jeudi 24 novembre 2011

Le maître des marionnettes

Mais qui donc gouverne le monde? On se le demande. Il y a quelques années encore, on pensait bien que c'était l'OMC. Elle voulait tout déréguler, tout confier au privé. Aujourd'hui, on n'entend plus parler d'elle. Elle s'est démultipliée, déguisée en agences de notation. Elles s'amusent. Elles menacent de diminuer la note d'un pays. Un jour celui-ci, l'autre celui-là. Les dirigeants de ces pays sont comme des écoliers face à l'instituteur qui les menace de redoublement. Ils se mettent à trembler. Certains se font renverser et remplacer par des experts. Des spécialistes financiers, non élus, qui n'ont pas de compte à rendre à la démocratie.
Les agences de notation et les marchés mènent la danse. Même si personne ne sait qui sont les marchés. Les libéraux, eux-mêmes, ne peuvent répondre à la question. Ces agences et ces marchés jouent le même rôle que celui que joue le FMI vis-à-vis de tant de pays du sud: ils les contraignent à des mesures fortes et forcées, à des diminutions des dépenses publiques. Les gouvernements promettent que l'économie hypercapitaliste tournera mieux. Ils veulent mettre toutes les classes sociales à contribution, mais pas trop celles qui ont beaucoup d'argent et dominent cette même économie. Les marchés ne sont pas fous. Ce sont juste des vampires, ils ont besoin de sang frais, de sacrifices. Même humains. "Nous sommes dominés par un socle de croyances et de crédulités conduisant à penser que, face à ces nouveaux dieux courroucés que sont les marchés financiers, nous n'avons d'autres choix que les rassurer avec des sacrifices! Et des sacrifices humains. Chaque annonce d'un plan d'austérité implique plus de chômage, moins d'infirmières, moins d'éducation", constate Patrick Viveret, philosophe et conseiller honoraire à la Cour des Comptes en France (1). La cotation en bourse des entreprises fonctionne de la même manière: elle remonte à la moindre annonce d'un plan social. Par lequel il faut entendre plan antisocial. Les budgets des Etats explosent et la droite (et souvent ce qui reste de gauche molle) ne voit comme solution que sabrage dans les dépenses publiques. Les entreprises et les gros revenus sont des vaches sacrées. Qui ont de sacrés moyens. Voilà qu'on apprend que les lobbyistes américains liés aux banques ont débloqué un budget de huit cent cinquante mille dollars (850.000) pour s'attaquer au mouvement Occupy Wall Street (2). Donnant ainsi raison à ce mouvement et à tous ceux qui pensent qu'il faut prendre l'argent là où il est. On voit par là que les motifs d'indignation s'accumulent.

(1) Mediapart, 14 novembre 2011
(2) LLB, 21 novembre 2011

1 commentaire:

gabrielle a dit…

On est quand même en droit de s'interroger sur le degré de schizophrénie de "lesmmarchés".
D'abord, lesmarchés demandent la rigueur, ne veulent plus entendre parler de certains dirigeants et imposent les leurs.
Ensuite, les mêmes lesmarchés s'inquiètent des conséquences de la rigueur sur la croissance et ont peur que leurs nouveaux dirigeants ne parviennent pas faire des réformes.
Un problème de disjoncteur?