dimanche 25 novembre 2012

Shit de gaz

Il ne faut pas rejeter d'emblée les immenses réserves d'énergie que représente le gaz de schiste. L'homme serait bien bête de s'en passer, pour de soi-disant raisons environnementales. Il ne faut pas se voiler la face: nos besoins en énergie ne cessent d'augmenter et les réserves de pétrole s'épuisent. Aux Etats-Unis, le gaz de schiste crée des emplois et permet de viser l'indépendance énergétique.
Le lobby schisteux est bien actif: pas une semaine sans qu'il ne soit question dans la presse de ce grand espoir. Même si en Pologne, seul Etat européen où l'exploitation a réellement démarré, les résultats sont décevants (1).
Le même lobby n'envisage évidement pas une seule seconde que nous diminuions nos consommations - on devrait dire "nos gaspillages" - énergétiques et que nous investissions dans le renouvelable. C'est le propre d'un lobby: ne voir que son intérêt, même s'il est contraire à celui de la planète. Donc de l'homme.

C'est par fracturation hydraulique que l'on libère, pour le récupérer, le gaz de schiste, ce qui nécessite d'immenses injections d'eau. Ces mêmes opérations engendrent des risques de pollution des nappes phréatiques.
L'Union européenne manque d'eau et ses ressources existantes sont trop souvent polluées. C'est ce qu'a déclaré récemment le commissaire européen à l'Environnement, Janez Potocnik (2):  "en dépit des améliorations réalisées ces dernières années, la qualité des eaux de l'U.E. laisse à désirer", affirme-t-il. Et il ajoute qu'une partie toujours plus importante de l'Europe est touchée par la rareté de l'eau, "tandis qu'un trop grand nombre d'Etats membres subissent de plus en plus d'évènements exceptionnels, tels des inondations".
Voilà qui ne modifie en rien le point de vue du lobby schisteux. Les consommations d'eau? On trouvera des solutions. Dans dix ans. Peut-être (1). Ou peut-être pas. Mais si on n'essaie pas, on ne saura pas.
Restent aussi, disent les opposants, les risques sismiques et le réchauffement climatique (3). "Pour empêcher le réchauffement de la planète, il faudra ne pas aller chercher toutes les énergies disponibles", dit José Bové qui rappelle que le méthane est vingt fois plus dangereux que le CO2 et que 4 à 8% s'en échappent dans l'atmosphère lors de l'exploitation du gaz de schiste (4).
Ce que les entreprises (en particulier Total, dont on peut difficilement considérer qu'elle soit un champion de l'écologie) investissent ou investiront dans la recherche et l'exploitation des gaz de schiste, elles ne l'investiront pas dans les énergies renouvelables. "Il faut prévoir d'énormes investissements pour aller au-delà du gaz, affirme Yvo de Boer, ancien secrétaire exécutif de la Convention cadre des Nations Unies sur le réchauffement climatique (5). Nous devons mener une transition vers une situation où nous commençons à donner un prix juste aux choses. En ce moment, si les entreprises devaient payer pour le coût environnemental des dommages qu'elles causent, elles perdraient en moyenne 40% sur chaque euro gagné. La situation où nous sommes est que l'industrie répercute les coûts environnementaux sur la société et c'est la raison principale pour laquelle, selon moi, les technologies renouvelables et l'innovation sont perçues comme étant chères."

Malgré cela, le Parlement européen a refusé un moratoire sur le même gaz de schiste. La France, qui a pris la position inverse, est vue comme "obscurantiste" en la matière par un député UMP. Qui vit dans l'obscurité? Celui qui voit clair ou celui qui se met la tête dans le sable (ou dans le schiste) ?


(1) Le Vif, 23 novembre 2012.
(2) LLB, 16 novembre 2012.
(3) "Des climatologues ont annoncé que ce mois d'octobre (2012) avait été le 332e mois d'affilée à connaître une température supérieure à la moyenne." (L'œil du cyclone, LLB, 24 novembre 2012.)
(4) LLB, 22 novembre 2012.
(5) LLB, 23 novembre 2012.




1 commentaire:

gabrielle a dit…

Gaz de schiste et contamination radioactive. On n'arrête pas le progrès.

http://www.ddmagazine.com/201211252549/Actualites-du-developpement-durable/Gaz-de-schiste-la-contamination-radioactive-refait-surface.html