mardi 17 janvier 2023

Battre en retraite

On a connu argumentation plus convaincante, moins insultante et plus intelligente. Moins dépressive aussi. Une opposante à la réforme des retraites en France, âgée de 58 ans, affirme (1) qu'avec l'âge de la retraite à 64 ans elle passera directement "du boulot à l'EHPAD". Mais qui donc à 64 ans aperçoit dans son horizon personnel la maison de retraite ?
Peut-on suggérer à cette dame de pratiquer des exercices intellectuels et physiques qui l'aideront à rester en parfaite santé très longtemps ? Les sexagénaires et septuagénaires (même des octogénaires, voire plus) sont très nombreux à rester encore verts et à s'investir dans de nombreuses associations qui dynamisent leur communauté. Nombreux aussi à voyager, notamment à pied ou à vélo. Nombreux à cultiver leur potager, à couper leur bois, à planter des arbres, à bricoler, à peindre, à cuisiner, en un mot à vivre pleinement. Il faut être sacrément vieux dans sa tête pour s'imaginer à 58 ans qu'à 64 on sera à "l'hospice". Ça s'appelle battre en retraite.

(1) https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/01/15/reforme-des-retraites-ces-quinquagenaires-qui-n-arrivent-pas-a-s-imaginer-travailler-jusqu-a-64-ans_6157918_823448.html

1 commentaire:

Bernard De Backer a dit…

Tu as parfaitement raison, Michel. On sent qu'il y a du vécu. En Europe occidentale, il faut relever plusieurs défis : vivre plus sobrement et en meilleure santé (si possible), bouger davantage physiquement, bien se nourrir (avec un petit coup parfois), travailler de manière plus motivante (responsabilité des employeurs pour les salariés), mieux et plus longtemps (entre 65 et 70) avec une durée hebdomadaire dégressive à partir de 60 ans, limiter la démographie et mieux intégrer les migrants (des efforts des deux côtés), moduler l'âge de la retraite en fonction de la pénibilité, du métier et du genre (carrières courtes de nombreuses femmes), éduquer à la retraite active qui est une seconde vie, équilibrer les salaires par les transferts sociaux. Et j'en passe. Le dossier est complexe et varie selon les pays.

De mon côté et dans la foulée d'une vie sportive, j'ai traversé les Alpes à pied en bivouac à 65 ans, voyagé de Belgique vers la Pologne à vélo à 68 ans, commencé à écrire de la fiction à 69 ans, détruit ma bagnole quelques années plus tôt. Je bénéficie d'un abonnement bus-metro-tram à prix réduit et je prends le train pour partout en Belgique pour 7,5 euros A/R, en pouvant emporter mon vélo pliable (l'autre est pour ls voyages).

Bon, j'arrête. Suis bien conscient que c'est un style de vie en partie possible grâce à ce dont on hérite (pas seulement financièrement) et ce que l'on construit. Et qu'au delà la responsabilité individuelle il y a les politiques publiques, l'héritage social. Mais on ne passera pas à côté d'un allongement des carrières dans un système de retraites par répartition et avec une augmentation de l'espérance de vie (en bonne santé, si possible).