lundi 14 décembre 2009

La Wallonie, à mille lieues de Copenhague

Cocorico! Le ministre wallon de l'Economie, Jean-Claude Marcourt, ne se sent plus de joie: la Wallonie est classée première de 61 zones d'Europe. Première région logistique d'Europe. Un des grands avantages, et de celui-là on peut effectivement se réjouir, c'est que la main d'oeuvre y est productive, qualifiée et multilingue. Pour le reste, qui dit logistique, dit entrepôt et infrastructures de transport. Le prix des terrains et des halls d'entreposage est faible chez nous. Traduisez: le sol (valeur première selon le Code wallon de l'aménagement du territoire) est bradé. Pour y construire d'immenses halls de stockage. C'est-à-dire des lieux qui ne sont pas des centres de production, mais de transit, à peu de valeur ajoutée. Et les autoroutes sont nombreuses et gratuites. Et génèrent des trafics de camions qui deviennent insupportables. A tous points de vue. Pour les riverains comme pour l'environnement. Ajoutons au tableau, pour qu'il soit complet, les aéroports de Gosselies et de Liège à la croissance constante, et nous comprenons de quoi nous pouvons être fiers: d'être une région qui résiste, envers et contre tout, à une évolution devenue indispensable. Voilà pourqwé, nos s'tons firs d'iesse wallons! Un mot encore, il paraît que Liège sera saturé à l'horizon 2020. Et ça, ça en jette vraiment, non?

Ici, au coeur de cette merveilleuse "Wallonie picarde" (dont j'ai malheureusement oublié le slogan *), ce sont les bourgmestres concernés par le projet d'un centre de glisse qui n'ose plus dire son nom qui font de la résistance. Quoi, s'étranglent-ils, le Ministre de l'Aménagement du Territoire demande aux promoteurs d'aménager leur projet pour l'adapter aux nécessités d'aujourd'hui? Mais c'est insensé, s'exclament-ils en choeur dans le Soir du 12 décembre!
Daniel Westrade, bourgmestre de Péruwelz, estime que «un projet comme celui-là sera mieux chez nous qu’ailleurs. Il est sans doute à revoir mais il est vraiment porteur pour notre territoire». On notera qu'il concède que le projet doit sans doute être revu.
Pierre Wacquier, son collègue de Brunehaut, se dit " un peu déçu par le ministre de tutelle. (...) On ne peut plus se permettre d’attendre, dit-il, car il ne faut pas oublier la création énorme d’emplois». C'est le même Pierre Wacquier qui, à propos du projet d'éoliennes à Saint-Maur, déclarait que « la Commune de Brunehaut attache une énorme importance à l’avis du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut » (sur No Télé, le 26 avril 2008). Or le PNPE a remis un avis extrêmement défavorable au projet de Maubray. Un avis que le Parc a adopté à l'unanimité, les représentants de Brunehaut ont donc exprimé leur refus du projet. Rappelons d'ailleurs que la commune de Brunehaut a remis un avis critique sur le projet, refusant, notamment, sa partie sud. Ce qui est pris en compte par le cabinet Henry. Mais le bourgmestre de Brunehaut semble brouillé à jamais avec tout sens de la cohérence.
Quant à Bernard Bauwens, bourgmestre d’Antoing, lui au moins reste cohérent avec lui-même et demeure, contre vents et marées, le porte-parole des promoteurs: «une fois encore, on recule dans ce dossier. Les promoteurs en ont ras-le-bol, plus de dix millions ont déjà été dépensés depuis 5 ans ».
Pour Bobo et Wawa, l'enquête publique qui a suscité des milliers d'avis négatifs, très argumentés, de toutes origines, semble nulle et non avenue. Etrange conception de la démocratie.
Et Copenhague est bien loin. On se souvient que le bourgmestre d'Antoing, à l'issue de la projection du film "Une vérité qui dérange", s'était dit extrêmement préoccupé par l'évolution de la planète, avant de défendre ardemment un projet de centre de loisirs gaspilleur en eau, en nature, en énergie, producteur de CO2 et de trafic automobile.
Finalement, c'est vrai qu'une des forces de la Wallonie, c'est le multilinguisme. Ici, on pratique couramment le double langage.

* assez amusant: cherchant le slogan, j'ai tapé www.walloniepicarde.be et je suis tombé sur un site qui me souhaite la "bienvenue en Tournaisis". On dirait que le Hainaut Occidental bouge encore! (je n'ai pas trouvé le slogan)

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