dimanche 24 février 2019

Des hauts et des bas

La France n'a jamais autant débattu que ces dernières semaines. Le Grand Débat national (1) initié par le Président de la République sous la pression des Gilets jaunes a, à ce jour, suscité près de 76.000 contributions de citoyens sur le thème de la transition écologique, 99.000 sur celui de la fiscalité et des dépenses publiques, 57.000 sur la démocratie et la citoyenneté et 59.000 sur l'organisation de l'Etat et des services publics. Si on y ajoute les compte-rendus des centaines de réunion organisées à travers toute la France et les cahiers de doléances ouverts dans les communes, on constate d'ores et déjà que ce Grand débat - qui se clôturera dans trois semaines - est une réussite, que nombreux sont les citoyens qui ont saisi l'opportunité qui leur est donnée de faire valoir leur point de vue. Reste évidemment à voir ce que fera le Gouvernement de cet immense brain storming.

Sur France Inter récemment (2), des G.J. affirmaient que ces débats ne servent à rien, qu'ils n'y sont pas écoutés. Y ont-ils réellement participé? On a des doutes. Ont-ils compris que ces débats ne sont pas des lieux de décision mais d'expression, de collecte d'idées? D'expérience, on a pu voir un peu partout des débats dans lesquels chacun peut s'exprimer librement. Même ceux qui sont fiers de clamer qu'ils n'ont "jamais voté en quarante-et-un ans" parce que "si les élections servaient à quelque chose il y a longtemps qu'on les aurait interdites", même ceux-là ont pu faire entendre leurs (absences d') idées qui se résument à un rejet de principe du politique, à de la grogne non argumentée. Quelques minutes plus tard, sur cette même France Inter, l'éditorialiste Thomas Legrand faisait part de son analyse d'un débat auquel il avait assisté la veille dans la région de Lyon. Un des intérêts de semblable débat, disait-il, est d'amener chacun à entrer dans la complexité des choses, à mettre des nuances dans ses analyses. Ces débats indiquent que les citoyens peuvent avoir des demandes parfois totalement opposées, que peu de propositions font l'unanimité et que le sens même de ces rencontres est de révéler la diversité des points de vue.

La plupart des G.J. ont apparemment décidé de bouder ces débats. Il n'y en avait aucun au débat organisé dans le village de Lignac récemment. L'un ou l'autre intervenant a dit comprendre une partie de leurs revendications, tout en prenant ses distances avec leurs excès. En fin de réunion, un maire a fait remarquer que, dans ce débat consacré à la démocratie et la citoyenneté, le référendum, revendication centrale des G.J., n'avait été évoqué par personne. Peut-être les G.J. préfèrent-ils se retrouver entre eux que de prendre le temps de confronter leurs points de vue à ceux d'autres citoyens. La démocratie implique le débat. 
Il y a peu, une série de députés appartenant à cinq groupes parlementaires différents ont fait part de leur souhait de voir relancée la taxe carbone, sous forme d'une fiscalité sur les produits non durables. Leur objectif: une fiscalité plus juste, plus équitable et écologique. Ils n'ont décidément rien compris, ont aussitôt hurlé des représentants des G.J. qui ne semblent pas voir qu'en réagissant de la sorte ils démontrent à quel point ils n'ont pas compris ce qu'est un débat.
Ils répondent qu'ils ne cessent de débattre entre eux. Dans un reportage télévisé récemment, on voyait en effet des G.J. discuter de manière très formelle sous une tente. On a déjà réussi à se mettre d'accord sur une revendication claire, affirmait l'une d'entre eux: Macron, démission!
On voit par là qu'il y a un sacré travail pédagogique à mener pour faire vivre et avancer la démocratie.

(2) France Inter, ."Le 7-9", 15.2.2019



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