vendredi 12 octobre 2007

Le pays de l'accueil

Le village calabrais de Riace s'est donné pour surnom "pays de l'accueil". Ici cohabitent Italiens, Kurdes, Erythréens, Afghans... Un reportage au JT de France 2 ce jeudi soir nous apprend que le maire de ce petit village lutte à sa manière à la fois contre l'exode rural et pour l'accueil de réfugiés. Ceux-ci sont logés par la commune et reçoivent en outre une aide financière. Plusieurs d'entre eux ont ouvert des ateliers d'artisanat. Interrogé, un villageois originaire du village considère qu'il n'est que normal d'accueillir des gens qui ont dû fuir leur pays parce qu'ils y étaient en danger. Les réfugiés sont une chance pour nos villages qui se vidaient, dit le maire... Chez nous, en Belgique, les négociateurs de "l'orange bleue" estiment que l'immigration est "ressentie comme une menace par la société" et entendent donc la limiter. Comme l'écrit Dorothée Klein dans l'éditorial du Vif/L'Express (12.10.07), "il faut se rendre à l'évidence : la peur et l'opportunisme l'ont emporté sur les préoccupations humanitaires". Elle rappelle que de plus en plus d'Etats européens veulent sélectionner les "bons" immigrés", ceux qui seront rentables pour nos économies. Y a bon(s) immigrés! Le nord va donc puiser au sud les bras et les cerveaux qui lui seront utiles, au mépris du développement même du sud. Dans Charlie Hebdo (26.09.07), Philippe Val dénonce lui aussi l'immigration choisie, chère au gouvernement Sarkozy et rappelle que "tous les démographes, tous les économistes, ainsi que les rapports de l'ONU le soulignent : l'Europe et la France auront dans la génération qui vient un besoin vital de l'immigration. Contrairement au fantasme caressé par la droite, plus jamais le Blanc européen ne fera assez d'enfants pour assurer sa puissance démographique. Son avenir est dans l'intégration, le mélange, le métissage, et la conversion de ceux qu'il accueille à la culture démocratique." Mais, dit-il, comment imaginer que les immigrés "choisis" vont accourir chez nous alors qu'on va prélever leur ADN pour décider de qui, dans leur entourage, peut ou non les accompagner, alors qu'ils savent qu'ils seront moins payés que les autres, qu'ils vivront des tas de tracas administratifs, etc. ? Cessons d'avoir peur des immigrés et surtout de participer à l'entretien de cette peur. Ce qui revient à donner raison aux discours stupides et haineux de l'extrême-droite. Considérons, dans ce monde ouvert, qu'il n'est que normal que des hommes et des femmes recherchent bien-être et sécurité, ailleurs que chez eux où ils sont en danger, pour leur appartenance ethnique, leurs idées ou simplement parce qu'ils n'arrivent pas à nourrir leurs enfants. Il y a urgence à repenser autrement l'immigration. A la considérer non comme la peste, mais, comme à Riace, comme une chance partagée !

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