mardi 4 avril 2023

Machine arriérée

Le parti présidentiel en France s'appelait En Marche. Il s'appelle à présent Renaissance. Qu'est-ce qui est en marche, qu'est-ce qui renait, sinon le vieux système ? Celui-là même qui a détruit la planète et nous a envoyés dans le mur.
Le Ministre de l'Agriculture défend les pesticides. Selon Le Monde (1), il a demandé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments, de l’environnement et du travail (l'Anses) de revenir sur l’interdiction, décidée par celle-ci, d’un herbicide majeur, le S-métolachlore, responsable d’une pollution quasi généralisée des nappes phréatiques. Cet herbicide, très utilisé sur le maïs, le tournesol et le soja, pollue les eaux souterraines et l’eau de distribution. "En 2021, selon les chiffres officiels, près de 3,5 millions de Français ont reçu au robinet une eau non conforme aux critères de qualité alors en vigueur, pour cause de présence d’un métabolite de ce pesticide au-delà du seuil réglementaire de 0,1 microgramme par litre." Le S-métolachlore est classé cancérogène suspecté. 
De son côté, le Secrétaire d'Etat à la Mer est fier d'annoncer que, grâce à son intervention, la Commission européenne a renoncé à son plan : le chalutage de fond dans les aires marines protégées ne sera finalement pas interdit d’ici à 2030. "La mesure, explique Le Monde (2) visait à protéger poissons, coquillages et crustacés mais aussi des tortues et oiseaux marins menacés par l’usage d’engins de fond mobiles (chaluts, dragues, palangres, casiers…), dans des aires qui devraient couvrir jusqu’à 30 % des eaux européennes en 2030. Bruxelles dénonçait une pêche très gourmande en carburant et forte émettrice de CO2, qui, en raclant les fonds, détruit des écosystèmes constituant eux-mêmes des puits de carbone, fragilise les populations de poissons qui s’y abritent et s’y reproduisent, et favorise des prises accidentelles « disproportionnées » faute de sélectivité. La Commission demandait alors aux Etats membres de prévoir d’adopter des mesures pour « éliminer progressivement » cette pêche controversée." Mais les pêcheurs français n'en voulaient pas (au point de brûler quantité de pneus devant l'Office français de la biodiversité à Brest - tout un symbole !) et le gouvernement leur a donné raison.
Quant au président Macron, tout en nous invitant à économiser l'eau, il relance la filière nucléaire, grande consommatrice d'eau.
Quelques exemples parmi beaucoup (trop) d'autres. Avec Renaissance, c'est machine arrière et même arriérée. 

Ceux qui se battent pour des mesures de protection de l'environnement et de la biodiversité et de lutte contre le réchauffement climatique sont aujourd'hui taxés d'écoterroristes. 
Comment qualifier ceux qui font vivre  ce vieux système nuisible à la vie et participent activement à l'augmentation de ce réchauffement ? Agroterroristes ? Conservatoterroristes ? Capitaloterroristes ? Cynicoterroristes ?

"J'ai compris (...) que nous nous trouvions précisément au point tournant d'une époque. La preuve, on déployait maintenant l'énergie du désespoir pour salir la lutte écologiste, accusant les citoyens mobilisés d'encenser ces voyous, ces terroristes environnementaux."
Gabrielle Filteau-Chiba, "Bivouac", Stock, 2023.

(1) https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/03/31/pesticides-la-volonte-du-ministre-de-l-agriculture-de-revenir-sur-l-interdiction-du-s-metolachlore-suscite-un-tolle_6167798_3244.html
(2) https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/04/03/chalutage-de-fond-les-pecheurs-francais-ont-gagne-a-bruxelles-la-technique-est-maintenue_6168040_3234.html

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