dimanche 27 août 2017

De bruit et de fureur

Rien ne semble pouvoir déstabiliser Ubu Trump. Plus il accumule et profère de bêtises, plus il est sûr d'avoir raison, même si c'est contre le reste de l'humanité. Il semble d'ailleurs que plus on le contredit ou on le critique, plus il se sent renforcé dans son jugement. Qui est forcément le meilleur. Même si ce jugement est l'exact contraire de celui qu'il énonçait la veille. Mais peu lui chaut à lui qui n'a pas plus de mémoire qu'un poisson rouge et a moins de culture qu'un mollusque nouveau né.
Le chantre du repli américain joue à celui qui a le plus gros zizi avec Kim Jong-Un et avec Nicolas Maduro et se dit prêt à mettre la planète (ou en tout cas une bonne partie) à feu et à sang pour démontrer qu'il peut faire mal dans les cours de récré. Certains y voient une nouvelle version de la "stratégie du fou" qu'appliquait Richard Nixon pour faire croire qu'il était prêt à tout - et surtout au pire - pour mettre fin à la guerre du Vietnam. Mais, comme le craignent d'autres, est-on certain avec Trump qu'il s'agit d'une stratégie et pas juste de l'état d'un esprit insuffisamment équilibré?
L'homme qui n'a pas peur de regarder le soleil dans les yeux peut tout. "Il peut susciter le chaos et exister dans l'œil de son propre cyclone", écrit le romancier américain Jérôme Charyn (1). Les vacances ne sont pas pour lui. Il faut qu'il soit dans le regard de chaque observateur. Ses sept premiers mois d'exercice du pouvoir n'ont été qu'un numéro de claquettes ponctué par un cri primal. Il ne peut pas survivre hors du halo de sa propre fureur."
Le joueur de golf à qui il arrive aussi d'être président de son pays a laissé entendre qu'il ne faisait aucune différence entre racistes et anti-racistes. Pressé par ceux qui essaient (assez vainement) de le conseiller, il a fait marche arrière avant de revenir à des propos associant anti-racisme et violence, estimant aussi que "il y a des gens très bien des deux côtés", donc également du côté des racistes et des suprémacistes. Bref, il en revient à ses fondamentaux. Michael D'Antonio, son biographe, affirme (2) que Trump "a un point de vue raciste sur le monde. Au fil des ans, il a manifesté du ressentiment à l'encontre de tous les groupes à l'exception des hommes blancs". Lui et son fils, écrit Le Courrier international (3), affirment que la famille Trump croit "en l'existence d'une gradation distinguant des populations supérieures et inférieures". Une croyance qu'on pensait révolue depuis un siècle. Mais la marque Trump semble décidément être celle de la pensée (?) obsolète et abjecte. Ce blanc fier de l'être n'est en fait qu'un pâle type. Mais peut-être faut-il éviter de le lui dire? Il en tirerait un peu de fierté.

Père Ubu. - Alors, voilà. Je tâcherai de lui marcher sur les pieds, il regimbera, alors je lui dirai: MERDRE, et à ce signal vous vous jetterez sur lui.
Mère Ubu. - Oui, et dès qu'il sera mort tu prendras son sceptre et sa couronne.
(Alfred Jarry, Ubu Roi)

(1) "Le Donald Show", Charlie Hebdo, 23 août 2017.
(2) dans The Boston Globe, cité par le Courrier international, 24 août 2017.
(3) "Le racisme est dans l'ADN de Trump", le Courrier international, 24 août 2017.

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