samedi 31 août 2024

Terre des hommes

Dans la série "C'était mieux avant", voici le retour de l'apartheid. En Afghanistan. Il n'est pas fondé sur la race ou la couleur de la peau, mais sur le genre. Les hommes considèrent les femmes - leurs mères, leurs sœurs, leurs épouses, leurs filles - comme des sous-êtres humains, sans droits. L'apartheid est de retour et le monde regarde ailleurs.

Des femmes afghanes le chantent sur les réseaux sociaux pour défier les talibans : elles sont prisonnières dans leur maison parce qu'elles ont commis le crime d'être femmes. Le régime islamiste leur interdit de chanter, de réciter de la poésie, de lire en public, de se parfumer, de se maquiller, de regarder des hommes ou des photos d'êtres vivants( les talibans sont-ils des êtres vivants ?), de sortir seules, de travailler, d'aller à l'école au-delà de l'âge de douze ans. A l'inverse, elles ont l'obligation de sortir avec un homme pour faire leurs courses en étant alors intégralement voilées. La charia a encore été renforcée dans la cadre "de la prévention du vice et de la promotion de la vertu".

Il y a quelques mois, l'ONU invitait ces inconciliables à une conférence de réconciliation dans la perspective de réintégrer leur pays dans la communauté internationale. En trois ans, les Etats-Unis ont versé 21 milliards de dollars d'aide au gouvernement taliban pour éviter l'effondrement de la société afghane. Ce qui n'a rien évité : le pays est devenu celui d'une société inhumaine où le virilisme est poussé à son paroxysme et où les femmes ont le devoir de disparaître et sont quasiment tenues en esclavage.
On en rêve : les Afghanes, toutes les Afghanes, devraient pouvoir fuir leur pays, laisser ces mâles arriérés entre eux. Ils seraient obligés de manier autre chose qu'une kalashnikov et un fouet : une brosse à vaisselle, une louche, un aspirateur. Ces grands garçons brutaux apprendraient à vivre, ils deviendraient autonomes. Et peut-être un peu moins stupides et infects ?

Ici, ce n'est pas un endroit pour toi, c'est un couloir d'épines que de vivre pour une femme dans ce pays.
Kamel Daoud, extrait de son dernier roman "Houris" (dont l'action se passe en Algérie et revient sur la guerre civile des années 1990). (Gallimard, nrf, 2024)

https://www.arte.tv/fr/videos/117014-175-A/arte-journal-30-08-2024/

 

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