jeudi 7 novembre 2019

Et à la fin c'est l'islamisme qui gagne

Je voudrais remercier ici R.T. Erdogan. Sans la plainte qu'il a récemment déposée contre l'hebomadaire Le Point, (1) jamais je n'aurais lu ce magazine de droite. Or, j'y découvre que Kamel Daoud y écrit. Et bien. Kamel Daoud, journaliste algérien, connaît mieux que d'autres le danger islamiste. Il a été l'objet de la part d'un imam excité d'une fatwa pour apostasie. Mais aussi de la part de bonnes âmes européeennes de France pour avoir vu l'islamisme derrière les agressions dont ont été victimes de nombreuses femmes lors du réveillon de nouvel-an 2016 à Cologne (2).

Il y a quelques semaines, un élu d'extrême droite a voulu faire sortir de l'assemblée une femme voilée qui accompagnait des enfants venus assister aux débats du Conseil régional de Bourgogne - Franche-Comté.
"Je suis en colère et fasciné", écrit Kamel Daoud (3): voilà que l'on découvre que ce pays est ennemi de ses musulmans parce qu'un élu halluciné a agressé verbalement une voilée? L'avenir en France se décide donc entre deux extrêmes?"
Plus récemment, un fou furieux a agressé et gravement blessé deux musulmans à côté de la mosquée de Bayonne. Il n'est pas plus loup solitaire que les islamistes, même isolés, qui agressent et tuent les mécréants. Il y a Zemmour, il y a la famille Le Pen et son parti, il y a tous ces gens qui se jettent sur le moindre délit commis par quelqu'un à la peau basanée pour fustiger les musulmans.  L'agresseur de Bayonne a été candidat du Front National. Peut-on être vraiment surpris de voir des excités transformer en actes odieux les imprécations et les idées agressives qui se diffusent aujourd'hui librement? Même en direct à la télé.

De là à affirmer que la France est devenue islamophobe, il y a plus qu'un pas. Que beaucoup ont franchi allègrement.
Il a été (trop) souvent question ici de cette notion floue qu'est l'islamophobie, terme que se plaisent à clamer les barbus qui ne supportent pas d'être contredits. Elle dénonce à la fois le racisme et la critique d'une religion. Aujourd'hui, pour les victimes que se complaisent à être tant de musulmans, soutenus par de bonnes âmes blanches d'une bonne partie d'une gauche qui a perdu la tête, critiquer la religion islamique et ses signes s'apparente à du racisme. Or, comme d'autres pays européens, mais moins que des pays de culture musulmane, la France compte hélas de très, de trop nombreuses morts causées par la folie islamiste. Ces morts n'ont jamais suscité de manifestations de haine et de violence contre les musulmans. Ce qui n'empêche pas nombre d'entre eux de se voir comme des victimes de l'islamophobie.
"Cette folie de la victimisation fascine, écrit Kamel Daoud. Elle remplace à chaque occasion douloureuse, le travail à faire sur soi, l'obligation de lutter contre l'islamisme montant. Ainsi, je vois rarement les miens se mobiliser autant pour penser l'islam dans la France que pour les jongleries d'indignés sur les réseaux, les clowneries au nom de la communauté, qu'on oppose à la moindre réforme, même maladroite. On se retrouve à ne rien faire face à l'islamisme et à s'emporter, en rangs serrés, contre l'islamophobie."
Le journaliste dit "comprendre la mobilisation contre l'exclusion et les tribunaux identitaires, mais je ne peux pas, dit-il, parce que je suis du même bord, ne pas grimacer, sceptique, face à cette soudaine armée qui hurle à l'islamophobie en gommant ses causes. Et si on avait ce même courage pour dénoncer les rentes du halal? Et si on faisait autant face aux clergés autoproclamés? Résistance face aux djihadistes et aux communautarismes faciles?"

Aujourd'hui, en France, la laïcité est, plus que jamais, pointée du doigt. Notamment par les organisateurs d'une manifestation contre l'islamophobie prévue dimanche. Ils n'hésitent pas à traiter de "liberticides" les lois de 1905 sur la laïcité et de 2004 sur l'interdiction des signes religieux ostentatoires à l'école. La plupart des leaders de gauche ont appelé à rejoindre cette manifestation, avant que certains d'entre eux se rendent compte, heureusement assez tôt, qu'ils mettaient les pieds dans un terrain fangeux et nauséabond (4). "La laïcité, c'est la religion de la liberté", affirme Kamel Daoud qui préfére "une laïcité maladroite à une laïcité détruite".
"Forcer ce pays à se justifier sans cesse sur cette loi finira par précipiter sa reddition face au mal. Et, ce jour là, ceux qui jouent aux victimes de la laïcité vivront, pour de vrai, la pendaison aux poteaux des nouvelles croyances." 

(1) sur ce blog: "Comment s'appelle Calimero en Turquie?", 26.10.2019.
(2) sur ce blog: "La nuit des prédateurs", 6.1.2016.
(3) Kamel Daoud, "Une photo, un millaird de mots", Le Point, 24.10.2019.
(4) https://www.huffingtonpost.fr/entry/islamophobie_fr_5dc2d5d2e4b08b735d63451a?utm_hp_ref=fr-homepage

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