jeudi 11 juillet 2019

Même les mollassons vont dans le mur

Pendant le réchauffement, les affaires continuent.
Le dérèglement climatique n'est plus contesté par personne aujourd'hui, sauf par ceux pour qui l'évolution de la planète est subordonnée au gonflement de leur portefeuille. On pourrait donc croire que tous les projets néfastes à l'environnement, à la biodiversité et au climat se sont évaporés d'eux-mêmes. Il n'en est rien. Les promoteurs d'Europa City en région parisienne rêvent toujours de leurs pistes de ski et de leur méga complexe commercial dédié à une consommation sans limite (1). Les projets d'autoroutes, d'agrandissement d'aéroports, d'élevage industriel, d'utilisation de pesticides et d'autres activités dévoreuses d'espace et pollueuses de l'air se poursuivent comme dans les années '60. Il n'est point de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Le gouvernement français vient de décréter une taxe sur les billets d'avion. Elle pourrait se monter jusqu'a dix-huit euros. C'est déjà ça, peut-on se dire. Mais la taxation du kérosène n'est toujours pas plus à l'ordre du jour que la dimunition des vols.
Nous sommes en situation d'urgence et on nous propose au mieux des mesurettes.
Chaque lobby défend son (gros) bout de (très) gras, arguant qu'il n'est responsable que d'une si infime part du réchauffement. 

Les transports sont la première source de gaz à effet de serre en France: ils ont produit en 2017 30 % des émissions en équivalents CO2. Et les voitures particulières sont responsables de près d'un sixième de la contribution française au réchauffement climatique. Plus que les poids lourds. Mais le lobby de la bagnole sait qu'il peut compter sur "quarante millions d'automobilistes" qui estiment toujours que leur voiture, c'est leur liberté et que rouler (vite) est un plaisir et doit le rester.
Quand donc l'Union européenne refusera-t-elle d'homologuer de nouveaux véhicules s'ils ne sont pas réellement propres? Si c'était le cas, on veut bien prendre les paris: la recherche en la matière s'accélérerait soudain.
L'agriculture produit 19 % des émissions françaises de gaz à effet de serre, la moitié venant de l'élevage. Donc de ce qui sera ensuite de la viande. Mais qui oserait remettre en question une alimentation qui reste majoritairement carnée? Et surtout le sacro-saint barbecue? Et comment justifier qu'on pourra demain importer, plus facilement encore qu'aujourd'hui, de la viande du Canada, du Brésil ou d'Argentine?

Certes, au niveau mondial, la  France ne produit que 1% des gaz à effet de serre. Loin, très loin des 28 % de la Chine ou des 15 % des Etats-Unis. Mais quel pourcentage de gaz à effet de serre nos pays importent-ils avec les produits qu'ils achètent à ces pays?
Dans leur grande majorité, les entreprises pas plus que les citoyens ne sont prêtes à changer leurs habitudes et leur fonctionnement.
On voit par là que le réchauffement est tel qu'il nous rend léthargiques.

(1) (Re)lire sur ce blog: "La cécité de la social-démocratie", 26.3.2019 et "Tant d'émotions si naturelles", 27.10.2014.
(2) https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/08/voiture-industrie-viande-quelles-sont-les-causes-du-rechauffement-climatique-en-france_5486767_4355770.html

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