mercredi 23 août 2017

Padam padam (air - trop - connu)

Une fois encore, les culs bénis sont choqués. Sans doute ou peut-être (on l'espère en tout cas) déplorent-ils les morts et les blessés des attentats islamistes qu'a connus l'Espagne ces derniers jours, mais ils sont surtout révoltés par la une de Charlie Hebdo ce jour. Un dessin de Juin (1) y montre deux personnes mortes, couchées sur la route,  tandis qu'une camionnette s'éloigne. Au-dessus d'eux, cette phrase: "Islam, religion de paix... éternelle". Les culs bénis trouvent que Charlie Hebdo fait preuve, "une fois de plus", d'islamophobie (2), un terme inventé pour interdire toute critique de l'islam. On n'aurait donc pas le droit de dénoncer et de condamner le rôle de l'islam dans cette folie furieuse qui transforme tant de jeunes en assassins?
Dans son édito dans le Charlie de ce jour (3), Riss constate que "les débats et les interrogations sur le rôle de la religion, et plus particulièrement de l'islam, dans ces attentats ont complètement disparu".
Les culs bénis dénonce les amalgames entre terrorisme et islam. Mais qui fait ces amalgames, sinon ces terroristes qui tuent (le plus souvent sans même savoir précisément pourquoi) au nom de l'islam? Qui fait ces amalgames, sinon des imams qui prêchent la haine plutôt que la paix (l'un d'eux est considéré comme le cerveau du réseau des djihadistes qui ont tué en Espagne)? Combien de mosquées ont dû être fermées dans nos pays parce qu'elles étaient des nids de djihadisme? D'où vient la violence? D'un dessin? De Charlie Hebdo? Que les culs bénis réfléchissent un peu, s'ils en sont capables. Cette violence vient d'un dévoiement inacceptable d'une religion qui, oui, se présente comme les autres comme une religion de paix, mais est devenue, pour certains de ses "fidèles", arme de guerre.
"Pour épargner aux musulmans modérés l'affront de relier leur foi à la violence djihadiste, écrit encore Riss, on a méthodiquement dissocié islam et islamisme. Pourtant, l'islamisme fait partie de l'islam. Lorsqu'on critique l'Inquisition et ses crimes, on ne détache pas cette mouvance fanatique du reste de l'église catholique." Mais les culs bénis, quand on les a frappés sur la joue droite, n'aiment rien tant que tendre la joue gauche aux terroristes qui croient servir Allah et Mahomet en massacrant aveuglément.
Dans la Nouvelle République (4), Ouzah Bouregaya, musulman de Châteauroux, en appelle à une réaction des siens: "ce que j'aimerais voir, c'est un soulèvement de notre communauté afin de dénoncer cette violence qui ne correspond pas du tout aux préceptes de l'islam". Il déplore que des dizaines de milliers de personnes soient capables de descendre dans les rues pour un match de football opposant France et Algérie, mais que ces attentats "ne suscitent pas cette même ferveur".
Mais les culs bénis se scandalisent des appels lancés aux musulmans à protester contre la prise en otage de leur religion par des névrosés de tous âges. 

(1) https://charliehebdo.fr
(2) http://www.huffingtonpost.fr/2017/08/22/charlie-hebdo-taxe-dislamophobie-avec-sa-une-sur-les-attentats-en-espagne_a_23157786/?utm_hp_ref=fr-homepage
(3) "Les autruches en vacances", Charlie Hebdon, 23 août 2017.
(4) "Attentats: j'aimerais voir un soulèvement", La Nouvelle République - Indre, 22.8.2017.
A (re)lire sur ce blog:
- "Padam, Padam, Algam", 25 mars 2016;
- "Répugnante manifestation et saine colère", 28 mars 2016.

Post-scriptum: sur le même sujet:
https://www.marianne.net/politique/les-anti-charlie-hebdo-lancent-leur-charge-de-rentree

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