent la Le Pen gênée, elle prend ses distances avec sa chère amie qui vient de démontrer que les discours fermes de l'extrême droite ne sont que des mots face à une réalité qui impose des solutions solidaires. Mais la solidarité est une valeur étrangère à l'extrême droite.
Reconnaître qu'on a besoin des autres est une forme d'intelligence. Le nier est de la prétention imbécile. Le Pen, Zemmour et leurs cliques respectives continuent à soutenir qu'avec eux ça n'arriverait pas,  qu'il n'y a qu'à... Yaka fermer les frontières, yaka empêcher les migrants d'entrer, yaka les expulser. 
Le problème est nettement plus complexe que les déclarations à l'emporte-pièce du matamore Zemmour qui annonce qu'avec lui pas un seul migrant de Lampedusa n'entrerait en France.
"Soyons clairs, disait hier l'éditorialiste Pierre Haski  sur France Inter, personne n’a la solution miracle, surtout pas ceux qui font des déclarations martiales. Giorgia Meloni en fait la cruelle expérience. Elle était en Tunisie récemment pour signer un accord sous-traitant, de fait, la gestion des flux migratoires à un pays de départ. Mais tous les départs de ces derniers jours viennent de Tunisie. Entre instrumentalisation politique, volontarisme creux et fausses bonnes solutions, la question migratoire est depuis des décennies un sujet explosif récurrent. Au moins, l’Europe se doit-elle d’être fidèle aux « valeurs » qu’elle proclame dans ses discours. En se rappelant que, contrairement à une idée reçue, la majorité des réfugiés ne sont pas en Europe, mais en Afrique, au Moyen Orient ou en Asie."

P.S. : Le Ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin (qui envoie régulièrement des messages vers la droite), annonce que la France n'accueillera pas de migrants venant de Lampedusa, mais seulement les demandeurs d'asile (comme l'y obligent les règles internationales). Comment peut-il douter qu'ils ne soient pas tous demandeurs d'asile ?

(1) https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/la-crise-des-migrants-a-lampedusa-donne-des-maux-de-tete-a-zemmour-le-pen-et-l-extreme-droite-francaise_223277.html

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